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La
science-fiction
est un domaine de l'imaginaire qui s'exprime sous forme principalement
narrative dans la littérature et le cinéma.
On la rencontre aussi dans les supports qui en sont dérivés (BD, cinéma
d'animation, séries de télévision, jeux vidéos, etc.). Si le
genre participe effectivement de la fiction, il semble vain de chercher
à le définir à partir de ce que pourrait suggérer son nom : cette fiction
ne recourt à la science qu'accidentellement - d'ailleurs il plus
question ici de progrès technique que de science - et celle-ci peut être
complètement absente. Cela explique que certains préfèrent n'utiliser
que les initiales SF (ou S.-F.), une sorte de coquille vide
en somme, pour parler du sujet dont il est question ici.
Quoi qu'il en soit, la meilleure façon
de dire ce qu'est la science-fiction est peut-être d'en risquer un début
de définition extensive, c'est-à -dire d'en énumérer les grands thèmes.
Les principaux sont les suivants : les voyages dans l'espace et dans le
temps, les extraterrestres, les mondes disparus, cachés ou parallèles,
les sociétés futures ou alternatives (utopies et dystopies), les
fins du monde et leurs suites, l'humain modifié et l'immortalité,
les machines qui pensent et les vies artificielles, l'anticipation technologique,
etc. Ces thèmes se présentent comme autant de procédés qui permettent
de changer le point de vue à partir duquel on observe le monde, la société
ou l'humain. On regarde depuis un ailleurs, depuis un autre temps, avec
les yeux d'une autre espèce, etc.
Dans le vrac des
précurseurs
Si l'on choisit de définir la science-fiction
à partir des thèmes qui en participent, on constate vite qu'il a existé
des oeuvres de science-fiction bien avant que n'existe le terme qui sert
à désigner cette branche de la littérature, et qui, lui, n'a été introduit
qu'en 1929. Quelques thématiques supplémentaires apparaîtront à partir
de la seconde moitié du XXe siècle, mais
les premiers thèmes abordés, et qui restent d'actualité, sont les suivants
:
Les voyages dans
l'espace.
Ainsi, L'Histoire Véritable,
écrite au IIe siècle de l'ère commune
par Lucien de Samosate, et qui raconte un voyage
dans l'espace, peut-elle être vue comme un des premiers romans de science-fiction.
L'Histoire
Comique des Etats et Empires de la Lune et du Soleil,
de Cyrano de Bergerac (1662),
l'Homme dans la Lune (1638) de Francis Godwin, l'Aventure
sans pareille d'un certain Hans Pfaall (1835) d'Edgar
Poe, ou encore De La Terre à la Lune de Jules
Verne (1865) ont donc déjà un lointain ancêtre.
Après la Lune,
c'est surtout Mars,
et parfois Vénus,
qui sont les destination favorites. C'est ce que l'on constate, par exemple,
avec Le prisonnier de la planète Mars
(1908) de Gustave Le Rouge, ou avec La Roue fulgurante (1908), de
Jean de la Hire. Ces auteurs se désintéressent des difficultés
du voyages interplanétaires pour simplement imaginer des aventures insolites.
Par exception, le Voyage à Vénus (1864) d'Achille Eyraud, évoque
la première fusée, c'est-à -dire le premier véhicule spatial fonctionnant
sur le principe physique de l'action et de la réaction.
Quand le Système
solaire
a semblé trop petit, les auteurs ont pris leur envol vers les étoiles
: ainsi C. I. Defontenay (1819-1856) qui offre, dans son Star
ou Psi de Cassiopée (1854), une incursion dans une culture extraterrestre;
autre exemple David Lindsey qui publie, en 1920, son Voyage to Arcturus.
Mais pourquoi s'arrêter là ? En 1925, J. H.
Rosny aîné publie Les navigateurs de l'infini (1925) : le
programme est dans le titre, et c'est dans cet ouvrage, soit dit en passant,
qu'apparaît pour la première fois le mot astronautique.
La théorie de la
relativité
restreinte impose une limite maximale aux vitesses. Si l'on veut voyager
jusqu'aux étoiles dans des temps compatibles avec les limites de la durée
humaine, et ne pouvant pas voyager plus la lumière, il est nécessaire
de contourner l'obstacle d'une manière ou d'une autre. Les auteurs de
SF ont imaginé l'hyperespace. Ce mot prend ici un sens différent
de celui qu'il a en mathématiques. L'hyperespace de la science-fiction
est souvent présenté comme une dimension alternative (échappant aux
contraintes de la relativité, et de la physique en général) à travers
laquelle les vaisseaux spatiaux peuvent voyager plus rapidement que la
lumière. La première apparition en littérature de l'hyperespace remonte
à 1931, dans le magazine Amazing Stories Quarterly. Le terme sera
ensuite popularisé dans les années 1950 par Isaac Asimov.
Extraterrestres
et coterrestres.
Depuis Lucien de Samosate, les voyages
dans l'espace n'ont cessé d'être des occasions de rencontres, souvent
avec les habitants d'autres planètes,
à tous les coups avec des être d'ailleurs ou d'un autre temps.
Dans certains cas, il s'agit d'entités
très exotiques. Kepler, dans le Songe
(1634), essaie d'ailleurs d'expliquer pourquoi ils doivent êtres nécessairement
très différents de nous. Il imagine doctement ce que sont les habitants
de la Lune, leur biologie, leur moeurs sont directement et méthodiquement
déduits des connaissances de son temps associées aux principes coperniciens.
Le texte est aride, mais le tableau dressé est très dépaysant.
Faire venir sur Terre
des êtres venus d'ailleurs est une autre manière de décentrer notre
regard. C'est ce que fait magistralement Voltaire,
qui introduit « le point de vue de Sirius » dans son Micromégas
(1752).
Les extraterrestres de Voltaire, contrairement
à ceux de Kepler, nous ressemblent beaucoup. Ils sont, de plus, philosophes
et pacifiques. Tout le contraire en somme des terribles Martiens imaginées
par Herbert George Wells dans
La Guerre des
mondes (1898), un chef-d'oeuvre qui donnera lieu à une adaptation
radiophonique sensationnelle par Orson Welles en 1938.
-
L'arrivée
des Marsiens (sic). Illustration
de
la traduction en français (1906), de
la
Guerre
des mondes (1898) de H.G Wells.
Ils
sont déjà parmi nous (et ils ne nous aiment pas).
L'invasion brutale
n'est qu'un aspect de la question. L'autre concerne ceux que l'on pourrait
appeller d'un néologisme, les coterrestres. ces êtres sortis d'on
ne sait où, mais avec lesquels nous devons cohabiter à nos risques et
périls. Le Horla, (1887), invisible et inquiétant, de Guy
de Maupassant semble bien appartenir à cette catégorie.
J.-H. Rosny Aîné, dans Les Xipéhuz
(1887), imagine pour sa part des entités minérales avec lesquelles il
est impossible de communiquer sinon au travers d'une guerre d'extermination
sans merci. Dans la mort de la Terre (1910),
du même auteur, c'est encore une entité minérale, une sorte de rouille,
qui nous dispute la primauté sur Terre, et même qui dominera la planète
après l'extinction de l'humanité. Rosny Aîné imaginera encore dans
Un
autre monde (1895), que l'humanité cohabite avec une espèce invisible.
Dans Le péril
bleu (1910) de Maurice Renard, une espèce mystérieuse vivant dans
les hauteurs de l'atmosphère terrestre
pêche les humains comme s'ils étaient des poissons.
On peut encore
citer dans la même veine, Jacques Spitz qui voit la Terre envahie par
des insectes mutants (La Guerre des Mouches,1938) et Karel Capek,
avec sa Guerre des Salamandres (1937) où des salamandres, évoluées
et d'abord pacifiques, finissent, au contact de la bêtise humaine, par
instaurer un régime totalitaire.
Utopies, sociétés
alternatives et mondes perdus.
Du thème des coterrestres, on passe facilement
à celui des mondes cachés et des civilisations inconnues, qui explore
des géographies alternatives. C'est ce que l'on voyait déjà chez Jonathan
Swift dans ses Voyages de Gulliver
(1726), et ce que l'on peut retrouver chez Restif
de la Bretonne (La découverte australe par un homme volant,
1781), chez Henry Rider Haggard (She,
1886), ou encore chez Jorge
Luis Borges (1899-1986) : Tlön, Uqbar, Orbis Tertius , 1940,
nouvelle publiée dans la revue Fictions).
Utopies
et dystopies.
L'intérêt des mondes cachés ou disparus
est d'abord d'offrir un cadre l'invention de sociétés dotées d'une organisation
différente de celles que nous connaissons, et fondées sur des valeurs
elles aussi différentes.
Platon a joué
à ce jeu-là depuis très longtemps en inventant l'Atlantide
(Critias).
En 1516, Thomas More décrit également une
société alternative dans son Utopie,
dont le titre fournit le nom générique. de toute une série d'oeuvres.
On peut citer, par exemple The Blazing World (1666), de Margaret
Cavendish, qui semble avoir été la première une utopie féministe.
Les cités idéales
peuvent bien servir à illustrer un programme de philosophie politique,
mais elle sont un thème pauvre pour la littérature (les gens heureux
n'ont pas d'histoire...). Heureusement, les écrivains ont inventé les
dystopies. Les dystopies (anti-utopies ou contre-utopies) sont,
comme le nom l'indique, le contraire des utopies. Elles présentent des
sociétés cauchemardesques ou parfois simplement dysfonctionnelles. On
en trouve un exemple chez Emile Souvestre, avec son Le monde tel qu'il
sera (1846). En 1932, Aldous Huxley,
dans le Meilleur des mondes, décrira une société très semblable.
Dans l'intervalle, on peut mentionner : Wells, Quand le dormeur s'éveillera
(1899), Jack London dans
le Talon de fer
(The Iron heel, 1907), et plus tard : Régis Messac dans Quinzinzinzili
(1934), qui décrit une brutale société d'enfants survivant du cataclysme
qui a détruit l'humanité. On retrouve les mêmes idées dans les-Enfants
de Timpelbach (1937) de Henry Winterfeld et dont Nicolas Barry a tiré
un film en 2008. Dans La cité des asphyxiés (1937), Messac
imaginera encore une société future détestable, cette fois parce qu'on
s'y dispute la moindre molécule d'air.
Les
mondes perdus.
Imaginer des territoires
inexplorés peut aussi n'être qu'un prétexte au divertissement, comme
en offrent tous les romans d'aventures. De cette veine relèvent : Le
voyageur philosophe dans un pays inconnu aux habitants de la Terre
(1761) de Daniel Jost de Villeneuve, le Voyage au Centre de la
Terre (1864) de Jules Verne,
ou encore le Monde perdu (1912) d'Arthur Conan Doyle, qui sont aussi
comme des excursions paléontologiques. Les dinosaures
ont toujours la cote. Mais ce peut-être une faune bien plus étrange qu'on
offre à notre imagination, comme dans les Aventures d'Arthur Gordon
Pym (1838), d'Edgar Poe.
Les mondes parallèles.
La notion de monde
ou univers parallèle n'appartient pas en propre à la SF, puisque
n'importe quelle production de l'imaginaire peut revendiquer sa place sous
cette rubrique. Certains usages des mondes parallèles relèvent bien de
la SF, en revanche. Par exemple, quand H. -G. Wells,
invente, en
1923, l'idée des voyages entre univers parallèles dans son Men like
gods (traduit sous le titre de M. Barnstaple chez les hommes-dieux,
1926). Deux types spéciaux de narration relèvent
aussi de la SF : l'uchronie et la référence à d'autres dimensions.
L'uchronie.
L'uchronie est un récit qui se place
hors de l'histoire de la même façon que l'utopie se place hors de la
géographie. Elle imagine ce qui serait arrivé si tel ou tel événement
historique ne s'était pas produit ou s'était produit différemment. Elle
procure ainsi un moyen de réécrire l'histoire. Un vieil exemple d'uchronie
se rencontre dans Napoléon et la conquête du monde (1836), de
Louis Geoffroy, où
Napoléon rentre victorieux
de la campagne de Russie et finit par imposer
son règne universel.
Les
autres dimensions.
Pour beaucoup d'auteurs, une autre dimension,
c'est seulement un monde parallèle. Mais quelques-uns s'en tiennent Ã
la définition géométrique initiale du mot
dimension. Ainsi, par
exemple, Edwin Abbot imagine-t-il dans Flatland (1884) un monde
qui n'aurait que deux dimensions au lieu de trois; alors que, de son côté,
Gaston de Pawlowski, introduit une dimension d'espace supplémentaire dans
son Voyage au pays de la quatrième dimension (1912).
Le voyage dans
le temps, l'anticipation.
L'anticipation.
Une autre manière de parler de sociétés
alternatives est d'anticiper le futur ou de voyager dans le temps. Parmi
les précurseurs de la littérature d'anticipation, on note : dès
1770, Louis Sébastien Mercier, qui propose un
roman intitulé L'an 2440 ou rêve s'il en fût jamais, Restif
de la Bretonne, qui publie en 1789 L'an 2000
ou la régénération, ou encore Albert Robida avec son le
XXe siècle (1882), ou bien Emilio Salgari (Italie, 1862-1911),
qui imagine les
Merveilles de l'an 2000 (Le Meraviglie del duemila,
1907).
Le
temps à rebours.
Voyager dans le futur est simple (il suffit
d'attendre). Voyager dans le passé est une autre affaire. Au minimum,
il faut une technologie adaptée comme chez H. G. Wells, la Machine
à explorer le temps, ou du moins avoir le goût des contrastes comme
Mark
Twain avec Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur
(1889).
Dans la Belle Valence (1923) de
Théo Varlet et André Blandin, le voyageur temporel intervient pour modifier
le cours de l'histoire. Mais il faudra attendre encore une décennie, pour
qu'on comprenne qu'Ã agir ainsi on court tout droit au paradoxe.
Le
temps : un élastique qui peut casser.
Certains auteurs vont jusqu'Ã imaginer
que le temps se met à couler à l'envers : Henri Cochin (Manuscrit
de monsieur C.A.L. Larsonnier, 1881), Robida (L'Horloge des siècles,
1902). C'est une autre manière de voyager dans le temps. D'autres (Wells
encore, Spitz, Wallace West, etc.) manipulent aussi de diverses manières
le temps : en le ralentissant, en l'accélérant, à l'arrêtant, voire
même en l'anéantissant.
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Paris
en 1950, « un monde embrouillé », illustration de Robida pour son
XXe
siècle
(la
Vie électrique).
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Couverture
(1903) du Frank Reade, magazine hebdomadaire, « contenant
des histoires d'aventures sur la terre, la mer et dans les airs ».
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L'homme modifié
et l'homme artificiel.
Les êtres venus d'ailleurs tout comme
les sociétés alternatives offrent des moyens d'interroger l'humain.
Une autre façon d'y parvenir est de s'interroger
sur son évolution biologique comme dans Les chasseurs d'hommes
(1933) de René Thévenin, qui ouvre la voie à toutes les histoires de
mutants et de post-humains. Une
autre piste suivie par les auteurs de science-fiction est celle qui consiste
à modifier artificiellement les humains, quand il ne s'agit pas de les
reconstruire un partie ou même totalement pour leur substituer des machines.
Les
humains modifiés.
Parmi les humains
modifiés, on trouve des humains à la vie prolongée artificiellement.
Certains peuvent même devenir immortels. Edgar Poe dans La Vérité
sur le cas de M. Valdemar (1845), et Bruno Ruby, Celui qui
supprima la mort, 1(920), par exemple s'engagent dans cette voie. Dans
certains cas, l'immortalité est vécue comme une
calamité (Jacques Sadeurs,
La terre australe, 1676).
On peut augmenter
aussi les capacités des humains en leur greffant, par exemples, des branchies
(Jean de la Hire : L'homme qui peut vivre dans l'eau, 1907; José
Moselli, La guerre des océans; 1928) ou bien des machines (Maurice
Renard, L'homme truqué, 1921). On peut même changer leur personnalité
à l'aide d'une drogue : L'Étrange Cas du dr Jekyll et de Mr.
Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson. H.G. Wells inventera une transformation
encore plus radicale avec l'Homme invisible
(1897).
Wells, un peu plus
tôt, avait aussi exploré le thème de l'humain modifié en en inversant
les termes : dans L'île du docteur Moreau (1896), il transforme
les animaux pour leur donner des caractères humains. Maurice Renard
quant à lui, s'inspirera de Wells dans Le docteur Lerne (1908)
en traitant des échanges d'organes entre humains et animaux.
Les
humains reconstruits.
La création d'êtres pensants artificiels
est un très vieux thème lui aussi. La littérature s'en empare véritablement
avec le Frankenstein (1818) de Mary Shelley, qui, en même temps,
fait entrer la science-fiction dans son âge moderne. Le thème connaît
ensuite diverses variations avec des auteurs tels que Louis Boussenard
(Les secrets de monsieur Synthèse, 1888), Michel Corday (Le
mystérieux Djann-Phinn, 1908), ou encore André Couvreur, Le valseur
phosphorescent, 1923. Karel Capek, dans une pièce
de théâtre intitulée R.U.R., invente en 1921, des humains
de synthèse fabriqués pour servir de main-d'oeuvre bon marché. Ce sont
ce qu'il appelle des robots (du tchèque
roboti = travailler). Le
mot n'a pas encore pris chez cet auteur le sens qu'on lui donne aujourd'hui
de machine humanoïde.
Les
machines pensantes et les humains artificiels.
Dans sa Palingénésie
(1798), Jean-Paul Richter imagine un monde où les machines, afin de libérer
les humains, accomplissent toutes les tâches auxquelles ils doivent se
livrer ordinairement. Bien sûr, en toute logique, les machines sont appelées
un jour à penser à leur place. L'ouvrage recouvre à peu près toute
la thématique des machines pensantes, seule lui manque l'idée de la révolte
de l'artefact contre son créateur : elle sera explorée par Didier de
Chousy dès 1884, dans Ignis, roman où se déchaîne le hooliganisme
des machines « ivres d'électricité ». Même les machines à coudre,
aux « mâchoires d'aiguilles » s'y mettent...
Deux innovations
encore, avec Edward Page Mitchell (1852-1927), qui, dans The Ablest
Man in the World (1874), introduit le premier cyborg (humain amélioré
par des prothèses cybernétiques), et Villiers
de l'Isle-Adam, qui, dans son Ève future (1886), invente le
premier androïde (machine pensante d'apparence humaine).
La fin du monde
et après.
Le thème de la
fin du monde - entendons le plus souvent seulement la fin de l'humanité,
voire seulement celle de la civilisation occidentale - est abordé dès
1826 par Mary Shelley avec un roman intitulé Le Dernier Homme (The
Last Man). Jack London, sur le même sujet a écrit La peste écarlate
(1912), Pierre Mac Orlan, le Rire jaune (1914), Jules Verne,
nouvelle l'Eternel Adam (nouvelle, 1910), Rosny Aîné, La
mort de la Terre (1910). En 1914, H.G. Wells, qui comme toujours a
une guerre d'avance, imagine l'emploi de l'arme nucléaire, plus de quarante
ans avant Hiroshima. Dans l'Agonie du globe (1935), Jacques Spitz,
de son côté imagine une Terre qui se disloque en deux hémisphères;
le même décrit dans les Evadés de l'an 4000 (1936) un monde en
proie à une grande catastrophe climatique. Le thème de la fin du monde,
souvent qualifié d'apocalyptique ou de post-apocalyptique, sera par la
suite une grande spécialité de la SF britannique.
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Les premières
images
Cinéma,
BD, télévision
Le cinéma.
- Le
cinéma de science-fiction est apparu avec le cinéma lui-même, en tout
cas avec les premiers trucages. Premier titre répertorié : le Voyage
dans la Lune (1902) de Georges Méliès. Suivront Metropolis
(1926) et La Femme sur la Lune (1929), de Fritz Lang; Frankenstein
(1931), de James Whale; Dr Jekyll et Mr Hyde (1932), de Rouben Mamoulian;
L'île
du Dr Moreau (1932) de Erle Kenton; King Kong (1933) de Merian
Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack; Paris qui dort (1923)
de René Clair, et, en Union soviétique : Aelita (1924) de Yakov
Protazanov, qui s'inspire d'une nouvelle de Tolstoï
(1923).
-
Affiche
d'Aelita (1924).
La bande dessinée.
- Les
premières BD (bandes dessinées, romans graphiques) à relever de la science-fiction
sont : Boob McNutt (publié dans le New York Evening Mail
de 1915 Ã 1934); Buck Rogers (1929) de Dick Calkins et Philip
Francis Nowlan, qui est l'adaptation du roman de Nowlan (Armageddon
2419 A.D.) paru en 1928; Brick Bradford (Luc Bradefer
en France), de William Ritt et Clarence Gray en 1933; Flash Gordon
(1934, Guy l'Eclair en France), d'Alex Raymond; Superman
(1938), de Jerry Siegel et Joe Shuster;
Batman (1939) de Bill Finger
et Bob Kane; Wonder Woman, de Charles Moulton (1941); le Rayon
U (1943) de E. P. Jacobs. Très tôt certaines de ces BD ont été
portées au cinéma sous forme de séries : ainsi Flash Gordon (1936)
et Buck Rogers (1939).
-
Comment
Superman a mis fin à la Guerre (1940). Hitler et Staline sont conduits
à la Société des Nations pour y être jugés.
Les séries
TV. - Il faut bien sûr attendre encore quelque temps pour
qu'apparaissent les premières séries télévisées de science-fiction.
Citons une adaptation de Brick Bradford en 1948;
la Quatrième
dimension (The Twilight Zone, en 1959) de Rod Serling; The
outer limits (1963); Doctor Who (1963) série anglaise qui après
une interruption existe toujours;
Star Trek (1966) de Gene Roddenberry;
la série allemande Raumpatrouille (La Patrouille de l'espace,
1966); les Envahisseurs (1967), de Larry Cohen, avec Roy Thinnes
dans un rôle inoubliable.
-
Les
robots de la Patrouille de l'espace (1966).
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La SF au temps des
pulps
A la fin du XIXe
siècle, et encore au lendemain de la Première
Guerre mondiale, la situation semble assez similaire des deux côtés
de l'Atlantique, mais les trajectoires vont très vite diverger. Ainsi,
en France, des feuilletonistes publient
dans une revue de vulgarisation créée en 1919, Science et Voyages,où
l'on trouve aussi bien des textes d'auteurs confirmés, à l'instar de
J.-H Rosny, que de nouveaux et prolifiques auteurs : par exemple, José
Moselli (La prison de glace; La fin d'Illa), Léon Groc (Deux
mille ans sous la mer). Aux
Etats-Unis,
les feuilletonistes sont également nombreux. En 1869, le magazine
Atlantic
Monthly commence à publier le premier roman d'Edward Everett Hale
intitulé
The brick Moon. Il y est question d'une lune artificielle
(en briques) mise en orbite à fin d'études géodésiques. Voici donc
le premier satellite artificiel, et, qui plus est, la technologie à laquelle
il concourt préfigure le GPS... La série des Frank Reade entamé
dès 1876 par Harry Enton, et continuée à partir de 1882 par Luis P.
Senarens, est plus classique : elle rappelle les romans de Jules Verne,
avec leurs véhicules extraordinaires et leurs mondes perdus.
Une première différence entre la production
française et la production américaine tient à l'état d'esprit. En France
règne une méfiance et un pessimisme vis-à -vis
du progrès (on peut le constater, par exemple,
chez Ernest Pérochon dans les
Hommes frénétiques, 1925 ). Au
Etats-Unis, au contraire, s'exprime le scientisme
le plus naïf; on envisage le progrès avec un optimisme
béat. L'autre grande différence, appelée à perdurer, est d'ordre économique
et tient à la structure du monde de l'édition. En Europe, le débouché
de cette littérature facile se trouve principalement
dans des livres; en Amérique les supports sont des magazines, et plus
spécialement ceux qu'on appelle les pulps magazines (ou simplement
pulps),
publications bon marché, destinées à un public très large et peu exigeant,
telles que celles que publie, par exemple le groupe Mumsey ( Argosy,
The
Cavalier, All-Story, etc.).
Par ailleurs, à la fin des années 1920,
on assiste, aux Etats-Unis, Ã la prise de conscience
que les oeuvres que l'on vient de mentionner, et d'autres encore, inscrites
jusque-là dans le flux de la littérature générale, pouvaient
être rangées dans une même catégorie, un genre - un genre
qui prendra bientôt le nom de science-fiction.
Les pulps vont devenir un
vivier de nouveaux auteurs de science-fiction, parmi les précurseurs le
plus connu étant Edgar Rice Burroughs, qui est le créateur de Tarzan,
mais surtout, pour ce qui nous intéresse ici, du
cycle de Mars (à partir de 1912), du cycle de Vénus et
du cycle de Pellucidar (début en 1915, dans les profondeurs de
la Terre, supposée creuse et cependant civilisée) publiés dans All-Story.
On
trouve aussi les noms de Murray Leinster (The Mad planet, 1920),
et surtout celui d'Abraham Merritt (Le gouffre de la Lune, 1918;
La
Nef d'Ishtar, 1924), talentueux représentant de ce qu'on appellera
plus tard la fantasy . Ce territoire est ordinairement placé tout
à côté de la science-fiction, en compagnie du fantastique et du merveilleux.
L'une de ses provinces, la science-fantasy, dont l'origine pourrait
être cherchée chez
Edgar Allan Poe, est même parfois
considérée comme un sous-genre de la science-fiction. Quoi qu'il
en soit, dans la
fantasy, la magie remplace la technologie, les
sorciers et démons remplacent les extraterrestres et les robots, si bien
que le parallélisme existe bien..
-
Concours
de beauté interplanétaire. Et la gagnante est...
(Illustration
de l'éditorial du numéro de novembre 1939
du
pulp Fantastic Adventures).
Le nom d'un malentendu.
Les premiers pulps publiait des
textes appartenant à toutes sortes de genres (et d'autant plus facilement
que certains de ces genres, comme on l'a vu, n'avaient pas encore de nom).
Mais , dans les années 1920, sont apparus certains pulps plus spécialisés.
C'est le cas de Weird Tales (1923), par exemple, plutôt orienté
vers le fantastique et l'horreur, et qui donne l'occasion de faire leurs
premières armes à plusieurs auteurs dont le nom s'associera plus tard,
à des titres divers, au domaine qui nous intéresse ici, tels H.-P. Lovecraft
(Je suis d'ailleurs, 1926; La couleur tombée du ciel, 1927),
Robert E. Howard, le futur créateur de Conan le Cimmérien
(1932),
Edmund Hamilton ou encore Clark Ashton Smith.
D'autres pulps se dédient à la
vulgarisation scientifique et technique. En 1911, Hugo Gernsback, l'éditeur
d'un de ces magazines, Modern Electric, y publie en feuilleton un
(mauvais) roman, Ralph 124 C 41 +, dont il est l'auteur et qui,
en se projetant dans l'avenir, vante les bienfaits du progrès technique.
Dans le climat scientiste de l'époque, ce texte suscite des émules. Des
lecteurs, devenus soudain auteurs, commencent à vouloir publier
leurs propres textes (généralement tout aussi mauvais). Il ne connaissent
rien aux sciences, mais ils sont enthousiastes, et leur littérature demande
à être séparée de ce qui était au départ un projet de propagande
scientifique. C'est de l'imagination pure, où ce que les auteurs croient
être de la science, ne sera plus qu'un prétexte de moins en moins sollicité.
C'est ainsi que Gernsback fondera une revue
tout exprès pour les textes produits dans cette veine : Amazing stories
(1926), où les nouveaux auteurs côtoieront des auteurs plus anciens (J.
Verne, Edgar Poe, H. G. Wells, etc.), preuve que, dès cette époque, l'on
reconnaît et assume pleinement leur héritage. Pour
parler du type de littérature que publie son magazine, Gersnsback invente
le mot scientifiction (1926), il n'adoptera celui de science-fiction
que trois ans plus tard dans une autre revue qu'il créera en 1929, Science
Wonders Stories. Ce terme-là n'est pas de lui. Il est déjà utilisé
sporadiquement depuis le milieu du XIXe
siècle. D'autres revues du même style verront bientôt le jour, telle
Astoundings
Stories (1930). Si donc Gernsback n'a pas inventé la science-fiction,
ni même son nom, au moins a-t-il a inventé une nouveau marché pour l'édition
et, avec lui, un public d'aficionados, le
fandom, avec sa
culture et ses codes, avec sa sociologie. On publie des organes de liaison,
les fanzine, on se retrouve entre soi dans des conventions (Ã partir de
1937), telles le Worldcon (1939), on créera un peu plus tard des
récompenses, comme le prix Hugo (1953), le
prix Nebula (1966),
ou, en France, le prix Apollo (1972-1990).
Identifiée désormais comme un genre,
la science-fiction se reconnaît aussi des sous-genres. On les définit
moins par les thèmes abordés que par le cadre de
la
narration et les moyens mis en oeuvre. Certains existent déjà et n'attendaient
qu'un écosystème favorable pour prospérer : dystopie, uchronie,
littérature post-apocalyptique, space opera, space fantasy,
planet opera, space western, etc.; d'autres devront attendre l'apparition
de nouvelles technologies : cyberpunk (technologies de l'information,
réseaux informatiques), biopunk (ingéniérie génétique, clonage),
etc.
En même temps qu'elle acquiert un nom,
la science-fiction s'entoure aussi d'une image, qui l'a souvent desservie
: celle d'une littérature populaire (ce qui n'est pas infamant) de mauvaise
qualité, réactionnaire, raciste et xénophobe (ce qui, hélas, est souvent
le cas aussi). Mais on oublie qu'il a existé également dès le temps
des pulps des auteurs très progressistes, à l'image de Nat Schachner
(L'homme dissocié, recueil de nouvelles dont les plus anciennes,
publiées dans Astounding stories, remontent à 1933), et aussi
que la SF, portée par des auteurs de premier plan, a produit,
à toutes les époques, de grandes oeuvres. Comme le souligne Jacques van
Herp :
« La répartition
des oeuvres de S.F. est la même que dans la littérature classique : quelques
chefs-d'oeuvre, un bon noyau de récits fort honorables, le bataillon des
ouvrages honnêtes et puis, la foule des autres... [...] Pour être un
bon écrivain de S.F. il faut être aussi un bon écrivain tout court.
»
Theodore Sturgeon exprimait
la même chose de façon plus lapidaire en remarquant que « 90% de n'importe
quoi ne vaut rien »...
Astounding Stories.
Le magazine Astounding
Stories (puis Astounding Science fiction) a été créé en
1930 et a été dirigée à partir de 1937 par John Campbell. Cette revue,
qui deviendra Analog Science Fiction and Fact (de 1960 Ã aujourd'hui),
va être le creuset de ce que l'on appelé l'âge d'or de la SF. Parmi
les auteurs qui ont fait sa renommée, on peut mentionner : Isaac Asimov,
A.E. Van Vogt, ou encore Robert A. Heinlein. Leurs oeuvres parues d'abord
en feuilleton dans les années 1930 dans la revue seront ensuite
- souvent après la Seconde Guerre
mondiale - publiées sous forme de livres (sauf indicaétion contraire,
c'est la date de cette dernière publication qui sera donnée ici entre
parenthèses).
-
Le
numéro d'octobre 1937 d'Astounding
Stories.
Il
inaugure le règne de
J.
Campbell sur la revue.
Robert
Heinlein.
Robert Heinlein
(1907-1988) est connu pour son Histoire du futur, un cycle commencé
en 1939 avec la nouvelle Ligne de vie : L'homme qui vendit la Lune (1950);
Marionnettes
Humaines (1951); Route de la gloire (1963). Typiquement, une
oeuvre ancrée dans la Guerre froide :
mélange de militarisme, d'anti-communisme. Avec Starship Troopers
(1959,
Etoiles, garde à vous! en France) roman destiné à la jeunesse,
l'auteur renoue encore avec ses penchants militaristes. Le cinéaste
Paul Verhoeven a réalisé une adaptation très personnelle et heureusement
décalée (1997) de cette oeuvre. Mais Heinlein est aussi l'auteur d'En
terre étrangère (1961), un roman dans lequel s'exprime curieusement
une forme de libertarisme
new age. Suffisant pour assurer le succès
de l'oeuvre auprès de la jeunesse des années 1960...
A.E.
Van Vogt.
A. E. (Alfred Elton)
Van Vogt (1912-2000), avec A la poursuite des Slans, 1940), renouvelle
le thème du mutant persécuté, qui d'une certaine façon s'inscrit dans
le prolongement de la voie ouverte par Mary Shelley. L'ouvrage est anodin,
mais plutôt sympathique. Van Vogt se montre à la fois plus ambitieux
et moins bien inspiré dans l'embrouillé Monde des non-A,
(The World of Null-A, début en 1945). Apparemment, il ignore que
le non-A (= non-Aristotélisme) a gagné
la bataille des idées depuis au moins la Renaissance
et mène un combat d'arrière-garde. Un critique a résumé ainsi l'histoire
: « Un homme égaré, Gilbert Gosseyn, mutant doté d'un double cerveau,
ignore qui il est et passe tout le roman à le chercher-».
N'empêche, l'ouvrage a trouvé son public. Traduit en français par Boris
Vian hilmself, il a été suivi des Joueurs du non-A (The
Pawns of Null-A , 1956) et de La fin du non-A (Null-A Three,
1985).
Le cycle des Armureries
d'Isher (The Weapon Maker, 1941, Weapon Shops of Isher,
1951, etc.) peut apparaître plus intéressant, au moins du point de vue
de la maîtrise du récit. Le résumé qu'a fait Jacques Sadoul de cette
oeuvre peut donner une idée de ce à quoi peut s'attendre le lecteur lorsqu'il
aborde une roman de Van Vogt :
« Cette
suite romanesque raconte l'histoire de l'empire d'Isher, situé dans un
avenir lointain. Deux pouvoirs opposés s'y affrontent : celui - légal
- de l'impératrice Innelda et celui - occulte - de la Guilde des Armuriers.
Entre les deux, toujours caché sous différents pseudonymes, Robert Hedrock,
un immortel. A l'insu de tous, Hedrock fut le fondateur de la Guilde et
le premier empereur de la dynastie d'Isher. On reconnaît bien là la complication
des thèmes vanvogtiens et les coups de théâtre que peut susciter une
situation aussi complexe. Mais cela ne suffit pas à l'auteur qui va y
ajouter une race d'êtres extraterrestres, arachnéides, menaçant l'empire
d'Isher. Là encore le rôle d'Hedrock, l'immortel, sera déterminant.
Les extraterrestres repartiront à la fin du roman en prononçant la phrase
désormais célèbre : « Nous aurons au moins appris une chose :
voici la race qui va régner sur le sevagram ». Cette phrase
a ceci d'admirable qu"il n'est jamais question un seul instant du "sevagram"
dans le cours du récit. »
Par contre, on trouve
au fil des pages des slogans plus faciles à déchiffrer, tels que «-Etre
armé, c'est être libre-»,
et que l'on dirait sponsorisés par la NRA (National Rifle association).
Citons encore La
faune de l'espace (The Voyage of the Space Beagle, 1950), recueil
de nouvelles, dans lequel Van Vogt invente une zoologie de cauchemar. Il
y apparaît notamment un monstre nommé Xtl, que l'auteur a cru reconnaître
dans celui que Ridley Scott a su rendre si terrifiant dans son film Alien
(1979).
Au final, Van Vogt
, malgré une idéologie pour le moins discutable, a réussi a s'imposer
par son écriture à la fois lourde, confuse et hypnotique qui entraîne
dans les méandres embrouillés de ses fantasmes. Ecrivain très défectueux,
mais doté d'une puissance d'imagination rare, il a eu une influence considérable
sur la SF, y compris sur nombre des auteurs qui ont émis à son sujet
les réserves les plus sérieuses.
Lester
del Rey.
Collaborateur régulier et de longue date
d'Astounding, Lester del Rey (1915-1993) est surtout connu pour
son roman Nerves (Crise en français), paru en 1942 :
un accident survient dans une centrale atomique; la moitié des Etats-Unis
sont menacés par une possible explosion; un seul homme pourrait éviter
la castrophe, mais il prisonnier dans les décombres... gros suspense.
Du même auteur : le Onzième commandement (1962); Psi (1971).
Ray
Cummings.
Ray Cummings (1887-1957) est l'un des
auteurs les plus féconds de l'époque des pulps. Complètement
oublié aujourd'hui, ils se signale par le rôle qu'il a joué dans l'installation
de quelques-unes des thématiques sur lesquelles s'est construite la SF
américaine naissante. Tama of the Light Country (1930) et
Tama,
Princess of Mercury (1931), parus dans Argosy parlent de Vikings
et de la préhistoire et de la planète Mercure.
The
Exile of Time (paru dans Astounding Stories en 1931) évoque
la révolte des robots et les rayons paralysants. Brigands of the Moon
(dans Astounding Stories, 1930), convoque l'antigravité, les Martiens
et les Vénusiens, l'invisibillité; Blood on the Moon (paru dans
Thrilling
Wonder Stories en 1936) roule sur les mêmes thèmes. La grande affaire
de Cummings est surtout le voyage dans le temps : The Time Professor
(dans Argosy, dès 1921), Le maître du temps (The Man
Who Mastered Time, dans Argosy, 1929), La fille fantôme (The
Shadow Girl, dans Argosys 1929), etc.
Nat
Schachner.
L'humanisme militant de Nat Schachner
(1895-1955) pourrait à lui seul faire mentir tous les clichés que l'on
a de la science-fiction à son époque. On lui doit un roman, Space
Lawyer (1953), composé de deux nouvelles initialement parues dans
Astounding
en 1941 et cousues ensemble, et un autre roman, écrit en collaboration
avec Arthur Leo Zagat (1896-1949), Exiles of the Moon (1931), sur
l'exploitation de l'homme par les puissances de l'argent, oeuvre d'inspiration
évidemment
socialiste. Dans sa nouvelle Beyond
all Weapons, parue dans Astounding en 1941, il invente la notion
de psycho-histoire qu'Asimov saura faire fructifier un peu plus tard. On
pourra lire cette nouvelle traduite en français (L'arme suprême)
dans l'anthologie consacrée à Schachner et publiée en 1973 sous
le titre de L'homme dissocié.
Le
space opera.
Dans le space opera, qui peut revendiquer
comme ancêtres Lucien de Samosate et Edgar Rice Burroughs
(avec son cycle de John Carter), l'action se déploie à travers
l'espace sidéral et sur des planètes (planet
opera) où se côtoient sans complexes technologies avancées
et sociétés passéistes.
+ Edward Elmer
« Doc » Smith (1890-1965) installe le space opera dans
la science-fiction américaine moderne en lui procurant ses codes principaux.
Il a commencé a publier de la SF dès 1915. Son premier roman, La curée
des astres, est publié en 1928 dans Amazing Stories; vient
ensuite une série de textes qui composeront le cycle de Fulgur
(Lensman Series, en anglais), qui se veut un roman policier intersidéral,
: Triplanétaire (1934), Patrouille Galactique (1937); Le
Fulgur Gris (1939);
Le Surfulgur (1941); Les Enfants du Joyau
(1947); Le Premier Fulgur (1950) .
+ Edmund Hamilton
(1904-1977) a été un des scénaristes de la BD Superman. Il est
aussi l'auteur de plusieurs cycles qui relèvent du space opera.
Captain
Future (de 1940 à 1946) est une série de courts romans pour la jeunesse
dont a été tirée, à la fin des années 1970, la série
animée japonaise Capitaine Flam. Le cycle Interstellar Patrol
réunit sept textes publiés de 1928 à 1930. On peut aussi mentionner
: Le Loup des étoiles (1982) , un cycle qui réunit
L'Arme de
nulle part ( 1967), Les Mondes interdits (1968) et La Planète
des loups (1969). Mais Hamilton est surtout connu pour
Les
Rois des étoiles (1949), avec sa suite le
Retour aux étoiles
(1967) : le héros en est un obscur comptable new-yorkais qui échange
son esprit avec un prince galactique et se trouve au coeur d'une grande
guerre interstellaire dont l'issue repose sur ses seules épaules. La revanche
des médiocres...
+ Leigh Brackett
(1915-1978),
épouse d'Edmond Hamilton, a souvent été qualifiée de « reine
du space opera ». Son oeuvre, mâtinée de fantasy, comprend notamment
: le cycle du
Le Livre de Mars (L'Épée de Rhiannon, 1953;
Le
Secret de Sinharat, 1964; Le Peuple du talisman, 1964;
Les
Terriens arrivent, 1967) et Le Cycle de Skaith (Le Secret
de Skaith,1974; Les Chiens de Skaith, 1974; Les Pillards
de Skaith,1976. Brackett a été également coscénariste de plusieurs
films d'Howard Hawks (Le Grand someil, Rio Bravo, etc..) et même,
peu avant sa mort, d'une première version du scénario de l'Empire
Contre-attaque, deuxième volet de la saga Star Wars.
+ Jack Williamson (1908-2006) est
plus intéressant. Son sens de l'action et son imagination compensent une
écriture un peu désuette aujourd'hui. Son space opera le plus
connu, La légion de l'espace (quatre romans parus entre 1934 et
1982 ) ressemble à une version galactique des Trois Mousquetaires.
Dans La Légion du temps (1938 et 1939), Williamson explore les
futurs alternatifs de la Terre. Williamson peut à l'occasion quitter le
space
opera par exemple avec Plus noir que vous ne pensez (1940) :
il y reprend dans un contexte de SF le thème fantastique des loups-garous
(comme Matheson le fera avec celui des vampires dans Je suis une légende).
Dans ses Humanoïdes, les robots, à force de prévoyance envers
les humains finissent par les étouffer.
+ Dautres auteurs
de
space operas : Charles Harness
(1915-2005) : Vol vers hier (1953 dans Startling Stories
réédité sous le titre de The Paradox Men);
L'Anneau
de Ritornel (1968). Plus tardif (deuxième génération d'Astounding),
Poul Anderson (1926-2001), écrivain prolifique qui a aussi donné dans
l'heroic fantasy, est l'auteur de plusieurs space operas,
dont La Patrouille du Temps (1960) et Agent de l'Empire terrien
(1965); un de ses autres romans, Les Croisés du cosmos (The
High Crusade, 1964), qui raconte l'arrivée d'extraterrestres dans
l'Europe du XIVe siècle a été porté
à l'écran par Klaus Knoesel et Holger Neuhäuser (1994).
Un
des lieux communs de l'ancien space opera : La jeune femme en détresse,
à la merci
d'un
affreux monstre étranger, sera finalement sauvée par le héros invincible...
|
|
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Couverture
de Wonder stories, l'un
des magazines créés par H. Gernsback. La littérature populaire exprime
les fantasmes racistes de l'Amérique des années 30 par une métaphore
transparente : « on ne touche pas à la femme blanche! » |
Heureusement,
la « femme blanche » peut aussi s'emparer du cliché pour le détourner
à son profit. C'est ce que font les héroïnes de Catherine L. Moore,
à l'image de Shambleau ou, ici, de Jirel de Joiry dans The
black god's kiss (dansWeird Tales, 1933), |
La
saga Starwars a repris les codes, les poncifs et même les
personnages stéréotypés du space opera. Leia est le clone de
dizaines de princesses de SF, et Han Solo est le calque parfait de Northwest
Smith, personnage récurrent des oeuvres de C. L. Moore. |
La SF après l'âge
d'or des pulps
Après la Seconde Guerre
mondiale, un nouvel état d'esprit voit le jour, de nouvelles thématiques
s'installent sur le devant de la scène, et les auteurs qui les portent
commencent à se trouver à l'étroit dans les pulps traditionnels.
En fait, dès 1938, le groupe new yorkais des Futurians avant déjà ouvert
la voie. Mais désormais de nouveaux magazines vont renforcer cette évolution
et devenir à la fois les laboratoires et les promoteurs de cette
nouvelle SF. C'est d'abord New Worlds, en Angleterre, créé
dès 1946. Viennent ensuite The Magazine of Fantasy and Science Fiction,
né aux Etats-Unis en 1949, et Galaxy , qui
a eu deux époques de parution (1950-1980, 1990-1995).
Après les attaques
sur Hiroshima et Nagasaki, et avec l'enracinement de la Guerre froide,
les vieilles inquiétudes apocalyptiques et post-apocalypiques deviennent
de plus en plus prégnantes. De nombreux auteurs à envisager la fin de
la civilisation actuelle (à la suite d'uneTroisième guerre mondiale,
ou, plus tard sous l'effet d'épidémies, d'un cataclysme cosmique ou d'un
dérèglement écologique) : R. Barjavel, Bernard Wolfe (1915-1985)
dans Limbo (1952), Ph. K. Dick, R. Matheson, Galouye,
etc. Et au cinéma, on a par exemple Stalnley Kubrick (1928-1999) qui réalise
Docteur
Folamour (Dr Strangelove or how I learned to stop Worrying
and love the Bomb, 1964), sur ce même thème.
Les Futurians.
Le groupe des Futurians
a été fondé à New York en 1938, par Donald Wolheim (auteur de
la série de Mike Mars) et n'existera
que jusqu'en 1945. Né en réaction contre l'orientation très conservatrice
des magazines de John Campbell, il est constitué d'auteurs progressistes
(la plupart de gauche, voire d'extrême gauche (F. Pohl, Judith Merril),
mais parfois aussi de droite comme J. Blish. Certains d'entre eux ont commencé
à publier dans Astounding, mais veulent se démarquer de l'esprit
des pulps en promouvant une science-fiction dans laquelle il n'est
plus question de chercher un alibi nécessaire dans les sciences dures
(ou les pseudo-sciences si prisées par Van Vogt et consorts). Pour eux,
la SF peut se revendiquer désormais comme une littérature à part entière,
autonome, indépendante de toute référence scientifique, même si, Ã
l'occasion, elle est succeptible de questionner le progrès technique et
la place de la science dans la société. On a parlé de cette science-fiction
sociologique pour désigner cette SF. Et il est à noter au passage
que cette approche nouvelle n'est pas exclusive aux Futurians :
ainsi, par exemple, Jack Vance, auteur étranger à ce groupe, aborde-t-il,
dans des planet operas, la linguistique-fiction dans les Langages
de Pao (1958) et l'ethnologie-fiction dans le cycle de Tschaï
(série de quatre romans, 1968-1970).
Frederik
Pohl et Cyril Kornbluth.
Frederik Pohl (1919-2013) a été d'abord
éditeur de pulps, puis a été à la tête, à partir de 1961,
des magazines If et Galaxy. Comme auteur, il est surtout
connu pour deux romans écrits en collaboration avec Cyril Kornbluth (1923-1958)
: Planète à gogos (1952) qui pourfend avec férocité la société
de consommation, et l'Ere des gladiateurs (1955) qui décrit
un impitoyable futur où les jeux du cirque ont été rétablis sur fond
de paris truqués. Kornbluth a également écrit avec Judith Merril des
romans signés Cyril Judd.
Isaac
Asimov.
Isaac Asimov (1920-1992) publie
en mars 1942 une nouvelle intitulé Runaround (Cercle vicieux)
dans Astounding : il s'agit d'une histoire de robots dans laquelle
Campbell découvre sous forme implicite les trois lois de la robotique,
qu'il énonce pour la première fois et qui auront la fortune que
l'on sait. La même année Asimov publie dans la même revue le début
de ce qui va être Fondation,
l'histoire d'un empire galactique du futur, avec ses suites Fondation
et Empire (1952) et Seconde Fondation (1953),
qui forment un cycle de romans et de nouvelles auquel l'auteur continuera
de travailler jusqu'Ã sa mort en 1992. Avec Les Cavernes d'Acier
(1954) et sa suite Face aux feux du Soleil (1957) Asimov invente
un nouveau type de polar, où l'enquête est menée par deux policiers,
dont l'un est un robot. Dans La Fin de l'éternité (1955), il décrit
un univers sous la coupe de gardiens du temps et aborde de front la question
du paradoxe temporel.
-
Illustration
d'Orban pour
la
nouvelle Cercle vicieux d'Asimov.
James
Blish.
James Blish (1921-1975) , avec son cycle
des Villes nomades (La Terre est une idée, 1955; Aux
hommes les étoiles, 1956; Un coup de cymbales, 1958;
Villes
nomades, 1962) raconte l'histoire d'une civilisation qui se déploie
dans des cités de l'espace et inaugure une nouvelle manière d'envisager
le space opera. Dans un Cas de conscience (1958), Blish donne
un exemple de théologie-fiction : sur une planète édénique, un jésuite
s'interroge sur le bien et le mal. Quant à ses Semailles humaines
(1967), il s'agit de récits d'une humanité future transformée par la
technologie (une transhumanité,
donc) et capable de vivre dans les milieux les plus exotiques. Notons enfin
que James Blish est l'auteur entre 1967 et 1975 de plusieurs nouvelles
appartenant au monde de la série TV Star Trek.
Damon
Knight.
Anthologiste (collection Orbit)
et aussi critique littéraire avisé et intransigeant Damon Knight (1922-2002)
est également l'auteur de nombreuses nouvelles. Un épisode célèbre
de la série TV The Twilight Zone, est l'adaptation de To serve
Man (1950), une nouvelle de Knight : des extraterrestres débarquent,
on parvient à traduire le titre d'un de leurs livres : « Comment servir
l'homme ». Mis en confiance, les humains embarquent en masse sur le
vaisseau des visiteurs. La suite de la traduction de l'ouvrage arrive trop
tard... Il s'agissait d'un livre de cuisine. Autres oeuvres : Hell's
Pavement (1955, le Pavé de l'enfer); Beyond the Barrier
(1964,
Passé
la barrière du temps), etc.
-
|
|
Créé
dès 1949, le magazine de Fantasy and Science fiction s'est d'abord
un peu cherché. Mais il est devenu bientôt une référence, accueillant
dans ses pages quelques uns des meilleurs auteurs. Elle a conservé jusqu'Ã
aujourd'hui une image de grande tenue littéraire. |
Couverture
du premier numéro de Galaxy (octobre 1950). Déjà au sommaire
: Clifford D. Simak, Theodore Sturgeon, Fritz Leiber, Isaac Asimov... Ce
magazine a aussi ouvert ses pages à une réflexion critique approfondie,
ce qui en a fait un des creusets de la science-fiction d'après guerre.. |
Les héritiers
de Lovecraft.
L'oeuvre de H. P. Lovecraft a influencé
un grand nombre d'écrivains de science-fiction. Sturgeon, Bradbury et
Leiber sont sans doute les plus notables, mais d'autres mériterent d'être
mentionnés, tels Robert Bloch (1917-1994) ou Henry Kuttner (1915-1958).
Theodore
Sturgeon.
Theodore Sturgeon
(1918-1985), écrivain virtuose et profond, n'en finit pas d'explorer avec
une infinie empathie la question de l'humain
à la marge, de l'humain défaillant, face à la société normée - ou
bien (mais cela revient au même pour lui) de l'enfant condamné, malgré
ses blessures, à devenir un adulte. Sturgeon a surtout écrit des nouvelles.
Cristal
qui songe (1950), son premier roman, raconte l'histoire d'un
enfant réfugié dans un cirque et qui se construit en communiquant avec
de mystérieux cristaux intelligents. Dans
les Plus qu'humains (assemblage
de trois longues nouvelles dont la première remonte à 1952), il est encore
question d'enfants. Cette fois, il s'agit de trois enfants, d'un bébé
et d'un idiot qui s'unissent pour développer des pouvoirs extraordinaires.
Ray
Bradbury.
Ray Bradbury
(1920-2012) est surtout connu pour ses Chroniques martiennes (début
en 1946), qui sont une série de textes poétiques et mélancoliques en
diable, au travers desquels est racontée la conquête de Mars par les
Terriens; les Martiens finiront par disparaître ou par ne plus être que
des ombres errantes comme les Indiens en Amérique. Dans Farenheit
451 (1953), dont François Truffaut tirera un film en 1966, c'est d'une
société future dont il est question, une société obscurantiste et totalitaire
où les pompiers sont chargés de brûler les livres. mais un jour, un
de ces soldats du feu rencontre la Résistance....
Fritz
Leiber.
Fritz Leiber (1910-1992) a consacré beaucoup
de son temps à l'heroic fantasy avec son cycle des
Epées.
Côté SF, on lui doit plusieurs romans très remarquables par la qualité
de leur écriture et aussi par l'originalité du traitement de sujets pour
le reste classiques. Le Grand jeu du temps (1958) est comme un space
opera qui se jouerait sur la scène d'une théâtre : quelque chose
entre les Perses
d'Eschyle et la Guerre des étoiles, en
somme. Dans Le Vagabond (1964), une planète habitée venue d'outre-espace
fait irruption dans le Système solaire : rencontre XXL traitée à la
manière d'un tableau cubiste. Et dans le
genre uchronique, Leiber propose encore une oeuvre à part : un
Spectre hante le Texas (1969); au menu : Texans impériaux, hormones
de croissance, Mexicains révoltés et extraterrestres.
Et encore quelques
auteurs remarquables...
Cliford
Simak.
Cliford Simak (1904-1988)
est l'auteur de deux grands textes de la science fiction, tout en poésie
et sensibilité : Demain, les chiens (recueil de nouvelles sur le
même thème inauguré en 1944 avec une nouevlle intitulé City)
: il y a des légendes que l'on se raconte entre chiens selon lesquelles
l'Homme régnait autrefois sur la Terre. On prétend aussi qu'un jour les
chiens devront à leur tour quitter la planète pour laisser la place aux
fourmis.
Way Station (Au carrefour des étoiles, 1963)
: Nous sommes au fin fond du Middle-West, un certain Enoch Wallace accueille,
dans une sorte de station de transit secrète, les voyageurs venus de l'espace;
la CIA est aux aguets.
-
|
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Couverture
de la première édition de City (Demain, les chiens), de
Clifford Simak.
|
L'Univers
en folie de Fredric Brown, Ã la une de Startling Stories
(septembre 1948).
|
Fredric
Brown.
Fredric Brown (1906-1972) est surtout
un auteur de polars, mais on lui doit aussi deux incursions remarquées
dans la SF : dans l'Univers en folie (1949), une histoire désopilante
d'univers parallèles, il passe au kärcher tous les clichés de la science-fiction,
en tout cas ceux que propagent les pulps. Dans Martiens go home!,
c'est toute l'humanité qui en prend pour son grade : les Petits hommes
verts débarquent, mais comme ils sont matériellement inconsistants, on
s'imagine qu'ils sont inoffensifs. Grossière erreur : les Martiens disposent
d'une arme de destruction massive : ils disent toujours la vérité...
Robert
Schekley.
C'est l'humour qui nous fait rapprocher
Robert Sheckley (1928-2005) de Fredric Brown. Sheckley
est l'auteur de romans qui semblent plus appréciés pour la drôlerie
de certains de leurs passages que par leur trame. On peut citer : Echange
standard (1965). Mais Schekley est d'abord un auteur de nouvelles et
de textes très courts. On retiendra ainsi deux nouvelles parues dans Galaxy
: Seventh victim (1954, adapté au cinéma en 1965 par Elio Petri
sous le titre de
La dixième victime), qui décrit une société
où le crime est devenu légal, - on y organise des chasses à l'homme
où l'on tour à tour le chasseur et la proie -, et The deaths of Ben
Baxter (1958), sur le thème du voyage dans le temps, - peut-on changer
le présent en altérant quelques détails du passé?
Kurt
Vonnegut.
Kurt Vonnegut Jr (1922-2007), toujours
sarcastique et brillant, n'a pas écrit que de la science-fiction, mais
quelques-une de ses meilleures oeuvres appartiennent bien à ce genre.
L'histoire du Pianiste déchaîné se déroule à Ilium, un monde
d'après la Troisième guerre mondiale, un monde bien réglé où les machines
s'occupent de tout. Dans Les Sirènes de Titan (1959), le héros
disséminé par accident dans l'espace et le temps devient pratiquement
omniscient. Il sait, notamment que sur Titan,
le satellite de Saturne,
un extraterrestre en panne de vaisseau attend d'être dépanné depuis
200 000 ans. Le Berceau du chat (1963), commence comme une enquête
sur la bombe d'Hiroshima et se termine sur une île soumise à un dictateur
et à un gourou, ou alors simplement à la bêtise humaine.Dans Abattoir
5 (1969), le héros est ancien prisonnier de guerre, survivant des
bombardements de Dresde; il n'en finit pas
de parcourir dans le temps ou l'espace jusqu'à une lointaine planète.
Effets d'un stress post-traumatique ou voyages réels? Dans
Galapagos
(1987) , des voyageurs échouent aux îles Galapagos
au moment où un virus décime toute l'humanité. L'évolution des espèces
va devoir prendre un tour nouveau.
Alfred
Bester.
Alfred Bester (1913-1987) a reçu le premier
prix Hugo avec L'Homme démoli (1953); l'histoire : les policiers
du XXIVe siècle disposent de moyens télépathiques
qui devraient leur permettre de résoudre tous les crimes, mais un meutrier
parvient à les tenir en échec. Terminus les étoiles (1956) est,
comme le précédent, un roman complexe et élaboré. C'est le récit d'une
vengeance : le survivant d'une catastrophe interstellaire n'a pas
été secouru par ceux à qui il demandait de l'aide; finalement sauvé,
il va poursuivre à travers le temps et l'espace ceux qui l'avaient
abandonné.
Daniel
Keyes
On doit à Daniel Keyes (1927-2014) un
classique, d'abord paru dans Fantasy & Science Fiction :
Des
fleurs pour Algernon (1966) : Charly est un attardé mental;
un jour il bénéficie d'un traitement qui a rendu Algernon, une souris,
intelligente. Il devient lui aussi supérieurement intelligent. Mais Algernon
perd bientôt ses capacités et meurt. Charly connaît désormais son destin.
Il assiste, impuissant et désemparé, à son propre retour dans les ténèbres.
L'ouvrage a eu plusieurs adaptations : au cinéma (Charly de Ralph
Nelson, 1968), à la télévision et au théâtre.
Richard
Matheson.
Richard Matheson (1926-2013) est surtout
connu pour son roman Je suis une légende (1954), histoire du dernier
humain dans un monde où tous ses congénères sont devenus des vampires;
l'ouvrage à été porté à l'écran en 1971 Boris Sagal (Le Survivant)
et, avec le titre original, en 2007 par Francis Lawrence). On doit
lui doit aussi l'Homme qui rétrécit (1956), dont il tirera
le scénario d'un film réalisé par Jack Arnold (1957, même titre). Matheson
a également été le scénariste de certains épisodes des séries TV
La
Quatrième dimension et Star Trek.
Marion
Zimmer Bradley.
On doit à Marion
Zimmer Bradley (1930-1999) un gigantesque planet opera étalé sur
24 romans, la Romance de Ténébreuse (Darkover series, 1958-1999),
cycle auquel s'ajoutent quantité de nouvelles écrites par d'enthousiastes
lecteurs devenus auteurs à leur tour (près d'une centaine, semble-t-il).
L'histoire est celle d'une vieille colonie terrienne fondée sur une planète
lointaine (l'inhospitalière Ténébreuse), qui a si bien oublié ses origines
qu'elle en est retourné à un âge de la
fantasy, et qui, deux
mille ans plus tard est redécouverte par des Terriens avec lesquels la
confrontation sera inévitable. (Marion Zimmer Bradley est également connue
pour son cycle d'Avalon, une série de romans néo-arthuriens).
Cordwainer
Smith.
Officier de renseignement de l'armée
américaine dans le civil, Cordwainer Smith (1913-1966) a produit avec
les
Seigneurs de l'Instrumentalité une des oeuvres les plus singulières
et envoûtantes de la science-fiction. Ce cycle, qui comprend un épais
romans et 35 nouvelles, contient une poésie ample, de l'humour, une profonde
humanité, un sous-texte progressiste qui sonne comme un écho au Mouvement
des droits civiques qui commence à la même époque à secouer
l'Amérique. Dans son Guide totem de la SF, Lorris Murail écrit
:
« Qui a
lu la Planète Shayol, la ballade de C'mell, les aventures
de Rod Mc Ban ou de Casher O'Neill, le Crime et la gloire du commandant
Suzdal, ne rêve que de rencontrer encore dans sa vie de lecteur semblables
merveilles. Car rien de plus cher ne nous a jamais été donné par la
science-fiction. »
-
|
|
La
Ballade de C'mell, de Cordwainer Smith,
sur
la couverture de Galaxy Magazine (1962).
|
Couverture
de Simulacron-3,
de
Daniel Galouye (1964).
|
Daniel
Galouye.
Daniel Galouye (1920-1976), un autre ancien
militaire (il a été pilote pendant la Seconde Guerre mondiale), a été
un des premiers auteurs à imaginer, dans Simulacron-3
(d'abord
paru dans Galaxy, en 1963), d'installer une aventure dans un univers
de réalité virtuelle. Ce roman a été adapté pour la télévision allemande
par R. W. Fassbinder (Welt am Draht, 1973) et au cinéma par Josef
Rusnak (The Thirteenth Floor, 1999). Ses idées se retrouvent aussi
dans la série des Matrix (1999-2003) des soeurs Wachowski.
On doit également à Galouye deux romans post-apocalyptiques : dans Le
Monde aveugle (Dark Universe, 1961), les humains, vivant dans
une caverne obscure et devenus aveugles, n'ont plus qu'un but : revenir
à la surface - mais pour découvrir quel monde? Dans Les Seigneurs
des sphères (Lords of Psychon, 1963), Galouye décrit une Terre
envahie par des sphères d'énergie d'origine extraterrestre, qui deviendront
d'autant plus redoutables quand elles comprendront que les humains sont
doués d'intelligence.
Sans
oublier...
+
Sprague
De Camp : Le règne du gorille (en collaboration avec P. Schuyler
Miller, 1941); De peur que les ténèbres (1949); et divers romans
d'heroic fantasy.
+ John
D. McDonald (1916-1986), surtout auteur de polars a donné à la SF
: le Vin des rêveurs (1951); le Bal du cosmos (1952).
+ Eric
Frank Russell (1905-1978), auteur britannique écrivant aux Etats-Unis
offre, avec Guerre aux invisibles (1943), un roman agréablement
paranoïaque, qui rapelle Le péril bleu de Maurice Renard.
+ Edgar
Pangborn (1909-1976) : Un miroir pour les observateurs (1954);
Davy
(1964).
+ James
Schmitz ( 1911-1981) : Agent de Véga (1960); Les Sorcières
de Karrès (1966).
+ Wilson
Tucker (né en 1914) : A la poursuite de Lincoln (1958);
l'Année
du soleil calme (1970).
+ Chad
Oliver (1928-1993) : Ombres sur le Soleil (1954); Les Vents
du temps (1957). Un auteur ouvert à l'écologie et à la diversité
culturelle. |
+
Walter
M. Miller (1922 - 1996) : Un cantique pour Leibowitz (début
en 1955) : dans un monde post-atomique où notre civilisation a été oubliée,
la découverte de documents laissés dans un couvent par un savant d'autrefois
( «saint » Leibowitz), relance la roue de l'histoire.
+ James
E. Gunn (né en 1923) : Le Monde forteresse (1955); le Pont
sur les étoiles (en collaboration avec Jack Williamson, 1955); Holocauste
(1973). Gunn a été très actif dans la formation à l'écriture des futurs
auteurs de SF.
+ Ward
Moore (1903-1978) : Encore un peu de verdure (1947) place son
action dans un monde envahi (dramatiquement) par l'herbe; Autant en
emporte le temps (1953), décrit une Amérique où la Guerre
de sécession a été gagnée par les Sudistes.
+ Fred
Hoyle (1915-2001), astrophysicien, promoteur de la théorie cosmologique
de l'état stationnaire et inventeur de l'expression big
bang utilisée pour désigner (et pour la dénigrer) la théorie
concurente. Il a écrit plusieurs romans de SF : le Nuage noir (1957);
Le
premier octobre il sera trop tard
(1966);
A comme Andromède
(1962); Inferno (1973). |
Hors des Etats-Unis.
En
Angleterre.
Olaf Stappleton (1886-1950) est un auteur
original. Les derniers et les premiers, 1930; Créateur d'étoiles,
1937), sont des textes portés par une extraordinaire fougue métaphysique
qui s'affranchissent du schéma narratif habituel du roman et ne ressemblent
à rien d'autre. On lui doit aussi plusieurs autres romans plus classiques
: Rien qu'un surhomme (1935), Sirius (1944), etc.
Clive S. Lewis (1898-1963) est l'auteur
d'une trilogie (Le silence de la Terre, 1938; Voyage à Vénus,
1943; Cette hideuse puissance, 1945), qui relève de la théologie-fiction.
On lui doit aussi le cycle de Narnia, sept romans de fantasy
destinés aux plus jeunes.
John Wyndham (1903-1969) est l'auteur de
trois romans cataclysmiques : Les Triffides (1951); le Péril
vient de la mer (1953); les Chrysalides (1955). On lui doit
aussi les Coucous de Midwich (1957), qui donneront lieu Ã
plusieurs adaptations cinématographiques, notamment par Wolf Rilla (1960)
et par John Carpenter (1995), et intitulées Le Village des damnés.
John Christopher (né en 1922) est un autre
auteur cataclysmique : Terre brûlée (1956);
l'Hiver éternel
(1962);.
Notons enfin les incursions dans la SF,
au travers de dystopies, de George Orwell (1903-1950),
d'Antonny Burgess (1917-1993) et de Wiliam Golding (1911-1993).
Orwell, avec La Ferme des animaux (1944) et avec 1984 (1949).
Antonny Burgess a publié en 1962 La Folle semence et, la même
année, Orange mécanique, roman qui sera adapté par Stanley Kubrick
en 1971. William Golding, pour sa part est l'auteur
de Sa Majesté des mouches (1954), qui a été l'objet de deux adaptations
au cinéma, par Peter Brook en 1963, et par Harry Hook en 1990, et qui
reprend le thème du Quinzinzinzili de Messac, ou
des
Enfants de Timpelbach de Winterfeld.
En
France.
Des revues Fiction
et Galaxie, versions françaises de Fantasy and Science Fiction
et de Galaxy ont fait connaître la science-fiction américaine
en France. Mais contrairement aux Etats-Unis, comme on l'a déjà noté,
les collections de livres sont plus importantes en France que les revues.
La encore ces collections font d'abord connaître la production d'outre
Atlantique.
-
|
|
Couverture
du magazine Fiction.
Cette publication, version française du Magazine of Fantasy and Science
Fiction a existé entre 1953 et 1989. Elle a contribué à faire connaître
en France la SF américaine, avant de s'ouvrir aux jeunes auteurs français,
tels qu'Andrevon, Houssin et Walther.
|
Couverture
du magazine Galaxie,
qui était la version française de la revue américaine
Galaxy.
Cette revue, exclusivement tournée vers la SF anglo-saxonne , a été
publiée entre 1953 et 1959, puis entre 1964 et 1977. A partir de
1967, des numéros spéciaux, intitulés
Galaxie bis ont formé
une collection de romans.
|
Quelques auteurs
français émergent cependant :
• Francis
Carsac (Ceux de nulle part, 1954; Terre en fuite, 1960),
Nathalie et Charles Henneberg (An premier, ère spatiale, 1959;
La
Plaie, 1964), ou Philippe Curval (né en 1929) (Les fleurs de Vénus,
1960; le Ressac de l'espace, 1962), Daniel Drode (1932-1984) : Surface
de la planète (1959), Christine Renard (1919-1979) (A contre-temps,
1963) dans la collection
Rayon Fantastique (1951-1964);
• Stefan
Wul (1922-2003) (Niourk, 1957; Le Temple du passé, 1957;
Oms
en série, 1957, duquel René Laloux et Roland Topor on tiré un fil
d'animation, La Planète sauvage, 1973), le duo F. Richard-Bessière
(Les 7 anneaux de Rhéa, 1963); B.R. Bruss (Apparition des surhommes,
1953), André Ruellan (sous le pseudonyme de Kurt Steiner,
Aux armes
d'Ortog, 1960; Ortog et les ténèbres, 1969), Michel Jeury,
Gérard Klein (sous le pseudonyme de Gilles d'Argyre, plusieurs romans
à partir de 1961) etc. dans la collection Anticipation
du
Fleuve
Noir, créée en 1951;
• Jean
Hougron (le Signe du Chien, 1961), Jean-Pierre Andrevon (né en
1937) (Les Hommes-machines contre Gandahar, 1969), dans la collection
Présence
du Futur, créée en 1954.
A signaler aussi des
auteurs « hors collections ». Ainsi, René Barjavel (1911-1985) imagine
dans Ravage (1943) un monde dans lequel l'électricité disparaît
soudain; dans Le Voyageur imprudent (1943) il aborde le voyage dans
le temps et le thème du paradoxe temporel; Le Diable l'emporte
(1948), du même auteur, évoque la Troisième Guerre mondiale.
On peut également
rattacher à la SF le roman de Vercors (1902-1991), les Animaux
dénaturés (1952) : l'ouvrage tourne autour de la découverte d'une
espèce nouvelle, le Paranthropus greamiensis, intermédaire entre l'humain
et les autres singes, et débouche évidemment sur la question de savoir
ce que c'est que d'être un humain.
Enfin, signalons, la Chute dans le néant,
publié en feuilleton dans Le Figaro (1947), par le journaliste
Marc Wersinger (né en 1909), sur le thème de l'homme modifié.
.
En
Union Soviétique.
Les limites à la
liberté d'expression en Union Soviétique
n'ont pas empêché le développement d'une science fiction très riche.
Dès les années 1920, parmi les auteurs et les oeuvres les plus connus
en Occident, on peut mentionner : Alexandre Béliaev (L'Homme
amphibie, 1927); Eugène Zamiatine (Nous autres, 1921),
Mikhail Boulgakov (Les Oeufs du destin, 1925).
Plus tard viendront
: Ivan Efremov (La Nébuleuse d'Andromède, 1957), les frères Arcady
et Boris Strougatsky (Il est difficile d'être un dieu, 1964; les
Mutants du brouillard, 1972; Stalker, 1972, adapté au cinéma
par Andreï Tarkovski, 1979 ), Kir Bulytchov qui s'est notamment illustré
avec des ouvrages destinés au plus jeunes ( (série des Alisa Selezneva,
1968-2003; série des Dr Pavlych, 1970-2009). Le space opera
est
représenté par Alexander Kolpakov (Griada,1960) et
Sergueï Snegov (Les Humains en tant que dieux, triologie
publiée entre1966 et 1977).
Nouvelle vague. Nouvelle
génération
Dans le domaine de la
SF, ce que l'on a appelé la Nouvelle vague ne correspond pas véritablement
à une rupture avec la démarche qu'adoptent les écrivains depuis les
années 1950. D'ailleurs, certains auteurs que l'on a déjà mentionnés
(Theodore Sturgeon, ou Fritz Leiber, par exemple) pourraient aussi être
considérés comme représentants de ce courant. Simplement, désormais,
l'exigence stylistique s'accentue et la recherche de nouvelles formes narratives,
inspirées du Nouveau roman, est plus franche, tandis que des thématiques
nouvelles apparaissent ou se consolident : émancipation des moeurs, drogues
psychotropes (Ph. K. Dick, Jeury), homosexuatité (Delany, Russ), etc.
La SF n'a jamais
cessé d'être une littérature miroir des aspirations et des angoisses
de son temps, et nous sommes à l'époque de la Guerre du Vietnam, du mouvement
hippie, de la contre-culture. Les têtes d'affiche de la New wave
anglaise (Moorcock, Ballard, Aldiss) sont à l'avant-garde du mouvement
contestataire du moment; à peu près le même constat peut se faire en
Amérique, où la plupart des représentants de la New wave sont
politiquement engagés à gauche. Mais, comme au temps des Futurians, il
y a quelques exceptions : on rencontre quelques vieux auteurs conservateurs,
formés à l'école des pulps, tels que le
catholique R. A. Lafferty (les Quatrièmes demeures ,1969),
ou
même le réactionnaire Poul Anderson, qui s'accommodent très bien, sur
le plan littéraire, des nouveaux canons de la SF.
A côté de vrais
expérimentateurs (S. Delany, M. Moorcock) on rattache à la New wave
de nombreux auteurs qui donnent une forme plus classique à leur oeuvre
(Robert Silverberg, Roger Zelazny, etc.), même si leur approche
est bien en phase avec les grands fondamentaux politiques et sociétaux
des années 1960-1970.
La
New
wave en Angleterre et aux Etats-Unis : on ne parle plus de science
fiction mais de speculative fiction; ça tombe bien les initiales
sont les mêmes....
|
|
|
Couverture
de New Worlds (mai 1964). C'est le premier numéro
que dirige Michael Moorcock. Au sommaire : Ballard, Aldiss, Brunner, W
Burroughs... |
England
Swings SF (1968) C'est avec cette anthologie que Judith Merril fait
connaître la Nouvelle vague anglaise aux Etats-Unis. |
Avec
Dangerous
Visions, anthologie en deux volumes (1967-1972), Harlan Ellison
offre un laboratoire à la New wave américaine. |
La New wave
en Angleterre.
Marxistes,
postmodernes...
On a donné beaucoup de qualificatifs aux promoteurs de la nouvelle vague
de la science-fiction, qui s'est contituée en Grande-Bretagne autour du
magazine New Worlds. Peut-être parce que sans cesse ils interpellent
la société contemporaine Une chose est sûre, on assiste alors à la
naissance d'une SF tournée vers l'expérimentation, vers la recherche
de nouvelles écritures. Avec la New wave émerge une littérature marquée
plus que jamais par l'exigence stylistique, et pour laquelle la SF n'est
qu'un langage parmi d'autres.
Michael
Moorcock.
Michael Moorcock (né
en 1939) se signale surtout par le rôle central qu'il a joué dans cette
évolution en tant que directeur du magazine New Worlds entre 1964-1968.
Comme écrivain, il est d'abord un auteur de fantasy (cycle d'Elric
le Nécromancien, commencé en 1961); la SF lui
doit :
Le jeu du sang (The
Sundered Worlds, 1965, un space opera);
Voici l'homme
(Behold the Man, 1969); Une chaleur venue d'ailleurs (1972);
Gloriana
(Gloriana, or The Unfulfill'd Queen, 1978);
L'affaire du Bassin
des Hivers (The Affair of the Bassin Les Hivers, 2007,
un polar). Dans la veine
steampunk (voir plus bas), on notera :
Before
Armageddon (1975) et Les aventures uchroniques d'Oswald Bastable
(3 romans, de 1971 Ã 1981).
John
Brunner.
John Brunner (1935-1995)
s'est fait connaître avec Tous à Zanzibar (Stand on Zanzibar,
1968, une ville sous dôme et sous contrôle total en même temps qu'une
vision cauchemardesque du XXIe siècle,
écrit à la manière de la trilogie USA de John
Dos Passos - au fait, savez-vous que toute la population mondiale contiendrait
sur la surface de l'île de Zanzibar?). On peut encore mentionner de lui
: le Troupeau aveugle (The Sheep Look Up, 1972, une vision
écologique ultra-pessimiste du futur proche, dans la lignée de Tous
à Zanzibar, dont J.-P. Andrevon a dit [encore] : "un truc à la
Dos Passos, si vous voyez ce que je veux dire. Un roman simultanéiste,
foisonnant, Ã la mesure du foisonnement du monde".); L'homme
total (The Whole Man, 1964, trois nouvelles cousues ensemble);
A
l'ouest du temps (Quicksand, 1967, roman entre histoire de surhommes
(ou de surfemmes) et anti-psychiatrie);
L'orbite déchiquetée (The
Jagged Orbit, 1969, New York, 2014, sur fond de de guerre raciale et
de loi des gangs, dans un hôpital psychiatrique, un Noir et quelques autres
gardent la tête froide...);
Sur l'onde de choc (The Shockwave
Rider, 1975, en 2010, une sorte d'Internet peut donner accès à n'importe
quelle information depuis un simple téléphone, mais seuls quelques-un
y ont un véritable accès, ne vaudrait-il pas mieux le détruire?);
Le
Creuset du temps (The Crucible of Time, 1983, de la SF Ã l'ancienne
: sur une planète condamnée, une espèce végétale intelligente défie
le destin). Aujoutons parmi les oeuvres de Brunner : la série de l'Empire
interstellaire (un space opera composé de deux romans
et de diverses nouvelles, de 1951 à 1965); la série du Passager de
la nuit (Traveller in Black , nouvelles, 1960-1979); série
des Zarathustra Refugee Planets (4 romans et une collection de nouvelles,
de 1962 Ã 1989).
J.
G Ballard.
James Graham
Ballard (1930-2009), l'autre grande figure de la New wave avec Brunner,
a produit lui aussi une oeuvre très personnelle, qui l'a conduit à se
perdre, quelque temps dans les dédales de l'expérimentation brute, avec
ses exercices d'écriture éclatée. De fait, pour Ballard, la science-fiction
est un outil privilégié, mais pas exclusif, pour explorer les exacerbations
du monde. C'est donc très naturellement qu'on le voit céder à ce tropisme
tout britannique des romans de la fin du monde (et de ses séquelles),
avec son cycle des quatre apocalypes : Le Vent de Nulle part (The
Wind from Nowhere, 1961), Le Monde englouti ( The Drowned
World, 1962) et Sécheresse (The Drought, 1964) et la
Forêt de cristal (The Crystal World ,1966). Il suit une autre piste,
plus expérimentale, avec son recueil de nouvelles : La Foire
aux atrocités (The Atrocity Exhibition, 1969). Quant à sa
trilogie dite du béton (Crash, 1973, adapté au cinéma par
David Cronenberg (1996); l'Île de béton [Concrete island],
1974, et I.G.H. [High Rise], 1975), si elle ne
peut pas être véritablement rangée dans la SF, elle reste bien dans
la veine de l'auteur. Avec sa violence crue, l'oeuvre de ballard nous montre
à quel point le monde contemporain peut rendre fou.
Brian
Aldiss.
Brian Aldiss (né
en 1925) a apporté à la SF britannique les principes mis en oeuvre en
France par le Nouveau roman (Butor,
Robbe-Grillet).
Parmi ses romans, on remarque-:
Report
on probability A (1968); Barefoot in the head (1969),Croisière
sans escale (Non-stop, 1958), où les survivants d'une humanité
ensauvagée sont emportés dans un voyage sans fin sur une arche stellaire;
L'interprète
(Bow Down to Nul, 1960), un roman (mineur) sur l'impérialisme et
ses dérives;
le Monde vert (Hothouse , 1962), qui nous raconte
que dans un lointain futur, la Terre s'est couverte d'une végétation
qui arrive jusqu'Ã la Lune et les humains devenus arboricoles y vivent
toujours;
Barbe grise (Greybeard, 1964) se déroule dans
un monde où la radioactivité à rendu les humains stériles et où un
quinquagénaire, benjamin de l'humanité cherche le chemin d'un futur possible;
Frankenstein
délivré (Frankenstein Unbound, 1973) propose encore une manière
d'aborder le voyage dans le temps : il peut y avoir des glissements de
temps, comme il y a des glissements de terrain; Dans
Terrassement
(Earthworks, 1965), l'Europe et les Etats-Unis, c'est fini, il reste
encore un peu de technologie en Afrique, mais partout règne la famine;
Cryptozoïque
(An age, 1967) hésite entre réflexion sociale et politique et
thème du voyage dans le temps, à moins que ce temps ne soit une boucle
où le passé serait l'avenir...; L'Heure de quatre-vingts minutes
(The Eighty-Minute Hour: A Space Opera (1974), décrit un monde
qui pourrait tourner comme une horloge s'il n'y avait pas ces déréglements
du temps (celui qui passe, pas celui qu''il fait) : la préhistoire qui
s'invite en Californie, c'est comme une marée noire sur les côtes de
Bretagne; L'autre île du Dr Moreau (Moreau's Other Island,
1980), à la veille de la Troisième Guerre mondiale des monstres génétiques
sont en préparation; Super-Etat (Super-State, A Novel of the
European Union forty Years hence 2002, 2002), annonce un drôle d'avenir
pour l'Union Européenne où le Brexit n'a pas eu lieu, mais où bien d'autres
choses pourrait bien survenir...; Dans la trilogie d'Helliconia
(de 1982 Ã 1985), des cycles astronomiques complexes et interminables
rendent les hivers de la planète si longs qu'il faut à chaque printemps
réinventer la civilisation.
Christopher
Priest.
Avec Christopher
Priest (né en 1943), c'est une nouvelle génération qui émerge,
et va montrer qu'on peut encore inventer quand tout existe déjà . Chaque
roman de Priest est comme un tour de force qui refuserait toute ostentation.
Principales oeuvres : Le rat blanc (Fugue for a Darkening
Island, 1972), le destin d'un médiocre, en proie aux peurs d'un monde
postcolonial, sur fond de chaos mondial; Le Monde inverti
(Inverted World, 1974), la Cité Terre condamnée, à cause de monstrueuses
altérations de l'espace-temps, à se déplacer sur des rails jusqu'au
jour où elle atteindra l'insaisissable Optimum; Futur intérieur
(A Dream of Wessex / The Perfect Lover, 1977), dans les tiroirs
d'une sorte de morgue, 39 hommes et femmes rêvent de ce que pourrait être
l'Angleterre divisée en soviets, sauf le Wessex qui est une île séparée,
bientôt leur rêve devient la seule réalité, à moins qu'un rêveur
n'insinue son rêve dans le rêve collectif...;
La Fontaine pétrifiante
(The Affirmation, 1981), un écrivain s'attelle à son autobiographie,
mais la réalité et la fiction s'entremêlent et s'interpénètrent de
façon troublante : tous les thèmes priestiens sont là .
Le Don
(The Glamour, 1984), amnésie, invisibilité, le jeu subtil des
apparences; Une femme sans histoires (The Quiet Woman, 1990),
une jeune femme s'installe dans la campagne anglaise où, sous le verni,
la vie n'est pas si tranquille. La Séparation (The Separation,
2005), la réalité a commencé à diverger en 1941, quand, dans une de
ses ramifications, la Seconde Guerre mondiale a pris fin; dans un autre
fil du temps la Guerre a pris fin en 1945 : depuis ces deux histoires ne
cessent de s'entrecroiser...; L'Adjacent (The Adjacent, 2013),
dans la République islamique de Grande-Bretagne emportée par un déréglement
climatique majeur, un attentat peut causer cent mille morts et laisser
au sol un cratère de forme triangulaire : mais on a déjà vu ça ailleurs
: c'est ce qu'on appelle l'adjacence - encore des rélaités qui s'entrecroisent.
Le
Prestige (1995, adapté au cinéma par Christopher Nolan, 2006) est
l'histoire de la rivalité de deux familles de prestidigitateurs qui ont
découvert les pouvoirs étranges de la machine de Tesla. Signalons
enfin le cycle de L''Archipel du Rêve, qui comprend un recueil
de nouvelles du même titre (The Dream Archipelago, 1978-1980),
et deux romans : La fontaine pétrifiante (The Affirmation,
1981) et Les Insulaires (The Islanders, 2011), - un monde
où l'on vit sur des centaines d'îles, ou peut-être des centaines de
milliers; qui le sait? aucune carte ne peut en être tracée.
Illustration
parue dans le numéro d'août 1969
de
New
Worlds.
Les astronautes d'Apollo 11, Neil
Armstrong
et Buzz Aldrin venaient tout juste
de
poser le pied sur la Lune...
La New wave
aux Etats-Unis.
Samuel
Delany.
Samuel R. Delany (né en 1942) a été
un auteur très précoce. Il s'est révélé assez brillant pour placer,
en quatre romans, la science-fiction américaine sur une toute nouvelle
voie. Ces oeuvres fondatrices sont : Les Joyaux d'Aptor (The
Jewels of Aptor, 1962, entre space opera post-atomique et heroic
fantasy); Babel 17 (1966, space opera), le langage
est une arme maniée par de redoutables envahisseurs extraterrestres et
que seule saura combattre une poétesse, à bord de son astronef nommé
Rimbaud...);
l'Intersection
Einstein (The Einstein Intersection, 1967, entre journal intime
et mythe orphique, à travers divers plans de la réalité). Nova
(1968, un autre space opera et une autre sorte de quête, - cette
fois, celle d'un métal précieux enfoui dans un astre mourant). Après
une pause, l'auteur revient en 1975 avec
Dhalgren, un roman hiératique
et narcissique, où Delany ne fait plus que du Delany. Il publiera
encore quelques romans, mais se consacrera surtout à des travaux académiques
et à l'enseignement de la SF. Citons quand même encore : la trilogie
de La Chute des tours (The Fall of the Towers, 1963-1965,
space
opera qui se déroule dans un monde post-apocalyptique en proie au
chaos : une confrontation du bien et du mal sur fond d'étoiles dont la
route est coupée).
Philip
K. Dick.
Avec son écriture obsessionnelle et foisonnante,
Philip
K. Dick (1928-1982) a quelque chose de Van Vogt (Loterie
solaire, Solar lottery, 1955), son premier roman, est un hommage
assumé au grand ancêtre), mais d'un Van Vogt capable d'empathie,
à l'intelligence plus structurée aussi, malgré ses dérives paranoïdes.
Elles ont certainement un fond de réalité, mais Dick a su habilement
en user pour se forger une légende d'écrivain maudit. Le monde est friable
et incertain; la réalité problablement n'est-elle qu'une illusion. VoilÃ
le sens de son oeuvre et en voici quelques repères :
-
+
Le
Maître du Haut Château (The Man in the High Castle,
1962), uchronie : les Alliés ont perdu la Guerre en 1947 : les Allemands
nazis occupent l'Ouest des Etats-Unis, les Japonais en occupent l'Est.
Et dans le Haut-Château un écrivain de SF raconte cette folle histoire
: les Alliés ont gagné en 1945...
+ La
vérité avant-dernière (The Penultimate Truth, 1964) :
les humains, réfugiés dans des abris atomiques souterrains après une
terrible guerre nucléaire, seulement informés par une télévision au
message truqué, n'imaginent pas que là haut la guerre est finie depuis
longtemps et qu'un nouveau monde s'est organisé.
+ Le
dieu venu du Centaure (The Three Stigmata of Palmer Eldritch,
1964) : le monde est si invivable que la fuite dans un monde d'hallucination
est devenue le lot commun. Extrapolation de notre société de consommation
et de ses ridicules. Le thème de l'illusion enchâssée dans l'illusion
: c'est une drogue qui fait ça. Comment en sortir..
+ Dr
Bloodmoney (Dr Bloodmoney or How We Got Along After the Bomb,
1965), encore un monde post-apocalyptique. Thème ultra-banal, sauf quand
il est abordé par Dick. |
+
Les
Androïdes rêvent-ils de moutons électriques? ou Blade
Runner (Do Androids Dream of Electric Sheep?, 1968) : dans
une Terre post-apocalyptique désertée par la plupart des humains, dévorée
par la "bistouille" (= l'entropie), un chasseur de primes est engagé pour
éliminer des androïdes infiltrés, simulacres d'humains, aux souvenirs
artificiels, dont il se sentira finalement plus proche que des humains
véritables.
+ Ubik
(1969) : l'instabilité du réel, le temps qui part en lambeaux,
les télépathes, les précognitifs, la solitude et la mort, avec au centre
de tout cela (au centre, et partout en même temps!) se trouve Ubik, une
mystérieuse entité. Tout l'univers foisonnant de l'auteur.
+ Siva
(V.A.L.I.S. / VALISYSTEM, 1980) : l'univers est un hologramme truqué.
Par qui? la solution est peut-être cachée dans un film de SF découvert
par hasard... Un roman entre hallucination et délire existentiel. Il s'inscrit
dans le prolongement de Radio libre Albemuth (Radio free Albemuth,
1985) et inaugure ce qu'on a appellé la trilogie divine dont les
deux autres titres sont L'Invasion Divine (Valis regained,
1981) et La Transmigration de Timothy Archer (The Transmigration
of Timothy Archer, 1982). |
Ursula
Le Guin.
Ursula K. Le Guin (1929 - 2018) se signale
par la qualité et l'intelligence de son écriture. La SF lui doit notamment
le cycle de l'Ekumen (Hainish Cycle, sept romans et une vingtaine
de nouvelles, 1966-2000) auquel appartiennent deux oeuvres majeures : La
Main gauche de la nuit (The Left Hand of Darkness, 1969), où
l'envoyé d'une fédération interplanétaire découvre un monde dont les
habitants, sexuellement neutres, peuvent acquérir le sexe de leur choix
selon les circonstances; Les Dépossédés (The Dispossessed:
An Ambiguous Utopia, 1974), où nous est offert un jeu de miroirs tout
en nuances entre deux mondes (les deux composantes d'une planète double
gravitant autour de Tau Ceti), l'un capitaliste, l'autre anarcho-communiste
: qu'est-ce qui peut conduire à aller de l'un à l'autre... et inversement?
Le Guin nous invite à explorer une utopie jusqu'Ã
ses
limites. On peut aussi mentionner dans ce cycle : Le monde de Rocannon
(Rocannon's World, 1966), Le nom du monde est forêt (The
Word for World Is Forest,1972) et la nouvelle A la veille de la
révolution (The Day Before the Revolution, 1974).
-
|
|
Couverture
de
La Main gauche de la nuit,
d'Ursula
Le Guin. (Edition de 1991).
|
Pique-nique
au paradis, de Joanna Russ,
dans
la collection Galaxie bis (1973).
|
Joanna
Russ.
Le féminisme militant
des nombreux essais écrits par Joanna Russ (1937-2011) se retrouve dans
ses nouvelles et ses romans de SF. Certaines de ses principales oeuvres
romanesques sont regroupées dans deux cycles-:
celui d'Alyx (5 nouvelles et un roman, 1967-1974), qui comprend
des titres tels que Pique-nique au paradis (roman, Picnic on
Paradise, 1968 ), la Nouvelle Inquisition (The Second Inquisition,
1970) et le Vlet se joue à deux (A Game of Vlet,1974). Dans
le cycle de Lointemps (Whileaway), on note : Lorsque tout
changea (When It Changed, 1972) et L'autre moitié de l'homme
(The Female Man,1975), utopie lesbienne et bonne potion contre la
phallocratie. Autres romans : And Chaos died (1970);
We Who Are
About To... (1977); The Two of Them (1978).
-
La SF féministe
des années 1950-1970
Jusqu'ici les autrices
que l'on a rencontrées étaient davantage tournées vers la fantasy
(C.L. Moore, L.Brackett, M. Zimmer Bradley), voire le gothique (Mary
Shelley, Nathalie Henneberg), que vers la SF proprement dite. Il a fallu
attendre les années 1950 pour qu'une nouvelle voie soit ouverte par Judith
Merril, dans quelques-unes de ces nouvelles (Daughters of Earth,
1952; The Lady Was a Tramp, 1957, etc.), Alice Eleanor Jones (Life,
Incorporated, 1955; The Happy Clown, 1955) et Shirley Jackson
(Just one ordinary day, 1955; The Omen,1958) ou encore Andre
Norton (pseudonyme d'Alice Mary Norton; Star Man's son, 1952).
A partir des années
1960, Ursula Le Guin et Joanna Russ inaugurent une SF ouvertement féministe.
Dans leur sillage on rencontre : Doris Lessing
(Mémoires d'une survivante, 1974; Canopus dans Argos, 1979-1983);
Katherine McLean (Le Disparu, 1975); Kate Wilhelm (Hier les oiseaux,
1976); Marge Piercy (Woman on the Edge of Time, 1976); Vonda Mc
Intyre (Le Serpent du rêve, 1978); James Tiptree (de son vrai nom
Alice Sheldon,
Par-delà les murs du monde, 1978), Octavia Butler
(Kindred, 1979; Wild Seed, 1980; Fledgling, 2005).
Et parmi les autrices
restées attachées à la fantasy, mais qui ont également écrit
de la science-fiction, on nommera : AnneMc Caffrey (Le Vaisseau qui
chantait, 1961) et Tanith Lee (Ne mord pas le Soleil, 1976).
A l'inverse, Le Guin est aussi l'auteur d'un cycle de fantasy, Terremer
(1968-2005).
Toutes ces autrices
ne sont pas toujours portées par un féminisme militant, loin s'en faut.
Parfois même, la démarche est à contre-courant, comme chez la très
religieuse Madeleine L'Engle (cycle de Kairos, 1962-1989). N'emêche
le combat féministe des années 1950-1970 a porté ses fruits, à la fois
par une transformation notable dans la sociologie des écrivains de SF,
que par l'évolution du lectorat, qui pendant très longtemps a été presque
complètement masculin. |
Philip
José Farmer.
Auteur, notamment, d'une biographie de
Tarzan (Tarzan vous salue bien, 1972) où le héros inventé par
Edgar Rice Burroughs devient un cousin éloigné de Jack l'Eventreur,
Philip José Farmer (1918-2009), s'est amusé, dans une partie de son oeuvre,
à récupérer des personnages inventés par d'autres (Phileas Fogg de
Jules Verne, ou Kilgore Trout de Kurt Vonnegut, par exemple) pour
en compléter l'histoire, comme s'ils avaient été des personnages réels.
Dans un autre volet de son oeuvre, on le voit, Ã l'inverse, introduire
des personnages ayant réellement existé dans un univers entièrement
fictif. C'est le cas ainsi dans son cycle Le Fleuve de l'éternité
(Riverworld, 1971-1983), quatre romans qui décrivent le retour
le long d'un immense fleuve, après leur mort, de tous les humains ayant
vécu, et où l'on croise, par exemple, Jean
Sans Terre, Cyrano de Bergerac, Mark Twain,
Richard
Burton (l'explorateur, qui est aussi le héros de la série) et Hermann
Göring. On doit aussi à Philip José Farmer : Les Amants étrangers
(1961), une histoire d'amour entre un humain et une extraterrestre qui
produisit son petit effet à l'époque de sa publication; La Saga des
hommes-dieux (1965-1993), un autre cycle, celui-ci sur le thème des
univers parallèles.
Frank
Herbert.
Frank Herbert est l'auteur de Dune,
une sorte de vaste space opera et en même temps une encyclopédie
de son propre univers. Le roman a été adapté au cinéma par David Lynch
et Alessandro Jodorowski. Avec ses suites et sur-suites lourdingues, Dune
s'inscrit dans la tradition des romans encyclopédiques, à la manière
de l'Helliconia de Brian Aldiss ou, dans le domaine de la fantasy
du cycle des Hobbits (1954 et suiv.) de J.
R. R. Tolkien.
Robert
Silverberg.
Robert Silverberg (né en 1935), comme
Ph. K. Dick, a énormément écrit afin simplement de pouvoir vivre tant
bien que mal de sa plume. Auteur trop prolifique, donc, pour ne pas avoir
produit une oeuvre très inégale, Silverberg a aussi signé d'excellents
romans, parmi lesquels ont relève : l'Homme dans le labyrinthe
(The Man in the Maze, 1969), qui raconte l'histoire d'un misanthrope,
réfugié sur une lointaine planète; il est tapi dans un labyrinthe grand
comme une ville; un jour, on vient le chercher car on a besoin de lui pour
sauver la Terre, mais le labyrinthe est truffé de pièges mortels... Dans
les
Monades urbaines (The World Inside, 1971), Silverberg nous propulse
en l'an 2381 : il y a sur notre planète 70 milliards d'habitants
entassés dans des tours de mille étages, qui sont de grand clapiers où
l'on peut vivre librement sa vie de lapin; quant aux asociaux, ils sont
discrèrtement éliminés. Enfin, avec Les Ailes de la nuit
(Nightwings, 1969) Silverberg signe un roman en trois parties, correspondant
chacune à une ville emblématique ( Roum, Perris et Jorslem) et qui situe
son action dans un futur très lointain, sombre et mélancolique : la Terre
à l'agonie guette le retour annoncé d'envahisseurs extraterrestres.
Norman
Spinrad.
Norman Spinrad (né
en 1940) s'est surtout fait connaître par son grand et puissant roman
: Jack Barron et l'éternité (Bug Jack Barron, 1969). Il
y est question des abus de pouvoir de la télévision et de la politique.
Il y a dans cette oeuvre, où d'aucuns n'ont voulu voir que son obscénité
supposé, un hommage à William Burroughs, et aussi le douloureux constat
de la perte d'un âge d'or, celui de la Beat generation, des hippies
de l'ère Kennedy, et de celui d'un Amérique qui n'a jamais été peut-être
qu'une illusion. Dans Le Printemps russe (Russian Spring,
1991), Spinrad semblera poursuivre un autre mirage : alors que l'Amérique
sombre, l'espoir pourrait venir de l'Europe et de la Russie d'après-perestroïka.
Dans l'intervalle, il aura publié et nombre de nouvelles, parmi lesquelles
figurent les quelques-uns des meilleurs de ses textes, et un roman qui
mérite une mention spéciale : Le Rêve de fer (The Iron
Dream, 1972), où Hitler réfugié aux Etats-Unis (quel autre pays
pouvait l'accueillir?) dans les années 1920 y est devenu un écrivain
de SF (quel autre genre littéraire pouvait mieux lui convenir?), - un
missile lancé contre une certaine tradition militariste et fascisante
de la SF américaine.
John
T. Sladek et Thomas M. Dish
John Sladek (1937-2000) et Thomas M. Dish
(1948-2008) ont collaboré l'un et l'autre quelque temps Ã
New Worlds,
et ont cosigné plusieurs nouvelles. Leurs oeuvres individuelles ont aussi
conservé une certaine parenté, ne serait-ce que par leur causticité,
leur humour distancié, leur pessimisme. On peut remarquer, de Sladek :
Méchasme
(The Reproductive System,1968), qui parle de robots auto-reproducteurs,
et L'Effet Müller-Fokker (The Müller-Fokker Effect, 1970),
un étonnant exercice d'écriture. De Thomas Dish, on mentionnera : Camp
de concentration (Camp Concentration, 1968), un peu sur le thème
de l'Algernon de Keyes, mais dans une Amérique devenue totalitaire,
et 334 (1972), six nouvelles autour de l'enfermement dans un grand
immeuble du futur.
Gene
Wolfe.
Gene Wolfe (né en 1931) n'est peut-être
pas, parmi les auteurs de SF, l'un des plus connus. Ce n'en est pas moins
un styliste consommé, auquel on doit plusieurs bons romans, parmi lesquels
: la Cinquième tête de Cerbère (The Fifth Head of Cerberus,
1972), qui prend la forme d'une enquête sur un génocide
et sur le peuple disparu d'une planète colonisée par des Français; et
l'Ombre du bourreau
(The Shadow of the Torturer, 1980), dans
un futur lointain, le voyage initiatique d'un bourreau, une oeuvre qui
se situe à mi chemin entre la fantasy et la SF
Roger
Zelazny.
Roger Zelazny (1937-1995), qui a
composé une oeuvre sympathique, souvent inventive et drôle, est sans
doute l'auteur le plus accessible de la New wave. Ses romans roulent
sur l'immortalité, comme dans Toi l'immortel (This Immortal,
1966) ou les pouvoir psychiques comme dans le Maître des rêves
(The Dream Master, 1966) ou La Pierre des étoiles (Doorways
in the Sands, 1976). Zelazny s'est aussi fait une spécialité de se
se réapproprier des vieilles mythologies à la sauce SF : Seigneur
de lumière (Lord of Light, 1967) s'appuie sur la mythologie
hindouiste, Royaumes d'ombre et de lumière (Creatures of
Light and Darkness, 1967), sur la mythologie
égyptienne, L'OEil de chat (Eye of Cat , 1982), sur
la mythologie navajo, etc. Mentionnons encore de cet auteur : L'île
des morts (Isle of the Dead, 1969), dont un critique (Jean-Pierre
Fontana, 1972) a dit qu'il était au space opera ce que le Bon,
la Brute et le Truand est au Western; ou, encore La divertissante
et très recommandable série des Princes d'Ambre, qui relève plutôt
de la fantasy. Avec Roger Zelazny, on est toujours en bonne compagnie.
Thomas
Pynchon.
Même si des références
scientifiques sont très souvent présentes dans ses romans, Thomas
Pynchon (né en 1937) n'est pas ordinairement considéré comme un
auteur de science-fiction. Il a cependant écrit au moins deux textes qui
appartiennent bien à la SF-:
d'abord le brouillon d'une comédie musicale (peut-être la première dans
le genre), écrite avec Kirkpatrick Sale (Minstrel Island, 1959)
et une nouvelle, Under the Rose (1961, reprise dans le chapitre
3 de V., 1963), dans laquelle on peut voir un exemple du type de
récit qu'on qualifiera plus tard de steampunk.
En France.
A partir des années 1970, les collections
déjà existantes en France (Rayon fantastique, la collection
Anticipation
du Fleuve Noir (avec notamment de nombreux romans de Pierre Pelot) ajoutent
de nouveaux auteurs à leurs catalogues.
Présence
du futur.
La collection Présence du futur,
déjà mentionnée, prend une importance particulière. Outre les auteurs
anglo-saxons qu'elle continue de proposer, cette collection fait découvrir
des auteurs de langue italienne tels que Lino Aldani (1926-2009)
(Quand les racines, 1977 ->1978) ou Ugo Malaguti (né en 1945)
(Le palais dans le ciel , 1975), et espagnole : Domingo Santos (né en
1941) (Gabriel : Histoire d'un robot,1962 ->1968). Parmi les auteurs
français la collection publie :
• Philippe Goy (né en 1941)
: le Père éternel (1974); le Livre-machine (1974); Faire
le mur (1980).
• Stefan Wul, qui continue, parallèlement,
de publier au Fleuve noir, propose dans cette collection les deux volumes
de Noô en 1977.
• Bernard Villaret (1909-2006) : Deux
soleils pour Artuby (1971), Le chant de la Coquille Kalasaï
(1973), Visa pour l'outre-temps (1973)
• Jean-Marc Ligny (né en 1956) :
Temps
blancs (1979) et Biofeedback (1979).
• Gérard Klein : le temps n'a pas
d'odeur (1963).
• Jacques Sternberg
: La sortie est au fond de l'espace (1956),
• Jean-Pierre Andrevon
(né en 1937), qui publie aussi au Fleuve Noir (souvent sous le pseudonyme
d'Alphonse Brutsche) : Cela se produira bientôt, 1971;
Le
désert du monde, 1977; Le temps des grandes chasses, 1980.
De nouvelles collections voient aussi le jour,
qui vont accompagner une nouvelle génération d'auteurs.
Ailleurs
et demain.
Cela commence par la
collection Ailleurs et demain, des éditions Robert Laffont, créée
par Gérard Klein, en 1969 : outre les meilleurs auteurs américains et
britanniques du moment, on y retrouve, parmi les Français :
• Michel
Jeury porté par la vague du Nouveau roman (le Temps incertain,
1973, qui déjà place cet auteur au niveau des meilleurs anglo-saxons;
les
Singes du temps, 1974; Soleil chaud poisson des profondeurs,
1976; le Territoire inhumain, 1979)
• Philippe Curval
(L'homme à Rebours, 1974; Cette chère humanité, 1976).
• Michel Demuth
:
Les années métalliques, 1979; La maison du cygne
(1978)
• Yves Rémy
(né en 1936) et Ada Rémy (née en 1939); Christian Léourier (né en
1948) (Les montagnes du soleil, 1972;
La planète inquiète,
1979).
• Pierre Christin (auteur par ailleurs,
Jean-Claude Mézières, de la série BD Valérian, agent spatio-temporel)
: Les prédateurs enjolivés, 1976 ;
• Pierre-Jean Brouillaud (né en 1927),
Tellur,
1975.
• Pierre Pelot (pseudo : Pierre
Suragne pour Mais si les papillons trichent, 1974) : Transit
(1977); le Sourire des crabes (1977); Les pieds dans la
tête (1982). Klein lui-même publie : Les seigneurs de la guerre
(1970); la Loi du talion (1973);
J'ai
Lu / SF.
La collection de SF dans J'ai Lu a été
créée en 1970 par Jacques Sadoul. De nombreux classiques américains
d'avant-guerre sont traduit, ainsi que plusieurs anthologies de nouvelles
qui font connaître le meilleur de la production parue dans les pulps
d'outre-atantique. Peu d'auteurs français, mais on remarque :
• Dominique Douay : L'échiquier
de la création (1976).
• Pierre Pelot : Les barreaux de l'Eden
(1977); Delirium Circus (1977).
• Claude Veillot (1925-2008) :
Misandra
(1974); La machine de Balmer (1978)
• Michel Demuth (1939-2006) : la
série des Galaxiales (1976-1979).
Mentionnons encore un émanation de cette
collection, la revue-anthologie Univers (30 numéros entre 1975
et 1990), qu'Yves Frémion a dirigé jusqu'en 1979.
.
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Le
Livre machine (1975), de Philippe Goy. Une sorte d'évangile drôlatique
paru dans la collection Présence du Futur, et assez révélateur
de l'état d'esprit d'une époque révolue. |
DéjÃ
presque la fin (1977), un des derniers ouvrages publiés dans la
collection Anticipation du Fleuve Noir, par ceux qui l'avaient inaugurée
: François Richard et Henri Bessière. |
Les
meilleurs récits de Planet Stories (1975). Une des anthologies
de nouvelles parues dans les pulps américains et réunies par Jacques
Sadoul pour les édition J'ai Lu. |
Fiction.
Parmi les auteurs français (ou francophones)
publiés dans les années 1970 dans le magazine
Fiction on relève
les noms de :
Daniel Walther,
Jean-Pierre Andrevon, Michel Demuth, Gérard Torck, Gérard Klein,
B. R. Bruss, pilier du Fleuve Noir, [ici sous le nom deRoger Blondel ],
Pierre Marlson, Serge Nigon , Gabriel Deblander (belge), Francis
carsac, Louis Thirion, Philippe Curval, François Richaudeau, Pierre
Christin, Jean-Pierre Fontana , Jean Demas, Jacques Chambon , Pierre Versins,
Bernard Mathon, Gilbert Michel, Christian Léourier, Dominique Douay,
Micher Jeury, René Barjavel, Pierre Pelot, René Durand, Joël Houssin,
Yves-Olivier Martin, Jean Le Clerc De La Herverie, Daniel Fondanèche,
Katia Alexandre , Christine Renard , Claude-François Cheinisse Jean-Pierre
Hubert , Michel Leriche , Frédéric Chauvelier , Bernard Villaret,
René Durand , Bernard Cassac , Lorris Murail, Yves Malbec , Jan de Fast
, Henry-Luc Planchat , Yves Rémy et Ada Rémy, Jacques Goimard, Jean-Louis
Bouquet , Yves Malbec, Pierre Bameul, Dominique Blattlin, Pierre Stolze,
Jean-Marc Ligny, Bruno Lecigne , Joëlle Wintrebert, George W. Barlow,
Jean-Louis Bouquet, Cousin, Pierre-Yves Poindron , Emmanuel Carrère,
Pierre Giuliani , Pierre Ziegelmeyer , Daniel Martinange , Danielle Fernandez,
Jean-Pierre Simeon.
D'autres
auteurs.
Parmi les autres auteurs qui publient
des romans de SF à cette époque on citera encore :
• Robert Merle (1908-2004)
: Un animal doué de raison (1967) sur l'utilisation des dauphins
à des fins militaires; Malevil (1972), dans la veine
post-apocalyptique; Les Hommes protégés (1974), ou à quoi ressemblerait
une dictature matriarcale.;
• Pierre Boulle
(1912-1994) : La Planète des singes (1963) qui donnera lieu Ã
diverses adaptations cinématographiques, Le jardin de Kanashima
(1964), Les jeux de l'esprit (1971), Le Bon Léviathan
(1978).
Au
cinéma.
Le terme de Nouvelle
vague a été emprunté au cinéma par les auteurs de SF au cinéma.
Brian Aldiss reconaissait d'ailleurs sa dette envers L'année dernière
à Marienbad (1961) d'Alain Resnais, qui n'est pas un fim de science-fiction,
mais qui introduisait des formes narratives nouvelles. De leur côté,
les cinéastes de la Nouvelle vague ont aussi tenté quelques incursions
dans la SF. Par exemple, François Truffaut avec son Farenheit 451
(1966), adaptation du roman de Ray Bradbury, ou Alain Resnais lui-même
avec Je t'aime, je t'aime (1968), dont le scénario est de Jacques
Sternberg, et qui reprend le thème du voyage dans le temps.
La plus belle réussite
cinématographique de cette époque est à coup sûr
la Jetée (1962),
de Chris Marker (1921-2012). Il s'agit d'un court-métrage de 28 mn, ou
plutôt d'un diaporama (un « photo-roman », lit-on au générique), succession
d'images fixes, qui raconte cette fois encore un voyage dans le temps.
Après que le monde ait été détruit et que les survivants se soient
réfugiés dans des souterrains, un prisonnier est envoyé dans le passé,
non pour le changer (« on ne s'évade pas du temps »), mais pour tenter
d'en rapporter des ressources nécessaires à la survie. Terry Gilliam
reprendra et délayera le sujet dans son
Armée des 12 singes (1995),
où le péril nucléaire est remplacé par celui d'une pandémie.
-
|
La
Jetée (1962) de Chris Marker.
« Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance. La scène
qui le troubla par sa violence, et dont il ne devait comprendre que beaucoup
plus tard la signification, eut lieu sur la grande Jetée d'Orly, quelques
années avant le début de la Troisième Guerre mondiale... » |
Un curiosité maintenant,
le film de Jean-Luc Godard : Alphaville, une étrange aventure
de Lemmy Caution (1965). Alphaville, où l'on arrive et d'où l'on
repart, en voiture, « par les boulevards périphériques, roulant toute
la nuit dans l'espace intersidéral », est appelée à devenir un jour
« une cité heureuse, comme Florence, comme Angoulême-City, comme Tokyorama
». Mais en attendant, « quelque chose ne [tournait] pas rond dans
la capitale de cette galaxie ». Une intelligence
artificielle, Alpha 60, était aux commandes, et la sentence
de mort attendait celui qui agissait de façon illogique. On a vu dans
le héros de ce film une préfiguration du détective de Blade Runner,
sorti 30 ans plus tard.
Hard science
fiction et slipstream.
La
hard science fiction.
On a donné le nom
de hard science fiction à un courant de la SF qui s'est développé
à partir des années 1970 en réaction à la science fiction - la
soft
science fiction... - apparue en Amérique avec les Futurians, qui a
dominé le domaine jusqu'au début des années 1980.
La hard science
fiction renoue avec le rapport traditionnel qu'entretenait au temps
des pulps la science-fiction avec les technologies; elle se préoccupe
de ce qu'elles peuvent devenir et changer pour la société dans un avenir
proche. Mais contrairement à ce qui se faisait autrefois (Robert Heinlein,
Poul Anderson, Joe Haldeman, Stanislas Lem), on est désormais plus rigoureux
en matière scientifique.
De bons exemples
de cette approche se trouvent chez Arthur C. Clarke (les Enfants
d'Icare, 1953; la Cité des astres, 1956),
Isaac Asimov, Michael Crichton, ou Fred Hoyle. Parmi les autres
auteurs dont le nom est attaché à la hard science fiction, on
peut nommer : Ben Bova, Greg Bear, Greg Egan, Dougal
Dixon, Larry Niven, Paul McAuley, Geoffrey A. Landis, David Brin, Stephen
Baxter, Andy Weir, Piers Anthony, Gregory Benford, Hal Clement, Robert
Forward, James S. A. Corey (Daniel Abraham et Ty Franck), etc.
Certains auteurs
s'inscrivent entre hard et soft, comme, par exemple,
Katherine
McLean (née en 1925), avec Le Disparu (1975).
Le
slipstream.
En 1989, Bruce Sterling
a introduit le terme de slipstream pour qualifier des oeuvres qui
renvoient à une perception de l'étrangeté du monde, qu'elles recourent
ou non au langage de la science-fiction. Il y a ici un effacement ou plutôt
une dissolution des thématiques habituelles de la SF. De ce point de vue,
on pourrait dire que le slipstream est extactement le contraire
de la hard science fiction. Parmi les auteurs de SF qui ont pu suivre
cette voie, on peut mentionner : Kurt Vonnegut (Abattoir 5); Philippe
Curval (La Forteresse de coton); John Brunner (La ville est un
échiquier, The Squares of the City, 1965); J. G. Ballard (Crash,
1973, adapté au cinéma par David Cronenberg, 1995), Kingsley Amis (The
Alteration,1976). On pourrait aussi rattacher au slipstream Substance
mort (A scanner darkly, 1977) de Philip K.
Dick, de nombreux textes de Doris
Lessing, etc., ou de la série TV Le Prisonnier (que Th. Dish
a d'ailleurs transcrite sous forme roman). Et s'ils avaient eu quelque
chose à voir de près ou de loin avec la SF, on aurait peut-être aussi
cité ici les noms de J.-D. Salinger ou de Marcel
Camus, comme pour rappeler que la science-fiction n'est pas un continent
isolé du reste de la littérature.
La
SF après la Guerre des étoiles
La sortie au cinéma
de la trilogie Star Wars (la Guerre des étoiles de George
Lucas, 1977); l'Empire contre-attaque d'Irvin Kershner, 1980;
le
Retour du Jedi de Richard Marquand, 1983) fait date dans l'histoire
de la science-fiction. Ce n'est pas tant que ces films eux-mêmes apportent
beaucoup au genre, ni même qu'ils soient la seule cause (on y voit plutôt
un catalyseur) des transformations qui s'opèrent au début des années
1980, mais l'immense succès que ces films ont eu, et donc l'élargissement
considérable du public désormais accessible aux codes de la SF, a changé
la donne. Gernsback avait, en son temps, avait créé un marché de niche
en enfermant la SF dans l'image d'une sous-littérature; les auteurs d'après-guerre,
et surtout des années 1970, l'avait inscrite, par un brutal retour de
balancier, dans une perspective très élitiste. Lucas donne l'impulsion
finale qui fait sortir la science-fiction de sa marginalité pour
l'installer dans la culture de masse.
Le cinéma (en attendant
le règne des jeux vidéos), qui demande de gros budgets, peut désormais
investir le genre et prendre une part notable dans la production d'oeuvres
relevant de la SF. Certes quelques films de science-fiction avaient précédé
la Guerre des étoiles. On en a cité quelques-uns dans les paragraphes
précédents, auxquels on doit ajouter : Planète interdite (1956)
de Fred McLeod Wilcox, Le Mystère Andromède (1971), de Robert
Wise, d'après un roman de Michael Crichton, et surtout 2001, l'Odyssée
de l'espace (1968) de Stanley Kubrick, dont Arthur C. Clarke, qui avait
inspiré le scénario, tirera un roman. Mais on assiste maintenant à un
changement d'échelle.
Les années 1980
sont aussi marquées par un retour de space opera, à la suite,
par exemple, de Carolyn J. Cherryh et des représentants de la hard
science fiction; d'un autre côté, des auteurs comme Robert Reed,
qui semble s'être donné pour programme de revisiter, en les mettant au
goût du jour, tous les anciens thèmes de la SF, s'attachent, un peu Ã
la manière de Delany en son temps, avec peut-être moins de brio, mais
avec plus de constance, à une sorte de reformatage et aussi à une forme
de réhabilitation d'une science-fiction, devenue un produit culturel de
consommation courante.
Je
ne suis pas un robot : une case à cocher
présente
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contact de nombreux sites web.
La science fiction
face aux nouvelles technologies.
D'autres auteurs,
à l'opposé, s'évertuent à continuer de faire de la SF l'expression
d'une contre-culture. Or, au début des années 1980, ce qui semble le
plus proche de cette marginalité recherchée, c'est le mouvement punk.
D'où ce suffixe accolé, assez artificiellement, aux noms des nouvelles
thématiques abordées désormais par la science-fiction aux velléités
underground,
et qui presque tout entières relèvent de l'émergence des nouvelles technologies
(cyberpunk, biopunk, etc.). Programme de marginalisation
sans issue : nous sommes, plus que jamais et massivement, entrés dans
l'âge des technologies de l'information et des biotechnologies.
Le
cyberpunk.
Le terme de cyberpunk
a été introduit par Bruce Bethke (né en 1955) avec une nouvelle parue
dans le numéro de novembre 1983 d'Amazing Science Fiction et portant
ce titre. On lui donne souvent une acception assez large, et il sert alors
à qualifier indistinctement toutes les oeuvres dans lequelles apparaît
la thématique des théories de l'information, de l'intelligence artificielle,
de la réalité virtuelle et des réseaux informatiques. Au fond, ce n'est
qu'une des formes prises par la hard science fiction à partir des
années 1980, et l'on trouve parfois les mêmes noms attachés à l'un
ou l'autre sous-genre (Greg Egan, Vernon Vinge, Rudy Rucker, etc.). Dans
un sens plus restreint, le genre cyberpunk et le courant dans lequel
il s'inscrit renvoient à un imaginaire très sombre. Dans l'univers cyberpunk,
la société, concentrée dans des mégalopoles obscures, passé sous le
contrôle de la technologie et de grandes firmes, est entièrement livrée
à la sauvagerie capitaliste. Seuls les marginaux, les déclassés semblent
pouvoir y faire briller un peu d'espoir. Mais les cyberpunks ont-ils inventé
quelque chose? Un peu à la manière dont les féministes de l'époque
précédente décorticaient les tensions entre le féminin et le masculin,
les cyberpunks s'interrogent sur la sexualisation des machines. Et quand
ils explorent les tensions entre l'humain et la machine, entre le réel
et du virtuel, ils ne font que reprendre les problématiques centrales
des oeuvres de Philip K. Dick ou de Brunner. Après tout, eux aussi agitaient
les visions d'un futur proche qui serait parti à la dérive en même temps
que la
démocratie.
+ William Gibson
(né en 1948) a inscrit une partie importante de son oeuvre sous la rubrique
cyberpunk.
Citons de lui : Johnny Mnemonic (1981), que Robert Longo adaptera
au cinéma en 1995, et surtout Neuromancien (Neuromancer,
1984), plusieurs fois primé et qui a fait de Gibson la principale tête
d'affiche du cyberpunk , auprès des lecteurs. Mentionnons encore
: Comte Zéro (Count Zero, 1986); Gravé sur le chrome
(Burning Chrome, 1986, nouvelles); Mona Lisa s'éclate (Mona
Lisa Overdrive, 1988); la trilogie formée par Lumière virtuelle
(Virtual Light, 1993), Idoru (1996) et All Tomorrow's
Parties, 1999; et, enfin, Identification des schémas (Pattern
Recognition, 2003);
+ Bruce Sterling
(né en 1954) est souvent considéré comme le théoricien du cyberpunk.
Son anthologie cyberpunk Mozart en verres miroirs (Mirrorshades:
The Cyberpunk Anthology , 1986), qui présente des textes de William
Gibson, Pat Cadigan, Marc Laidlaw, Rudy Rucker, Greg Bear et de Bruce Sterling
lui-même, fixe en quelque sorte le genre. Parmi ses romans on peut citer
: la Schismatrice (Schismatrix,
1985);
La
Baleine des sables (1977); Les mailles du réseau (Islands
in the Net, 1988); Gros temps (1994); Distraction
(1998).
+ Pat Cadigan
(née en 1953) brouille les lignes entre le réel et ce qui en est perçu.
Cette ancienne élève de James Gunn se présente comme une exploratrice
des rapports entre l'esprit humain et la technologie. Mindplayers
(1987); Les Synthérétiques (Synners, 1991); Tea from
an Empty Cup (1998) et sa suite
Dervish is Digital (2000) relèvent
du cyberpunk. Elle a aussi écrit dans le genre fantastique
et pour la jeunesse..
+ Rudy Rucker
(né en 1946), informaticien de profession, a construit une oeuvre romanesque
tout entière tournée vers la robotique et les nanotechnologies. Citons
:: Maître de l'espace et du temps (Master of Space and Time,
1984), dans lequel le héros se taille un univers sur mesure; le Secret
de la vie (The Secret of Life, 1985); Transreal Cyberpunk
(2016), anthologie avec Bruce sterling; et enfin la tétralogie du ware
( Realware (2000); Freeware (1997); Wetware
(1988); Software (1982), où l'on voit des robots qui
gagnent leur libre arbitre après avoir
réussi à enfreindre la lois de la robotique d'Asimov.
+ Joël Houssin
(né en 1953 en France), également scénariste de cinéma (Ma vie est
un enfer, Dobermann) et de télévision, est l'auteur de plusieurs
romans de SF, dont deux ont été rapprochés du courant cyberpunk :
Argentine (1989); le Temps du Twist (1990).
Des
machines en quête d'humanité au cinéma : Question d'espèce, question
de genre.
|
|
|
Blade
runner (1992),
film
de Ridley Scott. |
Ghost
in the shell (1995), film d'animation de Mamoru Oshii. |
Ex_Machina
(2015),
film
d'Alex Garland. |
Le cinéma lui non plus n'a pas été avare
d'oeuvres auxquelles on peut accoler l'étiquette de cyberpunk.
Signalons, en premier lieu, Blade Runner (1982),
de Ridley Scott, d'après le roman de Philip K. Dick, et qui est sans doute
le film le plus marquant dans le genre; Total Recall (1990, également
d'après Dick) et Robocop (1997), de Paul Verhoeven; Strange
Days (1995), de Kathryn Bigelow; Dark city (1998) d'Alex Proyas;
New Rose Hotel (1998), d'Abel Ferrara, d'après une nouvelle de
William Gibson; eXistenZ (1999) de David Cronenberg et que Christopher
Priest a repris sous forme de roman;
Matrix (1999) des soeurs Wachowski;
Minority
Report (2002), de Steven Spielberg, encore d'après Dick.
A la télévision,
on mentionnera des séries telles que : Äkta människor (Real
humans, début en 2012) créé par Lars Lundström; Almost Human
(2013), de J. H. Wyman; et aussi certains épisodes de l'anthologie Black
Mirror, créée par Charlie Brooker en 2011.
Enfin, notons
que la série Mr Robot (début en 2015) de Sam Esmail, peut se comprendre
comme une expression du courant cyberpunk, bien qu'elle se situe
hors du domaine de la SF.Bien qu'on s'y interroge sur le statut de la réalité,
c'est davantage ici à la manière de Fight Club (David Fincher,
1999), de Shutter Island (Martin Scorsese, 2010) ou de Sucker
Punch (Zack Snyder, 2011) que de l'oeuvre de Dick.
Le
biopunk.
Le biopunk s'est développé parallèlement
au cyberpunk. Cette fois les technologies qui servent de pivot Ã
l'action sont en relation avec les progès de la biologie, et plus spécialement
de la génétique : ingéniérie biologique, clonage, etc.. Ici encore,
et d'une façon peut-être encore plus critique, c'est notre humanité
qui est questionnée.
Parmi les romans que l'on rattache au biopunk,
on peut mentionner : Holy Fire (1996) de Bruce Sterling; la trilogie
Winterlong
(1990-1993) d'Elizabeth Hand, la trilogie de Xenogenesis (Lilith's
Brood, 1987-1989) d'Octavia Butler, plusieurs oeuvres de Paolo Bacigalupi;
La
musique du sang (Blood Music, 1985),
l'Echelle de Darwin
(Darwin's Radio, 1999) de Greg Bear, et Notre vie dans les forêts
(2017) de Marie Darrieussecq.
Au cinéma, on mentionnera, par exemple
:
Bienvenue à Gattaca (Gattaca, 1997) d'Andrew Niccol;
Code
46 (2003), de Michael Winterbottom, The Island (2005), de Michael
Bay.
Enfin, parmi les séries TV, citons : Dark
Angel (2000-2002) créée par James Cameron et Charles H. Eglee, The
Eleventh Hour, créée en 2008 par Stephen Gallagher;Orphan
Black (début en 2013) de Graeme Manson et John Fawcett.
Quand la
réalité est mise en abyme
La SF a abordé depuis
longtemps le thème de la télé-réalité et de ses dérives. Celui-ci
apparaît dès 1958 avec
Le Prix du danger (The Prize of Peril,
1958) de Robert Sheckley, qui sera adapté au cinéma par Yves Boisset
en 1983. En 1982, sous le pseudonyme de Richard Bachman, Stephen King,
dans Running Man (porté à l'écran par Paul Michael Glaser, en
1987), reprendra le même sujet. Dans ces oeuvres, comme dans les anciens
jeux du cirque, le jeu télévisé, simple divertissement pour le spectateur,
devient, pour le participant, une question de vie ou de mort. Le
spectacle et la réalité entrent en collision, mais il s'agit moins de
dénoncer la télé-réalité, que d'en héroïser les participants, et
à cette fin des enjeux politiques (plus ou moins légitimes) sont parfois
invoqués. C'est le cas, par exemple, dans la Guerre Olympique (1994)
de Pierre Pelot, ou dans la trilogie des romans pour adolescents Hunger
games (2008-210) de Suzanne Collins, adaptée au cinéma (2012-2015).
Une vision plus glaçante
est offerte par O. G Compton, dans L'Incurable (1974), devenu
à l'écran La Mort en direct (1980), de Bertrand Tavernier : le
voyeurisme télévisé s'exerce ici à l'insu même de la participante
au "jeu", qui ignore que ses derniers jours sont filmés et donnés en
pature à un public de décérébrés. Le cinéma américain a traité
(mais de manière très différente) un sujet analogue avec The Truman
Show
(1998) de Peter Weir. Dans ce cas, c'est toute la vie du protagoniste
principal, qui est donnée en spectacle : depuis sa naissance, il vit,
sans le savoir, dans un immense studio de télévision qu'on lui a fait
prendre pour le monde. L'idée était déjà présente dans le roman de
Dick, le Temps désarticulé (Time Out of Joint, 1959). Dans
le
Voile de l'espace (Beyond the Veil of Stars 1994), Robert Reed
la reprendra aussi en lui donnant une dimension cosmique, mais sans vraiment
l'exploiter.
-
Le
bord du monde, dans The Truman show (1998).
La question de notre
rapport au réel n'est bien sûr pas nouvelle. Il suffit de penser au mythe
de la Caverne de Platon (Le
livre VII de la République)
ou, dans un autre genre, Ã la Vie est un songe,
de Calderon de la Barca . Mais cette question
a pris de nouvelles formes et une acuité sans précédent, depuis le milieu
du XXe siècle, et désormais à un rythme qui s'accélère. Qu'est-ce
qui est réel dans ce que nous rapportent la télévision et les médias
en général? Ou est la vérité? Qui peut-on croire?
La SF est entrée
dans cette problématique avec Dick et Galouye, qui ont ouvert le thème
des réalités simulées. Le cinéma, qui un jeu de simulacres par excellence,
se devait de leur emboîter le pas. On peut en multiplier les exemples
: De Total Recall (1990), de Paul Verhoeven et adaptation de la
nouvelle Souvenirs à vendre (We can remember it for you wholesale,
1966, de Ph. K. Dick justement) Ã Inception (2010), de Christopher
Nolan, en passant par
Matrix,
Tron (1982) de Steven Lisberger,
eXistenZ
(1999), de David Cronenberg,
Source Code (2011) de Duncan Jones,
Oblivion
(2013), de Joseph Kosinski,
The Frame (2014) de Jamin Winans , etc.
On peut aussi ajouter sous cette rubrique la série de jeu vidéos
Assassin's
Creed proposée depuis 2007 par Patrice Désilets et Jade Raymond,
et le film qui en a été tiré en 2016 par Justin Kurzel.
Tous ces simulacres
ne sont, au final, que le visage actuel de ce vieux filon de la SF qu'est
l'uchronie. Réalité simulée, univers parallèles, histoire alternative,
etc., fournissent une matière première de choix pour la fiction. Elles
offrent un moyen de diversion face à l'âpreté du réel, une issue de
secours pour l'imaginaire, ou bien, au contraire, elles permettent de prendre
un recul critique indispensable pour mieux comprendre le monde actuel;
il s'agit alors d'un positionnement de l'intelligence. Dans tous les cas,
on a affaire à une mise en abyme de la réalité : la fiction met en scène
une fiction qui se donne pour la réalité. Mais il suffit que le premier
terme disparaisse, que d'emblée l'imagination se donne pour réalité,
que soit donc franchi le rubicon entre fiction et mesonge pour qu'on accède
à un autre champ de concepts : télé-réalité, révisionnisme, négationisme,
pseudo-histoire, théories du complot, post-vérité,
fake
news...
Aucun risque que
la science-fiction bascule dans ce travers - son nom même lui vaut l'immunité!
Ce n'est pas toujours le cas des auteurs de SF, qui ont pu exploiter l'inculture
et l'abdication de l'esprit critique pour prendre (ou faire prendre) leurs
rêves pour la réalité. Ainsi, un auteur du temps des pulps, L.
Ron Hubbard (1911-1986), a-t-il été le fondateur d'une secte lucrative
qui a réussi à embobiner, notamment, Campbell lui-même (qui n'était
pas un petit exploit), et Van Vogt (qui, lui, ne demandait sans doute que
ça!). En France, plus inoffensive aura été, par exemple, la propagande
soucoupiste de Jimmy Guieu (1926-2000), un des pilliers (avec ses romans
sans prétention et plutôt plaisants par ailleurs) de la collection Anticipation
du Fleuve Noir.
Dans quelques cas,
donc, les inventions de la science-fiction se sont laissées détourner
pour le pire. On en est arrivé au point où un beauf milliardaire, ancien
producteur d'une émission de télé-réalité, conspirationniste et promoteur
déclaré de la notion de "faits alternatifs" (des faits venus d'un univers
parallèle?), a pu se faire élire président des Etats-Unis. La réalité
n'a pas dépassé la fiction; c'est juste que notre époque sans repères
a fini par confondre l'une et l'autre, au point de se donner au premier
obscurantisme venu. Au moins la SF nous avait-elle appris qu'on n'est jamais
à l'abri de rien. |
Postcyberpunk.
De la même façon
qu'un renouveau de la hard science fiction était venu contrebalancer
le développement de la soft science fiction, il a existé à partir
des années 1990, un courant prenant le contrepied du cyberpunk
(et du biopunk), le postcybertpunk. Il s'agit d'une approche
généralement plus positive du progrès technologique. La rébellion et
la marginalité ne sont plus au coeur des intrigues. En tout cas, il n'est
plus question de détruire l'ordre social, on veut seulement en corriger
les dérives ou les dysfonctionnements. Le premier roman rangé dans cette
catégorie est Le Samouraï virtuel (Snow Crash, 1992) de
Neal Stephenson. Autres exemples relevant du postcyberpunk : L'une
rêve et l'autre pas (Beggars in Spain, 1993), qui appartient
au cycle tendance biopunk Sleepless de Nancy Kress; Teranesia
(2001) et d'autres romans de Greg Egan (Distress, 1995; Quarantine,
1992); le cycle d'Otherland (6 romans entre 1996 et 2013) de Tad
Williams; plusieurs titres de Charles Stross, de Richard K. Morgan
(Altered Carbon, 2002), etc. Au cinéma, on peut relever :
I, Robot (2004) d'Alex Proyas, d'après l'univers d'Isaac Asimov;
Clones
(The Surrogates, 2009) de Jonathan Mostow, Elysium (2013)
de Neill Blomkamp.
Le rétrofuturisme.
Le rétrofuturisme
correspond à une catégorie d'oeuvres qui englobe tout un ensemble de
sous-genres "-punk", fondés sur l'introduction d'anachronismes
technologiques : un laser au Moye âge, un smartphone dans les années
soixante, etc.
Le
steampunk.
Le steampunk
place ses histoires à l'époque de la révolution industrielle, quand
les machines fonctionnaient à vapeur (steam); les auteurs prisent
à particulier l'Angleterre victorienne. Le principe de la SF steampunk
consiste ainsi à introduire dans cette époque des élément futuristes,
pour recréer ainsi une esthétique qui rappelle celle de Jules Verne ou
de H. G. Wells.
D'ailleurs le terme
a d'abord été appliqué à Morlock Night (1979) de K. W.
Jeter (né en 1950), qui est une suite de la
Machine à voyager
dans le Temps de Wells. Jeter a aussi publié : Instruments
de mort (Infernal devices, 1987) et à sa suite Fiendish
Schemes (2013), deux autres romans qui relèvent aussi du steampunk.
(En revanche, Dr Adder (1972), du même auteur, qui décrit des
Etats-Unis sous l'emprise de seigneurs de la guerre et sa suite le Marteau
de verre (The Glass Hammer, 1985), ainsi que Noir (1998),
et une suite de Blade Runner, appartiennent plutôt au cyberpunk).
Sterling a co-signé
avec William Gibson la Machine à différences (The Difference
Engine, 1991), un roman dans lequel on voit une passerelle entre le
cyberpunk
et la tendance steampunk.
Des romans tels que
le cycle du Leviathan de Scott Westerfeld, le cycle des Bas-Lag
de China Miéville relèvent aussi du steampunk.
Au cinéma, le troisième
volet de la trilogie Retour vers le futur (1990) de Robert
Zemeckis peut se ranger dans la catégorie steampunk. On y agrège
aussi parfois le film Brazil (1985), réalisé par Terry Gilliam,
bien que cette dystopie ne consiste pas réellement en un retour à l'époque
qui sert a définir le steampunk (mais il y a bien des tuyaux et
de la vapeur...).
Le
dieselpunk.
Le dieselpunk
est analogue au steampunk. Il correspond à des histoires qui comportent
des éléments propres à la SF et qui se situent entre la Première
Guerre mondiale et le Second conflit mondial, époque considérée
comme l'âge d'or des moteurs diesel, et qui est d'ailleurs aussi l'âge
d'or de la pulp SF. Beaucoup des récits parus dans les pulps
appartiennent donc au sous-genre dieselpunk. On peut citer parmi
les oeuvres plus récentes : Pirate Utopia, (2016), de Bruce
Sterling; The City Darkens (2013), de Sophia Martin; Storming
(2015) de K.M. Weiland; Hellboy, série de comics initiée
en 1994 par Mike Mignola , et dont certains épisodes ont été adaptés
au cinéma. Au cinéma, où l'on peut aussi mentionner des films tels que
Capitaine
Sky et le Monde de demain (Sky Captain and the World of Tomorrow,
2004) de Kerry Conran, ou Batman (1989), de Tim Burton, qui relèvent
du dieselpunk.
Punkeries
à gogo.
Il existe d'autres dénominations construites
sur le même mode, sans que l'intérêt de cette multiplication de mots
soit évident. Au-delà de la SF, elle peuvent avoir un usage dans le monde
des arts et du design. Citons simplement pour mémoire :
• Le décopunk est un
sous-sous-genre dérivé du dieselpunk, et se veut un revival
du style art déco;
• Le stonepunk correspond à des
histoires situées pendant la préhistoire comme dans l'anthologie publiée
dans la collection Folio Junior de Christian Grenier, Le Brouillard
du 26 octobre et autres récits sur la préhistoire (1981), dans Les
Innommables (1979) de Claude Klotz (ici ce n'est pas la technologie,
mais le langage qui est transporté dans le passé).
• Le clockpunk situe son action
entre la Renaissance et le XVIIe siècle;
exemple : Les Conjurés de Florence (Pasquale's Angel, 1994),
de Paul McAuley;
• L'Atomicpunk définit
des histoires situées pendant la Guerre froide : Dr Folamour;
After
the atom (1953), de Leonard G. Fish; Ce n'est pas pour cette année
(Not This August , 1955) de Cyril Kornbluth; etc.
• Le Nowpunk : quand les éléments
appartenant à une autre époque sont introduits dans le monde d'aujourd'hui,
comme, par exemple, les dinosaures dans Jurassik Park ou l'Homo
erectus dans Jane reloaded (2011) de Charlotte Kerner.
La
culture SF revisitée par l'art urbain : le pochoir Je suis ton père,
de
Banksy
et, ci-dessous, une mosaïque Space Invader, d'Invader
dans
une rue de Katmandou. (Photo ©Serge
Jodra, 2011).
Repères sur la route
Le tableau suivant répertorie
quelques-uns des principaux auteurs (avec indication de leur pays de naissance
quand il ne s'agit pas des Etats-Unis) et oeuvres depuis les années 1980.
On a également mentionné quelques oeuvres plus anciennes non signalées
dans l'article.
--
Franz
Werfel (Autriche, 1890-1945) : l'Etoile de ceux qui ne sont pas
nés (Stern der Ungeborenen, 1946).
Virgilio
Martini (Italie, 1903-1986) : le monde sans femmes (Il mondo
senza donne, 1954).
Günther
Krupkat (1905-1990), publié en Allemagne de l'Est : Nabou(1968).
Jack
Finney (1911-1995) : L'Invasion des profanateurs (1955), qui
a été l'objet de plusieurs adaptations au cinéma;
Le Voyage de Simon
Morley (Time and Again, 1970); le Balancier du temps
(From time to time, 1995).
Adolfo
Bioy Casares (Argentine, 1914-1999) : El sueño de los héroes
(1954); l'Invention de Morel (1940), qui a inspiré le film d'Alain
Resnais, l'Année dernière à Marienbad (1961), celui des frères
Quay, L'Accordeur de tremblements de terre (2005), ainsi que la
série télévisée
Lost (2004-2010).
Robert
Young (1915-1986) : Baleinier de la nuit (1980); le Dernier
Yggdrasill (1982).
Mohammed
Dib (né en Algérie en 1920-2003) : Qui se souvient de la
mer? (1962).
Carol
Emshwiller (née en 1921) : Carmen Dog (1988), The Mount
(2002), Mister Boots (2005).
Stanislaw
Lem (né en Pologne en 1921-2006) : Feu Vénus (Astronauci,
1951); Eden (1959); Terminus (1961); L'Invincible
(1964); Septième voyage (1964); Quatrième expédition (1965);
Prawda
(1964); Le prince Ferrycyet la princesse Cristal (O królewiczu
Ferrycym i królewnie Krystali, 1965);
Solaris (1966) adapté
deux fois au cinéma; Glos Pana (1968);
Opowiesci o pilocie Pirxie
(1968); Ciberiada (1976).
Carl
Amery (Allemagne de l'Est, 1922-2005) : Das Königsprojekt (1974);
Der
Untergang der Stadt Passau (1975); An den Feuern der Leyermark
(1979); Im Namen Allahs des Allbarmherzigen (1981).
Lloyd
Biggle
(1923-2002) : The Angry Espers (1961); Quelles sont les couleurs
des ténèbres (All the Colors of Darkness, 1963, premier roman
de la série de Jan Darzek qui en compte cinq jusqu'en 1979); Monument
(1971).
Keith
Laumer (1925-1993) : Série des Bolo (4 romans entre 1976 et
1990) au sujet de tanks dotés de conscience; série des
Retief
(7 romans et une dizaine de nouvelles entre 1963 et 1993), la vie
drolâtique d'un diplomate interplanétaire. l'Ordinateur désordonné
(The Great Time Machine Hoax, 1964);
Galactic Odyssey (paru
en feuilleton dans le magazine
IF, 1967); série de l'Imperium
(5 romans, entre 1962 et 1990), où des mondes parallèles sont régis
par une structure nommée... l'Imperium.
Harry
Harrison (1925-2012) : Make room! Make room! (1966), adapté
au cinéma par Richard Fleisher sous le titre de Soleil vert (1973);
le
Problème de Turing (The Turing Option, 1992, en collaboration
avec Marvin Minsky).
Lino
Aldani (Italie, 1926-2009) : Quand les racines (1976); Eclipse
2000 (1979); La Maison-femme (1987).
John
Middleton Murry Jr. (pseudo : Richard Cowper, né en 1926, GB) : auteur
du cycle de Corlay (The White Bird of Kinship, 3 romans de
1978 à 1982); le crépuscule de Briarée (The Twilight of Briareus,1974).
Herbert
Franke (né en Autriche en 1927) : La Cage aux orchidées (Der
Orchideenkäfig,1961); Zone zéro (Zone Null, 1970);
Le
centre de la Voie lactée (Zentrum der Milchstraße, 1990);
Sphinx_2
(2004); Cyber City Süd (2005); Flucht zum Mars (2007).
Walter
Tevis (1928-1984) : l'Homme tombé du ciel (The Man Who Fell
to Earth, 1963, adapté au cinéma par Nicolas Roeg (l'Homme qui
venait d'ailleurs); l'Oiseau d'Amérique (Mockingbird,
1980); Le Soleil pas à pas (The Steps of the Sun,
1983).
Georges
J. Arnaud (né en 1928) : cycle de La Compagnie des glaces,
série d'une soixantaine de romans entre 1980-1992, puis de 24 romans supplémentaires
de 2001-2005, - un monde post-apocalyptique glacé gouverné par des compagnies
ferroviaires totalitaires. Arnaud a également écrit de très nombreux
polars.
Ira
Levin (1929-2007) : Un bonheur insoutenable (This Perfect
Day, 1970); scénariste du film réalisé par Franklin Schaffner, Ces
garçons qui venaient du Brésil (The Boys from Brazil, 1976),
sur le thème du clonage d'Hitler.
Len
Deighton (GB, né en 1929) : SS-GB, - Nazi Occupied Britain
(1978),
une histoire alternative dans laquelle les Allemands ont envahi l'Angleterre
pendant la Seconde Guerre mondiale. Deighton est aussi l'auteur
de nombreux romans d'espionnage.
Sheri
S. Tepper (1929-2016) : Un monde de femmes (The Gate to Women's
Country, 1988); The Visitor (2002); The Margarets
(2007). Trilogie de Marjorie Westriding : Rituel de chasse
(Grass; 1989); Raising the Stones (1990); Sideshow (1992).
Algis
Budrys (1931-2008) : Qui? (Who?, 1958); S.O.S. Terre
(The Falling Torch, 1959); Lune fourbe (Rogue Moon,
1960);
Le Prophète perdu (Some Will Not Die, 1976);
L'Epine
de fer (3 parties, The Iron Thorn, 1967).
Bob
Shaw (Irlande du Nord, 1931-1996) : The Palace of Eternity (1969);
Orbitsville
(série de 3 romans, 1975, 1983, 1990); Medusa's Children (1977);
The
Ceres Solution (1981); Conversion (1981); série de Slow
Glass (4 romans de 1970 à 1972 et un cinquième avec Donald William
Heiney (1979).
Thomas
J. Bass (1932-2011) : Humanité et demie (Half Past
Human, 1971); le Dieu Baleine (The Godwhale, 1974).
Michael
Coney (GB) (1932-2005) : l'Image au miroir (Mirror image,
1972); les Crocs et les griffes (The jaws that bite, the claws
that catch, 1975); Rax (1975); Charisme (Charisma,
1975); cycle du Chant de la Terre (5 romans entre 1980 et 1989);
Foul
Play at Duffy's Marina (2005); Remember Palahaxi (2007 publication
posthume), suite de Hello Summer, Goodbye (1975).
Bob
Shaw (1931-1996, Irlande du Nord). Orbitsville (1975); Lumière
des jours enfuis (Light of Other Days, 1966); les Yeux du
temps (Other Days, Other Eyes, 1972); Qui va là ? (Who
Goes Here?, 1977). Une longue marche dans la nuit (Night
Walk, 1967); L'autre présent (The Two-Timers, 1968);
Le
jour où la guerre s'arrêta (Ground Zero Man, 1971)
Daniel
Walther (né en France en 1940). Romans-:
Happy
end : ou la nouvelle cité du soleil (1982); Apollo XXV (1983);
La
pugnace révolution de Phagor (1984); Morbidezza, Inc. (2008).
Recueils de nouvelles : Requiem pour demain (1976);
L'Hôpital
et autres fables cliniques (1982). Séries : Le Livre de Swa
(3 romans, 1982); saga de Synge Tarzaniak et Brenn de Dijkal (nouvelles
d'heroic fantasy, 1972-2007).
Ian
Watson (né en 1943 en GB) : l'Enchâssement (The Embedding,
1973); le modèle Jonas (The Jonah Kit, 1975); L'Ambassade
de l'espace (Alien embassy, 1977); l'Inca de Mars (The
Martian Inca, 1977); les Visiteurs du miracle (Miracle Visitors,
1978); la mort en cage (Deathhunter, (1981); Le Voyage
de Tchekhov (Chekhov's Journey, 1983); les Oiseaux lents
(Slow Birds and Other Stories, 1985, nouvelles);
Orgasmachine
(2010).
Robert
Anton Wilson (1932-2007) : Cosmic Trigger (3 volumes, 1977-1995);
Schrödinger's
Cat (3 vol., 1979-1981); Illuminatus (trilogie co-écrite avecRobert
Shea (1933-1994), 1975).
Wolfgang
Jeschke
(Allemagne, 1936-2015) : Der letzte Tag der Schöpfung (1981); Midas
oder die Auferstehung des Fleisches (1989); Le jeu de Cuse (Das
Cusanus-Spiel, 2005); Dschiheads (2013).
Janusz
A. Zajdel (Pologne,1938-1985) : Cylinder van Troffa (1980);
Limes
inferior (1982); Cala prawda o planecie Ksi (1983);
Wyjscie
z cienia (1983); Paradyzja (1984).
Suzy
McKee Charnas (née en 1939) : série des Holdfast Chronicles
(quatre romans de 1974 Ã 1999, dont, The Conqueror's Child (1999).
Margaret
Atwood (née en 1939) : la Servante écarlate (The Handmaid's
Tale, 1985) et sa suite les Testaments (The Testaments,
2019). Trilogie du Dernier Homme (ou de MaddAddam) : Le Dernier Homme
(Oryx and Crake, 2003), Le Temps du déluge (The Year
of the Flood 2009); MaddAddam (2013).
Garry
Kilworth (né en GB en 1941) : The Night of Kadar, 1978;
Roche-nuée
(Cloudrock, 1988); Abandonati (1988). Série des Rois
navigateurs : Le Manteau des étoiles (The Roof of Voyaging,
1996); Le Temps des guerriers (The Princely Flower, 1997);
La
Terre de brumes (Land of Mists, 1998).
Angela
Steinmüller (née en 1941) et Karlheinz Steinmüller (né en
1950), auteurs publiées en Allemagne de l'Est : Andymon (1982);
Pulaster
(1986), Der Traummeister (1990).
Michael
Crichton (1942-2008) : la Variété Andromède (1969), porté
à l'écran par Robert Wise (The Andromeda strain, 1970) et à la
télévision par Mikael Salomon (2008); l'Homme terminal (1972);
Sphère
(1987); Jurassik park (1990) adapté au cinéma par David Spielberg
(1993); réalisateur de Mondwest (1973) et de Runaway (l'Evadé
du futur, 1984).
Carolyn
J. Cherryh (née en 1942) : Les portes d'Ivrel (Gate of Ivrel,
1976); la Forteresse des étoiles (Downbelow Station, 1981);
l'Opéra de l'espace (Merchanter's Luck, 1982); Chanur
(The Pride of Chanur, 1982); Les Oubliés de Gehenna (Forty
Thousand in Gehenna, 1983);
Cyteen, 1988, Volte-face
(Rimrunners, 1989); Temps fort (Heavy Time, 1991);
Hellburner
(1992); Chanur's Legacy (1992);
Tripoint (1994). Série l'Univers
Etranger : Le Paidhi (Foreigner,1994);
Le Retour du
phoenix (Invader,1995);
Inheritor (1996);
Finity's
End (1997);
Precursor (1999);
Hammerfall (2001); Defender
(2001);
Explorer (2002);
Forge of Heaven (2004); Destroyer
(2005); Pretender (2006); Deliverer (2007); Regenesis
(2009); Conspirator (2009); Deceiver (2010); Betrayer
(2011); Intruder (2012); Protector (2013); Peacemaker
(2014); Tracker (2015); Visitor (2016).
Mike
Resnick (né au Kenya en 1942) : Ivoire (Ivory, 1988);
série de l'Infernale comédie (Paradis, 1989; Purgatoire,
1993;
Enfer, 1993), une réflexion post-coloniale; cycle de nouvelles
Kirinyaga
(1998) et Sous d'autres soleils (An Alien Land, 1998); l'Avant-Poste
(The Outpost, 2007). Autres séries du même auteur : Tales of
the Galactic Midway (1982-1983); Tales of the Velvet Comet (1984-1986);
Santiago
(1982-1987); Le Faiseur de veuves (1995-2005);
Starship (2005-2009),
etc.
Joe
Haldeman (né en 1943) : la Guerre éternelle (Forever war,
1974);
Forever peace (1997), Forever Free (1999);
Camouflage
(2004).
Lucius
Shepard (1943-2014) : la Vie en temps de guerre (Life During
Wartime, 1987); les Yeux électriques (Green Eyes, 1984);
Kalimantan
(1990).
Gianluigi
Zuddas (Italie, né en 1943) : I computer dell'Apocalisse (2007).
Vernor
Vinge (1944-2024) : Les Traquenards de Giri (The Witling,
1976); La Captive du temps perdu (Marooned in Realtime, 1986),
roman qui développe le concept de singularité
technologique (moment à partir duquel l'intelligence artificielle
prend le pas sur l'intelligence humaine), déjà présent, au cinéma,dans
la série des Terminator initiée en 1982 par James Cameron, qui
est aussi le fond de la série TV
Person of Interest
(2011-2016)
de Jonathan Nolan, et qu'ont encore repris d'autres auteurs, tels Rudy
Rucker (Postsingular, (2007, et Hylozoïc, 2009); The
Cookie Monster (2003); Rainbows End (2006). Série de
Zone
of Thought : Un feu sur l'abîme (A Fire Upon the Deep,
1992); Au tréfonds du ciel (A Deepness in the Sky, 1999);
Les
Enfants du ciel (The Children of the Sky, 2011).
Dean
Koontz (né en 1945) : Le Monstre et l'enfant (Beastchild,
1970); la Semence du démon (1973), adapté au cinéma sous le titre
Génération
Protéus.
Gordon
Eklund (né en 1945) : le Silence de l'aube (Eclipse of dawn,
1971); les Aires du réel (If the Stars Are Gods, 1974; A
Thunder on Neptune (1989). Il a aussi écrit de romans situés dans
l'univers de Star Trek.
M[ichael].
John Harrison (né en Angleterre en 1945) : The Committed Men
(1971); La Mécanique du centaure (The Centauri device, 1975);
Signs
of Life (1997); Suicide Coast (1999);
L'Ombre du Shrander
(Light, 2002); Nova Swing (2006);
Empty Space (2012).
Michael
Bishop (né en 1945) : le Bassin des coeurs indigo (A Funeral
for the Eyes of Fire, 1975); Transfigurations (1979);
No
ennemy but time (1982); Requiem pour Philip K. Dick (1987);
Brittle
Innings (1994); et, pour les plus jeunes : Joel-Brock the Brave
and the Valorous Smalls (2016).
Connie
Willis (née en 1945) : Le Grand Livre (1992); Remake
(1995); Les Veilleurs de feu (1985); Aux confins de l'étrange
(1993); Bellwether (1996); Sans parler du chien (To
Say Nothing of the Dog, 1997); Passage (2001), Tous assis
par terre (All Seated on the Ground, 2007), Blackout et All
Clear (2010); Crosstalk (2016).
Patrice
Duvic (né en France, 1946-2007) : Poisson-pilote (1979);
Naissez,
nous ferons le reste (1979), Terminus (1986); Végállomás
(1989); Autant en emporte le divan (1996).
Eileen
Gunn (née en 1945) autrice de nouvelles de SF réunies dans plusieurs
anthologies : Stable Strategies and Others
(2004); Steampunk Quartet (2011); Questionable Practices
(2014).
Scott
Baker (né en 1947) : L'Idiot-roi (Symbiote's Crown 1978).
John
Varley (né en 1947) : Dans le palais des rois martiens (nouvelles,
1978); Persistance de la vision (nouvelles, 1978); Millenium
(1983); Slow Apocalypse, 2012; Dark Lightning, 2014
Trilogie
de Gaïa : Titan (1979); Sorcière (Wizard,
1980); Demon (1984).
Série
des Huit Mondes : Le Canal Ophite (The Ophiuchi Hotline,
1977); Gens de la Lune (Steel Beach, 1992); Le Système
Valentine (The Golden Globe, 1998)
Série
de Thunder and Lightning : Red Thunder, 2003; Red Lightning,
2006; Rolling Thunder, 2008.
Élisabeth
Vonarburg (née en 1947 en France) : Janus (1980);
L'oiseau
de cendres (1982); Oneïros (1984); Band ohne Ende (1984);
La
maison au bord de la mer (1985); Le dormeur dans le cristal
(1986); La carte du Tendre (1986); Cogito (1988);
...
Suspends ton vol (1992); La course de Kathryn (2003);
Les
villes invisibles (2008).
James
Morrow (né en 1947) : le Vin de la violence (The Wine of
Violence, 1981); l'Arbre à rêves (The Continent of Lies,
1984); Ainsi finit le monde (This Is the Way the World Ends,
1986); Notre mère qui êtes aux cieux (Only Begotten Daughter,
1990); Cité de vérité (City of Truth, 1990), etc.
Stephen
King (né en 1947) : The Running Man (1982); les Tommyknockers
(1987); le Fléau (The Stand, 1978-1990); Dreamcatcher
(2001).
Stefano
Benni
(né en Italie en 1947) : Terra! (1983); Baol (1990).
Terry
Pratchett (né en Grande-Bretagne, 1948-2015) : il a surtout
écrit de la fantasy pour ados (on peut retenir sa série du
Disque-Monde,
plus d'une quarantaine de romans et une douzaine d'ouvrages périphériques).
A la SF proprement dite appartiennent : The Dark Side of the Sun (1976),
un space opera, et quatre romans écrits avec Stephen Baxter : The
Long Earth (2012), The Long War (2013); The Long
Mars (2014);
The Long Utopia (2015).
George
R. R. Martin (né en 1948) : l'Agonie de la lumière (1977);
Armageddon
Rag (1983). Il est également l'auteur de romans de fantasy,
dont la série le Trône de fer (à partir de 1997) a été adaptée
pour la TV sous le titre Game of Thrones.
Joan
Vinge (née en 1948) a écrit un grand planet opera (La Reine
des neiges, 1980; Finismonde, 1985; la Reine de l'été,
1991).
Pamela
Sargent (anthologiste et autrice née en 1948) : l'Etoile blanche
(The Sudden star,1979); la trilogie de Seed (pour les adolescents,
1983-2010); L'épreuve de Daiya (Watchstar, 1980) Vénus
des rêves, 1986; Le rivage de femmes (The Shore of Women, 1986);
Season
of the Cats (2016); nombreux romans et nouvelles dans l'univers de
Star
Trek (depuis 1982).
Dan
Simmons (né en 1948) : l'Homme nu (The Hollow Man,
1992); Muse of Fire (2007); les larmes d'Icare (Phases
of Gravity, 1989); Flashback (2011). Cycle d'Hypérion
(Hyperion Cantos) : Hyperion (1989); la chute d'Hypérion
(The Fall of Hyperion, 1990); Endymion (1996); l'Eveil
d'Endymion (The Rise of Endymion, 1997). Cycle d'Ilium
/ Olympos : Ilium (2003); Olympos (2005).
Haruki
Murakami (né au Japon en 1949) : La fin des temps (Sekai
no owari to hâdo boirudo wandârando, 1985); Kafka sur le rivage
(Umibe no Kafuka, 2003), entre fantastique et
slipstream.
Lois
McMaster Bujold (née en 1949) écrit des space operas (ex.
le cycle de Barrayar, 1991-1995).
Antoine
Volodine (né en France en 1950) : Biographie comparée de Jorian
Murgrave (1985); Un navire de nulle part (1986); Rituel du
mépris (1986); Des enfers fabuleux (1988); Nuit blanche
en Balkhyrie (1997); Terminus radieux (prix Médicis, 2014).
Karen
Joy Fowler (née en 1950) : recueils de nouvelles : Black Glass
(1988); What I Didn't See, and Other Stories (2010).
Mary
Doria Russell (née en 1950) : Le Moineau de Dieu (The Sparrow,
1996) et sa suite Children of God (1998). |
Michael
Swanwick (né en 1950) : Stations des profondeurs (Stations
of the Tide, 1991); le Baiser du masque (In the Drift,
1985); les Fleurs du vide (Vacuum Flowers, 1987; Jack
Faust (1997); Bones of the Earth is a 2002. Des romans qui se
situent entre cyberpunk et steampunk. The Dog Said Bow-Wow
(nouvelle postcyberpunk, 2001); The Periodic Table of Science Fiction
(118 brèves nouvelles, 2005).
L.
Timmel Duchamp
(née en 1950) : The Red Rose Rages (2005);
The Waterdancer's
World (2016); le cycle de Marq'ssan : Alanya to Alanya
(2005); Renegade (2006); Tsunami (2007); Blood in the
Fruit (2008); Stretto (2008).
Orson
Scott Card (né en 1951), auteur d'un cycle de romans, répartis dans
deux groupes dont les actions se déroulent en parallèle, la série d'Ender
(6 romans, 1985-2008, dont le premier a été adapté en 2013 par
Gavin Hood) et la saga de l'Ombre (5 romans, 1999-2012), On doit
encore à cet auteur plusieurs autres cycles : Les Chroniques d'Alvin
le Faiseur (depuis 1987), une uchronie dont l'action se situe aux Etats-Unis
au XIXe siècle;
Le Cycle de la Terre des origines (depuis 1992),
qui place dans un très lointain futur; etc.
Serge
Brussolo (né en 1951) : les Semeurs d'abîme (1983);
Portrait
du diable en chapeau melon (1982); Vue en coupe d'une ville malade
(1981); Sommeil de sang (1982); Procédure d'évacuation immédiate
des musées fantômes (1987); La nuit du bombardier (1989);
Le
Syndrome du scaphandrier (1992).
A.
A. Attanasio (né en 1951), un auteur plutôt tourné vers la fantasy
: cycle de Radix (Radix; 1981; In Other Worlds, 1984;
Arc
of the Dream, 1986; The Last Legends of Earth, 1989).
Zafar
Iqbal (né au Bangladesh en 1952) : Kopotrônic Shukh Dukkho
(1976 en bengali); Môhakashe Môhatrash (1977 en bengali).
Douglas
Adams (GB) (1952-2001) : Le Guide du voyageur galactique (cinq
romans entre 1979 et 1992 : The Hitchhiker's Guide to the Galaxy;
le
Dernier restaurant avant la fin du monde (The Restaurant at the End of
the Universe, 1980); La Vie, l'univers et le reste (Life,
the Universe and Everything, 1982); Salut, et encore merci pour
le poisson (So Long, and Thanks For All the Fish, 1984); Globalement
inoffensive (Mostly Harmless, 1992). D. Adams a aussi été
le scénariste de plusieurs épisodes de la série TV
Dr. Who.
Somtow
Sucharitkul (pseudonyme : S. P. Somtow; né en Thaïlande en 1952)
: Mallworld graffiti (nouvelles, 1981); Lumière sur le détroit
(1982); le Trône de folie (1983);
le Vent des ténèbres
(1985).
Kim
Stanley Robinson (né en 1952) : Les Menhirs de glace (Icehenge,
1984); S.O.S. Antarctica (Antarctica, Inc.,
1997);
Le
Rêve de Galilée (Galileo's Dream, 2009).
Série
du comté d'Orange : Le Rivage oublié (The Wild Shore,
1984); La Côte dorée (The Gold Coast, 1988); Pacific
Edge, 1992.
Cycle
de
Mars (sur le thème du terraforming) : Mars la rouge
(Red Mars, 1992); Mars la verte (Green Mars, 1993);
Mars
la bleue (Blue Mars, 1996); Les Martiens (The Martians,
nouvelles 1999).
Trilogie
climatique : Les Quarante Signes de la pluie (Forty signs of
rain, 2004); Cinquante degrés au-dessous de zéro (Fifty
degrees below, 2005); Soixante jours et après (Sixty days
and Counting, 2007).
Tim
Powers (né en 1952) : le Palais du déviant (Dinner at Deviant's
Palace, 1985); le poids de son regard (The Stress of Her
Regard, 1989) et sa suite Hide Me Among the Graves (2012);
Poker
d'âmes (Last Call, 1992); Date d'expiration (Expiration
Date, 1996, appartient à une trilogie); les Voies d'Anubis
(The Anubis Gates, 1983).
Candas
Jane Dorsey (née au Canada en 1952) : Black Wine (1997);
A
Paradigm of Earth (2001).
Valerio
Evangelisti (Italie, né en 1952) : Sepultura (1998); cycle
de l'Inquisiteur Nicolas Eymerich (9 romans, 1994-2010).
David
Weber (né en 1952), auteur de plusieurs cycles de space operas,
le plus important étant celui de l'Univers de Honor Harrington,
qui compte ue quarantaine de romans entre 1998 et 2015, certains écrits
en collaboration, et plusieurs recueils de nouvelles.
Andrea
Hairston (née en 1952) : Mindscape (2006); Redwood and Wildfire
(2011); Will Do Magic for Small Change (2016).
Walter
Jon Williams (né en 1953) : Aristoï (1992); The New Jedi
Order: Destiny's Way (2002); Implied Spaces (2008).
Série
de Câblé : Câblé (Hardwired, 1986); Solip:System
(1989, nouvelle); Le Souffle du cyclone (Voice of the Whirlwind,
1987); Angel Station (1989).
Série
du Plasma : Plasma (Metropolitan, 1995); La Guerre
du plasma (City on fire, 1997).
Série
de La Chute de l'empire Shaa (Dread Empire's Fall) : Mélancolie
des immortels (The Praxis, 2002); The Sundering, (2003);
Conventions
of War (2005); Investments ( 2008); Impersonations (2016).
Série
Privateers
and Gentlemen (sous le pseudonyme de Jon Williams) :
To Glory Arise,
1981; The Tern Schooner, 1981; Brig of War, 1981; The
Macedonian, 1981; Cat Island, 1981.
Série
de Drake Maijstral : Les Joyaux de la couronne (Jewels
of the crown, 1987); House of Shards (1988); Rock of Ages
(1995). Série de Dagmar Shaw : This Is Not a Game (2009);
Deep
State (2011); The Fourth Wall (2012); Diamonds from Tequila
(2014).
Lisa
Goldstein (née en 1953) : Sombres cités souterraines(Dark
Cities Underground, 1999); The Uncertain Places (2011).
Robert
Charles Wilson (né en 1953) : Les Chronolithes (The Chronoliths,
2001)); Blind Lake (2003); Spin (2005);
Axis (2007);
L'o10ssée
(Utriusque Cosmi, 2009);
Vortex (2011). Sur le thème des
univers parallèles : Darwinia (1998); Last Year (2016).
Claude
Ecken (né en France en 1954) : La mémoire totale (1985); L'univers
en pièce (1986); De silence et de feu(1989);
Les enfants
du silence (1989); L'autre Cécile (1989);
Le cri du corps
(1990);
Petites
vertus virtuelles (1999);
Le monde tous droits réservés (2005).
Il écrit aussi des polars.
Iain
M. Banks (1954-2013) : ENtreFER (The Bridge, 1986); La
Plage de verre (Against a Dark Background, 1993); Feersum
Endjinn (1994); L'Algébriste (The Algebraist, 2004).
L'Essence
de l'art (The State of the Art, nouvelles, 1991).
Série
de la Culture (1988-2012) : Une forme de guerre (Consider
Phlebas, 1987), L'Homme des jeux (The Player of Games,
1988); L'État des arts (The State of the Art, 1989);
L'Usage
des armes (Use of Weapons, 1990); Excession (1996); Inversions
(1998); Le Sens du vent (Look to Windward, 2000); Trames
(Matter, 2008); Les Enfers virtuels (Surface Detail,
2010); La Sonate Hydrogène (The Hydrogen Sonata, 2012).
Pat
Murphy (née en 1955) : La Cité des ombres (The Falling
Woman, 1986); The City, Not Long After (1989); There and
Back Again (1999); Adventures in Time and Space with Max Merriwell
(2001).
Pierre
Bordage (né en France en 1955) : Les Guerriers du silence (space-opera
en trois romans, 1993-1995); Les Portes d'occident, 1996 et Les
Aigles d'orient, 1997; Abzalon, 1998 et Orchéron, 2000;
etc. Qui-vient-du-bruit, 2002 et Le Dragon aux plumes de
sang, 2003; La Fraternité du Panca (space opera en 5
romans, 2007-2012).
Catherine
Asaro (née en 1955, souvent dans la veine de la hard science
fiction) : Série de l'empire Skolian : Primary Inversion
(1995);
Catch the Lightning (1996); The Last Hawk (1997);
The
Radiant Seas (1999); The Quantum Rose (2000);
Ascendant Sun
(2000); Spherical Harmonic (2001); The Moon's Shadow (2003);
Skyfall
(2003); Schism (2004);The Final Key (2005);
Alpha
(2006); The Ruby Dice (2008); Diamond Star (2009);
Carnelians
(2011). Undercity (2014) inaugure un nouveau cycle, mais toujours
dans l'univers Skolian.
Jack
Womack (né en 1956) : De l'avenir faisons table rase (Let's
put the future behind us, 1996. Série Dryco : Journal de
nuit (Random acts of senseless violence, 1993);
Heathern
(1990); Ambient (1987); Terraplane (1988);
L'Elvissée
(Elvissey, 1993); Going, Going, Gone (2000).
Robert
Reed (né en 1956) : La Voie terrestre (Down the Bright Way,
1991); Le Voile dans l'espace (Beyond the veil of stars,
1994) et Béantes portes du ciel (Beneath the Gated Sky,
1997);
Le Grand Vaisseau (Marrow, 2000) et Un puits dans
les étoiles (The Well of Stars, 2005); Sister Alice
(2003).
Jean-Claude
Dunyach (né en France en 1957); Le Jeu des sabliers (2
vol. 1987); Étoiles mortes (2 vol., 1991); Voleurs de Silence
(1992);
Roll
over, Amundsen (1993); La Guerre des cercles (1995); Étoiles
mourantes (co-écrit avec Yal Ayerdhal, 1999).
Frank
Schätzing (né en Allemagne en 1957) : L'Essaim (Der
Schwarm, 2004); Limit (2009).
Michel
Honaker (né en France en 1958) : un des auteurs dans la collection
Anticipation
du Fleuve Noir : Deux séries : Le Commandeur (9 romans, 1989-1991),
LeVorkull
(3 romans, 1986-1987) et plusieurs autres romans : Planeta non grata
(1982); Le semeur d'ombres (1985); Lumière d'abîme (1985);
Building
(1987);
Le fouilleur d'âmes (1988);
Enfer et purgatoire
(1989); L'oreille absolue (1992)
Neal
Stephenson (né en 1959) : Zodiac (1988); Cryptonomicon
(1999); Anathem (2008); Seveneves (2015). Stephenson, on
l'a vu, a été l'initiateur du courant post-cyberpunk avec Le
Samouraï virtuel (Snow Crash, 1992). D'autres ouvrages appartiennent
au courant steampunk : L'Âge de diamant ou Le Manuel illustré
d'éducation pour jeunes fille (The diamond Age or, a young lady's
illustrated primer, 1995); Quicksilver (2003); The Confusion
(2004);
The
System of the World (2004).
Yal
Ayerdhal (né en France en 1959-2015) : Demain, une oasis (1992);
Étoiles
mourantes (co-écrit avec Jean-Claude Dunyach, 1999).
Maurice
Dantec (né en France, 1959 - 2016) : les Racines du mal (1995);
Babylon
Babies (1999); Villa Vortex (2003); Cosmos Incorporated
(2005) et sa suite Grande Jonction (2006); Artefact : Machines
à écrire 1.0 (2007); Comme le fantôme d'un jazzman dans la station
Mir en déroute (2009); Métacortex (2010); Satellite
Sisters (2012).
Andreas
Eschbach (né en Allemagne en 1959) : Des milliards de tapis de
cheveux (Die Haarteppichknüpfer, 1995); Station solaire
(Solarstation, 1996); Die Wunder des Universums (1997); Kelwitts
Stern (1999); Kwest (Quest, 2001); Exponentialdrift
(2002); Le dernier de son espèce (Der Letzte seiner Art,
2003); Quantenmüll (2004); Maître de la matière (Herr
aller Dinge, 2011); Aquamarin (2015).
Ian
McDonald (né en 1960 en Irlande du Nord); : Desolation road
(1988, série de 3 romans entre 1988 et 2001); série India in 2047
(9 romans, 2004-2009); Brasyl (2007), The Dervish House (2010),
Luna
(trilogie, 2014-2015). etc.
Nicola
Griffith (née en 1960 au Royaume-Uni) : Mirrors and
Burnstone (1988) et Ammonite (1993); Slow River, 1995;
Hild
(2013)
Peter
F. Hamilton (né au Royaume-Uni en 1960), auteur de space operasqui
se répartissent entre plusieurs cycles : Greg Mandel (The Greg
Mandel Books, 1993-1995); L'Aube de la nuit (The Night's
Dawn Trilogy, 1996-2000); La Saga du Commonwealth (The Commonwealth
Saga, 2004-2005) et Les Naufragés du Commonwealth (The Chronicle
of the Fallers, 2014-2016); La Trilogie du Vide (Void Trilogy,
2007-2010).
Linda
Nagata (née en 1960) : Aux marges de la vision (Limit of
vision, 2001); Memory (2003); plusieurs cycles : Nanotech
Succession (4 romans, 1995, 2010); Stories of the Puzzle Lands
(2 romans, 2011, 2012); The Red (3 romans, 2013-2014).
Robert
J. Sawyer (né en 1960) : Calculating God (2000); Rollback
(2007); Wake (2009); Triggers (2012); Red Planet Blues (2013);
QuantumNight
(2016). Flashforward (1999), a inspiré une série TV (2009-2010)
du même titre.
Bernard
Werber (né en France en 1961) : les Fourmis (1991) et ses suites
(1992, 1996); Le papillon des étoiles (2006); Cycle de la Troisième
Humanité (2012-2014).
Giampietro
Stocco (Italie, né en 1961), auteur de plusieurs uchronies :
Nero
italiano (2003), au temps de Mussolini; La corona perduta
(2013), au temps de la Campagne d'Italie de Bonaparte; Nuovo mondo
(2010) où Vinci accompagne Colomb en Amérique.
Suzanne
Collins (née en 1962) : série des Underland Chronicles (5
romans de 2003 à 2007); série des Hunger Games (trilogie, 2008-2010),
adaptée au cinéma.
Michael
Chabon (né en 1963) : The Martian Agent, A Planetary Romance
(2003), steampunk; The Yiddish Policemen's Union (2007).
Cixin
Liu (né en 1963 en Chine) : Trilogie The Remembrance of Earth's
: The Three-Body Problem (Le Problème à trois corps, 2007);
The Dark Forest (2008);
Death's End (2010).
Serge
Lehman (né en France en 1964) : série de F.A.U.S.T (F.A.U.S.T.
(1996), Les défenseurs (1996); Tonnerre lointain (1997)
); L'ange des profondeurs (1997); Aucune étoile aussi lointaine
(1998).
Caitlin
R. Kiernan (en en Irlande en 1964) : La Fille qui se noie (The
Drowning Girl, 2012)
Jo
Walton (née en 1964) : Farthing (2006); Ha'penny (2007);
Half
a Crown (2008); Sleeper (2014).
Joanne
K. Rowling (née en 1965) : Harry Potter (1997-2007) appartient
à la fantasy, mais un des romans, Harry Potter et le Prisonnier
d'Azkaban (1999), aborde un thème SF, le voyage dans le temps.
Ann
Leckie (née en 1966) : Série des Chroniques du Radch (space
opera) : La Justice de l'ancillaire, (Ancillary Justice,
2013); L'Épée de l'ancillaire (Ancillary Sword, 2014);
La
Miséricorde de l'ancillaire (Ancillary Mercy, 2015);
Night's
Slow Poison (nouvelles, 2014); She Commands Me and I Obey (nouvelles,
2014).
Catherine
Dufour (née en 1966), à l'écriture empreinte d'humour et d'ironie,
publie des romans de science-fiction et de fantasy. Science-fiction : Blanche
Neige et les lance-missiles (2002), Le Goût de l'immortalité
(2005);
La Guerre des trois jours (2011). Fantasy : L'Enfer du
Troll (2007) ; Danse avec les lutins (2014).
Jean-Louis
Trudel (né au Canada en 1967) : auteur de plusieurs cycles :
Les
mystères de Serendib (1995-1996); Les saisons de Nigelle (1997);
Les
îles du Zodiaque (2001-2006), etc.
Laurent
Genefort (né en France en 1968) : auteur notamment d'une série, le
Cycle
d'Omale : Omale (2001); Les Conquérants d'Omale
(2002); La Muraille Sainte d'Omale (2004); L'Affaire du Rochile
(nouvelle, 2008); Les Omaliens (recueil, 2012); Les Vaisseaux
d'Omale (2014); Ethfrag (nouvelle, 2015).
Alain
Damasio (né en France en 1969) : La zone du dehors (2001);
La
horde du Contrevent (2004).
John
Scalzi (né en 1969) : Cycle du Vieil homme et la guerre
: Le Vieil Homme et la Guerre (Old Man's War, 2005), space
opera; Les Brigades fantômes (The Ghost Brigades, 2006);
La
Dernière Colonie (The Last Colony, 2007); Zoé (Zoe's
Tale, 2008); Humanité divisée (The Human Division,
2013); La Fin de tout (The End of All Things, 2015). Autres
romans : Imprésario du 3e type (Agent to the Stars, 2005);
The
Android's Dream (2006); Deus in machina (The God Engines,
2009); Fuzzy Nation, 2011; Au mépris du danger (Redshirts,
2012); Les Enfermés (Lock In, 2014) et Libération
(Unlocked: An Oral History of Haden's Syndrome, nouvelle).
Vandana
Singh (née en Inde) : The Woman Who Thought She Was a Planet and
Other Stories (nouvelles, 2008).
Anil
Menon (né en Inde) : The Beast with Nine Billion Feet (2009).
Paolo
Bacigalupi (né en 1972) : The Tamarisk Hunter (2006);
The
Bangler (2008); Ship Breaker (2010); The Drowned Cities
(2012); The Doubt Factory (2014); The Water Knife
(2015); A Hot Day's Night (2015).
China
Miéville (né au Royaume-Uni en 1972) . Plusieurs romans relèvent
du steampunk : Perdido Street Station (2000);
The Scar
(2002); Iron Council (2004). Il est également l'auteur de Embassytown
(2011), un space opera et de Railsea (2012), une dystopie.
Sarah
Hall (née en 1974) : The Carhullan Army (2007).
Jacek
Dukaj (né en Pologne en 1974) : Glace (Lód , 2007),
steampunk.
Hugh
Howey (né en 1975) : série de Silo (trilogie, 2011-2012, dystopie);
The
Shell Collector (2014); Phare 23 (Beacon 23, 2015)
Masimba
Musodza, (né au Zimbabwe en 1976) : MunaHacha Maive Nei? (2011)
en Shona); When the Trees Were Enchanted (2016).
Samit
Basu (né en Inde en 1979). Il écrit notamment des histoires
de superhéros : Turbulence (2012); Resistance (2013).
Nael
Gharzeddine (né au Liban) : triologie des Prophecies of Karma
: The Warning (2011); The Black Year (2012); The
New World (2013).
Nathan
M. Farrugia (né en 1983), auteur de thrillers biopunk : Helix
(2016) et série de la Fifth Column : The Chimera Vector
(2012); The Seraphim Sequence (2013); The Phoenix Variant
(2014). |
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