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Les
Huns
Le nom des Huns est un mot générique
sous lequel on a désigné diverses populations asiatiques
qui sont vraisemblablement d'origine différente. La confusion est
venue d'abord des auteurs anciens eux-mêmes, qui donnaient le nom
de Huns à tous les peuples asiatiques qui envahirent l'empire romain
à la suite des premiers Huns véritables, et ensuite, depuis
le XVIIIe siècle,
du savant ouvrage de de Guignes qui, dans son
Histoire générale des Huns (1756),
a également étendu le nom de ce peuple à toutes les
tribus barbares de l'Asie centrale. Nous traiterons, dans le présent
article, non seulement des Huns proprement dits et des autres peuples de
langue turque (Les langues altaïques,
la langue des Huns),
mais de tribus différentes, qui, jusqu'au VIIe
siècle de notre ère, ont ravagé l'Europe
sous le nom de Huns. On y ajoutera quelques remarques sur les Hioung-nou
de la Chine, dont l'appartenance au monde turco-mongol n'est pas certaine,
et qui n'était peut-être pas la version orientale des Huns,
comme l'ont cru jadis les historiens, mais qui semblent bien, au demeurant,
impliqués dans l'épopée hunnique.
On rencontre le terme de Huns pour la première
fois dans Ptolémée, qui place
les Chounoi entre les Bastarnes et les Rhoxolans,
dans le Sud de la Russie; Denys le Périégète mentionne
également les Ounnoi, près la mer Caspienne.
Le savant allemand Zeuss a contesté ces lectures qu'il regarde comme
des interpolations, mais nous verrons, par l'histoire chinoise, que les
Huns, dès le IIesiècle
de notre ère, étaient en réalité établis
entre la mer Noire, la Caspienne et l'Oural; ils commencent seulement à
se faire connaître comme dévastateurs au milieu du IIIe
siècle, lorsqu'ils franchirent le Tanaïs. D'où
venaient-ils? On a regardé les Huns comme d'origine chinoise ou
d'origine mongole. Ils sont plus sûrement des Turks.
Mais dans certains cas, des populations décrites comme des Huns
ne le sont sans doute pas véritablement : c'est en particulier le
cas des Avars, possibles descendants de certains
Jou-Jouen, et dans lesquels ils conviendrait donc de voir plutôt
des Toungouses.
Si donc tous les Huns des IIIe,
IVe,
et Ve siècles
ne sont pas identifiables comme on l'a cru dans le passé, aux Hioung-nou,
ni même à des populations exclusivement proto-turques, du
moins pourraient-ils correspondre à une fraction de ceux-ci, très
certainement, dans ce cas, mêlée à d'autres peuples
parmi lesquels la composante turque aurait été prédominante.
De fait, outre l'analogie entre les deux noms, les mouvements et les migrations
des Hioung-nou à différentes époques dans la Haute-Asie
concordent assez bien avec les diverses invasions des Huns en Europe et
en Asie. Il peuvent au moins expliquer une pression exercercée sur
populations d'Asie centrale et dirigée vers l'Ouest... Avant d'entrer
dans l'histoire de ces invasions, nous croyons devoir exposer sommairement
ce que nous savons aujourd'hui des Huns d'Asie, ainsi que la succession
des révolutions et migrations des différents peuples tartares
dans leurs rapports avec la Chine, avec l'Europe orientale, l'Asie byzantine
et la Perse.
C'est aux historiens chinois qu'il faut
avoir recours pour être renseigné sur cette période
ancienne de l'histoire de l'Asie. La nation des Hioung-nou joue une grand
rôle dans l'ancienne histoire de la Chine. Ce peuple était-ils
d'origine turque, comme plus tard les Ouïgours,
les Sien-pi, et les Tou-kioué, ou était-il comme on l'a parfois
dit d'origine "paléo-asiatique". Il venait en tout cas de
l'Asie orientale, entre l'Orkhon et la Mandchourie, et il se divisait en
plusieurs tribus dont la désignation était probablement tirée
des noms des lieux d'origine ou d'habitat : c'étaient les Houn (un
des noms de la rivière Orkhon), les Houn-yé, les Hou-yen.
L'ensemble de ces diverses tribus constituait la nation des Hioung-nou
et il paraît au moins vraisemblable que c'est de l'un de ces vocables
Houn, Hioung qu'est dérivé le mot Hun, prononcé Hounn
par les premiers envahisseurs qui furent en contact avec les Romains et
dont la transcription exacte est restée sous les diverses formes
Hunni, Chuuni, Ounnoi, etc. .
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Le
Kharezm et les khanats ouzbekhs
Le Kharezm ou Khovaresm correspond à
l'ancien pays des Chorasmiens, région
du Turkestan
occidental, au Sud de la mer d'Aral,
sur les deux rives du Djihoun, entre le khanat de Boukhara
et la mer Caspienne, contient, entre autres territoires, le khanat de Khiva
et le pays des Turkmènes. De 994
à 1231, la Kharezm forma une
principauté indépendante, qui fut fondée par un chef
turc aux dépens des Samanides. Les princes du Kharezm envahirent
la Perse en 1193, et s'emparèrent
en 1197 de Samarcande.
Leur puissance fut détruite par Gengis-khan.
Le Kharezm fut ,quelque temps compris dans l'empire
du Kaptchak. Vers 1481, Ilbars
el-Cheibani le détacha du Kaptchak et en fît de nouveau un
Etat indépendant. Une dynastie de princes khovaresmiens régna
aussi à DeIhi dans l'Hindoustan à partir de 1213
après en avoir chassé les Gourides (Les
dynasties musulmanes au Moyen âge); elle fut remplacée
en 1398 par les Patans. Progressivement,
l'empire kharezmien se trouva partagé entre plusieurs khanats dominés
par des dynasties ouzbekh (Khiva, Boukhara, Khokand),
eux-mêmes placés à des degrés divers sous la
coupe de l'empire Russe à partir du XVIIe
siècle.
Les
Turkmènes (Oghouz)
Les Turcomans ou Turkmènes, dont
le territoire s'étend essentiellement de la Caspienne et de
I'Amou-daria jusqu'au Paropamisus, représentent l'élément
autrefois dominant de la population, de l'ancien Kharezm.
Ils descendent des Turks d'avant l'invasion
mongole. Il est donc plausible que leur nom de Turkmènes (mans
ou mènes équivalant à l'allemand thum)
a le sens qu'on lui attribue souvent de Turks de souche, de Turks
vrais ou par excellence. Il est d'ailleurs possible que ce nom même
leur ait été donné en raison de ce qu'ils ont continué
à mener la vie nomade des ancêtres en fournissant sans cesse
comme eux de nouveaux essaims d'envahisseurs. Les Turks qui ont envahi
les États constitués de l'Asie centrale se sont en effet
tous présentés d'abord dans l'État même où
étaient les Turcomans jusqu'à nos jours.
Les Seldjoukides
étaient de leurs parents très proches; les Osmanlis
aussi par conséquent, et ils se rattachent sans doute, comme les
Seldjoukides, aux Oghouz (Ghouzz) que les conquérants arabes ont
trouvés dans le Kharezm. Les Oghouz, probablement sous la poussée
des Arabes, ont remonté vers le Nord de la Caspienne. ils se sont
mêlés entre les rives de l'Oural inférieur et celles
de la basse Volga, à d'autres Turks, les Petchénègues,
mentionnés par les auteurs byzantins en 834.
De ce mélange, accompli à la fin du XIe
siècle, sont sortis les Koumanes (Polovtsy des
archéologues russes). Mais Petchénègues et Oghouz
ont pu se fondre aussi, au moins en grande partie, dans l'empire des Khazars
(Les
Turkmènes), car il n'est plus question d'eux après le
XIIIe siècle.
Les
Ghaznévides
Les Ghaznévides sont une
dynastie de princes turkmènes,
ainsi nommée de la ville de Ghazna, qui fut sa capitale. Le véritable
fondateur de l'empire ghaznévide fut le sultan Mahmoud,
célèbre autant par sa cruauté et son avarice que par
ses conquêtes et son amour des lettres. C'est en 997,
que Mahmoûd se déclara indépendant; il s'allia aux
principautés du Turkestan, marcha contre son suzerain Mansoûr
Il, le vainquit et, finalement, le fit massacrer avec toute sa famille
(999). Enrichi des dépouilles
des Samanides, qui regnaient depuis 874
sur le Khoraçan
et la Transoxiane,
Mahmoud, à la tête d'une armée puissante, battit successivement
les radjahs de Lahore,
de Bhawhalpour, du Moultân, de Gwalior, de Kanauj,
de Dihli, etc. Mahmoûd n'eut pas de successeurs capables de conserver
ce vaste empire. Ses fils et ses généraux se disputèrent
son héritage en des guerres civiles sans fin. Les efforts de Ahmîd
Ier furent impuissants à arrêter
une invasion turcomane conduite par le Seldjoukide Toghrul-Beg; après
la bataille de Zendekhân, gagnée par celui-ci (1038),
la puissance des Ghaznévides se trouva à jamais ébranlée.
En 1152, Alâ ed-Dîn Djihânsouz,
quatrième sultan de la dynastie des Ghoûrides, s'emparait
de Ghazna, et, dès 1173, les
Ghaznévides étaient réduits à leurs possessions
de l'Inde. Ils s'y maintinrent à grand-peine jusqu'en 1187,
date à laquelle cette dynastie s'éteignit, misérablement.
L'empire
Seldjoukide
Les Seldjoukides
ont commencé à se constituer en empire sous la conduite de
leur chef Toghrul (ou Togril) Beg, petit-fils de Seldjouk, qui, sorti des
steppes du Turkestan, s'empara à la tête d'une horde turcomane
de Nichapour (1037),
conquit l'empire des Ghaznévides,
mit fin au règne des Bouides d'Ispahan
(1055)
(Les
dynasties musulmanes au Moyen-âge), et
se rendit maître de Bagdad
(1060).
A sa mort, en 1063,
Alp-Arslan, son
neveu, soumit la Géorgie, l'Arménie et une partie de
l'Asie-Mineure. Mélik-Chai, fils d'Alp-Arslan, rangea sous ses lois
presque toute la Syrie et diverses régions de l'Asie centrale (1072-92):
mais dès 1074
Soleïman (Soliman), son cousin, fonda un deuxième État
seldjoukide à Konyah,
État qui comprit l'Asie-Mineure presque entière, la Cilicie
et l'Arménie.
Après la mort de Mélik, Alep,
Damas, Antioche, Moussoul formèrent
aussi de petites principautés seldjoukides, mais très inférieures
en puissance aux deux empires ci-dessus nommés. La plupart de ces
principautés furent renversées pendant les Croisades
par les Chrétiens ou par les sultans du Kharezm.
Les Seldjoukides de Perse finirent en 1194
dans la personne de Togrul II. La sultanie Seldjoukide de Konieh
(Konya) ou de Roum céda définitivement
la place aux Ottomans au début
du XIVe
siècle.
L'
empire Ottoman
L'empire Ottoman a longtemps été
l'un des plus puissants États de la planète. Fondée
au tout début du XIVe
siècle, par les Osmanlis (descendants d'Osman
ou Othman), une dynastie d'origine turkmène,
sur les ruines de l'empire Seldjoukide,
la puissance ottomane responsable de la chute de ce qu'il restait empire
byzantin, avec la prise de Constantinople
en 1453, puis est parvenu à
son apogée au XVIe siècle,
à l'époque de Soliman. L'empire
turc à son maximum d'extension se composait de possessions immédiates,
subdivisées en Turquie d'Europe (Roum' ili), et Turquie d'Asie
(Anadoli), et en territoires vassaux, qui vont de la Serbie à
la Perse et de l'Égypte au Maghreb. Mais ce gigantisme s'est accompagné
rapidement d'un délitement du pouvoir des Osmanli. Le déclin
de l'empire s'amorce dès le XVIIe
siècle, initié par la poussée russe, et
entretenu au cours du siècle suivant par les appétits grandissants
des puissances d'Europe Occidentale (La
Question d'Orient). En 1827, la
Grèce obtient ainsi son indépendance, et les principautés
des Balkans
(Serbie,
Moldavie,
Valachie
et Montenégro),
nominalement sous suzeraineté ottomanes acquièrent une autonomie
de fait. Même chose pour l'Égypte, qui est pratiquement indépendante
de la Turquie dès 1833.
A
la fin du XIXe siècle, l'Empire ottoman (en turc : Memâlik-i
Osmaniyé ou Devlet-i Aliyé) comprend une partie de la
péninsule des Balkans, l'Anatolie, la Syrie et la Palestine, une
partie de l'Arménie, le Kurdistan,
l'Arabie et le Nord-Est de l'Afrique. Il faut distinguer les possessions
effectives et les provinces tributaires plus ou moins indépendantes.
Dans ce dernier groupe, se rangent la Bosnie,
l'Herzégovine
et une partie du sandjak de Novi-Bazar, administrées par l'Autriche-Hongrie
en vertu du traité de Berlin
(1878) et lui appartenant en fait; l'île de Chypre,
administrée par la Grande-Bretagne à la suite de la convention
de 1878; la Bulgarie et la province autonome de Roumélie
orientale unies à partir de 1886; l'Égypte, autonome
depuis 1871 et occupée par la Grande-Bretagne; l'île
de Samos,
jouissant à partir de 1852 d'une constitution et gouvernée
par un prince qui n'est, il est vrai, qu'un fonctionnaire ottoman; l'île
de Crète,
autonome dès 1898 sous un prince grec.
Le XIXe
siècle aura marqué en fait l'agonie
d'un État aux structures archaïques, incapable de se moderniser,
malgré les réformes entreprises à partir de 1839(Tanzimat),
incapable aussi de contrer les ambitions de ses voisins. L'empire ottoman
sera ainsi complètement démantelé, dès les
années 1920, à l'issue
du partage du monde opéré par les puissances européennes
sorties victorieuses de la Première
Guerre mondiale. La Turquie moderne, construite sur sa ruine,
a été fondée en 1923. |
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