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La littérature tchèque
jusqu'en 1900
Les plus anciens textes de la littérature tchèque ou bohème remontent au Xe siècle; mais on n'en a conservé qu'un très petit nombre, entre autres un hymne ecclésiastique composé vers 990 par l'évêque Adalbert. Quatorze chants épiques et lyriques du XIIIe, retrouvés en 1817 à Koeniginhof par Hanka, sont également fort incomplets. Au même temps appartient le psautier latin-bohème de Wittemberg. Comme ouvrages entiers, nous possédons : une élégie du roi Wenceslas Ier, en bohème et en allemand; une chronique en vers, par Dalimil (1314); une sorte de fabliau, la Délibération des animaux, par un auteur inconnu (1376); - le Livre d'instruction; écrit par Thomas de Sztitny pour ses enfants; un livre d'André de Duba sur l'organisation judiciaire de la Bohème en  1402; un poème politico-didactique, du baron Smil Flaszka de Richenburg (mort en 1403); une comédie intitulée le Charlatan; divers chants historiques, dont un sur la bataille de Crécy, où le roi Jean de Bohème fut tué; une longue élégie de Louis Tkadleczek sur la mort de son amante; des traductions d'ouvrages étrangers, tels que l'Alexandréide, la Table ronde du roi Arthur, Tristan, les Voyages de Marco Polo, etc.

La traduction de la Bible en langue tchèque par Jean Huss contribua puissamment aux progrès de la prose pendant le XVe siècle; tandis que la poésie, oeuvre d'inspiration dans quelques cantiques hussites seulement et dans les oeuvres du prince Hynek de Podiébrad, tombait dans une décadence profonde, les écrits politiques de Cornélius de Wschehrd et de Ctibor de Cimburg se distinguaient par leur concision et leur élégance; Ziska, Hajek de Hodetin, Wenceslas de Czenow, écrivaient sur l'art militaire; une foule de travaux historiques, qui ont été publiés en 1829 dans les Scriptores rerum Bohemicarum de Palacky, attestaient un développement scientifique déjà considérable, et plusieurs voyageurs relataient ce qu'ils avaient vu, Kostka en France (1464), frère Martin Babaknik en Orient (1491), Lobkowicz en Palestine (1493). L'Art de gouverner et la grande Encyclopédie du chanoine Paul Zidek sont des ouvrages de peu de valeur.

Le XVIe siècle fut l'âge d'or de la littérature tchèque. A côté du psalmiste George Streye et de Simon Lomnicky, poète de la cour de Rodolphe II, parurent le philologue Mathieu Beneschowsky, l'archéologue Abraham de Ginterrod, les historiens Kocyn, Adam de Weleslawin, Barthélemy Paprocky, Hajek de Liboczan; les géographes Presat de Wlkanowa, Wratislaw de Mitrowic, Havrant de Polzie; l'orateur politique Slavata; les orateurs sacrés Kotva et Mirkowsky; et les théologiens Hruby, Lucas, Zamrsky et Gallus Zalansky. Les Mémoires de Charles de Zerotin et ses Lettres bohèmes sont des modèles de style épistolaire. Les ouvrages historiques de Bartosch de Prague, de Sixte d'Ottersdorf, de Jean Blahoslaw, de Wenzel Brzezan sont encore à mentionner. Dans la même période, huit frères Moraves employèrent quinze années à traduire, à commenter la Bible, et la publication de leur travail, commencée en 1579, ne devait être achevée qu'on 1593.

La littérature tchèque fut étouffée avec la nationalité dans la guerre de Trente Ans : le parti catholique triomphant détruisit pendant plus d'un siècle, comme entachés d'hérésie, tous les ouvrages publiés depuis Jean Huss, et, en 1760, un jésuite, Ant. Konias, se vantait d'avoir anéanti, pour sa part, plus de 60,000 volumes. A cette ruine échappèrent seulement quelques ouvrages de Komensky (J.-A. Coménius), évêque des frères Moraves, et quelques manuscrits, tels que ceux du comte Slawata, qui a écrit une longue histoire de son temps, et de Skala de Zohr, auteur d'une histoire de l'Église. La littérature tchèque se conserva chez les Slovaques de la Hongrie, où Tranowsky, Masnik, Pilarik, Hermann, Hruschkowic, Doleszal, se firent un nom par leurs publications religieuses. Dans la Bohème même et la Moravie, on ne trouve à mentionner, pendant un siècle et demi, que les Essais de Rosa en vers, la Chronique de Bezowsky et les Chants de Wolney. Dans les dernières années du XVIIIe siècle, la langue et la littérature reprirent une vigueur nouvelle en Bohème. Ce fut le temps des historiens Pelzel et Prochazka, du philologue Dobrowsky, des poètes Puchmayer, Negedly, Rautenkranz, Stepniczka, Hujewkowsky et Swoboda, des écrivains populaires Parizek, Kramery, Tomsa, etc. 

Au XIXe siècle, Czelakowsky et Polak ont écrit leurs poésies, Kollar ses sonnets amoureux et patriotiques, Holly ses élégies, Klicpera et Stzepanek leurs pièces de théâtre, Langer ses contes en vers et ses satires, Schneider ses ballades, Tyl ses nouvelles et ses drames, Zahradnik ses fables, etc. Des journaux en langue tchèque se sont fondés, et des souscriptions volontaires ont rendu possible la publication d'ouvrages scientifiques importants, tels que les Antiquités slaves de Schafarik, le Dictionnaire bohème de Jungmann, la Bibliothèque de la littérature bohème ancienne et la Bibliothèque de la littérature bohème moderne. L'histoire a été cultivée par Palacky et Tomek, l'archéologie par Wocel, la géographie par Zap et Schadek, les sciences physiques et naturelles par Sedlaczek, Staniek, Presl. Hoenke. Sieher. etc.

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