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et les khanats ouzbeks |
Le Kharezm ou Khovaresm
correspond à l'ancien pays des Chorasmiens,
région du Turkestan
occidental, au Sud de la mer d'Aral,
sur les deux rives du Djihoun, entre le khanat de Boukhara et la mer Caspienne,
contient, entre autres territoires, le khanat de Khiva
et le pays des Turkmènes. De 994
à 1231, la Kharezm forma une
principauté indépendante, qui fut fondée par un chef
turc aux dépens des Samanides. Les princes du Kharezm envahirent
la Perse en 1193, et s'emparèrent
en 1197 de Samarcande.
Leur puissance fut détruite par Gengis-khan.
Le Kharezm fut ,quelque temps compris dans l'empire
du Kaptchak. Vers 1481, Ilbars
el-Cheibani le détacha du Kaptchak et en fît de nouveau un
Etat indépendant. Une dynastie de princes khovaresmiens régna
aussi à DeIhi dans l'Hindoustan à partir de 1213
après en avoir chassé les Gourides (Les
dynasties musulmanes au Moyen âge); elle fut remplacée
en 1398 par les Patans. Progressivement,
l'empire kharezmien se trouva partagé entre plusieurs khanats dominés
par des dynasties ouzbekh (Khiva, Boukhara, Khokand),
eux-mêmes placés à des degrés divers sous la
coupe de l'empire Russe à partir du XVIIe
siècle.
Dates clés :994 - Naissance de l'empire Kharezmien. |
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Le Kharezm, Kharizm,
Khowareszm ou Choarism porte ce nom depuis l'Antiquité. Au IVe
siècle av. J. C., Hérodote cite les Choarismiens
dans la seizième satrapie de l'empire des Perses, avec les Sogdiens,
les Parthes et les Ariens. Ils figuraient
dans l'armée de Xerxès sous les
ordres de leur prince. Quand Alexandre
conquit la Sogdiane,
Pharasmane, roi des Chovarismiens, vint à Zariaspa lui faire hommage.
On cite ce peuple, classé parmi les Scythes, avec les Sogdiens,
les Dahes, les Massagètes ; il semble que ce fussent déjà
des cavaliers nomades, dominant l'oasis riveraine de l'Oxus (Amondaria).
Hécatée avait parlé de leur cité de Chorasmia.
La région comprise entre l'Oxus on Djihon (Gihon), la mer Caspienne
et le Nord de la Perse eut d'ailleurs une histoire commune, disputée
entre Iraniens et Touraniens,
agriculteurs sédentaires et pasteurs nomades. Les Parthes, les Perses,
les occupants successifs de la Bactriane
se la disputèrent, perpétuellement menacés par les
peuples du Turkestan,
Au VIe siècle,
le khaqân des Turks
était maître du Kharezm. Les Arabes le conquirent à
la fin du VIIe
siècle. Merv, Meched, Nichapour furent alors de brillants
centres de civilisation. Le Kharezm se constitua en unité politique
au XIe siècle,
lors de l'affaissement du califat. II avait été conquis dans
la première moitié du siècle par les Turks
Seldjoukides. A la fin, Anouchtekin, esclave
d'un échanson de la cour, lui succéda et reçut le
gouvernement du Kharezm. Son fils, Mohammed Kothbeddin, lui succéda;
il profita des troubles du règne de Barkijarok pour s'implanter
solidement avec le titre de chah; il s'attacha la population et tint une
cour brillante. Son fis Aziz se détacha tout à fait des Seldjoukides
et se rendit indépendant du sultan Sandjar, dont la ruine acheva
d'assurer son indépendance.
Les guerres civiles des Seldjoukides permirent à Aziz et à son fils II-Arslan (mort en 1172) de s'agrandir et de s'emparer de presque tout l'Iran. Les guerres civiles des deux fils d'Il-Arslan, Alaeddin Takach et Mohammed Sultanchah enrayèrent ces progrès. Au bout de vingt ans; le premier l'emporta et reprit les conquêtes. Il vainquit les atabeks (administrateurs) qui supplantaient les Seldjoukides, s'empara des provinces de Rei, Aderbaïdjan, Hamadan, Ispahan et mit fin à la domination des Seldjoukides en Perse. Le fils de Takach, Mohammed Kothbeddin (1206-1220), fut le dernier et le plus grand des princes kharezmiens, amis éclairés des lettres et des arts. Son empire s'étendait du Syr-Daria au golfe Persique, sur presque toute la Perse et la moitié de l'Afghanistan. Habile et brave, il pourchassa les Assassins (Ismaéliens) qui avaient poignardé son vizir, puis se tourna contre les Ghourides qui appuyaient son neveu révolté. Il mit fin à cette dynastie et se trouva maître du pays jusqu'à l'Indus et du centre de l'ancien empire des Ghaznévides. Il invite alors le calife de Bagdad à lui octroyer les mêmes titres et droits qu'aux Bouydes et aux Seldjoukides. Alnasir refusa de confier sa personne et sa capitale au protecteur des chiites de Perse. Mohammed réunit alors une assemblée d'ulémas qui proclamèrent commandeur des croyants un descendant d'Ali, l'imam Ala Almoulk de Tirmed et le fit reconnaître dans ses Etats. Mohammed s'avança vers l'Ouest, vainquit l'atabek de Fars et l'Euzbeg d'Azerbaïdjan, défenseurs d'Alnasir (1217). Vainement ce dernier voulut le fléchir. Il ne fut sauvé que par un hiver précoce qui fit périr dans les montagnes l'armée kharezmienne harcelée par les Kurdes et les Turks. Mohammed rassembla une autre armée dans la Transoxiane; mais, à ce moment, il entra en conflit avec un autre fondateur d'empire, Gengis Khan (L'Empire gengiskhanide). Il eut l'imprudence de refuser satisfaction pour le meurtre de quelques marchands tatars. Quand l'armée mongoleparut sur l'Iaxarte (Sir-daria), le Kharezmien n'osa risquer son empire en une bataille. Il mit de fortes garnisons dans ses places fortes, Tachkent, Bokhara, Khodjend, Otras, Samarcande, etc., espérant user l'élan des nomades de l'Asie centrale. Mais les ingénieurs de Gengis prirent les villes une à une, Le chah, qui concentrait ses forces à l'Est de son empire, y fut bientôt traqué; Balkh, Merv, Hérat, Nichapour furent emportées et saccagées. Suivi à la piste, il s'enfuit dans le Mazendéran, puis dans un flot de la mer Caspienne (Abeskoun) où il mourut, après avoir appris la capture de sa famille, le massacre de ses fils dont deux seulement survécurent, Djelaleddin Mankherni et Tatar Chah. Le premier était un héros qui opposa aux Mongols une résistance désespérée. La Perse avait été dévastée comme la Transoxiane et la férocité des vainqueurs y ruina Ia brillante civilisation du califat. Djelaleddin sortit des déserts du Mekran, rassembla à Ispahan ses partisans et s'établit dans les montagnes du Caucase et de la Perse septentrionale (Géorgie et Azerbaïdjan) d'où il guerroya contre les hordes mongoles et les princes seldjoukides. Son centre était la forteresse d'Ichlat. Après une vie d'aventures glorieuses, il fut vaincu et assassiné dans sa fuite par un Kurde (août 1231). Les débris des troupes kharezmiennes passèrent en Syrie où elles se rendirent redoutables aux Chrétiens. Le Kharezm suivit, avec la Perse, la destinée
de l'empire des Mongols. Définitivement
conquises par Houlagou, ces régions
furent soumises jusqu'en 1346 à
ses descendants. Ces Mongols furent bientôt absorbés par l'élément
persan. Mais, en 1372, Hosein Sofi
entra en lutte avec Timour; ce fut une
terrible revanche des Turks. Timour, parti
de Bokhara, prit Ket, capitale de son adversaire, et imposa la paix à
son frère et successeur lousouf dans Ourgendj (1372).
Ce ne fut qu'à la cinquième campagne (1388)
que le Kharezm fut définitivement soumis; le vainqueur procéda
alors à la reconstruction des cités détruites. Sous
ses successeurs, le Kharezm eut un siècle de bien-être tranquille.
En 1484, la Perse l'annexa. Mais les
Khiviens étaient maintenant de fidèles sunnites
(musulmans
orthodoxes), réfractaires à la domination des chiites.
Ils appelèrent contre eux un Turk, Ilban, qui chassa les Persans;
ce fut le premier khan du peuple des Ouzbeks qui désormais seront
les maîtres du pays (1512).
Les successeurs de Mehemed Emin Inag, Isakar-Khan (1800-04), Mehemed Rehim (1804-26), Allahkouli Khan (1826-41), guerroyèrent contre les khans de Boukhara, les Turkomans Iamoudes et les Karakalpaks. Le dernier remporta un grand succès contre les Russes. En 1839, l'expédition du général Pérovski, motivée par les querelles des Kirghiz (sujets russes) et des Ouzbeks, ne put franchir le désert; de ses 4413 hommes (accompagnés de 10 000 chameaux), le quart périrent, et il ne ramena guère que le tiers de ses forces à Orenbourg. Une nouvelle tentative de Pérovsky en 1853-54 échoua également, bien qu'il eût pu pénétrer jusqu'à l'oasis de Khiva. Rehimkouli Khan (1841-43), Mehemed Emin Khan (1843-55), Abdullah Khan (1835-56), Kantlory Mourad Khan (1856), Seid Mehemed Khan (1856-68), régnèrent ensuite, sans que nul incident se détache dans leurs guerres contre Boukhara, la Perse et les Turkomans. Rehim Khan, fils de Seid Mehemed, accentua encore l'hostilité envers la Russie, ne cessant d'exciter contre elle les Kirghiz, refusant de mettre un terme aux razzias de ses nomades en territoire russe et de rendre les sujets du tsar faits prisonniers. Une expédition décisive fut
alors entreprise. Le général Kaufmann, gouverneur du Turkestan,
la fit avec 12 000 hommes par trois routes à la fois, venant de
Tachkent, d'Orenbourg et des bords de la Caspienne. Les Khiviens furent
battus à Mandyk le 20 mai, le khan s'enfuit et sa capitale
fut occupée. ll dut se soumettre à la merci du tsar. Celui-ci
le rétablit, mais en lui adjoignant un conseil de trois Russes et
trois Khiviens et en soumettant à la ratification du général
Kaufmann les décisions importantes. L'esclavage fut aboli, 3000
Persans renvoyés dans leurs foyers. Les Turkmènes continuèrent
la résistance, refusant de payer la contribution de guerre de 300
000 roubles qui leur avait été imposée. Le général
Golovatchev les réduisit. La traité définitif de protectorat
a été signé le 12 août entra la Russie et le
khan de Khiva.
Le Kharezm et les khanats ouzbeks. Les khanats Ouzbeks Le khanat de Khiva.
A cette époque, la population se divise en deux groupes nettement tranchés, les nomades et les sédentaires, les Turks et les Iraniens. L'élément sédentaire comprend les Tadjiks, d'origine iranienne, parlant un dialecte persan; on les désigne sous le nom de Sartes ou Tat; ils forment la majorité de la classe agricole et commerçante; depuis la fin du siècle XVIIIe siècle, ils ont repris le dessus sur les conquérants et ils occupent les places les plus importantes. Certains ont adopté la langue turque (Les langues altaïques). Les Perses, esclaves ou descendants d'esclaves enlevés dans des razzias, étaient nombreux avant la conquête; les Russes en ont libéré des milliers. Les Ouzbeks, d'origine turque, sont mélangés aux iraniens; ils forment l'élément dominant, la classe guerrière; le khan de Khiva est ouzbek. Arrivés vers la fin du XVe siècle; ils sont presque complètement sédentaires, cultivant la terre; cependant en été ils vivent sous la tente au milieu de leurs troupeaux. Des quatre tribus ouzbeks, celle de Koungrad, à laquelle appartient la famille du khan, est demeurée à peu près pastorale et nomade; celle des Ouïgours a été à peu près exterminée. Les Turkmènes forment la grande majorité de la population nomade. Ils ne reconnaissaient que nominalement la souveraineté du khan de Khiva avant la conquête russe. On évalue leur nombre dans les limites actuelles du khanat à 209 000. En été, ils errent dans les steppes de l'Oust-oust; en hiver, ils se cantonnent dans des habitats déterminés selon les tribus : les Iomoudes (Baïram-Ali) entre le Khazabad et le Laoudan; les Alilis, de même; les Tchoudors entre Kounia-Ourgendj et Khodjeili; les Emralis à lhali; les Atas sur la rive droite (russe) de I'Amou-daria. Ce sont les cinq principaux clans; ajoutez quelques milliers de Goklans, qui habitent auprès des Iomoudes; ceux-ci sont les plus nombreux. Les Turkomans vivaient jadis non seulement des produits de leurs troupeaux, mais aussi de brigandage. Les Russes ont mis un terme à leurs rapines. Leurs femmes fabriquent des tapis renommés. Leur régime est patriarcal; l'autorité appartient aux "anciens" (aksakal). Les Karakalpaks (de langue kirghiz), au nombre d'environ 5000, vivent aux environs de la mer d'Aral, vers Koungrad, Khodjeili, Kiptchak; beaucoup sont devenus à demi sédentaires comme les Ouzbegk ; ils sont moins belliqueux que ceux-ci, qui les opprimèrent souvent. Aux environs du lac Sari-Kamich vivent quelques milliers de. Kirghiz proprement dits. Le gouvernement est un despotisme héréditaire;
mais le khan, contrôlé par le résident russe, ne peut
plus en abuser cruellement comme autrefois. Il a dû se reconnaître
« l'humble serviteur de l'empereur de toutes les Russies »,
concéder aux Russes la libre navigation du fleuve, des terrains
pour leurs entrepôts, s'engager à leur payer 2 200 000 roubles,
pour lesquelles ils ont hypothèque sur son pays. En principe, il
est maître du sol. Il gouverne avec l'aide de conseillers ouzbeks,
les ataliks; d'un ministre sarte, le mehter; d'un chef spirituel,
le nakib, etc. Le revenu annuel est d'environ 400 000 roubles. Les
Turkmènes ne payent aucune taxe. Les impôts sont pour un tiers;
l'impôt foncier payé en nature, une capitation payée
par famille et des taxes sur le commerce. La monnaie locale a pour base
le tilla d'or ; il se divise en 14 abassi de 2 tianie (tenga), en argent;
le tenga (démonétisé en 1895)
se divise en 40 puls de cuivre. On emploie aussi les monnaies russes, persanes
et bokhariennes et les ducats hollandais.
Un coin du marché de Boukhara, au début du XXe siècle. Le khanat de Boukhara.
La partie haute du pays, c. -à-d. le bassin supérieur de l'Amou-Daria, est montagneuse et bien arrosée; à mesure qu'on descend vers la mer d'Aral, l'eau manque; le Zarafchan n'atteint même pas l'Amou-Daria et s'arrête au lac Dengiz. Le climat est sec, très rigoureux en hiver, très chaud en été. Le long des cours d'eau le sol est très fertile, donne toutes les céréales, des fruits (vin, figues, grenades, melons, tabac), sans parler du chanvre, du coton et de la soie; les moutons à fourrure brune et à laine frisée, les chèvres à soie âne, les chevaux sont nombreux et réputés; le chameau est la bête de somme la plus employée.La population du Khanat de Boukhara a des origines bien diverses: les Ouzbeks, composante conquérante à laquelle appartenait le Khan étaient environ 200 000. Si on y rattache les nomades appartenant à d'autres populations turques, ils formaient la moitié de la population totale; les Tadjiks, qui appartiennent au groupe linguistique iranien, étaient cultivateurs et artisans; on évaluait leur nombre à 600 000 au moins; restaient environ 50 000 Kirghiz, 30 000 Turkmènes, des Karalpaks, des Hindous, des Afghans, des Arabes, des Juifs, des Tsiganes. Les progrès de la Russie ont développé le commerce (près de 60 millions par an avec la Russie à la fin du XIXe siècle). Le Khanat de Khokand
et le Ferghana.
Khokand a été jusqu'en 1876 la capitale d'un khanat. Le Ferghana avait suivi les destinées du Turkestan, soumis aux Mongols, incorporé en 1511, à l'empire de Tamerlan dont le descendant le plus célèbre, Baber, né à Andidjan, régna sur la contrée et en fut dépossédé au commencement du siècle suivant. Khokand recouvra son indépendance après la chute des Cheibanides, la conserva au temps des Achtarchanides, mais fut attaquée par la dynastie de Mangit. L'émir Naasoum et son petit-fils Masrullah essayèrent de conquérir Khokand où Mehemed AIi se défendit vigoureusement. Au XVIIIe
siècle, la contrée s'est trouvée plus ou
moins tributaire des Chinois jusqu'à ce que, vers 1835,
Mad-Ali, devenu puissant, eût affaire à Nasr-Oullah, émir
de Bokhara, dont les intrigues provoquèrent une série de
révolutions intestines. A partir de 1841,
la guerre fut continuelle et ne finit que par l'intervention des Russes.
Khoudaïar, qui avait transféré sa résidence à
Samarcande, se vit enlever par les Russes
Turkestan,
Tchemkend, Tachkent (1864). L'émir
de Boukhara vint à la rescousse et installa Khoudaiar dans l'Est
du Ferghana. Mais il fut battu par les Russes à Jiidchar (20 mai
1866) et contraint de leur céder
la vallée du Syr-Daria à partir de Mehrem et de leur payer
une indemnité de guerre. Vassal du tsar, il ne conserva que l'administration
intérieure du khanat.
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