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Anges

Les anges (du grec aggelos, messager) sont des créatures intermédiaires entre la divinité et l'homme. L'idée de l'existence de ces êtres n'appartient pas exclusivement aux peuples chrétiens; les Indiens, les Perses, les Chinois, etc., ont eu des doctrines analogues à celle des chrétiens sur les bons anges et les mauvais anges. Les livres des Hébreux parlent d'anges ou messagers célestes : un ange arrête le bras d'Abraham, prédit à Sara qu'elle sera mère, console Agar dans le désert, sauve Loth de l'incendie de Sodome, lutte avec Jacob, arrête Balaam, secourt Maccabée dans le combat, accompagne Tobie, etc. Toutefois, l'existence des anges n'est qu'une croyance populaire des Hébreux, et non pas un dogme de la religion mosaïque; et les hébraïsants pensent que les messagers de Yahveh sont identiques avec Dieu lui-même, et ne sont que les symboles de ses facultés et de sa puissance. 

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Venise : ange.
Un ange de l'église Santa Maria del Giglio, à Venise.
© Photo : Serge Jodra, 2012.

C'est surtout à partir de la captivité de Babylone qu'il est fait mention des anges dans les livres de la Bible : Isaïe dit que Dieu est porté sur des nuées de chérubins, que des séraphins chantent ses louanges, et qu'un ange, nommé Michel, défit un ange déchu, Asmodée. Daniel cite également l'ange Michel et l'ange Gabriel; de cette époque aussi datent les noms d'Uriel, de Lucifer et de Raphaël; le Livre de Zacharie (Ancien Testament) mentionne enfin le chef des mauvais anges sous le nom de Satan. Les Hébreux subissaient alors l'influence du Magisme. Maïmonide prétend que l'ancienne tradition juive comptait 10 degrés ou ordres d'anges.
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Les anges dans le Judaïsme

Les anges sont, dans les traditions judaïques; comme les a définis Platon, des êtres qui tiennent le milieu entre Dieu et les humains; ils portent les prières de ceux-ci à Dieu. Dans la Bible, ils sont désignés sous trois noms différents. Lorsqu'Adam et Ève eurent péché, ce fut un chérubin qui les chassa du Paradis terrestre. Esaïe, dans son sixième chapitre, appelle les anges séraphins. On les désigne habituellement par le nom de Mélacim (envoyés); dans Daniel, on parle du Prince des anges de la Perse, et du prince des anges de la Grèce. D'après le Talmud, les noms des anges vinrent avec les Israélites de Babylone. Cette opinion montre que les Israélites, pendant leur séjour dans la Perse, et dans la Babylonie, empruntèrent à la religion des perses leur Izeds, leur Ferrouers, et leur Amschaspands. Dans un autre passage il est dit : Les anges furent créés le second jour, et leur substance est moitié eau et moitié feu, le mot AI, Dieu, que l'on trouve à la fin de tous les noms des anges, nous porte à croire qu'ils étaient des personnifications ou des émanations des qualités de Dieu.

Gabriel, signifie force de Dieu; Faheriel, pureté de Dieu; Adariel, grandeur de Dieu; Kadochiel, sainteté de Dieu; Rehuniel, miséricorde de Dieu.; quelques autres ont des noms dont on trouverait l'explication dans le zend ou dans le pelvi, comme Sandalpos, Jorkomi; tous ont des attributions différentes.

Gabriel est le chef du feu; Jorkomi celui de la grêle, et Michel celui de la mer; Samenil est le chef des reptiles; Daliel celui des poissons; Anafil celui des oiseaux; Maktogil, celui des pierres; Alefil, celui des arbres fruitiers, et Charoel celui des arbresqui ne portent pas de fruits; Sandalpos celui des hommes; cet ange a les pieds fixés sur la Terre et la tête dans les Cieux; Suriel se tient continuellement devant le trône de Dieu. Dans le Zend Avesta, 2, 57, 58, on parle de Bahman, chef des bestiaux, Ardibehescht, chef du feu, Schahriver, chef des métaux, Sapandomad, chef de la terre, Khordad, chef de l'eau, Amerdad, chef des arbres. (M. P., 1836).

D'après la cosmogonie 'chrétienne, tous les anges avaient été créés dans un état de sainteté; mais plusieurs déchurent par leur orgueil, et furent condamnés au feu éternel : de là une division en bons anges ou simplement anges, et mauvais anges, diables ou démons. Le livre apocryphe d'Énoch avait déjà parlé de la révolte de 200 anges, qui avaient épousé des filles des hommes.

Quant à la nature des anges, l'Église catholique les regarde comme des substances incorporelles, intelligentes, et supérieures à l'âme de l'humain. Clément d'Alexandrie, Tertullien, Origène, etc., les croyaient revêtus d'un corps très subtil; d'autres ne les regardent que comme des êtres purement spirituels, mais qui se montrent quelquefois avec l'apparence d'un corps. Selon les théologiens qui admettent la classification de Saint Denys l'Aréopagite, les esprits angéliques seraient divisés en trois hiérarchies, comprenait chacune trois ordres ou choeurs : la 1re hiérarchie est celle des Séraphins, des Chérubins et des Trônes; la 2e, celle des Dominations, des Vertus et des Puissances; la 3e, celle des Principautés, des Archanges et des Anges proprement dits. Les Séraphins excellent par l'amour, les Chérubins par le silence, et la majesté divine règne sur les Trônes; les Dominations ont pouvoir sur les hommes, les Vertus recèlent le don des miracles, et les Puissances s'opposent aux démons; les Principautés veillent sur les empires, les Archanges et les Anges sont les messagers de Dieu.

Pendant le Moyen âge, on regarda les anges comme les principes animés de l'univers et des éléments, comme les agents personnifiés de la nature; on leur attribua le mouvement des corps célestes; ainsi, Cosmas Indicopleustès fait des astres autant de flambeaux que les esprits célestes portent à la main. Dans son Convivio, Dante dit : 

"Il est raisonnable d'admettre que les anges sont les moteurs du ciel (Sphères) de la Lune, les archanges du ciel de Mercure, les trônes de celui de Vénus, etc. "
L'abbé Trithème, au XVIe siècle, et le P. Riccioli, au XVIIe, pensaient encore que les planètes étaient gouvernées par des anges. Ces idées étaient autant de souvenirs du Talmud. Comme il y a des agents naturels qui conservent l'ordre et l'harmonie du monde, tandis que d'autres semblent y apporter le trouble et la confusion, on attribua les vents, la pluie, les tempêtes aux mauvais anges, aux démons, et de là vint l'usage d'exorciser Satan ou de sonner les cloches pendant les orages pour chasser les malignes influences. Chaque homme a son ange gardien, qu'il reçoit en naissant selon St Jérôme, après le baptême suivant Origène, et cet ange l'excite à choisir le bien et à éviter le mal, le soutient dans les tentations, et offre ses prières à Dieu. Au moment de la mort, les anges portent les âmes des justes au Ciel ou dans le Purgatoire. L'Église catholique rend un culte aux anges, et célèbre leur fête le 2 octobre. (B.).


En bibliothèque - Maldonat, Théologie des Anges.

En librairie -  Collectif, Un Ange passe (les anges de la littérature), Gallimard, 2004. - L. Caruthers, Anges et démons dans la littérature anglaise au Moyen âge, Presses de l'université de Paris Sorbonne, 2003. - Pierre Jovanovich, Biographie de l'archange Gabriel, Le Jardin des livres, 2002. - Du même, Enquête sur l'existence des anges gardiens, Le Jardin des livres, 2001. 

Les écrivains religieux ont donné quelquefois aux prêtres la qualification d'anges, dans le sens spécial de messagers, parce que les prêtres transmettent aux autres humains les ordres de Dieu.

La marque du papier timbré était autrefois la figure de deux anges. De là l'expression envoyer un ange à quelqu'un, pour dire envoyer une assignation.

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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