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Chypre

35 00 N, 33 00 E
Chypre, Cypris des Anciens, est une grande île de la Méditerranée orientale, la troisième de la Méditerranée pour la grandeur, la seconde pour l'importance historique et économique. Inférieure pour la superficie à la Sicile et à la Sardaigne, à peine plus vaste que la Corse, elle a joué un rôle comparable à celui de la Sicile. Elle est située dans l'angle septentrional de la Méditerranée orientale formé par les côtes de l'Asie Mineure (Turquie)  et de la Syrie. L'île est divisée politiquement en deux, la partie Sud-Ouest (République de Chypre) est sous le contrôle du gouvernement Chypriote (Chypriote-Grec), le seul reconnu internationalement; la partie Nord (République turque de Chypre) est sous administration Chypriote-Turque; entre les deux existe une zone-tampon (casques bleus), et à cela s'ajoutent deux enclaves sous souveraineté britannique : Akrotiri et Dhekelia

La forme de Chypre serait presque rectangulaire sans la longue presqu'île qu'elle possède au Nord-Est La plus grande longueur de l'île de Chypre est de 230 kilomètres entre le cap Saint-André à l'Est et le cap Drepani à l'Ouest; sa plus grande largeur de 96 kilomètres entre le cap Kormachiti au Nord et le cap Gatti au Sud; sa largeur moyenne est de 60 à 80 kilomètres. Sa surface totale est de 9350 km² (3355, pour Chypre du Nord) avec une population de 784 300 habitants (2006).  L'île de Chypre, également distante des côtes de la Turquie (Asie Mineure) et de celles de la Syrie et du Liban, dont la séparent de part et d'autre environ 75 kilomètres, se rattache beaucoup plus à l'Asie Mineure qu'à la Syrie, étant séparée de celle-ci par des bassins maritimes bien plus profondément creusés. Ses montagnes et ses côtes s'allongent parallèlement à celles de la Cilicie. Cependant, la flore et la faune sont celles de la Syrie septentrionale, de la région de l'Amanus. 

Les côtes.
Si nous longeons la côte de Chypre en partant de l'Ouest et en nous dirigeant vers le Sud, puis l'Est, nous rencontrons successivement le cap Epiphanios (l'ancien cap Akamas), le cap Drepani, la baie de Bafo ou Paphos, le cap Aspro (anc. Boosura), la baie d'Episkopi, la presqu'île d'Akrotiri, rattachée à l'île par des plages basses et les salines de Limassol et terminée au Sud-Est par le cap Gatti (anc. Kourias); à l'Est, s'ouvre la baie d'Akrotiri, puis la côte s'infléchit vers le Nord-Est jusqu'au cap Chitin (anc. Dades); viennent ensuite le cap Pila (anc. Throni) et le cap Greco (anc. Pedalion), la large baie de Famagouste tournée vers la Syrie, abritée au Nord par la longue presqu'île de Karpasos, qui forme le Nord-Est de l'île de Chypre; citons encore les caps Pigavlia, Galouni, puis le cap Saint-André (anc. Dinareton), après lequel nous atteignons le rivage septentrional peu accidenté jusqu'au cap Kormachiti (anc. Crommyon), échancré ensuite par les baies de Morphou et de Khrysokhous. D'une manière générale, la côte septentrionale, qui regarde l'Asie Mineure, est peu accessible; au contraire, la côte orientale, qui regarde la Syrie, est facilement accessible; ceci est important à noter pour l'histoire de l'île.
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Carte de Chypre.
Carte de Chypre. Source : The World Factbook.
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Les régions.
A l'intérieur, Chypre se subdivise en trois régions bien distinctes; au centre est une grande plaine, la Makaria ou Messaria (anc. Mosorea), dont les eaux vont par le Pedias (100 km de long) à l'Est dans la baie de Famagouste, par un autre torrent moindre, à l'Ouest vers la baie de Morphou. Cette plaine centrale, longue de 100 kilomètres, large de 20 à 25, fertilisée par le limon du Pedias qui y a déposé des couches d'humus de 7 m de profondeur, est extrêmement fertile et a été autrefois très riche. Elle comprend, avec les vallées latérales, près de la moitié de la surface de l'île. Là furent Salamine sur la côte orientale, Arsinoé qui est devenu Famagouste (en turc, Gazimaguza), Soli (Soles) sur la côte occidentale; à l'intérieur, Golgos, Idali (auj. Dali), Chytri, Tamassus, Larnaca, enfin la capitale actuelle Nicosie (Levkosia). 
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Les fleuves et les montagnes.
Les cours d'eau, même le Pedias, restent à sec en été; leur régime est très irrégulier; l'hiver, ils débordent, ravagent les rives et s'épanchent en des marécages. En revanche, il y a au voisinage des montagnes, de très belles sources, particulièrement au Nord, dans la chaîne des Cérines; la plus célèbre de ces sources est celle des Cinq-Yeux. La plaine centrale de Chypre est encadrée entre deux massifs montagneux d'inégale importance, qui forment les deux autres régions de l'île; le principal, compact, est au Sud-Ouest; l'autre, plus mince, s'allonge le long de la côte Nord-Est. 

Le massif méridional, auquel on conserve le nom d'Olympe (Olimbos), que portait dans l'Antiquité son sommet le plus célèbre, est formé de roches éruptives encadrées de terrains tertiaires, calcaires et marnes; le massif septentrional, auquel on donne le nom de chaîne des Cérines, est calcaire. Dans le massif de l'Olympe, le point culminant est le Troödos (anc. Chionades), qui atteint 1951 m; on y remarque encore les Deux Frères (1640 m.); on y rattache à l'Ouest le Makharas ou l'Aoos, qui s'élève à 1442 m et plus à l'Est le Stavro Vouni, l'ancien Olympe, qui n'a que 700 m, mais domine la plaine et paraît la montagne principale; un couvent de Bénédictins y a remplacé le temple d'Aphrodite; à l'Ouest, nous citerons le Kikho (1100 m). Ces monts s'abaissent en pente douce vers le Sud; dans cette région, qu'enrichissent encore des vignobles renommés, furent Kition (Citium), Amathonte, Curion, Paphos; les centres commerçants de l'île s'y retrouvent, Larnaka et Limassol ou Limisso, ses deux ports les plus fréquentés. 

Le massif septentrional, la chaîne des Cérines terminée par la presqu'île de Karposos, forment une véritable muraille de 460 kilomètres; les principaux points sont, en partant de l'Ouest, le Saint-Elie, le Pentedaktylon (756 m), la Cime et le château de Buffevent, le Kantara (634 m), un autre mont Olympe. Ces monts tombent presque à pic sur la mer, dont les sépare à peine un mince cordon littoral calcaire ou sablonneux d'un kilomètre de large; entre leurs falaises rocheuses s'ouvrent quelques petites anses, dont celle de Cérines ou Kerynia; de profondes gorges très fraîches en font un séjour agréable en été. Les petites villes de la côte ne se sont guère développées; habitées par des pêcheurs, elles ont entretenu et entretiennent encore quelques relations avec la Cilicie; telles furent jadis Lapethos, Kerynia, Aphrodision, Karpasia. 
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Chypre depuis l'espace.
Chypre vue de l'espace, au large des côtes de la Syrie et de la Turquie. Image : Nasa.

Le climat.
Le climat de Chypre est celui de l'Asie Mineure : un hiver froid avec le vent du Nord; un printemps très court, du 15 février au 15 avril; un été très chaud, plus que celui d'Égypte; il pleut du 15 octobre au 15 février; en été, il ne tombe pas une goutte d'eau; en hiver, au contraire, la pluie dure souvent trente et quarante jours de suite; ces alternatives de sécheresse et d'inondations sont le grand malheur de l'île. Au temps de Constantin, une sécheresse prolongée pendant trente-six ans fit émigrer une grande partie de ses habitants. Les marécages temporaires de l'intérieur, surtout les lagunes de la côte, ont longtemps été de redoutables foyers de paludisme.

L'économie.
On exploitait jadis dans cette île de riches mines d'or, d'argent et surtout de cuivre (en latin cuprum). Le sol, très fertile, produit du blé, du coton, du tabac, de la garance, de l'huile, des figues et autres fruits du Midi, et surtout des vins excellents, dont les plus estimés sont ceux de la Commanderie. 

L'agriculture est devenue secondaire aujourd'hui, du moins dans la République de la Chypre (partie sud), dont l'économie est désormais dominée par le secteur des services, qui représente 76% du PIB. Le tourisme et les services financiers sont les secteurs les plus importants; le taux de croissance erratique observé depuis le début des années 2000 est le reflet la dépendance de l'économie au secteur touristique, lui-même fluctuant au gré de l'instabilité politique dans la région et des conditions économiques en Europe de l'Ouest. Néanmoins, l'économie a connu une croissance de l'ordre de 3,7% par an en 2004 et 2005, ce qui est bien au-dessus de la moyenne de l'Union européenne. La Chypre a adhéré au mécanisme européen de taux de change (ERM2) en mai 2005. En vue de l'entrée dans la zone euro, en janvier 2008, le gouvernement a également lancé un programme d'austérité sévère, qui a porté le déficit budgétaire au-dessous à 3%. 

L'économie République turque de Chypre est moins développée que celle de la partie Sud. Le PIB par habitant y est trois fois moindre. La croissance économique tend à être volatile, étant donné l'isolement relatif de la Chypre du nord, l'importance du secteur public, la dépendance à la livre turque, et la petite importance du marché. L'économie chypriote turque a cependant connu une croissance de 15,4% de 2004,  boostée par la croissance des secteurs de la construction et de l'éducation. Les Chypriotes turcs dépendent fortement des aides distribuées par le gouvernement turc.  L'agriculture et les services, ensemble, emploient plus que la moitié de la main d'oeuvre.

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