| Un porche est une sorte de vestibule accompagnant le portail d'une église. Le porche proprement dit est ouvert sur l'extérieur et séparé de l'église par les vantaux du portail; si au contraire des vantaux et des vitraux le ferment à l'extérieur et qu'il s'ouvre librement sur l'église, il prend le nom de narthex. Le narthex, qui peut être extrêmement étendu (Cluny), est une place inférieure d'où les catéchumènes et les pénitents assistent aux offices; le porche n'atteint jamais les mêmes dimensions et sert surtout d'abri aux passants, aux mendiants, aux marchands. Il servait aussi aux proclamations publiques, et il abritait souvent les sièges de magistrats rendant la justice sur le parvis d'une église : un certain nombre d'actes publics portent la mention actum inter leones : ces lions sont ceux qui accostent le portail de beaucoup d'églises, surtout dans les écoles lombarde et germanique. Des figures de Salomon, aux façades des cathédrales d'Auxerre et de Léon (XIVe siècle), se rapportent au même usage; sous le porche de Léon, on voit de plus une borne portant l'inscription locus appellationis. Des ventes publiques avaient lieu aussi sous les porches, et certains, comme le grand porche de bois de Châtillon-sur-Seine et ceux de diverses églises du Berry sont de véritables halles. L'origine des porches semble être la survivance d'un des quatre côtés de l'atrium des anciennes basiliques. Beaucoup d'entre eux ressemblent, en effet, à une galerie de cloître avec toit en appentis; ce type est surtout fréquent en Champagne (Hermonville, Baye, Sarry; Civry et Pontigny, dans l'Yonne, etc.); en Bourgogne, les porches ont beaucoup d'importance et un caractère très monumental (cathédrale d'Autun, XIIe siècle; Notre-Dame de Beaune, XIIIe siècle; Saint-Père sous Vézelay, XIVe siècle). Quelquefois, par contre, aux XIIe et XIIIe siècles, ce n'est qu'un prolongement de la voussure du portail, porté soit sur de simples piédroits comme à Moissac, Conques, Beaulieu, la cathédrale de Cahors, suit sur des piliers ou sur des colonnes isolées (cathédrales d'Ancône, de Gênes, d'Embrun, de Chartres, de Léon ; Saint-Gilles de Provence; Saint-Julien du Saut; Puiseaux). - Porche Nord de la cathédrale de Chartres. Les porches de bois sont parfois réduits à la proportion de simples auvents (balets du Poitou). Au XVe et au XVIe siècle, les porches triangulaires ou à pans coupés eurent une certaine vogue (Saint-Maclou de Rouen, Argentan, Bourbon-l'Archambault, Chartreuse de Villefranche, Notre-Dame d'Alençon, Falaise, Maignelay, près de Paris; Saint-Just en Saintonge, chapelle à Nicosie de Chypre; porche de bois de Ry, près de Rouen). Dans l'architecture romane et gothique de l'Espagne, on trouve des porches entourant deux côtés de l'église, et longeant toute la nef; ils ressemblent aux péristyles des temples antiques (églises de Ségovie; la Antigua de Valladolid; Las Huelgas; cathédrale aragonaise de Nicosie en Sicile). Enfin certaines églises byzantines, notamment dans l'île de Chypre, et les églises en bois de Norvège sont complètement entourées d'un porche en bois; dans ces dernières, ce porche, couvert d'un toit très incliné, sert à écarter la neige des parois de l'édifice et à le protéger du froid extérieur. -- Deux porches d'églises du XVe siècle : ci-dessus, celui de saint-Germain-l'Auxerrois, à Paris, ci-dessous, celui de l'église de Marignac-Laspeyres (Haute-Garonne). © Photos : Serge. Jodra. | |