| Trafalgar. - Cap d'Espagne, à mi-chemin entre Cadix et Tarifa, marquant, avec le cap Spartel sur la côte d'Afrique, l'entrée du détroit de Gibraltar, large, en cet endroit, de 43 kilomètres. Il est peu élevé, presque séparé de la terre ferme par la grande lagune de la Janda et le Barbate. Les raz de marée y sont fréquents et d'autant plus dangereux qu'ils s'y forment instantanément et sans aucun signe précurseur. C'est l'ancien Junonis Promontorium. Le 21 octobre 1803 s'y livra la célèbre bataille navale où Nelson, qui y fut tué, détruisit les flottes française et espagnole de Villeneuve et de Gravina. Bataille de Trafalgar. La bataille navale de Trafalgar fut la conclusion d'une des plus remarquables campagnes de l'histoire militaire; elle eut pour conséquence d'assurer aux Anglais la possession incontestée de la mer durant la fin du règne de Napoléon Ier et indirectement de pousser celui-ci aux exagérations du blocus continental et aux violences qui préparèrent sa ruine par les guerres d'Espagne et de Russie. On trouvera dans les pages consacrées à la vie de Napoléon, l'indication de la combinaison stratégique par laquelle l'empereur essaya de réunir ses escadres et de dégager la Manche. Villeneuve réussit à sortir de Toulon (29 mars) et à tromper Nelson qui l'attendait au Sud de la Sardaigne; mais ce dernier, au lieu de s'immobiliser dans la Méditerranée, comprit que son objectif était l'escadre ennemie, facteur principal de cette guerre, et se lança à sa poursuite avec une telle vigueur qu'il était de retour à Cadix, revenant des Antilles, le 18 juillet, une semaine avant que Villeneuve, retardé par les 6 vaisseaux espagnols de Gravina, n'entrât à Vigo; il avait, dans l'intervalle, perdu 2 navires espagnols dans un combat livré à l'amiral Calder au large du cap Finistère (22 juillet). Mais, quoiqu'il eût opéré sa jonction avec l'escadre du Ferrol, le blocus de Brest fut maintenu par Cornwallis et l'irrésolu amiral Villeneuve n'osa pas exécuter son programme qui était de se porter en Bretagne; Nelson, de Cadix, revint aussitôt à Brest assurant le maintien du blocus et la supériorité britannique dans la Manche; les escadres françaises de Villeneuve au Ferrol et de Gantheaume à Brest étaient définitivement séparées par une flotte supérieure à chacune d'elles et capable de les battre l'une après l'autre. - La Bataille de Trafalgar, par C. F. Stanfield. C'était le contraire de la situation préparée par Napoléon; ajoutez la supériorité des marins anglais habitués par leurs croisières à tenir la mer par les plus mauvais temps, tandis que les Français s'étaient rouillés au port. Le 14 août, Villeneuve découragé fit route vers Cadix où il arriva le 20. Il y était avec la flotte espagnole de Gravina, de médiocre valeur. Nelson, et Collingwood vinrent les y chercher avec 27 vaisseaux; la flotte alliée en comptait 33, dont 18 français. Nelson prévoyant l'arrivée possible de renforts des deux cotés et jugeant impossible de ranger en ligne une flotte de 40 vaisseaux, avait décidé de diviser la sienne en deux colonnes, l'une confiée à Collingwood devant écraser le tiers des forces alliées, tandis qu'avec l'autre Nelson tiendrait tête à la masse principale en se jetant sur son centre. Villeneuve décida de ranger sa flotte en ligne; au conseil de guerre, les amiraux et capitaines français et espagnols déclarèrent unanimement que leurs vaisseaux étaient pour la plupart mal armés et plusieurs avec des équipages non exercés; beaucoup de matelots avaient déserté. Mais l'empereur envoya l'ordre d'attaquer partout où l'on serait en nombre supérieur et fit partir de Paris l'amiral Rosily, pour remplacer Villeneuve (17 septembre). Celui-ci sortit alors de Cadix le 20 octobre, et le lendemain les flottes se heurtèrent à la hauteur du cap Trafalgar. Le pavillon de Villeneuve était arboré sur le Bucentaure, celui de Gravina sur le Prince des Asturies; celui de Nelson sur le Victory; celui de Collingwood sur le Royal Sovereign. La flotte anglaise formée en deux colonnes, avec en tête de chacune le vaisseau amiral, gouverna à angle droit sur la ligne de bataille de Villeneuve. A midi, Collingwood engagea la bataille; retardé par la faiblesse de la brise, Nelson joint à son tour la ligne française et aborde le Redoutable, vaisseau bien inférieur au sien qui se défendit si bien, que Nelson fut blessé à mort et que son navire était menacé d'être pris, lorsque le Téméraire vint à son secours et capturait successivement le Redoutable et le Fougueux. En même temps, Collingwood avait obligé le Santa-Anna à amener son pavillon. La supériorité du tir de l'artillerie anglaise lui assura la victoire. L'avant-garde française n'avait pas combattu; quand elle vint à l'appel de Villeneuve, le Bucentaure était désemparé et l'amiral français s'était rendu. Le contre-amiral Dumanoir se retira au large; 2 navires français étaient coulés, 16 français et espagnols pris dont 8 entièrement démâtés, 8 anglais hors de combat et 6 autres avariés. A minuit, une tempête éclata et il fallut toute l'habileté de Collingwood pour sauver ses bâtiments en gagnant le large; le vaillant capitaine Cosmao revint à la charge le 23 octobre avec le Pluton suivi de 4 vaisseaux et 5 frégates et reprit le Neptuno et la Santa-Anna; des autres prises 10 (dont 2 reprises par leurs équipages) furent englouties par la mer, et Collingwood ne put en ramener que 4 à Gibraltar. Par contre, les 4 vaisseaux de Dumanoir furent pris au cap Ortegal le 5 novembre. De la grande flotte franco-espagnole il ne resta que 8 navires. | |