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La
physionomie de Jérusalem.
On peu diviser la ville en deux parties
: la Vieille ville, qui est la Jérusalem à laquelle on se
réfère tout au long de l'histoire jusqu'au XXe
siècle, et dont il sera surtout question ici, et la Nouvelle ville,
dont les plus anciens quartiers étaient d'abord des faubourgs de
Jérusalem construits à partir du milieu du XIXe
siècle, et qui a pris de l'importance seulement à partir
du mandat britannique, et surtout dans la seconde moitié du XXe
siècle, quand elle a abrité toute les grandes administrations
et les institutions gouvernementales de l'Etat d'Israël.
La
Vieille Ville.
La Vieille ville est dominée par
le mont des Oliviers à l'Est, le mont Scopus au Nord, le mont du
Mauvais-Conseil au Sud, entourée sur trois côté par
les ravins profonds des deux vallées de Josaphat, et de Hinnom.
La colline que définissent ces ravins s'abaisse sensiblement du
Nord au Sud en forme de promontoire, se termine au Sud par des pentes abruptes;
elle est divisée elle-même par un ravin secondaire (Tyropéon),
qui permet de distinguer, en dehors d'accidents moins importants, une colline
orientale (celle où s'élève l'Esplanade du Temple)
et une colline occidentale, qui porte la citadelle,
le Saint-Sépulcre et divers autres édifices chrétiens.
L'Esplanade
du Temple (Haram ech-Chérif ou Al-Haram al-Qudsi al-Sharif
= le Noble sanctuaire), sur l'ancien mont Moriah où la
tradition biblique
place le sacrifice d'Abraham et où se
trouvait le Temple de Salomon, est un vaste
parallélogramme où se dressent le Dôme du Rocher et
la mosquée El-Aqsa, ainsi qu'une série
de constructions de moindre importance (notamment le tombeau dit des fils
d'Aaron).
La Coupole
(ou le Dôme) du Rocher (Qubbetes-Saqrah), improprement
appelée mosquée d'Omar, est l'ouvre
du calife Abd el-Mélik ibn Mérouan
(687 à 690 de l'ère chrétienne); elle recouvre le
rocher où la tradition juive ,
adoptée par l'Islam ,
place le sacrifice d'Isaac. Elle est, en gros, située dans l'enceinte
où s'élevait le temple d'Hérode,
lequel avait pris lui-même la place du second temple, rebâti
sur les ruines du vieil édifice dont on rapporte l'origine à
Salomon. Il est à propos de rappeler
ici que l'ingénieuse restauration du temple de Salomon tentée
à la fin du XIXe siècle par Perrot et Chipiez n'est, en aucune
façon, une reconstitution archéologique.
La mosquée
El-Aqsa s'élève sur les substructions de la basilique
Sainte-Marie érigée par Justinien.
Le travail d'établissement des murs et du soutènement en
voûte qui a constitué l'esplanade
actuelle doit être reporté à Hérode.
A noter surtout les remarquables constructions de soutènement exécutées
aux angles Sud-Est et Sud-Ouest.
Il subsiste un certain nombre de bâtiments
de l'époque judéo-romaine, notamment l'hypogée
appelée improprement "tombeau des Rois", le monument dit d'Absalon,
et quelques anciennes constructions funéraires. En fait de monuments
chrétiens ,
le principal est l'ensemble de constructions nommé Saint-Sépulcre,
dont l'origine remonte à Constantin;
le monument actuel est de l'époque des Croisades,
mais a subi des remaniements considérables (incendie en 1811, et
reconstruction l'année suivante). A noter, dans l'enceinte du Muristan
(hospice des chevaliers de Saint-Jean ),
les ruines de l'église de Sainte-Marie-Majeure
et, près de la porte Saint-Etienne,
l'église Sainte-Anne (XIIe siècle).
Les édifices
chrétiens. - Selon une tradition dont le but est commémoratif
et rituel, mais sans fondement historique avéré, l'église
du Saint-Sépulcre couvre le rocher où Jésus
aurait été crucifié et celui où il aurait été
enterré; c'est plutôt une série de sanctuaires qu'une
église proprement dite, car autour de la nef
à deux coupoles qui est le noyau on en compte jusqu'à 15,
appartenant aux différentes communions : la chapelle
de l'Apparition, aux latins; l'église Myrophore, aux grecs; l'église
de l'Invention de la Croix, aux arméniens et aux latins; le Calvaire ,
aux grecs et aux latins; la chapelle d'Adam, sous le Calvaire, aux grecs;
la chapelle du Vestibule du Calvaire, aux latins; la chapelle de Sainte-Marie-Égyptienne
aux grecs; Saint-Michel-Archange, aux coptes, ainsi que l'église
des Quatre-Animaux; la chapelle Saint-Jean, aux arméniens; la chapelle
du Sacrifice d'Abraham, aux grecs, comme l'église, des Saints-Apôtres,
la chapelle des Quarante-Martyrs, la chapelle de Saint-Jacques et celle
des Quatre-Évangélistes.
Tous ces sanctuaires
sont richement décorés; une immense quantité de lampes
y brûlent jour et nuit, ainsi que dans la chapelle souterraine où
est le tombeau prétendu du Christ, c'est-à-dire
le rocher sur lequel son corps aurait déposé et qui disparaît
sous des revêtements de marbre blanc.
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Jérusalem
: vuue panoramique du Saint-Sépulcre.
On voit encore, à
proximité, la piscine d'Ezéchias, l'ancien tracé de
la Via Dolorosa (Voie douloureuse), une colonne
qui marque l'endroit où Jésus est dit avoir rencontré
les femmes de Sion, les ruines de l'hôpital Sainte-Hélène,
un couvent copte qui renferme la citerne de Sainte-Hélène,
les ruines de l'ancien couvent des Hospitaliers
et les débris de la porte Judiciaire,
où aurait été affichée la condamnation du Christ.
Au Sud, se trouve
un château-fort (la Citadelle, appelé
aussi Tour de David), la prison de saint Pierre
(en ruines), le couvent et l'église Saint-Jacques, la grande synagogue,
la porte du prophète David (Bab-el-Rabi-Daoud), par laquelle on
va au tombeau de David (à l'extérieur des murailles, et recouvert
par une mosquée à l'époque
de la domination ottomane
et enfermé dans les bâtiments d'une communauté de derviches)
où se seraient trouvés aussi, selon la tradition chrétienne,
le lieu de la Cène
et celui de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres.
Au Nord, on notera,
près de la porte de la colonne (Bab-el-Arnoud), appelée aussi
porte de Damas
: les ruines de l'église Saint-Jean-l'Évangéliste
qui remonte au temps des Croisades et
la grotte de Jérémie.
Citons encore : l'ancien
palais de Pilate; la maison de Caïphe transformée en couvent
arménien, et où l'on montre l'endroit où saint
Pierre aurait renié son maître et la pierre qui supposée
avoir recouvert primitivement le tombeau de Jésust;
l'église Sainte-Anne, bâtie par le roi Baudouin
Ier, sur l'emplacement de la maison où l'on fait naître
la Vierge; le palais du patriarche arménien,
l'un des plus beaux édifices de Jérusalem.
La vieille Jérusalem est enfermée
dans l'enceinte fortifiée du sultan Soliman
(1534), que percent sept portes (dont deux
murées), et qui lui donne l'aspect d'une ville du Moyen âge ;
cette enceinte, peut être considérée comme répondant
aux remparts qui défendaient la ville
au temps des Croisades .
Elle est fortifiée de tours et de bastions
et décrit plusieurs sinuosités. Le côté qui
longe la vallée du Cédron (à l'Est) est le seul à
offrir une ligne parfaitement droite. Une ligne sensiblement orientée
de l'Est-Nord-Est à l'Ouest-Sud-Ouest sert de défense à
la ville par le seul côté que la nature a rendu accessible.
A partir de l'angle Nord-Ouest, qui marque le point culminant de la ville
et où plusieurs auteurs placent la tour Pséphinus érigée
par Agrippa, le mur tourne brusquement au Sud-Est
pour présenter bientôt le seul gros ouvrage de défense
encore subsistant, la Citadelle (el-Qalaah); cet ouvrage, qui ne répond
d'ailleurs en aucune façon aux conditions de la fortification moderne,
commande la porte de Jaffa. A partir de ce point, la muraille, dominant
de haut la vallée de Hinnom, court régulièrement du
Nord au Sud sur une longueur de 400 m, au bout de laquelle elle se rejette
brusquement à l'Est par un angle droit. Elle finit, en suivant une
marche brisée, par rejoindre le mur méridional de l'Esplanade
du Temple (Haram ech-Chérif). L'ensemble de cette fortification
détermine un quadrilatère irrégulier, dont les deux
plus grands côtés (Nord et Sud) ont l'un environ 1300, l'autre
1200 m, et les deux plus petits (Est et Ouest) respectivement 900 et 800.
Une portion de cette fortification, au Sud-Ouest fait apparaître
les restes d'une muraille qui a appartenu au Second
Temple, et qui est connue aujourd'hui sous le nom de Mur Occidental
ou Mur des Lamentations. Le lieu est considéré par
les Juifs comme le plus sacré de leur
religion; on y vient prier : il est comme une synagogue à ciel ouvert.
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Le
Mur des Lamentations (à droite). ©
Thierry Labat.
La hauteur de la montagne du Temple au-dessus
du niveau de la mer est de 744 m, tandis que la colline occidentale présente
des altitudes de 780 à 790 m. La ville sillonée de rues étroites
et tortueuses, bordées de nombreux commerces et parcourues par des
foules de touristes et de pèlerins. Les communications avec l'extérieur
se font par un petit nombre de portes, dont
les principales sont, au Nord la porte de Damas ou porte de la Colonne
(Bâb El-Amoud) et à l'Ouest la porte de Jaffa ou porte de
Hébron (Bâb El-Khalil, Porte du Bien-Aimé). A l'Est
s'ouvre la porte de Saint-Etienne ou porte de Notre-Dame-Marie (bâb
Sidi-Maryam); c'est le seul débouché qui existe du côté
de la vallée du Cédron, la porte Dorée (Bab-el-Daralue),
qui donnerait accès dans l'Esplanade, étant murée.
Au Sud-Ouest se trouve la porte de Sion ou porte du prophète David
(Porte de Sion ou Bâb En-Nebî-Daoud) et au Sud-Est la
porte des Maugrabins (Bâb-el-Maugrarbe), par laquelle Jésus
aurait été amené à Pilate, après sa
capture au jardin des Oliviers, qui en est fort peu éloigné.
Pour les facilités du quartier chrétien on a, en 1889, percé
au Nord-Ouest, la Bâb Abdul-Hamid (Bâb al-Jadîd, Nouvelle
Porte). Enfin, au Nord-Est se trouve la porte d'Hérode
ou d'Ephraïm (Bâb Es-Zahiréh, Porte de l'Aurore).
La situation de la Jérusalem historique,
privée de sources, sauf dans la partie inférieure du ravin
de Cédron, a entraîné, en dehors des citernes ménagées
dans les maisons privées et dans les édifices publics, la
construction d'aqueducs, amenant les eaux
du massif montagneux qui s'élève dans la région sud
de Jérusalem jusqu'à une altitude de 900 m et de réservoirs
ou piscines emmagasinant ces eaux. Ces conduits
et bassins remontent, les uns aux Arabes et aux Croisés,
les autres aux Romains; les principaux réservoirs
sont, à l'Ouest le Birket Mamillah et le Birket es-Sultan, à
l'intérieur de la ville, dans le quartier chrétien, le Birket
Hammam el-Batrak et, aux environs de la porte Saint-Etienne (Nord-Est)
le Birket Israïn.
Jérusalem
: la Vallée du Cédron, au début du XXe
siècle.
La
Nouvelle Ville.
Bien que toute limite ait aujourd'hui
matériellement disparu, la Nouvelle Ville peut à son tour
être divisée, au moins pour des raisons historiques, en deux
parties : la partie Occidentale (Jérusalem-Ouest), ville moderne
qui s'est surtout développée à partir de 1948 (Première
Guerre Israélo-Arabe), après son annexion par l'Etat hébreu
qui venait de se former, et partie Orientale (Jérusalem-Est, dont
fait aussi partie la Vieille Ville), annexée par la Jordanie en
1948, puis occupée par Israël à partir de 1967 (Guerre
des Six-Jours), où se mêlent des îlots de populations
arabes et des colonies juives; ces-dernières représentant
une population de 200000 habitants, soit à peu près la moitié
de la population juive installée en Cisjordanie.
Parmi les curiosités de Jérusalem-Est
ont peut citer le Mont des Oliviers, dont le flanc occidental est en partie
occupé par un grand cimetière juif, et au pied duquel se
trouve le jardin des Oliviers, situé sur le torrent de Cédron,
qui est un enclos de dimensions médiocres, dans lequel on montre
la grotte de l'Agonie, creusée dans le rocher, et 8 oliviers énormes
qui ne sont pas contemporains de Jésus, mais qui sont très
anciens. La vallée de Josaphat est une autre des curiosités
de la partie orientale de Jérusalem; c'est un ravin profond qui
s'étend entre le mont des Oliviers et la montagne de Sion, mais
qui n'a de remarquable que la tradition biblique
qui en fait le théâtre futur du Jugement dernier .
(M. Vernes / A19).
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Jérusalem-Est
au début du XXe
siècle.
Nouveau
quartier au pied de la muraille de Saladin.
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