| Peter Camper est un célèbre anatomiste et naturaliste né à Leyde le 11 mai 1722, mort à La Haye le 7 avril 1789. Son père, ministre protestant distingué, lui fit donner une éducation brillante. Non seulement Camper étudia à fond les lettres, la philosophie et plus tard les sciences, mais il apprit plusieurs arts mécaniques et, sous les leçons du célèbre Moor, il cultiva le dessin et la peinture et y fit de tels progrès qu'il pourrait être classé parmi les artistes. Pour la physique et les mathématiques il eut comme professeurs Musschenbroeck et S'Gravesande; pour la médecine, Boerhaave, Gaub, Albinus, etc. Il prit le bonnet de docteur à vingt-quatre ans, et, deux ans après, parcourut l'Europe; pendant son absence, en 1750, l'Université de Franeker le nomma professeur de philosophie, d'anatomie et de chirurgie; en 1755, il fut appelé à Amsterdam pour y occuper une chaire d'anatomie et de chirurgie et plus tard de médecine. Cinq ans après, il se retira près de Franeker pour exécuter d'importants travaux d'histoire naturelle et d'anatomie dont il avait conçu le plan. Mais, en 1763, l'Université de Groningue réussit à lui faire accepter la chaire d'anatomie, de chirurgie et de botanique; il occupa ce poste pendant dix ans et c'est là surtout qu'il posa la base de son immense réputation. Après quoi il se retira de nouveau près de Franeker pour continuer ses travaux scientifiques. En 1776, il visita Paris, où il reçut l'accueil le plus flatteur, puis il parcourut la Hollande et l'Allemagne. En 1785, il voyage en Angleterre et, en 1787, se trouve de nouveau à Paris. Malgré ses nombreuses occupations, Camper trouva le moyen de prendre part à la plupart des concours scientifiques à Paris, à Londres et en Allemagne. Il s'intéressa aux affaires politiques de son pays et, de 1761 à 1763, fut député aux États de Frise; vers la fin de sa vie, il fut nommé conseiller d'État; il garda toujours sa fidélité au stathouder. Camper fut l'un des plus grands savants du XVIIIe siècle; il était membre de presque toutes les sociétés savantes de l'Europe. Les ouvrages de Camper offrent une puissante originalité, mais sont rarement complets, et Cuvier, son rival, a pu dire avec raison que ce n'étaient que des ébauches! Nous ne pouvons en signaler ici que quelques-uns. Étant étudiant, il démontra déjà la structure fibreuse de l'intestin, pressentie par Leeuwenhoeck. Avant Camper, on savait que les os des oiseaux ne renferment pas de moelle; Camper, le premier, reconnut que cette disposition anatomique est liée au rôle de la respiration chez les oiseaux et que l'air passe du poumon dans les cavités osseuses. Dans son mémoire sur l'anatomie de l'orang-outan, l'anatomiste fait voir qu'il existe entre l'humain et ce singe des différences anatomiques considérables, notamment la disposition de la colonne vertébrale, et qu'un croisement entre l'humain et le singe, d'où serait sorti le Noir (opinion alors accréditée), était impossible. Parmi les travaux de Camper, on peut signaler comme particulièrement remarquable la Dissertation physique sur les différences réelles que présentent les traits du visage chez les humains de différents pays et de différents âges; sur le beau qui caractérise les statues antiques et les pièces gravées, etc. (trad. franç. par Quatremère d'lsjonval; Utrecht, 1781, in-4, paru la même année que l'original hollandais; Utrecht, in-8). C'est dans ce mémoire que, au milieu de considérations anatomiques et artistiques de l'ordre le plus élevé, Camper développe la donnée devenue si célèbre de l'angle facial. Camper a étudié les ossements fossiles avant Cuvier, mais sans approfondir cette étude, et laissant le champ libre au savant naturaliste français. Il s'est encore occupé de la structure intime de la peau; il a découvert les organes auditifs des poissons; il a publié des mémoires importants sur l'inoculation de la petite vérole, sur la section de la symphyse du pubis, sur les signes de la vie et de la mort chez les nouveau-nés, sur la forme la plus convenable à donner aux souliers, sur la rage, etc. Il s'occupa, en outre, de questions sociales et de la meilleure construction des digues, question si intéressante aux Pays-Bas qui ne perdirent rien à suivre ses conseils, puis des maladies du bétail qu'il étudia lors de la terrible épidémie de 1774 à 1778. Enfin, il traita avec succès et talent diverses questions philosophiques et artistiques. (Dr L. Hn). | |