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Le Palais du
Louvre, à Paris
(Ier'arrondissement)
est un vaste ensemble de constructions monumentales, situées
sur la rive droite de la Seine, dans le Ier
arrondissement de Paris, et dont les plus anciennes
remontent à 1546, et les plus récentes, pour l'essentiel,
à 1993. Depuis la destruction des Tuileries
en mai 1871, le nom de Louvre s'étend au nouveau Louvre et à
la « jonction du Louvre aux Tuileries ». De l'Est à
l'Ouest, on rencontre le Louvre proprement dit, qui renferme la cour carrée
(122 m du Nord au Sud; 124 de l'Est à l'Ouest). Derrière
cette cour, au Nord et au Sud, se dirigent vers l'Ouest deux longues ailes
et en retour deux grandes galeries qui allaient rejoindre les pavillons
extrêmes des Tuileries; elles forment maintenant les parties latérales
de la cour du Carrousel et du
jardin planté sur les ruines de ce dernier palais. A partir de la
façade Ouest de la cour du Louvre, chaque aile est accompagnée
à l'intérieur d'une deuxième galerie de 220 m, jusqu'à
la place du Carrousel. Le périmètre ainsi circonscrit forme
la cour Napoléon, au centre de laquelle se trouve la pyramide de
verre qui sert aujourd'hui d'entrée principale.
- Le Louvre sous Charles V, dans le Livre d'Heures du Duc de Berry (mois d'octobre), par les frères Limbourg (vers 1410) Primitivement, le Louvre a pu être un rendez-vous de chasse en forêt (roboretum = chênaie), ou une louverie (lupara). On y éleva ensuite une forteresse. Lorsque Philippe-Auguste donna une nouvelle enceinte à sa capitale, le Louvre prit une grande importance : la grosse tour fut construite à la fin du XIIe siècle. Une douzaine d'autres tours y furent ajoutées par Charles V. En 1866, des fouilles ont permis de reconstituer le plan sommaire, reproduit sur le sol de la cour carrée au moyen de lignes de pavés blancs : le tout ne correspondait même pas à l'étendue de cette cour. En 1885, en établissant des caves sous le musée des antiques, on a retrouvé les vestiges des fondations de la grosse tour. Des vestiges encore plus anciens ont été dégagés, et rendus accessibles au public lors des travaux du Grand Louvre. On connaît le nom de l'architecte Raymond du Temple, qui construisit l'escalier d'une des tours en 1365 (la grande vis). Le Louvre restait un château
fort et une prison politique du même genre que la Bastille,
mais les rois vinrent parfois y habiter. Charles
V y fit déposer son trésor et placer ses livres (tour
de la Librairie), origine de la Bibliothèque nationale. Au XVIe
siècle, le Louvre, depuis longtemps abandonné pour d'autres
résidences, était dans un état déplorable,
et, pour y recevoir Charles-Quint, François
Ier, avait
été forcé d'y faire d'onéreuses réparations.
Il prit bientôt le parti de démolir la grosse tour (1527).
Pierre Lescot lui soumit le projet de reconstruction
en 1539; le même architecte commença l'aile occidentale en
1546, acheva la salle des Caryatides en
1548, le pavillon Sud-Ouest (dit pavillon du Roi) en 1556, et bâtit
la moitié de l'aile méridionale de 1558 à 1564. Pour
la sculpture et l'ornementation, il s'était adjoint Jean
Goujon et l'Italien Paul Ponce, élève de Michel-Ange.
Le Louvre sous Charles V. (Reconstitution moderne, par J. H. Hoffbauer). Le plan de Pierre
Lescot (quatre façades formant carré et quatre pavillons
d'angle) ne comportait comme étendue que le quart du Louvre actuel.
Métezeau (Thibaut) commença les travaux de la grande galerie
eu 1556; Pierre Chambiges construisit la petite galerie de 1556 à
1576; Métezeau (Louis) donna un premier étage à la
grande galerie (1594-1596); Isaïe Fournier et Jean Coin en donnèrent
un à la petite (1600). Richelieu s'était
promis de terminer l'édifice sur un plan plus étendu, celui
de Lemercier. En 1624, Louis XIII posa la première
pierre du pavillon de l'Horloge, comme pavillon central. Les derniers débris
du Moyen âge
disparurent; Lemercier, après le pavillon central, continua l'aile
occidentale et conduisit l'aile septentrionale jusqu'au premier étage
(1624-1643).
Le Louvre"achevé" au XIXe siècle, avec le Palais des Tuileries au premier plan. Après les troubles de la Fronde,
Louis Levau et d'Orbay construisirent la façade
de l'Est (sur la cour intérieure) et achevèrent les ailes
du Nord et du Sud. Mais Louis XIV et Colbert
rêvaient une entrée plus grandiose du côté de
Saint-Germain-l'Auxerrois.
Le cavalier Bernin fut à grands frais
appelé d'Italie,
puis renvoyé, et c'est alors que Claude Perrault
fit admettre la célèbre colonnade
(1667-1680); comme elle avait été conçue indépendamment
des constructions antérieures et qu'elle dépassait en hauteur
le premier étage de la cour, il fallut reconstruire la façade
Sud du côté du quai et ajouter un second étage à
la façade Nord; l'aile occidentale fut seule respectée.
La colonnade du Louvre. Après la mort de Colbert, Versailles l'emporta définitivement sur le Louvre : les travaux furent abandonnés, et les appartements logeables du palais servirent de logement aux artistes, savants ou gens de lettres dont Louis XIV se faisait une cour devant la postérité. Sous Louis XV, Gabriel restaura la colonnade en 1755. Louis XVI fit quelques aménagements intérieurs pour les collections d'art qu'il laissa à la Révolution le mérite d'y installer. Sous l'Empire (Napoléon) eut lieu le classement de ces collections, accrues par les victoires françaises et bientôt réduites par celles de l'Europe. De 1806 à 1813, Percier et Fontaine avaient achevé la cour intérieure. A la fin du XIXe siècle, Duban a restauré la galerie d'Apollon, la grande galerie sur le quai jusqu'au pavillon Lesdiguières, et a décoré le salon Carré et la salle des Sept-Cheminées (1849-1853). Enfin, de 1882 à 1888, Edmond Guillaume a ouvert de nouvelles salles et aménagé la grande salle de l'École française. Tous ces travaux concernent le Louvre proprement dit. Sous le second Empire, Visconti (1852-1853),
puis Lefuel (1853-1857) ont construit le nouveau Louvre. Quant à
la jonction du Louvre aux Tuileries, dès le règne de Henri
IV, Du Pérac et Jacques Androuet
du Cerceau (deuxième du nom) construisirent la grande galerie
à pilastres sur le quai et le premier pavillon de Flore (1594-1610);
à Louis Levau est dû le premier pavillon
de Marsan (1659-1667). Napoléon le fait
construire (1802) par Percier et Fontaine l'aile qui longe la rue
de Rivoli; Napoléon III
fait transformer par Lefuel la grande galerie du quai; le pavillon Lesdiguières
fut répété symétriquement et entre les deux
bâtiments furent ménagées les trois ouvertures cintrées
de la place du Carrousel au pont des Saints-Père (1860-1870). A
la même époque et au même architecte appartient la reconstruction
du pavillon de Flore.
Le Vieux Louvre : Pavillon de l'Horloge (ou de Sully), depuis la cour Carrée. Après l'incendie de mai 1871 fut construit le nouveau pavillon de Marsan et reconstruite une partie de l'aile sur la rue de Rivoli (1871-1876). Sous l'Ancien régime, l'espace compris entre le Louvre et les Tuileries était en grande partie bâti et sillonné de rues. Après l'abandon des travaux du premier Empire, les maisons reparurent au milieu de démolitions inachevées, dans des terrains vagues et fangeux. Cet emplacement ne comprend plus maintenant, avec des jardins, que l'arc de triomphe du Carrousel. Les ruines des Tuileries ont été rasées complètement en 1886 et, depuis, le jardin a été continué sur l'emplacement de ces ruines; la perspective s'étendit ainsi du centre de la cour du Carrousel jusqu'à la place de la Concorde et aux Champs-Elysées. Le Louvre a connu de nouvelles transformations
après que F. Mitterrand, élu président de la République
en 1981, ait décidé d'un programme de grands travaux dans
la capitale, et dans lequel le « projet du Grand Louvre-»
figurait en bonne place. De nouveaux espaces ont été alloués
au musée dans l'aile Richelieu (côté rue
de Rivoli), en déplaçant à Bercy les locaux
qu'y occupait auparavant le ministère de l'Economie et des Finances;
et surtout, un nouveau plan de circulation a été rendu possible
par la création, sous la cour Napoléon d'un grand hall d'entrée
pour le public, surmonté de ce qui est devenu l'emblème du
projet : la pyramide de verre édifiée par l'architecte Ieoh
Ming Peï, en 1989.
Ancienne vue du Louvre (côté Seine). Le
musée.
Les oeuvres ainsi réunies constituèrent
ce qu'on appelait le Cabinet du roi qui, resté à peu
près stationnaire sous les règnes suivants, se développa,
sous Louis XlV, grâce à Colbert
qui acheta en 1661 la collection laissée par le cardinal Mazarin
et en 1671 celle du banquier Jabach. Le Cabinet, qui comptait au commencement
du XVIIe siècle environ 200 peintures,
s'enrichit en dix ans de 647 tableaux et de très de 6000 dessins,
et fut transféré en 1681 au palais du Louvre. Telle fut,
en ce qui concerne la peinture, l'origine du musée actuel. En 1740
l'inventaire, dressé par Bailly, enregistre
2403 tableaux. Transportée peu de temps après à Versailles,
puis (1750), installée en partie au palais du Luxembourg
et de nouveau ramenée à Versailles, cette précieuse
collection, malgré les efforts du comte d'Angiviller, directeur
général des Bâtiments du roi, ne fut définitivement
réunie au Louvre que pendant la période révolutionnaire.-
Le Louvre : l'aile Richelieu. De gauche à droite : pavillons Turgot, Richelieu (détails de l'ornementation ci-dessous) et Colbert. A la suite de divers décrets et sur le rapport de Barrère, le Muséum national fut inauguré officiellement le 10 août 1793 (23 thermidor an Il) et ouvert au public trois jours par décade à dater du 8 novembre de la même année. A ce moment le catalogue comprend 537 tableaux auxquels sont venus se joindre en 1795 un grand nombre de tableaux provenant de Versailles. Pendant la période tourmentée de la Révolution et de l'Empire, le musée du Louvre offre l'aspect d'un vaste atelier où l'on s'occupe à placer en toute hâte les oeuvres provenant des conquêtes des armées de Napoléon (c'est-à-dire du pillage méthodique dont Vivant Denon allait être le principal maître d'oeuvre). En 1815, les alliés reprirent ou enlèvent 5233 oeuvres d'art dont environ 2000 toiles qu'il a fallu remplacer par d'autres retirées du Luxembourg. Jusqu'en 1848, la collection de peintures
s'accroît de cent et quelques tableaux à peine. Un grand développement
lui est donné à partir de 1851. En 1862, l'acquisition de
la collection Campana enrichit le Louvre de 200 toiles environ de l'école
italienne. Le legs magnifique du docteur Lacaze
(1869) apporte 275 peintures nouvelles de toutes les écoles. Enfin,
sous la troisième République, le département des peintures
s'est enrichi de près de 300 tableaux acquis sur le budget ordinaire
du musée, tandis que les dons et legs particuliers (Duchâtel,
Gattaux, His de La Salle, Moreaux, Mme Vve Pommery, etc.) ont fait entrer
dans cette collection plus de 300 morceaux de premier ordre.
La grande galerie du Louvre, par Hubert Robert. Quant à la sculpture, elle était depuis longtemps représentée par des monuments antiques et modernes qui, jusqu'à la constitution du musée d'Angoulême au Louvre (1824), avaient servi de simple ornement aux salles et aux jardins. Successivement enrichi à grand-peine par une partie de l'héritage du musée des Monuments français que supprima l'ordonnance du 18 décembre 1816 et par d'autres acquisitions ultérieures, le département de la statuaire moderne comprenait 94 monuments en 1824; ensuite, plusieurs nouvelles salles ont été consacrées au Louvre à cette branche importante de l'art. La sculpture française, comme la sculpture italienne, s'est développée sans cesse dans ses galeries. Le Moyen âge français a été à la fin du XIXe siècle l'objet de soins tout particuliers, et la création du musée affecté à cette période date à peine de 1889. Plusieurs antiques et non des moins célèbres
figuraient déjà dans les anciennes collections du roi; on
y ajouta dans la suite quelques morceaux provenant de la conquête
ou des missions scientifiques remplies sur divers points de la Grèce
et de l'Asie Mineure (Olympie, Athènes,
Assos, Milet,
Magnésie du Méandre, Thasos, Samothrace,
etc.). La collection Campana comptait plusieurs pièces très
importantes qui ont été ajoutées aux antiques, lesquels
encore se sont enrichis de quelques oeuvres de la meilleure époque
aussi bien en marbre qu'en bronze. Le département égyptien,
qui était autrefois confondu avec celui des Antiques, doit sa formation
et presque toutes ses richesses aux découvertes de Champollion
et de Mariette. Les fouilles exécutées
en 1842 par Botta à Kouyoundjik, celles
de Victor Place en 1852, les missions de Renan, Waddington, de Vogüé,
Heuzey, Héron de Villefosse, Rey, de Saulcy,
Victor Texier, de Sarzec, Dieulafoy, etc., ont contribué à
former le musée des antiquités orientales.
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Véronique Bresc-Bautier, Le Louvre, une histoire de palais, Somogy - Editions d'art, 2008. - Depuis l'ancienne forteresse médiévale initiale jusqu'au « Grand Louvre » de demain, cet ouvrage retrace et analyse les différentes étapes de son édification et de ses changements, et dévoile une saga mouvementée, tour à tour brillante et dramatique, qui se confond avec l'histoire de France, royauté et république confondues, et avec celle de l'épopée européenne. (couv.). François Cheng, Pélerinage au Louvre, Flammarion, 2008. - C'est son musée du Louvre que François Cheng nous convie à parcourir dans ce livre. Mieux même, il nous entraîne dans une véritable redécouverte de cette prestigieuse collection, longuement fréquentée, en nous offrant le privilège de "revoir" en sa compagnie un certain nombre de ses plus beaux tableaux. Sont ainsi convoqués les plus grands noms de la peinture, qu'il s'agisse le Giotto, Piero della Francesca, Lotto, Léonard de Vinci, Le Caravage, Poussin, Watteau, Delacroix, Corot, Goya, Van Eyck, Memling, Rubens, Vermeer, Rembrandt, Turner ou encore Dürer et Cranach. Révélés par une plume subtile, attentive et pénétrante, ces chefs-d'oeuvre semblent alors éclairés d'un regard étonnamment neuf. Et François Cheng, "pèlerin de l'Occident" depuis plus d'un demi-siècle, de nous inviter dans son sillage à goûter toute l'intimité de ce palais dont il se fait le héraut. (couv.). Luca
Bachechi, Les
chefs-d'oeuvre du musée du Louvre, Place des Victoires,
2009.
D. Durand, J.-R. Gaborit, L'art roman au Louvre, Fayard, 2005. - L'album, somptueux et savant, qui montre dans le détail au public, les richesses du Louvre dans l'art roman. |
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