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Les Enfers,
Inferni loci, sont des lieux où, selon de nombreuses croyances,
se rendent les âmes des morts;
Chez les Égyptiens, à
qui les Grecs paraissent avoir emprunté
leurs traditions à cet égard, il s'appelait l'Amenthès;
chez les Indiens, Patala et Naraka; chez
les Perses, Douzakh; chez les Scandinaves Nifheim. Chez les Juifs,
c'est le Shéol. Les Musulmans distinguent
7 enfers, affectés aux coupables des différentes religions,
Musulmans, Chrétiens, Juifs, Guèbres. Les Mésopotamiens
le décrivaient comme le « pays sans retour »
ou le royaume des morts, c’est un espace souterrain symétrique du
ciel
où séjournent après la mort les fantômes.
Il existe encore beaucoup d'autres conceptions de l'Enfer.
-
Le
tourment des damnés en Enfer (gravure du XIXe
s.).
L'autre monde.
L'appellation d'enfers désigne
la demeure des morts. La grande majorité des sociétés
humaines ont admis la survivance de l'âme au corps. Dans certaines
sociétés on croit que les morts continuent de résider
auprès des vivants, soit qu'ils errent parmi eux, soit qu'ils habitent
leur tombe et en sortent fréquemment pour se mêler à
la vie de leurs contemporains ou de leurs descendants. Plus fréquemment,
on assigne aux défunts une demeure spéciale, soit dans les
montagnes au milieu des nuages et, par une généralisation
facile à comprendre, dans le ciel; soit dans une région éloignée,
située le plus souvent au delà des mers, soit dans un monde
souterrain. Ces idées se rattachent étroitement aux usages
suivis pour les funérailles et aux idées sur la mort.
Nous n'insisterons ici que sur les deux
principales, celle d'après laquelle « l'autre monde »,
le monde des morts, est situé dans une région éloignée
et celle d'après laquelle il est souterrain.
La première de ces conceptions est
parfois, mais pas nécessairement, rattachée à des
migrations réelles ou mythiques accomplies autrefois par les peuples
chez qui elle domine. Les Chonos de la Patagonie croient être venus
de l'Ouest, au delà de l'océan Pacifique : c'est de ce côté
qu'ils placent le séjour des morts; d'autres peuples qui se sont
déplacés en remontant des fleuves
jettent leurs morts à l'eau pour qu'ils retournent
au pays des ancêtres. Les Bretons plaçaient le séjour
des morts dans l'île de Brittia (les
îles
fantastiques), par delà l'océan Atlantique. Au XIXe
siècle encore, à Plouguel, sur la rivière de Tréguier,
on faisait faire aux morts un détour pour aller au cimetière,
traversant un petit bras de mer appelé « passage de l'Enfer
».
Non moins répandue est la croyance
qui relègue les morts dans un monde souterrain. Le monde souterrain,
en connexion étroite avec ces cavernes dont on sait qu'elles ont
été depuis très longtemps des lieux de culte, devint
le monde des morts. On rencontre cette conception avec le Shéol
des Hébreux et à l'Hadès des Grecs. C'est aussi celle
qui a prévalu parmi les sociétés européennes.
Quand les imaginations se sont compliquées par la distinction morale
d'un enfer et d'un paradis et même d'un
purgatoire;
on a restreint la part du monde souterrain, de l'enfer; on le réserva
aux méchants; les bons furent placés dans l'empyrée,
tant la notion du bonheur parait inséparable de la lumière.
.
Grèce.
Dans les poèmes homériques,
qui nous fournissent les plus anciens témoignages sur la religion
des Grecs, l'enfer ou Hadès est pour les morts un séjour
peu enviable. Ils ne sont plus que des ombres vaines, réduites à
un minimum d'existence physique et intellectuelle, privées de mémoire;
l'autre monde n'est qu'un pâle reflet de celui-ci. La version de
l'Iliade
et celle de l'Odyssée
sont en désaccord; dans l'Iliade, l'Hadès, sur lequel
règne le dieu du même nom, est un monde souterrain, communiquant
par des soupiraux avec la surface terrestre où s'agitent les vivants;
dans l'Odyssée, l'enfer est situé à l'extrême
occident, au delà de l'Océan, dans une région que
n'éclairent pas les rayons du soleil. On a vainement essayé
de concilier ces deux conceptions. La première a prévalu
dans la mythologie grecque. On accorda bientôt aux ombres une conscience
et une existence plus intenses. Cela était nécessaire pour
que les criminels dont le châtiment continuait après leur
mort pussent le ressentir. D'ailleurs, dans les poèmes homériques,
perce déjà l'opinion (contradictoire avec celle que nous
venons d'indiquer) que la mort, affranchissant l'âme des liens du
corps, lui procure des connaissances surnaturelles. On est alors bien près
d'admettre que la situation des morts est supérieure à celle
des vivants. Ce qui y incline, c'est qu'on s'occupe surtout des morts illustres,
des héros. Dans l'Odyssée, il est déjà
question du champ élyséen (Elysion
pedion), où ils jouissent d'un bonheur perpétuel. Le
passage est peut-être interpolé; mais on peut en dire autant
de la Nekyia, l'évocation des morts, où ceux-ci apparaissent
presque dénués de toute existence réelle.
Les idées des Grecs sur la vie future
furent complètement modifiées par l'orphisme;
la théologie orphique enseigne le panthéisme
et la transmigration des âmes; ces enseignements se rapprochent de
ceux de la religion éleusinienne et des mystères.
La philosophie achève en affirmant l'immatérialité
et la nature divine de l'âme. Il ne reste plus grande place pour
l'enfer homérique. Pindare cherche à
combiner ces théories avec celles de l'Iliade et de l'Odyssée.
Il raconte la félicité des bienheureux
d'après les mythes d'Eleusis; le soleil
les éclaire pendant qu'il fait nuit sur la terre; leur cité
est entourée d'ombrages aromatiques et d'arbres chargés de
fruits d'or; ils passent leur temps en divertissements. Quant aux pécheurs,
ils descendent dans l'obscur enfer où ils rencontrent un juge sans
merci; toutefois, on leur accorde l'expiation; ils peuvent au bout de neuf
ans être renvoyés par Perséphone
et recommencer une autre vie terrestre avec le caractère de héros;
ceux qui se sont préservés trois fois de tout péché
durant leur vie, comme dans l'Hadès, sont envoyés dans l'île
des bienheureux, auprès de Pélée,
de Cadmus, d'Achille.
Tandis que Pindare insiste surtout sur les récompenses
et le bonheur des bons, les poètes tragiques parlent principalement
des châtiments infligés aux méchants. Homère
ne punissait après la mort que les parjures. Il n'a pas connaissance
d'un Jugement des morts (Psychostasie);
Minos
n'est pas juge des morts, mais juge parmi les morts; il continue d'exercer
dans l'enfer sa vocation, comme le chasseur
Orion,
par exemple.
Hésiode
n'a pas davantage connaissance d'un jugement des morts. Il considère
la déportation des âmes dans l'Hadès comme une punition
infligée aux humains du second et du troisième âge;
celles des humains de l'âge d'or sont restées à la
surface de la terre et sont devenues des démons;
celles des humains du quatrième âge, l'âge héroïque,
sont transférées par Zeus dans les
îles des bienheureux. La descente dans l'enfer est donc un châtiment;
mais il n'est pas question de châtiments spéciaux à
subir ensuite pour les criminels. Cependant des passages interpolés
au Xle livre de l'Odyssée,
d'autres empruntés à un poème
cyclique, la Minyade, mentionnent ces châtiments pour
certains contempteurs des dieux, comme Amphyon et Thamyris. C'est Pindare
qui, le premier, introduit l'idée d'une punition générale
de tous les péchés commis sur la terre; Eschyle
l'admet également. On arrive ainsi à une conception de l'enfer
plus complexe que celle d'Homère; on y
distingue des catégories : d'une part, les princes deviennent de
puissants héros, sorte de demi-dieux qui agissent sur le monde terrestre,
où on peut les évoquer; d'autre part, les criminels subissent
la peine de leurs méfaits. Mais même les héros ne jouissent
dans l'Hadès d'aucune félicité; ils sont puissants,
mais non pas bienheureux. La mort met un terme aux maux terrestres, mais
n'apporte aucun bonheur positif. La conception orphique
et éleusienne ne prévaut pas et, en tout cas, celle de l'enfer
se maintient à côté d'elle. Il nous reste à
voir comment on se représentait le monde souterrain.
Voici la description d'Homère :
à l'entrée, le bois de Perséphone,
formé d'arbres infertiles; puis la demeure d'Hadès,
arrosée par quatre fleuves, le Styx, par
lequel les immortels prêtent serment, le Cocyte
(= Lamentations) qui, avec le Pyriphlégéthon (Phlégéthon
= Brûlures), se jette dans l'Achéron
au pied du rocher Leucade. Plus avant est la prairie d'asphodèles,
où se tiennent les morts, dans l'obscure région de l'Erèbe;
plus profondément, sont les gouffres du Tartare,
fermés par une porte de fer, où sont enfermés Japet
et Cronos, les anciens dieux supplantés
par les Olympiens. Toute cette description est calquée sur celle
d'une localité de Thesprotie où coulent l'Achéron
et le Cocyte. Les habitants de l'enfer ou Hadès sont les dieux infernaux
et les morts. Les principaux dieux sont Hadès,
Aidès ou Aidoneus, son épouse Perséphone et les Erinyes;
tous peuvent intervenir dans les affaires terrestres. Les morts ne sont
plus que des ombres vaines; leur existence est un pâle reflet de
l'existence terrestre; ils n'ont plus de corps, plus de mémoire
ni d'intelligence; ils conservent l'aspect qu'ils avaient au moment de
la mort et continuent tant bien que mal leurs occupations d'autrefois.
Déjà, dans la seconde Nekyia, placée à
la fin de l'Odyssée, les morts qu'Hermès
conduit à leur séjour ne sont plus ces vains fantômes;
ils conservent la parole et l'intelligence. Hésiode
accepte la description homérique. Il parle plus longuement du Styx
et du chien qui garde l'entrée, mais sans lui donner encore le nom
de Cerbère. Il s'étend surtout
sur le Tartare, ou sont enfermés les Titans
vaincus. C'est un abîme si profond qu'un disque tomberait pendant
neuf fois vingt-quatre heures avant de toucher le fond, si vaste qu'en
une année on n'en pourrait faire le tour; les Titans y sont murés
par des remparts de fer et d'airain que gardent les Géants
Hécatonchires. Les poètes postérieurs ont donné
plus de détails sur le séjour des morts ordinaires.
On place l'entrée en différents
lieux où s'ouvraient des crevasses insondables : au pied du Ténare
en Laconie; près de Pylos en Messénie; dans la Thesprotie;
en Carie auprès de Thymbria, etc. ; plusieurs légendes se
rattachaient à l'une ou l'autre; l'enlèvement de Perséphone
par Pluton ou Hadès, s'enfonçant
sous la terre, permettait aux Athéniens, aux Argiens, aux Siciliens
d'Enna et à d'autres de revendiquer avec le théâtre
de cette scène une entrée du monde souterrain. Les gens d'Hermione
en Argolide, sachant qu'ils en possédaient une, ne donnaient pas
à leurs morts d'obole pour payer les frais du voyage; le lac Alcyon
en Argolide, le lac Averne
en Campanie revendiquaient aussi ce triste privilège. On admit le
récit de la Minyade, d'après lequel les fleuves de l'enfer
en formaient la limite, de sorte que pour y pénétrer il fallait
se faire transporter sur la barque de Charon.
On ajouta à la liste des fleuves le Léthé
dont l'eau, bue par les âmes mortes, leur faisait oublier l'existence
terrestre. Nous avons déjà dit qu'Hésiode détache
de l'enfer souterrain l'Elysée, séjour des héros,
pour transférer ceux-ci dans l'île des bienheureux où
règne Cronos. Pindare la décrit, Hérodote
la placera dans le désert de Libye, cherchant à confondre
la mythologie grecque et égyptienne.
Les divinités du monde souterrain
ont été complètement transfigurées par la combinaison
des religions de Déméter et Dionysos
avec la vieille religion des Grecs homériques; la conception même
de la mort avait été modifiée, comme nous l'avons
dit, par les théories mystiques et philosophiques. On eut l'idée
de l'expiation après la mort. On soumit toutes les âmes au
jugement d'un tribunal suprême où siégeaient Minos,
Eaque et Rhadamanthe. La vieille idée
que les morts ne peuvent ni jouir ni souffrir subsiste encore dans le peuple,
mais le mysticisme la combat; les initiés d'Eleusis pensent s'assurer
des privilèges par delà la mort. On continue d'admettre que
la vie souterraine est une prolongation de la vie terrestre; Oedipe s'aveugle
afin de ne pas voir son père aux enfers; on admet qu'aux orifices
du monde inférieur on peut évoquer les morts, par exemple
au Ténare, en Thesprotie, près de Troezène, à
Héraclée en Asie Mineure, à Cumes, etc.
En somme, la grande innovation introduite
à l'époque historique dans le conception des enfers et du
sort des morts, c'est le jugement, la récompense et la punition
des âmes. Celles des bons vont habiter I'Elysée; celles des
méchants sont torturées.
Les représentations figurées
relatives aux enfers et à leurs habitants sont assez nombreuses
sur les vases peints; elles ne nous apprennent pas grand-chose; beaucoup
se rapportent aux descentes aux enfers d'Héraclès,
d'Orphée ou de Pirithoüs.
C'est à ces descriptions que le peintre Polygnote avait emprunté
les scènes terrifiantes dont il décora les murs de la Lesché.
Le palais d'Hadès et Perséphone est représenté
sur le vase d'Altamura (musée de Naples)
comme une sorte de dais porté par des colonnes; les dieux assistent
à un banquet; Orphée leur joue de la lyre ; auprès
sont les Erinyes (Poinai) et les trois juges Eaque, Rhadamanthe et Triptolème;
au-dessous est l'Achéron avec ses affluents, Cocyte et Pyriphlegéthon,
couverts de plantes aquatiques; Heraclès et Hermès luttent
contre Cerbère; des deux côtés
sont les criminels, Sisyphe roulant son rocher;
les Danaïdes ; dans le haut les âmes
bienheureuses de Mégara, femme d'Heraclès, de Pélops,
etc. Parmi les divinités infernales, Hadès-Pluton est rarement
représenté, sauf dans le mythe de l'enlèvement de
Coré-Perséphone. A l'époque gréco-romaine,
il figure souvent sur les sarcophages,
soit comme dieu invisible, le manteau couvrant sa tête, soit comme
souverain des enfers, d'allure majestueuse. Il existe aussi des représentations
d'Hécate . En somme, toutes ces images
de l'Hadès et de ses dieux se réfèrent, non aux croyances
populaires, mais aux récits des poètes.
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Le voyage
d'Héraclès aux Enfers
Le
voyage aux
Enfers est le dernier des Douzes Travaux d'Héraclès.
Thésée
s'était engagé témérairement avec son ami Pirithoos
à aller enlever des Enfers Perséphone, épouse d'Hadès;
mais les deux amis payèrent leur audace par la perte de leur liberté.
La mythologie dit que, fatigués de la longue traite qu'ils avaient
faite, ils s'assirent sur une pierre; mais ils y demeurèrent collés
sans pouvoir se relever. Eurysthée
enjoignit à Héraclès d'aller délivrer Thésée,
et d'enchaîner le chien Cerbère, qui s'opposait à la
sortie de quiconque avait pénétré dans les Enfers.
Le héros ayant
reçu cet ordre, le plus glorieux de tous ceux que lui avait imposés
son ennemi, prit le chemin d'Athènes,
et se fit initier aux mystères
d'Eleusis, dont Musée, fils d'Orphée,
était alors le grand maître. Il se rendit ensuite aux extrémités
de la terre, pénétra dans les Enfers, fut reçu comme
un frère par Perséphone, qui
lui permit d'emmener avec lui Thésée et Pirithoos. Il lia
Cerbère avec des chaînes de fer, le tira hors des Enfers,
et le fit voir aux humains. |
Mythologie romaine.
La religion
romaine était animiste; elle a attribué un grand rôle
aux âmes des morts, mais sans les reléguer dans un autre monde.
C'est à la mythologie grecque qu'elle a emprunté ses représentations
de l'enfer. L'idée que les Mânes
habitent sur la terre est répandue, mais ils n'y sont pas enfermés.
On nous dit formellement qu'ils se trouvent partout (eos per omnia manare
credebant). Les Romains ont accepté la conception étrusque
du mundus, qui impliquait la croyance à un enfer, opposé
au ciel. A la fondation de chaque ville, on creusait au centre, sur une
place publique, une fosse profonde qui représentait la voûte
du ciel retournée. On en consacrait le fond aux dieux Mânes,
c.-à-d- aux âmes des morts, et aux dieux infernaux Orcus,
Cérès,
Tellus;
puis on la fermait par une pierre (lapis manalis) censée
être la porte de l'enfer. Toutes ces cérémonies se
rapportent plutôt à une religion tellurique qu'au culte des
morts, mais elles témoignent de conceptions analogues à celles
des Hellènes.
Il faut aussi se souvenir que la religion
grecque et la religion italique, si elles n'ont pas eu une origine commune,
ont fusionné dans l'Italie
méridionale et centrale longtemps avant l'époque de la rédaction
des écrits par lesquels nous sommes informés sur les cultes
et les légendes de Rome et des contrées
voisines. Nous n'avons pas à traiter ici du culte des morts; mais
nous dirons quelques mots des divinités du monde souterrain. Les
dieux du monde souterrain sont les divinités telluriques : Tellus,
Terra mater, Cérès, Dispater,
Orcus, Saturne, etc.; ce sont en même
temps des dieux de l'obscurité, de la nuit, et des dieux de la fécondité
végétale. Parmi eux, les dieux des morts sont Orcus et Dispater;
ce dernier fut assimilé au Pluton des
Grecs et on lui donna pour épouse Proserpine.
La mythologie étrusque, qui fait une si large place aux divinités
chtoniennes, connaît deux dieux des morts, Mantus et Charun ou Charon;
les images de celui-ci sont nombreuses sur les vases peints, les sarcophages
et les peintures funéraires; toutes attestent l'existence d'un enfer
où Charon entraîne ses victimes. Les idées étrusques
et grecques sur l'enfer ont si bien pénétré dans la
religion italienne et romaine qu'elles la dominent tout à fait au
temps des grands écrivains latins.
Dans certaines régions, comme celle de Cumes,
spécialement vouées au culte des morts, on montrait des soupiraux
de l'enfer.
Virgile a donné,
au VIe livre de l'Enéide,
un long récit de la descente d'Enée
dans le monde souterrain. Sa description servit de modèle aux poètes
postérieurs; elle est à peu près entièrement
empruntée a la mythologie grecque. Conduit par la sibylle
prêtresse d'Artémis, Hécate,
le héros troyen pénètre dans le bois, consacré
à la reine des enfers, qui entoure le lac Averne; il y cueille un
rameau doré qui lui ouvrira l'accès du royaume des ombres.
Il le remet à son guide et tous deux s'approchent d'une grotte au
bord du lac; ils offrent un sacrifice à Hécate et aux divinités
infernales, puis ils s'enfoncent dans la grotte, Enée l'épée
à la main. Ils traversent un bois sombre
éclairé par la lune et arrivent au
seuil d'Orcus, où veillent les divinités qui personnifient
le deuil et le souci, les maladies et la vieillesse, la crainte et la faim,
le sommeil et la mort, la guerre, la discorde, les Furies;
sur un orme sont penchés les songes; auprès sont les monstres
mythologiques, les centaures, Scylla, Briarée,
l'hydre de Lerne, la Chimère,
les Gorgones, les Harpyes,
Geryon.
Ils parviennent aux fleuves de l'enfer; l'Achéron, affluent du Cocyte,
est traversé sur la barque de Charon; là se pressent les
ombres des morts sans sépulture auxquelles le sinistre nocher refuse
le passage; il faut qu'ils attendent cent années.
Après avoir traversé l'Achéron,
Enée rencontre Cerbère, puis les âmes des enfants mort-nés,
celles des suicidés, des hommes condamnés injustement; elles
ne peuvent remonter au jour comme elles le voudraient. Un peu plus loin
sont les champs où errent autour de buissons de myrte les âmes
des morts d'amour. On atteint ensuite le domaine des héros tués
devant Thèbes et devant Troie.
On se hâta et on arrive à la bifurcation de la route des Champs
Élysées et de l'enfer ou Tartare. A droite, le palais
de Pluton et de Proserpine, autour duquel sont les bienheureux; à
gauche, la descente vers la Tartare. De ce côté, Enée
aperçoit une triple enceinte autour de laquelle le Phlégéthon
roule ses flots brûlants; la porte est surveillée par Tisiphone;
on entend des hurlements et un cliquetis de chaîne. Dans ce château,
Rhadamante torture les coupables jusqu'à ce qu'ils avouent; ils
sont ensuite livrés aux Furies et précipités dans
l'enfer, dont nul ne sort; cet abîme est deux fois plus profond que
la hauteur du ciel; tout au fond sont les Titans et autres ennemis des
dieux, les Aloïdes, Salmoneos, Ixion et Pirithoüs; là
sont aussi châtiés ceux qui ont haï leurs frères,
frappé leur père, témoigné faussement contre
leurs clients, les avares, les adultères et tous les traîtres.
Enée se
précipite du côté opposé, dans le bois de Proserpine,
et parvient à la cité des bienheureux. Il en franchit le
seuil et le voici dans les Champs-Elysées,
sous un ciel resplendissant de la lumière la plus pure, par un jour
éternel et un printemps sans fin. Les héros se divertissent
sans fin; les exercices gymnastiques ou militaires, les danses, le chant,
la musique, les banquets leur procurent un plaisir sans cesse nouveau.
A quelque distance est la source du Léthé,
où les âmes vont boire l'oubli du passé avant de remonter
sur la terre. Enée, après avoir vu son père Anchise,
qui lui prédit la destinée de leur lignée, remonte
sur la terre par une des deux portes du rêve. Bien que cette description
du séjour souterrain des morts ne soit qu'un développement
poétique, elle nous montre comment on se figurait l'enfer au temps
d'Auguste, et le récit de Virgile a été
reproduit ou imité un grand nombre de fois jusqu'au XVIIIe
siècle par les littérateurs, sans parler des artistes qui
s'en sont inspirés. (A.-M. B.).
Judaïsme.
Les Hébreux
appelaient schéol, l'Enfer pris en général
pour le lieu des âmes, et Gué-hinnom (Géhenne),
le lieu de souffrance où se trouvaient les âmes des damnés.
Ce mot, qui signifie proprement la vallée des enfants d'Hinnom,
était le nom d'une vallée, située à l'orient
de Jérusalem, et fameuse par les
sacrifices
humains que les Jébuséens avaient autrefois offert, à
Moloch;
ce qui avait rendu ce nom un objet d'exécration et d'horreur.
Les rabbins
(Judaïsme)
disent que le feu de l'Enfer a été créé le
second jour de la création, et que c'est là la raison pour
laquelle on ne dit pas des oeuvres de ce jour, comme des oeuvres des autres
: et Dieu vit que cela était bon. Dans un autre endroit du
Talmud,
l'Enfer est compté au nombre des sept choses qui furent créées
avant que le monde fût tiré du néant. Il est dit dans
le Zohar,
que les damnés souffrent dans l'Enfer deux genres de supplices :
le feu et l'eau glacée.
Suivant le Talmud,
il y a neuf démons : trois sont semblables
aux anges, ils connaissent l'avenir, et volent
d'un bout du monde à l'autre; trois sont semblables aux hommes,
ils boivent et mangent comme eux; trois sont semblables aux animaux,
boivent et mangent comme eux.
D'après les,
traditions talmudiques, lorsque Adam eut mangé
le fruit
défendu, il devint le père de trois sortes de démons
: les lillites, espèces de lamies
qui dévoraient les petits enfants; les esprits, qui n'avaient pas
de forme matérielle; et les kophim, qui avaient des têtes
de singe.
Les Talmudistes distinguent trois ordres
de personnes qui comparaîtront au jugement dernier : les justes,
les méchants, et ceux qui sont dans un état mitoyen, c'est-à-dire,
qui ne sont, ni tout à fait justes, ni tout à fait impies.
Les premiers seront aussitôt destinés à la vie éternelle,
et les méchants aux peines de la géhenne ou de l'Enfer. Les
mitoyens, tant juifs que gentils, descendront dans l'Enfer, avec leurs
corps, et ils pleureront pendant douze mois, montant et descendant, allant
à leurs corps et retournant en Enfer. Après ce terme, leurs
corps seront consumés, et leurs âmes brûlées,
et le vent les dispersera sous les pieds des justes. Mais les hérétiques,
les athées, les tyrans qui ont désolé la terre, ceux
qui engagent les peuples dans le péché, seront punis dans
l'Enfer, pendant les siècles des siècles.
Les rabbins ajoutent que, tous les ans,
au premier jour du mois de tisri, Dieu fait une espèce de révision
de ses registres, et un examen du nombre et de l'état des âmes
qui sont en Enfer.
Christianisme.
Ce que les chrétiens
appellent Enfer est moins le lieu que l'état des esprits et des
âmes qui ont été condamnées par le Tout-Puissant
aux peines de l'autre vie. Le dogme de l'enfer et de l'éternité
des peines est fondé sur plusieurs passages de la Bible,
et sur diverses traditions populaires.
.
Dans le sens propre et restreint, on appelle
Enfer le lieu où les mauvais anges et les âmes des méchants,
après la mort, souffrent une peine éternelle; mais dans un
sens plus général, on donne ce nom au lieu où se trouvent
les âmes des défunts qui ne sont pas dans le ciel. C'est ainsi
qu'il est dit, dans le Nouveau Testament,
descendre dans l'Enfer, pour mourir, descendre dans le tombeau ou dans
le lieu des âmes. C'est ainsi que Jésus
est descendu dans les Enfers pour en retirer les âmes des justes
qui n'avaient pu être introduites dans le ciel, parce que la faute
originelle n'était pas encore effacée.
-
La descente
aux Enfers de Jésus
On désigne
par le terme théologique de Descentes aux Enfers le fait
exprimé dans le Symbole des apôtres par les mots Descendit
ad inferna ou inferos, qui se rapportent à Jésus-Christ.
Cette phrase est intercalée, comme on sait, entre la mention de
la mort et de la sépulture de Jésus et celle de sa résurrection.
On la trouve d'abord, vers la fin du IVe siècle, dans la confession
de foi de l'Eglise d'Aquilée; jusqu'à la fin du Ve siècle,
elle manque dans la plupart des textes connus du Symbole des Apôtres;
au VIIe siècle, par contre, cette formule est entrée partout
dans le texte reçu du Symbole.
La doctrine elle-même
d'une descente du Christ aux enfers se rencontre dans quelques-uns des
plus anciens auteurs chrétiens, dans Justin Martyr (Contra Tryph.,
72), par exemple, et dans la plupart des
Pères
de l'Eglise; mais le même terme a fini par désigner des
faits assez différents. Ainsi l'Eglise orthodoxe grecque enseigne
que l'âme humaine du Christ, unie à la divinité, est
descendue librement aux enfers pour y continuer son activité salutaire
(Conf. orthod., I, 49).
L'Eglise
romaine dit que la personne entière du Christ est librement
descendue au séjour des saints de l'ancienne
alliance (limbus patrum) pour en délivrer les habitants et
les conduire au ciel (Catech. rom., §§ 100-105). Selon
les formulaires luthériens, le Christ est descendu, corps et âme,
vers les réprouvés pour leur manifester sa victoire. C'est
le premier moment de son exaltation (Form. Concord., I et II, art.
9).
Enfin, quelques formulaires
réformés ne voient dans les mots « Il est descendu
aux enfers », que l'expression des extrêmes souffrances du
Christ à Gethsémané et au Calvaire (Catech. Palat.,
IX, 44). Dans les Eglises issues de la Réforme (Protestantisme),
ces divergences et bien d'autres sur le même point peuvent subsister
parce que les passages de la Bible sur lesquels s'appuie la doctrine
de la descente aux enfers sont d'une interprétation controversée,
en particulier celui de la première épître
de Pierre (III, 18 et 19). (Y.H. Kruger). |
La
Damnation.
Les théologiens distinguent deux
sortes de peines que souffrent les damnés dans les enfers : la peine
du dam, qui consiste dans la privation de la vue de Dieu, et la
peine du sens, qui est exprimée par un ver rongeur et un feu dévorant;
nous disons, est exprimée, parce que les chrétiens ne sont
pas obligés de croire que ce feu soit matériel, non plus
que le ver rongeur.
On appelle damnation,
dans l'enseignement de l'Eglise chrétienne,
la sentence divine qui entraîne les peines éternelles de l'enfer.
Le lieu où les réprouvés subissent ces peines est
l'enfer ; les tourments atteignent à la fois le corps et l'âme
et ils sont sans fin. Cette doctrine s'appuie sur les déclarations
du Nouveau Testament, qui parlent d'un « châtiment éternel
» (Matthieu, XXV, 41. Cf. Jean, III, 36), d'un «
feu qui ne s'éteint pas » (Marc, IX, 43, 44, 46, 48.
Cf. Isaïe, LXVI, 24) et de la « mort seconde »
(Apocalypse, XX, 10, 14, 15). L'enseignement officiel de l'Eglise
n'a guère varié sur ce point; l'inscription que Dante
place sur Ia porte de l'enfer Lasciate ogni speranza est orthodoxe.
Mais presque de tout temps, des docteurs isolés ont essayé
d'échapper à cette conséquence terrible du Jugement
dernier.
-
L'enfer
(détail du Jugement dernier de Memling).
On peut distinguer
dans l'opposition au dogme de la damnation deux opinions principales :
celle de l'apocatastase ou restauration
universelle, mise en avant par Origène,
au nom de l'inaliénable liberté humaine et de la puissance
illimitée de Dieu; la plupart des disciples du grand penseur chrétien
acceptèrent cet enseignement : Scot Erigène,
au IXe siècle, tenta de concilier
l'universalité du salut avec les peines éternelles. Durant
le Moyen âge, quelques groupes mystiques
formulèrent de diverse manière l'apocatastase d'Origène;
et jusqu'à l'époque contemporaine, cette idée a conservé
des défenseurs parmi les théologiens. D'autre part, la théorie
de la destruction finale des réprouvés, indiquée déjà
par quelques Pères de l'Eglise, a donné
naissance, dans les temps modernes, à ce qu'on a appelé l'immortalité
conditionnelle. (F.-H. Kruger).
Islam.
D'après les docteurs musulmans,
l'Enfer a sept portes, dont chacune a son supplice particulier. Quelques
interprètes disent qu'il faut entendre par ces sept portes, sept
étages différents, dans lesquels seront punis sept différentes
sortes de pécheurs. Le premier, qui s'appelle Djehennem,
est destiné aux adorateurs du vrai Dieu ou musulmans qui auront
mérité par leurs crimes d'y être précipités;
le second, appelé Ladha ou Léza, est pour les
chrétiens;
le troisième,
Hotima, pour les juifs;
le quatrième,
Sair, pour les sabéens; le cinquième,
Sakar,
pour les mages et les guèbres, le sixième,
Djahim,
pour les païens et les idolâtres qui admettent la pluralité
des dieux; le septième, Hawiat, qui est le plus profond,
est réservé aux hypocrites, c'est-à-dire à
ceux qui font semblant d'avoir une religion, tandis qu'intérieurement
ils n'en professent aucune.
L'imam Mansour
distribue d'une autre manière ces différents étages.
Il prétend d'abord qu'il n'y en a pas de particulier pour les musulmans,
parce qu'ils ne doivent avoir dans l'enfer qu'une demeure passagère,
et non pas éternelle comme les infidèles; il ne reste donc
qu'à y placer ces derniers. Le premier étage est, suivant
cet auteur, pour les matérialistes, qui croient l'éternité
du monde, et n'admettent ni création, ni Créateur; le second,
pour les dualistes ou partisans des deux principes, tels que les Manichéens
et les Arabes idolâtres au temps de Mohammed
(Mahomet); le troisième, pour les brahmanes des Indes, qui rejettent
les prophètes et les livres tant de l'Ancien Testament
que du Nouveau Testament;
le quatrième, pour les juifs qui n'admettent que l'Ancien Testament;
le cinquième, pour les chrétiens qui reçoivent les
deux Testaments; le sixième pour les mages
de Perse, qui ont des livres attribués,
soit à Abraham, soit à Zoroastre;
le septième est, du consentement de tous, pour les hypocrites en
religion. C'est de ceux-ci qu'il est si souvent parlé dans le Coran,
car Mahomet savait parfaitement que plusieurs feraient profession de son
symbole, sans y ajouter foi ; c'est pourquoi il leur réserve toute
sa colère et ses menaces.
Un autre théologien musulman soutient
que les sept portes de l'Enfer sont les sept péchés
capitaux, qu'il nomme en cet ordre la cupidité, la gourmandise,
la haine, l'envie, la colère, la luxure et l'orgueil. Il conclut
que c'est par ces sept portes que l'on entre dans l'Enfer de l'éloignement
et de la privation de Dieu. D'autres veulent que ces sept portes soient
les principaux membres du corps humain, qui sont les instruments du péché,
et par conséquent autant d'ouvertures pour descendre dans l'Enfer.
Ces sept principaux membres sont : les yeux, les oreilles, la langue, le
ventre, les organes génitaux, les pieds et les mains.
Les musulmans disent, comme les chrétiens,
que la plus grande peine des damnés est la privation de la vue de
Dieu. Quant à la peine matérielle, ils disent que l'Enfer
est rempli de torrents de feu et de soufre, où les damnés,
chargés de chaînes de 70 coudées de longueur, seront
plongés et replongés continuellement par les démons.
A chacune des sept portes, il y a une garde de 19 anges,
toujours prêts à infliger aux malheureux damnés de
nouveaux supplices; les infidèles surtout auront à endurer
les supplices les plus rigoureux; ils seront à jamais enfermés
dans ces prisons souterraines, où les serpents,
les crapauds, les oiseaux de proie, exerceront sur eux leur fureur. Pendant
toute la durée de leur supplice, les damnés souffriront la
faim et la soif. On ne leur servira que des fruits amers et ressemblant
à des têtes de démons. Leur boisson sera tirée
de sources d'eaux soufrées et brillantes, qui leur occasionneront
des plaies douloureuses. L'inspecteur des mauvais anges qui gardent l'entrée
des sept portes, décidera de la rigueur des tourments, qui sera
toujours proportionnée au crime et au plus ou moins de négligence
à faire l'aumône et à satisfaire aux autres préceptes
du Coran. Cependant, ainsi que nous l'avons déjà remarqué,
la croyance commune est que les musulmans ne seront pas éternellement
dans l'Enfer; suivant les uns, ils y demeureront au plus 7000 ans, mais
pas moins de 400 ans; suivant les autres, ils seront tous délivrés,
lors du jugement général, à
l'intercession de Mahomet.
Inde.
Le lieu où les méchants
reçoivent, après leur mort, la punition de leurs méfaits,
s'appelle indifféremment, en pâli
comme en sanscrit, Naraka ou Niraya.
On en compte plusieurs qui sont, dit-on, les uns chauds, les autres froids;
cependant les descriptions qu'on en donne ne se rapportent guère
qu'au supplice du feu. Leur forme est carrée ou plutôt cubique;
leur dimension est de 10,000 yodjanas en longueur,
largeur et hauteur; l'éclat de leurs murs éblouit à
la distance de 100 yodjanas. Il n'est pas possible de s'échapper
de ces prisons.
Nombre
et noms des Narakas.
Il y a huit Narakas principaux, à
savoir : 1° Sandjiva, où ceux qui ont donné des coups
sont constamment battus comme des gens « pleins de vie »; 2°
Kâlasoûtra, où les menteurs et les traîtres sont
coupés sans cesse comme des troncs d'arbres,
suivant un « fil noir »; 3° Sanghâta, où il
se fait un « carnage complet » des meurtriers d'animaux;
4° Rorouva, où les menteurs et les violents sont brûlés
par un feu qui leur arrache des « cris »; 5° Mahârorouva,
où une souffrance semblable, mais plus forte, arrache aux impies
de plus « grands cris »; 6° Tapana, où les brûleurs
de forêts sont « cuits » par le feu; 7° Pratâpana,
où les docteurs d'impiété sont soumis à une
« cuisson plus intense »; 8° Avîtchi, où l'outrage
aux pères, mères et précepteurs est puni par un feu
qui brûle les coupables et disjoint leurs os.
A chacun de ces huit Narakas principaux
sont attenants quatre Narakas secondaires où tombent ceux qui sortent
des différents lieux de supplice : 1° Milhakoupa, « puits
d'excréments », où ils sont mangés de vers;
2° Koukkoula, « cendres chaudes », où ils sont cuits
comme des grains de moutarde; 3° Asipatravana, « forêt
de lames d'épée » où des feuilles d'arbre en
fer, des dents d'animaux en fer tranchant déchirent incessamment
les batailleurs et les adultères; 4° Vaitaranî, fleuve
de cuivre liquéfié et brûlant où sont plongés
les destructeurs de poissons et d'animaux aquatiques. Ces quatre Narakas
secondaires, ajoutés à chacun des huit Narakas principaux,
font un total de quarante Narakas; mais, selon une autre interprétation,
les quatre secondaires s'ajoutent à chacun des quatre côtés
des huit principaux. Ceux-ci se trouvant ainsi entourés chacun de
seize dépendances, le nombre total des Narakas serait de cent trente-six.
Et ce n'est pas tout : à la suite
des huit Narakas principaux que l'on vient de mentionner on en énumère
huit autres : Arbouda, Nirarbouda, Atata, Hahava, Houhouva, Outpala, Padma,
Mahâpadma aux trois derniers noms (qui sont des noms du Lotus)
on ajoute quelquefois les synonymes Koumouda et Sogan dhika (en substituant
Poundarîka à Mahâpadma); ce qui porte à dix le
nombre de ces Narakas, qui seraient
les enfers froids ou glacés. D'autres
veulent que ces huit ou dix noms nouveaux désignent non pas des
Narakas, mais les durées diverses des séjours que les damnés
font dans ces lieux de tourments, durées effroyablement longues,
qui vont en progressant par dizaines de millions d'années, la première
étant exprimée par l'unité suivie de cinquante-six
zéros, et ce nombre de zéros augmentant de sept à
chaque nouveau nombre jusqu'à ce
qu'il s'élève à cent dix-neuf. Malgré ces chiffres
formidables, qui expriment des milliards d'années, le Naraka n'est
pas un séjour définitif. Les êtres finissent par en
sortir pour revivre comme animaux, hommes ou dieux. Rien n'est permanent
pour toujours dans le bouddhisme, les supplices
infernaux pas plus que le reste. Toutefois, une secte japonaise importante,
l'école Gio-do, admet l'éternité des peines du Naraka
aussi bien que celle des jouissances de Soukhavati, le paradis d'Amitabha;
mais c'est contraire aux principes du bouddhisme.
Situation
des Narakas.
L'opinion commune paraît être
que les Narakas sont des compartiments souterrains. En effet, on voit la
terre s'entrouvrir sous les pas de Devadatta
qui tombe dans l'Avîtchi. Cependant certains textes racontent des
histoires de personnages entraînés par une course désordonnée
et aventureuse vers les régions méridionales, et se trouvant,
sans s'en douter, sans avoir quitté la sol où ils cheminaient,
transportés dans les demeures infernales. Les deux données
ne sont pas absolument inconciliables. Puisqu'il y a au moins huit enfers
principaux, sans compter les secondaires, il se peut que les uns soient
au-dessous, les autres au niveau du sol. II peut aussi y avoir, au Midi,
une entrée conduisant aux lieux souterrains par une pente insensible.
Du reste on compte, parmi les Narakas, le Lokantarika, demeure des Pretas,
qu'on dit situé dans l'interstice entre trois Tchakravâla,
c.-à-d. à l'extrême limite du monde habité;
mais ce Naraka forme un monde à part, en réalité distinct
des autres enfers.
Population
des Narakas.
Voici un trait qui donne une idée
de la multitude qui peuple les Narakas : Avalokitesvara, dans sa grande
compassion, avait délivré, par la puissance de sa méditation,
les êtres qui y sont renfermés. II y réussit; mais
à peine les Narakas étaient-ils vides qu'ils furent immédiatement
remplis par de nouveaux arrivants; Avalokitesvara n'avait rien fait.
Tel étant l'enseignement bouddhique
sur l'enfer, on est étonné de lire à la page 82 (n°
125) d'un Catéchisme bouddhique, publié à Paris
en 1889 :
«
N'y a-t-il pas d'enfer, pas de ciel ? - Non »
Il est vrai que ce « non » est
accompagné de réserves qui en font un « oui »;
mais c'est « oui » qu'il fallait répondre, sauf à
faire ensuite les réserves auxquelles on pouvait tenir. Du reste,
tout ce qu'on pourra dire ne fera pas qu'il n'y ait un enfer bouddhique,
comme il y a un ciel bouddhique. (L. Feers / A.-M. B. / A.
Bertrand).
-
L'enfer
chez les autres peuples
Egypte.
La région
d'outre-tombe est appelée en égyptien nuter-kher, littéralement
« le divin dessous », la « divine région inférieure
», mais elle porte aussi le nom de Tuàou dans les manuscrits
spéciaux qui sont consacrés à sa description : c'est
la contrée mystérieuse, le domaine des ombres, que le soleil
parcourt pendant les douze heures de la nuit. Pas plus que d'autres peuples
archaïques, les Egyptiens n'ont eu l'idée d'un enfer tel qu'il
sera élaboré en Occident; il paraît difficile de leur
attribuer la double conception d'un enfer et d'un paradis. Les âmes
sont uniformément parquées dans le sombre domaine parcouru
par le soleil à qui elles font escorte dans les limites de la région
consacrée à telle heure de la nuit dans laquelle elles se
trouvent. Nous n'y voyons ni récompense de la vertu ni punition
des crimes, car les personnages qui y sont torturés par le feu ne
sont autres que les ennemis du soleil, les alliés d'Apophis, qui
ont cherché à retarder sa marche, c.à-d. la personification
des ténèbres. En somme, la Tuàou ressemble bien plus
au Shéol des Hébreux, exempt de douleur ainsi que de jouissances,
qu'à l'Hadès des Grecs où des localités différentes
étaient réservées aux bons et aux méchants;
on n'y trouve pas, ainsi que dans l'Enfer de Virgile, à droite l'Elysée
et à gauche le Tartare; on n'y rencontre
autre chose que des scènes mythologiques Fort difficiles à
interpréter. Cependant les Egyptiens avaient une morale trop élevée
pour laisser le crime sans châtiment et la vertu sans récompense.
Le châtiment, c'était en réalité la seconde
mort, l'anéantissement définitif, car la fin de l'existence
terrestre n'était qu'un passage à une autre vie; les morts
étaient appelés des vivants. L'observance les prescriptions
du rituel assurait à chacun de ne pas mourir à nouveau, de
vivre éternellement. En résumé, telle est la doctrine
: pour les impies, l'anéantissement final, pour les justes, la durée
éternelle. Mais le bonheur l'outre-tombe n'était pas une
glorification métaphysique, une épuration idéale,
une contemplation de la divinité; c'était une vie terre à
terre où l'on se bâtirait des maisons, où l'on boirait,
où l'on mangerait, où l'on jouerait aux dames pour abréger
le temps de l'éternité. Ajoutons que le mercantilisme de
la caste sacerdotale et son trafic des articles religieux assimilaient
aux justes quiconque pouvait faire la dépense d'un ensevelissement
complet, comprenant : exemplaire du Livre des Morts,
formules talismaniques, amulettes placées
sous les bandelettes, poupées d'argile munies d'outils aratoires,
lesquelles étaient destinées à labourer dans l'autre
monde à la place du riche défunt, de manière qu'il
eût son pain assuré sans se donner de mal. (Paul Pierret).
Canaries et Afrique
subsaharienne.
Les
Guanches,
anciens habitants des îles Canaries, appelaient l'Enfer Echeydé;
ils se le figuraient comme une fournaise ardente , située au centre
d'un volcan formidable, et dont le feu était sans cesse attisé
par Guayota, le génie du mal.
Les habitants du
royaume de Ouidah (Bénin) croyaient
que l'Enfer était situé sous la terre et que les âmes
des méchants y subissaient le supplice du feu. Ceux de la côte
de Bénin pensaient que ce lieu de tourments se trouvait au-dessous
de la mer, aussi bien que le Paradis.
Mythologie nordique.
Les
Scandinaves
reconnaissaient deux Enfers : le premier, appelé Niflheim, n'était
pas éternel; il ne devait pas durer au delà de l'époque
du renouvellement du monde; il était destiné aux timides,
aux lâches et aux hommes qui mouraient ailleurs que sur le champ
de bataille. Au centre était la fontaine Vergelmer, d'où
coulaient neuf fleuves : l'Angoisse, l'Ennemi
de la joie, le Séjour de la mort, la Perdition, le Gouffre, la Tempête,
le Tourbillon, le Rugissement et le Hurlement. Un dixième fleuve,
le Bruyant, coulait auprès des grilles du Séjour de la mort.
Héla était la souveraine de ce ténébreux empire;
son salon était la Douleur; sa table, la Famine; son couteau, la
Faim; son valet, le Renard; sa servante, la Lenteur; sa porte, le Précipice;
son vestibule, la Langueur; son lit, la Maigreur et la Maladie; sa tente,
la Malédiction. On trouvait encore dans le Niflheim, Loki,
le génie du mal, et le loup Fenrir.
Après la destruction
du Niflheim, à la fin des temps, Allfader, le tout-puissant, construira
un nouvel Enfer, appelé Nastrand (le rivage des morts), qui sera
situé dans la région la plus éloignée du soleil,
et dont les portes seront tournées vers le nord. Il sera rempli
de cadavres de serpents; le poison y pleuvra par mille ouvertures; il y
coulera des torrents infects et glacés, dans lesquels se débattront
les parjures, les assassins, les adultères. Un dragon
noir volera sans cesse aux alentours, et rongera les corps des malheureux
qui y seront renfermés.
Celtes.
L'Enfer des Celtes
était une région sombre et terrible, inaccessible aux rayons
du soleil, infestée d'insectes venimeux, de reptiles, d'ours dévorants
et de loups carnassiers. Les coupables, toujours dévorés,
comme le Prométhée des Grecs,
renaissaient pour souffrir toujours. Les grands criminels étaient
enchaînés dans des cavernes encore plus horribles, plongés
dans un étang rempli de couleuvres, et brûlés par le
poison qui sans cesse distillait de la voûte. Les gens inutiles,
ceux qui n'avaient eu qu'une bonté négative, ou, qui étaient
moins coupables, résidaient au milieu de vapeurs épaisses
et pénétrantes, élevées au-dessus de ces affreuses
prisons. Le plus grand supplice était le froid glaçant qui
tourmentait les corps des habitants, et qui donnait son nom (I furin),
à cet enfer désolant.
Mazdéens.
D'après les
doctrines mazdéennes, qui
fleurirent en Perse,
l'âme, après être restée trois jours aux environs
de sa dépouille mortelle, la quittait et se rendait au lieu de jugement.
Au sortir du tribunal, on la menait au pont de Chinvat, qui était
jeté sur l'enfer (Douzakh) et conduisait au ciel des élus
(Gorotman). Impie, elle ne pouvait le franchir et tombait dans l'abîme,
où elle était livrée aux devs (démons); pure,
elle allait devant Ormazd et recevait la place
qu'elle devait occuper jusqu'au jour de la résurrection des corps,
qui suivrait le triomphe d'Ormazd sur Ahriman, et aurait pour résultat
l'avènement du monde nouveau, d'où auraient disparu le mal
moral et le mal physique.
Parsis.
Les
Parsis
établissent aussi, dit-on, que les damnés seront brûlés
dans l'enfer par un feu matériel ;d'autres cependant assurent que
la peine du feu en est exclue, parce que cet élément est
regardé par les Parsis comme l'image de la Divinité. Le Sadder
parle de l'extrême puanteur des âmes des méchants; et
l'auteur de l'Erda-Viraph-namé donne la description des tourments
de l'enfer, dont il avait, dit-il, été le témoin.
Il trouva une infinité d'âmes plongées jusqu'au cou
dans les eaux froides et noires du torrent qu'elles n'ont pu passer, tandis
que d'autres étaient condamnées à séjourner
dans des cachots remplis de fumée, avec toutes sortes de reptiles
dégoûtants et dangereux. Outre cela, les démons les
piquaient sans cesse, les mordaient et les déchiraient cruellement.
Il y vit une âme pendue par les pieds, à laquelle on donnait
des coups de poignards. Un autre mourait continuellement de faim et de
soif; l'âme d'une femme querelleuse et désobéissante
à son mari y était aussi pendue, et la langue lui sortait
par la nuque du cou.
Finnois.
Les
Finnois
plaçaient l'Enfer sous le pôle arctique ; il est représenté,
dans le Kalevala, qui est leur épopée,
comme un lac de feu qui doit engloutir les méchants, et qui est
le séjour de tous les mauvais génies dont la fonction consiste
à épouvanter et à tourmenter les humains. |
Groenland.
Les Inuit du Groenland,
qui placent sous la mer le séjour du bonheur,
mettent dans les cieux l'habitation des méchants. Ils disent que
leurs âmes maigriront et mourront de faim dans les espaces vides
de l'air, ou qu'elles y seront perpétuellement infestées
et harcelées par des corbeaux, ou qu'elles n'y auront ni paix, ni
trêve , emportées incessamment dans les cieux, comme par les
ailes d'un moulin. D'autres placent l'Enfer dans les régions obscures
de la terre, où la Iumière et la chaleur ne pénètrent
jamais.
Etats-Unis.
Plusieurs populations
amérindiennes de l'Amérique
septentrionale mettent au nombre des supplices qui attendent les méchants
dans l'autre vie, d'être confiné dans un pays malheureux où
il n'y aura point de chasse.
Les anciens habitants
de la Virginie donnaient le nom de Popogousso
à l'Enfer, qu'ils disaient situé à l'extrémité
occidentale du monde. C'était une fosse d'une immense profondeur,
et remplie d'un feu dévorant, dans laquelle étaient précipités
ceux qui s'étaient mal comportés pendant leur vie. D'autres
prétendaient que les âmes des méchants étaient
suspendues entre le ciel et la terre. Ils ajoutaient que la vérité
de ces souffrances leur était confirmée par des morts qui
de temps en temps leur apportaient des nouvelles de l'autre vie.
Les Appalachites
assignaient pour demeure aux âmes des méchants les précipices
qui se trouvent dans les hautes montagnes du Nord, en compagnie des ours
et des autres animaux féroces, au milieu des neiges, des glaces
et des frimas.
Les peuples de la
Floride appelaient le bas monde le lieu destiné
à ceux qui avaient mal vécu sur la terre, comme ils donnaient
le nom de haut monde au séjour des bienheureux. C'est dans le bas
monde que régnait Cupaï, le génie du mal.
Mexique.
Les Aztèques
soutenaient que les âmes des méchants étaient condamnées
à animer des insectes et des reptiles; mais auparavant elles devaient
aller subir une autre peine dans l'Enfer. Cet Enfer, nommé Mictlan,
était un lieu obscur dans le centre de la terre, et gouverné
par un dieu nommé Mictlan-Teuctli. Pour y parvenir, il fallait d'abord
passer entre deux montagnes qui frappaient sans cesse l'une contre l'autre;
traverser deux endroits, dont l'un était gardé par un serpent
et l'autre par un lézard vert; franchir huit collines et parcourir
une vallée où le vent était si fort qu'il lançait
à la figure des fragments de cailloux tranchants. On arrivait ensuite
en présence de Mictlan-Teuctli, auquel les morts offraient les objets
enterres avec eux à cet effet. Pour sortir de ce lieu, il fallait
traverser le fleuve Chicunappa, qui faisait neuf fois le tour du Mictlan.
On n'en venait à bout qu'à l'aide d'un chien roux, que l'on
tuait chaque fois que l'on enterrait un mort, et qui allait attendre l'âme
dans cet endroit pour la passer sur l'autre rive.
Pérou.
Les
Incas
appelaient l'Enfer Veupacha, le monde inférieur, ou le centre de
la terre; il était destiné aux méchants, qui allaient
après leur mort y recevoir le châtiment de leurs crimes. Ce
châtiment consistait dans l'assemblage des maux qu'on éprouve
dans la vie présente, sans mélange de bonheur ni de consolation.
Cet enfer était gouverné par un démon nommé
Cupaypa; c'est pourquoi ou l'appelait aussi Cupaypa-Huacin, maison du diable.
Océan Pacifique.
Les habitants des
îles Tonga plaçaient le séjour
de leurs morts dans une île nommée Bolotou. Ils supposaient
cette île beaucoup plus grande que toutes leurs îles réunies.
On y trouve toutes les plantes et tous les arbres, toujours chargés
des meilleurs fruits et ornés des plus belles fleurs. Cette île
était supposée se trouver au nord-ouest, mais à
une telle distance, qu'il serait dangereux de chercher à y aborder
avec des canots. Elle fut, disait-on créée antérieurement
à la terre; elle était le séjour des dieux, et c'est
de là qu'ils sont partis pour peupler Tonga.
Les
Mariannais
appelaient l'Enfer Zazarragouan, ou la maison de Kaïfi (le diable).
Kaïfi y entretient une fournaise ardente, où il chauffe les
âmes, comme les forgerons chauffent le fer, et les bat continuellement.
Ce n'étaient pas les méchants qui allaient dans l'Enfer,
mais ceux qui étaient morts de mort violente, ou qui étaient
tués à la guerre; au contraire de beaucoup d'autres peuples
de l'Océanie, qui ne placent dans le séjour
du bonheur que ceux qui ont perdu la vie les armes à la main.
Les insulaires de
Tahiti croyaient que, tandis que les âmes
des justes étaient admises à partager la divinité
et à devenir eatouas, celles des méchants
étaient au contraire précipitées dans l'enfer, qui
avait son ouverture sur la haute montagne Papéida, où se
trouve un grand lac.
A Raïatea, autre
île de la Société, près du grand cratère
d'un volcan éteint, qui est pareillement devenu un lac, ils pensaient
que le dieu Tii résidait sur les arbres voisins, et détachait
la chair des os des malheureux à l'aide d'une coquille, qui en conséquence
était déifiée, et dont il était défendu,
sous peine de mort, de manger le mollusque.
Suivant la doctrine
des Néo-Zélandais (Maoris),
tout homme décédé va prendre, au sortir de ce monde,
le Tokouaiatoua (nom du sentier qui mène à l'empire de la
mort). Ce chemin le conduit à une avenue appelée Pirita :
il monte, descend, se repose et soupire après la lumière;
et après s'être remis en marche, il arrive dans une maison
appelée Ana; bientôt il en sort, trouve un autre chemin qui
aboutit à un ruisseau dont les eaux font entendre un murmure plaintif;
il franchit la colline de Hérangui, et le voilà au Reingya
(Enfer). Quittant alors les régions inférieures situées
au-dessous de la mer, il écarte le voile transparent qu'on trouve
à l'entrée du chemin de Motatau, et gagne les plaines aériennes;
après s'y être réchauffé aux rayons du soleil,
il rentre dans la nuit, où il est livré à la tristesse,
aux souffrances et aux maladies; de là il revient en ce monde pour
reprendre ses ossements, et retourne encore au Reinga pour de longues années.
Les insulaires croyaient que les morts ressuscitent ainsi, et retournent
alternativement dans le Reinga, jusqu'à ce que leurs corps soient
transformés en un certain ver qu'ils appellent Toke, et que l'on
trouve souvent eu creusant la terre. La vie du Reinga est d'ailleurs, selon
eux, tout à fait semblable à la vie présente : on
y éprouve les mêmes besoins; ce sont les mêmes habitudes
et les mêmes rapports.
D'autres Néo-Zélandais
disent que les âmes des méchants sont condamnées à
errer misérablement autour du Pouke-tapou, la montagne sacrée,
sans pouvoir jamais espérer leur pardon, tandis que celles des justes,
après avoir traversé le Reinga, parviennent à l'Atamira,
lieu de,délices et séjour du bonheur parfait. |
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En
librairie - Georges Minois, Histoire
de l'enfer, PUF (QSJ), 1994. - Dante, L'Enfer
(première
partie de la Divine Comédie),
Flammarion (GF), 2001. - R. Gounelle, La Descente du Christ aux enfers,
institutionalisation d'une croyance (310-550), Institut d'Etudes augustiniennes,
2000. |
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