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La Place Saint-Marc Piazzetta des Lions et Piazzetta Saint-Marc |
Ainsi que par le passé, la Place Saint Marc constitue encore aujourd'hui le grand centre de la vie publique de Venise, l'endroit où les affaires atteignent leur plus grand développement, le rendez-vous et le point d'attraction général. Cette place a été nommée avec raison par Pétrarque unique au monde et jugée par Bonaparte la salle de réception la plus somptueuse. Anciennement, elle n'était qu'une prairie ou brolo, au milieu duquel coulait le fleuve Datario. En 554 Narsète y fit construire deux églises, l'une dédiée à Saint Géminien, l'autre à Saint Théodore, qui alors était le patron de la ville; et sur les ruines de cette dernière, après l'élection de Saint Marc comme patron de la ville (en 828), s'éleva la merveilleuse Basilique Saint-Marc que nous admirons aujourd'hui et qui dans ses lignes générales fut achevée dans le courant de l'année 1071. La place Saint-Marc, vue depuis le Campanile. Au fond, le musée Corre, encadré par les Procuratie Nuove (à gauche) et Vecchie.Photo : © Thierry Labat, 2010. A la suite de travaux successifs et après avoir comblé le fleuve Datario, la Place commença à prendre son aspect imposant et à se garnir avec le temps des édifices superbes et grandioses, qui gracieusement la couronnent, tels que, outre la Basilique et le Clocher (Campanile) reconstruit, le Palais des Doges. l'Ancienne Librairie (Bibliothèque Marciana), les Procuratie, la Tour de l'Horloge, etc. La Place, en forme de trapèze, mesure 175 mètres de longeur et 82 mètres de largeur du côté de la Basilique et 57 mètres du côté opposé. Dès les premiers temps de la fondation de Venise, on y donnait des spectacles, des réunions, des tournois et toute sorte d'amusements publics; on y tenait aussi la grande foire de l'Ascension, où l'on exposait les marchandises les plus variées et les plus riches provenant de l'Orient. C'est encore aujourd'hui l'endroit des principaux rendez-vous et des réunions, soit pour affaires ou pour amusement, soit pour n'importe quelle manifestation collective de la population. On y exécute périodiquement des concerts. L'histoire ou la légende des pigeons est très ancienne et se perd dans les conjectures; mais les notices les plus dignes de foi semblent être celles faisant remonter leur origine à la coutume qu'avaient les doges dans des temps très reculés de donner la clef des champs chaque année, à l'occasion du dimanche des Rameaux et du haut du portique de la Basilique, à une quantité d'oiseaux, y compris des pigeons. On prétend que ces derniers alors cherchaient un refuge parmi les interstices des colonnes de l'église, se multipliant ensuite sous la protection de Saint Marc. De temps immémoriaux le Sénat de la République pourvoyait à leur entretien avec le blé des greniers publics. La place Saint-Marc, avec la Basilique et le Campanile. Les Piliers (Mâts). Piazzetta des Lions ou Petits Lions. La Piazzetta des Lions. Au fond, le palais patriarcal, à droite la basilique Saint-Marc. Piazzetta Saint Marc. La Piazzetta vue depuis le Môle. A gauche, la Libreria Vecchia et le Campanile, au fond, les Procuratie Vecchie, la tour de l'Horloge et la basilique Saint-Marc, à droite le palais dess Doges. La Piazzetta est flanquée à gauche du Palais Ducal (Palais des Doges), à droite de l'Ancienne Librairie (Bibliothèque Marciana) et mesure 97 mètres de long et 48,70 de large. Du côté frontal donnant sur la Lagune s'élèvent deux colonnes en granit grec rougeâtre, transportées à Venise de la Syrie en 1126 par les soins du Doge Dominique Michiel après la conquête de la ville de Tyr. On dit que les colonnes effectivement transportées en ce temps-là furent trois, et que l'une d'elles étant tombée à l'eau pendant les opérations de débarquement, il ne fut plus possible de la retrouver. Les deux autres demeurèrent pendant longtemps couchées le long du quai du Môle dans l'attente d'une personne capable de les élever, lorsque (selon la tradition) en 1172 il se présenta un lombard appelé Niccolo Staratonio qui accomplit heureusement l'entreprise et qui en récompense eut le privilège de tenir un comptoir de jeux de hasard ou aux dés dans l'espace compris entre les deux colonnes. A cause de ce tripotage des jeux, on lui appliqua le sobriquet de Barattiere ou Barettieri ( = tricheur). Le doge André Gritti voulant en 1420 faire cesser l'usage des jeux de hasard aux pieds de la colonne, ordonna que dans cet espace fussent pendus les coupables de haute trahison et c'est la que trouva aussi la mort le comte de Carmagnole en 1492. La Piazzetta et ses deux colonnes. A gauche le palais des Doges, au fond, San Giorgio Maggiore. © Photos : Serge Jodra, 2012. Les chapiteaux sont en style italo-byzantin, et il existait à la base des groupes (maintenant presque entièrement rongés par l'action du temps), dont on présume qu'ils représentaient les arts et les métiers Venitiens. En 1329, dans l'une des deux colonnes et précisément dans la plus mince et plus longue, on plaça la statue de Saint Théodore, ancien protecteur de la ville, au pied duquel est un dragon au corps de crocodile; dans l'autre le Lion ailé de Saint Marc, qui en 1797 fut enlevé par Napoléon et transporté à Paris d'où il fut restitué en 1815. La conséquence en fut que le Lion dut subir beaucoup d'avaries et pour cette raison être soumis à différentes réparations. Il fut restauré pour la dernière fois en 1892 par Louis Vendrano; mais il ne reste plus de l'original que la tête et les pattes antérieures. (A. Scrocchi). |
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