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Les végétaux |
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Les
Végétaux
(en latin : vegetabilis, de vegere, pousser) sont des organismes
vivants, formés d'éléments anatomiques dans la composition
desquels il n'entre que des principes immédiats non azotés.
Comparés aux animaux, on peut les dire
pratiquement dépourvus de sensibilité, de contractilité
et de mobilité, mais néanmoins ils ont la faculté
de se nourrir, de croître et de se reproduire.
Un organisme végétal peut être entièrement composé de cellules, ou même être constitué par une cellule unique; mais le plus souvent il se compose à la fois de cellules, de tubes celluleux et de fibres. Chez les végétaux, comme chez les animaux, les organes se classent facilement d'après les fonctions auxquelles ils servent, ainsi la nutrition, qui entretient la vie des individus; la reproduction, qui assure la durée des espèces. Placés à l'extérieur et développés, pour ainsi dire, au dehors, les organes des plantes frappent facilement tous les yeux; mais leur ténuité en rend souvent l'étude difficile, et pourtant elle est d'autant plus essentielle pour l'intelligence des caractères que ces organes sont plus extérieurs et plus visibles. Chez le végétal, la nutrition s'opère au moyen de l'absorption et de l'assimilation des substances inorganiques à l'état fluide qui l'entourent; en conséquence, les végétaux ont seuls la puissance de fabriquer de la matière organique. De là le rôle immense qu'ils jouent dans le monde vivant, où ils sont la condition sine qua non de l'existence des organismes animaux. Le nombre des végétaux
est considérable, même en ne tenant compte que des espèces
actuellement vivantes, c.-à-d. en faisant abstraction des espèces
qui ont disparu au fil de l'évolution des espèces. Il s'élève
à plusieurs centaines de milliers pour les plantes déjà
décrites par les botanistes; mais ce chiffre s'accroît chaque
jour.
L'origine du nom des plantesOn a fait souvent procès à la botanique pour ses termes techniques, empruntés au grec et au latin, oubliant trop que, pour des choses inconnues auparavant, il faut bien forger des noms nouveaux. Toutes les plantes ne peuvent s'appeler chou, betterave, oignon. D'ailleurs, la nécessité des termes techniques est tellement absolue que nulle science n'a pu s'y soustraire : minéralogie, géologie, zoologie ont leurs substantifs savants pour désigner des objets inconnus des non-professionnels. La mécanique, les métiers un peu spéciaux même ont des appellations inusitées de la plupart pour désigner des appareils, des machines, des organes, des outils qui ne sont pas d'un usage courant. A la longue, l'usage a rendu ces noms très acceptables à l'oeil quand ils sont écrits, à l'oreille quand ils sont prononcés. Il en est de même des noms de plantes qui ont acquis droit de cité. On dit sans s'offusquer : des fuchsia, des géranium, des reseda, et même dahlia, aspedistra. Avec l'usage, tout devient familier.Mais les noms scientifiques en général, les termes botaniques en particulier, sont extrêmement nombreux... C'est que les plantes aussi sont presque innombrables. Il est difficile de retenir tous ces termes savants, même si, n'étant pas botaniste, mais médecin, horticulteur, jardinier, l'on ne doit se préoccuper que d'une faible partie du monde végétal. Il y a, cependant, un moyen de venir en aide à la mémoire; ce moyen, c'est l'étymologie raisonnée avec la formation des mots, leurs origines, leur histoire, leurs vicissitudes, leur imprévu, leur fantaisie. Cette science spéciale doit être d'un grand avantage en botanique, où il y a tant de mots à retenir, par conséquent à comprendre. Parcours ludique.
L'idée qui vient à notre naturaliste, c'est de donner à son genre nouveau le nom de celui qui l'a découvert, afin de le récompenser des peines qu'il s'est données et des dangers qu'il a affrontés dans son métier de pionnier de la botanique. Impossible, on lui a déjà dédié un genre! Le botaniste donnera donc à sa nouveauté le nom de son pays d'origine; mais c'est, imaginons, Xieng-Kouang, au Laos. Une piste possible. Mais notre botaniste est plutôt conservateur. Pensez donc, à l'heure d'Internet et des robots sur Mars, il est devenu... botaniste! Il cherchera donc ailleurs. Les caractères des feuilles, des fleurs exprimés en grec ne lui donnent rien d'acceptable; puis, dans ses combinaisons, il est content d'avoir fait phonétiquement deux trouvailles heureuses. Pas de chance, l'une et l'autre sont déjà employées à désigner deux plantes depuis longtemps connues. S'il donnait à la plante le nom d'un botaniste qui a bien mérité de la flore et de l'endroit étudié? Pierre, par exemple. Non, il y a déjà le genre Pierrea. Ouvrons le dictionnaire grec et traduisons en grec un caractère très remarquable, très curieux de sa graine. Elle est en forme d'un animal bizarre : un pou, avec un corps ramassé, des pattes. C'est tout à fait cela) phtheir, phtheiros, pou et sperma, graine. Phtheirospermum, voilà! Le malheur, c'est que Bunge, botaniste russe, en 1835, a déjà appelé de ce nom une plante de Sibérie, de Chine, appartenant à la famille des scrofulariacées et voisine des pédiculaires (lat. pediculus, pou). Mais il tient à ce caractère bizarre de la graine, et notre botaniste sera peut-être plus heureux en adoptant le terme acareosperrna (du gr. akari, akareôs, ciron, mite, acarien). Aux prises avec tant de difficultés, ce n'est pas toujours heureusement que le botaniste réussit. Aussi certains noms de plantes sont-ils d'une fantaisie extraordinaire. N'importe! si le nom n'est pas trop long, trop dur à l'oreille ou à la langue. Nous avons déjà signalé quelques catégories sous lesquelles se rangent Ies étymologies botaniques : nom du découvreur, du pays d'origine, d'un botaniste méritant; nom tiré du grec ou du latin et rappelant un caractère remarquable. Il y a bien d'autres cas étymologiques; emprunts à la mythologie, à l'histoire, à la botanique ancienne (grecque, latine, arabe), à une langue quelconque, à des usages médicaux, industriels, etc. Parfois, le botaniste, situant son genre auprès d'un autre, trouve plus facile d'adopter le nom de ce dernier en le modifiant dans sa terminaison ou en faisant danser sans ordre ses syllabes ou ses lettres (anagramme), etc. Des difficultés inhérentes à ces sortes de recherches sont telles qu'un botaniste de quelque expérience et doué de quelque sagacité y réussira mieux qu'un étymologiste de profession. Et d'abord : 1° Il n'y a aucun ouvrage d'ensemble, assez récent pour être complet, traitant de cette matière;Il faut, en effet - c'est une règle absolue - toujours remonter à la source, si l'on veut avoir toutes garanties de rencontrer la vérité étymologique; et, par source, il faut entendre la description princeps du genre où l'auteur a créé son nom, l'a forgé de toutes pièces et où, peut-être, il a donné les raisons pour lesquelles il a préféré ce nom à tout autre. Or, ce principe absolu admis, les difficultés commencent : 1° Disposant d'une bibliothèque spéciale et même de plusieurs, toutes très importantes, comme sont celles du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, voire des ressources d'Internet (tiens, ça peut servir!) on n'est pas certaine d'avoir à sa disposition toute l'information existante. Il faut donc écrire à de lointains confrères et se l'aire comminiquer des extraits;Il ne saurait être question, ici, de citer beaucoup d'étymologies, mais il sera bon de présenter quelques exemptes bien choisis, curieux, typiques, qui donneront une idée du puissant intérêt, des difficultés qui s'attachent à ces recherches, en même temps que des exemples seront puisés dans chaque catégorie. On a vu plus haut qu'il faut remonter aux sources, de toute necessité. Pour le prouver, nous citerons d'abord quelques étymologies trompeuses : Adenia de Forskal, de la famille des passifloracées, publié dans la Florae Aegyptiaco-Arabica, p.77 (1775). On supposerait vraisemblablement qu'il s'agit d'une plante portant des glandes (aden, adenos, glande). Pas du tout, on trouve dans Forskal, p. CX et p. 77 : « Etymologie : du nom vernaculaire aden ». Anguillaria de R. Brown, famille des liliacées, publié dans le Prodromus forae novae Holl., p. 273 (1810). On pourrait croire que le nom vient du latin anguis, serpent, anguille, petit serpent, d'où anguille, poisson. Un dessin (dans Gaertner, De fructibus) montre un embryon contourné en spirale, et cela ajoute à la vraisemblance de cette étymologie risquée. Elle est fausse, puisque R. Brown prend soin de nous dire lui-même, p. 273 : « En mémoire de Aloys Anguillaria, professeur de botanique à Padoue, botaniste éminent de son époque, d'après le jugement de Haller. »Dianthus de Linné, l'oeillet, famille des caryophyllacées, publié dans les Genera plantarum de Linné, n° 565 (1736). Le chercheur croit être sûr de lui en disant : dis, deux et anthos, fleur (qui porte deux fleurs), comme le Dianthus prolifer L., par exemple. Mais Linné lui donne un double démenti : 1° dans sa Philosophia botanica, p. 177, car il écrit expressément :Microtaena, genre de Prain, de la famille des labiacées, publié dans les Icones plantarum de Hooker, pl. 1872, en 1889. Voici ce qui se présente à l'esprit du chercheur superficiel : micro, préfixe grec très employé, signifant « petit » et tainia, terme grec, bien semblable au latin taenia, signifant « bandelette». Les dictionnaires grecs ne donnent rien de mieux. Va donc pour microtaena, petite bandelette, petit ruban. Mais, si l'on se reporte à la pl. 1872 des Icones, c'est-à-dire à la source, on lit :« Dios, de Dieu, de Jupiter et anthos, fleur »;2° dans la Flora Lapponica, p. 133, où il est plus explicite :« Comme qui dirait fleur de Jupiter ou fleur des dieux, à cause de l'odeur et de la couleur remarquables de la fleur dans certaines espèces. » « Raison étymologique : du nom de Craniotome; lettres disposées par anagramme ».Craniotome est un genre voisin. Et nous n'avons cité que quelques exemples des erreurs que l'on peut commettre en ne remontant pas aux sources. Dédicaces.
« En mémoire du très puissant et très clément Gustave lll, notre roi, qui donna très gracieusement la merveilleuse collection des plantes de l'Inde à mon père. »Nous savons de manière indubitable qu'il s'agit du roi de Suède, qui régna de 1772 à 1792 et périt assassiné. Il y a des dédicaces où le créateur a déformé le nom de son personnage. Ainsi, Gundelia L. « est préféré, dit Linné dans sa Critica botanica, p. 88 et 95, par euphonie, à Gundelsheimera ». Dès lors, nous savons de qui il est question : c'est de Gundelsheimer (André), médecin allemand très versé en archéologie qui accompagna Tournefort dans son voyage en Orient (1700-1702). Tournefort aimait, paraît-il, à abréger en Gundel le nom de son compagnon. Herminiera, une légumineuse, est dédiée par Guillemin et Perrottet, dans leur Florae Senegalensis Tentamen (1830-1833), I, p. 201, « à Lherminier, naturaliste très distingué de la Guadeloupe, qui a enrichi le Muséum d'histoire naturelle de Paris d'un grand nombre d'objets intéressants et, particulièrement, de plantes des Antilles ». Barleria de Linné, une acanthacée, « est préférée, par euphonie, à Barrelieria », dit le créateur dans sa Critica botanica, pp. 88 et 91. Sans cette indication concise, mais suffisante, qui donc aurait deviné qu'il s'agissait de Barrelier (Jacques), dominicain, né et mort à Paris (1606-1673), qui a écrit une Histoire des plantes observées en France, Espagne et ltalie, publiée par Antoine de Jussieu en 1714? Muellerargia, de Cogniaux, est une cucurbitacée, dédiée, dit son auteur, dans les Monographiae phanerogamarum (1881), III, p. 630 « à J. Mueller d'Argovie, botaniste genevois ». On l'appelait Argoviensis pour le distinguer des autres Mueller, botanistes, qui sont légion. Un autre botaniste, Pax, devait créer un genre Argomuellera. Aublet, dans ses Plantes de la Guiane françoise, a fait un genre Bertiera, I, p. 180 (1775, sans dire quelle personne il voulait immortaliser. Mais une dame Bertier demeurait à Aroura, en Guyane, comme on l'apprend en compulsant l'ouvrage d'Aublet, où elle est citée çà et là, à propos d'un genre ou d'un autre. Sans doute, le Bertiera est dédié à cette dame Bertier, mais pourquoi Aublet n'en dit-il rien?... Voici deux genres historiques : Carlina L. n'est pas dédié à un Carlin, s'il en existe, ou même à un vulgaire Charles. « Tiré du nom d'un roi », dit Linné [Philosophia botanica (1751), p. 171] »; « Charles V le Grand, empereur d'Allemagne », complète-t-il dans sa Critica botanica (1737), p. 76. Mais voici venir le grand botaniste Ray (Rajus), l'Anglais, qui nous dit dans son Historia plantarum 1686), p. 288 : « Cette plante a été dédiée à Charles le Grand, empereur; il en a utilisé les racines contre la peste qui contaminait son armée. »Un effort de mémoire, et l'on se rappelle le siége de Metz, si vaillamment défendue par le duc de Guise en 1553. Eugenia Linné, une myrtacée, aurait-il été dédié galamment à une Eugénie? Point. «-Dédié à un prince », dit Linné dans sa Phil. bot., p. 171 : « Eugène, prince de Savoie-Carignan », précise-t-il dans la Crit. bot., p. 76. Mais, alors, c'est du fameux prince Eugène qu'il s'agit, celui qui, dédaigné de Louis XIV, a su battre ses armées dans la guerre de succession d'Espagne, à Oudenarde et Malplaquet. Comme si ce n'était assez de ce double témoignage, voici celui de Candolle (Mémoire sur les myrtacées, p. 24) : « Genre établi par Micheli, en 1729, sur une espèce qui porte aujourd'hui le nom d'Eugenia MicheIii. Le nom générique est destiné à rappeler celui du prince Eugène de Savoie, qui se délassait de ses occupations militaires par le soin de ses jardins et qui avait donné à Micheli toutes les plantes d'Allemagne décrites par Clusius. » Voici une bien jolie dédicace présentée par le genre Bauhinia Linné, famille des légumineuses : « Du nom des botanistes», dit Linné dans sa Phil. bot., p. 172. « Bauhinia est à feuilles bilobées ou à deux folioles presque nées de la même base, comme est la noble paire des frères Bauhin », dit encore Linné dans la Critica botanica, p. 79 et 91. Jean Bauhin (1541-1613) et Caspar Bauhin (1550-1624) ont été inséparables dans leurs beaux travaux : la feuille des Bauhinia en est une élégante image. Goûtez cette toute charmante et toute modeste appréciation de Linné par lui-même à propos du genre Linnaea, de la famille des caprifoliacées « Dédié à Linnaeus Car., Suédois qui florissait en 1732 » (Linné lui-même, dans la Critica botanicae, p. 93). « Ce genre est fait par Gronovius sur une plante de Suède, petite, vile, négligeable, fleurissant dans un temps très court. Il en est de même de Linné ». Et cela est signé de Linné lui-même, dans le même ouvrage, p. 81. Charmante modestie (ou coquetterie...) du botaniste! Deux dédicaces de Baillon, pour finir : la première. Dedea major, dans l'Adansonia, XII, p. 339 (1876-1879); la seconde, Marcellia mirabilis, dans le Bulletin de la Société linnéenne de Paris (6 oct. 1886, p. 625): Dédé, c'est André, son fils aîné (major); Marcelle, c'est sa petite fille (mirabilis, admirable). C'est la tradition conservée au Muséum qui explique ces dédicaces. Nous terminons par l'extraordinaire dédicace que voici : Didiciea doit rappeler le Dr Cunningham (?l). Personne ne trouverait l'étymologie sans l'explication des auteurs du genre, King et Pantling, deux Anglais : « Le genre (d'orchidées) est dédié à son collecteur, le Dr D. D. Cunningham, de la Société royale de Londres, légionnaire de l'ordre impérial de l'Inde, et les consonnes dans le nom proposé pour lui sont dérivées des initiales. »Les consonnes initiales sont D. D. C. En anglais, cela se prononce di di ci : Didiciea. Mais qui aurait trouvé cette étymologie fantaisiste sans remonter aux sources? Anagrammes.
Pour finir, deux anagrammes : Rajania Linné est dédié au grand botaniste Rajus (Ray en anglais); c'est Linné lui-même qui prend soin de nous l'apprendre dans sa Critica botanica, p. 94. Mais, p. 713, il nous signale que la même plante était d'abord appelée Janraya, de Jean Ray. Or, Rajania est, avec variante, une anagramme de Janraya. Norantea, de Aublet, vient du nom donné en Guyane par les Galibie. Ce nom vernaculaire est Corono-antegri, dit Aublet (Histoire des plantes de la Guiane françoise, I, p. 555). Dans ce mot, il y a ron ante en choisissant et en rejetant certaines lettres; par inversion, on a nor, ante. Il n'y a plus qu'à ajouter la finale latine a. C'est aussi simple que cela. Mais Aublet s'est bien gardé de nous donner la clef de l'énigme. Noms vernaculaires.
D'autres botanistes avaient agi de même : Rotang L., famille des palmiers, est ainsi appelé par les Malais. au dire de Pison, Rajus, Rumphius, Burmann; l'Ailantus Desfontaines, une simaronhacée, le vernis du Japon des boulevards des villes d'Europe, était appelé Aylantlo, c'est-à-dire arbre du ciel, au dire du vieux Rumphius (Herbarium Amboinense, Ill, 1755, p. 206), selon la langue d'Amboine, ce que Desfontaines traduit par Ailanthe, cause d'une faute orthographique, comme si le nom venait du gr. anthos, fleur. Petunga de Candolle, une rubiacée, est appelée Peetunga en Inde, au témoignage de Candolle lui-même (Prodromus, VI, p. 399); Coffea de Linné, notre café, était utilisé par les Arabes, les Egyptiens, les Turcs, sous le nom de Coava, au dire de Ray [Historia plantarum (1686), p. 1691]. Terminons cette énumération, qui pourrait donner cent exemples, par un nom vernaculaire portugais habillé à la grecque : le Basitoxylon est une sterculiacée du Brésil, ainsi nommée par K. Schumann dans la Flora Brasiliensis, XII, 3, p. 12, et cet auteur nous dit que le nom vernaculaire est Pao-Rey, c'est-à-dire Bois royal (du gr. basileios, royal, et xylon, bois). Pays d'origine
ou station.
« Composé de Amomum (un genre voisin) et de Africa, parce que ses espèces ne vivent pas en dehors de cette partie du monde. »Comparez aussi : Afrardisia, une ardisiacée; Afrocalathea, voisin de Calathea; Afrodaphne, une daphnacée; Afromendocia, voisin de Mendocia; Afroraphidophora, voisin de Raphidophora, tous genres africains au témoignage de leurs divers auteurs. Le grenadier est nommé Punica par Linné, après le vieux Dodoens. Celui-ci fait venir ce nom de malus Punica, pomme de Carthage (réminiscences : guerres puniques, foi punique), et Linné dit littéralement: « Tiré du nom de la ville de Carthage ». (Philos. bot. p. 169). Autrelois, on connaissait davantage le Thapsia aux cuisants souvenirs. La plante qui donne ce médicament est de Linné, qui nous dit, dans sa Philosophia botanica, p 169: « Du nom de la localité africaine. » Avant lui, Tournefort avait décrit ce genre en disant : « Dioscoride nous apprend que la plante reçut ce nom du fait qu'elle fut découverte d'abord dans l'île de Thapsus », non loin de la Sicile, aujourd'hui Manghisi. Bien malin qui trouverait l'étymologie du genre Coublondia, si son créateur ne nous la faisait connaître. Est-il dédié à un certain Coubland? « Cet arbrisseau, dit Aublet, croît dans l'île de Cayenne, sur les bords de la crique Fouillée, du côté de la Descoublandière » (Hist. pl. Guiane françoise, p. 937-938). On chercherait vainement cette localité sur les cartes. Tout au plus trouverait-on Les Coublandières, un lieu-dit à Jallais, dans le Maine-et-Loire, et l'on se fourvoierait alors sur une fausse piste... Bien nombreuses et bien connues sont les renoncules (Ranunculus L.). Tournefort nous dit dans ses Institutiones, I, p. 293 : « Ainsi nommé parce que plusieurs espèces de ce genre aiment les endroits où vivent les grenouilles ».Et Linné confirme cette étymologie : « La plante habite avec les grenouilles » (Phil. bot., p. 167) [latin rana = grenouille, ranunculus, grenouillette]. Comparez à rainette, la grenouille verte des buissons. Saxifraga, encore un nom bien connu des botanistes et des horticulteurs; Tournefort nous dit : « les stations que préfère le Saxifraga (du lat. saxum, roc, et frangere, briser), c'est-à-dire plante brisant les rochers ou qui s'élance de leurs fissures... » (lnstitutiones, I, p.253). Propriétés,
usages.
La Balsamine (Balsamina, aujourd'hui Impatiens) servait à la confection d'un baume (balsamum); pour cela, dit C. Bauhin, avant la maturité, les fruits de Balsamine étaient jetés dans l'huile et exposés au soleil; il en résultait un baume. Certaines plantes, classées autrefois dans les Malpighia, ont mérité de former un genre distinct appelé Byrsonima Richard et Jussieu, « parce qu'elles sont employées dans leur patrie au tannage des cuirs ». (A.-L. de Jussieu, dans les Annales du Muséum, XVIII, p. 481 [du gr. byrsa = peau apprêtée, cuir]; à comparer bourse, petit sac de cuir pour la monnaie). Les Latins disaient scopae, balai; scoparius, balayeur; de là le genre Scoparia de Linné, « nom tiré de l'usage économique », dit Linné (Phil. bot., p. 168). Religion.
Une perle étymologique, c'est Andromeda Linné . Goûtez toute la poésie qui s'exhale d'une citation du grand botaniste [Flora Lapponica, p. 127 (1737)] : « Andromède, cette vierge très distinguée et très belle, s'enorgueillit de son col altier (pédoncule), de sa face aux lèvres roses (corolle), beaucoup plus belle que la pourpre de l'amour. Cette frêle jeunesse est jetée à genoux et les pieds liés (tige inférieurement couchée), entourée d'eau (au printemps), fixée à un rocher (ou petite montagne), exposée aux horreurs des dragons (monstres des eaux). Elle penche vers la terre sa face consternée (sa fleur) et lève, très innocente, ses bras vers le ciel (ses rameaux). Enfin, digne d'un meilleur sort, elle est soustraite aux eaux et aux monstres vaincus par le généreux Persée (l'été), qui fait de la vierge désolée une mère féconde, dont la face se relève (son fruit) ».Admirable poésie, pleine de vérité si on la compare à l'image même de la plante telle qu'elle est donnée par Linné lui-même dans sa Flora Lapponica! La Passiflora Linné (du latin passio, la passion, et flos, floris, fleur) est ainsi nommée à cause des instruments de la Passion (Linné, Phil. bot., p. 169) de Jésus. L'imagination du botaniste et du peuple a vu la couronne d'épines de Jésus (la rangée circulaire formée par les divisions du disque), le marteau qui servit au supplice (les anthères oscillantes sur leur filet), et les clous qu'il enfonça dans les pieds et les mains du crucifié (les stigmates en forme de clous à large tête). Caractères
botaniques.
Acridocarpus Guillemin et Perrottet, une
malpighiacée : « du gr. akris, akridos, sauterelle,
et karpos, fruit, comme qui dirait fruit ayant l'aspect d'une sauterelle
au vol » (Guillemin et Perr., dans Florae Senegalensis Tentamen,
p. 123 et pl. 29.)
Aspicarpa L. C. Richard, une malpighiacée,
« Fruit transversal, orbiculaire-discoïde et presque caréné,
avec un mamelon en dessus », dit l'auteur dans les Mémoires
Aspidistra Ker, une liliacée. Il y a encore un bouclier sans doute. Lisez Ker dans le Botanical Register (1822), pl. 628, et vous trouvez « aspidiskos, petit bouclier » d'où aspidistra, sorte de bouclier. Le bouclier, c'est « le stigmate charnu, épais, large, en forme de chapeau, orbiculaire, convexe » qui ferme la fleur comme le couvercle ferme une marmite. Cordilocarpus Desfontaines, une crucifère. « Silique (fruit) en massue, cylindrique, globuleuse au sommet ». (Desfontaines, Flora Atlantica, II, p. 79) et plus loin : koroulè, massue, et karpos, fruit [même ouvrage]. Condylocarpon Desfontaines, une apocynacée. « Follicules (fruits) composés chacun de 2-3-4 lobes oblongs, aplatis, un peu épais, articulés les uns à la suite des autres, rétrécis au point de jonction...» (Desfontaines, Mémoire du Muséum de Paris [1822], p. 120.) Ces fruits ressemblent aux phalanges noueuses d'un squelette. Le dictionnaire grec nous donne l'étymologie kondylos, articulation des os, surtout des doigts, et karpos, fruit. Digitalis Tournef., Linné, une scrofulariacée bien connue en France. « Digitalis, dé ou qui concerne le doigt. A cause de la ressemblance de la fleur avec un dé, que les femmes ont l'habitude de se mettre au doigt ». (Tournefort; Institutiones [1700], I, p. 166.) « Tiré de la forme en doigt de la corolle ». [Linné, Phil. bot., p. 169.]. Delphinium Tournef., Linné, renonculacée commune dans les jardins. « De la forme des fleurs, non encore ouvertes, qui figurent le dauphin, tel que les peintres le représentent ». (Tournef., lnstitutiones [1700], I, p. 428.) Vue de côté, en effet, avec son éperon courbé, la fleur a quelque analogie avec le dauphin (delphinum) classique. Etymologies douteuses.
Famille de mots.
Brachionidion, - petit bras; Brachistus, - tube; Brachyactis, - rayon; Brachyandra, - étamine; Brachybotrys, - grappe; Brachycarpae, - fruit; Brachychaeta, - paillette; Brachychilus, - lèvre; Brachychiton, - disque; Brachycorythis, - casque; Brachyelytrum, - élytre; Brachyglottis, - langue; Brachylaena, - involucre; Brachylophon, - crinière; Brachyloma, - frange; Brachynema, - filet; Brachyotum, - oreille; Brachypodium, - pied; Brachypterys, - aile; Brachysema, - étendard; Brachysiphon, - tube; Brachystegia,couverture; Brachystelma, - ceinture; etc.La racine crypto, caché, peu visible, est commune dans les noms de plantes. De même, on rencontre fréquemment dactylon, doigt; dendron, arbre; acantha, épine; ambly, obtus; aniso, inégal; antho, fleur; anti, contre ou près; aster et astro, astre; calo et calli, beau; etc. Ces racines sont naturellement groupées dans un lexique et se suivent alphabétiquement, ou à peu près; mais la seconde ou la troisième racines ne sont jamais groupées, bien entendu. Il y aurait intérêt à les rassembler en familles de mots dans un dictionnaire étymologique bien compris, et ainsi voisineraient, par exemple, tous les noms de plantes qui renferment le mot dendron, arbre, soit au commencement, soit à latin, comme Dendrobium, Dendrocalamus, Dendrochilum, Dendrodaphne..., et Alsinodendron, Ammodendron, Anadendron, Anodendron, Calodendron, Caryodendron, Archidendron, Aydendron, Balfourodendron, etc., et les... phyllum et les... apermum, etc. Avec un peu d'habitude et de pratique, on devient habile à discerner les étymologies. Beaucoup de ces noms composés représentant un caractère de la plante, l'esprit va du nom au caractère, ou vice versa. (P. Gaonepain). |
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