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Suse (en susien Susun), capitale du royaume d'Elam, non loin du Choaspes dont les eaux agréables étaient servies à la table des rois de Perse partout où ils se transportaient; en hébreu et en assyrien Susan, signifiant « le lis »; en grec et en latin Susa) est le nom d'une ville antique, devenue plus tard la capitale du royaume de la contrée qui forme la partie Sud-Est du bassin du Tigre, nommée la Cissie et l'Elam ( Susiane). La ville était située aux bords de l'Eulaeus, aujourd'hui Kerkha. L'acropole était voisine d'un petit fleuve nommé aujourd'hui Chaour; entre ce cours d'eau et le fleuve Ulaï, aujourd'hui Kerkha, s'étendait la ville commerciale proprement dite. Avec la ville de Badaca, Madakti chez les Assyriens, Suse était la capitale du royaume élamite, et, comme telle, elle apparaît déjà au XXIIIe siècle avant l'ère chrétienne; le roi Kudur-Nakhounta sortit de Suse pour faire le sac de Babylone, et enleva de la cité chaldéenne la statue sacrée de la déesse Inanna, 1635 ans avant que Sardanapale (Assurbanipal) prit à son tour Suse et réintégrât le palladium sacré dans son ancienne demeure. C'est donc vers 2280 av. J.-C. que nous voyons déjà Suse comme capitale d'un empire, qui depuis le commencement du cinquième ou quatrième millénaire, n'avait cessé d'être convoité et attaqué par les rois de Babylone. Suse était le siège, des rois de souche touranienne, tandis que l'Elymaïde ou Elam était peuplée par des Sémites qui envahirent la Chaldée et s'en rendirent maîtres pendant près de quatre siècles, et soumirent plusieurs fois les Touraniens de la Susiane. Souvent envahie, Suse succomba aux attaques des Assyriens vers 645 avant J.-C., quand Assurbanipal enleva le palladium d'Inanna avec une quantité de statues d'or des rois de la contrée. - La Frise des Archers (détail). Nous retrouvons le pays indépendant, mais gouverné par des personnages portant des noms iraniens, du temps des Assyriens, à côté des Touraniens qui semblent même avoir survécu à l'empire de Babylone. Cyrus soumit l'Elam. Darius eut encore à dompter plusieurs révoltes au commencement de son règne, mais il s'y installa royalement et choisit Suse pour sa résidence d'hiver. La ville n'avait pas de murs, seulement la citadelle était fortifiée et s'appelle chez les Grecs le Memnonium, en souvenir du légendaire Memnon, fils d'Aurore, qui soutint les Troyens contre les Grecs et fut tué par Achille. Le nom de Memnonium semble être Usnman-Menan, la maison de Menan, un nom royal assez fréquent, ou Umman-unan, maison du roi. La ville antique était bâtie en briques. Fragment d'un bas-relief, retrouvé en 1857, représentant le plan de Suse. Darius y construisit un palais en colonnes, nommé en perse apadâna, transcrit dans la Bibleappeden. Le palais, détruit par un incendie sous Artaxerxès Ier, fut rebâti par Artaxerxès II, et c'est de ce palais que proviennent les beaux bas-reliefs peints et les débris rapportés par Dieulafoy. Pendant les règnes d'Artaxerxès Ier et Darius ll, Suse semble avoir été abandonnée, tandis que Xerxès y habita, conformément à Hérodote et au livre d'Esther, Suse semble avoir été saccagée par Antiochus IV Epiphane, mais elle fut rebâtie par Sapor II sous le nom de Châpour-Khorra. Ses fortifications furent démantelées lors de la conquête arabe sous le califat d'Omar (639); mais la ville continua d'exister grâce à la culture de la canne à sucre à laquelle se livraient ses habitants. Il n'en était resté que des monticules couverts d'une maigre végétation dont le point culminant, appelé Kaléï-Chouch (citadelle de Suse), s'élève à 36 m au-dessus du niveau moyen du Chaour, lorsque Loftus entreprit d'y faire des fouilles (1851) et y découvrit les restes d'un palais. |
En 1884, Marcel Dieulafoy reprit les fouilles et dégagea les ruines du palais élevé sur l'emplacement de celui de Darius par Artaxerxès Mnémon (405-359 av. J.-C.) et appelé apadâna par les inscriptions cunéiformes. La façade en était décorée par les superbes frises composées de briques vernissées, connues sous les noms de frises des Lions et des Archers, et qui sont exposées au musée du Louvre, où l'on voit également une restauration de l'apadâna due à Dieulafoy (ci-dessous), et un chapiteau bicéphale. Ces fouilles ont été reprises en 1897 par J. de Morgan qui a mis au jour des monuments de l'époque purement susienne, antérieure aux Achéménides et aux Assyriens, tels que deux grandes constructions, l'une en briques cuites, l'autre en briques crues, dont plusieurs portent les noms de vieux rois susiens, un obélisque de granit couvert de 1500 petites colonnes d'écriture formant 75 lignes, une table de bronze percée de quatre trous et bordée de deux serpents, avec des restes de sculptures représentant cinq personnages, une stèle sur laquelle est sculpté un combat dans la montagne. - L'Apadâna de Darius, à Suse, d'après la reconstitution de Dieulafoy. Les inscriptions cunéiformes susiennes ont été déchiffrées par le P. Scheil. Heuzey a reconnu dans ces divers monuments un style proto-iranien différent du style assyrien. Non loin du grand monticule est un monument musulman, le tombeau de Daniel, remarquable par son dôme en forme de pomme de pin. La tradition qui fixe en cet endroit le lieu de sépulture du prophète sauvé de la fosse aux lions remonte au Moyen âge; le voyageur juifBenjamin de Tudèle, qui visita Suse vers la fin du XIIe siècle et y trouva une colonie de 7000 de ses coreligionnaires (La Diaspora juive), rapporte qu'une dispute s'étant élevée entre les divers quartiers de la ville, séparés par la rivière, au sujet de la possession du corps du saint, le sultan seldjoukide Sandjar apaisa le tumulte en faisant suspendre celui-ci dans un cercueil de verre (ou de cuivre poli selon le rabbin Petakhia) suspendu au milieu du pont; mais les auteurs musulmans disent que c'est au milieu du lit même de la rivière qu'eut lieu l'inhumation, sur l'ordre du calife Omar, au moment de la conquête. El-Istakhri a même prétendu qu'en plongeant on pouvait distinguer la pierre tumulaire Les fouilles de 1897-1899, à Suse. |
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