 |
Pris dans son sens
le plus général, le mot art implique toujours un ensemble de procédés,
une certaine méthode employée en vue d'un résultat prémédité. C'est
ainsi que Littré le définit : « Manière de
faire quelque chose selon certaine méthode », et que Joubert a pu écrire
: « L'art est l'habileté réduite en théorie ». Le mot grec-tecnh,
le latin ars, l'allemand Kunst
(de Können = pouvoir) ont une acception analogue; ils désignent
à la fois une certaine méthode et une certaine habileté; on dira, par
exemple, l'art du cuisinier, l'art du chirurgien, l'art du verrier, comme
l'art du poète ou du musicien.
D'une façon absolue, l'art
embrasse donc tout ce qui, pour exister, a exigé l'intervention de la
main, de l'esprit et de la volonté de l'humain. Mais c'est surtout aux
manifestations de l'activité humaine dans l'ordre du sentiment
et de l'imagination que cette expression
a été peu à peu réservée et l'on entend essentiellement par Art les
cinq grands Arts où se sont condensés, à travers les âges, les pensées,
les émotions et les sentiments de l'humanité, c'est-à -dire les arts
des sons (la poésie et la musique),
et les arts du dessin (l'architecture ,
la sculpture
et la peinture ).
Enfin, dans un sens encore plus restreint,
l'usage s'est introduit de désigner plus spécialement par le mot art
ou beaux-arts et par opposition à « littérature
» ou «-belles-lettres », les trois ordres
de création qui s'adressent à nous par l'intermédiaire des yeux, c.-à -d.
l'architecture, la sculpture, la peinture et leurs dérivés, autrement
dit les arts du dessin, aussi appelés arts
plastiques. Quand on parle de l'histoire de l'art, par exemple, ce sont
les oeuvres de cet ordre que l'on vise plus particulièrement. Ce sont
eux surtout qui feront l'objet de cet article, laissant donc de côté
la littérature et la musique.
Sur la théorie
de l'art, son origine, son but, son essence,
et sur la classification des arts, les
philosophes ont institué des discussions
toujours ouvertes et qui ne sont pas près de finir. On ne se propose pas
d'en faire ici l'exposé et encore moins d'en aborder la critique. On ne
se demandera pas, par exemple, si l'art est ou non « la manifestation
extérieure du divin », la poursuite ou la réalisation inégale et toujours
reprise d'un type primitif et absolu, d'une image ou d'une idée préexistante
des choses, ou encore «-d'une substance particulière
du beau », - ni si l'effort de l'artiste doit tendre à représenter,
non pas des arbres, des chevaux, des humains, mais l'arbre, le cheval,
l'humain, de telle sorte que l'espèce puisse être définie, comme on
l'a proposé, « une création de l'art »... Ces questions - d'ailleurs
largement obsolètes - constituent l'esthétique.
On se tiendra dans ce site au point de vue purement historique; on esquissera
sommairement un tableau général de l'évolution
de l'art aux différentes époques et chez les différents peuples
et on abordera sur des pages particulières l'histoire des diverses écoles,
on essaiera de marquer, chemin faisant, les liens qui les relient l'une
à l'autre et les idées générales qui ont présidé à la grande évolution
dont chacune d'elles est un moment. (André Michel).
 |
Jean-Jacques
Breton, Philippe Cachau, D. Wialatte, L'histoire de l'art pour les
nuls, First, 2007. - Les statues
grecques vous laissent de marbre? La visite d'un musée vous arrache des
bâillements d'ennui Les galeries d'art vous donnent de l'urticaire
et vous ne comprenez pas pourquoi des personnes apparemment saines d'esprit
sont prêtes à s'empoigner dans une salle de ventes pour acheter à prix
d'or un tableau qui ressemble à un dessin
d'enfant? L'art, pensez-vous, c'est un peu comme le polo ou les échecs
: pour s'y intéresser, il faut être ou très riche ou très intelligent.
Grâce
à cette édition luxe, enrichie de 180 illustrations couleurs, rien n'est
moins vrai. Faisant d'abord appel à la sensibilité, l'art n'est plus
réservé à une poignée d'élus! Tout le monde peut apprécier la beauté
d'un objet et le profane, armé de connaissances modestes, apprend vite
à affiner son goût.
Le
modeste objectif poursuivi par les auteurs de ce livre est d'offrir une
introduction à l'histoire de l'art afin d'inciter le lecteur à aller
plus loin, par la visite de musées ou la consultation d'ouvrages plus
pointus. L'Histoire de l'art pour les Nuls illustrée retrace les
principales étapes de la création artistique de façon claire et accessible.
Se tenant à l'écart des débats qui divisent les spécialistes, il se
propose d'évoquer la diversité des époques et des styles.
De
la préhistoire à nos jours en passant par l'Antiquité,
le Moyen Âge, la Renaissance,
l'époque classique, le XIXe et le XXe siècle, il parcourt toutes les
époques durant lesquelles l'art a fleuri, sans oublier le siècle qui
s'ouvre : l'aventure continue. (couv).
-
Claude
Leibenson, Le féminin dans l'art occidental, La Différence,
2007. -
Dans
la pensée occidentale, le féminin a été associé à l'idée de nature
et de mort. Nul commandement divin, nulle parole civilisatrice n'est venue
combattre cette notion, bien au contraire. À l'union du masculin et du
féminin, voie d'accès à l'éternité, succède aujourd'hui une autre
orientation : gommer la différence des sexes ou utiliser cette différence
comme un divertissement, métamorphoser le corps mortel en un outil performant.
L'amour tentait d'unir ce qui était séparé, la technique doit permettre
d'inventer un être autonome, libéré de la transcendance et des contraintes
que fait peser sur lui la nature, et capable d'atteindre seul l'immortalité.
Le déclin d'une civilisation se signale toujours par l'arrivée de courants
étrangers qui la traversent et l'ébranlent, par une exacerbation de la
violence et par une quête toujours renouvelée de plaisirs.
Si
les chercheurs ont analysé, avec perspicacité, les causes de la décadence
de Rome ou de Constantinople,
ils semblent refuser de voir que l'Occident se meurt du combat qu'il mène
contre ses propres symboles. L'art est, depuis plus d'un siècle, le témoin
et l'acteur de ce changement. Les happenings auxquels se réduisent le
plus souvent les « oeuvres » de certains artistes, de même que le cinéma
et la littérature, s'emploient à briser les tabous sur lesquels est bâtie
notre culture. Et les élites, à nouveau fascinées par la violence, qu'elle
ait un alibi artistique, religieux ou politique, regardent sans horreur,
parfois même avec complaisance, l'homme primitif, l'homme insensible Ã
la douleur qu'il provoque ou qu'il est censé ressentir, émerger de notre
monde quotidien sur la scène artistique. Cette avancée de la barbarie
annonce la fin de la civilisation et prépare l'avènement de l'homme futur,
libéré de l'Éthique, mais dépendant de la Technique, qui n'aura ni
nos valeurs ni notre mode de perception. L'image à travers laquelle nos
contemporains cherchent désespérément à approcher le réel, est la
porte qui lui ouvrira un monde nouveau, le monde virtuel. Si vaincre la
mort est un combat que les hommes ont mené depuis l'aube de la création,
une question reste cependant posée : pour la faire enfin disparaître,
ne nous faudra-t-il pas, simultanément, renoncer à la vie? (couv). |
|
|