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De nombreuses villes
portent un nom commençant
par Saint- ou Sainte-. Voici des localités (en France
ou ailleurs) qui ont une notice sur le site :
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Le titre de saint,
conféré par l'Eglise catholique
aux personnages qu'elle juge dignes d'être honorés d'un culte
public, précède le nom propre et dans l'usage s'y lie. Le
titre et le nom ainsi réunis ont passé dans le glossaire
toponymique des pays chrétiens et servent à désigner
une ou plusieurs localités. Le Canada
(pays en partie francophone) et la France sont les contrées ou le
nom d'un saint s'est appliqué le plus souvent à des villes
ou villages et aussi à des montagnes, cours d'eau, etc.
Environ 12 % des communes de France portent le nom d'un saint précédé du préfixe. Ces communes sont réparties très inégalement en France : dans le Nord et le Nord-Est on en trouve une faible proportion, tandis qu'en Vendée le quart des communes est formé d'un nom de saint; en Ardèche, la moyenne atteint son maximum, 30,5 %. Dans la Creuse, le Rhône, la Haute-Vienne, la Lozère, la Dordogne, la proportion est presque aussi forte, entre 27 et 30 %. Au contraire, dans la Haute-Marne (2,5%) le Doubs (2,7%), la Somme (2,8 %), la Meuse (3,2%) la proportion est très faible. La Bretagne ne représente qu'une moyenne de 16,5 %, chiffre qui surprend d'abord, étant donné le nombre exceptionnel de saints légendaires, traditionnels ou historiques que l'on honore dans ses annales du Ve au VIIIe siècle, ainsi que l'ancienneté et la popularité du culte qui leur est rendu : cette anomalie n'est qu'apparente et s'explique par l'usage qui s'y est répandu de joindre, comme nous le verrons, le nom du saint à un radical tel que ker, plou, etc. (par exemple dans Kermaria et Ploupastel) en supprimant le titre même de « saint ». Si l'on comptait tous ces noms, la proportion serait très élevée. Les noms des divers saints sont employés plus ou moins fréquemment pour désigner des communes, selon qu'ils ont eu un rôle plus ou moins important durant leur vie, selon aussi la variété des lieux ou ils ont vécu et l'extension donnée à leur culte. On comprend que le nom de saint Martin, saint Pierre, saint Jean ait servi à désigner de très nombreuses communes, tandis que les saint Adutor, saint Martory, saint Point ne pouvaient prétendre à dénommer que de rares localités. Il importe de remarquer que les noms des
personnages ainsi attribués à des localités sont fréquemment
défigurés et présentent des variantes qui augmenteraient
notablement la moyenne de quelques-uns d'entre eux : Saint-Médard
a été défiguré fréquemment en Méard
et Merd; Saint-Bénigne en Barain, Broing; Saint-Cyr a subi plus
de quinze variantes analogues. D'autre part, les homonymes ont servi à
désigner des localités différentes : et il y a parfois
jusqu'à cinq ou six personnages différents portant le même
nom qui sont appliqués à des communes diverses : tel est
Un nom précédé du préfixe saint n'indique pas seulement des personnages sanctifiés; il s'applique parfois au Christ (par exemple : Sainte-Croix, Saint-Nom, Saint-Sauveur), ou désigne un lieu sanctifié (par exemple : Saint-Mont et Saint-Puy dans le Gers, Saint-Champ dans l'Ain, Sainte-Terre dans la Gironde). On trouve dans l'Yonne le village de Sainte-Vertu et dans la Manche celui de Sainte-Mère-Eglise, Les communes du nom de Saint-Ange, Angel, Angeau sont nombreuses aussi, en dehors des localités rappelant les noms des trois archanges Saint-Michel, Saint-Gabriel, Saint-Raphaël. Il est intéressant de remarquer que, malgré le culte exceptionnel rendu à la Vierge dans toute la France, son nom n'a pas été donné aussi souvent qu'on pourrait le croire : il n'y a que 43 Sainte-Marie et 50 Notre-Dame. Les saints et la mère du Christ figurent encore sous d'autres formes dans le nom des villages : on trouve fréquemment le préfixe Dom ou Dam (répondant à Dominus ou Domina) lié au nom des communes (particulièrement dans l'Île-de-France, en Picardie, en Champagne, en Bourgogne, en Lorraine). C'est ainsi que l'on peut citer : Dammarie (Eure-et-Loir, Loiret, Meuse, Seine-et-Marne), Dannemarie (Doubs, Yvelines), Danimarie (Meurthe-et-Moselle), Donnemarie (Haute-Marne, Seine-et-Marne), tous noms employés pour Sainte-Marie. De même Domblain (Haute-Marne) pour Saint-Blain qui est une variante de Saint-Bénigne, Domfront (Oise, Orne) pour Saint-Front; Danjoutin (Territoire de Belfort) pour Saint-Justin; Domptail (Meurthe-et-Moselle, Vosges) pour Saint-Stail, variante de Saint-Etienne; Dammartin (Doubs, Jura, Haute-Marne, Seine-et-Marne, Yvelines) pour Saint-Martin; Dampierre (Calvados, Côte-d'Or, Charente-Maritime, Saône-et-Loire, Yvelines) et Dampierre (Allier, Jura, Ille-et-Vilaine, Nord, Haute-Vienne) pour Saint-Pierre. On trouve encore une combinaison fréquente dans laquelle le nom du saint, avec ou sans préfixe, est joint à un autre nom : Blazimont (Gironde), Montmartin (Aube, Manche, Oise), Pontivy (Morbihan), La Chapelle-Laurent (Cantal), Bourg-Saint Andéol (Ardèche), La Chapelle-Saint-Florent (Maine-et-Loire), La Chapelle-Saint-Mesrnin (Loiret), La Croix-Saint-André (Isère), La Croix-Saint-Ouen (Oise), Lay-Saint-Rémy (Meurthe-et-Moselle), Le Mesnil-Saint-Denis (Oise, Yvelines), Mont-Saint-Eloi (Pas-de-Calais), mont-Saint-Jean (Côte-d'Or), Mont-Saint-Martin (Aisne, Ardennes, Isère), Mont-Saint-Michel (Manche), Montgru-Saint-Hilaire (Aisne), Pont-Saint- Vincent (Meurthe-et-Moselle), Port-Saint-Père (Loire-Atlantique), La Roche-Saint-Secret (Drôme), La Roque-Sainte-Marguerite (Aveyron), Villar-Saint-Pancrace (Hautes-Alpes), Villiers-Saint-Paul (Oise). Les
cas spéciaux.
La question de l'origine et des transformations des vocables est fort intéressante aussi au point de vue philologique et historique. D'une manière générale, on accepte comme normale la forme des noms contenus dans le calendrier et acceptés pour le baptême, forme qui diffère souvent plus ou moins de la forme latine : Allyre est plus éloigné d'lllidius que lllide que l'on considère pourtant comme une variante. Les variantes sont souvent plus employées pour les noms de villages que la forme considérée comme normale ; c'est ce qui arrive pour Saint-Baudile, Saint-Médard, Saint-Bénigne, Saint-Saturnin. Les variantes dans le nom d'un saint proviennent, ou de plusieurs formes différentes de francisation du nom latin, ou d'une mauvaise prononciation, ou de traduction dans les dialectes locaux : on constate des écarts surprenants entre la forme d'un même nom : par exemple Bénigne est devenu Blin et Bois, Cyr a pour variantes Cergues, Geyrac et Chartres, Etienne se modifie en Ail et Stail, Pancrace en Blancard, Romain en Armou, etc. Le patron de certaines localités reste parfois introuvable quand on ne possède plus les vieilles chartes qui portent le nom latin. Quand Saint-Médard prend la forme mons, on peut le confondre avec Saint-Marc ou Saint-Mart; de même Bauzile peut venir de Saint-Baudile ou de Saint-Basile. Dans certaines localités, les traditions du lieu ont été oubliées, et l'on a sacrifié le saint du pays pour le remplacer par un saint plus connu dans l'Eglise, mais étranger : dans les Côtes-d'Armor, Saint-Guéganton est devenu Saint-Agathon (pape) et Saint-Dieuzy est rattaché à l'évêque d'Orient Eusèbe de Samosate, au lien de rester disciple de saint Gildas. La méconnaissance des traditions a eté jsqu'à faire, dans beaucoup d'endroits, substituer le sexe masculin au sexe féminin. C'est ainsi que Sainte-Eualie est devenue Saint-Aulaire (Corrèze), Saint-Aulais (Charente), Saint-Aulaye (Dordogne), Saint-Eloi (Ain). En Morbihan, Saint-Avé a remplacé Sainte-Eve. Inversement, Sainte-Olive (Ain) a pris la place de Saint-Olive (pour Saint-Allyre ou Illide), Saint-Uze (Drôme) celle de Saint-Eustache. Parfois, quelques lettres seulement ont été modifiées : S a été fréquemment remplacé par C, et inversement (on écrit Civrai au lieu de Sivrai qui vient de Severiacum, Cernay au lieu de Sernay qui vient de Sernaium, Sceaux au lieu de Geaux et de même Cernin pour Sernin ou Saturnin, Cydroine pour Sidoine). Ch est aussi souvent ajouté au nom (dans Chamond, Chamant pour Annemond, Amant). Repères
chronologiques.
Ce n'est qu'en 1170 que le pape Alexandre III, en présence des noms suspects qui s'introduisaient dans les canons, défendit de rendre, un culte sans l'autorisation de Rome; son ordonnance ne prévalut pas sans résistance, et un grand nombre de saints jusqu'au XVe siècle ne re çurent pas la ratification pontificale. Le nombre des saints de l'Antiquité et du Moyen âge était suffisant à remplir le vocabulaire géographique; mais il se produisit une sorte de choix, par la force des choses: certains saints furent négligés; d'autres, très populaires au qui avaient beaucoup voyagé comme saint Martin, ont été honorés dans beaucoup de localités qui ont adopté leur nom. Les reliques du corps des saints dispersées dans plusieurs paroisses apportèrent le nom avec elles. Des ordres monastiques répandirent le nom de leur patron; saint Denis, apôtre de Paris, se trouve ainsi jusque dans le Languedoc et en Gascogne; le nom de saint Martin et celui de saint Remi sont honorés presque partout en France. De même, les noms de saint Pierre, saint André son frère, saint Benoît ont été répandus par les bénédictins, et celui de saint Antoine par les antonins. Grégoire de Tours, vers 595, signale pour la première fois cette application d'un nom de saint à une localité : il désigne le Vicus Sancti Georgii et le Vicus Sancti Nazarii (ville actuelle de Saint-Nazaire), Au VIIe siècle, les exemples deviennent plus fréquents et, de siècle en siècle, se multiplient jusqu'au XIIIe. Le nom sacré supplanta souvent le nom profane ancien de la localité; parfois ils coexistèrent (Saint-Jean d'Angély en Charente-Maritime, Saint-Martin-de-Boscherville en Seine-Maritime). Quelquefois même, le nom primitif prévalut peu à peu et finit par évincer le nom du saint. Les noms primitifs n'ont pas toujours complètement
disparu, quelques-uns ont subsisté pour désigner par exemple
des ruisseaux : l'AnilIe désigne le ruisseau qui passe à
Saint-Calais, l'Elnon rejoint l'Escaut à Saint-Amand, la Fontenelle
arrose Saint-Wandrille. Bien que la plupart du temps le nom des localités
se soit fixé aux XIIe et XIIIe
siècles, on trouve des exceptions telles que Sainte-Avoye (Morbihan)
qui a gardé jusqu'à la fin du XVIIe
siècle le nom de Lotivy. Au XIXe
siècle même, on peut citer le village de Pouy (Landes)
qui, eu vertu d'un décret, a pris le nom de Saint-Vincent-de-Paul.
Une autre particularité est présentée par les villages
qui ont porté successivement des noms de saints différents
: par exemple Saint-Antoine-du-Rocher qui s'est appelé Saint-Pierre,
Saint Benoît-de-Quinçay qui a porté auparavant le nom
de Saint-André.
Dans un certain nombre de cas, la première République créa un nom nouveau, tiré de la topographie, des productions ou de l'histoire de la localité; quelquefois le nom fut destiné à commémorer un fait d'histoire romaine ou grecque, le nom d'un homme célèbre de l'époque révolutionnaire, ou bien un nom du calendrier républicain, une idée morale, ou patriotique. Les noms donnés par la Révolution ne passèrent en général pas dans l'usage et ne figurèrent que dans les actes officiels; il n'en est guère qui se soient maintenus, même jusqu'à l'Empire. On peut citer pourtant quelques exemples : Seine-Port (Seine-et-Marne) qui avait remplacé Saint-Port et L'Union (Haute-Garonne) à la place de Saint-Jean-de-Kyrie-Eleison. (GE). |
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