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Les littératures / L'Antiquité > le Croissant fertile > la Mésopotamie |
La littérature assyro-babylonienne |
Toute la littérature
assyro-babylonienne était aux mains des scribes. Les difficultés
d'une écriture qui comportait plusieurs centaines de signes étaient
telles, qu'écrire était un métier; le titre de scribe
est considéré comme celui d'une profession honorifique, puisqu'il
figure sur les sceaux et documents et que nous connaissons des scribes
de lignée royale; son nom, pour authentifier une pièce, figure
souvent à la fin des actes.
- Nabu, le dieu protecteur des lettres. Aux basses époques, il est désigné sous le nom de prêtre (shangu), ce qui montre les rapports étroits de cette classe avec le clergé. Il existait de véritables écoles de scribes; grâce au soin avec lequel les documents étaient conservés, nous avons retrouvé les devoirs des jeunes scribes, dans lesquels ils s'exerçaient à l'écriture et à la rédaction. Les palais et les temples avaient leurs archives; les tablettes cultes étaient empilées sur des rayons et formaient ainsi de véritables bibliothèques; bien des souverains tinrent à honneur, pour préserver la science de leur époque qu'ils considéraient déjà comme fort ancienne, de faire recopier toutes les traditions et tous les écrits importants, dans les différentes villes de l'empire. Hammurabi, entre autres, forma une importante bibliothèque, mais c'est surtout Assurbanipal qui, avec un zèle incessant, fit établir par copies une véritable encyclopédie de la science de son temps. Toute sa bibliothèque a été retrouvée dans les décombres de Ninive et les tablettes en ont été dirigées, par milliers, vers le British Museum. Cette bibliothèque, par son niversalité, nous permet de prendre une connaissance exacte de la pensée babylonienne et des formes sous lesquelles les Babyloniens la traduisaient. Peu ou pas de traités didactiques, avons-nous dit, à propos de la médecine; on sent que chacun de ces livres expose une doctrine à retenir et que les explications devaient en être orales. Les Mésopotamiens sont friands d'épopée;
leurs poèmes religieux sont conçus selon une formule qui
est propre aux populations de langues sémitiques;
la phrase est concise et fait image, mais, dès qu'une idée
a plu au poète, il la répète au cours de l'ouvrage.
Cette répétition rappelle les procédés de la
Chanson de Geste occidentale et semble, à vrai dire, le fait de
sociétés archaïques. Ainsi, lorsque deux personnages
ont une longue conversation, et qu'elle est rapportée à une
tierce personne, la conversation reparaît tout au long, et cela autant
de fois que d'autres personnages interviendront. D'autre part, il se forme,
de bonne heure, des clichés pour chaque genre littéraire,
clichés qui seront répétés à travers
les âges, dans la même circonstance; de même que, dans
leur titulature, les rois adoptent un protocole toujours le même,
les historiens accolent volontiers aux noms des épithètes
qui en deviennent inséparables; ce souci de l'épithète
et son rappel sont une des caractéristiques du style homérique,
partant des sociétés archaïques.
Outre les cosmogonies dont le nombre s'est accru récemment, et qui diffèrent quelque peu selon la ville qui leur a donné naissance, existent des poèmes secondaires comme l'épopée de Gilgamesh, celle d'Adapa, celle d'Étana, qui forment un lien, pour ainsi dire, entre l'histoire divine et l'histoire humaine. Une autre partie des textes religieux se compose des hymnes, prières aux différents dieux; ces morceaux énumèrent les titres des divinités, font allusion aux épisodes qui leur ont valu ces appellations, et demandent que les bénédictions célestes soient attirées sur ceux qui les récitent. Une troisième série fait partie du rituel des exorcismes; le pénitent déplore, soit lui-même, soit par l'intermédiaire du prêtre, le péché qu'il a pu commettre, puis viennent les incantations pour chasser les démons. On peut rattacher à la littérature religieuse celle qui a trait aux pratiques divinatoires dont nous avons signalé la variété et l'abondance. Les textes historiques sont une classe importante de la littérature assyro-babylonienne, représentée à toutes les époques de la civilisation mésopotamienne. Tandis que certains textes de la Dynastie d'Ur (cylindres du patesi Gudéa), rapportent tout au long des constructions d'édifices, ceux de la période assyrienne sont le récit des campagnes et des conquêtes royales, c'est par eux que nous pouvons restituer l'histoire de cette époque. La littérature juridique est représentée par le Code d'Hammurabi et les nombreux contrats de tous âges qui nous renseignent sur les coutumes qui présidaient aux transactions. Les tablettes de comptabilité, malgré leur sécheresse, font entrevoir le mécanisme de la vie de chaque jour; elles sont très nombreuses. Les lettres, enfin, d'interprétation plus délicate, en raison de l'ignorance où nous sommes de la personnalité de ceux qui les ont écrites, traitent des sujets les plus divers, comme le ferait une correspondance contemporaine. Les livres scientifiques sont représentés par les écrits astronomiques, mathématiques, par des listes de noms de pierres, végétaux, insectes, ébauche d'une classification du monde naturel dont nous saisissons mal la clef, faute de savoir les conceptions qui ont présidé à ces répartitions, et enfin par des listes lexicographiques déjà utiles aux lettrés de ce temps ou à ceux qui voulaient le devenir, et qui sont pour les assyriologues du plus précieux secours pour pénétrer dans les arcanes compliqués de la science des cunéiformes. (L. Delaporte). |
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