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Les Khâridjites

Khâridjites ou Kharedjites (en arabe, Khawâridj = les sortants, les hérétiques). - Secte musulmane parue parmi les populations du Bas-Irak, entre Koufa et Bassorah, à la suite de la contestation entre Ali et Moâwïa, au sujet du califat, qui se termina à l'avantage du dernier. Quelques-uns des partisans d'Ali se séparèrent de leur chef et se révoltèrent contre lui lorsqu'ils apprirent le résultat défavorable de l'arbitrage qu'ils avaient été les plus ardents à lui imposer à cette occasion. Les excès de tout genre qu'ils ne tardèrent pas à commettre envers ceux qui ne partageaient pas leurs opinions obligèrent Ali à les réduire par les armes après de vaines tentatives de conciliation. lis furent battus et exterminés, sauf un petit nombre qui échappa, à Nahrawan, au Sud de Bagdad, ou ils s'étaient réunis autour d'Abd Allâh ibn Wahb (658 ap. J.-C.). 

Opposés aux Chiites, les Khâridjites déclaraient qu'il était préférable qu'il n'y eût pas de souverain (imâm); que si cependant il en fallait un, il était indifférent qu'il fût koreïchite ou nabatéen, homme libre, ou esclave, pourvu qu'il fût juste et observât les lois religieuses. Ils admettaient la prédestination d'une façon si absolue que Dieu devenait le seul auteur de tout mal comme de tout bien. Leur morale était très sévère, leur orthodoxie très rigide et très attachée à la lettre du Coran et de la Sunna (Sunnites); ils mettaient le pêché grave sur la même ligne que l'infidélité, enseignant que le pêcheur n'est plus moumin ( = croyant); si le souverain offense par une faute grave la loi religieuse, il devient infidèle, déchoit, doit être dépose et mis à mort.

Bien que comptant des personnages de marque tels que le poète Imrân ibn Hittân, ce mouvement fut surtout une sorte de protestation des peuples de l'Irak contre la noblesse arabe du Hidjâz dont l'hypocrisie, l'avidité et l'ambition étaient peu conformes à l'esprit de renoncement de l'islam; les Khâridjites prêchaient l'égalité et la fraternité et voulaient un gouvernement démocratique avec un chef électif. Malgré la sanglante défaite de Nahrawân, la secte continua à se propager; Ali périt assassiné par le Khâridjite Ibn Moldjam (664 ap. J.-C.). Pendant quelques années, ils se tinrent tranquilles; mais les persécutions exercées contre eux les amenèrent à se révolter de nouveau dans la province d'El-Ahwâz, sous la conduite de Nâfi ibn AI-Azrak. Mohalleb ibn Abt Sofra, envoyé contre eux, ne put les soumettre et les disperser qu'après une guerre acharnée de dix-neuf ans, sous les derniers Omeyyades. 

A partir de ce moment, leur histoire ne présente aucun fait saillant. Les Khâridjites formèrent plusieurs fractions  : les Hârôurites, originaires de la ville de Hârôura; les Azrakites, compagnons de Nâfi ibn Al-Azrak; les Ibâdites, ainsi appelés d'Abd Allâh ibn lbâd qui, sous le règne de Merwân (744-749), propagea la doctrine dans l'Oman; elle y domine encore aujourd'hui, ainsi que dans le Sud de la Tunisie et de l'Algérie (Mzab) qui reçut à cette époque des émissaires. Bien que d'obédiance sunnite, la secte des Wahhâbites, parue en Arabie, vers 1750 ap. J.-C., rappelle par son rigorisme celle des Khâridjites. (L. Leriche).

Les branches des Khâridjites.

Les Kharidjites se divisèrent en sept branches principales : les Azraqites (Azariqa), Moakkima, Baïhassïa, Nadjdates, Safarites, Ibadhites et Adjarida.

Les Azariqa.
Les Azariqa,  du nom de leur fondateur, Nafi ben Azraq, se montraient irréductibles à l'égard d''Ali qu'ils traitaient d'infidèle, parce qu'il avait soumis ses actes à l'arbitrage. Ils approuvaient Ibn-Moldem, le meurtrier de 'Ali, ce sectaire farouche chanté par le poète Ymran, fils de Hittan er-Rakachi :

« Ô coup porté par une main pieuse, afin d'obtenir les grâces du roi assis sur le trône éternel ! Au jour du jugement j'invoquerai son nom et je suis certain que nul homme ne pèsera, d'un poids semblable, dans la balance divine. »
Les compagnons du Prophète, partisans de 'Ali, étaient compris dans la même réprobation.

Les Moakkima.
Les Moakkima professaient les mêmes doctrines que celles des Azariqa.

Les Baïhassïa.
Les Baïhassïa  étaient les compagnons d'Abou-Bihas ben el-Haïdan ben Djabi. D'après leurs doctrines, la Foi est l'action de reconnaître l'existence de Dieu, d'en être pénétré et de ne peint ignorer la Loi révélée. De même que les partisans du libre arbitre (les Kadaria), ils admettaient que les humains sont les moteurs de leurs propres actions.

Les Nadjdates.
Les Nadjdates, ou disciples de Nadjdat ben Ameur el-Hanafi, également appelé Hacem, proclamé prince des croyants par les partisans d'Abou-Kedik et d'Attia ben Lasouad, lesquels se séparèrent plus tard de Nadjdat à cause, notamment, de faits qui résultèrent de l'envoi d'un djich ( = troupe armée), commandé par son fils, contre les gens de Qtaïf.

Les Sofrïa.
Les Sofrïa, disciples de Zidan ben Safar, ne différaient des Azariqa que sur des points secondaires concernant l'imamat.

Les Ibadhïa.
Les Ibadhïa (Ibadites ou Ibadhites), disciples d'A'bdallah ben Ibadh-et-Mari, mort en 750 de notre ère, sont les seuls Khraédjites à exister encore aujourd'hui (Oman, Mascate, Algérie (Djerid, M'zâb), Libye, Tunisie (Djerba)). Partout, ils se livrent au commerce, et, dans les pays ou leur grande habileté peut s'exercer sans obstacles, ils sont souvent devenus les dépositaires de la richesse fiduciaire et les intermédiaires intelligents des diverses transactions commerciales qui s'y opèrent. Les liens secrets de conservation qui les unissent en font une secte puissante qui, malgré tout, occupe une place importante, dans le monde musulman. 

Les Ibadites  traitent d'infidèles, d'athées, de schismatiques, ceux qui n'admettent pas leurs doctrines.

« Celui qui commet le péché capital reste unitaire, mais le titre de croyant lui est refusé ».
Les actions de l'humain faisant, d'après eux, partie, intégrante de la Foi. Ils se divisent en trois fractions :
1° Les Hafsïa, disciples d'Abou-Hafs ben Abi-Mikdam. Aux doctrines des Ibadhïa proprement dits, ils ajoutent qu'entre la Foi et le polythéisme, il y a une propriété intermédiaire : la connaissance de Dieu.

2° Les Yazidïa, partisans de Yazid ben Ouissa, complètent ainsi les doctrines des Ibadhïa : Dieu enverra un prophète étranger au peuple arabe, avec un Livre qui sera tracé dans le Ciel et révélé en une seule fois. La loi de Mohammed sera abandonnée pour la doctrine des Sabéens dont il est question dans le Coran. Quiconque est coupable d'une faute méritant un châtiment corporel, est un idolâtre; tout péché capital ou non est un acte d'idolâtrie.

3° Les Haritsia, disciples d'Abou-Harits, ne partagent pas la manière de voir des Ibadhïa en ce qui concerne la puissance de Dieu, c'est-à-dire, comme le prétendent ceux-ci, que les actes des hommes sont l'oeuvre de Dieu et que la faculté est antérieure à l'action.

Les Adjarida.
Les Adjarida se divisent en dix fractions :
1° Les Maïmounïa,ou disciples de Maimoun ben 'Omran, qui reconnaissent que l'action émane du pouvoir de l'humain. D'après eux, Dieu veut le bien à l'exclusion du mal; les jeunes enfants des infidèles vont au paradis; le mariage entre frère et soeur est licite. La sourate intitulée « Joseph » (103e verset du Coran) n'est pas admise par leurs principaux docteurs;

2° Les Hamzïa, disciples d'Hamza ben Adrok, admettent les idées des Maïmounïa mais ils disent que les jeunes enfants des infidèles sont voués au feu de l'enfer;

3° Les Cho'ïbïa, disciples de Cho'ïb ben Mohammed ont les mêmes doctrines que les Maïmounïa mais contestent l'émanation du pouvoir de la créature;

4° Les Hazamïa, partisans d'Hazem ben Hosseïn; 

5° Les Khalfia, ou disciples de Khalef el-Khardji;

6° Les Tarfia;

7° Les Ma'loumia n'appellent « croyant que celui qui connaît Dieu sous tous ses noms et toutes ses qualités»;

8° Les Madjhoulïa, enseignent le contraire des Ma'loumïa la connaissance d'un des noms de Dieu suffit pour être croyant;

9° Les Soltïa, disciples d'Otsman ben 'Ali Solt, ajoutent aux doctrines des Adjarida le raisonnement suivant :

« Nous protégeons celui qui embrasse la religion de l'Islam et cherche asile auprès de nous. Nous nous désintéressons de ses enfants tant qu'ils sont jeunes, mais lorsqu'ils atteignent l'âge adulte et  demandent à être reçus dans l'Islam, nous les accueillons ».
10° les Tsalbïa, qui se divisent, eux-mêmes, en trois fractions : les Akhnassïa, les Ma'badïa et les Chibanïa.
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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