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Les langues altaïques |
Langues turques | Langues sibéro-altaïques : Altaï : ouïgour, ouzbek, oïrote, djagataï, yougour occidental. Sibérie : yakoute, soïote, tatar de l'Ienisseï, chor, dolgan. Langues oghouz : Langues kiptchak : Ponto-caspiennes : koumyk, karadjaï, karaïm. Ouraliennes : tartar, bachkir. |
Langues mongoles | Khalkha : mongol, bouriate. Oïrat : Mongour : Dagour. |
Langues toungouses | Groupe septentrional. evenk, lamoute, negidal Groupe méridional : Mandchou : mandchou, sibo, jou-jouen. Nanaï : nanaï, orok, ulch. Udihe : khor, orotch. |
Isolats | coréen, japonais et ryukyu. |
Les linguistes ont rangé dans la famille des langues altaïques (compsante du groupe des langues ouralo-altaïques) une soixantaine de langues parlées par plus de 250 millions de personnes sur l'immense espace organisé autour des steppes d'Asie centrale, et qui va en gros de la Turquie actuelle à la Mandchourie (Nord-Est de la Chine). Cela représente trois groupes de langues, chacun assez homogène, les langues turques, mongoles et toungouses, auxquelles on ajoutera - par commodité d'exposition plus que pour des raisons impérieuses - des isolats tels que le japonais, l'aïnou ou le coréen. Les ressemblances entres les langues turques et mongoles sont largement redevables à l'histoire commune des populations qui les parlent. | |||
Le turk La famille des langues turques peut se diviser en quatre groupes principaux. 1°) Le premier rassemble les langues de l'Altaï (ouïgour et ouzbek, etc.), auxquelles ont adjoindra le yakoute, parlé en Sibérie; 2°) le deuxième, correspondant à la portion sud-ouest de l'aire linguistique des langues turques, est composé des langues oghouz : azeri, turkmène et turc; 3°) le troisième de ces groupes réunit des langues parlées entre l'Oural, la mer Caspienne et la mer d'Aral, groupe dit kiptchak, et lui-même subdivisé en deux sous-ensembles : le kazakh, le kirghiz et le nogaïque, se rangent dans le premier sous-ensemble, et le tatar et le bachkir, dans le second. 4°) Enfin, la langue tchouvache forme avec ses dialectes le quatrième et dernier groupe. A quoi pourraient s'ajouter les langues turques mortes, parmi lesquelles l'énigmatique langue des Huns. Les langues sibéro-altaïques. L'ouzbek est la plus parlée de toutes ces langues. Elle est pratiquée en Ouzbekistan et au nord de l'Afghanistan par plus de 18 millions de locuteurs au total. L'ouzbek d'Ouzbekhistan, influencé par la langue russe, se divise en trois dialectes (karlouk, oghouz et kipchak);celui d'Afghanistan est plus homogène, mais relativement chargé en mots iraniens, et assez distinct des dialectes septentrionaux pour que l'intercompréhension soit difficile. L'ouïgour vient en seconde position, avec près de huit millions de locuteurs, vivant pour la plupart en Chine (mais avec une forte présence également au Kzakhstan : 300 000 locuteurs) et une dizaine de dialectes. C'est de tous les idiomes turks le plus rude dans sa prononciation, le plus simple dans sa structure, le moins mélangé d'éléments étrangers. Il fut, le premier, fixé par l'écriture : son alphabet, apporté dans le courant du Ve siècle par des moines nestoriens (Nestorius) venus de Chine, est d'origine syriaque; il se trace de droite à gauche. L'inscription d'Orkhon - ladrintzef, a découvert en 1889, sur les bords de l'Orkhon, au sud du lac Baïkal, non loin de l'ancienne capitales des Ouïgours, Kara-Balgassoun, une stèle en pierre contenant une inscription en triple texte, en caractères dits vieux-turcs (de type runique), ouïgours et chinois. Elle mentionne les khans ouïgours qui se sont succédé jusqu'en 805. Cette stèle, qui daterait de 825 à 832, constitue alors le plus ancien monument daté sibérien; D'autres ont été découvertes depuis. D'où venaient ces caractères qui ressemblent beaucoup aux runes scandinaves et germaniques? Ils ont pu être introduits en Sibérie ou par le Nord de la Russie, par la Permie et les monts Oural, au moyen d'une sorte d'infiltration naturelle, ou bien ils ont été importés en Asie par la Caspienne et la mer d'Aral, par les Huns et les divers peuples échelonnés le long du Danube, de la mer Noire, de la Volga, et qui, ayant appris l'écriture à la source même, en Pannonie, se la seraient transmise de tribus à tribus par un mouvement régressif de l'Ouest à l'Est. Cet événement important de l'introduction de l'écriture runique en Asie par le Sud-Ouest a très bien pu se produire vers la fin du Ve siècle, en sorte que les populations tartares de l'Asie, en dehors des Chinois, ont pu avoir une écriture alphabétique empruntée aux runes d'Europe et dont elles se sont servies pendant deux ou trois siècles, jusqu'à l'introduction de l'alphabet ouïgour.Les langues oghouz. On range ici des langues, dont le nom se réfère au groupe de population turque qui a commencé à migrer à partir du Xe siècle vers le Sud et l'Ouest, et dont sont issues notamment les Seldjoukides et les Osmanlis. On distingue dans cette famille trois idiomes, eux-mêmes subdivisés en de nombreux dialectes : le turkmène, l'azéri et le turc moderne, héritier direct de l'osmanli, parlé par la classe dirigeante de l'empire ottoman, forme littéraire et la langue turque. Le turkmène ou turcoman est parlé par 3,5 millions de locuteurs au Turkménistan, et par deux autres millions en Iran. Plus de vingt dialectes sont répertoriés. L'azéri se divise pour sa par en deux groupes de dialectes assez distincts. Au nord (Azerbaïdjan), 6 millions de personnes pratiquent l'azerbaïdjanais, qui connaît de très nombreuses variantes dialectales proches les unes des autres. Au sud, l'azéri proprement dit, est parlé surtout en Iran, par 24 millions de personnes (soit plus du tiers de la poupulation du pays). On y distingue une douzaine de variétés. Le turc, dont le principal dialecte est l'anatolien, langue officielle de la Turquie, est parlé par plus de 70 millions de personnes, en incluant ses diverses variantes. Parmi celles-ci figurent le gagaouz, ou turc des Balkans (Turquie et Macédoine), le gagaouz de Moldavie, et le turc de Khoraçan. Jusqu'en 1928, on a écrit le turc à l'aide de l'alphabet arabe, auquel il emprunte par ailleurs, ainsi qu'au persan, une partie de son vocabulaire. Depuis, la réforme d'Atatürk, il s'écrit avec les lettres de l'alphabet latin. Les langues kiptchak l'aralo-caspien. - On réunit ici deux langues proches, le kazakh (parlé par plus de 5 millions de personnes au Kazakhstan, et plus d'une million en Chine), et le kirghiz (ou kara-kirghiz) que pratiquent environ deux millions de locuteurs au Kirghizistan, auxquelles ils convient d'ajouter le nogaïque, dont on dénombre 70 000 locuteurs au nord du Caucase, en Russie, ainsi que karakalpak, parlé par 400 000 personnes en Ouzbekistan.. Le ponto-caspien. Essentiellement représenté par le koumyk, parlé par 300 000 personnes au Daghestan (Russie) et karadjaï, qui compte 250 000 locuteurs, surtout en Russie et, secondairement en Arménie. Appartient également à ce groupe le karaïm, dont on dénombre 20 000 locuteurs en Israël, originaires de Lituanie (où cette langue est désormais presque éteinte). L'ouralien. - Un groupe qui rassemble principalement le tartar, parlé par 6 millions de personnes de la région de Kazan en Russie, et le bachkir, dont les locuteurs, au nombre d'un million environ, vivent dans la région proche d'Oufa, Le tchouvache. Les langues mongoles Cette famille comprend trois groupes principaux : les langues khalkas (dans lesquelles on range le mongol et le bouriate), les langues oïrates (kalmouk, darkhat) et les langues mongour, avec plusieurs langues parlées en Chine (tu, pao-an dongxiang, yougour oriental). On adjoint à ces groupe le dagour, également parlé en Chine. Les langues khalkha. Le mongol. - Le mongol périphérique est parlé par plus de 3 millions de locuteurs principalement en Chine (Mongolie intérieure). Il s'écrit en caractères chinois, langue à laquelle il fait par ailleurs de nombreux emprunt. Le mongol khalka est, lui, parlé par près de deux millions et demi de personnes, qui constituent les neuf dixièmes de la population de la Mongolie. On le parle aussi en Russie et au Kirghizistan. Le bouriate. -Le bouriate, proche du mongol, possède une dizaine de dialectes. Il est principalement parlé en Sibérie au Sud et à l'Est du lac Baïkal, par environ 300 000 personnes. On rencontre également quelques dizaines de milliers de locuteurs en Chine (Mongolie intérieure) et autant en Mongolie. Influencé, soit par le russe, soit par le chinois, soit par le khalkha, selon le côté de la frontière où l'on se place, le bouriate abonde en articulations nasales et gutturales. C'est de toutes les langues de cette famille celui qui a le plus altéré leurs radicaux communs. Les langues oïrates. Les langues mongour. Le dagour. Les langues toungouses Les langues toungouses sont vives et saccadées. Bien qu'elles forment à l'intérieur des langues altaïques un rameau bien distinct, c'est encore des langues mongoles qu'elles se rapprochent le plus. Langues auxquelles d'ailleurs, elles pourraient aussi se comparer pour la richesse des formes verbales, et qu'elles dépassent par l'abondance des formes nominales. On peut les diviser en deux groupes : le groupe septentrional, qui rassemble les langues evenk, lamoute et negidal; et le groupe méridional, dans lequel on range les langues mandchoue, nanaï et udihe, qui sont d'ailleurs plutôt des ensembles linguistiques. On rangera ainsi dans le mandchou, la langue mandchoue proprement dite, le sibo, et la langue éteinte des anciens jou-jouen. Le nanaï (ou golde) se réunira pour sa part le nanaï proprement dit, l'orok et l'ulch. Enfin, l'udihe rassemble la langue khor (udihe) et l'orotch.
La plupart de ces langues sont aujourd'hui menacées de disparition. La langue mandchoue, qui fut celle des empereurs de Chine n'est plus aujourd'hui parlée que par quelques dizaines de locuteurs déjà âgés. L'orok (île de Sakahaline) est lui aussi presque éteint désormais, tout comme le négidal, l'orotch et le khor. L'ulch, à peine mieux loti en nombre de locuteurs (moins de 500) n'est plus du tout parlé par la jeune génération. La langue nanaï est encore connue par 5000 personnes, mais est menacée. Même chose pour le lamoute (ou even), fractionné en une quinzaine de dialectes (en y incluant le rameau orochon), qui n'est plus parlé que par une petite dizaine de milliers de personnes en Sibérie orientale. Seules deux langues toungouses s'en tirent encore relativement bien : le sibo et l'evenk. Le sibo, proche du Mandchou, est surtout parlé en Chine (Xinjiang), et rassemble près de 30 000 locuteurs, qui sont les descendants d'une garnisons installée dans la région à l'époque au XVIIIe siècle. L'evenk est surtout parlé en Chine (20 000 locuteurs), mais aussi en Russie (10 000 locouteurs) et, dans une moindre proportion, en Mongolie. Beaucoup de dialectes existent, surtout en Russie, où les Evenk (appellation qui est devenue depuis le début du XXe siècle que l'on donne à toutes les populations de langues toungouses) occupent un très vaste territoire. Les isolats Le japonais et le coréen sont deux langues difficiles à classer. Elles ont un lointain air de famille entre elles, et un air de famille encore plus lointain avec les langues turco-mongoles. On mentionnera par ailleurs deux autres langues parlées dans l'archipel nippon, le ryuku (loutchouan) et l'aïnou (kourilien). La première est apparentée au japonais, la seconde pose de vrais problèmes de classification. Le coréen. Le coréen, possède six variétés dialectales et utilise écriture d'un genre particulier, bien que composée en apparence de caractères chinois.L'alphabet est composé de vingt-cinq lettres dont onze voyelles et quatorze consonnes; il y a sept voyelles simples a, ö, o, ou, eu, i, a; et quatre mouillées, ia, iô, io, iou; il y a neuf consonnes simples, k, n, t, l, m, p, s, ng, ts, et cinq aspirées tch, kh, th, ph et h. Il n'y a pas de signe de ponctuation; les substantifs n'ont pas de genre; on marque les sexes par des noms différents, ou en les faisant précéder, comme en anglais, par les appellations siou, mâle, ou am, femelle; le pluriel de tous les mots se forme en ajoutant la terminaison teul; les noms de nombre n'ont des appellations que pour les unités et les dizaines : 1, hâna; 2, toul; 3, sét; 4, nét; 5, tasât; 6, iôsat ; 7, ilkop ; 8, iôtalp; 9, ahop; 10, iôl; 11, iôl-hâna;12, iôl-toul; etc. 20, seumoul; 30, siorheun; 40, maheun; 50, souin; 60, iésioun; 70, irheun; 80, iôteun; 90, aheun. Il n'y a que deux pronoms personnels, na, je, moi, et nô, tu, toi. Il y a des verbes actifs et des verbes neutres, mais pas de verbes passifs. (Henri Cordier). Le japonais. Le ryukyu ou loutchouan. Les Loutchouans seraient entrés dans l'archipel par le Nord, venant de Kyou shou et auparavant de la Corée, tandis que les ancêtres d'une partie des Japonais, venant aussi du continent, s'avançaient vers l'Est et le Nord. Les îles se peuplèrent peu à peu, par vagues successives, à mesure que de nouveaux immigrants poussaient les premiers; les annales japonaises et loutchouanes conservent la trace semi-légendaire de plusieurs invasions de ce genre, et l'on peut considérer l'annexion des îles du Nord à la principauté de Satsouma (1610) comme un fait du même ordre.Comme les Japonais, les Loutchouans intervertissent l'ordre des mots d'une phrase écrite en chinois pour le rendre conforme aux habitudes de leur propre langue. On trouve dans les districts ruraux d'Okinawa et dans le groupe des Saki-shima quelques traces d'un système d'écriture idéographique qui est d'invention indigène et qui n'a jamais pris de développement. Le loutchouan n'a jamais eu de littérature écrite; les caractères chinois et les kana japonais sont employés dans l'archipel; les noms propres et les titres indigènes sont souvent écrits en caractères chinois et prononcés en loutchouan, par une sorte de traduction analogue à celle qui est si fréquente dans la langue japonaise. Il existe cependant une littérature populaire non écrite; des stances descriptives ou amoureuses (fréquemment trois vers de huit syllabes, suivis d'un vers de six syllabes) des drames lyriques comparables aux Nô japonais et qui font encore les délices de la population. L'aïnou ou kourilien. |
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