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Dictionnaire, collection de mots (dictiones). - Ce terme s'applique spécialement au recueil, à l'inventaire de tous les mots d'une langue, rangés dans un certain ordre, et expliqués dans la même langue ou traduits dans une autre. Un bon dictionnaire doit s'attacher à circonscrire la nature des mots qui doivent faire partie du recueil, à en donner la signification, à en constater l'usage, la prononciation, la quantité, l'orthographe, l'étymologie. La prononciation et la quantité seront toujours utilement indiquées; car elles sont souvent altérées d'une manière grave, non seulement dans les provinces éloignées, mais souvent aussi dans les environs de la capitale et dans la capitale même. Un moyen de déterminer la prononciation, surtout lorsqu'elle ne concorde pas avec l'orthographe, c'est de figurer celle-ci d'une manière conforme à la prononciation consacrée : par exemple, eucharistie (eukaristie), quidam (kidan), etc.

Il y a deux manières de disposer les mots d'un dictionnaire : 1° l'ordre alphabétique, le plus commode généralement; 2° l'ordre de dérivation, le plus rationnel et le plus instructif, consistant à ne présenter comme véritables mots que les primitifs, et à ranger en sous-ordre tous les mots, simples et composés, qui en dérivent, en suivant également pour ceux-ci l'ordre de filiation philologique. Cette disposition, n'étant pas toujours très commode pour les recherches, surtout lorsque l'on ne connaît qu'imparfaitement la langue, nécessite ordinairement une liste alphabétique des mots placée au commencement ou à la fin du dictionnaire en forme de table de matières, avec renvoi soit à l'article principal, soit à la page ou à la colonne où se trouve le mot que l'on cherche. La première édition du Dictionnaire de l'Académie française avait été ainsi disposée, et ce n'est qu'en 1718 que l'ordre alphabétique fut adopté. Telle était également la disposition du Trésor de la langue grecque d'Henri Estienne : les éditeurs ultérieurs (à partir de Didot) s'en sont également écartés.

Les dictionnaires de langues mortes sont soumis aux mêmes règles que ceux de langues vivantes quant à la disposition générale, mais ils doivent embrasser une période déterminée, et s'arrêter où commence soit la barbarie soit une altération marquée de la langue. Un dictionnaire de grec ancien commence nécessairement d'Homère et ne doit pas dépasser l'époque de Procope; un dictionnaire latin doit s'arrêter à la fin du Ve siècle, c.-à-d. après la chute de l'Empire d'Occident.

Dans les dictionnaires grecs, les formes dialectiques doivent être soigneusement indiquées à leur ordre alphabétique, avec renvoi à la forme commune, c.-à-d. telle qu'elle se trouve dans les prosateurs attiques à partir du Ve siècle, et dans leurs imitateurs à partir du IIIe siècle avant J.-C.

Les dictionnaires qui se proposent de faciliter la traduction de la langue maternelle en une langue étrangère sont de tous les plus difficiles à exécuter, surtout lorsque la langue étrangère est une langue morte; la difficulté est moindre pour les langues modernes; on se borne, la plupart du temps, à indiquer les idiotismes et les tournures les plus usitées de la langue familière et usuelle, et l'on a pour contrôler l'exactitude du travail une foule de ressources qui font absolument défaut pour les langues anciennes.

Dictionnaire se dit aussi de divers recueils faits par ordre alphabétique sur des matières de littérature, de sciences ou d'art. Tels sont les Dictionnaires étymologiques, les Dictionnaires des rimes et des homonymes, les Dictionnaires poétiques, les Dictionnaires de la Fable, les Dictionnaires historiques, biographiques, géographiques, philosophiques; ceux de chimie de médecine, de chirurgie, de marine, de musique, des arts et des sciences, des antiquités, etc. (P.).

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