| L'Albigeois est un ancien pays de France qui correspond peu près au département actuel du Tarn; pendant la période gallo-romaine, il correspondait à la civitas albigensium, l'une des huit cités de la première Aquitaine. Cette cité ne servit à former qu'un pagus dont le diocèse d'Albi occupa seul pendant longtemps toute l'étendue. En 1317 fut créé l'évêché de Castres dont on fit dépendre toutes les paroisses situées dans la partie méridionale. Encore soumis aux Wisigoths en 506, l'Albigeois fut conquis après la bataille de Vouillé par Thierry, fils de Clovis. Il appartint successivement à Caribert, roi de Paris, à Sigebert, roi d'Austrasie, et à Chilpéric, roi de Neustrie, qui déposséda son neveu Childebert. Celui-ci ne fut réintégré dans ses droits qu'en 587, après la mort de Chilpéric. L'Albigeois resta dans le domaine de Dagobert, lors de la création, en 630, du royaume de Toulouse, et il fut gouverné par lui jusqu'à sa mort. En 688, Eudes, duc de Toulouse, s'en empara et le réunit à ses autres possessions d'Aquitaine. Les Sarrasins ravagèrent l'Albigeois après la bataille de Poitiers, en 732, et Pépin le Bref le traversa en 752 avec l'armée qu'il faisait marcher contre le duc Waïfre. Il fut soumis en 767 avec le Toulousain et le Rouergue, à la suite d'une nouvelle expédition dirigée contre ce duc. En 768, lorsque Pépin partagea son royaume entre ses deux fils, l'Albigeois se trouva dans la part de Charles. C'est vers cette époque, peut-être en 781, qu'il devint un comté. Il faisait partie du royaume d'Aquitaine que Louis le Débonnaire créa pour son fils Pépin. En 843, il fut enfin mis dans le domaine de Charles le Chauve. Le comté d'Albi fut réuni au comté de Toulouse par le mariage de Garsinde, fille et héritière d'Ermengaud, comte d'Albi, qui vivait encore en 864, avec Eudes, comte de Toulouse et marquis de Gothie, mort en 919. Le titre de comte d'Albigeois fut toujours porté par les comtes de Toulouse. Il disparut par conséquent lorsque le comté de Toulouse fit retour à la couronne, après la mort d'Alphonse de Poitiers et de Jeanne, fille de Raimond VII (1270). Après l'union de l'Albigeois au comté de Toulouse, un vicomte fut établi à Albi. Il en est question dès 918. Les pouvoirs qu'on lui donna ou qu'il usurpa firent pendant longtemps de lui le personnage le plus puissant de la ville. L'un d'eux d'ailleurs, Raimond Bernard, surnommé Trencavel, avait considérablement augmenté ses domaines en épousant Ermengarde, fille de Pierre Raymond, comte de Carcassonne, et héritière de Roger III, son frère, comte de Carcassonne et du Razès, vicomte de Béziers et d'Agde. A la suite de la guerre des Albigeois, les vicomtes d'Albi ayant perdu une partie de leurs terres, le douzième d'entre eux, Trencavel, fils de Raimond Roger, céda tous ses droits à saint Louis par acte du 4 avril 1247. Le pouvoir du vicomte fut dès lors remplacé par celui du roi. L'Albigeois avait des états particuliers qui se tenaient à l'instar de ceux du Languedoc. L'archevêque d'Albi en était le président. Raimond VII avait eu pour l'Albigeois un sénéchal spécial ; Alphonse de Poitiers ne le conserva pas. De 1249 à 1256 ce pays déperdit de la sénéchaussée de Toulouse et de 1256 à 1262 de la sénéchaussée de Rouergue. Mais à cette dernière date, il fut de nouveau uni à la sénéchaussée de Toulouse. Au XVIIIe siècle, la partie située sur la rive droite du Tarn dépendait de la sénéchaussée de Toulouse, et celle située sur la rive gauche, de la sénéchaussée de Carcassonne. Il appartenait alors à la généralité et au parlement de Toulouse et à la province et intendance du Languedoc. L'ancien pays d'Albigeois est compris en entier dans le département du Tarn. Celui-ci, en effet, fut formé avec les deux diocèses albigeois, d'Albi et de Castres, avec le diocèse de Lavaur et avec quelques communes prises aux diocèses voisins. (C. Couderc). | |