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Le Mzab
ou M'zâb est un petit groupe de localités berbères
située en Algérie,
qui occupe à 110 km au Sud de Laghouat, un territoire de 8000 km² que
les géographes désignent sous le nom caractéristique de Chebka (filet).
La Chebka est un plateau légèrement incliné du Nord-Ouest au Sud-Est;
elle est formée de terrains crétacés
où dominent les calcaires en couches presque horizontales, les sables
occupent seulement le fond des vallées. Le relief du sol a une structure
tout à fait particulière : les roches peu élevées courent dans tous
les sens et déterminent une foule de petites vallées sinueuses qui s'entrecroisent
à la façon des mailles d'un filet. Cependant quatre vallées principales
servent à l'écoulement des eaux de ce plateau dont l'altitude s'élève
jusqu'à 800 m environ dans la partie Nord-Ouest pour redescendre à 300
m dans la partie Sud-Est; ces quatre vallées portent les noms d'Oued-Metlili,
d'Oued-Mzab, d'Oued-Neça et d'Oued-Zegrir.
La terre de la Chebka est en général
dénudée et aride; la végétation herbacée ne s'y développe à la suite
des pluies que dans le fond des vallées et quelques rares Athal
(Tamarix articulata) sont les seuls représentants de la flore naturelle
arborescente. C'est encore au fond des vallées qu'on peut obtenir à l'aide
de fréquentes irrigations les produits habituels de la culture dans les
régions sahariennes.
A l'abri des palmiers-dattiers au nombre d'environ cent quatre-vingt mille,
les habitants font venir, Ã force de soins, des figuiers, des abricotiers,
des coignassiers, des grenadiers et quelques ceps de vigne;
il cultivent encore la fève, la carotte, le navet, la pastèque, le courge,
l'oignon,
l'ail, le piment et sèment de petites quantités d'orge
et fort peu de blé.
Les puits dont les eaux servent aux irrigations atteignant une profondeur
qui varie de 25 et 35 m, ce n'est donc que par un labeur incessant qu'on
arrive à fournir aux plantes l'eau qui leur est indispensable presque
chaque jour.
En été, la température est très élevée
: le thermomètre oscille entre 35°C et 40°C pendant le jour et ne descend
que de quelques degrés pendant la nuit; en hiver les nuits sont relativement
fraîches (+ 4°C) et la température du jour varie de 15°C à 20°C.
Les pluies peu abondantes commencent en octobre et cessent au mois de février;
il peut neiger; le vent souffle le plus souvent du Sud.
La population totale du Mzab ne dépasse
guère quelques dizaines de milliers d'habitants; elle est composée pour
la plus grande part de Berbères dits Mozabites. Les Mozabites sont agriculteurs
et commerçants; un grand nombre d'entre eux quittent leur pays et
vont dans les régions telliennes du Maroc,
de l'Algérie et de la Tunisie
se livrer au commerce des étoffes ou à quelques industries spéciales
pour lesquels ils ont eu longtemps une sorte de monopole ; les bouchers,
les fruitiers, les étuvistes, les entrepreneurs de balayage ou de transport
de matériaux sont encore souvent des Mozabites dans les villes du littoral
méditerranéen de l'Afrique,
de Tanger à Tripoli.
Sobres et actifs, les Mozabites réussissent
en général dans leurs entreprises et quelques-uns d'entre eux amassent
des fortunes relativement considérables. Leur probité commerciale est
pour ainsi dire proverbiale. Presque tous savent lire et écrire en arabe,
bien qu'en parlant entre eux ils ne se servent que de leur dialecte berbère
appelé zenatia. Jamais ils n'emploient, soit pour leur comptabilité,
soit pour leur correspondance, la langue zenatia (Les
langues berbères) pour laquelle ils
n'ont, pas plus du reste que les autres Berbères des Etats du Maghreb,
une écriture particulière.
Ils sont tous musulmans,
mais d'une secte spéciale, particulièrement traditionnaliste, et sont
considérés comme hérétiques par tous les sunnites;
ils ont, en effet, adopté les doctrines d'Abdallah ben Etbad ou Ibad qui
était un Kharedjite. Ils suivent avec la
plus grande rigueur les préceptes de leur religion et punissent avec une
extrême sévérité tout manquement aux prescriptions de la loi religieuse;
dans certains cas même ils prononcent une véritable excommunication dite
tebria contre les coupables qui, ne pouvant plus prendre part à la vie
commune, sont obligés de s'expatrier jusqu'au jour où l'expiation leur
sera permise et les fera rentrer de nouveau dans le sein de la communauté.
La redoutable tebria peut même atteindre le Mozabite qui, hors
de son pays, se livre ostensiblement à certains actes que sa loi lui interdit.
La vie des femmes est très dure au Mzab; elles sont rigoureusement surveillées
et pour la moindre faute prétendue, on leur inflige des châtiments corporels.
Elles passent la plus grande partie de leur temps recluses chez elles Ã
faire les travaux du ménage et à tisser de la laine.
Le Mzab renferme sept villes : Elatef (2500
hab.), Bou Noura (1500 hab.), Melika (1200 hab.), Beni-Isguen (5500 hab.),
Ghardaïa (44,000 hab.), Berrian (4500 hab.)
et Guerara (4000 hab.). Les cinq premières de ces villes sont situées
au centre même de la Chebka, dans une sorte de cirque de 18 km de long
sur 2 km de large que coupe l'Oued Mzab; les deux dernières forment deux
postes avancés qui défendent les abords de la Chebka : la première au
Nord; la seconde à l'Est.
Avant l'annexion par les Français (novembre
1882) les Mozabites avaient une organisation sociale et politique toute
particulière. Chaque ville formait une sorte de petite république indépendante,
administrée par une assemblée élue où djemaâ qui détenait
tous les pouvoirs. Des délégations choisies dans chacune des djemaas
formaient en outre un conseil fédéral qui décidait des intérêts généraux
de la confédération et réglait les différends qui surgissaient avec
assez de fréquence entre les diverses municipalités. Mais à côté de
ces institutions démocratiques, il existait une corporation religieuse
qui, bien qu'elle semblât, en apparence, n'avoir d'autre but que de maintenir
intactes les pratiques religieuses et de veiller au maintien des lois,
exerçait une influence prépondérante sur tous les actes civils ou politiques
de la confédération. En effet, c'était parmi les membres de cette caste
que se recrutaient exclusivement les présidents des djemaâs qui, par
leur droit de veto, pouvaient empêcher l'exécution des décisions prises
par les assemblées municipales ou fédérales.
Selon la tradition, les Mozabites sont
les représentants de la tribu des Nefouça qui, persécutés à cause
de leurs opinions religieuses par les musulmans orthodoxes, se réfugièrent
en l'année 971 au Sud-Ouest de Ouargla où ils fondèrent un petit Etat
indépendant. Bientôt (1012) chassés par les Beni-Ouargla des établissements
qu'ils avaient fondés dans la vallée ouverte de l'Oued Mia, les Mozabites
trouvèrent dans la Chebka un abri presque inexpugnable contre les persécutions
de leurs
ennemis et y fondèrent les villes qu'ils
occupent encore aujourd'hui. Après la prise de Laghouat, ils conclurent
avec le gouvernement français, en 1853, une convention par laquelle ils
s'engagèrent à payer une contribution annuelle de 45,000
F, à condition de conserver leur entière autononie. En novembre 1882,
le territoire des Beni-Mzab fut annexé par l'administration coloniale
au département d'Alger et un bureau arabe fut établi à Ghardaïa.
(O. Houdas). |
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