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Sous
la domination romaine, le Monténégro
faisait partie de la province d'Illyrie.
Lorsque les Serbes s'établirent dans la péninsule
balkanique![]() Étienne (Stéphane),
allié à Scander-Beg, guerroya contre les
Turcs; il mourut en 1471, laissant comme successeur son fils, Ivan Tsernoïévitch,
auquel la tradition populaire a donné le nom d'Ivan Beg. Allié aux Vénitiens,
Ivan Beg résista longtemps aux armées ottomanes. Plus tard, abandonné
par
Venise, il brûla sa résidence, Jabliak,
pour ne pas la voir tomber aux mains des envahisseurs et, après avoir
fait jurer à ses sujets une haine implacable et éternelle contre le Croissant,
il se retira avec eux sur les hauteurs, jusqu'alors presque inhabitées,
de la Tsernagore (= Montagne noire ou Monténégro). Il y fonda le monastère
de Tsettinié en 1485. Il mourut en 1490, laissant deux fils, Georges et
Stanicha. Ce dernier embrassa l'islam N'ayant plus à redouter d'invasion, Georges s'occupa de réorganiser son petit État; il fonda à Obod (1494) la première imprimerie slave connue, qui édita jusqu'en 1566 de nombreux livres religieux en caractères cyrilliques. En 1499, cédant aux sollicitations de sa femme, une patricienne de Venise, il alla se fixer en Italie sans esprit de retour. Avant de partir, il désigna aux chefs de tribus, comme son successeur, le vladika (évêque) de Tsettinié, Vavila. Dès ce moment, cantonnés dans leurs montagnes stériles sur une étendue à peine équivalente au tiers de la superficie du Monténégro actuel, privés de toutes communications avec la mer, dont le littoral était occupé par les Turcs, les Vénitiens et la république de Raguse (Dubrovnik), les Monténégrins eurent un gouvernement théocratique qui se prolongea jusqu'en 1852. Les premiers évêques souverains furent Vavila, German, Paul Basile, Pahomie Komanin (1568), Benjamin (1582), Roufin Niégouch (1631), Markarie Kornetchanine (1659), Roufin Boliévitch (1675), Basile Veliekraski, Visarion Baïtsa (1689), Sava Kaloudjéritch d'Otchinitch (1695). Durant le XVIe siècle, la Tsernagore n'eut guère à souffrir des Turcs, occupés à consolider leur puissance en Europe. A partir de 1604, des armées ottomanes tentèrent vainement, à plusieurs reprises, de s'emparer du pays avec l'appui secret des Monténégrins musulmans, les descendants des partisans de Stanicha Tsernoïévitch. En 1683, après le siège de Vienne, Venise s'allia à l'Autriche et à la Pologne contre la Porte et réclama le concours des Monténégrins. Ceux-ci répondirent à l'appel qui leur était adressé et tinrent campagne sept années durant. En 1690, quand Venise eut déposé les armes, le pacha de Scutari, Suleiman, réunit une armée considérable, pénétra jusqu'à Tsettinié, où il brûla le monastère édifié par Ivan Beg, et, en quittant le pays dévasté, laissa la petite forteresse d'Obod, la clef de la frontière, aux mains des Monténégrins renégats. Sur ces entrefaites, l'évêque Sava étant mort, le peuple réuni à Tsettinié désigna pour son successeur un jeune religieux, Danilo Pétrovitch Niégouch (1697). A partir de cette époque, le pouvoir suprême resta entre les mains de la famille des Pétrovitch Niéqouch. A son avènement, Danilo trouva une situation difficile : les Monténégrins renégats, appuyés par les Turcs d'Herzégovine et d'Albanie, étaient presque les maîtres du pays désorganisé. Pour détruire l'influence étrangère, le nouvel évêque fit massacrer les renégats la veille de Noël 1702. En 1711, Pierre le Grand de Russie, en guerre contre la Porte, provoqua une prise d'armes des Monténégrins. C'est de cette année que datent les relations amicales qui ont presque toujours subsisté ensuite entre le Monténégro et la Russie. En 1712, une armée turque envahit la Tsernagore; Danilo la battit à Tsarev Laz, le 29 juillet, lui tuant 20000 hommes. Deux ans plus tard, une nouvelle armée fut plus heureuse, elle pénétra jusqu'à Tsettinié, ravageant tout sur son passage. En 1715, Danilo se rendit en Russie; il en rapporta un secours de 10000 roubles, grâce auquel il réorganisa le pays. En 1716, il remporta une nouvelle victoire sur les Turcs, contre lesquels il ne cessa pas de lutter jusqu'à sa mort (1737). Par la suite, les Monténégrins le révéreront comme un saint. A Danilo succéda son neveu, Sava II; qui infligea également plusieurs sanglantes défaites aux Turcs. Sava II visita la Russie (1742) et en rapporta de riches présents. En 1750, il abandonna le pouvoir à son cousin, Basile, se retirant dans un monastère. Basile s'appliqua d'abord à rétablir l'ordre parmi les tribus; il visita la Russie en 1752; en 1755, il repoussa une attaque du vizir de Bosnie qui lui réclamait le tribut. Il retourna à Pétersbourg en 1766 et y mourut, désignant pour lui succéder son petit-neveu, Pierre Pétrovitch Niégouch. Le vieux Sava dut alors reprendre le pouvoir qu'il avait abdiqué vingt ans auparavant. En 1767 s'établit au Monténégro un aventurier bosniaque, Étienne le Petit (Stiépan Mali), qui se fit passer pour le feu tsar Pierre III de Russie. Le nouveau venu, soutenu par les adversaires du pouvoir théocratique, s'immisça dans la direction des affaires malgré l'évêque, qui dut tolérer cette usurpation. L'année 1768 fut marquée par une nouvelle invasion turque que les Monténégrins repoussèrent. A partir de cette époque et malgré des incidents divers, Étienne le Petit exerça un pouvoir absolu jusqu'au jour où il fut assassiné par son domestique (1778). Sava II mourut en 1782 et fut remplacé par Pierre Pétrovitch Niégouch, celui-là même que Basile, sur son lit de mort, avait désigné comme le futur évêque. Le nouveau vladika, Pierre Ier, se rendit immédiatement en Autriche et en Russie, pour y solliciter des secours contre la Porte. Durant sa longue absence, le pacha de Scutari pénétra jusqu'à Tsettinié et imposa un tribut aux Monténégrins. A son retour, en 1786, Pierre Ier s'employa à ramener l'ordre et à rétablir son autorité compromise. En 1788, il aida l'Autriche et la Russie dans leur guerre contre la Porte; en 1796, il battit le pacha de Scutari, prés de Spouj, et, le 22 septembre de la même année, il remporta une nouvelle victoire sur les troupes ottomanes : il reçut à cette occasion, du tsar Paul de Russie, l'ordre de Saint-Alexandre Nevski, avec un secours annuel de 1000 ducats. En 1798, il fit voter par une Skoupchtina la première loi fondamentale qui ait été appliquée dans le Monténégro. Vers la même époque, les habitants des Bouches de Cattaro se placèrent sous sa protection : de concert avec les Russes, il guerroya alors contre les troupes de Napoléon Ier en Dalmatie, et finit par occuper les Bouches de Cattaro. Mais en 1814, il dut abandonner ce territoire aux Autrichiens sur l'ordre du Congrès de Vienne. A partir de 1814, le gouvernement russe supprima aux Monténégrins le subside annuel de 1000 ducats qu'il leur servait depuis 1796 et se désintéressa entièrement de ses anciens alliés. Ce subside ne fut rétabli qu'en 1825. En 1819, Pierre Ier soutint une nouvelle guerre contre les Turcs avec tant de succès que ceux-ci le laissèrent en paix jusqu'à sa mort (1830). Son neveu, Rado Tomov, qui avait été élevé en Russie, fut appelé à lui succéder sous le nom de Pierre II. En 1833, Pierre II reçut la consécration épiscopale à Saint-Pétersbourg. Il commença par expulser le gouverneur civil Vouko Radonitch, qui cherchait à substituer l'influence autrichienne à celle de la Russie et réunit définitivement entre ses mains le pouvoir civil qui n'avait cessé d'exister, depuis 1499, à côté de l'autorité théocratique. Il tenta les premiers essais d'une organisation régulière. Jusque-là le Monténégro n'avait été qu'une confédération de tribus gouvernées chacune par un chef héréditaire. Pierre Il réussit à placer ces chefs turbulents sous son autorité, en instituant un sénat composé démembres payés et recrutés parmi les principales familles. Les Turcs dirigèrent de nombreuses entreprises contre lui; de leur côté, les Monténégrins, en 1840, secondèrent les Herzégoviniens insurgés. Pierre II mourut presque subitement en 1851, désignant pour lui succéder son neveu Danilo. Danilo fit approuver du Sénat son intention de renoncer aux fonctions épiscopales qu'avaient exercées ses prédécesseurs et de régner comme chef civil et militaire du pays. Il partit ensuite pour la Russie, et se fit reconnaître par le tsar. La Porte, irritée des changements survenus, prit prétexte d'un incident de frontière pour envahir la Tsernagore. Danilo remporta une brillante victoire sur les Turcs, dans la vallée de la Moratcha (15 décembre 1852). En 1853, Omer Pacha, à la tête d'une armée de 56000 hommes, envahit la principauté de trois côtés à la fois; les Monténégrins allaient être écrasés sous le nombre lorsqu'une intervention des cabinets de Vienne et de Saint-Pétersbourg arrêta les hostilités. En 1855, Danilo épousa Darinka Kvekitch, de Trieste. Cette même année, il fit approuver de la Skoupchtina et du Sénat un nouveau statut relatif au mode de transmission du pouvoir, ainsi qu'une nouvelle loi civile et pénale. A partir de 1856, les Monténégrins eurent avec la Porte plusieurs démêlés qui aboutirent à la sanglante défaite de Grahovo, infligée à Hussein Pacha (1858). L'année suivante eut lieu la délimitation des frontières monténégrines par une commission européenne. Le 13 août 1860, Danilo fut assassiné à Cattaro, où il se trouvait en villégiature, par un Monténégrin exilé. Le Sénat éleva
aussitôt à la dignité princière, sous le nom de Nicolas Ier,
le neveu de Danilo, Nikita (Nicolas) Pétrovitch Niégouch, jeune homme
de dix-neuf ans, qui avait fait ses études à Trieste et à Paris. L'insurrection
herzégovinienne amena en 1862 une nouvelle guerre entre la Principauté
et la Porte. L'armée monténégrine, commandée par le père du prince,
l'héroïque Mirko Pétrovitch, soutint plus de soixante combats contre
un ennemi trois fois supérieur; elle allait succomber lorsque la diplomatie
européenne intervint. Le Monténégro dut souscrire aux dures conditions
du vainqueur (1862). En 1867, le prince Nicolas visita Paris. A son retour,
il perdit son père. En 1868, il promulgua une nouvelle loi réorganisant
les finances du pays. En 1868, et 1869, il visita la Russie, l'Allemagne
et l'Autriche. En 1875, le gouvernement monténégrin appuya secrètement
les insurgés d'Herzégovine. Le 1er
juin 1876, de concert avec, la Serbie, il
déclara la guerre à la Porte : 15
000 Monténégrins marchèrent sur Névésinié. Obligé de se retirer
devant les forces ottomanes, supérieures en nombre, le prince Nicolas
infligea une défaite sérieuse à Mouktar Pacha; le 21 octobre la même
année, il s'empara de Medun.
![]() Nicolas Ier, roi du Monténégro. L'intervention diplomatique
de la Russie suspendit alors les hostilités. La conférence des grandes
puissances, réunie à Istanbul dans
les premiers mois de 1877, proposa en faveur du Monténégro une importante
cession de territoire que refusa la Porte ( La délimitation des nouvelles frontières ne fut définitivement résolue qu'en 1887. En 1879, le Sénat, institué par Pierre II, a été remplacé par un conseil d'État et un ministère. Les relations avec la Turquie prirent un caractère plus cordial que par le passé : en 1883, le prince Nicolas visita Istanbul. Par son histoire, par l'opiniâtreté irréductible avec laquelle il avait défendu en tout temps son indépendance, le Monténégro occupait alors une place importante dans le monde yougoslave. A partir de 1878, on le considérait comme l'agent avéré de la politique russe dans les Balkans. Une de ses filles épousa un grand-duc; l'autre épousa le prince héritier d'Italie, le futur Victor-Emmanuel III. Après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle le Monténégro a combattu aux côtés des Alliés, le pays a été absorbé par le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui est devenu le Royaume de Yougoslavie en 1929. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est devenu une république constitutive de la République fédérale socialiste de Yougoslavie. Lorsque cette dernière s'est dissoute en 1992, le Monténégro s'est uni à la Serbie, créant ainsi la République fédérale de Yougoslavie qui, après 2003, est devenue une Union étatique plus souple de Serbie-et-Monténégro. (A. Giron). Le 21 mai 2006, le Monténégro a organisé un référendum pour décider de son indépendance de la Serbie-et-Monténégro. Avec une participation de 86,5 % et un résultat de 55,5 % en faveur de l'indépendance, le Monténégro a déclaré son indépendance le 3 juin 2006. L'indépendance du Monténégro a été rapidement reconnue par la communauté internationale, aussi bien par les Nations Unies que par l'Union Européenne et de nombreux autres États. En janvier 2007, le Monténégro est devenu membre du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. En octobre de la même année, une nouvelle constitution a été adoptée, qui a établi le cadre juridique et politique du nouvel État. Le Monténégro a officiellement déposé sa candidature pour rejoindre l'Union européenne en décembre 2008. En décembre 2010, le pays a obtenu le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne, marquant un pas significatif vers l'intégration européenne. Le pays a entrepris ensuite diverses réformes pour aligner ses institutions et son économie sur les normes européennes, notamment dans les domaines de la justice, de la lutte contre la corruption, et de la gouvernance. Les négociations d'adhésion à l'UE ont officiellement commencé en juin 2012. En mai 2016, le Monténégro a été invité à rejoindre l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) et le 5 juin 2017, le Monténégro est devenu membre à part entière de cette organisation.. Le Monténégro a connu plusieurs élections, avec le Parti démocratique des socialistes (DPS) dominant la scène politique jusqu'en 2020. Milo Đukanović, une figure politique clé, a été élu président en 2018. Le pays a été le théâtre de manifestations contre la corruption, la mauvaise gouvernance et des lois controversées, comme la loi sur la liberté religieuse adoptée en 2019. Lors des élections législatives d'août 2020, une coalition d'opposition a remporté une majorité étroite, mettant fin à trois décennies de domination du DPS. Zdravko Krivokapić est devenu Premier ministre. En 2022, le gouvernement de Krivokapić a été renversé par une motion de censure. Dritan Abazović, leader du parti Ura, a été nommé Premier ministre par intérim. Les élections de 2023 ont vu Jakov Milatović du mouvement "Europe maintenant !" remporter la présidence. Le Monténégro se prépare également pour les prochaines élections législatives, cruciales pour déterminer la future orientation politique du pays. Depuis son indépendance, les relations du Montenegro avec la Serbie ont fluctué, oscillant entre tensions et tentatives de rapprochement, notamment en raison de la question des droits des Serbes de souche vivant au Monténégro. |
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