 |
Muhammad
ou Mohammed (Ibn-Abdallah Abou'l Cassem), dont le nom est couramment,
mais incorrectement, transcrit en français, via le turc Mehmet
ou Mehemet, par Mahomet. Il est le fondateur de la religion
musulmane, ou Islam, né, suivant l'opinion la plus accréditée, le
10 novembre 570 à la Mecque, d'un père idolâtre
et d'une mère juive, était de la tribu des
coraïschites ou koreïschites, dont on fait remonter l'origine à Ismaël,
fils d'Abraham. Lorsqu'il perdit Abdallah, son
père, Mohammed, c'est-à -dire
« Le Loué
», qui n'avait que six ans, fut recueilli par son aïeul Abdal'-Mothaled,
et celui-ci en mourant le recommanda à Abou-Thaleb, son fils, qui, devenu
chef de sa tribu et prince de la Mecque, remplit fidèlement les intentions
du défunt; il éleva son pupille dans le commerce, profession qu'exerçait
de temps immémorial une partie des tribus arabes.
S'il faut en croire les écrivains orientaux,
Mohammed, dès l'enfance, se fit remarquer par ses réponses judicieuses,
la régularité de sa conduite et une grande sincérité dans ses paroles
et dans ses actions. Devenu par son mariage avec une jeune veuve de sa
tribu, nommée Khadidjah, possesseur d'une fortune assez considérable,
qu'il avait augmentée par ses soins, Mohammed, que vraisemblablement ses
relations commerciales en Syrie, en Palestine et en Égypte, avaient mis
à même de connaître les dogmes du christianisme
et de la loi de Moïse, entreprit, à 40 ans,
la mission dont il se disait chargé, et à laquelle il avait déjà préparé
les esprits, en affectant, pendant plusieurs années, une vie austère,
retirée et méditative.
Un jour, ayant appelé sa famille dans
la retraite qu'il s'était choisie au mont Hara près de la Mecque ,
il dit à sa femme que l'ange-Gabriel
lui était apparu la nuit précédente sur la montagne,
l'avait appelé apôtre de Dieu, et lui avait ordonné,
au nom du Créateur de toutes choses, de dire et d'annoncer aux humains
les vérités qui devaient lui être révélées. Pendant que Kadidjah
et les autres membres de la famille répandaient cette confidence, son
mari recevait les révélations du messager céleste et les communiquaient
successivement. Il eut bientôt des prosélytes, parmi lesquels son cousin,
Ali, fils d'Abou-Thaleb, son esclave Zaid, un cheik
nommé Abou-Bekr (qui, dans la suite succéda au prophète et fut le premier
calife), Othman (depuis troisième calife), Saad,
Zohaïr et Talha furent les premiers à se déclarer. Pendant trois ans
il se borna à propager secrètement sa doctrine; mais au bout de ce temps
il déclara que Dieu lui avait commandé de l'annoncer publiquement Ã
tous les humains.
II avait consigné ses révélations dans
un livre appelé par lui ou par ses disciples al-Koran ou le Coran
( = la Lecture), ou Kitab Allah ( = Livre de Dieu),
ou Kelam Scherif ( = Parole sacrée). Mohammed voyait le
nombre de ses sectateurs augmenter chaque jour, lorsqu'une forte opposition
se forma contre lui parmi les plus considérables personnages de sa tribu.
Obligé de s'enfuir de la Mecque à plusieurs reprises, il finit par abandonner
cette ville et, se fixa, dans celle de Yatreb, où ses sectateurs lui avaient
ménagé une retraite sûre, et qui dans la suite prit le nom de Medinat-al-Nabi
( = Ville du Prophète), ou simplement Médine. C'est de sa dernière
sortie de la Mecque que date l'ère islamique, appelée en arabe hedjrah
(hégire), qui signifie fuite. Établi à Médine, où ses principaux disciples
vinrent le joindre, et où, veuf depuis 9 ans, il épousa sa seconde femme,
Aïcha, fille d'Abou-Bekr, Mohammed jugea que le moment était venu de
consolider l'Islam par des institutions régulières et stables, avant
d'entreprendre de l'imposer par la force.
Après avoir formé une union sacrée et
indissoluble entre ses disciples mohadjeri (les réfugiés de la
Mecque), et ansari (les auxiliaires ou les sectateurs de Médine),
il institua le kebla, c'est-Ã -dire l'obligation pour tous les croyants,
de se tourner en faisant la prière, du côté de la Mecque, au lieu de
regarder vers Jérusalem comme ils l'avaient
fait jusqu'alors; puis il ordonna le jeûne du
mois de ramadan. Bientôt il commença les hostilités
contre les coraischites et successivement contre les autres tribus. Après
une longue guerre, soutenue avec des succès divers, il s'empara d'une
partie de l'Arabie et de la ville de la Mecque, où il fit son entrée
le 12 janvier 630. Il y fut reconnu souverain spirituel et temporel, reçut
le serment de fidélité de tout le peuple, fit sept fois le tour du temple
de la Kaaba, fondé par Abraham
(Ibrahim), suivant la croyance des Arabes, et y étant entré, il en détruisit
les idoles au nombre de 360, sans épargner les statues d'Abraham et d'Ismaël,
malgré le respect qu'il affectait pour ces deux patriarches : pour purifier
ce lieu saint, il se tourna de tous les côtés en répétant à haute
voix Allah akbar ( = Dieu est grand)! Puis il fit l'ablution
et la prière, selon le rite qu'il avait établi à Médine, en dedans
et en dehors, et termina cette solennité par une allocution à son nombreux
auditoire. On proclama en son nom une amnistie générale dont il n'exceptait
que quelques individus, hommes et femmes. Il resta 15 jours à la Mecque
pour régler les affaires de son gouvernement et de sa nouvelle religion,
établit dans cette ville un gouverneur et un iman ou pontife : après
quoi il se livra tout entier au soin d'étendre ses conquêtes et de propager
l'Islam.
Ses principaux disciples, à la tête
de plusieurs corps d'armée, se dirigèrent à cet effet sur les points
les plus importants de l'Arabie et des contrées circonvoisines. En l'an
9 de l'hégire (630-31 ap. J.-C.), Mohammed reçut à Médine, où il avait
fixé le siège de son empire, des députés de plusieurs princes et tribus
arabes qui se soumirent à ses armes; les autres furent bientôt réduits
par la force ou par la crainte; et, dans une dernière expédition dirigée
vers Damas contre les Grecs qui s'enfuirent à son approche, il se contenta
d'imposer des tributs aux peuplades qui résistaient encore, leur fixant
d'ailleurs un délai pour embrasser l'Islam après en avoir médité la
doctrine. De retour à Médine, il publia des règlements relatifs au pèlerinage
de la Mecque, un des points les plus importants de la loi musulmane, et
accomplit lui-même ce devoir dans la 10e
année de l'hégire (631-32), accompagné de toute sa maison et suivi de
114 000 pèlerins, accourus de toutes les parties de l'Arabie. Son entrée
dans la ville fut un nouveau triomphe; il remplit dans cette occasion les
fonctions d'iman, et termina la solennité par la réforme de l'ancien
calendrier. De cette époque la carrière
politique et religieuse de Mohammed n'offre plus aucun événement important.
Deux mois après son retour à Médine,
se trouvant chez une de ses femmes (il en avait épousé plusieurs depuis
la mort de Khadidja), il fut attaqué d'un violent mal de tête accompagné
d'une fièvre ardente; et, après 13 jours de cruelles souffrances, il
expira le 13e jour du premier mois de la
onzième année de l'hégire (8 juin 632). Sa mort causa un grand tumulte
à Médine. Le peuple qui assiégeait sa porte ne pouvait croire qu'il
fût mortel, et prétendait qu'il avait été enlevé au ciel. Omar, l'un
des principaux disciples du prophète, confirma ce sentiment et menaça
d'exterminer ceux qui soutiendraient l'opinion contraire. Le cadavre, au
milieu de ce conflit, resta trois jours sans sépulture. Enfin Abou-Bekr,
qui fut ensuite le successeur de Mohammed, rétablit le calme en affirmant
que le prophète, sujet à la mort comme les autres humains, avait rempli
sa destinée. Le corps lavé et revêtu fut exposé aux hommages des musulmans.
On creusa ensuite une fosse sous le lit même où la mort était venue
le frapper et on l'y déposa. Il est renfermé dans un édifice ou tombeau
en pierre d'une construction simple appelée turbé, qui se trouve
placé au centre d'une superbe mosquée,
fondée par le calife Walid Ier,
(on croit que ce tombeau a été détruit en 1804 par les Wahhabites).
(G.E.).
 |
En
bibliothèque - On peut consulter,
pour plus de détails, la Vie de Mahomet, en anglais, par Prideaux,
1697, in-8.; La Vie de Mahomet, trad., par Gagnier, Amsterdam, 1732,
9 vol. in-12.; Mahometis, auctoris Alcorani vita, etc., en tête
de l'ouvr. de Maracci; Prodromus ad refutationem Alcorani;
La
Vie de Mahomet, etc., par Boulainvilliers,
1730-31, in-8; Hist. de la vie de Mahomet, etc., par Turpin,
1773-79, 3 vol. in-12; Introduction de la trad. anglaise du Coran,
par Sales, 1734-51 , in-8. Voltaire a fait de
Mahomet
l'un de ses chefs-d'oeuvre dramatiques.
En
librairie - Anne-Marie Delcambre,
Mahomet,
Desclée de Brouwer, 2003. - Emile Dermenghem, Mahomet et la tradition
islamique, Le Seuil, 2003. Roger Caratini, Mahomet, vie du Prophète,
L'Archipel, 2002. - Philippe Aziz, L'Homme du Coran, Mahomet, Ramsay,
2001. - Salah Stétié, Mahomet, Albin Michel, 2001. - Pierre
Geadah, Mohammad, le prophète de l'Islam, L'Harmattan, 1998. -
Jacqueline Chabbi, Le seigneur des tribus, l'Islam de Mahomet, Agnès
Vienot éditions, 1997. |
|
|