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Nous nous proposons
de tracer un tableau sommaire de la littérature italienne, et non de l'histoire
littéraire de l'Italie.
C'est dire que nous laissons de coté la littérature
latine qui a précédé en Italie la naissance de la littérature en
langue vulgaire et que nous ne nous appesantirons pas sur les oeuvres dans
lesquelles au Moyen âge,
à l'époque de la Renaissance
et jusqu'à nos jours, on a continué à employer le
latin.
La littérature italienne a six siècles d'existence seulement, car elle
est de beaucoup la cadette par rapport aux autres littératures néo-latines,
surtout par rapport à la littérature française et à la littérature
provençale. Nous conserverons la division traditionnelle en périodes
correspondant chacune à un siècle. Cette division, arbitraire comme toutes
celles que la complexité des faits à étudier impose à la faiblesse
de l'esprit humain, a presque acquis force de loi en Italie, ou on l'applique
d'ailleurs d'une façon un peu en dehors des habitudes françaises et sur
laquelle il est bon d'être édifié tout d'abord : on dit trecento,
trecentisti, pour désigner le siècle dont le millésime contient
le chiffre 3, c.-à -d., à la française, le XIVe
siècle, quattrocento, quattrocentisti, pour le XVe
siècle, etc. Les différentes périodes sont loin d'avoir la même importance
et la même valeur aux yeux de la critique littéraire : plusieurs siècles
n'offrent ni oeuvres ni auteurs qui attirent à eux toute l'attention;
d'autres au contraire se résument en quelques noms : le trecento, c'est
Dante,
Pétrarque
et
Boccace; le cinquecento, Arioste
et le Tasse, etc.
Le
XIIIe siècle.
Après le règne du pape Grégoire
V, l'italien devint le langage du
palais et de la chaire, des assemblées législatives, des cours de justice
et de toutes les transactions commerciales et légales.
Frédéric
Il en fit le langage de sa cour à Palerme (1212) et de l'université
de Naples
(1224). Ce prince, ses fils Anzio et Manfred, et son secrétaire Piétro
delle Vigne, écrivirent des vers dans cette langue. Un sonnet
de Piétro est le plus ancien spécimen de ce genre que l'on connaisse;
mais, plusieurs autres sonnets dus au Sicilien Giacopo da Lentino (vers
1250) et à Guido Guinicelli (mort en 1276), ont une plus grande perfection.
On cite ensuite Guido Ghislieri, Fabricio et Onesto; Guittone d'Arezzo
(mort en 1294), Bonagiunta da Lucca, Gallo Pisano et Brunetto Fiorentino,
en Toscane;
le chroniqueur napolitain Matteo Spinelli; et l'historien florentin Ricordano
Malespini (mort en 1281); l'authenticité de ses ouvrages a été mise
en doute. Brunetto Latini (mort en 1294), professeur
de Dante, auteur de l'oeuvre encyclopédique
Il
Tesoro, appartient aussi à cette époque; enfin Guido Cavalcanti (mort
en 1300) fit entrer la littérature italienne dans cette période brillante
et glorieuse que Dante porta à son apogée.
Le
XIVe siècle (Trecento).
Les deux premiers ouvrages de Dante
sont écrits en latin, mais il abandonna
bientôt cette langue pour l'italien.
Son premier poème, la Vita Nuova, fut écrit vers 1294; les autres
parurent dans l'ordre suivant : De Monarchia, Convito, De Vulgari Eloquio,
et enfin la Divina Commedia
(commencée après 1300), comprenant l'Inferno, le Purgatorio,
et le Paradiso. La Divina Commedia est restée le chef-d'oeuvre
de la littérature italienne; elle n'a jamais cessé d'exercer son influence
sur les écrivains italiens. Pétrarque et
Boccace
complétèrent avec le Dante ce grand triumvirat poétique et littéraire
qui fit du XIVe siècle I'époque glorieuse
de la littérature italienne. Pétrarque (1304-1374) fut le père de la
poésie
lyrique italienne. Ses compositions comprennent des sonnets,
des chants et des triomphes pleins de sentences souvent citées par les
auteurs. Giovanni Boccacio (1313-1375) fut l'admirateur passionné et le
biographe sentimental de Dante, et l'ami dévoué de Pétrarque. Sa Teseide
fut écrite en ottava rima qu'il perfectionna. Cet ouvrage et un
roman en prose furent ses premières compositions. En 1352, parut son Decamerone
qui est regardé comme le texte le plus pur que l'on eût encore écrit
en prose italienne. Franco Sacchetti de Florence
fut l'émule de Boccace dans ses 300 contes,
dont 258 existent encore. Un autre Florentin, Ser Giovanni, laissa le Pecorone,
collections de 50 histoires du même genre. Parmi les premiers historiens
nous citerons : Dino Compagni et Giovanni, Matteo
et Philippo Willani. Le plus ancien ouvrage ascétique connu en langue
italienne est le Specchio della vera penitanza de Giacopo Passavanti (mort
en 1357), comparable pour la pureté et l'élégance au Decamerone.
Les ouvrages de Passavanti furent suivis de traités similaires également
excellents, par Domenico Cavalca de Pise, Bartolommeo da San Concordio
et Agnolo Pandolfini.
Le
XVe siècle (Quatrocento).
Au XVe
siècle, l'imprimerie s'introduisit
à Venise, à Rome
et à Bologne
et multiplia les exemplaires des anciens auteurs, corrigés par des érudits;
et les papes à Rome, les Médicis à Florence,
les Visconti et les Sforza à Milan,
les Gonzague et les d'Este
à Mantoue
et à Ferrare se tirent les protecteurs de
la littérature et des arts.
Le plus illustre Mécène de cette période fut Cosme de Médicis. Son
petit-fils, Laurent le Magnifique, peut être considéré comme le restaurateur
et le père de la littérature italienne. Sa Nencia du Barberino est
le premier exemple de poésie rustique italienne; et sa Compagnie del
Mantellaccio semble avoir donné la première idée de la satire
italienne en terza rima. Angelo Poliziano (1454-1594)
écrivit élégamment en italien et en
latin.
Ses ouvrages les plus célèbres sont la Giostra et l'Orfeo,
premier drame italien régulier et important.
Parmi les poètes moins célèbres de cette époque, citons : Burchiello,
Girolamo, Benivieni et Giusto de' Conti. Ecrivains épiques : les frères
Bernardo, Luca et Luigi Pulci, ce dernier seul acquit une notoriété durable
(1431-1487). Son Morgante Maggiore ouvre la brillante série italienne
des poèmes romantiques de chevalerie. Le Mambriono de Cieco da
Ferrara mérite d'être comparé au Morgante.
Le meilleur poème romantique du XVe siècle
est l'Orlando innamorato de Boiardo. La littérature en prose s'enrichit
des écrits de deux artistes, Leone Battista Alberti,
auteur d'un dialogue, Della famiglia, et Léonard
de Vinci (1452-1519), à la fois peintre, sculpteur, architecte, mathématicien,
musicien et le meilleur poète improvisateur de son siècle. De nombreux
historiens appartiennent aussi à cette époque. Pandolfo Collenuccio écrivit
une histoire du royaume de Naples,
des dialogues dans le genre de Lucien et le solennel Inno alla morte. Les
historiens de voyages furent : le Génois Giorgio Interiano, le Vénitien
Cadamosto
et le Florentin Amerigo Vespucci. Aldo Manuzio
(Alde Manuce) rendit des services signalés aux lettres par le soin et
le goût qu'il apporta à la publication des classiques.
Le
XVIe siècle (Cinquecento).
Le XVIe
siècle, le cinquecento des Italiens, est connu sous beaucoup de
rapports comme l'âge d'or de la littérature italienne et des arts;
alors, florissaient des maîtres tels que Raphaël,
Correggio,
Michel-Ange
et Titien. Dans la poésie,
s'illustra Arioste (1474-1533). Protégé des
ducs de Ferrare, il eut la prétention de
décrire dans son poème épique, Orlando furioso,
l'origine de la maison d'Este. Arioste décocha
aussi des satires aux gouverneurs et à la
politique
de son époque. Son grand rival dans la poésie épique est Torquato
Tasso (1544-1595), auteur de la Gerusalemme liberata,
de Rinaldo et d'Aminta.
Trissino produisit Sofonisba, première tragédie
italienne ayant un mérite supérieur. Rucellai donna sa Rosmunda
et
Oreste.
Ces pièces furent surpassées par les tragédies : Tullia de Martelli,
Canace
de Sperone Speroni, Torrismondo de Torquato Tasso et Edipo
d'Andrea dell' Anguillara.
Dans la haute comédie
(commedia erudita) les meilleurs spécimens sont : Calandra
du cardinal Bibbiena, Cassaria et Suppositi de l'Arioste
et Madragola et Clizia de Machiavel.
L'invention de l'opéra appartient aux Florentins,
Daphne,
le premier qui fut composé, ayant été représenté Ã
Florence
en 1597. Les mélodrames du Modénais Orazio Vecchio ont été regardés
par Muratori comme l'origine de l'opéra moderne.
Dans la poésie pastorale, outre l'Aminta
du Tasse, il y eut le Pastor Fido
de Guarini et de l'Arcadie
de Sannazar. Les
principaux poèmes didactiques sont
Api
de Giovanni Rucellai, Navigazione de Bernardino Balbi, Coltivazione
d'Alamanni et Caccia de' Valvasone. Vers 1520, une école de poésie
burlesque naquit et fut appelée genere bernesco d'après Berni,
dont Orlando innamoralo
unit la grâce à l'élégance et à l'originalité.
Dans la satire,
la première place appartient à l'Arioste; après
lui, on peut mentionner Pietro Aretino,
Ercole
Bentivoglio et Filippo Nerli. La poésie macaronique dut sa création
ou son amélioration à Teofilo Folengo (mort en 1544), connu sous le nom
de Merlino Cocajo. Les
sonnets d'Angelo di
Contanzo sont des modèles de perfection que Michel-Ange
essaya d'imiter. L'Arioste décerna la palme, pour l'excellence poétique,
à Vittoria Colonna (1490-1547) l'une des femmes poètes de son siècle.
A la tête des écrivains politiques se
distingua Machiavel (1469-1527). Il est connu
principalement comme homme d'Etat par ses discours sur Tite-Live,
par ses dialogues sur l'art de la guerre et particulièrement
par son Principe,
manuel de gouvernement. D'autres écrivains politiques furent Botero, Gianotti
et Paruta (1540-1598). Le plus renommé des historiens
est Guicciardini (1482-1540), dont l'Istoria
d'Italia embrasse la période de 1490 à 1534. Paolo Giovio écrivit
en latin l'histoire des partis de son temps. Les historiens de Florence
furent, outre Machiavel : Nardi, Varchi, Nerli, Segni, Capponi,
et Scipione Ammirato; ceux de Venise,
Bembo
(1470-1547), Paruta et Contarini; ceux de Gênes,
Giustiniani,
Bonfadio et Foglietta; ceux de Ferrare,
Cinzio et Faletti; et ceux de Naples,
Constanzo, Porzio et Summonte. Le principal historien de l'art
fut Vasari (1512- 1574).
Benvenuto Cellini
écrivit une autobiographie célèbre et des traités importants sur la
bijouterie
et sur la
sculpture.
Vignole
et Palladio se distinguèrent par leurs écrits
sur l'architecture.
Girolamo
Cardan et Giordano Bruno se hasardèrent dans
des spéculations philosophiques hardies. De nombreux romanciers florissaient
alors; parmi eux Bandello tient le premier rang.
Vettori et Salviati commentèrent les plus anciens poètes; et le dernier
s'occupa de compiler le Vocabolario della Crusca, ouvrage philologique
important sur la langue italienne.
La versification
italienne
La versification
italienne est fondée sur l'accent prosodique, et sur le nombre déterminé
des syllabes. La rime, simple accessoire d'harmonie, n'est nullement nécessaire;
d'excellents poèmes, en particulier toutes les poésies dramatiques, sont
écrits en vers blancs
ou non rimés (versi sciolti). La rime en italien part de la dernière
syllabe accentuée; dès lors ce n'est pas toujours la dernière syllabe
qui la constitue.
On distingue chaque
espèce de vers par le nombre de syllabes dont il est composé. Il y a
élision lorsqu'une voyelle finale se rencontre avec une voyelle initiale
: dans ce cas, ces voyelles ne comptent que pour une seule syllabe. Ainsi,
tel vers dont les mots donnent seize syllabes se réduit par l'élision
à onze. II faut éviter de faire rencontrer, dans l'élision, des voyelles
accentuées, comme potro io. C'est aussi un défaut de compter l'élision
pour deux syllabes dans la mesure du vers.
On appelle versa
tronchi les vers qui sont terminés par un mot
tronco (tronqué,
dont l'accent est sur la dernière syllabe); versa piani, ceux qui
sont terminés par un mot
piano (doux, dont l'accent est sur la
pénultième);
versi sdruccioli, ceux qui sont terminés par un
mot sdrucciolo (glissant, dont l'accent est sur l'antépénultième).
Les vers de la langue italienne sont considérés généralement comme
piani; les autres vers se rapportent tous à cette classe. Donc, le vers
tronco,
par rapport au vers piano, doit avoir une syllabe de moins, parce que la
dernière syllabe d'un mot, quand elle est accentuée, est égale à deux
syllabes brèves, ou à une brève et à un repos; les vers sdruccioli,
par rapport aux vers piani, doivent avoir une syllabe de plus, parce que
deux syllabes brèves après une syllabe accentuée doivent se prononcer
avec la même vitesse qu'une seule syllabe brève.
La langue italienne
compte 8 espèces de vers, de onze à quatre syllabes. Le plus long ou
endécasyllabe est en même temps le plus harmonieux, le plus majestueux,
et le seul qu'on emploie dans les grandes compositions poétiques. II peut
avoir trois, quatre, et même cinq syllabes accentuées, dans différentes
positions, ce qui donne lieu à une infinité de combinaisons, dont chacune
offre une harmonie variée, selon le sentiment que le poète veut exprimer.
Après les endécasyllabes, les vers de sept syllabes sont les plus harmonieux
et les plus usités. Les vers de six syllabes ne sont employés que rarement,
à cause de leur harmonie trop uniforme.
Parmi les différentes
combinaisons de vers, nous distinguerons : 1° l'ottava rima ou
strophe de huit vers, de l'invention de Boccace;
c'est le mètre de la Jérusalem délivrée.
Cette heureuse division, qui offre à l'esprit d'agréables repos, a été
empruntée aux Italiens par les Espagnols,
les Portugais, les Allemands
et les Anglais; 2° la sestinaou
strophe de six vers, également de création italienne. C'est le mètre
dans lequel s'expriment l'épigramme, la
satire,
l'ironie, sous l'apparence de la gravité et du sérieux ; par exemple
la Secchia rapita de Tassoni; 3° la terza rima, couplet
de trois vers endécasyllabes, avec des rimes croisées, qui s'enchaînent
d'un tercet à l'autre. C'est le mètre de la Divine comédie.
II est ordinairement affecté à la poésie satirique, bien que quelques
poètes aient écrit en terze rime des élégies,
des églogues, des épîtres
et même des odes, non sans quelque succès.
La
canzone
ou ode, les poésies dites
anacréontiques,
renferment des strophes de toute mesure et de toute espèce de vers, selon
le goût et l'invention du poète.
Vient enfin le sonnet,
rythme essentiellement italien, qui a fait le tour de l'Europe avec un
succès prodigieux. On croit que les Italiens l'ont emprunté aux Troubadours.
Ce genre de poésie est inséparable du nom de Pétrarque. Burchiello et
Berni ont inventé le sonnet burlesque ou épigrammatique, et l'ont allongé
d'une queue plus ou moins longue, selon la dose de plaisanterie qu'ils
avaient à exprimer : ces sonnets s'appellent sonetti colla coda.
(E. B.). |
Le
XVIIe siècle.
Au XVIIe
siècle, les sciences naturelles fleurirent particulièrement. Alors brilla
Galilée
(1564-1642); ses
Dialoghi et ses autres ouvrages sont écrits avec
élégance. Ses élèves les plus remarquables furent Viviani,
Torricelli
et Castelli; les physiciens de cette période
furent Borelli,
Malpighi,
Bellini
et Francesco Redi. Les conférences sur le
droit
public par le jurisconsulte Vincenzo Gravina
sont réunies dans son Origine del Diritto civile et dans d'autres
publications. Les plus grands historiens furent Sarpi, Davila, Bentivoglio
et Pallavicini. Le jésuite Bartoli écrivit l'histoire de sa société.
Pietro della Valle (mort en 1652) raconta ses voyages en Turquie, en Perse
et en Inde.
Le premier journal littéraire italien (Giornale de'letterati) fut
fondé à Rome en 1668. A la tête des poètes
de ce siècle, brilla Marini de Naples
(mort en 1625), qui créa l'école poétique des marinistes. Parmi ses
contemporains et ses successeurs figurent Chiabrera,
Guidi,
Tassoni et Marchetti. Salvator Rosa, Bracciolini, etc., produisirent des
vers satiriques, érotiques et facétieux. Zeno de Venise
(mort en 1750) et Métastase (mort en 1782) composèrent des pièces d'opéra
d'un mérite poétique remarquable.
Le
XVIIIe siècle.
Au commencement du XVIIIe
siècle, la littérature et les sciences furent cultivées avec une nouvelle
ardeur. Naples
produisit Giannone distingué dans l'histoire,
Mazocchi dans l'architecture,
Genovesi
dans l'économie politique. Gagliani dans l'architecture
et un autre du même nom dans l'économie domestique et la philologie.
Filangieri
fut le rival de Montesquieu dans la philosophie
du droit. Marsigli,
Cesarotti,
Foscarini,
les frères Gozzi, Morelli et d'autres s'illustrèrent
à Venise. Dans les villes de Lombardie
florissaient Tissot, Spallanzani, Volta,
Scarpa,
Tamburini,
Parini, Beccaria, Maria, Agnesi,
Carli et autres, qui consacrèrent leur talent à la littérature,
aux arts, aux sciences et au développement de principes
politiques et éthiques. La Mérope de Maffei fut la meilleure tragédie
du commencement du XVIIIe siècle. Parini
(1729-1799) excella dans la poésie satirique. Parmi les ouvrages de Cesarotti,
on remarque une Traduction d'Ossian,
considérée comme l'une des productions les plus heureuses en italien.
Alfieri
(1749-1803), chef d'une école tragique importante, exerça une influence
prépondérante sur son époque et sur la littérature. Goldoni
(1707-1793) est le seul véritable poète comique dont l'Italie
puisse se prévaloir. Les historiens les plus illustres furent :
Muratori
(mort en 1750), Maffei, Denina, Mazzuchelli, Tiraboschi
et Lanzi (mort en 1810).
Campanella
continua le mouvement philosophique de Bruno, en
opposition à la scolastique, et Vico
(1667-1744) fonda la nouvelle science de la philosophie de l'histoire;
Gasparo
Gozzi, Algarotti,
Buonafede,
Vanetti, Tartarotti et Alessandro Verri ajoutèrent aussi à la gloire
de la littérature en introduisant l'étude des productions étrangères.
Le
XIXe siècle
La première partie du XIXe
siècle, célèbre par les oeuvres artistiques de Canova,
Longhi,
Cicognara,
Appiani et Beltrami, fut également remarquable comme âge littéraire.
L'auteur qui, sans contredit, exerça la plus grande influence sur la régénération
de la poésie fut Vincenzo Monti (1754-1828).
Ses poèmes, ses tragédies et sa traduction
de l'Iliade
sont écrits dans un style admirable et nerveux. Ugo
Foscolo (1777- 1820) appartient à l'école d'Alfieri. Il écrivit
I Sepolcri, poème lyrique, et d'autres ouvrages en prose et en vers,
d'une remarquable puissance. Mezzanotte célébra en vers la lutte des
Grecs
modernes pour la liberté. Les poèmes lyriques de Léopardi
(mort en 1837) sont très estimés. Parmi les poètes épiques et didactiques,
on cite : Botta, Ricci, Bagnoli, Arici, Crossi, Sestini, Pananti et Lorenzi.
Antonio Cesari (mort en 1873) fut le chef des trecentistes, école qui
porta jusqu'Ã l'affectation son amour des auteurs italiens du XIVe
siècle. Prati, Aleardi, et Dall' Ongaro (mort en 1873) sont classés parmi
les meilleurs poètes lyriques italiens de l'époque. Le comte Giraud,
Romain de naissance, Français d'origine, fit renaître la comédie
italienne. Alberto Nota lui fut supérieur et égala Goldoni.
A la fin du règne de Charles-Albert, parurent Paolo Ferrari, Gherardi
del Testa et Giacometti. Ferrari obtint une grande réputation par ses.
comédies. D'autres écrivains dramatiques de la période ante-unitairienne
sont : Sabbatini, Teobaldo Cicconi, Pietro Corelli, Caterino de' Medici
Fortis, Casabianca, Morenco et Montanelli. A l'école classique modifiée
de Monti appartiennent les drames de Silvio Pellico (1789-1854), connu
principalement par sa Francesca da Rimini et
Le mie prigioni,
et ceux de Niccolini.
D'après quelques critiques, Giovanni Battista
Niccolini est le premier écrivain tragique italien du XIXe
siècle. Filippo Strozzi et Arnaldo da Brescia sont ses chefs-d'oeuvre.
Parmi les écrivains historiques de la première partie du siècle, deux,
Vincenzo Coco (mort en 1823) et Carlo Botta (mort
en 1837), méritent une mention spéciale. Coco a laissé deux ouvrages
importants, la Rivoluzione di Napoli
et Platone in Italia.
Les principaux ouvrages de Botta sont
Storia dell' independenza degli
Stati Uniti et une continuation de l'histoire de l'Italie de Guicciardini.
Collecta, dans Storia del reame di Napoli, complète l'ouvrage de
Coco. Amari écrivit l'histoire des Arabes en Sicile
et celle des Vêpres Siciliennes. Cesare Cantù commença sa carrière
d'historien par Ragionamenti sulla alerta Lombarda del secolo XVII.
En 1837, parut son grand ouvrage, Storia universale, sa réputation
fut encore augmentée par ses derniers ouvrages. Bianchi Bovini est l'auteur
d'une histoire des papes, d'une histoire des
Hébreux
et d'une monographie du pape Jean. Cesare Balbo écrivit des méditations
sur l'histoire, une vie de Dante et un sommaire
de l'histoire d'Italie.
Les autres historiens du XIXe siècle sont
: Gino Capponi, Carlo Troja, Franscini, La Farina, Frederico Sclopis. Luigi
Zeni, Romanin, Carlo Gemelli, Giuseppe Rubini, Canette, Canalès, Gallenga,
Augello Brofferio, Anelli, Carlo Cattaneo, Federico Torre, Ferrari, L.-C.
Farini, Gualterio, Vecchio, Atto Vanucci et Pasquale Villari. Ce dernier
est connu comme biographe de Savonarole et
de Machiavel.
Les auteurs ultérieurs sur la science
sociale sont : Minghetti, Cibrario, Zamboni et Celestino Bianchi. Parmi
les écrivains ecclésiastiques, on cite le bénédictin Tosti, les jésuites
Luigi Taparelli d'Azeglio, Pianciani, Secchi, Passaglia, Perrone, l'abbé
Lambruschbini et le théatin Ventura. Parmi ceux qui se sont occupés des
antiquités nationales : Inghirami, Delfico, Fanucci, Manno, Bras et Pompeo
Litta. Visconti (1751-1818) se fit un nom dans l'archéologie classique
et Festini dans la numismatique. Angelo
Mai, De' Rossi, Borghesi, Gestaldi, Canestrini, Foresi et autres sont les
représentants de l'archéologie. Les principaux ouvrages de De' Rossi
sont : La Roma sotterranea cristiana (1864) et Inscriptiones
Christianae Urbis Romae (1857-1861).
Vers la fin du XVIIIe
siècle et au commencement du XIXe, les
sciences naturelles firent de grands progrès, grâce aux travaux de quatre
savants Volta, Galvani,
Scalpa et Spallanzani. La science astronomique
fut représentée par Piazzi, Oriani,
Cagnoli
et Plana; la science médicale par Rasori; la science
naturelle par Genè; la géographie
par Balbi et la jurisprudence par Canningnani et
Nicolini de Naples.
Plus tard, de Vico et Donati
acquirent une grande réputation par leurs découvertes astronomiques et
Pianciani comme physicien. Plus tard encore, Schiapparelli,
Cappocci et de Gasparis rendirent de grands
services à l'astronomie, et parmi les savants ultérieurs
Secchi
et Respighi occupent une place distinguée.
Avec eux, on doit mentionner les géographes Marmocchi et de Luca, les
naturalistes Simonda et de Filippi, le chimiste Piria, les physiciens Melloni,
Marianini et Matteucci, et Libri, historien
de la science. Ranalli a publié une histoire des beaux-arts. Gioja et
Rogmanosi traitèrent des questions philosophiques et de l'économie
politique.
Manzoni (1784-1873)
produisit des modèles de poésie lyrique,
de drames historiques et de romansdans : Adelchi,
Il conte di Carmagnola, et I promessi sposi. Parmi les autres
auteurs de romans historiques, rappelons : Rosini, Cesare Cantù,
Grossi,
Massimo d'Azeglio (1798-1866) et Guerrazi (mort
en 1873). Le roman ayant pour titre Famiglia (1850), par Bersezio,
est un des meilleurs de ce genre. Le Dr Antonio, de Ruffini, est estimé
pour ses descriptions de paysages italiens.
En philosophie,
Gioja et Romagnosi eurent pour successeurs
Pasquale Borelli (Lallebasche), le cardinal Gerdil
(1748-1802) et Pasquale Galluppi (1770-1846).
La philosophie compte encore un grand nombre de représentants en Italie.
Le plus célèbre fut Gioberti (1801-1852),
dont la théorie philosophique flattait les aspirations nationales de l'Italie.
Après Gioberti, viennent le cardinal Rosmini-Serbati
(mort en 1855), dont la théorie ontologique rencontra presque autant de
faveur que celle de Gioberti, et Mamiani, l'auteur de Rinnovumenlo dell'
antica filosofia italiana. Ausonio Franchi est diamétralement opposé
à tous ces philosophes, de même que Tommaseo, représentant des écoles
spiritualistes et religieuses.
La philosophie grecque est représentée
par Centofanti, la philosophie sceptique
par Giuseppe Ferrari, et l'hégélianisme
par le Napolitain Vera. A l'école de Franchi, appartiennent
Alfonso Testa et Carlo Cattaneo. Le Calcolo di probilita des sentimenti
umani (1855) de Mastriani est une tentative faite pour fonder la philosophie
sur des bases physiologiques. Giordani peut être considéré comme le
fondateur de l'école de critique esthétique dans l'Italie du XIXe
siècle. Cicognara, Pindemonte, Foscolo, Perticari,
Basilio Puotti, Mamiani, Giudici, Arcangeli, Ranalli et Giuliani se sont
aussi distingués dans cette branche de la science. Parmi les poètes de
la seconde moitié du XIXe siècle, on
distingue : Giovanni Prati, Frullani, Tigri, Carducci et Zanella; de Spuches,
Pardi et autres Siciliens; Barattani, Mercantini, Giotti et de' Marchi.
Les poétesses les plus célèbres sont : Francesca Lutti, Alinda Brunamonte,
Emilia Fua et Rosina Musio-Salvo. Nous citerons parmi les historiens :
Ricotti (Savoie), La Lumia (Sicile),
Giudici (Storia dei Comuni italiani), Celesia (Gênes)
et Peluso (Milan); parmi les romanciers : Nievo,
Arrighi, Donati, Bezio, de Amicis et signera Teresa de Gubernatis. (T.).
La littérature
italienne depuis 1900.
Le
futurisme.
Le début du XXe
siècle en Italie est marqué par le mouvement futuriste, fondé en 1909
par le poète et écrivain Filippo Tommaso Marinetti, auteur du Manifeste
futuriste. Le futurisme prône le rejet du passé et l'exaltation de
la modernité, de la vitesse et de la technologie. Umberto Boccioni, sculpteur
et peintre futuriste, est également auteur d'écrits théoriques sur l'art.
Let
réalisme.
La période entre
les deux guerres mondiales voit l'émergence d'un réalisme social et critique,
souvent en réaction à la montée du fascisme. Alberto Moravia vritique
la bourgeoisie italienne dans Gli indifferenti (Les Indifférents).
Cesare Pavese parcourt les thèmes de l'aliénation et du retour aux racines
dans des oeuvres comme La luna e i falò (La Lune et les Feux).
Le
néoréalisme.
Après la Seconde
Guerre mondiale, le néoréalisme devient dominant, influencé par les
réalités brutales de la guerre et ses conséquences. Italo Calvino est
l'uteur de Il sentiero dei nidi di ragno (Le Sentier des nids
d'araignées), roman néoréaliste, et plus tard, de fables et récits
fantastiques. Elsa Morante donne avec roman La storia (L'Histoire)
un exemple poignant de la littérature néoréaliste. Primo Levi, auteur
de Se questo è un uomo (Si c'est un homme) propose un
témoignage sur l'Holocauste.
Avant-gardes
et engagement politique.
Les années 1960
et 1970 voient une explosion de mouvements avant-gardistes et d'écrits
politiques. Pier Paolo Pasolini, poète, romancier et réalisateur, est
l'auteur de Ragazzi di vita (Les Garçons de la rue). Umberto
Eco, philosophe et romancier, écrit le célèbre Il nome della rosa
(Le Nom de la rose), qui combine érudition et intrigue policière.
Postmodernisme
et réflexion sur l'histoire.
Les deux dernières
décennies du XXe siècle sont marquée
par une littérature postmoderne et une réflexion sur l'histoire et la
mémoire. Antonio Tabucchi est l'auteur de Sostiene Pereira (Pereira
prétend), un roman sur la dictature salazariste au Portugal. Giuseppe
Pontiggia écrit sur les complexités de la vie moderne et les contradictions
humaines.
La
littérature italienne contemporaine.
Très diverse, la
littérature italienne contemporaine aborde les questions d'identité,
de migration et les réalités socio-économiques actuelles. Elena Ferrante
s'intéresse à l'amitié et aux transformations sociales à Naples dans
sa série L'amica geniale (L'Amie prodigieuse). Roberto Saviano
se fait connaître avec Gomorra, une enquête sur la mafia napolitaine.
Paolo Giordano est l'auteur de La solitudine dei numeri primi (La
Solitude des nombres premiers), qui traite de la solitude et des relations
humaines. Le début du XXIe siècle voit
également l'émergence de nombreuses voix féminines et nouvelles. Dacia
Maraini est une autrice prolifique qui aborde des thèmes féministes
et sociaux. Valeria Luiselli impose sont originalité avec des oeuvres
innovantes autour de thèmes contemporains. |
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