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Albi

Albi, Albia ou Albiga, est le chef-lieu du département du Tarn, à environ 700 kilomètres de Paris; 45 000 habitants. La ville, dominée par sa haute et rutilante cathédrale de briques, est bâtie dans une situation pittoresque sur la rive escarpée du Tarn. Jadis capitale des Ruteni provinciales (dans l'Aquitaine Ire-), puis du comté d'Albi (ou Alby), la ville devint ensuite la capitale de l'Albigeois, dont elle subit les vicissitudes et dont elle partagea les malheurs, à l'époque des guerres religieuses. Elle fut détruite deux fois, par les Sarrasins, en 730, et lors de la croisade contre les Albigeois, en 1215. Il s'y tint en 1255 un concile pour y consacrer l'écrasement du soulèvement des Albigeois. C'est à Albi que naquirent notamment le poète Boyer (que Boileau accabla de ses épigrammes), le navigateur La Pérouse, dont on voit la statue sur la promenade du Vigan, et du grammairien Sudre. 
Les armes de la ville sont : de gueules à la croix archiépiscopale d'or, une tour maçonnée à deux portes ouvertes d'argent, les herses levées à quatre créneaux; un lion d'or les quatre pattes posées sur les créneaux; le tout brochant sur la croix ; en chef un soleil d'or à dextre; une lune d'argent en décours à senestre, deux palmes de sinople liées de gueule servant d'ornement à l'écu. Elles portent comme devise  : Stat baculus, vigilatque leo, turrisque tuetur.
Histoire.
La première mention qu'on ait d'Albi se trouve dans la Notice des provinces de l'empire, publiée au commencement du Ve siècle sous le règne d'Honorius. Les sarcophages, les médailles et les objets divers qu'ont mis au jour les fouilles exécutées en plusieurs endroits de la ville ne permettent pas de supposer que son importance ait été grande pendant la période gallo-romaine. Grégoire de Tours l'appelle urbs ou civitas albigensis. La ville d'Albi fut tour à tour soumise aux Wisigoths, aux Sarrasins et aux rois de France jusqu'à ce qu'elle ait été placée en 843 dans le domaine de Charles le Chauve. Elle fut gouvernée pendant le VIIIe et le IXe siècle par des comtes particuliers et passa dans la maison des comtes de Toulouse par le mariage de la fille et héritière du dernier d'entre eux, avec Eudes, comte de Toulouse et marquis de Gothie. Des vicomtes furent alors établis dans la ville et c'est dans le castelviel, devenu aujourd'hui l'un des faubourgs de la ville, qu'ils établirent d'abord leur résidence. Vers la fin du XIe siècle ils se firent construire une habitation dans la ville. Le Castelviel, situé sur un mamelon escarpé dominant les rives du Tarn et celles de Verdusse, a toujours formé pendant le Moyen-âge une communauté distincte de celle d'Albi. Il a eu ses consuls et ses coutumes particulières et est toujours resté dans la dépendance directe des vicomtes d'abord et des rois plus tard.

Les évêques regardés dès le XIIe siècle comme les seigneurs de la cité n'avaient pas toujours joui de ce droit. Nous voyons par plusieurs actes qu'ils étaient placés, avant cette époque, sous la complète dépendance des comtes ou des vicomtes qui disposent parfois de l'évêché comme ils l'auraient fait d'un fief. En 1037, il est compris dans les revenus que le comte de Toulouse attribue à son épouse Majore; il s'agit de l'évêché lui-même et non pas seulement de ses revenus. En 1040, le vicomte d'Albi, Bernard Aton, et son frère Frotaire, évêque de Nîmes, le vendent, au prix de cinq mille écus, à un certain Guillem, fils de Bernard Aimard, et il est stipulé que ce Guillem pourra, à la mort d'Amelius, alors évêque, prendre pour lui-même les fonctions épiscopales ou en faire bénir un autre à sa place. En 1062, Frotard l'acheta au prix de quinze beaux chevaux.

Au XIIe siècle les évêques d'Albi prirent plus d'autorité; leur pouvoir commença à balancer celui des vicomtes. Ceux-ci s'étant alliés avec la puissante maison de Nîmes et étant devenus maîtres, par une usurpation, de Carcassonne et du Razès, eurent besoin de l'appui du clergé et lui laissèrent pour l'obtenir une grande indépendance. En 1144, le vicomte Roger fit abandon du droit de dépouille (jus spolii) que ses prédécesseurs avaient exercé jusqu'alors. Les évêques achetèrent peu à peu aux vicomtes, pressés par des besoins financiers, beaucoup de leurs droits. Les pouvoirs des deux seigneurs et les limites de leur juridiction furent établis par une sentence arbitrale de 1194. II y est déclaré que l'évêque doit tenir du vicomte tous les fiefs de chevalier (cavalarias) dont il est entré en possession par legs ou par aumône. Les deux tiers de la haute justice de la ville lui appartiennent, l'autre tiers est au vicomte. Les menues redevances levées sur les marchands et sur les marchandises sont partagées de la même façon. -

Photo d'Albi.
Ancienne vue d'Albi, depuis le Pont Neuf. 

A la suite de la guerre des Albigeois, les vicomtes d'Albi perdirent leurs domaines qui furent donnés à Simon de Montfort et cédés à Louis VIII par le fils de ce dernier. Le traité de Paris (12 avril 1229) ayant attribué au roi une partie de l'Albigeois, une enquête fut ordonnée pour la recherche des droits du nouveau maître. Par la sentence du 4 décembre 1229 que rendit Pierre de Colmedi chargé de conduire l'enquête, la haute justice fut attribuée à l'évêque et la basse fut déclarée commune entre lui et le roi. La convention de 1264, faite à peu près sur les mêmes bases, reconnut de nouveau à l'évêque la haute justice dans la cité. La basse justice était rendue par deux baillis, l'un pour l'évêque, l'autre pour le roi, auxquels les parties pouvaient. s'adresser à leur choix. C'est en vertu de cette convention que les évêques d'Albi possédèrent jusqu'en 1789 la seigneurie temporelle de la ville.

L'organisation municipale d'Albi était semblable à celle d'un bon nombre de villes du Midi. Elle nous est connue par deux documents principaux, l'un de 1220, le plus ancien où il soit question des consuls, et l'autre de 1269. On voit par ce dernier qu'il y avait douze consuls et douze conseillers, deux par gache ( = quartier). L'élection se faisait dans le palais épiscopal, en présence de l'évêque, qui proclamait les élus et recevait leur serment. Le bailli de l'évêque rendait la justice, mais il devait, dans les procès criminels, s'adjoindre vingt prud'hommes (La criminalité au Moyen Âge). En 1402, le nombre des consuls, fut réduit à six et celui des conseillers porté à vingt-quatre. Il n'y eut plus que quinze électeurs par gache et le choix des électeurs aussi bien que celui des candidats aux fonctions municipales fut laissé aux consuls et aux conseillers en charge.

En 1254, fut tenu à Albi un synode qui avait pour but principal d'extirper les derniers restes de la rébellion des Albigeois :
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Le concile d'Albi

Tenu en 1254, ce synode était présidé par l'évêque d'Avignon, légat apostolique, et composé d'évêques des provinces ecclésiastiques de Narbonne, de Bourges et de Bordeaux. L'objet principal des travaux de ce concile fut de renouveler et de compléter les décisions prises par de précédents conciles, pour extirper l'hérésie des albigeois. Parmi les canons qu'il décréta sur la discipline de l'Église et la réformation des moeurs, les quarante premiers concernent l'inquisition et la punition des hérétiques; ils édictent, en outre, diverses mesures destinées à imposer la fréquentation du culte catholique, la participation aux sacrements et la confection de testaments pieux. La plupart de ces canons sont empruntés aux conciles de Toulouse, 1229, et de Valence, 1248. Les statuts qui viennent ensuite contiennent des dispositions de pure discipline ecclésiastique, notamment : défense aux prêtres de tenir dans l'enceinte des églises des femmes suspectes, défense à tous les ecclésiastiques et à tous les religieux de plaider sans l'autorisation de leurs supérieurs et d'accepter des charges et des emplois séculiers. Les derniers canons règlent la conduite à tenir envers les juifs. (E. H. V.).

En 1320, les Pastoureaux entrèrent dans la ville, et y commirent divers excès. Louis XI encore dauphin passa à Albi le 17 mai 1439. Marguerite de Navarre et Henri d'Albret son mari y vinrent en 1535.  Le cardinal de Richelieu y fut reçu triomphalement le 9 août 1629, au moment où il se rendait à Montauban pour combattre les réformés. En 1676, l'évêché d'Albi, qui avait été jusque-là suffragant de Bourges; fut érigé en archevêché et on lui donna pour suffragants les évêchés de Mende, Cahors, Rodez et Castres. La bulle d'élection délivrée par Innocent XI ne porte que la date du 3 octobre 1678. Ce diocèse fut en 1802 réuni à celui de Montpellier et c'est en 1822 seulement que le siège métropolitain fut rétabli avec Rodez, Cahors, Mende et Perpignan pour suffragants.
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Photo de la cathédrale d'Albi.
La Cathédrale d'Albi.

La cathédrale Sainte-Cécile.
La cathédrale d'Albi, placée sous l'invocation de sainte Cécile, est le monument le plus original que l'art gothique ait élevé dans le midi de la France. Commencée à la fin du XIIIe siècle par l'évêque Bernard de Castanet, elle fut consacrée le 23 avril 1480 par Louis d'Amboise et terminée en 1512. L'aspect extérieur de cette cathédrale est triste, et ne fait nullement soupçonner la beauté et la richesse de l'intérieur. C'est un modèle de ces églises du Moyen âge qui pouvaient, au besoin, servir de forteresses. On sait, en effet, que, du côté septentrional, des sacristies fortifiées la reliaient à l'évêché, défendu lui-même par des murailles et un donjon, et qu'une enceinte longeait le côté méridional. La cathédrale d'Albi est, comme disposition de plan, comme structure, un édifice roman et même antique, mais gothique dans les moyens d'exécution. C'est la plus vaste construction en brique qu'il y ait en France : elle ne présente au dehors ni galeries, ni tourelles, ni clochetons; ce sont des murailles lisses, de 38 mètres de hauteur, sans sculptures, sans statues. Une immense tour, de 94 mètres de hauteur, construite aussi en brique, s'élève au bas de la nef; sans ouvertures extérieures à rez-de-chaussée, elle est formée de plusieurs étages en retraite, et se termine par une plate-forme octogone.

Comme on a voulu établir à cette extrémité de l'édifice un choeur pour les offices de la paroisse, et réserver l'autre choeur au chapitre, l'entrée de l'église est latérale, du côté du sud; il y a là un admirable porche, composé de quatre grandes arcades avec un riche couronnement sculpté à jour au XVe siècle, mais fort maltraité pendant la Révolution; ce porche conduit, par un large escalier en pierre de taille, à un beau péristyle, de 12 m², où se trouve la porte d'entrée. L'intérieur du vaisseau, qui a 105,25 m de longueur, sur 27,28 m de largeur et 31 m de hauteur, ne forme qu'une seule nef, sans transept ni bas côtés, et autour de laquelle on a pratiqué 28 chapelles, polygonales au chevet, carrées dans la nef. Ces chapelles sont à double étage, et se trouvent placées entre les contreforts qui contrebutent la voûte. Au premier étage, elles communiquent toutes par des portes portées dans les contreforts et forment ainsi une spacieuse galerie dans laquelle sont percées, entre les contre-forts, les longues et étroites fenêtres qui éclairent tout le vaisseau. Leur voûte est à la hauteur de celle de la nef. En 1693, Le Goux de la Berchère fit ouvrir dans la partie occidentale une vingt-neuvième chapelle qu'il dédia à saint Clair. C'est à cette extrémité que s'élève le clocher de forme carrée et sans ouvertures extérieures dans le bas, ce qui le fait ressembler à un véritable donjon

La nef est divisée dans le sens de la longueur par un jubé en pierre que fit construire en 1500 l'évêque Louis d'Amboise. Les sculptures qui le couvrent sont d'une délicatesse remarquable. Le choeur qui est de la même date est sculpté avec le même soin. Ce jubé, que Mérimée appelait une magnifique folie, est percé de trois portes, sur lequel la sculpture du XVe siècle a épuisé tous ses caprices, toute sa science. Il est sans contredit le plus élégant, le plus riche, le plus délicat qui soit. La pierre dure et cassante du pays, avec laquelle il est construit, a été fouillée et ciselée avec une finesse qu'on oserait à peine tenter sur des matériaux malléables. On admire avec autant de raison la clôture du choeur, qui n'est en quelque sorte que le prolongement du jubé : elle offre extérieurement 72 statues de prophètes, de patriarches et de femmes célèbres de l'Ancien Testament, et, à l'intérieur, les statues des apôtres et celles des anges musiciens, auxquelles sont adossées des stalles richement sculptées. Les statues des apôtres sont dans le sanctuaire; elles tiennent des légendes, dont l'ensemble forme le Credo. Derrière l'autel est une statue de la Vierge, chef-d'oeuvre de simplicité et d'expression.
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Jubé de la cathédrale d'Albi.
Jubé de la cathédrale d'Albi.

Les murailles et la voûte ogivale de l'église sont entièrement couvertes de magnifiques peintures à fresque sur fond bleu, et rehaussées d'or. Ces peintures, dont les sujets sont empruntés à l'Ancien Testament et au Nouveau Testament, paraissent exécutées par des artistes italiens de l'école du Pérugin; le travail dura de 1502 à 1510. Les plus anciennes se voient sur les deux murs qui forment l'encadrement de la chapelle de Saint-Clair; elles représentent le Jugement dernier et l'enfer. Des vitraux, assez bien conservés, répandent sur cet ensemble harmonieux leurs suaves reflets.  Les belles orgues qu'on voit, au-dessus de la chapelle de Saint-Clair furent données, en 1735, par l'archevêque Armand de la Croix de Castries. 
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Photo d'un portail de la cathédrale d'Albi.
Portail de la Cathédrale d'Albi.
© Elsa Soucasse, 2006.

La première cathédrale d'Albi, dont la construction remontait peut-être au VIe siècle, ne se trouvait pas sur l'emplacement de l'édifice actuel. Du Mège en a découvert les substructions près de l'évêché. 

Les autres monuments.
Le palais archiépiscopal, bâti au XIIIe et au XIVe siècle, partie en pierres et partie en briques, présente l'aspect d'une vraie forteresse, avec tours, herses et pont-levis. Les appartements sont bien décorés et renferment de nombreux tableaux.

L'église de Saint-Salvi fut élevée au milieu du XIIIe siècle, Gailhard de Rabastens (1227-1263) étant prévôt, sur les ruines d'une église plus ancienne, dont plusieurs parties furent conservées. La partie inférieure du clocher paraît être du XIe siècle, la partie supérieure est en briques et a été construite en 1387. Les dernières voûtes de la nef n'ont été faites qu'en 1736. L'entrée principale de l'édifice avec son beau portail roman est masquée par des maisons. Le cloître, dont on voit encore des restes, est du XIIIe siècle. 
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Eglise Saint-Salvi d'Albi.
Ancienne vue de l'église Saint-Salvi, à Albi.

Le pont du Tarn, du XIIIe siècle, dont la première construction remonte à 1040 (ou 1035?), a été souvent restauré. Il a six arches en arcs brisés et trois arches en plein cintre. Il a été  considérablement élargi au début du XIXe siècle. La restauration en était complète en 1822. 

Le palais de justice, ancien couvent de carmes dont il reste le cloître du XIVe siècle. 

L'Hôtel-Dieu fondé en 1687 avec un jardin de 17 hectares. 

L'église (moderne) de Sainte-Madeleine.

La chapelle Saint-Michel, remarquable par son ornementation bizarre.

La statue en bronze de La Pérouse.

Le pont de Strasbourg inauguré en 1867.

Dans la rue Saint-Étienne sont plusieurs maisons dont quelques parties semblent antérieures au XIIe siècle. 

Rue Timbal est une maison du XIVe siècle, ancienne résidence des viguiers d'Albi. (C. Couderc / B. / DGV).

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Dictionnaire Villes et monuments
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