| Alexandre Ier, fils de Paul Ier, tsar de Russie, naquit en 1717. Catherine II, sa grand-mère, présida à son éducation et lui donna pour précepteur un Suisse, le colonel Laharpe, qui le nourrit des idées du XVIIIe siècle. Parvenu au trône en 1801, par la mort de son père, tombé sous les coups d'une conspiration, il s'attacha d'abord à propager l'éducation dans son empire. Il réorganisa le sénat, l'administration et l'armée. Il réunit; en 1801, la Géorgie à la Russie. Après avoir entretenu de bonnes relations avec Napoléon ler, encore consul, il entra en 1805 dans la coalition formée contre l'empereur des Français par l'Angleterre, l'Autriche et la Suède, et anéantie par la bataille d'Austerlitz. lI continua avec la Prusse la guerre contre la France; mais Napoléon Ier, après avoir écrasé les Prussiens à léna, battit, les Russes unis aux Prussiens à Eylau et à Friedland, en 1807. Au mois de juillet de la même année, Alenxandre conclut la paix de Tilsit avec le vainqueur, pour lequel il s'éprit d'admiration. Il fit avec lui un traité secret, lui sacrifia ses alliés, les rois de Prusse et de Suède, et s'empara de la Finlande et des îles d'Åland. Il eut encore, en 1808, une entrevue à Erfurt avec Napoléon, et s'y engagea de nouveau à maintenir le blocus continental contre l'Angleterre. Dans ces deux grandes circonstances, Napoléon écrit dans le Mémorial de Sainte-Hélène : Alexandre a de l'esprit, de la grâce, de l'instruction; il est facilement séduisant; mais on doit s'en défier; il est sans franchise : c'est un vrai Grec du Bas-Empire. Le tsar Alexandre Ier demeura cependant fidèle à la France pendant la campagne de Wagram, en 1809, et termina à son avantage la guerre contre la Turquie et contre la Perse. Mais la mésintelligence s'introduisit entre lui et Napoléon, et aboutit à la guerre de 1812. L'hiver lui vint en aide, dévora l'armée française et força les débris à la retraite. Alexandre fit, en 1813, un appel à tous les rois et à tous les peuples contre Napoléon, qui succomba, en 1814, dans cette lutte contre l'Europe entière. Chef de la coalition, il fut pour la France un vainqueur modéré, et la laissa libre de rappeler Louis XVIII. Son influence contribua à faire pénétrer dans la charte de 1814 les idées libérales. Il réunit à son empire le duché de Varsovie créé par Napoléon Ier, et forma le royaume constitutionnel de Pologne. Revenu à Paris en 1815, après la bataille de Waterloo, il persévéra dans sa modération envers la France, et manifesta le changement qui s'était opéré dans ses idées en signant avec les souverains de l'Autriche et de la Prusse le traité de la Sainte-Alliance, en réprimant les sociétés secrètes et en se prononçant plus tard, aux congrès de Laibach et de Vérone, contre les révolutions de l'Italie et de l'Espagne. Au congrès d'Aix-la-Chapelle, en 1818, il fit réduire la contribution imposée à la France, qui lui dut l'évacuation anticipée de son territoire. Il s'était laissé prendre à Paris, en 1814, aux filets du mysticisme de madame de Krudener, avec laquelle il entretenait des relations. Il mourut à Taganrog, pendant un voyage dans le midi de ses Etats. Il ne laissa pas de postérité de son mariage contracté en 1793 avec une princesse de Bade. (A19). - Alexandre Ier, par François Gérard. | |