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Saint-Jean-de-Luz, Luisium , Fanum Sancti-Joannis-Lusii (Donibane Lohizune, en basque), Chauvin-Dragon pendant la Révolution, est une commune de France, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, arrondissement de Bayonne, située entre Bayonne et la Bidassoa, sur la route d'Espagne, à l'embouchure de la rivière Nivelle (en basque : Urdaçuri ou Urdazuri = eau limpide), au bord du golfe de Gascogne, au fond d'une petite baie (la baie de Socoa) battue par une mer très dangereuse. Population : 14 300 habitants. C'est une ville très pittoresque et jolie : la rade est terminée au Nord par les rochers de Sainte-Barbe, au Sud par la tour, le phare, le port nouveau et les jetées de Socoa avec leur fort, appartenant à la commune de Ciboure, qui s'étale sur toute la partie occidentale de la baie ; le paysage est formé devant la ville de l'azur sombre, infini, de l'Atlantique qui commence sur le sable de la baie d'une superbe courbe; les Pyrénées françaises et espagnoles (monts de Rhune, 900 m), ferment l'horizon. Les monuments de Saint-Jean-de-Luz. Le chevet à pans coupés a 3 mètres de moins que la nef, si bien qu'il forme une espèce de niche; c'est d'ailleurs la seule partie de l'église qui ait été voûtée en ogive très accusée. Des réparations plus modernes ont disposé cette voûte en cul-de-four. Deux grands arcs précédant le chevet, l'un au sud, l'autre au nord, recouvrent des chapelles plaquées contre les murs du retour du chevet, et forment ainsi entre le chevet et la nef une espèce de transept voûté à trois compartiments; ces voûtes des petites chapelles du XVIIe siècle sont aussi élevées que le plafond de la grande nef. Le compartiment du centre est orné de guirlandes de fleurs et de chérubins, dans le style très profane de quelques salons de Versailles. Devant ce transept mal ébauché, s'ouvrent deux autres chapelles coupées à pans droits peu profonds, et d'une hauteur très inférieure à celle des premières. Les quatre travées qui forment le reste de la grande nef, ne se font distinguer que par des arcs doubleaux à ogive élancée, construits en pierre à simple arête rabattue; ils reposent sur les murs sans modillons ni colonnes. Les berceaux qui les séparent sont formés de simples planches. Les fenêtres, toutes à plein-cintre, présentent une hauteur qui varie de 2 à 3 mètres. En résumé, les arcs doubleaux, les contre-forts bec-de-flûte sans retraite, la grande porte ogivale du sud à plusieurs colonnettes prismatiques sans chapiteaux et à bases à angles aigus, le tympan orné de meneaux flamboyants, le pilier central surmonté d'un dais à pinacle avec crochets fleuris, la petite fenêtre à double astérisque placé au-dessus de la porte, les quatre fenêtres se rapprochant du style tudor, placées à une grande hauteur comme en Espagne, sont des preuves évidentes de la construction de l'église au XVIe siècle. Un porche ouvert par deux arcs ogiveaux élancés, et recouvert d'une voûte en pont très ogival et sans aucune nervure, semble avoir appartenu à un édifice plus ancien. Toutefois, la porte qui conduit du porche dans l'église, nous ramène au XVe siècle par son arc tudor et ses fortes gorges. Les chapelles, les grandes fenêtres plein-cintre dont les ébrasements sont garnis de panneaux, la tour ronde d'escalier placée dans l'angle du transept, furent être refaites au XVIIe siècle; mais une fenêtre portant la date de 1701, a été intercalée plus tard, et le clocher, construit dans la partie basse au XVe siècle, a été terminé au XVIIe ou au XVIIIe, comme le prouvent sa forme octogonale, ses grandes fenêtres plein-cintre, ses contre-forts couronnés de sphéroïdes, et sa galerie à fuseaux carrés. L'intérieur de l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz. L'église de Saint-Jean-de-Luz renferme plusieurs tableaux interressants et surtout un beau retable fait à Bidache. Côté sculpture, en revanche, elle ne possède d'autre objet sorti du ciseau d'un sculpteur, qu'une inscription tombale, encastrée dans la muraille du porche et une Piéta de demi-nature. L'inscription est ainsi conçue : I. H. SLe mélange des caractères romains et des lettres cursives est la seule particularité de cette inscription. La Piéta n'offre d'autre intérêt que celui de l'étrangeté de sa composition. La Vierge, couverte d'un voile démesurément développé, et d'une espèce de camail à larges plis, tient sur ses genoux le corps nu du Christ. Ce corps est mutilé et d'un dessin si peu correct, qu'on a de la peine à distinguer sa forme humaine. A ses pieds, un ange de très petite dimension, portant la robe, à manches pointues, du temps de Charles VII, tient une longue banderolle couverte de lettres gothiques carrées, devenues illisibles. Ces deux derniers traits concourent, avec l'ensemble de ce monument, à le faire attribuer à un sculpteur du XIVe siècle. Les autres édifices historiques de la ville. • La maison Lohobiague Enea ou maison de Louis XIV ( 6 place Louis XIV) est un hôtel particulier datant des années 1640. Il est célèbre pour y avoir hébergé, du 8 mai au 16 juin 1660, Louis XIV après son mariage, puis, en janvier 1701, Philippe V d'Espagne, petit fils du roi de France. Il d'agit d'un bâtiment en pierre doté, côté Sud, de deux tourelles et, côté Nord, de deux échauguettes formant saillie sur encorbellement et encadrant la façade principale. Il se compose de deux pavillons carrés sont réunis par une galerie à plusieurs arcades plein-cintre reposant sur des colonnes toriques. La maison dite de Louis XIV, à Saint-Jean de Luz. • La maison Saint-Martin (13 rue Mazarin, entre le port et la plage), à l'aspect austère et construite en 1713 par le maire de la ville, Alexandre Saint-Martin. • La maison Betbeder-Baïta (8 quai de l'Infante, dans le même bloc que la précédente et donnant, elle, sur le port) a été construite au XVIIe siècle, comme d'autres maisons du même quartier, et est très caractéristique de son époque. • La plus remarquable de ces maisons est la maison Haraneder ou Joanoenia (à l'angle de la rue de l'Infante et du quai du même nom), maison à chaînage de brique, où descendit l'infante Marie-Thérèse d'Espagne quand fut célébré son mariage avec Louis XIV; on y voit deux tableaux de Gérôme relatifs à cet évènement. La grande salle contient également une grande cheminée sculptée et des poutres décorées de peintures. Comme pour la maison dite de Louis XIV, il y a deux pavillons, qui ici sont joints par deux péristyles superposés, formés d'arcs plein-cintre et de colonnes romaines. Lors des noces royales, la maison de l'Infante et celle du roi, éloignées d'une centaine de mètres seulement, furent réunis par une galerie volante qui facilitait les relations des deux cours. La maison de l'Infante, à Saint-Jean de Luz. • La maison Esquerrénéa ou Carquiou Kaïlou (17 rue de la République et 16 rue de la Baleine), qui date du XVe siècle et qui est la seule (ou du moins l'une des très rares) maison de la ville à avoir survécu à l'incendie qui a détruit Saint-Jean-de-Luz en 1558, lors d'une attaque espagnole. Belles façades en pierre; tour carrée. • La maison des Pigeons blancs (1bis rue de la République), typiquement basque avec sa façade à pans de bois. • Plusieurs autres maisons anciennes peuvent se voir le long de la commerçante rue Léon Gambetta, notamment la maison Gorritienea qui fut d'abord celle d'un corsaire. En 1813, son propriétaire du moment, qui était aussi le maire de la ville, y accueillit pendant plusieurs mois Joseph Bonaparte chassé d'Espagne, puis le Maréchal Soult. L'histoire de Saint-Jean-de-Luz. A part quelques démêlés des Luziens ( = habitants de la ville) avec ces prêtres leurs seigneurs, aucun fait remarquable ne s'y passa pendant le Moyen âge, sous la domination des Anglais. En 1463, elle reçut la visite de Louis XI, qui se montra généreux envers ses manants. Il leur accorda des privilèges, qu'il confirma en 1473, et qui reçurent , plus tard, la sanction de Charles VIII, de Louis XII et de la duchesse d'Angoulême, régente du royaume (1496-1515). Cependant les chanoines de Bayonne, comme seigneurs du lieu, eurent le droit d'instituer un bailli à Saint-Jean-de-Luz et d'y exercer la justice haute, moyenne et basse, mère, mixte et impaire.
L'histoire moderne de Saint-Jean-de-Luz peut se résumer en quelques mots. Au cours du XVIe siècle, François Ier, Henri II, François II et Charles IX confirmèrent les privilèges de la ville. Ce dernier la traversa avec sa mère pendant son voyage de Bayonne. En 1570, la seigneurie de Saint-Jean-de-Luz fut vendue à ses habitants par le chapitre de Bayonne. Vers la fin du règne de Henri IV, un grand nombre de malheureux, assez fous pour se croire sorciers, furent poursuivis et condamnés à mort. Cependant l'esprit d'entreprise animait toujours cette héroïque population; sous François Ier, elle avait rendu de grands servives à l'Etat en mettant à la mer plusieurs galères équipées à ses frais : sous Louis XIII, quinze de ses pinasses forcent l'Angleterre à lever le siège de l'île de Ré. En 1636, les Espagnols prennent Saint-Jean-de-Luz, mais une armée française les oblige, après une année d'occupation, à se retirer et à repasser les monts. Sept ans plus tard, les factions des sabelchuri (= bérets blancs ) et des sabelgorri (bérets rouges) se disputent à main armée la charge de bayle ou maire de la ville; le sieur d'Urtubie, chef des blancs, l'emporte sur le sire de Saint-Pé, chef des rouges. En 1660, Louis XIV s'unit, on l'a dit, dans l'église de Saint-Jean-de-Luz, à l'infante d'Espagne Marie-Thérèse. La porte par laquelle le roi passa, dans cette circonstance solennelle, fut murée quelques années plus tard par son ordre et est encore condamnée aujourd'hui. Il autorisa la ville à décorer son écusson d'un vaisseau comme la capitale du royaume. Sous le règne de Louis XIV, cette ville, outre ses armements considérables pour la pêche de la baleine et de la morue, faisait un commerce considérable de cabotage avec les côtes d'Espagne. Ses magasins bien assortis en morue et en huile de poisson, y envoyaient avec ces produits des étoffes des manufactures françaises, en échange desquels ils recevaient de l'or, de l'argent, du fer et des laines. C'est sous ce règne aussi, et sous le suivant, que Saint-Jean-de-Luz, devint une ville de corsaires (la signature du Traité d'Utrecht en 1713 qui interdisait notammant aux Basques les abords de Terre-Neuve, avait facilité cette reconversion). A la Révolution, l'un de ces corsaises, le contre-amiral Jean d'Albarade, devint même minstre de la Marine... Pendant les guerres de la Révolution, depuis la campagne de 1793 jusqu'à l'année 1814, qui amena les Anglais dans son port, Saint-Jean-de-Luz devint un point important pour les armées françaises : ce fut au milieu de ce vaste mouvement militaire que Napoléon y passa avec son armée (1808). La bataille de Saint-Jean-de-Luz (10 novembre 1813). Saint-Jean-de-Luz à la fin du XIXe siècle, depuis la pointe Sainte-Barbe. Grâce à ses digues protectrices, Saint-Jean-de-Luz a pu se trouver une nouvelle activité à partir du dernier tiers du XIXe siècle, quand est apparue la vogue des bains de mers. A l'image de sa voisine Biarritz, fréquentée par l'impératrice Eugénie, et plus tard par la reine Victoria, Saint-Jean-de-Luz est elle aussi devenue une station balnéaire attrayante. Aujourd'hui, l'industrie touristique, qui peut aussi s'appuyer depuis quelques décennies sur le développement des sports de glisse (surf) et des autres sports aquatiques (plongée, navigation de plaisance, etc.), continue de jouer, à côté de la pêche et des industries de transformation qui lui sont liées, un rôle important dans l'économie locale. Dans l'intervalle, Saint-Jean-de-Luz, n'a cessé de s'embellir. Ses grands boulevards datent du début du XXe siècle. Le casino, dû à l'architecte Robert Mallet-Stevens, date de 1927. Après la Seconde Guerre mondiale, les vieilles industries se sont effacées au profit de nouveaux quartiers résidentiels à la physionomie élégante. CiboureSaint-Jean-de-Luz n'est séparé de Ciboure (commune de 6 900 habitants) que par la largeur de la Nivelle. A l'autre extrémité, côté Océan, on trouve le fort de Socoa, qui protège la rade.Le fort de Socoa. Une ancienne vue du fort de Socoa, à Ciboure. L'église Saint-Vincent. Mais cet état de choses se trouva modifié dans le XVIe siècle, lorsque Philippe II et Pie V contraignirent l'archevêque d'Auch et l'évèque de Bayonne à renoncer à leur juridiction sur les provinces basques espagnoles (1564). Urdach ayant perdu, d'après le nouveau concordat, ses privilèges sur Ciboure, ce bourg fit construire l'église que nous voyons aujourd'hui. C'est un grand vaisseau dépourvu de toute valeur archéologique, comme la plupart des églises de ces contrées. Le chevet voûté à trois nefs inégales, est orné de nombreuses nervures entre-croisées. Deux petites chapelles plein-cintre, placées à droite et à gauche, forment une espèce de transept de 2 mètres de profondeur, comme Saint-Jean-de-Luz. Il est facile de comprendre, d'ailleurs, que la nef, large de 14 mètres, n'a jamais été destinée à recevoir des voûtes; car malgré sa portée considérable, aucun contre-fort n'essaye de la consolider. Quatre rangs de fenêtres quadrilatérales et à plein-cintre, forment l'éclairage. On remarque sur le pavé de nombreuses pierres tombales, notamment celles des familles Baytacoa , 1730. — Miguel de Echeto, 1611. — Miniuni de Munihor, 1614. — Joanni Camussarri, 1660. — Boderuner Derurier, 1624. — Espelet Enecoa , 1730. — De Haresteguy et Hiriart Berasteguy.Chaque pierre est encore munie des deux anneaux de fer qui en facilitaient le soulèvement, lorsqu'une nouvelle bière devait être descendue dans le caveau. La tombe de Bertrand de Boby et de Jeanne de Echète Chypy, présente seule quelques essais d'ornementation; elle peur servir de type aux pierres tombales les plus riches du pays basque. (A. Guilbert / J. Cénac-Moncaut). |
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