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Honorius

Flavius Augustus Honorius est un empereur romain, second fils de Théodose par sa première femme Aelia Flacilla, né à Constantinople le 9 septembre 384, mort à Ravenne le 27 août 423. Consul et césar à l'âge de deux ans, auguste en 393, consul pour la deuxième fois en 394, il fut, à la fin de cette même année, proclamé empereur d'Occident par son père Théodose, sous la tutelle du vandale' Stilicon. A la mort de Théodose, le 17 janvier 395, l'empire romain fut définitivement partagé entre les deux frères, Arcadius et Honorius, pour n'être plus jamais réuni. Honorius avait l'Italie, l'Espagne, l'Afrique, les Gaules, l'Illyrie occidentale; la limite des deux empires était, en Europe, le Drinus, affluent de la Save; en Afrique, la Grande Syrte. Honorius, qui n'avait pas encore onze ans, ne pouvait être pendant longtemps empereur que de nom, et cette minorité se prolongea, en réalité, pendant tout son règne; il resta jusqu'à la fin de sa vie une sorte d'enfant lâche, cruel, sans vigueur, sans capacité d'aucune sorte, jouet et instrument des eunuques et des généraux barbares ou romains qui se succédèrent au pouvoir. 

On ne peut s'imaginer une figure plus insignifiante dans cette époque dramatique, pleine de crises terribles, qui vit s'opérer le premier démembrement de l'empire d'Occident. Un de ses historiens les plus favorables, Orose, ne trouve à louer que sa continence et sa piété. L'histoire du règne d'Honorius rentre pendant les treize premières années dans celle de son tuteur, le brave et énergique Stilicon. La rivalité de Stilicon et des ministres d'Arcadius, Rufin d'abord, puis Eutrope, amène la mésintelligence, presque la guerre entre les deux empires qui se servent des barbares l'un contre l'autre. En 395, Stilicon, après avoir fortifié la ligne du Rhin et renouvelé les traités avec les Francs et les Alamans, marche contre les Wisigoths d'Alaric qui dévastent la Macédoine, mais est arrêté par les ordres d'Arcadius. En 396, Alaric ravage toute la Grèce; Stilicon réussit à le cerner sur le mont Pholoé en Arcadie, et aurait sans doute détruit son armée sans l'intervention de la cour de Constantinople, qui croit plus habile de nommer Alaric maître de la milice dans l'Illyrie

En 397 a lieu la révolte de Gildon, comte d'Afrique, qui reconnaît Arcadius; le Sénat romain, à cette occasion, essaye inutilement de réconcilier les deux empereurs; Stilicon fait battre Gildon par son frère Mascezil, et prend de bonnes mesures pour arrêter dans la Grande-Bretagne les invasions des Saxons et des Pictes. En 400 commencent les incursions d'Alaric en Italie; il y pénètre une première fois, en compagnie de Radagaise, par Sirmium et Aquilée : on ignore le résultat de cette campagne. Il revient en 402, assiège Honorius dans Asti, mais est battu par Stilicon en 403, à Pollentia et à Vérone; ces défaites ne l'empêchent pas de recevoir des honneurs et la mission secrète de s'emparer de l'Illyrie orientale pour l'empire d'Occident. En 405 commence la grande invasion. Stilicon écrase à Fésules, en 406, les Slaves de Radagaise; mais les Burgondes, les Alains, les Vandales franchissent le Rhin malgré la résistance des Francs Ripuaires et ravagent impunément la Gaule pendant deux ans, jusqu'à ce que, n'y trouvant plus de butin, ils passent en Espagne.

Les soldats de la Grande-Bretagne, abandonnés à eux-mêmes, élisent comme empereur, en 407, Marcus, puis Gratianus, puis Constantin. Constantin, bien secondé par ses généraux Edobincus et Gerontius, se fait reconnaître par les Gaules, bat le général impérial Sarus, chasse les barbares, s'établit à Arles, envoie dans l'Espagne son fils Constant, qui la soumet mal gré la longue résistance des deux chefs indigènes Didymus et Verinianus, et finalement, en 408, oblige Honorius à l'associer à l'Empire. Dans cette période, Honorius n'a pas eu d'action personnelle. Il a épousé, en 398, Maria, sa cousine, fille de Stilicon et de Serena : ce mariage, célébré par Claudien (De nuptiis Honorii et Mariae; Fescennina in nuptias Honorii et Mariae), n'est pas consommé; en 408, il épouse l'autre fille de Stilicon, Thermantia; en 404, pour être mieux en sûreté, il transfère définitivement sa capitale de Milan à Ravenne, dont l'évêque devient métropolitain.

La grande loi de 399, qui achève la destruction du paganisme, ordonne la confiscation des revenus des temples, la destruction des statues et prohibe l'exercice du culte païen; l'abolition des jeux de gladiateurs à Rome en 404; une intervention inutile auprès d'Arcadius en faveur de saint Jean Chrysostome, voilà les seuls actes importants d'Honorius qu'on puisse signaler jusqu'en 408. En 408, le défenseur de l'Empire succombe à une intrigue de palais; Honorius, jaloux de sa puissance, craignant à tort ou à raison qu'il ne s'en serve pour donner l'Empire à son fils, Eucherius, le fait assassiner par un certain Olympius; la cour de Ravenne est alors, pendant quelques années, un théâtre d'intrigues et de meurtres; le pouvoir passe successivement à d'éphémères favoris, Olympius, Jovius, Eusèbe, Allobichus, pendant que l'Italie est à la merci d'Alaric. En 408, après avoir pillé Aquilée, Crémone, il parait devant Rome et ne se retire qu'après avoir obtenu une rançon énorme; Honorius lui refusant le titre de maître de la milice, il revient devant Rome qui, désolée par la famine, ouvre ses portes; sur son ordre, le Sénat donne la pourpre au préfet de la ville Attale et nomme Alaric lui-même maître de la milice; puis Honorius, ayant fait attaquer à l'improviste le camp des Goths par leur compatriote Sarus, Alaric, qui avait déposé sa créature Attale, revient une troisième fois sur Rome, la prend et la livre au pillage (410).

Une série de hasards heureux peut seule sauver Honorius d'une ruine complète; la fidélité d'Héraclien lui conserve l'Afrique contre les attaques d'Attale et d'Alaric; Constantin, qui a pénétré jusqu'à Vérone, se retire, perd l'Espagne que lui enlève Gerontius, est enfermé dans Arles et pris par le général Constantius; Ataulf, successeur d'Alaric, passé au service d'Honorius, bat un nouvel usurpateur gaulois, Jovinus, obtient la main de Placidie, soeur de l'empereur, et l'autorisation de s'emparer de l'Espagne sur les autres barbares (414); son successeur, Wallia, dispute, également pour le compte d'Honorius, l'Espagne aux Alains, aux Suèves, aux Vandales, et obtient, en 419, comme récompense de ses services, la seconde et sans doute aussi la troisième Aquitaine, c.-à-d. tout le Sud-Ouest de la Gaule avec Toulouse pour capitale; en 413, Honorius s'est débarrassé des Burgondes en concédant à leur chef Gundicaire les deux rives du Jura (Suisse et Franche-Comté). Constantius, qui a épousé Placidie en 417, est associé à l'Empire en 411, mais meurt bientôt après, laissant deux enfants, le futur Valentinien III et Honoria. L'occupation de la rive gauche du bas Rhin par les Francs, l'émancipation de l'Armorique, le schisme des deux papes Eulalius et Boniface en 418, terminé par l'intervention d'Honorius en faveur de Boniface, la brouille d'Honorius avec sa soeur Placidie, qui s'enfuit à Constantinople avec ses deux enfants, tels sont les faits importants de la fin de ce règne désastreux. Honorius meurt à trenteneuf ans, laissant l'Empire en pleine dissolution. 

On a de lui de nombreuses lois contre le paganisme, les différentes hérésies, surtout celles des donatistes et des manichéens, pour l'extension des privilèges du clergé chrétien et des églises, de la juridiction épiscopale. Le reste de sa législation n'a pas une grande originalité : mesures pour l'approvisionnement de Rome contre le brigandage en Italie; règlements pour les terres létiques; lois de contrainte à l'égard des curiales, des colons, des membres des corporations; réorganisation des défenseurs des cités, tout cela reproduit et continue les lois antérieures. Il y a cependant d'excellentes améliorations à signaler pour la juridiction criminelle. Ajoutons que c'est sous Honorius et Arcadius, vers 411, que fut rédigé l'espèce d'almanach impérial qui nous a été conservé sous le titre de : Notitia dignitatum et administrationum omnium tam civilium quam militarium, in partibus Orientis et Occidentis (Ch. Lécrivain).

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Dictionnaire biographique
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