| Bosphore. - Nom donné par les Grecs au détroit qui unit la mer Noire à la mer de Marmara (Propontide), étendu ensuite à celui qui unit les mers Noire (Pont-Euxin) et d'Azov (Palus Méotide); le premier était le Bosphore de Thrace et nous l'appelons encore Bosphore ; le second était le Bosphore Cimmérien, notre détroit de Caffa, Kertch ou Jénikalé. L'étymologie du mot Bosphore, passage du boeuf, était rattachée au mythe d'Io; c'est là que la princesse, transformée en vache, aurait passé la mer à la nage. Le Bosphore (de Thrace), Bogaziçi, en turc, est un détroit long de 27 kilomètres., large de 550 à 3200 m, profond de 27 en moyenne, orienté du Nord-Nord-Est au Sud-Sud-Ouest. C'est un véritable fleuve marin qui sépare l'Europe et l'Asie et mène à la Méditerranée près de 30 000 m3 d'eau par seconde; il est vrai qu'une partie doit être ramenée par un contre-courant. Le Bosphore déroule ses sinuosités entre deux rives à peu près parallèles où il creuse sept baies, chacune correspondant de l'autre côté à un promontoire. Le Bosphore de Thrace : la côte d'Europe et la côte d'Asie. A l'entrée, au Sud, se trouvent Istanbul, l'ancienne Constantinople (Byzance), en face Üsküdar, l'ancienne Chalcédoine; puis les superbes villas du sultan Dolmabahçe (Dolmabahçe Sarayi), Besiktas (Beschiktach) et Çiragan (Çiragan Sarayi, Tchiraghanseraï); l'ancien village d'Ortaköy (aujourd'hui absorbé par la métropole), en face de Beylerbeyi (Asie); puis, au point le plus resserré du bras de mer, les châteaux bâtis par Méhémet II, Rumeli Hisari (Roumeli-Hissar), côté européen, et Anadolu Hisari (Anadoli Hissar), sur la rive asiatique, la baie de Yeniköy, l'ancienne Therapia, où résidaient jadis les ambassadeurs de France et d'Angleterre, Büyükdere, au point le plus large. Au débouché se trouvent deux vieux châteaux génois : Rumelifeneri (Rôumeli Fener) et Anadolufeneri (Anadoli Fener), remplacés par des phares; au pied du premier, vers l'Europe, les Roches Cyanées, célèbres dans l'Antiquité; c'est là que Darius, marchant contre les Scythes, passa la mer; un peu au large, les Génois et les Vénitiens se livrèrent une grande bataille navale en 1352. Deux ponts suspendus traversent les Bosphore : le premier (appelé Pont du Bosphore ou, en turc, Bogaziçi Köprüsü), entre Ortaköy (Europe) et Beylerbeyi (Asie) a été inauguré en 1973; le second (Pont du Sultan Fatih, ou Fatih Sultan Mehmet Köprüsü) a été ouvert à la circulation en 1988 entre Hisarüstü (Europe) and Kavacik (Asie). Le Bosphore de Thrace, vu depuis l'espace.L'agglomération en occupe toute la partie occidendale. Au Nord, Istanbul proprement dite et la Corne d'or; au Sud, Üsküdar. Source : Nasa. Ci-dessous : Carte du Bosphore. Le Bosphore cimmérien. - Ce détroit, qui n'est d'ailleurs navigable qu'en été (la cavalerie de Mithridate le passa sur la glace), n'eut jamais l'importance de l'autre, quoique les vaisseaux grecs aient souvent été jusqu'à l'embouchure du Tanaïs (Don). Sur le détroit (rive occidentale) était la ville de Panticapée, capitale du royaume du Bosphore, fondé par les Grecs des deux côtés du Bosphore Cimmérien. Ce royaume comprenait presque toute la Crimée, allant jusqu'au Don du côté occidental; du côté oriental, ses limites étaient vagues. Outre Panticapée, on y signale la ville de Phanagoria sur l'autre rive. Fondée par les Milésiens, cette colonie grecque prospéra; les pêcheries de la mer d'Azov, la fertilité des pays voisins l'enrichirent; ce fut longtemps le grenier d'Athènes qui manquait de blé. L'histoire de ce petit royaume est mal connue et ignorée avant le Ve siècle. On commence la liste des rois avec Spartokos; elle se clôt avec Parisades Il qui, en 115, ne pouvant résister aux Scythes, céda son royaume au fameux Mithridate VI, roi de Pont. Celui-ci chassa les Scythes. Après sa mort, son fils Pharnace reçut de Pompée le royaume du Bosphore (63 av. J.-C.). Ce royaume continua de vivre sous la protection romaine jusqu'au IVe siècle de notre ère, où il disparut, conquis par les Goths, lors de l'invasion des Barbares. | |