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Les génies,
dont le culte se trouve répandu chez tous les peuples de l'Antiquité,
étaient regardés comme des divinités intermédiaires
entre les hommes et les dieux. Appelés
dévatas et daitias chez les Hindous, izeds chez les Zends, djinns
ou Gens chez les Persans et les Arabes, ils apparaissent en Grèce
sous le nom de daimones,
et à Rome sous celui de genii; mais partout on les considère
comme présidant aux destinées de l'homme ou intervenant dans
les affaires de ce monde.
Selon certains peuples orientaux, les génies
sont doués d'une forme corporelle qu'ils peuvent métamorphoser
à leur gré. Ils habitaient la terre longtemps avant la création
de l'homme; mais s'étant révoltés contre Dieu,
ils en furent chassés par Éblis
et rejetés à l'extrémité du monde. Selon les
légendes persanes, ils sont obligés de se soumettre et d'obéir
aux ordres des possesseurs de certains talismans. C'est ainsi que Salomon
possédait un anneau mystérieux par la vertu duquel il commandait
à toutes les légions des Djinns qui, à la volonté
de ce roi, exécutaient les plus grands prodiges et réalisaient
les merveilles les plus incroyables. Le folklore arabe considère
les génies ou djinns comme des esprits malfaisants, d'où
émane tout le mal qui se fait sur la terre. Quant aux Chinois, qui
leur donnent le nom de tchin, ils les regardent comme les esprits
tutélaires, comme les "gardiens spirituels" des villes et
des provinces. Néanmoins, dans le principe, ils ne leur rendaient
aucun culte particulier : ce ne fut que dans la suite des temps qu'ils
introduisirent dans leurs édifices sucrés la représentation
de ces Génies.
Chez les Grecs, la conception des génies
n'a pas toujours été la même. Dans Homère,
le mot Démon désigne seulement la divinité qui préside
à la destinée de chacun, c.-à-d. le sort. Hésiode
seul parle de 30 000 démons serviteurs
de Zeus et gardiens des mortels, qui ne sauraient
apercevoir leurs corps aériens. Ces génies sont les âmes
des justes de l'âge d'or, et leur mission
est de veiller à l'exercice de la justice. Plus tard, les philosophes
grecs représentèrent les démons comme des esprits
tutélaires attachés aux hommes dès l'instant de leur
naissance, et leur servant d'intermédiaires dans leurs rapports
avec les dieux. Espèces d'anges gardiens
du paganisme, ils inspiraient et conseillaient celui qu'ils protégeaient,
et c'est ainsi que Socrate rapportait toutes
ses inspirations à son génie. Mais à côté
de ces démons bienfaisants, il y avait aussi des démons malfaisants,
qui poussaient au mal et qui représentent assez bien les djinns
des peuples orientaux. Enfin, dans les auteurs des derniers temps, on trouve
ce nom de démon appliqué aux âmes des morts.
Dans les croyances des anciennes peuples
italiques, et particulièrement des Étrusques, les génies
étaient des êtres surnaturels d'un caractère très
indéterminé, qui étaient chargés de veiller
non seulement sur chaque famille et sur chaque individu, mais encore sur
les choses et particulièrement sur les lieux.
Les Romains avaient emprunté aux
Étrusques leur croyance aux génies. D'après Censorinus,
le génie est le dieu sous la protection duquel sont placées
la naissance et la vie de chaque homme. Aussi le culte du génie
était-il intimement lié avec les cérémonies
domestiques. Le lit nuptial s'appelait lectus genialis. Le jour
du génie, dies genialis, était consacré à
la joie et aux divertissements. Indulgere genio (satisfaire son
génie), c'était jouir des plaisirs de la vie, tandis que
defraudare genium signifiait s'abandonner à la tristesse
et à la douleur. Les offrandes que les Romains faisaient en certaines
circonstances, principalement aux anniversaires de naissance, à
leur génie, consistaient en libations de vins, en gâteaux
et en guirlandes de fleurs. On croyait que les génies se manifestaient
quelquefois sous la forme de serpents. On représentait ordinairement
les génies sous la forme de jeunes hommes tenant d'une main une
coupe ou une lance, et de l'autre une corne d'abondance.
Au Moyen âge on admettait des génies
propres à chacun des quatre éléments : les sylphes,
pour l'air; les gnomes, pour la terre; les ondins,
pour l'eau, et les salamandres;
pour le feu. (A19).
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En
librairie - Olivier de Marliave et
Jean-Claude Pertuzé, Panthéon pyrénéen,
Dieux, génies et démons
dans la mythologie pyrénéenne, Loubatières. Claude
Lecouteux, La maison et ses génies, Imago,
2000. - Claude Lecouteux et Régis Boyer, Démons et génies
du terroir au Moyen-âge, Imago,
1995. |
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