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La littérature suédoise
La littérature suédoise se divise assez naturellement en cinq périodes principales, qui correspondent sans trop d'écart à chaque siècle, à partir du XVIe siècle.

Période païenne et catholique (Moyen âge  jusqu'en 1521).
Les historiens de la littérature suédoise débutent volontiers par une étude sur les Eddas et sur les Sagas. Leur raison est que ces oeuvres, de forme islandaise, appartiennent par la matière, en partie au moins, au fonds commun scandinave. Les premiers textes proprement suédois sont, à côté d'inscriptions runiques de valeur linguistique plutôt que littéraire ou historique, des recueils de lois fort importants, transmis oralement pendant des siècles et transcrits au cours des XIIIe et XIVe siècles : Westgötalagen, Östgötalagen, Upplandslagen, etc. Un autre document remarquable de la même époque est le Gouvernement des rois, composé d'après un modèle étranger et donnant sur les idées politiques ayant cours alors de précieux renseignements. Le premier écrivain de valeur dont le nom nous soit parvenu est Petrus de Dacia (1240?- 1289), qui écrivit en latin une Vie de sainte Christine de Stumbelen et fit des traductions en suédois. Après lui, le magister Mattias (mort en 1350) traduisit les livres de Moïse (Le Pentateuque). Sainte Birgitte (ou Brigitte, 1303?-1373) est son élève : elle rédigea des Révélations d'un mysticisme exalté qui, aussitôt traduites en latin, se répandirent dans toute l'Europe chrétienne. Du cloître qu'elle avait fondé à Vadstena sont sorties de nombreuses traductions d'ouvrages sacrés et toute une littérature religieuse : sermons, homélies, légendes pieuses, psaumes, etc. 

La littérature profane est moins riche. Elle nous offre, outre la Cronica regni Gothorum d'Ericus Olai (mort 1486), écrite en latin, des chroniques suédoises rimées : Chronique d'Erik (1319), Chronique de Charles (1389-1452), etc. les Chants de la reine Eufémie (début du XIVe siècle), qui relatent les aventures d'Iwein Coeur de Lion, du duc Frédéric de Normandie et de Flore et Blancheflor, une excellente traduction rimée de la Légende du roi Alexandre, quelques autres oeuvres de même nature, de nombreuses et souvent exquises chansons populaires, et trois poésies tout à fait supérieures attribuées à l'évêque de Strengnaes, Thomas Simonsson (mort en 1443) : le Chant d'Engelbrekt, la Liberté, la Fidélité.

Période de la Réforme (XVIe siècle jusqu'en 1611). 
Grâce au zèle infatigable des deux réformateurs, Olaus Petri (1493-1552) et Laurentius Petri (1499-1573), traducteurs émérites de la Bible, prédicateurs éloquents, poètes et, le premier surtout, polémistes pleins de verve, le protestantisme - soutenu d'autre part fortement par Gustave Vasa (1490-1563), qui était lui-même un orateur d'une sobriété singulièrement vigoureuse - fit en Suède de rapides progrès et ne rencontra bientôt plus aucune opposition sérieuse dans le royaume. L'aîné des deux frères Petri n'était pas seulement un écrivain religieux fécond, il se révèle encore historien de premier ordre dans sa Chronique suédoise, qui va jusqu'au règne de Gustave Vasa et est très supérieure à l'histoire latine traitant la même période de l'archevêque Johannes Magnus (mort en 1544). Olaus Petri domine toute son époque, mais il serait injuste de ne pas nommer auprès de lui un de ses principaux collaborateurs, Laurentius Andreae (mort en 1552), qui fut un certain temps chancelier du roi, et l'historien même du roi : l'évêque Peder Svart (mort en 1562). Après eux, faisant transition avec la période suivante, nous rencontrons Johannes Messenius (1579-1636), auteur réputé de la Scandia illustrata et de tragédies patriotiques suédoises, qu'il opposait aux drames latins de son rival, le célèbre professeur d'Upsala et évêque de Vesteras, Johannes Rudbeckius (mort en 1646). Un autre poète dramatique écrivant vers le même temps est Magnus Olaus Asterophorus (mort en 1647), dont la pièce, Une joyeuse comédie du nom de Tisbe, est la plus spirituelle, malgré ses lourdeurs, de celles qui nous restent de l'ancienne littérature suédoise. Du XIVe siècle datent aussi quelques-unes des chansons populaires les plus répandues : Axel et Valborg, la Petite Karin, etc., et la traduction de poèmes étrangers : Reineke Vos et autres.

Période de la grandeur suédoise (XVIIe siècle jusqu'en 1718). 
Le XVIIe siècle est l'époque la plus glorieuse de la Suède politique. Elle prend une part très active à la guerre de Trente Ans, et l'on recherche son alliance. Pour en avoir fait une puissance militaire de premier ordre, Gustave-Adolphe, qui était lui-même un historien et un orateur remarquable, ne néglige ni les sciences, ni les lettres. Sous son règne, ainsi que sous celui de ses successeurs, Christine entre autres, les universités et écoles supérieures sont réorganisées, et l'on institue de nombreuses écoles secondaires et primaires. Certes, l'esprit qui anime ces établissements n'est pas celui de la liberté : il était dangereux de s'écarter alors de l'orthodoxie luthérienne la plus rigoureuse. Néanmoins les sciences font de grands progrès. Descartes et d'autres savants étrangers sont attirés en Suède et le fait d'être cartésien n'empêche pas Anders Rydelius (1671-1738) d'être nommé évêque. Dans la poésie, on s'inspire volontiers des modèles allemands, italiens ou hollandais; le silésien Opitz fait autorité. Vers la fin du siècle, l'influence, française, celle de Boileau surtout, semble l'emporter sur toute autre. 

Le plus grand écrivain da l'époque, et celui qui chez beaucoup d'historiens donne son nom à cette période, est Georges Stiernhielm (1598-1672), polygraphe étonnamment fécond - naturaliste, mathématicien, jurisconsulte, philologue, archéologue, et avec cela poète d'assez haut rang pour qu'on ait pu le qualifier de « père de la poésie suédoise», non tant, il est vrai, à cause de son imagination poétique, qu'à cause des réformes qu'il introduisit dans la versification. Ses disciples, ses contemporains, ses adversaires parfois, mais jamais ses rivaux tant il semble au-dessus deux, sont Lars Wivallius (1605-1669), poète original et irrégulier, qui compose alternativement et avec une égale conviction des psaumes et des chansons d'amour; Gustaf Rosenhane (1619-1684), sonnettiste spirituel de l'école de Ronsard; Lucidor le Malheureux (pseudonyme de Lasse-Johansson, 1640?-1674), qui doit son surnom aux tristesses que lui attire l'irrégularité de sa conduite, plein de talent d'ailleurs dans ses chansons bachiques on ses chants pieux; Samuel Columbus (1642-1679)) poète religieux, le plus intime ami de Stiernhielm; Peter Lagerlöf (1648-1699), psalmiste, orateur et humaniste très distingué; Urban Hjärne (1641-1724), médecin célèbre par ses découvertes en histoire naturelle, poète tragique dans sa jeunesse et polémiste vigoureux, qu'il s'en prenne aux procès faits aux sorcières ou aux réformateurs de la langue et de l'orthographe, tels que Jesper Svedberg (1653-1735), grammairien et auteur de chants sacrés; Hakan Spegel (1645-1714), archevêque à Upsala, grand orateur et poète religieux; Johan Runius (1679-1713), qu'on avait surnommé le prince des poètes, mort trop jeune pour avoir rempli toutes les promesses d'un talent aimable et très fin; Sofia Elisabet Bremer (1639-1730), excellente dans la poésie didactique et écrivant une langue particulièrement pure; Gunno Dahlstierna (1658-1709), grand admirateur de Ronsard et des Italiens, dont il copie les formes poétiques, poète au style souvent ampoulé, et ardent patriote; Samuel Trievald (1688-1743), disciple de Boileau dans ses satires, et Jakob Frese (1790-1729), qu'inspire une profonde foi chrétienne. Olof Rudbeck l'Ancien (1630-1702) , fils de Johannes Rudbeckius, le rival de Messénius, beaucoup plus âgé que les écrivains cités en dernier lieu, est un auteur tout à fait à part et dont les travaux rappellent ceux des encyclopédistes du siècle précédent; malgré les erreurs de son Atland, c'est un homme plein de savoir, dont l'activité fait grand honneur à la Suède du XVIIe siècle.

Période de « liberté » et période Gustavienne (XVIIIe siècle jusqu'en 1809). 
A l'époque de grandeur militaire et politique de la Suède, qui va de  Gustave-Adolphe à Charles XII, succède une époque moins brillante pour les armes et l'influence suédoises, moins autoritaire aussi dans le gouvernement intérieur - d'où son surnom de « liberté » - et d'autant plus brillante pour les lettres, les arts et surtout les sciences naturelles. Les écoles fondées au siècle précédent portent leurs fruits, et les savants sont assez nombreux et assez distingués pour constituer des sociétés scientifiques et des académies littéraires ou artistiques : Académie de peinture et de sculpture (1735), Académie des sciences (1739), Académie des belles-lettres (1753), Académie de musique (1772), Académie suédoise (1773), théâtre suédois (1773), etc. C'est le goût français qui prédomine : en littérature d'un bout du siècle à l'autre : l'esprit des classes cultivées étant tout imprégné du classicisme des Corneille, Racine et Molière jusqu'au règne de Gustave III, tout imprégné ensuite, pendant la période dite gustavienne, des idées philosophiques, libérales et humanitaires des Voltaire et Rousseau. Ceux qui - sans exclure la France - recherchent chez les Anglais, les Allemands ou les Danois, modèles ou inspiration, forment une minorité, mais ne sont pas les moins considérables. L'un de ceux-ci est Olof Dalin (1708-1763), le « fondateur de la prose suédoise », éditeur de la revue hebdomadaire, l'Argus suédois, où Addison lui sert de guide, auteur dramatique plus heureux dans la comédie que dans la tragédie, assez bon poète lyrique toujours, mais plus intéressant dans ses chansons populaires on plaisantes que dans la « grande » poésie, historien digne d'éloges, moins par la conscience de ses recherches que par l'art de la composition et la perfection du style. Hedvig-Charlotta Nordenflycht (1718-1763), Gustaf-Filip Creutz (1731-1763), Gustaf-Fredrik Gyllenborg (1731-1808) ont en littérature des sympathies françaises plus prononcées peut-être que Dalin, mais, pour ne pas appartenir à son cercle, ne diffèrent cependant guère de lui dans leur manière poétique, qu'ils composent des poésies lyriques sentimentales ou spirituelles, des pastorales en vers alexandrins, des poèmes héroïques, des idylles, des satires ou des fables.
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Dalin. Kellgren.
Olof Dalin
Johan Henrik Kellgren

A côté d'eux, on peut citer Anders Odel (1718-1775) et Olof Carelius (1702-1758), très populaires en leur temps et dont les poésies patriotiques sont encore dans bien des mémoires. Reinhold Gustaf Modée (1689-1752) est l'auteur de comédies imitées de Molière et d'Holberg, que l'on considère comme les meilleures de l'époque. Son rival, Kart Gyllenborg (1679-1746), ridiculise dans sa comédie « suédoise » ceux qui suivent servilement les modes de France. Les principaux romanciers sont alors Jakob Henrik Mörk (1714-1763) et Jakob Wallenberg (1746-1778); le premier prend l'exemple de l'auteur du Télémaque, le second préfère Swift et Holberg et raconte avec humour et esprit un voyage dans les Indes orientales vers 1770. Karl Gustaf Tessin (1695-1770), Anders-Johan von Höpken (1712-1789), Olof Bergklint (1733-1805) se distinguent comme orateurs académiques : Tessin et Höpken sont aussi des hommes politiques éminents, Bergklint est aussi poète et critique. En histoire, Sven Lagerbring (1707-1787) est le rival heureux de Dalin par son érudition, mais ne l'égale pas par les qualités littéraires. Un autre érudit de premier ordre est Johan Ihre (1707-1780), archéologue, historien, économiste et par-dessus tout philologue et lexicographe. Le botaniste Karl Linné (1707-1778), qui doit sa célébrité à ses travaux d'histoire naturelle, appartient aussi à la littérature par ses récits de voyage et ses descriptions, composés en une prose que l'on place au rang des plus pures de la langue suédoise. Comme Linné, Emanuel Swedenborg (1688-1772) était un grand naturaliste, mais son nom a été rendu illustre bien plus par ses recherches philosophiques et religieuses que par ses études scientifiques.

Aucun écrivain ne forme une transition plus naturelle entre la période de Dalin et celle de Gustave III, que le poète et chansonnier Carl-Michael Bellman (1740-1795), le plus original des poètes suédois et le seul, sans doute, dont la persistante popularité puisse être comparée, malgré la différence des genres, à celle de Tegnér (1782-1846) ou de Runeberg. Dès avant Gustave III, il avait composé plusieurs de ses chansons les plus réussies, mais c'est sous ce prince, dont il chante les temps joyeux avec une pointe de mélancolie, que son talent, fait de naturel, de verve et de bonhomie narquoise, s'épanouit pleinement.
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Carl-Michael Bellman.
Tegnér.
Carl-Michael Bellman
Esaias Tegnér.

Autour de Gustave III (1716-1792), auteur d'opéras, de drames historiques et de comédies dans le goût français, se groupent les écrivains « académiques » : Johan Henrik Kellgren (1751-1795), journaliste, critique, poète satirique, didactique, lyrique et dramatique, grand admirateur de Voltaire, dont il s'efforce de suivre les traces; Karl Gustaf Leopold (1756-1829), d'un talent moindre, mais de même nature que le précédent, qu'il égale en influence, grâce à sa plus longue activité; Johan Gabriel Oxenstjerna (1750-1818), poète satirique et idyllique; Gudmund-Göran Adlerbeth (1751-1818), plus intéressant aujourd'hui par ses notes historiques sur Gustave III et la cour que par ses oeuvres dramatiques ou ses traductions des classiques latins. On peut encore ranger parmi les auteurs académiques Anna Maria Lenngren (1755-1817), un des poètes les mieux doués de la Suède, aussi spirituelle que ses confrères, avec plus de douceur avenante, et brillant comme eux dans les genres les plus divers. En dehors du groupe académique, sans lui être hostile, quelques poètes de second ordre réussissent, à côté de Bellman, dans la poésie légère et comique : Olof Rudbeck (1750-1777), le petit-fils de l'auteur de l'Atland, publie avec succès un poème héroï-comique : Karl Israël Hallman (1732-1800) compose le premier vaudeville suédois et Olof Kexel (1748-1796), une comédie, le Capitaine Puff, qui se joue encore. Dans l'opposition, procédant de Rousseau et de Klopstock plutôt que de Voltaire ou de Wieland, Bengt Lidner (1757-1793), un vrai poète lyrique, sentimental, d'une grande richesse d'imagination, passionné, s'élevant au sublime, mais inégal dans toutes ses oeuvres, dont pas une ne paraît achevée; Tomas Thorild (1759-1808), assez médiocre comme poète, mais critique de grand mérite, penseur souvent profond et polémiste vigoureux dans sa lutte contre Kellgren, Leopold et les théories classiques; Karl August Ehrensvärd (1745-1800), qui se tient plus à l'écart des questions littéraires et se spécialise dans la critique d'art, où son maître est Winckelmann. L'histoire politique est représentée sous les Gustave par Anders Schönberg (1737-1811), Karl Kristoffer Gjörwell (1734-1811), Jonas Hallenberg (1748-1834), Fredrik-Axel von Fersen (1719-1794), auteur de mémoires, ainsi que Gustaf Johan Ehrensvärd (1746-1783), etc.; l'histoire littéraire par Georg Adlersparre (1760-1835), Gustaf Abraham Silverstolpe (1772-1811), etc.; la philosophie par Benjamin Höjer (1767-1812), très courageux disciple de Kant, à une époque où la doctrine de celui-ci n'était pas admise encore dans les universités suédoises.

Période romantique : Phosphoristes, Goths. XIXe siècle.
Au début du XIXe siècle,les tendances littéraires sont très diverses et les écoles nombreuses; elles se combattent avec vivacité toujours, parfois avec violence. Néanmoins il est souvent difficile de les distinguer les unes des autres, et tel auteur, même parmi les grands, qui, par ses oeuvres, appartient à un groupe se rattache à un autre par des raisons d'amitié ou de convenances personnelles ou sociales. Entre les écoles opposées, certains ne prennent pas nettement position ; dans la lutte, ils restent « neutres ». Tels sont ceux qui, tout en maintenant la tradition classique, acceptent volontiers une part des idées nouvelles. Aux Dalin et Kellgren succèdent Frans Mikael Franzén (1772 - 1847), poète gracieux et d'un sentiment délicat et tendre; Johan David Valerius (1776-1852), dont on ne lit plus guère les oeuvres didactiques ou lyriques, mais très aimé de ses contemporains; l'archevêque Johan Olof Wallin (1779-1839), prédicateur et psalmiste, poète profane de valeur dans son hymne à la liberté par exemple, composé en l'honneur de Georges Washington, ou dans son Ange de la Mort; Vitalis (pseudonyme d'Erik Sjöberg 1794-1828), écrivain triste et doux, comique à l'occasion; Bernhard de Beskow (1796-1868), secrétaire de l'Académie suédoise pendant de longues années et auteur dramatique de second ordre; Hans Järta (1774-1847), un des premiers publicistes de la Suède, etc. 

Phosphoristes et Goths.
C'est entre les années  1810 et 1820 que la querelle fut particulièrement chaude entre les classiques d'un côté et les « Phosphoristes », faiblement soutenus par les « Goths » de l'autre. Léopold, déjà vieux, conduisait les classiques à la bataille; il était soutenu par Per-Adam Wallmark (1777-1858), polémiste plein de verve, qui avait mis à la disposition des académiciens son journal littéraire et théâtral. Les Phosphoristes, réunis sous la bannière de la société de « l'Aurore », défendaient leurs idées dans le Polyifem (1809-1812), dans le Phosphoros (1810-1813), d'où leur nom, et dans la Gazette suédoise de littérature (1813-1824); le Calendrier poétique (1812-1822) publiait leurs oeuvres. La « Société gothique » avait comme organe la revue Iduna (1811-1824). Moins intransigeants que les Phosphoristes vis-à-vis de la « raison » classique, les Goths ne différaient cependant guère d'eux par leur programme poétique; comme eux, ils faisaient appel avant tout à l'imagination et à la sensibilité, et comme eux, ils recommandaient l'étude de la vieille littérature nationale ou celle des poètes étrangers : Shakespeare, Dante, Klopstock, Schiller, Goethe, etc. Mais ils étaient plus uniquement poètes, et dans leur culte pour un glorieux passé, poètes plus exclusivement scandinaves; les questions théoriques, qui passionnaient les Phosphoristes au point de faire dégénérer les discussions avec leurs adversaires en attaques personnelles, restaient chez eux au second plan.

Les principaux représentants de l'école phosphoriste sont : Lorenzo Hammarsköld (1785-1827), fondateur en 1803 d'une société de belles-lettres, satiriste mordant et poète médiocre; Per-Daniel-Amadeus Atterhom (1790-1855), biographe intéressant des poètes suédois et très remarquable dans ses oeuvres allégoriques et symboliques, inspirées par la philosophie de Schelling; Wilhelm-Fredrik Palmblad (1788-1852), critique et romancier, auteur de nouvelles romantiques d'une grande fraîcheur de style; Karl-Fredrik Dahlgren (1791-1844), écrivain humoriste et satirique, très connu grâce à quelques-unes de ses chansons à la manière de Bellman; Klas Livijn (1781-1844), S.-J. Hedborn (1783-1849), Julia Nyberg ou Euphrosyne (1785-1854), A.-A. Grafström (1790-1870) etc.; Erik-Johan Stagnelius (1793-1823) et Karl-August Nicander (1799-1839), sans faire partie ni l'un ni l'autre du cercle des Phosphoristes, se rattachent cependant assez bien - avec un plus grand souci de la forme - à ce groupe littéraire. Tous deux emploient une langue poétique d'une extrême pureté; le premier a laissé des poésies lyriques d'une mélancolie poignante, une épopée et de beaux drames philosophiques; le second un drame, le Glaive runique, accueilli avec enthousiasme, des poésies épiques et lyriques et des nouvelles.
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Phosphoros (revue suédoise).
La revue Phosphoros.

C'est à l'école gothique, dont il est un des chefs malgré certaines sympathies classiques, qu'appartient l'évêque Issaias Tegnér (1782-1846), le plus illustre des poètes suédois. A une connaissance approfondie des antiquités classique et scandinave et des littératures étrangères, il joint les dons naturels d'une imagination puissante et d'un goût très sûr. Son oeuvre, si l'on en écarte les Discours et la Correspondance, n'est pas considérable, mais a néanmoins exercé la plus grande influence sur tous les poètes qui ont suivi, parce que Tegnér a su être à la fois, sans aucun sacrifice, classique et romantique, et qu'il a donné à sa poésie un caractère vraiment national, vraiment scandinave. Son Fritjof et son Axel synthétisent, si l'on peut dire, toutes les aspirations des écrivains du temps. A côté de lui, l'âme de la Société Gothique : Erik-Gustav Geijer (1783-1847), historien, poète, philosophe, musicien même, occupe un rang très élevé. Un amour ardent, mais non aveugle, pour la Suède, l'inspire en ses oeuvres les plus diverses et donne à toutes une rare élévation de forme et de pensée; Per-Henrik Ling (1776-1839) est lui aussi - avec A.-A. Afzelius (mort en 17851-870), le traducteur de l'Edda, G.-V. Gumälius (1789-1877), l'auteur du premier roman historique et national suédois, et quelques autres - un des Goths les plus enthousiastes; il partage son temps entre la gymnastique, dont il est le rénovateur, et la poésie; et pour s'être efforcé d'augmenter la vigueur physique chez ses compatriotes, il n'en est pas moins un poète fort honorable dans ses chants en l'honneur des vieux héros de la Scandinavie et dans ses idylles.

De 1830 à 1870.
Le second tiers du XIXe siècle, de 1830 environ à 1870, est marqué en Suède, comme dans presque toute l'Europe, par le rapide développement des idées scientifiques et libérales. Entre les écoles littéraires la paix est faite on à peu près. Sous l'impulsion d'un journaliste libéral de grand talent, Lars Hierta, le fondateur du Journal du soir (Aftonbladet), qu'il dirige de 1830 à 1851, la presse politique suédoise prend une extension et une importance inconnues jusqu'alors. Les établissements d'instruction publique de toutes natures se multiplient partout, et il n'est si petite bourgade qui n'ait son école primaire.

Les philosophes, dont Kristofer-Jakob Boström (1797-1866) est le chef incontesté, exposent librement leurs doctrines. Les historiens et les philologues comme Bror-Emil Hildebrand (1806-1884), Johan-Erik Rydqvist (1800-1878), etc., poursuivent leurs savantes recherches avec un souci toujours plus grand de l'exactitude. 

Les sciences physiques et naturelles ont d'illustres représentants et la géographie cite avec fierté Adolf Nordenskjöld (né en 1832) entre autres. Parmi les romanciers et les poètes, nombreux sont ceux dont on lit encore aujourd'hui les oeuvres avec plaisir. Tels : Karl-Jonas-Love Almgvist (1793-1866), qui, dans ses oeuvres lyriques, épiques, dramatiques, romanesques, philosophiques ou historiques, défend avec une ardeur souvent géniale, mais peu réglée, les idées de tolérance, d'égalité et de liberté; Johan-Ludvig Runeberg (1804-1877; Les Chasseurs d'élans [1832], Le Roi Fjalar [1844], Les récits de l'enseigne Stäl [1848-1860]), finlandais et, avec Tegnér, le plus grand des poètes dont se glorifie la langue suédoise; Karl-Vilhelm Böttiger (1807-1878), poète lyrique et critique littéraire d'une grande finesse dans ses études sur Tegnér, Stagnelius, Kellgren. etc.; Bernhard-Elis Malmström (1816-1865), historien de la littérature lui aussi, et auteur de ballades et d'élégies d'une intense émotion; Johan Nybom (1815-1889), un des plus distingués disciples de Tegnér; K.-V.-August Strandberg (ou Talis Qualis, 1818-1877), poète patriote dont l'ardeur se calma un peu avec l'âge et traducteur émérite - ainsi que le shakespearien Karl-August Hagborg (1810-1864) - des poètes étrangers, de Byron entre autres; Karl-Anton Wetterbergh (ou Onkel Adam (1804-1889), auteur de nouvelles et de romans d'une langue très simple et familière, mais non sans saveur; August Blanche (1811-1868), écrivain dramatique et feuilletoniste, qui réussit particulièrement dans la comédie et dans ses contes d'une juste observation et d'un amusant réalisme; Frederika Bremer (1801-1865) et Emilie Flygare-Carlén (1807-1892), romancières toutes deux, et qui, toutes deux, ont eu en Europe leur temps de célébrité; Oskar-Patrik Sturzen-Becker (1811-1879), romancier plein d'humour et poète de mérite; Viktor Rydberg (1828-1895), le plus artiste peut-être des poètes suédois de premier rang, dont il est, romancier avec cela, historien et critique de la plus haute valeur. 

D'autres encore appartiennent à cette génération, dont les oeuvres principales parurent avant 1870 : Gunnar Wennerberg (né en 1817), chantre humoristique de l'étudiant d'Upsala et poète patriote; Zacharias Topelius (né en 1818), finlandais, successeur de Runeberg, dont il approche parfois sans jamais l'égaler; Frans-Hadberg (né en 1828), dont les pièces déjà anciennes plaisent toujours au public suédois; Oscar Il (né en 1829), roi libéral, poète distingué et grand orateur; Carl-Rypert Nyblom (né en 1832), professeur de littérature et d'esthétique à Upsala, poète plein de fraîcheur et de sentiment.

Snoilsky, Strindberg, Heidenstamm.
Trois noms dominent les autres dans la littérature de la seconde moitié du XIXe siècle et en marquent trois moments divers et successifs. Ce sont ceux de Snoilsky, de Strindberg et de Heidenstamm. 
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Snoilsky.
Strindberg.
Verner von Heidenstam
Carl-J.-G. Snoilsky  August Strindberg
Verner von Heidenstam 

Le comte Carl-Johan-Gustaf Snoilsky (1841-1903), poète d'un réalisme pittoresque et d'un robuste sensualisme, chanteur enthousiaste de l'Italie, qu'il décrit superbement, débuta en 1862 par un recueil de vers dont le succès fat extrême. Les oeuvres qui suivirent répondirent à l'attente générale : il est sans conteste le prince des poètes suédois. Jusque vers 1880, aucun écrivain n'attire autant que lui l'attention du public lettré. 

C'est alors qu'August Strindberg (1849 - 1912) publie son roman la Chambre rouge (1879), qui est comme le manifeste de l'école réaliste et naturaliste en Suède. Suivront, notamment : Père (1887), L'Inferno (1897, écrit en français), Le Chemin de Damas (1898-1904), la danse de mort (1900), Le Songe (1901), la Reine Christine (1903), Sonate des spectres (1907). Autour de lui se groupent les jeunes littérateurs. Son génie âpre, brutal, intransigeant, qui continuellement déconcerte, semble indiscutable. Son influence sur ses contemporains est prépondérante pendant dix ans environ, éclipsée alors quelque temps par Verner von Heidenstam, romantique de la dernière heure. L'oeuvre de Strindberg retrouvera une importance nouvelle au XXe siècle, qui reconnaîtra en lui le plus grand écrivain suédois.

Les Années de pèlerinages et d'errances (1888) et Endymion (1889) de Verner von Heidenstam (1859-1940) sont des oeuvres d'un tour tout personnel, qui ont révélé un écrivain à la palette d'une extraordinaire richesse, épris de haute poésie, idéaliste et rêveuse, mystique et symbolique. Ses ouvrages : Hans-Alienus (1892), les Carolins (1897-1898), Pensées et Dessins (1899), l'Arbre des Folkungar (1906) n'ont fait qu'accroître son autorité sur sa génération. 

Ce sont là les chefs, mais d'autres sont très près d'eux et sont parfois leurs heureux rivaux. 

D'un siècle à l'autre.
A côté de Snoilsky, il convient de nommer Carl-David af Wirsén (1842-1912), poète d'un spiritualisme délicat, et critique d'une intransigeance hautaine dans sa lutte contre les jeunes écoles; à côté de Strindberg, moins violents que lui et d'une psychologie plus raffinée : Anne-Charlotte Edgren-Leffler (1849-1892), Ernst Ahlgren (pseudonyme de Victoria Benedictsson,1850-1888),  Gustaf af Geijerstam (1858-1909) et Tor Hedberg (1861-1931), romanciers et dramaturges, les derniers surtout, d'une réelle valeur; à côté de Heidenstam, Oscar Levertin (1861-1896), son ami et à l'occasion son collaborateur, poète d'un mysticisme exquis, harmonieux et délicat entre tous, et critique aussi perspicace et sûr que brillant. -
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Victoria Benedictsson.
Selma Lagerlof.
Anne-Charlotte Leffler.
Victoria Benedictsson Selma Lagerlöf.
  Anne-Charlotte Leffler 

La « Jeune Suède », que la « Jeune Norvège » a fait trop négliger, compte encore, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, bien des écrivains charmants et richement doués qu'on ne fera que citer ici, mais qui, s'il ne fallait finir, mériteraient autre chose qu'une simple mention  : Helena Nyblom (1843-1926), Alfhild Agrell (1849-1923), Karl Alfred Melin (1849-1919), Albert Ulrik Baath (1853-1912), Sigurd (pseudonyme de A. Hedenstjerna, 1852-1906), Harald Molander (1858-1900), Ole Hansson (1874-1940; Sensitiva amorosa [1887]), Selma Lagerlöf (1859-1940; Saga de Gösta Berling [1891], Jérusalem [1901], Le Merveileux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède [1906]), Ellen Key (1849-1926), Anna Wahlenberg (1858-1933), Mathilda Roos (1852-1908), Mark Stern, puis de poètes, tels que Gustaf Fröding, qui subit l'influence de Heidenstam et des romantiques anglais (1860-1911; Guitare et accordéon [1891] Nouvelles poésies [1894], Eclats et lambeaux [1896]), Erik Axel Karfeldt (1864-1931; Chansons de Fridolin [1898]), Per Hallström (1866-1960), Karl Forsslund (1872-1941), Magnus Nördlindh (1875-1908), etc.

On ne saurait terminer ce tableau de l'activité littéraire de la Suède au XIXe siècle sans nommer encore les excellents historiens, archéologues et critiques que sont : Clas-Teodor Odhner (1836-1904), Hans Hildebrand (1842-1913), Oscar Montelius (1843-1921), Harald Wieselgren (1835-1906), Karl Warburg (1852-1918), Hjalmar Söderberg (1869-1941; La jeunesse de Martin Birck [1901], Docteur Glas, [1906]), Henrik Schück (1855-1947), et tant d'autres, que l'on passe à regret. (Th. Cart).

Le XXe siècle (et depuis)

Jusqu'à la Seconde guerre mondiale.
Nombre des auteurs que l'on vient de mentionner ont continué de publier pendant les premlières décennies du XXe siècle. Il faut attendre l'époque de la Première Guerre mondiale pour assister à l'apparition d'une nouvelle génération, dont les oeuvres ont souvent une tonalité tragique et désespérée. Les principales figures de ce courant sont celles de Pär Lagerkvist (1891-1974; Angoisse [1916], le Bourreau [1933], Le Nain [1944, roman anti-nazi, comme le précédent]), de Vilhelm Ekelund (1880-1940, l'Etoile de la mer) et de Birger Sjöberg. On peut y rattacher les oeuvres romanesques d'Agnes von Krusenstjerna (1894-1940; Tony [1922-1926), Les Demoiselles von Pahlen [1930-1935], Noblesse pauvre [1936-1938]) et de Hjalmar Bergman (1883-1931; Amourer [1910], le Testament de Hans Nåds [1910], Jeux de marionnettes [1917], Mémoires d'un mort [1918, Jac le Clown [1930]), dans lequel on a voulu voir le successeur de Strindberg.
 

Harry Martinson et  Ivar Lo-Johansson Pär Lagerkvist.
Harry Martinson (à gauche) et  Ivar Lo-Johansson
Pär Lagerkvist

Entre les deux guerres mondiales, on assiste à l'émergence d'une littérature prolétarienne, à la fois réaliste et d'une sincérité brutale, que représentent Harry Martinson (1904-1978; Voyages sans but [1932], Même les orties fleurissent [1935]) et son épouse Moa Martinson (1890-1964; les Femmes et les pommiers [1934], Ma mère se marie [1936], la route sous les étoiles [1940]), Artur Lundkvist (1906 -1991;  Flamme [1928], Dragon de sang [1936]), Jan Fridegård (1897-1968, Une nuit en juillet [1933], Miséricorde [1936]), et Ivar Lo-Johansson (1901-1990; Descente aux enfers, cinq semaines dans le monde des déshérités [1929], Tsiganes, un été sur les sentiers des sans-abri [1929], Terres prolétaires [1941]), à la fois romancier et journaliste. Rudolph Blindage Lund au théâtre, Joseph Stewart avec ses histoires de marins et Vilhelm Moberg appartiennent aussi à ce courant. Parallèlement, on écrit contre la montée en Europe des fascismes et du nazisme ou en réaction au totalitarisme stalinien. On a déjà cité  Pär Lagerkvist, il faut ajouter  Eyvind Johnson (1900-1976; Voici la nuit [1932]; Krilon [1941-1943], Heureux Ulysse [1946]) et  Karin Boye (1900-1941), qui après un séjour en URSS publie La Kallocaïne [1940], qui inspirera George Orwell pour son 1984.

Après 1945
La plupart des auteurs que l'on vient de citer poursuivent leur oeuvre : Pär Lagerkvist (Barabbas [1950], la Sybille [1956], Mariamne [1967]),  Ivar Lo-Johansson (Elektra [1967], Pour un écrivain [1988] ), Jan Fridegård (le Soldat suédois [1959], la Courte-paille [1966]), Eyvind Johnson (La Marche du temps [1955], Le Temps de sa grâce [1960]). C'est également le cas d'autres écrivains qui avaient commencé à publier avant la guerre, tels les représentants du lyrisme moderne que sont Gunnar Ekelöf (1907-1968, En automne [1951]) et Erik Lindegren (1910-1968, Le sacrifice de l'hiver [1954]), etc.

Enfin, on doit mentionner parmi les auteurs qui se révèlent au cours des années qui suivent la guerre : Astri Birgitta Trotzig (1929 - 2011, Les Destitués [1957], la Fille du Roi crapaud [1988]), Per-Olof Sundman, écrivain influencé par Hemmingway et homme politique dont le passé nazi ne sera connu qu'après sa disparition (1922-1992,  Les Chasseurs  [1957], L'Expédition [1962], l'Histoire de Sam [1977]),  le poète et peintre surréaliste Öyvind Fahlström (1928-1976, Oiseaux de Suède [1962]), Sven Delblanc (1931-1992, La Cape du pasteur [1963], Homunculus [1965], Speranza [1980]),  Per Odensten (né en 1938, Gheel [1981], Une lampe qui fait l'obscurité [1999]; Horntrollet [2007]).

Il existe également un courant engagé politiquement à gauche, plutôt social-démocrate, volontiers tiers-mondiste, et qui prolonge le courant prolétarien d'avant-guerre : Sara Lidman (1923-2004, le Puits de goudron [1953], Hjortronlandet [1955], Moi et mon fils [1981], Minutes d'innocence [1999]), Göran Palm (né en 1931, la Visite du Chien [1961], Endoctrinement en Suède [1968], Conte d'hiver en Suède [1984-2004, 4 parties]), le journaliste Per Wästberg (né en 1933, Sur la liste noire [1960], l'Ombre de l'incendie [1986], Retour dans le temps [2004, poésies]), Jan Myrdal (né en 1927, Rapport sur un village chinois [1963], le Cambodge et la guerre [1979], Enfance [1982], Meccano [2005]), etc. 

On peut leur rapprocher le républicain Vilhelm Moberg (1898-1973, tétralogie des Emigrants [1949-1959], à propos de l'émigration suédoise aux Etats-Unis au XIXe siècle) et Lars Gustafsson (né en 1936, La Mort d'un apiculteur [1978], le Chagrin de Mme Dahl [2008] ). Les idées féministes sont portées notamment par Kerstin Ekman (née en 1933, tétralogie : Les Ronds de sorcières [1974], le Printemps [1976], la maison de l'Ange [1979], Une ville de lumière [1983]), auteure également de romans policiers (Les Trois petits maîtres (Sous la neige) [1961], le temps mort [1963]).

A côté de ces courants, des individualités fortes se font aussi jour. On mentionnera : Per Gunnar Evander (né en 1933, Deux comédies [1973], les Poings noués de Judas Iscariote [1978], Dans ma jeunesse j'ai souvent réfléchi [2005]),  Göran Tunström (1937-2000, Les Saints géographes [1973], L'Oratorio de Noël [1983], Le buveur de Lune [1996], le Livre d'or des gens de Sunne [1998]), Carl Henning Wijkmark (né en 1934, la Mort moderne [1978], la Draisine [1983], la nuit qui s'annonce [2007]),  Torgny Lindgren (né en1938, le Chemin du Serpent [1982], Bethsabée [1984], la Lumière [1987], L'Arbre du prince [2001]).

La poésie est d'abord représentée par Tomas Tranströmer (né en 1931, Vision nocturne [1970], Baltiques [1974], A la vie à la mort [1989]), Bruno K. Öijer (né en 1951, Guillotine [1981], Noir comme l'argent [2008]), Kjell Espmark (né en 1930; Microcosmos [1961], Signes à l'Europe, [1982], le Voyage de Voltaire [2000]), également historien de la littérature, et à qui on doit notamment plusieurs ouvrages sur Harry Martinson. On peut aussi relever les noms de trois poètes qui s'inscrivent dans le sillage d'Oyvind Fahlström : Bengt Emil Johnson (1936-2010), Åke Hodell (1919-200) et Leif Nylén (né en 1939). 

Au théâtre, on rencontre les figures de Lars Norén (né en 1944, trilogie [1982-1986] : Le Courage de tuer, La nuit est mère du jour, Le Chaos est proche de Dieu; Sang [1994]; À la mémoire d'Anna Politkovskaïa [2008]), également poète, et du romancier et dramaturge Per-Olof Enquist (né en 1934, Le Cinquième hiver du magnétiseur [1964], le Second [1971], la Bibliothèque du capitaine Némo [1991]).

Le polar suédois.
Remarquons enfin que la littérature suédoise connaît un intérêt particulier à l'étranger grâce à ses auteurs de romans policiers. Dans les années 1960, Maj Sjöwall (née en 1935) et Per Wahloo (1926-1975), créent le personnage du détective Martin Beck. Vient ensuite Henning Mankell (né en 1948), avec sa série sur Kurt Wallander, dont les romans sont traduits en 37 langues. Pour sa part, Åke Edwardson (né en 1953), attache son nom à celui du commissaire Erik Winter

Parmi les autres spécialistes du genre, on relève les noms de Liza Marklund (née en 1962), Helene Tursten (née en 1954) créatrice  de l'inspecteur Irene Huss, Mari Jungstedt (née en 1962) dont les héros récurrents sont le détective Anders Knutas et le journaliste Johan Berg, Camilla Läckberg (née en 1974), Åsa Larsson (née en 1966),

Notons encore Håkan Nesser (né en 1950), Jan Arnald (né en 1963), Leif  Persson (né en 1945), Johan Theorin (né en 1963), Stieg Larsson (1954-2004), connu pour sa trilogie Millenium (2005-2007) et Jan Guillou (né en 1944), auteur, notamment, de romans d'espionnage.



Régis Boyer, Histoire des littératures scandinaves, Fayard , 1996.

Thierry Maricourt, Voyage dans les lettres suédoises : Présentation suggestive, critique et non exhaustive de la littérature suédoise traduite en français, L'Elan, 2007

Lucien Maury, Litterature suédoise, Sagittaire, 1940.

Jean-Jacques Ampère, Littérature et voyages. Allemagne et Scandinavie, rééd. Adamant Media Corporation, 2001.




Page sur la littérature suédoise du site des Bibliothèques valentinoises.(mini-biographies d'auteurs et conseils de lecture).
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