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L'histoire de l'Arménie |
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L'Arménie
sous les Assyriens et les Perses.
Aussi loin qu'il nous soit possible de remonter avec certitude dans le passé de l'Arménie, nous trouvons ce pays aux prises avec l'empire assyrien. Les détails relatifs aux expéditions des rois d'Assour dans la région arménienne nous sont donc fournis par les inscriptions cunéiformes. Avant l'établissement de la puissance assyrienne, l'Arménie semble avoir subi le joug du premier empire sémitique de Chaldée ![]() ![]() « J'ai traversé des marais inaccessibles, des contrées fiévreuses, dans lesquelles personne parmi les rois antérieurs n'avait pénétré; j'ai passé des chemins difficiles, dans des fourrés épais [...]. Je me suis frayé un passage dans des chemins escarpés avec mes chars aux roues d'airain [...]. Vingt-trois rois du pays de Naïri avaient, sur les frontières de leur territoire, disposé leurs chars et leurs armes; ils vinrent à ma rencontre pour me livrer combat et bataille; je les ai refoulés par la puissance de mes armes [...]. »Les villes furent brûlées ou détruites, et les biens des vaincus furent offerts au dieu Shamash. Les fils des rois de Naïri, d'abord réduits en esclavage, obtinrent bientôt la liberté, moyennant un tribut de 1200 chevaux et de 2 000 boeufs. Près des sources du Tigre, Touklat-Habal-Assar Ier fit graver sur un bas-relief son image et cette inscription-: « D'après la volonté d'Assour, de Shamash, de Bin, les Grands-Dieux, mes seigneurs, moi, Touklat-Habal-Assar, roi du pays d'Assour, fils de Moutakhil-Nabou, roi du pays d'Assour, le vainqueur des peuples depuis la grande mer du pays d'Akbari (Phénicie) qui domine la mer jusqu'au pays de Naïri; j'ai soumis le pays de Naïri. »Cette fois pourtant, la domination assyrienne en Arménie fut éphémère. Touklat fut battu par Nardouk-Nadin-Usour, roi de Babylone, et, trente ans plus tard, Assour-Rab-A-mar (vers 1060 av. J.-C.) perdit la suzeraineté de la Syrie. Aussi, sous les premiers rois du second empire d'Assyrie, le Naïri, comme les autres pays du Nord et du midi, recouvra son indépendance. L'Arménie ne fut vraisemblablement pas inquiétée jusqu'au IXe siècle. Quel était alors la situation de cette contrée? Lorsque les premières tribus indo-européennes venues du plateau de Pamir se furent établies soit dans la vallée du Sind, soit sur le plateau de l'Iran ![]() ![]() ![]() « parmi les peuplades sémites naturellement moins belliqueuses que celles qui se trouvaient dans les plaines de l'Araxe. Plus tard, les Arméniens s'établirent dans la plaine de l'Ararat, comme le souvenir s'en est conservé dans la Iégende nationale, mais pendant longtemps ils ne purent faire de ce côté aucun progrès; ce n'est qu'à la suite des grandes invasions du Moyen âgeAu regard des Sémites, il y eut fusion plutôt que conquête, transaction plutôt que soumission. Une fois installées à demeure en Arménie, les tribus se développèrent indépendamment les unes des autres. Au IXe siècle, ces tribus, entre lesquelles se partageait la contrée, étaient gouvernées par des rois. Quelques-unes d'entre elles, comme celles d'Amid (Diarbékir), avaient été de bonne heure incorporées à l'Assyrie et soumises à l'autorité des satrapes assyriens. Parmi les Etats restés indépendants du Naïri (nom assyrien de l'Arménie), on peut citer ceux de Milidda, du mont Mildis, de l'Ourarthi, du Vanna, du Moussassir, du lac Ourmia, du Mesa et du Namri. Les peuples du Milid ou Milidda (Mélitène) se trouvaient au Sud de la Cappadoce et ceux du mont Mildis dans le groupe de montagnes où s'élève aujourd'hui Garin ou Erzéroum. L'Ourarthi (autour de l'Ararat) semble avoir exercé sur les tribus voisines une sorte de suzeraineté. Tout près se voyaient Vanna ou Manna, au Sud du lac de Van, et Moussassir sur les rives septentrionales du même bassin. Les populations, groupées autour du lac Ourmia, étaient au nombre de quatre principales : à l'Est le Kharrou; au Sud, le Mata, tribu de langue indo-européenne; au Nord, le Madakhir; enfin, à l'Ouest, le Khoubouskia, à cheval sur le mont Khoathras et séparé du lac Ourmia par le pays de Kilzan. Au Sud-Est du Kharrou, le Mesa s'étendait jusqu'au prolongement du mont Elbourz et se distinguait par conséquent du Girat-Bounda (Ghilân et Mazendérân)? Quant au Namri, il commençait à la rive gauche du Zab inférieur et occupait la partie Nord du Zagros; il était habité par des Kouchites (Lenormant, Lettres assyriologiques). Telle était la situation de l'Arménie à l'époque où Touklat-Adar II monta sur le trône assyrien (889). L'expédition que ce souverain entreprit aux sources du Tigre n'est pas connue : la stèle commémorative en a été détruite et Taylor en a retrouvé l'emplacement, au XIXe siècle. Le détail des campagnes d'Assour-Nazir-Habal (882) nous est parvenu : son règne s'ouvre par une expédition dans le Kurdistan et l'Ouest de l'Arménie. Les rois de Naïri effrayés envoyèrent au vainqueur des présents de toute sorte, et un vice-roi fut nommé par Assour-Nazir-Habal (882). Mais à peine l'Assyrien se fut-il éloigné que le pays fit défection. Assour revint en toute hâte pour châtier les rebelles. Une troisième campagne eut lieu en 880. Amikou, roi de Zamouya, ayant refusé de payer tribut à l'Assyrie, Assour-Nazir-Habal résolut de l'y forcer par les armes. Il rassembla ses troupes près du fleuve Tournat, prit Amisali, Khoudoun et vingt autres villes; puis, il s'avança sur Zamri, capitale d'Amikou l'Arménien, roi de Zamouya. Amikou s'enfuit et ses Etats furent livrés au pillage. Les guerres de Salman-Asar III (857-822) furent encore plus terribles : en 854, il s'empara des domaines d'Aroumi, roi d'Ourarthi; en 830, il envoya dans le même pays Dayan-Assour, « le grand Tartan de son armée ». Le roi Siduri prit les devants et s'avança contre Dayan, mais il fut vaincu. En 827, nouveaux succès de Dayan remportés sur Oudaki de Vanna, qui abandonna sa capitale (Zirtou) et dont les Etats furent incendiés. Enfin, l'année suivante (826), le «-grand Tartan » prit Zapari et 47 villes du Moussassir; puis, il ravagea l'Ourarthi, le Vanna et le Namri. Samsi-Bin (822-809) fit une première campagne dans le Naïri en 822 et soumit tous les petits rois de ce pays. Son second, Mousakal-Assour, vint en personne confirmer les conquêtes du roi en 824. Enfin, Samsi-Bin traversa le Khoubouskia et le Vanna pour aller faire la conquête du Girat-Bounda. Au retour de cette expédition, tous les rois du Naïri vinrent lui rendre hommage, et il leur imposa un tribut de chevaux, Dès cet instant, l'Arménie fut la vassale avouée de l'Assyrie, malgré ses tentatives de soulèvement, et les Assyriens essayèrent d'implanter leur civilisation dans la vallée du Haut-Tigre. Les derniers rois de la seconde dynastie dirigèrent des expéditions et durent réprimer des révoltes dans les contrées arméniennes, mais on doit ici se borner à un exposé chronologique, en l'absence de détails plus précis : Binnirari III (809-780) dirigea sept campagnes contre le Naïri, deux contre le Vanna, quatre contre le Khoubouskia, une contre le Namri. Salman-Asar IV fit trois expéditions dans l'Ourarthi (780-777, 775, 773); une dernière fut entreprise pour la soumission définitive du Namri. Sous la règne de Touklat-Habal-Asar II, Sardou, roi d'Ourarthi, se ligua avec Mati-el pour arrêter les empiétements de l'Assyrie; mais il fut battu et s'enfuit pour échapper à une mort certaine. La rébellion du Namri ne fut pas plus heureuse et ce pays fut deux fois envahi par ses maîtres en 743 et en 736. Il était réservé à Saryou-Kin, chef de la dynastie des Sargonides, de faire cesser ces soulèvements et de pouvoir mettre un frein, du moins momentané, aux soulèvements continuels des peuplades arméniennes. Sardou avait eu pour successeur Minouas Ier, lequel fut remplacé au pouvoir par son fils aîné Oursa. Celui-ci, qui avait vainement essayé de corrompre Iranzou, roi de Vanna et allié de l'Assyrie, parvint à détacher de ce monarque Mitatti de Zikartou et deux villes qui relevaient d'Iranzou. Il en résulta une incursion de Saryou-Kin (721-704), qui saccagea Souandakhoul et Dourdoukka, les deux villes rebelles, et emmena leurs habitants prisonniers en Syrie. Ce premier échec n'arrêta pas Oursa. Le roi d'Ourarthi fomenta un complot auquel prirent part les princes de Vanna, de Zikartou et de Mildis, et qui fut favorisé par la mort fortuite d'Iranzou. Aza, fils et successeur de ce dernier, fut assassiné par des conspirateurs, qui l'accusaient d'être le partisan dévoué du roi d'Assyrie. Il fut remplacé par son frère Oulloussoun et son corps inanimé fut abandonné sur le haut d'une montagne. La cause de tous ces troubles était Oursa, qui était parvenu à former une ligue antiassyrienne puissante qu'Oulloussoun se soumit à lui et lui fit don de 22 places fortes avec toutes leurs garnisons : on voit que les tentatives d'absorption de l'Arménie indo-européenne par les Sémites rencontraient une opposition redoutable chez les tribus de l'Ourarthi. Si les tribus établies sur le cours moyen du Tigre avaient pris part de bonne foi et sans arrière-pensée de défection, à la ligue dont Oursa devint l'âme, on ne peut prévoir ce qu'il serait advenu de ce soulèvement général. Il n'en fut pas ainsi, et Saryou-Kin n'eut qu'à se montrer pour que tout rentrât dans le calme. Les détails de cette campagne nous sont fournis par la Grande inscription de Khorsabad : « Oulloussoun vit l'approche de mon expédition; il sortit avec ses troupes et se tint en lieu sûr dans les ravins des hautes montagnes. J'occupai Izirti, la ville de sa royauté, les villes d'lzidia, d'Armit, et ses redoutables forteresses; je les réduisis en cendres. Je tuai tout ce qui appartenait à Oursa l'Arménien dans ces hautes montagnes. Je pris de ma main 250 membres de sa famille royale; j'occupai 55 villes murées dont 8 ordinaires et 11 forteresses inaccessibles; je les réduisis en cendres. Les 22 villes fortes qu'Oursa avait prises, je les incorporai à l'Assyrie. »Saryou-Kin remporta, en outre dans le Vanna, une victoire dans laquelle Bagadatti, roi du Mildis, tomba entre ses mains : il fut écorché à l'endroit même où Aza avait été assassiné. Oulloussoun eut peur et vint se soumettre. A peine le roi d'Assyrie fut-il parti qu'Oulloussoun se soumit de nouveau à Oursa. Saryou-Kin revient, bat les rebelles à Izirti, et pardonne une seconde fois à Oulloussoun. Puis, il marche contre les Kharkariens qui s'étaient soulevés, les défait et revient dans l'Ourarthi. Ouzana de Moussassir, allié d'Oursa, reçut le choc, perdit sa capitale et s'enfuit dans les montagnes, pendant que Saryou-Kin dévastait ses domaines. Oursa, apprenant la défaite de son allié et la profanation de son dieu Haldia, tomba dans un accès de désespoir et se poignarda en présence des grands. Son frère Argistis, devenu roi, profita du moment où les Assyriens étaient occupés en Chaldée pour secouer le joug. En 708, cet homme habile et rusé, se voyant menacé, parvint à détourner l'orage sur le pays de Koummoukt. Le roi de ce pays perdit la couronne, mais Argistis ne fut pas inquiété et resta en possession du Vanna, dont il fit une de ses résidences favorites. La paix dura longtemps cette fois et Sin-akhé-irib, successeur de Saryou-Kin, ne fit guère qu'une campagne peu importante dans le Kurdistan. Lorsque Adrammelech
et Saresser eurent assassiné leur père, ils se réfugièrent,
suivant la tradition, en Arménie et reçurent un magnifique
accueil d'un monarque que Moïse de Khoren appelle Sgaïorti et
qui régnait peut-être dans l'Ourarthi. Si ce fait est vrai,
il est la cause de l'expédition que le nouveau souverain d'Assyrie,
Assur-akh-idin (Esarhaddon de la Bible |
Les
Arsacides (Archagouniq).
Après la mort d'Alexandre le Grand, l'Arménie tomba en partage aux Séleucides de Syrie, et, jusqu'à l'avènement des Arsacides'parthes, elle resta entre leurs mains, mais sans que leur pouvoir y fût jamais bien établi, car plusieurs chefs arrivèrent, par suite de l'éloignement, à une sorte d'indépendance. Cette situation se prolongea jusqu'au moment où les Arsacides, fondateurs de l'empire parthe, dominèrent sur toute l'Asie, pendant plusieurs siècles, après avoir renversé les royaumes que s'étaient taillés en Asie les généraux d'Alexandre. Arsace le Grand institua roi d'Arménie, avec toute la suzeraineté sur les royaumes du Caucase et de la Caspienne, son frère Valarsace (Vag'archag), et lui donna pour mission de combattre et de réduire à l'obéissance les alliés des Séleucides, qui étaient encore en armes et se préparaient à attaquer les Parthes ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Après la mort
d'Ardavazt, les troupes arméniennes, restées sans chef, avaient
élu pour roi Archam, frère de Tigrane, qui s'établit
à Nisibe Les Marzbans.
Les Osdigans.
« Ne vous fiez pas à vos chefs, disait Mihr-Nerseh, à vos chefs que vous nommez Nazaréens, car ils sont très fourbes et ce qu'ils vous enseignent par leurs paroles, ils ne peuvent le réaliser par leurs oeuvres. Manger de la viande, disent-ils, n'est pas un péché, et eux-mêmes refusent d'en manger. Il est permis de prendre une femme, disent-ils encore, et cependant ils refusent de regarder les femmes. C'est un grand péché, selon eux, d'amasser des richesses, et ils estiment plus la pauvreté que l'opulence. Ils respectent la misère et ils condamnent les riches. Ils se rient de la fortune et méprisent la gloire. Ils aiment les vêtements grossiers et ils préfèrent ce qui est vil aux choses honorables; ils louent la mort et méprisent la vie; ils dédaignent d'avoir une postérité, et ils honorent le célibat. Si vous les écoutiez, et si vous vous éloigniez de vos femmes, la fin du monde viendrait promptement. »Les évêques arméniens protestèrent contre cet édit, le peuple prit les armes, les temples mazdéens ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Enluminure d'un manuscrit arménien de l'Evangile de Jean (XIIIe s.). Les Pakradouniq
ou Bagratides. Fin du royaume de la Grande-Arménie.
Au XIIIe
siècle, la souveraineté de l'Arménie passa aux Mongols Conquise par l'Armée Rouge en 1920, l'Arménie a été intégrée à l'Union soviétique. A ce moment, l'Arménie reste impliquée dans la lutte prolongée avec l'Azerbaïdjan pour le contrôle du Haut-Karabakh, une région essentiellement composée d'Arméniens de souche que Moscou a reconnue en 1923 comme un oblast autonome au sein de l'Azerbaïdjan soviétique. À la fin de la période soviétique, un mouvement séparatiste s'est développé pour tenter de mettre fin au contrôle azerbaïdjanais sur la région. Les combats autour du Nagorny-Karabakh ont commencé en 1988 et se sont intensifiés après que l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont obtenu leur indépendance de l'URSS en 1991. Lorsqu'un cessez-le-feu est entré en vigueur en mai 1994, les séparatistes, avec le soutien des Arméniens, contrôlaient le Haut-Karabakh et sept territoires azerbaïdjanais environnants. À la suite de la deuxième guerre du Haut-Karabakh, qui s'est déroulée de septembre à novembre 2020, l'Arménie a perdu le contrôle d'une grande partie du territoire qu'elle avait conquis un quart de siècle plus tôt. Aux termes d'un accord de cessez-le-feu signé en novembre 2020, l'Arménie a dû restituer à l'Azerbaïdjan la partie des territoires qu'elle occupait et certaines parties de la région du Haut-Karabakh, notamment la ville que les Arméniens appellent Chouchi et les Azerbaïdjanais Choucha. La Turquie avait fermé sa frontière avec l'Arménie en 1993 afin de soutenir l'Azerbaïdjan dans son conflit avec l'Arménie pour le contrôle du Haut-Karabakh et des régions environnantes, ce qui a entravé davantage la croissance économique arménienne. En 2009, l'Arménie et la Turquie ont signé des protocoles normalisant les relations entre les deux pays, mais aucun des deux pays n'a ratifié les protocoles, et l'Arménie s'est officiellement retirée des protocoles en mars 2018. En 2015, l'Arménie a rejoint l'Union économique eurasienne aux côtés de la Russie, de la Biélorussie, du Kazakhstan et du Kirghizistan. En novembre 2017, l'Arménie a signé un accord de partenariat global et renforcé (CEPA) avec l'Union Européenne. Au printemps 2018, la tentative de prolongation de son pouvoir par le président, depuis 2008, de l'Arménie, Serzh Sargsian, du Parti républicain d'Arménie (RPA), a provoqué des protestations populaires qui ont été connues sous le nom de "révolution de velours". Sargsian a été contraint de démissionner. Le 8 mai 2018, Nikol Pashinyian, le leader de la protestation et chef du parti du Contrat civil, a été élu par l'Assemblée nationale comme nouveau premier ministre . Le parti de Pashinyan l'a emporté lors d'une élection législative anticipée en décembre 2018, et Pashinyan a été reconduit au poste de premier ministre.
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