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| L'Antiquité.
Des temps immémoriaux, le Maghreb Les Phéniciens sont parmi les premiers à établir des comptoirs sur les côtes dès le XIIe siècle av. JC, dont le plus célèbre, Carthage, devient une puissance maritime majeure, étendant son influence sur une grande partie du Maghreb et de la Méditerranée occidentale. Carthage prospère grâce au commerce mais finit par entrer en conflit avec Rome. Les guerres puniques voient la destruction de Carthage en 146 avant JC, ouvrant la voie à la domination romaine. Rome intègre progressivement le Maghreb dans son empire, créant des provinces comme l'Afrique Proconsulaire, la Numidie, la Maurétanie Césarienne et la Maurétanie Tingitane. La présence romaine est marquée par le développement des villes (Leptis Magna, Timgad, Volubilis), des infrastructures (routes, aqueducs) et une agriculture intensive, notamment la production de céréales et d'huile d'olive qui alimente Rome. Le christianisme se diffuse largement dans les populations locales et les villes, donnant naissance à des figures importantes comme Saint Augustin. Cependant, les Berbères des régions montagneuses et désertiques conservent souvent leur indépendance et mènent des révoltes régulières contre l'autorité romaine. Au Ve siècle ap. JC, les Vandales envahissent l'Afrique du Nord, établissant un royaume centré autour de Carthage. Leur domination est relativement brève et marquée par l'instabilité. L'Empire Byzantin, sous Justinien, reconquiert la région au VIe siècle, mais son contrôle reste fragile et limité, surtout face aux résistances locales et aux pressions des tribus du désert. Le
Maghreb arabisé jusqu'en 1500.
Avec l'affaiblissement du Califat Omeyyade de Damas, puis du Califat Abbasside de Bagdad, le Maghreb acquiert une large autonomie politique et voit l'émergence de plusieurs dynasties locales dès le VIIIe siècle. Des États kharijites, prônant une forme égalitaire de l'Islam, s'établissent à Sijilmassa et Tlemcen (Royaume des Rustamides de Tahert). Dans l'Est (actuelle Tunisie), les Aghlabides, vassaux des Abbassides mais largement indépendants, règnent depuis Kairouan, développent l'irrigation et conquièrent la Sicile. Dans l'Ouest (actuel Maroc), Idriss Ier, descendant d'Ali, fonde la dynastie idrisside et la ville de Fès, établissant les bases d'un État marocain indépendant des califats orientaux. Cette période voit un mélange et une synthèse des cultures berbère, arabe et des héritages antiques et byzantins. Au Xe siècle, les Fatimides, une dynastie chiite ismaélienne, émergent en Ifriqiya (actuelle Tunisie), renversent les Aghlabides et fondent la ville de Mahdia. Ils se lancent à la conquête de l'Égypte et y déplacent leur capitale, laissant le Maghreb sous la domination de leurs vassaux berbères, les Zirides. Lorsque les Zirides renient leur allégeance chiite au XIe siècle, les Fatimides envoient contre eux les tribus bédouines des Hilaliens et des Sulaym. L'arrivée de ces tribus arabes a un impact considérable sur le Maghreb central et oriental, bouleversant les structures sociales, dévastant l'agriculture dans certaines régions et accélérant le processus d'arabisation des campagnes. Face à cette instabilité et aux divisions, deux grandes dynasties berbères du Sud émergent et unifient le Maghreb aux XIe et XIIe siècles. Les Almoravides, partis du Sahara, s'emparent du Maroc, fondent Marrakech et étendent leur empire à l'Andalousie et à l'Algérie occidentale. Ils sont remplacés par les Almohades, originaires de l'Atlas, qui prônent un Islam réformiste et réussissent à unifier sous leur coupe un empire encore plus vaste, s'étendant de la Tripolitaine à l'Andalousie. L'époque almohade est marquée par un essor culturel et architectural important. Au XIIIe siècle, l'empire Almohade se fragmente à son tour, donnant naissance à trois royaumes dynastiques principaux, dirigés par des dynasties berbères issues de l'administration almohade : les Hafsides règnent en Ifriqiya (Tunisie et Est algérien) depuis Tunis, les Zayyanides ou Abdalwadides à Tlemcen (Ouest algérien) et les Mérinides au Maroc depuis Fès. Ces États se disputent l'hégémonie régionale, tout en faisant face aux pressions des royaumes chrétiens d'Espagne et aux incursions depuis le Sahara. Le commerce transsaharien et méditerranéen reste une source essentielle de richesse. Ottomans
et Européens.
Les XVIIIe et XIXe siècles voient le déclin relatif des régences ottomanes et une pression croissante des puissances européennes, attirées par les richesses et la position stratégique du Maghreb. La course devient un prétexte pour l'intervention militaire. C'est l'Empire français qui prend l'initiative de la conquête. Prétextant un différend diplomatique (le "coup d'éventail"), la France débarque à Alger en 1830. La conquête de l'Algérie est un processus long et brutal qui dure plusieurs décennies, marqué par une résistance acharnée menée par des figures comme l'Émir Abd el-Kader dans l'Ouest et le centre, ou Lalla Fatma N'Soumer en Kabylie. La France ne se contente pas d'occuper militairement le territoire; elle met en place une administration directe et encourage la colonisation de peuplement, transformant en profondeur la société, l'économie et la propriété foncière algériennes. L'Algérie est progressivement intégrée comme partie de la France. Fortifiée par sa conquête de l'Algérie, la France poursuit son expansion au Maghreb. La Tunisie, affaiblie par des difficultés financières et les pressions européennes, est placée sous Protectorat français par le Traité du Bardo en 1881, confirmé par la Convention de La Marsa en 1883. Bien que le Bey conserve une souveraineté théorique, la réalité du pouvoir passe aux mains du Résident Général français. Similairement, le Maroc, malgré sa longue tradition d'indépendance, est confronté aux appétits des puissances européennes (France, Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne). Après une série de crises diplomatiques, le Traité de Fès en 1912 établit un Protectorat français sur la majeure partie du pays, tandis que l'Espagne obtient une zone d'influence au Nord (Rif) et au Sud (Tarfaya), et une zone internationale est créée à Tanger. Parallèlement, l'Italie conquiert la Tripolitaine et la Cyrénaïque (actuelle Libye) en 1911-1912, mettant fin à la présence ottomane directe dans cette partie du Maghreb. La
période coloniale européenne.
Les formes de résistance évoluent. Aux révoltes armées des premières décennies succèdent des formes de résistance culturelle et religieuse, puis, surtout après la Première Guerre Mondiale, des mouvements politiques organisés. En Algérie, des figures comme l'Émir Khaled, puis des partis comme l'Étoile Nord-Africaine de Messali Hadj, le PPA-MTLD, et les oulémas réformistes prônent l'affirmation d'une identité algérienne distincte. En Tunisie, le parti Destour, puis le Néo-Destour dirigé par Habib Bourguiba, mobilisent l'opinion publique pour obtenir plus d'autonomie, puis l'indépendance. Au Maroc, le Comité d'Action Marocaine puis le parti de l'Istiqlal (Indépendance), avec des leaders comme Allal al-Fassi, portent les revendications nationales, souvent en s'appuyant sur l'autorité symbolique du Sultan (Mohammed V). La Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences changent la donne. Les puissances coloniales sont affaiblies, tandis que les idéaux de liberté et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes gagnent du terrain sur la scène internationale. Les mouvements nationalistes maghrébins intensifient leur action, combinant lutte politique, manifestations et parfois action armée. Au milieu des années 1950, la situation s'accélère. En Algérie, où la colonisation de peuplement est la plus forte et l'intégration à la France est la plus poussée, les revendications réformistes n'aboutissent pas. La guerre d'indépendance éclate le 1er novembre 1954, lancée par le Front de Libération Nationale (FLN). Ce conflit, d'une violence extrême, oppose le FLN aux forces françaises et déchire la société algérienne. Parallèlement, en Tunisie et au Maroc, la voie vers l'indépendance est plus rapide, bien que non exempte de tensions et de violences. Face à la pression nationaliste et au contexte international, la France accorde l'autonomie interne à la Tunisie en 1955, puis reconnaît son indépendance pleine et entière le 20 mars 1956. Quelques semaines plus tard, le 2 mars 1956, le Maroc retrouve également son indépendance, et la zone espagnole est rétrocédée au Sultan Mohammed V. Le
Maghreb de 1960 Ă 1990.
Chaque pays prend désormais un chemin spécifique, tout en partageant des défis communs : la construction d'une identité nationale post-coloniale, le développement économique et social, la mise en place d'institutions politiques stables. • Au Maroc, la monarchie alaouite, incarnée par Mohammed V puis son fils Hassan II dès 1961, consolide son pouvoir, s'imposant comme l'épine dorsale du régime, malgré l'existence d'un parlement et de partis politiques. Le règne de Hassan II, long et complexe, est marqué par la modernisation de l'État, des tentatives d'ouverture politique limitées et souvent réprimées, des crises économiques et sociales, et surtout par la question du Sahara occidental, territoire que le Maroc revendique et intègre progressivement à partir du milieu des années 1970, notamment avec la Marche Verte de 1975. Ce conflit territorial, toujours non résolu et source de tension avec l'Algérie, fige durablement les relations régionales.Tout au long des décennies, les économies maghrébines, malgré des efforts d'industrialisation et de développement, restent vulnérables aux chocs extérieurs, notamment la fluctuation des prix des matières premières (pétrole, gaz, phosphates) et la dépendance vis-à -vis de l'Europe pour les exportations, le tourisme et les transferts de fonds de la diaspora. Le chômage des jeunes, l'accroissement des inégalités et la corruption deviennent des problèmes structurels. Depuis
1990.
Au début du XXIe siècle, les régimes en place semblent consolidés. Au Maroc, l'accession au trône de Mohammed VI en 1999 ouvre une période de relative libéralisation politique et sociale, même si le pouvoir réel reste concentré entre les mains du monarque. En Algérie, Abdelaziz Bouteflika est élu président en 1999 et parvient à ramener une paix fragile après la guerre civile, mais son règne s'étire sur vingt ans, marqué par l'immobilisme politique et la corruption. En Tunisie, Ben Ali maintient son emprise autoritaire. En Libye, Kadhafi cherche à sortir de l'isolement en renonçant à son programme d'armes de destruction massive. Le véritable tournant pour la région survient en 2011. L'immolation par le feu d'un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, en décembre 2010 à Sidi Bouzid, déclenche une révolte populaire sans précédent en Tunisie. Le régime de Ben Ali s'effondre en quelques semaines, ouvrant la voie à une transition démocratique complexe et semée d'embûches, souvent citée comme la seule réussite relative, et seulement pendant un temps, des Printemps Arabes. La vague de protestations atteint les autres pays : en Libye, elle dégénère rapidement en guerre civile avec l'intervention de l'OTAN, aboutissant à la chute et à la mort de Kadhafi et plongeant le pays dans le chaos et la fragmentation. Au Maroc, le roi Mohammed VI répond par des réformes constitutionnelles pour apaiser le mouvement du 20 Février, mais sans céder sur les fondamentaux du pouvoir royal. En Algérie, le régime évite une explosion majeure grâce aux revenus pétroliers qui permettent des dépenses sociales et à la mémoire traumatique de la décennie noire, mais des protestations éclatent sporadiquement. En Mauritanie, le président Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir par un coup d'État en 2008 puis élu, maintient une stabilité précaire. L'après-2011 est marqué par des trajectoires divergentes. La Tunisie affronte les difficultés de la transition démocratique, entre instabilité politique, défis économiques persistants et menace terroriste. Le processus démocratique connaît un coup d'arrêt majeur en 2021 avec la prise de pouvoir étendue du président Kaïs Saïed. La Libye s'enfonce dans une guerre civile prolongée, divisée entre gouvernements rivaux et milices, devenant un foyer d'instabilité régionale et un point de passage pour les migrants cherchant à rejoindre l'Europe. Au Maroc, les manifestations sociales, comme celles du Rif en 2016-2017, rappellent les tensions sous-jacentes malgré la stabilité politique de façade. En Algérie, le Hirak, un mouvement de protestation massif et pacifique, émerge en 2019 pour s'opposer au 5e mandat de Bouteflika et réclamer un changement de système politique profond. Bouteflika est contraint à la démission, mais le régime militaire maintient son contrôle, ne cédant que peu aux demandes de transformation réelle. La Mauritanie poursuit son chemin politique, avec une alternance en 2019, mais fait face aux défis du sous-développement et de l'insécurité au Sahel. Aujourd'hui, les pays du Maghreb continuent de naviguer entre la nécessité de réformes économiques structurelles pour diversifier leurs économies et créer des emplois, les pressions sociales liées au coût de la vie et au chômage de masse, les défis de gouvernance face à la corruption et à la défiance envers les élites, et les enjeux sécuritaires dans une région instable. La question migratoire est un enjeu constant, le Maghreb étant à la fois terre d'origine, de transit et de destination pour les migrants. Les relations régionales restent paralysées par le conflit du Sahara occidental et la méfiance entre capitales. |
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