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La Terre (mythes et symboles)

 La sacralisation, sinon toujours la divinisation de la Terre est commune chez les peuples de l'Antiquité. Les Égyptiens, les Syriens, les Phrygiens, les Scythes, les Grecs et les Romains ont rendu un culte à la Terre, et l'ont parfois mise au rang des plus grandes divinités. Même chose pour les Celtes et les Germains. Hésiode fait naître la Terre (Gaïa) du Chaos, et lui fait épouser le Ciel (Ouranos). De leur union naquirent les Dieux, les Géants, les Biens et les Maux. Elle épousa aussi le Tartare et la Mer, qui lui firent produire tous les montres que renferment ces deux éléments : c'est-à-dire que les Anciens prenaient la Terre pour la nature universelle, la mère de tout ce qui existe; aussi l'appelait-on Magna Mater, (Déesse mère) chez les Romains, où elle était personnifiée par la déesse Tellus. Les Romains la reconnaissait également sous les figures de Cybèle, Titée, Ops, Rhéa, etc.

La Terre eut sous son propre nom des temples, des autels, des oracles et des sacrifices. A Sparte, elle avait un temple superbe. Elle en avait aussi un en Achaïe. Les Romains avaient fait bâtir un temple magnifique à la déesse Tellus, distinguée de Cybèle. Avant qu'Apollon fût en possession du temple de Delphes, la Terre y avait rendu des oracles. Thémis lui avait succédé, et à celle-ci Apollon.

La Terre était représentée à demi-couchée, appuyée sur un boeuf, tenant une corne d'abondance, et accompagnée d'enfants représentant les saisons. (A19).

La Terre dans la Bible.
1° Etat de la Terre. - La Terre a été, comme le ciel, créée par Dieu à l'origine et méthodiquement agencée par sa puissance. Gen., I, 1-25. Pour les Hébreux et pour les écrivains sacrés, qui, sur les questions scientifiques, ne sont que l'écho des idées populaires de leur temps, la Terre forme un tout parallèle au ciel visible. Le ciel et la Terre composent l'univers, Gen., I, 1; XIV, 19; Exod., XXXI, 17; etc.; les astres du firmament éclairent la Terre et y divisent les temps. Gen., I, 14-18. Les Égyptiens imaginaient la Terre comme une sorte de table formée des continents  et des mers, et entourée de montagnes dont quatre, situées aux points cardinaux, soutenaient le plafond de fer qui constituait le firmament et d'où pendaient les étoiles. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t.I, p. 16-17. Les Chaldéens se la figuraient comme une sorte de touffe renversée, formant la partie basse du monde. Elle s'exhaussait peu à peu jusqu'aux régions neigeuses des sources de l'Euphrate, où elle avait son point culminant. Elle était entourée d'une mer mystérieuse au delà de laquelle se dressait une muraille uniforme et continue, appelée la « levée du ciel », parce que le ciel s'appuyait sur elle. Le ciel était une coupole de métal dur que le Soleil illuminait pendant le jour et qui était semée d'étoiles pendant la nuit. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. I, p. 543-544. Les écrivains sacrés s'inspirent de ces idées, mais sans les préciser. Dieu a posé les fondements de la Terre, il en a déterminé les dimensions et a tiré sur elle le cordeau, il en a posé la pierre angulaire sur laquelle reposent ses bases. Job, XXXVIII, 4.6. Il a fondé la Terre et affermi les cieux. Prov., III, 19; VIII, 29; Is., XL, 21; Jer., XXXI, 37; Mich., VI, 2; Zach., XII, 1 ; Eccli., XVI, 19; Heb., I, 10. Il a affermi la Terre sur ses bases et elle est à jamais inébranlable. Ps. CIV (CIII), 5. Pour Isaïe, XL, 22, la Terre est un lrrïg, gyros„ orbis, un cercle, expression qui ne suppose pas l'idée de globe, mais qui exprime seulement celle de l'horizon circulaire. Cf. Prov., VIII, 27. La surface terrestre repose sur des colonnes, I Reg., II, 8; Job, IX, 6; Ps. LXXV (LXXIV), 4, manière de parler qui peut être purement poétique, car ailleurs il est dit que Dieu « étend le septentrion sur le vide, il suspend la Terre sur le néant. » Job, XXVI, 7. En Chaldée comme en Égypte, on croyait le monde en équilibre sur les eaux éternelles. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. I, p. 543. Moïse suppose aussi des eaux au-dessous de la Terre, Exod., XX, 4, et des auteurs postérieurs disent que Dieu a « fondé la terre sur les mers et l'a affermie sur les fleuves, » Ps, XXIV (XXIII), 2; « il a étendu la terre sur les eaux. » Ps, CXXXVI (CXXXV), 6. La Vulgate parle du « sommet de la Terre jusqu'à ses limites ». Deut., XXVIII, 64. Cette expression semblerait se référer à la conception chaldéenne sur la figure de la Terre. Mais dans l'hébreu il n'est question que des « extrémités de la Terre », « d'une extrémité à une extrémité ». Les extrémités de la Terre, dont il est question, Ps. LXXIV (LXXIII), 17; Prov., XXX, 4; Is., XL, 28; Dan., IV, 8; etc., sont les bords inconnus de la surface terrestre. Chaque peuple regardait son pays comme le centre de cette surface plus ou moins circulaire. Israël est de même le centre des nations et de la Terre. Ezech., V, 5; XXXVIII, 12. Le mot orbis, employé par la Vulgate, correspond habituellement à tébèl, I Sam. (Reg.), II, 8; Ps. XVIII (XVII), 16; Is., XIV, 17, 21; Jer., X, 12; etc., qui ne préjuge rien sur la forme dela Terre, puisque sa racine yabal signifie « produire » et indique que têbêl désigne la Terre au point de vue de sa fécondité. Les Septante rendent ce mot par oikoumenè;, Ps. XVIII (XVII), 16; Is., XIV, 17; Jer., X, 12; Dan., III, 45; etc., qui se rapporte à la Terre en tant qu'habitée. En somme, les anciens Hébreux croyait que la Terre a été créée par Dieu; mais il n'y a pas à s'étonner qu'ils ignorent son étendue, sa rotondité, sa rotation, sa révolution autour du Soleil et sa place cosmique, toutes choses d'ordre scientifique dont la révélation n'avait pas à s'occuper. C'est au temps de Thalès de Milet, 600 ans avant l'ère chrétienne,  que l'on a commencé à enseigner la sphéricité et l'isolement de la Terre Cf. P. Puiseux, La Terre et la Lune, Paris, 1908, p. 3. Plus tard, Aristote démontra la sphéricité. 

2° Agencement de la Terre. - L'aménagement de la Terre pour le séjour de l'humain est sommairement décrit par un des rédacteurs de la Genèse (I, 2-25). Dans le principe, elle était tohu vabohu, état de désordre et d'inorganisation dont l'idée est restée attachée à l'expression française « tohu-bohu », Septante :  « invisible et inorganisée », inanis et vacua, « informe et vide ». Gen., I, 2. L'Esprit de Dieu, c'est-à-dire sa puissance créatrice et organisatrice, se mouvait au-dessus des eaux, de manière à produire une distinction effective entre les continents et les mers, d'où le sens de « terre » opposé à celui de « mer », la terre (c'est-à-dire les terres émergées), la mer et tout ce qu'ils renferment désignant l'ensemble de la Terre. Gen., I, 10; Exod., XX, Il; Job, XI, 9; Ps. LXV (LXIV), 6; LXIX (LXVIII), 35; CXXXV (CXXXIV), 6; Tob., VIII, 7; I Mach., VIII, 23; Act., IV, 21; Apoc., v, 13; etc. Dieu voulut ensuite que la terre fit pousser les végétaux et apparaître les animaux, Gen., I, 11, 24, non que la terre eût ce pouvoir par elle-même, mais parce que Dieu avait nécessairement déposé en elle les germes de tous ces êtres ou qu'il les y produisait successivement. Toutes ces oeuvres du de Dieu sont énumérées dans le Cantique des compagnons de Daniel et invitées à louer leur créateur. Dan., III, 64-82. Dans l'ensemble, aussi bien que dans le détail, Dieu a « tout réglé avec mesure, avec nombre et avec poids, » Sap., XI, 21; aussi s'est-il rendu ce témoignage que l'oeuvre accomplie par lui sur la Terre était bonne. Gen., I,11, 13, 21, 25, 31. Job, XXXVIII, 4-30, décrit le magnifique spectacle que présente la terre, quand, illuminée par les clartés de l'aurore, « elle prend forme, comme l'argile sous le cachet, et se montre parée comme d'un vêtement, » avec le relief de ses montagnes et de ses vallées, de ses champs et de ses eaux, de sa verdure et de ses rochers.

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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