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Jésus
ou (pour les Chrétiens) Jésus-Christ. - Il est
considéré par les Chrétiens
comme le fils de Dieu et Dieu lui-même. Ils
y voient aussi en lui le Messie prédit par les prophètes,
et le médiateur entre Dieu et les humains. Selon les chrétiens,
il fut conçu dans le sein d'une vierge de Nazareth, issue de la
lignée de David, Marie,
épouse de Joseph, et naquit à Bethléem, dans une étable,
le 25 décembre de l'an du monde 4004 (selon une chronologie religieuse
très tardive), et dans la 12e année
du règne d'Auguste. Sa naissance fut annoncée
à Marie par l'ange Gabriel, et révélée
à des bergers ainsi qu'à des Mages qui vinrent l'adorer.
Hérode le Grand, roi de Judée, craignant,
sur d'anciennes prédictions, la venue du Messie, ordonna d'égorger
tous les enfants nouveaux nés; mais Joseph et Marie s'étant
enfuis en Égypte, sauvèrent l'enfant divin. Ils ne revinrent
à Nazareth que quand le danger fut passé. Dès l'âge
de 12 ans, Jésus, qui avait accompagné ses parents à
Jérusalem pour y faire la Pâque,
discourait dans le temple avec les docteurs de la loi. A 30 ans, il commença
sa mission. Il se fit d'abord baptiser par St Jean-Baptiste, dans les eaux,
du Jourdain, puis choisit douze disciples connus sous le nom d'apôtres,
avec lesquels il parcourut les villes et la Judée, prêchant
aux hommes la charité, l'amour de Dieu, la crainte d'une autre vie,
et confirmant ses dogmes par une foule de miracles. Il changea l'eau en
vin aux noces de Cana, et pendant tout le cours de sa prédication,
il rendit la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la santé
aux malades; il ressuscita même des morts, le fils de la veuve Naïm,
Lazare, etc. Les nouveaux dogmes qu'il enseignait soulevèrent contre
lui les pharisiens et les prêtres juifs, qui ayant séduit
Judas, un de ses apôtres, se saisirent de sa personne, dans la troisième
année de ses prédications, pendant qu'il était à
Jérusalem, où il était venu faire la Pâque.
Livré aux Romains, il fut condamné à être mis
en croix, et il consomma son sacrifice sur le Calvaire, dans la 34e
année de sa vie. Sa mort fut accompagnée de plusieurs prodiges;
il ressuscita le 3e jour, apparut à
ses disciples, et monta au Ciel en leur présence
quarante jours après. Les merveilles de la vie de J.-C. sont consignées
dans les quatre Évangiles;
c'est là seulement qu'on en doit chercher les détails de
sa biographie religieuse (sa biographie historique restant, elle, parfaitement
inconnue). On peut consulter le travail du P. Deligny sur la Vie de
J.-C., Avignon, 1774, 5 vol. in-8.
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Images
du Christ
Le chrisme,
un agneau, un cep de vigne,
ou un poisson, dont le nom grec (ichtus)
donnait les lettres initiales de la formule caractérisant sa mission
divine (Ièsous Christos theou uios sôtèr), suffirent
aux premiers chrétiens pour tenir lieu de la représentation
de Jésus. On adopta ensuite des figures paraboliques, comme celle
du Bon pasteur.
Le Bon
Pasteur , sujet très souvent reproduit par les artistes chrétiens.
Se rappelant sans doute la parabole de l'Évangile de St Luc, ils
représentèrent, sur les vases sacrés, Jésus
sous la figure d'un homme tantôt imberbe, tantôt barbu, portant
sur ses épaules une brebis égarée, et tenant à
la main un pedum ou bâton pastoral. Du reste, cette invention appartient
à l'antiquité païenne. Car les tombeaux des Nasons et
celui de P. C. Sabinus (cf. Mabillon, Mus. ital. 1687, in-4a, t.
1er, p. 223) offrent la figure d'un berger avec un animal sur les épaules.
Pausanias nous apprend (1. IX, ch. XXII) qu'à
Tanagre, le jour de la fête de Mercure Criophore, le plus beau des
jeunes gens parcourait la ville avec une brebis sur les épaules.
La statue du Faune à la chèvre, qui fait partie de la collection
de St-Ildefonse, peut encore être assimilée au Bon Pasteur.
Cette image champêtre se retrouve dans les vers de Tibulle
(I, 11-12) et de Calpurnius (V, 39 et suiv.).
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Le
Christ en Bon pasteur, cimetière médiéval de la
voie Lavicane.
C'est vers le IIIe
siècle qu'on essaya le portrait. Il n'existe pas d'image authentique
du Christ. On dit que le roi Abgar d'Édesse en aurait possédé
une, exécutée par l'évangéliste St Luc, et
imprimée sur une pièce d'étoffe, et qu'une semblable
empreinte aurait existé sur le suaire de Ste Véronique; rien
n'est moins certain. Les saints suaires de Rome,
de Jérusalem, de Turin,
se ressemblent peu. II n'y a pas trace d'un portrait en pied qui existait,
dit-on, à Béryte, ni d'une statue
de bronze qu'une femme guérie par le Sauveur lui avait érigée,
ni d'une statue à laquelle Julien l'Apostat
aurait plus tard substitué la sienne, ni de celle que possédait
l'empereur Alexandre-Sévère.
St Augustin affirme que de son temps on ne possédait
aucune image réelle de Jésus. Parmi les plus anciennes représentations
qui donnent une idée de la manière dont on se figura le Christ,
on doit citer une mosaïque, peut-être du IIIe siècle,
qui existe au Museo Cristiano du Vatican,
et deux bustes dans les catacombes calixtines et les catacombes pontiennes,
prés de Rome, reproduits dans la Roma sotterranea d'Arrighi.
Ces images s'accordent, sinon dans les détails, au moins dans l'ensemble,
avec une lettre apocryphe que Lentulus, prédécesseur de Ponce
Pilate, est censé avoir écrite au sénat romain, et
avec une description que Jean Damascène
prétend avoir rédigée d'après d'anciens auteurs.
Le Christ y est représenté avec le visage ovale, le nez droit,
le front haut et les sourcils arqués, les yeux grands et à
fleur de tête, les cheveux d'un roux brun, séparés
en raie sur le front et retombant en boucles sur les épaules, la
barbe peu fournie, courte et divisée, les lèvres un peu épaisses,
la physionomie d'une expression grave et douce. St Irénée,
St Justin, Clément d'Alexandrie,
Cyrille, Tertullien,
prétendent que le Sauveur était laid, et cette opinion a
prévalu et Orient; au contraire, St Jérôme, St
Jean Chrysostome, St Grégoire de
Nysse, St Ambroise, pensent que c'était
le plus beau des hommes.
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Le
Bon pasteur représenté sur un bas-relief, sous l'arche
du
Gros-Horloge, à Rouen. Photo : © Serge
Jodra, 2009.
Jusqu'au XIIe
siècle, les représentations de Jésus par la sculpture
ont été grossières : la première oeuvre remarquable,
évidemment inspirée par l'art
byzantin,
se voit dans un tympan
au portail intérieur de l'église
de Vézelay, et elle a été
imitée sur le tympan de la cathédrale d'Autun,
puis à l'abbaye de Charlieu. Pendant
le XIIe siècle, l'idée dominante
des sculpteurs, quand ils figuraient le Christ dans sa gloire, parait avoir
été de se rapprocher de la vision de St Jean, c.-à-d.
qu'ils le représentent entouré des apôtres, des animaux
symboliquement attribués aux quatre évangélistes,
ou des 24 vieillards de l'Apocalypse.
Au XIIIe siècle, les artistes montrent
généralement le Christ dans la scène du Jugement dernier
: c'est ainsi qu'on le voit au portail principal des cathédrales
de Paris et d'Amiens, au portail méridional
de celle de Chartres, au portail septentrional
de celle de Bordeaux, etc. Ou bien, ils placent sa statue sur les trumeaux
des portails; ce n'est plus alors le Christ triomphant, mais le Christ
sur la terre, enseignant au milieu de ses apôtres : la plus belle
statue de ce genre est à la Cathédrale d'Amiens. Au XIVe
siècle, le type traditionnel et consacré disparaît;
les sculptures poursuivent un idéal de beauté humaine, et
tombent dans la recherche des détails. D'ailleurs, la Vierge prend
alors et jusqu'au XVIe siècle la
place principale dans la statuaire religieuse, et le Christ est relégué
dans les petits sujets légendaires. Les plus anciennes peintures
qui représentent le Christ, en France, sont à St-Savin et
à Auxerre; elles ont le cachet byzantin,
comme les oeuvres primitives de la sculpture. La tradition byzantine, qu'on
abandonna au XIIIesiècle, s'est
perpétuée plus longtemps en Italie, où elle est sensible
dans les Christs de Giotto, d'Orcagna, de Buffalmacco,
de Memmi, etc. Les plus belles têtes de Christ imaginées par
les peintres sont celles de Raphaël, de
Titien, de Sébastien
del Piombo, de Léonard de Vinci, et
de Louis Carrache. (B.).
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En
bibliothèque - Giacchetti,
Iconologia Salvatoris, Rome, 1628, in-8°; Vavasseur, De forma
Christi, Paris, 1649, in-8°; Pilartius, De singulari Christi
pulchritudine, Paris, 1651, in-8°; Reiske, De imaginibus Jesu
Christi, Iéna, 1685; Fecht, De forma faciei Christi apud
veteres christianos, 1706, in-8°; Cyprianus, De pulchritudine
Christi, Cobourg, 1708; Peignot, Recherches historiques sur la personne
et le portrait de J.-C., Dijon, 1829.. |
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