 |
«
La
religion de Dieu est l'Islam » : ainsi s'exprime le Coran
au chap. III, verset 17. Ce nom qui a été donné à
la doctrine prêchée par Mohammed
(Mahomet) est généralement expliqué comme marquant
l'idée de la résignation à Dieu
ou de la soumission absolue à ses volontés. Peut-être
conviendrait-il mieux de conserver au mot Islam sa signification étymologique
de livraison et de l'expliquer par l'obligation pour l'humain de s'acquitter
de la dette contractée par lui vis-à-vis de l'Être
suprême qui lui a prêté la vie. Les religions monothéistes
antérieures ne parlaient, en effet, que de l'iman, c.-à-d.
de la croyance en Dieu et à la vie future. L'Islam y ajouta en termes
formels le devoir de payer un tribut de reconnaissance à la divinité.
L'Islam se
divise en plusieurs branches. La principale est celle des Sunnites,
largement majoritaire. Elle est suivie par celle des Chiites.
Les autres, telle celle des Khâridjites,
sont numériquement moins importantes. Le soufisme
représente proprement la forme mystique
de l'Islam (aussi bien sunnite que chiite);
le Kalam (Théologie rationnelle), quant à lui,
rassemble des courants à caractère principalement philosophique
(le plus important étant celui des Mo'tazilites,
dont la doctrine est appelée Motazilisme.
-
Sunnites |
Malékites
(Maghreb, Soudan, Golfe arabo-persique). |
Shaféïtes
(Egypte, Somalie, Arabie, Asie du Sud-Est) |
Hanéfites
(Turquie, Kurdistan, Irak, Inde, Balkans) |
Hanbalites
(Arabie, Syrie) |
Chiites |
Imamites
ou Chiites duodécimains (Iran, Irak, Sud-Liban). |
Zeïdites
(Yémen) |
Ismaéliens
ou Chiites septimains (Bohras : Inde, Pakistan; Druzes
: Liban, Syrie). |
Ghoulât
(notamment Alaouites : Syrie) |
Autres
: Khâridjites (Ibadites d'Oman
et d'Algérie (M'zab), Sorfri,
Azraqi, etc.); Soufis; Kalam
(Mo'tazilites, Ash'ari, Jabriyya, Maturdi,
Marjih, Q'diriyyah ), Groupes disparus : Mordjites,
Nadjarites,
Djabrites,
Mocchabihtes
et Nadjites. |
Aux branches figurant
sur le tableau précédent, il convient d'ajouter :
+ Le wahhabisme
ou salafisme, dans lequel se reconnaissent à la fois les gouvernants
actuels de Arabie Saoudite et divers groupes extrémistes. Il correspond
à une expression fondamentaliste et rigoriste ( = islamisme) de
l'Islam sunnite (hanbalite).
+ Des formes plus
récentes de l'Islam, telles que le babisme, un mouvement anti-coranique
apparu au milieu du XIXe siècle
en Iran ,
le baha'ïsme, issu du précédent, ou encore l'Islam afro-américain
(celui, en particulier, des Five percenters), qui s'est développé
aux États-Unis, à partir
des années 1960.
On donne sur une autre
page un tableau général des Branches
de l'Islam.
Aspects de la
religion musulmane.
Le musulman trouve
dans le Coran l'énumération des devoirs qu'il a à
remplir, mais bien des détails aussi lui sont donnés par
les hadits, ou encore par les décisions de certains docteurs
de renom qui ont joué un rôle analogue à celui des
«-Pères
de l'Église-».
Toutefois le credo de l'Islam, qu'il suffit de dire avec conviction pour
acquérir la qualité de vrai croyant, ne se compose que de
ces simples paroles :
«
Je déclare qu'il n'y a d'autre divinité que Dieu et que Mohammed
est l'envoyé de Dieu.-»
Et, de fait, il peut
se présenter des circonstances telles que cette seule déclaration
suffise pour assurer son salut. Il est admis, en effet, qu'on peut se dispenser
de toute pratique extérieure du culte chaque fois qu'il y aurait
danger de mort à le faire, sans profit assuré pour la religion.
Sauf le cas où l'on expose sa vie pour la propagation de la foi,
dans ce que l'on appelle la guerre sainte, il est interdit au musulman
de chercher le martyre. On a craint de provoquer ainsi d'inutiles forfanteries.
Si dans la profession
de foi il n'est point parlé de la croyance à la vie future,
cela tient à ce que toutes les religions monothéistes sont
d'accord sur ce principe, et qu'aux yeux des musulmans les religions d'Abraham,
de Moïse et de Jésus
n'ont été que des degrés par lesquels Dieu a fait
passer son culte avant de lui imposer sa forme définitive. L'idée
de cette évolution est si profondément enracinée dans
l'esprit de tout musulman qu'il refusera toujours de se convertir au Christianisme,
par exemple, parce que ce serait un retour à une condition inférieure
à celle qu'il a acquise. Il ne pourrait, dans tous les cas, qu'adopter
une religion nouvelle s'il ne croyait fermement que Mohammed a clos d'une
façon irrévocable la série des prophètes réformateurs.
En adoptant une partie des croyances et des pratiques des religions antérieures,
l'Islam ne fait donc que confirmer le principe qu'il a admis du progrès
en matière religieuse. Le point capital nouveau qu'il a cherché
à mettre en relief est l'unité absolue de Dieu que la doctrine
chrétienne lui semblait avoir sinon reniée, tout au moins
mise en doute par le dogme de la trinité.
La seconde affirmation contenue dans son credo a surtout pour objet de
montrer que, l'ère de l'évolution religieuse est définitivement
close.
Tout en adoptant
le plus grand nombre des croyances des religions qui l'avaient précédé,
l'Islam leur a imprimé un cachet particulier. En général,
chez les musulmans le corps humain ne perd jamais ses droits, et les privations
qu'on lui impose ne sont point réelles, car elles consistent uniquement
dans un déplacement des habitudes qui en elles-mêmes ne sont
point modifiées. Dans le ramadan,
par exemple, le jeûne n'est pas une véritable
abstinence, puisque le fidèle ne fait en somme que prendre la nuit
les repas qu'il fait habituellement de jour. Le péché de
gourmandise n'existe pas, et quant à la luxure on a peine à
en concevoir l'existence lorsqu'il est permis de prendre quatre femmes
légitimes et autant de concubines qu'on peut en désirer.
Les véritables interdictions, celle de l'usage de la viande de porc
ou celle des liqueurs fermentées, sont vraiment bien peu importantes,
et les passions humaines peuvent s'exercer en
somme dans un cadre très large. C'est là du reste un des
côtés par lesquels l'Islam se fait accepter si aisément.
Il eût du reste été fort maladroit de vouloir imposer
des privations aux Bédouins qui ont si rarement l'occasion de satisfaire
leurs moindres appétits. Les jouissances matérielles promises
dans le Paradis ont été une conséquence
naturelle de l'existence misérable que menaient sur terre
les premiers adeptes de l'Islam. Il faut ajouter d'ailleurs que les bienheureux
auront des satisfactions d'un ordre plus élevé.
Une des questions
délicates à résoudre pour le croyant est de concilier
la toute-puissance divine avec le libre
arbitre qui est la seule justification possible
de la rétribution dans la vie future. Diverses doctrines se sont
fait jour à ce sujet, mais l'opinion commune qui se dégage
dans la masse des musulmans est la suivante. Les actions des humains durant
leur vie terrestre ont toutes été prévues et inscrites
sur la table que Dieu conserve par devers lui; toutefois elles ne sont
indiquées pour cette période qu'en traits généraux,
et chacun peut en modifier légèrement la trame en la dirigeant
soit vers le bien, soit vers le mal. C'est ainsi qu'on doit s'expliquer
la présence de ces deux anges qui accompagnent
chaque être humain pour noter l'un les bonnes actions, l'autre les
mauvaises. Au jour du jugement dernier chacune de ces actions sera représentée
par un poids proportionnel à sa gravité, et la balance décidera
qui du bien ou du mal l'emportera. Quand Dieu, touché par les vertus
ou les prières d'un humain, voudra lui faire remise d'une de ses
fautes, il n'aura qu'à effacer cette faute de la liste de l'ange.
En principe les peines et les récompenses de l'autre monde seront
éternelles; cependant il existe un purgatoire appelé aarâf;
il paraît spécialement destiné aux musulmans qui semblent
ne jamais devoir être condamnés au châtiment éternel
de l'enfer, mais qui subiront des peines analogues
durant un temps proportionné à la gravité de leurs
fautes. Étant donné la nature du paradis il est à
peine besoin d'ajouter que la résurrection de la chair est admise
par les musulmans. En dehors des anges et des démons
dont le sort est dès à présent fixé, il existe
des génies qui habitent l'espace compris
entre le ciel et la terre.
Ces génies sont appelés, suivant leur conduite, à
jouir de la vie éternelle dans les mêmes conditions que les
humains.
Parmi les pratiques
extérieures de la foi musulmane, il en est qui sont d'obligation
stricte et d'autres que l'usage seul a établies et dont on peut
à la rigueur se dispenser. Tous les hommes musulmans sont circoncis
et pourtant aucune disposition précise de leur loi ne les contraint
à subir cette opération; cette coutume, ainsi que bien d'autres,
est un legs de la religion juive qui a passé
par-dessus la religion chrétienne.
Arrivé à l'âge de la puberté, le musulman est
tenu, sauf le cas d'empêchement dirimant, de faire cinq prières
par jour après s'être au préalable purifié par
des ablutions;
durant tout le mois du ramadan il ne lui est pas permis de rompre
le jeûne du point du jour au coucher du Soleil.
Il doit donner à titre de dîme aumônière une
partie du produit de ses biens quand ils atteignent une valeur minimum
fixée, et enfin, si ses moyens et sa santé le lui permettent
et que les routes soient sûres, il aura à accomplir une fois
dans sa vie le pèlerinage
à La Mecque. En outre il prendra part
à la propagande religieuse à main armée, dite djihad,
toutes les fois qu'il en sera requis, mais cela n'est réellement
obligatoire que vis-à-vis des populations qui n'ont point une religion
révélée ou qui menacent l'existence de l'Islam. A
l'exception du djihâd, les femmes ont à remplir les
mêmes devoirs que les hommes, bien que le plus souvent elles s'en
abstiennent. Au rebours de ce qui se passe dans la plupart des autres religions,
le culte, dans l'Islam, est surtout observé par les hommes, ce qui
a pu faire supposer que les femmes n'auraient point part aux récompenses
et aux châtiments de la vie future. Cela n'est pas exact quoique,
à vrai dire, la situation de la femme au point de vue religieux
n'ait pas été aussi nettement tracée que celle des
hommes.
Tous les détails
du culte ont été réglés par la tradition et
ne diffèrent pas sensiblement d'un pays à un autre, que l'on
soit orthodoxe ou schismatique, toutes les prières devant partout
se faire en langue arabe : cependant l'Islam a subi dans une certaine mesure
l'influence des traditions anciennes des pays dans lesquels il s'est implanté.
La vénération due au Prophète s'est ainsi changée
en une sorte d'adoration, et le culte des saints
est devenu de plus en plus fréquent.
L'Islam offre une
organisation complète. Non content de régler les devoirs
de l'humain envers Dieu, il a aussi déterminé les rapports
qui doivent unir les membres d'un même société. La
législation, une partie même des moeurs et coutumes se trouvent
combinées avec la loi islamique. Le régime des mariages,
celui des successions sont, entre autres, l'objet de dispositions formelles
de la part du Coran et les hadits sont venus préciser
ce qu'il y avait d'un peu vague dans certains cas et compléter sur
d'autres points les instructions données aux fidèles musulmans.
Malgré quelques divergences, la codification, qui s'est faite peu
à peu d'après les bases fixées par le Livre saint,
a pris une telle autorité qu'elle a revêtu le même caractère
que la loi religieuse pure, et il est impossible de dire aujourd'hui là
où commence la législation civile, là où finit
la législation religieuse. Le succès de l'Islam est dû
en grande partie à ce mélange des dispositions civiles et
religieuses; il a donné satisfaction au besoin qu'éprouvent
les humains de se réunir en société par la création
d'un lien assez fort pour leur imposer quelques sacrifices personnels,
assez élastique cependant pour leur permettre de se séparer
en groupes distincts.
Quant à l'influence
que la nouvelle religion a exercée sur le monde, elle a été
d'une très haute importance. Les institutions grecques et romaines
n'avaient pas pénétré profondément les masses
répandues dans l'Asie occidentale, non plus que celles de l'Afrique
septentrionale. Les villes seules avaient été véritablement
grécisées ou romanisées, mais les populations des
campagnes étaient restées en dehors du cercle d'action de
leurs conquérants et vivaient isolées dans une condition
misérable. Les Arabes, qui les premiers ont propagé l'Islam,
avaient horreur du séjour dans les villes; ils s'établirent
surtout dans les grandes plaines et les larges vallées ou ils se
trouvèrent en contact immédiat avec la masse des paysans,
vivant avec eux et s'alliant sans répugnance avec les filles des
vaincus. Une intimité plus grande s'établit ainsi avec les
conquérants et laissa une marque ineffaçable de leur victoire.
Dans les villes et chez les montagnards, la résistance à
l'Islam fut toujours plus grande, parce qu'il y eut une fusion beaucoup
moins aisée; néanmoins l'assimilation finit par devenir complète.
Que l'Islam l'ait
trouvée en lui-même ou qu'il l'ait empruntée à
d'autres, la civilisation qu'il apporta aux nouveaux convertis n'en a pas
moins été brillante : les lettres, les sciences,
l'industrie fleurirent partout où les musulmans portèrent
leurs doctrines. La Syrie, l'Égypte, le Nord de l'Afrique et l'Espagne
ont été durant plus de quatre siècles des foyers lumineux
de l'activité intellectuelle, alors que tout le reste de l'Europe
vivait dans un état voisin de la barbarie. Les croisades,
qui ont mis un terme à cette période, ont transporté
en Europe une partie des institutions qu'elles avaient trouvées
en Orient, et c'est sur ce tronc alors vigoureux qu'est venue se greffer
la civilisation moderne.
Jamais religion ne
s'est développée avec une pareille rapidité : en moins
d'un demi-siècle l'Islam s'est étendu des bords de l'Indus
aux rivages de l'océan Atlantique, et si ce mouvement s'est ralenti
il persiste encore aujourd'hui. Après avoir pénétré
dans le subcontinent indien (Inde, Pakistan,
Bangladesh), en Chine, en Malaisie, l'Islam
continue sa marche dans le continent africain.
Au cours des dernières décennies, il a commencé à
connaître une importance croissante en Europe
occidentale, du fait de l'immigration (depuis le Maghreb vers la France,
ou depuis la Turquie vers l'Allemagne,
par exemple), et aussi aux États-Unis,
cette fois du fait de son implantation dans la population afro-américaine.
-
L'expansion
de l'Islam
L'extension politique
et religieuse de l'Islam fut si rapide qu'un demi-siècle environ
après la mort du Prophète, les
musulmans régnaient en maîtres absolus, des bords de l'Indus
aux rivages de l'Atlantique. Une des principales causes en avait été
l'état de décomposition des civilisations auxquelles il s'était
attaqué.
Théocratique
avec les quatre califes orthodoxes, l'Islam devient
une monarchie militaire avec les Omeyyades
de Damas et les Abbassides
de Bagdad. C'est sous le règne des
premiers Abbassides que l'empire musulman atteint son apogée et
que les armées de l'Islam menacent l'Europe;
cependant, cette prospérité était factice, car les
dynasties locales de Perse, Saffarides (872),
Bouides (927) ( Les
dynasties musulmanes au Moyen-âge), Ghaznévides
(976) et les Seldjoukides (1037) ébranlent
l'autorité du califat en le réduisant à l'Irak, pendant
que l'hérésie fatimide lui enlève
toute l'Afrique du Nord.
La chute du califat,
en 1242, marque la fin de cet empire théocratique, et chacun des
pays musulmans vit désormais indépendant. La Perse, subjuguée
par les armées de Gengis-Khan ,
devient, avec les Houlagides (1254) et
les Timourides (1384), l'une des provinces
de l'Empire mongol, et c'est sa civilisation
tout entière avec sa langue qui pénètre dans l'Hindoustan)
avec la conquête de Baber (1526). De proche
en proche, les tribus du Turkestan abandonnent
le chamanisme et, aujourd'hui, une majorité
de musulmans vivent en Asie centrale et dans les provinces frontières
de la Chine.
Une des tribus que
Gengis-Khan avait traînées à sa suite, celle des Turcs
Osmanlis (Ottomans), met fin à
la dynastie des Seldjoukides, vassaux du califat, et fonde (1294) le grand
Empire musulman d'Europe, qui, après avoir atteint, lui, son apogée
au XVIe siècle, s'est maintenu jusqu'au lendemain de la Première
Guerre mondiale. La Syrie et l'Égypte,
après avoir passé des mains des Fatimides (972) et des vassaux
des Abbassides aux Ayyoubites (1171) et aux
Mamelouks
(1250), tombe au pouvoir des Turcs Osmanlis ( L'Égypte
ottomane), avec la possibilité de réclamer l'hinterland
africain jusqu'aux Grands Lacs. |
La morale
de l'islam est, à bien peu de chose près, la même que
celle des religions chrétienne et juive. Elle en diffère
surtout parce qu'elle a plus d'égards pour les nécessités
de la vie humaine : tout en réprimant l'abus, elle tolère
largement l'usage, estimant que la privation a de plus graves inconvénients
encore que l'usage immodéré.
La religion et la
patrie étant confondues en un seul et même sentiment par l'Islam,
on conçoit qu'il se soit répandu au dehors de la péninsule
Arabique
par la voie des armes et que le service militaire soit devenu obligatoire
pour étendre au loin les limites de la patrie. Cette obligation
qui porte le nom de djihâd et qui est presque l'équivalent
de notre mot croisade n'est appliquée depuis longtemps que dans
deux circonstances : pour défendre l'islam attaqué et pour
convertir les peuples idolâtres. La guerre terminée, les musulmans
ont toujours usé d'une large tolérance vis-à-vis des
vaincus à qui ils ont laissé leur législation et leurs
croyances. Les Maronites qui vivent en Syrie et au Liban sont une preuve
évidente de cette tolérance qu'on a souvent niée à
cause des excès, dus à des circonstances politiques, qu'ont
parfois commis les musulmans à l'égard des Chrétiens
et des Juifs.
-
L'Islam
dans le miroir de la modernité. Une mosquée et un centre
commercial
à
Manama (Bahreïn). Source : The World Factbook.
Au point de vue social,
l'Islam a introduit en Orient d'excellentes réformes : l'égalité
des fidèles est absolue; il n'y a parmi eux aucune caste se transmettant
par simple hérédité le pouvoir ou la noblesse avec
privilèges. Chacun peut se suffire pour l'exercice du culte et nul
n'est investi d'un caractère sacré. La fraternité
se traduit par l'obligation de faire l'aumône, non point seulement
personnellement, mais surtout par le payement de la dîme, dont le
produit centralisé est affecté pour la plus grande part aux
déshérités de la fortune. Seule la condition de la
femme est restée dans une grande situation d'infériorité,
même si elle possède le droit de gérer sans le concours
d'autrui toute sa fortune personnelle. Ce sont les moeurs qui ont aggravé
ici quelques-unes des recommandations du Coran et les ont faussées
en exagérant l'application, mais au fond rien ne s'oppose à
ce que la femme occupe dans la société musulmane la place
qui lui est attribuée chez les peuples d'Europe. La polygamie n'a
pas été inventée par l'Islam qui l'a simplement réglementée
en engageant les fidèles à n'en faire usage qu'autant qu'ils
en sentiraient un besoin impérieux. L'esclavage
a été maintenu, mais les droits et les devoirs du maître
ont été tracés de telle sorte que l'esclave est somme
toute plus heureux et plus libre que ne l'était le serf attaché
à la glèbe; la femme esclave rendue mère par son maître
acquiert par ce seul fait son affranchissement,
et il est rare que la mort du maître n'assure pas la liberté
à tous ses esclaves. L'interdiction du prêt à intérêts
a créé aux musulmans une situation désavantageuse
en matière commerciale, car ils ont observé scrupuleusement
cette prescription qui visait, sans aucun doute l'usure, puisque leur loi
admet le prêt commanditaire. (O. Houdas, ca. 1900).
 |
Janine
et Dominique Sourdel, Dictionnaire
historique de l'Islam, PUF, 2004.
- L'ambition de ce dictionnaire est d'apporter une connaissance critique
des courants de pensée, des écoles théologiques ou
mystiques, des institutions juridiques, de l'organisation administrative
et militaire, des exigences culturelles, des histoires dynastiques, des
personnages influents, des mouvements socio-politiques, de l'évolution
des pays et des villes. L'islam est un univers monothéiste irréductible
aux autres, mais aussi un univers pluraliste, dont la diversité
se confronte, aujourd'hui comme hier, à un ressourcement constant
de méditation à l'exemple de son prophète.
Cartographie, bibliographies et index complètent ce dictionnaire
(couv.).
Dominique
Sourdel, Vocabulaire
de l'Islam, PUF (QSJ), 2008.
9782130532163
A.
Gresh, L'islam,
la république et le monde, Hachette, 2006.
D.
Nicolle, Atlas
historique de l'islam, La Seine, 2004.
Michel
Reeber, Petite
sociologie de l'Islam, Milan, 2005. -Loin
des idées reçues sur la religion musulmane, cet ouvrage est
une approche à la fois documentée, transparente, éclairante
et respectueuse d'un univers bouillonnant et complexe, celui de l'islam
en tant que religion mais aussi en tant que théologie. Dans un contexte
de mixité religieuse, culturelle et sociale, on ne cesse aujourd'hui
de s'interroger sur la communauté musulmane européenne, de
relire son histoire et penser son avenir. Cette Petite sociologie de
l'islam est une invitation à découvrir l'islam dans son
quotidien, tel qu'il est pratiqué, vécu et transmis dans
les "quartiers" en France et dans les pays de l'Europe de l'Ouest. (couv.).
Joseph
Bertuel, L'Islam, ses véritables origines, Nouvelles éditions
latines, 3 vol : I - Un prédicateur à la Mecque, II
- De la Mecque à Médine, III - Vers l'islam arabe
autonome.
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