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On a longtemps
considéré que l'art
slave, et plus particulièrement l'art russe, n'était qu'une suite et
même une corruption de l'art byzantin;
on sait aujourd'hui, d'après des documents positifs et les objets retrouvés
dans les fouilles, qu'outre les éléments byzantins, l'art russe est composé
d'éléments empruntés à l'Antiquité classique,
à la Grèce, à l'Asie,
à l'Inde, à la Perse
: l'influence touranienne et iranienne, spécialement cette dernière,
est très sensible dans l'art russe. L'originalité de celui-ci consiste
justement dans le mélange de tous ces éléments.
L'art des Steppes
et l'art des anciens Slaves.
La première période de l'art russe est
celle où les divers éléments qui l'ont constitué commencent à se mélanger
: depuis les produits de l'art des Steppes (art surtout animalier
des populations nomades (turco-mongoles,
scythes,
sarmates,
etc.) des steppes d'Asie centrale et de l'Europe orientale), jusqu'aux
productions variées des anciens
Slaves
qui jusqu'au IIe siècle subissent l'influence
de l'art étranger. C'est l'époque des kourganes
(tumuli) : car c'est presque exclusivement dans les tombeaux que l'on a
retrouvé les produits de l'art pendant toute cette période. Les restes
monumentaux de l'art slave le plus ancien sont répandus dans la Sud de
la Russie
dans un espace assez limité du Sud-Est du Caucase
jusqu'au Nord-Ouest, dans le voisinage de Tchernigov
et Kiev. Les objets retrouvés en grand nombre
dans les tombeaux comprennent deux sortes principales : les uns témoignent
d'une haute culture artistique et sont en majorité d'origine grecque;
les autres sont l'oeuvre d'un art plus directement héritier de l'ancien
art du pays, tandis que les autres appartiennent à l'archéologie grecque,
mais présentent cet intérêt particulier qu'ils ont pour objet la représentation
des moeurs, de la vie, du costume, de l'industrie de ces peuples barbares.
Les antiquités bosphoriennes (Bosphore
cimmérien),
retrouvées à partir de 1835 dans le voisinage de Kertch,
sont très instructives à ce point de vue. On a retrouvé dans la presqu'île
de Taman, dans le plus grand des deux kourganes désignés sous le nom
de « jumeaux », lors des fouilles de 1869, une sorte de diadème d'or,
parure féminine admirable, du plus beau style grec du IVe
siècle av. J. -C. : sur les minces plaques d'or qui le composent, des
figures sont représentées qui mettent en scène un combat d'hommes contre
des griffons. Le grand kourgane de Tsehertomlizki,
près de Nikopol, sur la rive droite du Dniepr, comprenant un grand nombre
de tombes, et consacré à un prince barbare, contenait de même; au milieu
de nombreux objets d'un travail barbare, des pièces du travail grec le
plus achevé. On y a découvert des objets très nombreux donnant les renseignements
les plus directs sur la manière de vivre, le goût artistique des anciens
habitants de la Russie
: une des découverte les plus précieuses faites dans ces tombeaux est
celle d'un superbe vase d'argent en forme d'amphore
qui a servi sans doute à contenir le koumis (petit lait de jument
aigre et fermenté); cette belle pièce est au musée de l'Ermitage, Ã
Saint-Pétersbourg
: ses ornements représentent une apothéose du cheval, et figurent d'une
manière très expressive l'admiration des anciens artistes pour cet animal.
On a trouvé aussi pendant ces fouilles un grand nombre d'objets, tels
qu'épées aux poignées ciselées, poignards, harnais de chevaux, etc.,
qui témoignent en même temps de l'influence asiatique par leurs formes
orientales, spécialement persanes, et de l'influence grecque.
La preuve de ces diverses sources de l'art
de cette époque est donnée surabondamment par les fouilles opérées
dans la vallée du Dniepr, dans les kourganes d'Alexandropol, dans le district
d'lékatérinoslav, à 60 verstes du Dniepr, de Heremesov, à 50 verstes
au Sud-Est de Krasnokut, entre Iékatérinoslav et Nikopol, et de Zimbalov,
dans le district de Melitopol, dans le voisinage de la mer d'Azov. La plus
grande partie des objets retrouvés dans les tombeaux princiers sont d'un
travail barbare brut, mais les ornements y représentent, à côté de
griffons stylisés d'influence persane, et près dès représentations
de l'arbre de vie et de la fleur du lotus, des têtes de chevaux dont les
corps contournés et serpentueux s'entrelacent, ainsi que des corps d'hommes
dont les jambes se terminent en forme de serpents et d'animaux,
premières tentatives d'un art original. Quels que soient les peuples qui
aient produit et travaillé ces objets, il est certain que les Slaves
et les Russes se sont inspirés de cet art
et que, dans les objets trouvés dans les tombeaux de la vallée du Dniepr;
on peut relever les éléments primordiaux de ce que sera plus tard l'art
russe.
L'art russe jusqu'au
XVIIe siècle.
L'art russe proprement dit date des premières
manifestations d'existence de la Russie
dans la seconde moitié du IXe siècle;
lorsque la grande-duchesse Olga se fut fait baptiser à Constantinople
pour adopter le christianisme (955), ainsi
que son fils Vladimir (988), l'art russe se manifesta par une série de
grandes productions nouvelles; ce sont des constructions imposantes, plus
particulièrement des églises, qui, tout
en s'inspirant des traditions de l'art byzantinet
des souvenirs du passé, montrent une originalité réelle dans la répartition
de ces différents éléments et spécialement dans la disposition des
ornements monumentaux.
L'architecture.
Le monument le plus ancien de cette période
(en partie conservé) est la cathédrale
de Sainte-Sophie que le grand-duc Iaroslav éleva en 1037 Ã
Kiev,
en mémoire de sa victoire sur les Petchenègues. Bâtie probablement par
des architectes byzantins sur le modèle de Sainte-Sophie de Constantinople,
elle présente des mosaïques et des fresques
couvrant les murs de l'autel et ses neuf absides;
on ne peut, avec ce qui en subsisté, déterminer nettement de nos jours
à quel art se rattachaient ses coupoles; la cathédrale actuelle qui a
remplacé la monument ancien, date du XVIIe
siècle et porte la marqué du style russe de cette époque; la plus belle
expression artistique de la cathédrale de Sainte-Sophie est la mosaïque
coossale de la mère de Dieu : le riche fond d'or de là mosaïque, les
formes allongées de l'image et du vêtement; les bras et et les mains,
la figure raide, mais pleine d'expression et de sentiment, témoignent
directement de l'influence
byzantine.
Au XIe siècle, d'autres grandes constructions
furent élevées à Kiev : le cloître le plus ancien de la Russie,
celui de Kiévo Pechtcherskaia Laura; le cloître
de Saint-Michel, etc.; mais tous ces édifices ont été rebâtis et ne
doutent plus dans leur forme actuelle aucuhé idée de la tentative faite
au XIe siècle pour adapter l'art byzantin
à un art russe personnel. Les monuments de Novgorod
sont presque tous dans le même cas. En revanche, on trouve à Vladimir
et dans les environs des églises de la plus
grande importance pour l'étude de l'adaptation dee l'art byzantin à un
style russe. Ces églises datent du XIIIe
siècle; elles ont été élevées pour la plupart après que le grand-duc
Andreas Bogolubski eût transféré de Kiev à Vladimir le siège du gouvernement
(1169); les métropolites de Kiev se transportèrent peu après dans la
nouvelle capitale. En 1129, l'église de Saint-Georges fut construite Ã
Vladimir et, en 1160, l'église de la Transfiguration s'y éleva; mais
les constructions actuelles rappellent très peu le passé.
Au contraire, les édifices remarquables
pour l'étude de l'architecture
de cette époque sont celui de Pokrove (près de Bogoljubov), élevé au
milieu du XIIe siècle, et la cathédrale
de Saint-Démétrius bâtie à Vladimir
à la fin du XIIe siècle. Le plan fondamental
est toujours emprunté à l'art byzantin;
mais ces églises, et principalement la dernière
nommée, se font remarquer par une décoration originale et l'ornementation
des murs extérieurs. Chacune des quatre faces de la cathédrale de Saint-Démétrius
est partagée du haut en bas en trois parties par de fines colonnettes
qui se raccordent les unes aux autres au sommet par d'élégants demi-cercles;
à son tour, chacune des trois parties ainsi formées par les colonnes
est divisée en deux, au milieu, par une corniche qui repose sur de minces
petites
colonnes arrêtées à mi-hauteur et reliées entre elles par des
arcs
pleins de goût; au milieu et en bas de la façade,
reposant sur, d'élégantes colonnes; s'ouvre la porte d'entrée, flanquée
à droite et à gauche d'étroites
fenêtres;
dans la partie supérieure de chaque façade, les trois parties formées
par les colonnettes au-dessus de la corniche sont percées de longues et
étroites fenêtres. Un peu plus tard, l'ornementation des murs extérieurs
se compliqua de bas-reliefs qui, couvrant
tout le tour des fenêtres. dans la partie plane, formèrent une décoration,
originale et légère, de plantes, feuillages et fleurs entrelacés, de
figures d'humains et d'animaux (lions, centaures,
cerfs, oiseaux, griffons, etc.).
Si l'on rapproche cette ornementation
des objets travaillés d'une manière barbare retrouvés dans les tombeaux
du Sud de la Russie;
on constate aussitôt la filiation directe qui les marque. Mais ce style
original russe est presque aussitôt étouffé par les constructions élevées
à Moscou et formant une adaptation très
spéciale de l'art byzantin. Les plus
anciens monuments de Moscou datent du XIVe
siècle, de l'époque où Moscou remplaça Vladimir comme capitale (1328),
par l'ordre du grand-duc Ivan Danilovitch, et devint
le siège d'un métropolite. Malheureusement, il ne subsiste aujourd'hui
que peu de traces de ces premières constructions. D'une manière générale,
c'est de cette époque que date l'habitude d'entourer, dans les églises,
la coupole centrale de quatre plus petites coupoles représentant les quatre
évangélistes. La cathédrale de Romanov-Borissogliebsk
est un type magnifique du genre, bien que postérieure (1652). Un peu plus
tard, mais toujours au XIVe siècle, on
commença à donner aux coupoles une forme bulbeuse et renflée, rappelant
l'oignon, en même temps qu'elles reposaient sur une fondation de forme
cylindrique. Le style moscovite se répandit à dater du XVe
siècle et envahit la plupart des villes russes, y compris Kiev
et Novgorod; au milieu du XVIIe
siècle, il devint même le modèle de la Russie entière, après avoir
été en décroissance pendant le XVIe
siècle.
Les églises principales de Moscou
sont construites dans le style moscovite aux XIVe
et XVe siècles, en particulier celles
comprises dans l'enceinte du Kremlin : l'église
de la Dormition de la Vierge (ou les empereurs de Russie
étaient couronnés), la cathédrale de
l'Archange Michel, etc. Au style moscovite vint s'appliquer l'influence
orientale qui permit à la fantaisie des architectes de s'exercer librement
on augmenta beaucoup le nombre des coupoles, on modifia et exagéra leur
forme légumineuse, on les flanqua de bâtiments annexes,
clochers
et vestibules, ornés et bâtis en forme de temples indiens. Le plus parfait
modèle de ces fantaisies architecturales est la célèbre cathédrale
de Saint Basile à Moscou (Vassili Blajenoï) élevée sur l'ordre d'Ivan
IV le Terrible, au milieu du XVIe siècle,
en souvenir de la prise de Kazan (1552) : elle
présente un mélange étonnant des motifs les plus divers de l'architecture
et de l'ornementation de l'Orient et de l'Occident (indiens, persans, byzantins,
romans); aucune des treize coupoles et tours ne ressemble aux autres; elles
s'élèvent dans leur architecture originale à côté les unes des autres,
sans se nuire et sans que cet édifice singulier manque d'un grand aspect
d'ensemble : cet édifice unique forme un tout, malgré la variété et
l'incohérence apparente des éléments qui le composent.
-
La
cathédrale Saint-Basile, à Moscou.
On retrouve ce style bizarre dans l'église
grousienne de la Mère de Dieu, construite en 1628 à Moscou,
ainsi que dans la cathédrale Blagovjechtchenski
de Kazan. La plupart des édifices russes de ces époques ont été construits
par des architectes étrangers, byzantins,
italiens,
allemands;
mais on ne peut douter qu'il ait existé d'excellents architectes russes
dès les temps les plus reculés : la preuve en est donnée par ce fait
que l'envoyé de saint Louis à la cour du khan
des Mongols au XIIIe
siècle y trouva des architectes que l'on avait fait venir de Russie;
les chroniques nous apprennent aussi qu'un grand nombre de constructions,
en particulier celles de Vladimir, sont
dues à des architectes indigènes.
Les
autres arts.
L'originalité de l'art russe et son existence
même sont attestées encore par d'innombrables
miniatures
et lettres ornées dans les manuscrits
du XIe et du XIIe
siècle. Enfin les vases sacrés, les croix, les calices, les ostensoirs
en témoignent de même. La peinture
seule manque totalement d'un caractère original dans les premiers temps
et pendant les temps périodes de l'art russe : elle est renfermée dans
la décoration des églises et la reproduction
des images des saints et garde la raideur byzantine; cela tient à ce que
les types traditionnels des saints étaient devenus canoniques, et que'Ã
partir du XVe siècle la moindre modification
dans les caractères a été interdite. On peut d'ailleurs observer que
les iconostases à trois
portes devant l'autel,
richement décorées d'images de saints, présentent
un développement progressif du style original russe.
L'art russe sous
les Romanov.
Une nouvelle période de l'histoire des
arts
en Russie
commence à l'époque de l'élévation an trône des Romanov (1613); la
Russie entre en relations de plus en plus régulières avec la civilisation
de l'Europe
occidentale et devient un des grands Etats européens sous la domination
de Pierre le Grand à la fin du XVIIe
siècle. L'influence de l'Occident remplace dès lors celle de l'art
byzantin et asiatique et s'y substitue presque complètement pendant
une longue période.
L'architecture.
L'architecture manifeste cette modification
pendant deux siècles de la manière la plus frappante. C'est ainsi que
l'église de Saint-Nicolas ou de la Grande-Croix,
élevée en 1680 par Pierre ler à Moscou,
allie d'une manière extravagante l'art de la Renaissance
et le goût extérieur du rococo aux cinq coupoles bulbeuses de l'art moscovite
qui surmontent sans aucune raison le toit plat de l'édifice italien. Une
autre construction de style rococo est l'église
vladimirienne de la Mère de Dieu édifiée près de la porte de Nicolas,
à Moscou. A la suite de l'établissement de la capitale à Saint-Pétersbourg
(1703) au lieu de Moscou, l'architecture
se manifeste par une série de monuments innombrables élevés dans la
nouvelle ville et dont la suite s'étend jusqu'en 1858, date de l'achèvement
de la cathédrale de Saint-Isaac. Pierre
le Grand et ses successeurs,
Elisabeth,
Catherine
lI, Alexandre Ier
et Nicolas Ier
s'efforcent de faire de Saint-Pétersbourg une ville européenne de style
moderne : les traditions anciennes sont abandonnées pour faire place au
goût occidental. Tresani construit en 1713 le cloître
d'Alexandre Nevski; Starov élève l'église de la Trinité, sous Catherine
II, en 1790; la cathédrale de Saint-Pierre et Saint-Paul est bâtie de
1714 à 1733 avec les élégantes tours élancées de Schuravski; Tresin
construit la cathédrale de Preobrajenski (1742-1754); la cathédrale de
Saint-André est rebâtie en 1761; Woronichin élève de 1801 à 1811 la
cathédrale de la Mère de Dieu de Kazan; enfin, la grande et imposante
cathédrale de Saint-Isaac est bâtie de 1818 à 1858 sur les plans de
R. de Monferrand.
-
Détails
de la façade de l'église de la Résurrection, à Saint-Petersbourg.
En dehors des églises,
d'innombrables monuments s'élèvent : l'Amirauté (1718, sur les plans
de Pierre le Grand), le Palais impérial d'hiver
(sur les plans du comte Rastrelli, de 1754 à 1764, brûlé en 1837 et
rebâti identique), les palais de Tsarkoé
Sélo et de
Péterhof, le palais d'Antichkov,
les palais des comtes Voronzov et Stroganov (bâti sur les plans de Rastrelli).
l'Académie des beaux-arts (1764, due à Kokorin), le Vieil Ermitage (1765,
dû à Delamotte), le Palais de marbre (de Delamotte, élevé de 1770 Ã
1883), le château de Tauri (1783, de Starov,
sur le modèle du Panthéon), la Bourse
(de Thomon, 1804 Ã 1810), le palais Michel (1819-24, de Rossi), le Nouvel
Ermitage (de Klenze, 1840-1852). Ces différents monuments suivent le goût
de l'Europe occidentale et sont bâtis selon le temps, les uns dans le
style de la Renaissance,
d'autres dans le goût baroque et rococo,
d'autres dans le style classique restauré. Après ce long tribut payé
à l'influence étrangère, on voit reparaître une renaissance des traditions
de l'art russe ancien; c'est encore de Moscou
que vient la direction de ce mouvement d'art dans tous les ordres. Le tsar
Nicolas I était déjà revenu au goût national dans les édifices de
l'enceinte du Kremlin. Mais la renaissance
russe est marquée avec magnificence, surtout dans l'église du Sauveur
à Moscou, bâtie de 1839 à 1883 sur les plans de Thon et Resanov, ainsi
que dans l'église du Souvenir de Borki (1891-1894).
La
sculpture.
En dehors de l'architecture,
l'influence occidentale s'est exercée très fortement pendant le XVIIIe
et le XIXe siècle sur la sculpture
et la peinture
en Russie.
Étroitement en fermés. dans la représentation des types conventionnels
des saints, ces arts ne prennent une personnalité et une expression que
depuis deux siècles. Ce n'est qu'au XVIIIe
siècle que l'on commença à élever des statues au souvenir des grands
hommes russes : l'un des premiers monuments fut, comme il était juste,
consacré à Pierre Ier,
le grand réformateur de la Russie; de son vivant, le comte Bartolomeo
Rastrelli, sculpteur, père de l'architecte, exécuta un Pierre le Grand
à cheval, qui fut, en 1847, coulé en bronze;
mais les successeurs de Pierre le Grand ne goûtèrent pas ce groupe qu'ils
trouvaient trop peu animé et ne le firent pas élever sur une place publique.
Catherine
Il fit exécuter par Falconet un Pierre
le Grand monté sur un cheval fougueux qui gravit un rocher; ce groupe,
en bronze, est placé au centre de la place de Pierre-le-Grand, sur la
Néva, à Saint-Pétersbourg.
Parmi les oeuvres les plus célèbres de
la sculpture russe, on peut citer le monument en bronze élevé à la mémoire
du prince Poyarski et du boucher Minine, sur la place Rouge, Ã Moscou
(de Martoss, 1888, recteur de l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg),
le monument de Lomonossov (de Martoss), celui
des généraux Barclay de Tolly et Koutousov
(1818-1836, d'après le projet de B. Orlovski, placé devant la cathédrale
de Kazan à Saint-Pétersbourg), le buste colossal d'Alexandre
Ier (de
Orlovski), le monument commémoratif d'Alexandre ler
(1832, de Montferrand), avec une statue de l'Ange
de la paix, due à Orloski; la statue du fabuliste Krylov
(1855, du baron Clodt, dans le Jardin d'été de Saint-Pétersbourg); une
statue équestre de l'empereur Nicolas Ier(de
Clodt, 1859, sur la place de Sainte-Marie); le monument de Novgorod,
élevé en souvenir, de l'occupation millénaire de la Russie
(1862), en forme de cloche géante portant des scènes de l'histoire de
Russie, dues à Mikiechin; le monument de Catherine
II, de Mikiechin elle est représentée entourée de ses généraux
et hommes d'Etat (1874); le monument de Pouchkine
à Moscou (1830, de Objekuchin et Bogomolev); le monument de Bohdan-Chmelnizki,
à Kiev (1873, de Mikiechin et autres sculpteurs).
Les principaux sculpteurs russes sont Popov, Antokolski (statue d'Ivan
le Terrible (1871, à Saint-Pétershourg), Tchichov, E. Lancera.
Ils sont caractérisé par un réalisme très accentué qui leur est commun
à tous.
La
peinture.
La peinture
russe s'est développée depuis le XVIIIe
siècle dans des directions diverses sous l'influence de l'Europe occidentale;
jusqu'à la moitié du XIVe siècle, l'imitation
de la peinture italienne, des classiques
français,
et l'exécution de la peinture strictement académique étaient les trois
voies principales tentées par les artistes russes. Mais depuis un demi-siècle,
l'art s'est créé une expression nationale en Russie.
Au XVIIIe siècle et au début du XIXe
siècle, les principaux représentants de la peinture religieuse et de
la peinture d'histoire ont été Losenko (mort en 1773), Antropov (mort
en 1792), Akimov (mort en 1814), Ugriumov (mort en 1823), Levizki (mort
en 1822), lvanôv (mort en 1823), Moschov (mort en 1839). Les paysagistes
et peintres de marine les plus réputés se
nomment Sim, et Sil. Schtchedrin (le premier mort en 1804, le second en
1830), Pritchetnikov (mort en 1809), F. Alekseiev (mort en 1824). La peinture
académique a été cultivée principalement par Tropinin (mort en 1827),
Warnek (mort en 1843), Lebediev (mort en 1837), Worobiev (mort en 1855),
K. Rabus (mort en 1857), Bruni (mort en 1875), Markôv (mort en 1878),
A. Beideinanu (mort en 1869) et Willewalde. Le peintre chef de l'école
romantique est K. Brullpv qui a fait école et a eu de nombreux élèves.
Les autres peintres romantiques réputés sont Bronnikov, et divers paysagistes
et peintres de marine, tels que Aivasovski, Bogolnibov, L. Lagorio et A.
Mechtcherski. La peinture religieuse et populaire a pour représentant
A. Ivanov. Les principaux peintres réalistes, dans la peinture
de genre et d'histoire, sont
Fedotov, Makovski, Perov, Polenor, Weresschagin, etc.
Les
arts décoratifs et industriels.
La sculpture ornementale paraît supérieure
à la statuaire en Russie
: elle s'exerce abondamment dans la décoration des églises;
les innombrables chapelles, ouvertes aux
encoignures des rues en l'honneur d'un saint,
possèdent des icônes, des lampes de bronze
et d'argent; les iconostases des
cathédrales
sont extrêmement riches; l'or, le vermeil, l'argent,
le lapis, le jaspe, la malachite, les
émaux, y sont employés à foison. Dans les églises de Saint, Isaac,
et du Sauveur, on en trouve d'admirables, véritables chefs-d'oeuvre d'originalité
et d'éclat. L'industrie du bronze et de l'orfèvrerie
religieuse est très florissante et occupe des ouvriers et des artistes
très nombreux à Moscou et Saint-Pétersbourg.
Une manufacture impériale produisait des mosaïques
qui occupent une si grande place dans la décoration des églises.
Les arts industriels de la Russie ont été
très prospères et en grand progrès à partir du début du XIXe
siècle : les étoffes de soie ne sont plus importées de Lyon;
et les ébénistes russes produisent de beaux meubles, non seulement dans
leur style national, mais dans les plus pures formes de l'art français
de Louis XV et Louis XVI.
L'orfèvrerie civile et la bijouterie
ont aussi bénéficié de la renaissance nationale : le tsar Alexandre
III a remis en honneur les costumes nationaux féminins dans les bals
officiels et commandé des oeuvres d'art d'après les modèles du style
moscovite, et même d'après les merveilles retrouvées dans les fouilles
du Bosphore cimmérien.
L'imagerie religieuse, fabriquée surtout à Moscou
et Kazan, touche de très près à l'art. De
nombreuses manufactures fabriquent des icônes peints sur bois ou sur cuivre,
ornés de reliefs en cuivre, chrysocale, argent, vermeil et or. Les ouvriers
sont des moines et des paysans : chaque partie de l'icône, yeux, nez,
bouche, cheveux, mains, pieds, est exécutée par des spécialistes qui
font toujours la même besogne, d'après les types immuables que les couvents
moscovites ont recueillis du mont Athos.
(Ph.
B.).
La
période pré-révolutionnaire (1900-1917)
Au début du XXe
siècle, la Russie connaît une effervescence artistique marquée par plusieurs
mouvements avant-gardistes : l'Art nouveau russe (Modern Style)
dont le peintre Mikhaïl Vroubel et l'architecte Fiodor Schechtel sont
des figures emblématiques; le Symbolisme est représenté par des
poètes comme Alexandre Blok et des artistes comme Mikhail Nesterov, qui
développent des thèmes mystiques et spirituels; l'Avant-garde russe
proprement dite, avec des mouvements tels que le Futurisme de Vladimir
Maïakovski et le Suprématisme de Kasimir Malevitch,qui apportent
une rupture radicale avec l'art traditionnel.
L'art soviétique
(1917-1991).
L'art de la Révolution
et du début de l'ère soviétique (1917-1930) voit fleurir deux mouvements
principaux, le Constructivisme, qui est un art axé sur la fonctionnalité
et l'industrialisation, avec des artistes comme Vladimir Tatline et Aleksandr
Rodchenko; et le Productivisme, prolongation du constructivisme,
et qui cherchant à intégrer l'art dans la production industrielle.
À partir de 1932,
sous Staline, l'art doit servir la propagande d'État. Les artistes sont
encouragés à représenter des sujets glorifiant le socialisme et le peuple
soviétique. Cette forme d'art appelée Réalisme socialiste est
représentée notamment par Isaak Brodsky et Alexandre Guerassimov
Après la mort de
Staline en 1953, une période de relative libéralisation permet une certaine
ouverture artistique. Des artistes comme Ilya Kabakov (artiste conceptuel
soviétique puis américain) et les Sots-Arts commencent à émerger.
La période post-soviétique
(depuis 1991).
Après l'effondrement
de l'URSS en 1991, l'art russe entre dans
une nouvelle phase marquée par la diversification et l'internationalisation.
La Nouvelle scène contemporaine est représenté par des
artistes comme Oleg Kulik, AES+F et les Pussy Riot, qui utilisent des médiums
variés (performances, installations, vidéos) pour aborder des thèmes
sociaux et politiques contemporains. Certains artistes puisent aussi dans
l'héritage russe pour proposer des oeuvres nouvelles, à l'exemple des
travaux néo-académiques d'Ilia Glazounov. |
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