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Histoire de la Grèce antique
Les Hellènes contre le reste du monde
Les Guerres médiques

 
Les Grecs qualifiaient de barbares (d'une onomatopée qui singe un discours incompréhensible), tous ceux qui ne parlaient pas leur langue (ils feront seulement une exception pour les Romains). Et ces barbares ont commencé à leur causer du souci à partir du VIe siècle. Ce sont d'abord leurs colonies, déjà affaiblies par leurs rivalités, qui se heurtent à la brutalité du monde extérieur. Celles de la Grande-Grèce (Sud de l'Italie) et de Sicile sont confrontés notamment aux Étrusques et aux Carthaginois. En Asie mineure, puis sur le sol même de la Grèce continentale, se seront les Perses qui se montreront les plus redoutables adversaires. Les guerres contre les Perses, ou guerres médiques, qui allaient déboucher sur la grandeur de la Grèce et particulièrement de la prépondérance d'Athènes, eurent pour origine l'incendie de la ville de Sardes, brûlée par les Athéniens et les Ioniens en 503. Le désir de la vengeance et les sollicitations d'Hippias, réfugié à la cour de Perse, engagèrent l'ambitieux Darius Ier à porter la guerre en Grèce. La bataille de Marathon, gagnée par les Athéniens en 490, déjoua les projets du roi de Perse. Le dévouement héroïque de Léonidas, roi de Sparte, aux Thermopyles, la destruction (480), de la flotte perse à Salamine, due principalement à Thémistocle, les victoires de Platées et de Mycale, et celle de, l'Eurymédon, par laquelle Cimon affranchit, en 470, les colonies grecques asiatiques du joug des Perses, terminèrent encore la deuxième guerre médique à l'avantage de la Grèce. La paix conquise par Cimon et conclue en 449 assura, en mettant fin à la troisième et dernière guerre médique, l'indépendance des villes grecques de l'Asie Mineure et des îles de la mer Égée.
La soumission des colonies grecques

Le retour offensif de ceux que les Hellènes appelaient dédaigneusement les Barbares se produisit presque simultanément en Orient et en Occident. Une bonne partie de leurs villes périrent alors ou subirent le joug de l'étranger.

En Asie mineure.
En Asie Mineure, les rois de Lydie avaient, dès le début du VIe siècle, entrepris la conquête des cités grecques de la côte. La vaillante résistance de Milet, d'Ephèse et de Smyrne ne fut brisée que par le dernier d'entre eux, Crésus (560-548). Il leur imposa son protectorat, mais se présenta en dominateur sympathique; c'était presque un Grec. Son empire fut renversé par Cyrus, fondateur de celui des Perses. Ceux-ci étaient des maîtres plus durs. Une tentative des Ioniens pour s'affranchir fut réprimée par Harpage (546). Les citoyens de Phocée se retirèrent à Élée, puis à Marseille; ceux de Téos à Abdère (Thrace) et dans le Bosphore cimmérien (Crimée). Le reste des Éoliens et des Ioniens fut incorporé à l'État perse, auquel ils payèrent tribut et durent fournir des contingents militaires; ils purent conserver leurs coutumes, leur religion, leur langue. La Doride asiatique fut subjuguée à son tour. Les îles de Chios et de Lesbos s'étaient soumises. Samos resta libre vingt ans, mais l'insolent bonheur de Polycrate prit son terme. Il fut victime des Perses qui, peu après, saccagèrent l'île (522). La Grèce asiatique forma la province de louna ou Ionie. Dans chaque cité un tyran fut préposé au gouvernement; créature du grand roi, il lui était dévoué par intérêt. Lors de l'expédition de Darius contre les Scythes, la flotte ionienne rendit les plus grands services. Le commerce des Ioniens, comme celui des Phéniciens, gagnait d'ailleurs à cette domination pacifique. Les Perses passant en Europe conquirent la Thrace, y compris les cités grecques de la côte, et firent reconnaître leur suzeraineté à la Macédoine. En Afrique, ils avaient, après la conquête de l'Égypte, établi leur autorité sur la Cyrénaïqueet ruiné Barca.

En Italie.
Tandis qu'à l'Orient, les Perses conquéraient les côtes de la mer Égée, les villes de la Grande-Grèce et de la Sicile (L'Italie antique), affaiblies par leurs rivalités, étaient menacées de ruine. Une lutte engagée entre Crotone et Sybaris se termina par la destruction totale de Sybaris (510). Des guerres civiles sanglantes furent provoquées par le conflit des aristocrates et des démocrates que soutenait la secte philosophique des pythagoriciens. Des montagnes de l'Italie centrale descendirent des tribus belliqueuses des Sabelliens, qui refoulèrent les Grecs le long du rivage et occupèrent en particulier l'ancien domaine de Sybaris. En même temps, les Étrusques envahissaient la Campanie et mettaient à deux doigts de leur perte les colonies grecques du golfe de Naples. Ils étaient alliés aux Carthaginois qui menaçaient la Sicile. Les villes de Sicile étaient tombées sous la domination de tyrans généralement favorables au parti populaire, mais presque toujours appuyés par une garde de mercenaires. Les plus puissants de ces tyrans furent ceux d'Agrigente, Phalaris (565-534), et Théron (488-472) et ceux de Syracuse, en première ligne Gélon, plus tard Hiéron et les deux Denys. La partie occidentale de l'île, avec Panorme (Palerme), était toujours demeurée aux mains des Phéniciens. Vers la fin du VIe siècle, les Carthaginois résolurent d'y prendre un point d'appui pour reconquérir l'île entière. A travers bien des vicissitudes, ils poursuivirent cette entreprise pendant plus de deux cents ans et auraient réussi sans l'intervention finale de Rome. Leur première grande expédition fut détruite par Gélon. Mais les grands États militaires d'Agrigente et de Syracuse, les cités ioniennes et achéennes où se maintenait la forme républicaine sous des constitutions timocratiques, avaient trop à faire de se défendre contre les Samnites et Lucaniens, les Étrusques et les Carthaginois, pour être d'aucun secours à leurs compatriotes. Leur histoire se déroule séparément.

Les guerres médiques

L'insurrection des Grecs d'Asie provoqua le choc décisif entre les Grecs et les Barbares. Elle fut fomentée par des tyrans déçus dans leurs ambitions, Histiée et Aristagoras, de Milet, au moment où le roi de Perse (Iran). Darius était très favorable aux Hellènes (500). La prise d'armes fut générale, mais les Grecs d'Asie ne surent pas s'organiser. Leurs frères d'Europe les soutinrent à peine. Sparte refusa tout concours; Athènes et Erétrie envoyèrent quelques vaisseaux, et leurs soldats prirent part à l'incendie de Sardes, capitale de la Lydie (499). Divisés, les insurgés furent successivement écrasés; la flotte ionienne fut vaincue à Ladé; Milet, pris d'assaut et rasé (495); la plupart des villes livrées aux flammes, les îles conquises. Darius résolut de compléter la répression par la ruine d'Athènes et d'Erétrie et la conquête de la Grèce d'Europe. Il envoya demander « la terre et l'eau », symboles de la soumission : Athènes et Sparte tuèrent les ambassadeurs perses. Tandis que les Grecs d'Asie avaient subi le joug des Perses et que ceux d'Italie luttaient péniblement contre les Étrusques et les Carthaginois, ceux de l'Hellade proprement dite, dont la fortune avait été moins rapide, allaient repousser victorieusement l'attaque des Barbares et prendre, sous l'influence d'Athènes, un essor incomparable.

L'union d'Athènes et de Sparte contre les Perses.
Il revient à Athènes et à Sparte d'avoir sauvé l'indépendance hellénique. La plupart des îles, même Égine, avaient fait acte de soumission; l'oracle de Delphes ne fit rien pour unir les Grecs dans la défense nationale. On ne croyait pas au succès de la résistance. Le grand duel, qu'on désigne sous le nom de guerres médiques, commença en 493. Deux courants divisaient la cour de Perse : les uns tenaient pour l'extermination, les autres pour l'annexion par la douceur. Le philhellène Mardonius commandait la première expédition. Son armée de terre fut décimée en Thrace, sa flotte brisée le long du mont Athos. Une seconde expédition mit à la voile, amenant des ports de Cilicie 600 voiles et 110 000 hommes sous Datis et Artapherne. Elle saccagea Naxos, puis Érétrie. Mais quand elle débarqua à Marathon, les Athéniens, débarrassés de la rivalité d'Égine par les Spartiates et commandés par Miltiade, lui infligèrent une éclatante défaite en bataille rangée (490). Un coup de main projeté sur Athènes n'eut pas plus de succès. A l'instigation de Thémistocle, les Athéniens créent le port du Pirée et une marine formidable. 

Le péril était grand. Une partie des Grecs inclinaient du côté des Perses, par haine contre Athènes (Thèbes, Egine), ou contre Sparte (Argos); les aristocrates craignaient l'élan d'une levée en masse contre l'ennemi national  ils souhaitaient une entente avec le grand roi : c'était la politique des Aleuades de Thessalie et des prêtres de Delphes. Le grand roi, décidé à réparer l'affront fait à ses armes, préparait une expédition formidable. Darius mourut pendant les préparatifs (485). La révolte de l'Égypte retarda l'invasion, qui n'eut lieu qu'en 480 et fut dirigée par Xerxès roi de Perse, en personne. Les Athéniens avaient mis à profit ce délai pour construire la flotte de guerre qui sauva les Grecs. Après quatre années de préparatifs, Xerxès mit en marche; il avait fait creuser un canal à travers le mont Athos et établir un pont de bateaux sur l'Hellespont. Il conduisait les contingents de 56 nations, plus d'un million d'hommes. Cette marée submergea la Thrace, la Macédoine, la Thessalie. La résistance commença aux Thermopyles, où le roi de Sparte, Léonidas, se fit tuer bravement. La flotte asiatique avait longé la côte, franchi l'Athos et livré une première bataille aux vaisseaux grecs au Nord de l'île d'Eubée, près du cap Artémision. Les 271 trières grecques commandées par le roi de Sparte Eurybiade, assisté de Thémistocle, eurent le dessus, mais, craignant d'être tournées et voyant la Grèce centrale perdue, elles se retirèrent dans le golfe Saronique. On ne songeait plus qu'à défendre l'isthme de Corinthe; Thèbes, la Phocide, tous les pays voisins s'étaient soumis; Athènes fut livrée aux flammes; ses citoyens étaient réfugiés à Trézène ou sur la flotte ancrée dans la rade de Salamine. C'est là que l'habile Thémistocle sut faire livrer la bataille décisive, malgré l'égoïsme des Péloponnésiens qui voulaient reculer encore. Les Grecs furent complètement vainqueurs. Xerxès, consterné de la perte de sa flotte, se replia en Asie, laissant en Grèce son lieutenant Mardonius avec 300 000 hommes pour achever la conquête (Les Perses, d'Eschyle)). L'année suivante (479),  110 000 Grecs marchèrent contre lui sous les ordres du roi de Sparte, Pausanias; l'armée de Mardonius fut exterminée en Béotie, à la bataille de Platées. Le même jour, les débris de la flotte du grand roi étaient détruits à Mycale, sur les côtes d'Ionie. Les garnisons perses furent chassées de toutes les côtes de la mer Égée, de celles de l'Europe d'abord, puis de l'Asie Mineure; les Hellènes d'Asie furent délivrés de la domination des Perses.

Épilogue.
Les Grecs victorieux avaient renouvelé leur confédération et fixé le montant des contingents respectifs. La présidence était reconnue à Sparte. Elle lui appartenait sur mer comme sur terre. Les Athéniens, qui avaient frappé les principaux coups, prirent bientôt la direction officielle de la guerre contre les Perses. L'ambition maladroite du roi de Sparte Pausanias indisposa contre lui tous les alliés, surtout les cités maritimes, en général ioniennes, qui fournissaient les vaisseaux pour continuer la guerre. Les alliés offrirent le commandement à Athènes : Aristide, dont tous admiraient l'équité, organisa une confédération maritime dont Athènes eut la direction et qui se chargea de protéger les Grecs d'Asie. Un trésor fédéral, alimenté par des contributions, qui se montait à 460 talents, fut déposé dans l'île de Délos; il servait à payer l'entretien de la flotte fédérale. D'autre part Thémistocle avait fait relever les murs d'Athènes et achevé le magnifique port du Pirée, qui, plus tard, fut relié à la ville par une enceinte continue appelée les Longs-Murs.

Thémistocle, en dépit des services rendus, devint bientôt suspect et fut exilé d'Athènes. Il finit presque aussi misérablement que Pausanias. La guerre contre les Perses fut poursuivie par Cimon, fils de Miltiade. il y remporta d'éclatants succès, dont le plus célèbre est sa double victoire navale et terrestre de l'Eurymédon, sur les côtes sud de l'Asie Mineure (466). Les Athéniens favorisèrent aussi la révolte de l'Égypte, qu'ils faillirent enlever aux Perses. Peu de temps après la mort de Cimon, un arrangement mit fin aux guerres médiques. Les Perses reconnurent l'indépendance des Grecs d'Asie et s'engagèrent à ne pas envoyer de vaisseaux de guerre dans la mer Égée, depuis le Bosphore jusqu'à la ville de Phasélis, sur la côte méridionale de l'Asie Mineure, ni de troupes à moins de trois journées de marche de la côte. Les guerres médiques se terminaient par le triomphe complet des Grecs.  (A.-M. Berthelot).

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