| Novgorod (Veliki Novgorod = Grande Nouvelle Ville) - Ville de Russie, située à 182 kilomètres au Sud-Sud-Est de Saint-Pétersbourg, sur le Volkhov, cours d'eau qui relie les lacs Ilmen et Ladoga. Novgorod, fondé par des populations Slaves (Imen) dès le VIe siècle, se développa auprès de forts érigés sur le Volkhov : le premier, Gorodich, au bord du lac où il existait encore au XIIIe siècle, le second ensuite (d'où le nom de nouvelle ville) un peu plus bas. Les Scandinaves ou Varègues s'y établirent au IXe siècle; ils l'appelaient Holmgadr, et dès ce moment elle exerçait une sorte de suprématie sur les villes de la région des grands lacs. En 864, Rurik y fixa sa résidence. Elle continua d'appartenir au premier empire russe et d'être ainsi subordonnée à Kiev jusqu'à la fin du Xe siècle. Elle avait sauvegardé son autonomie municipale et obtint en 997, de son prince Iaroslav, une constitution qui dura cinq siècles et donna le gouvernement au vyetche ou conseil communal. Celui-ci élut les princes, que jusqu'en 1136 on choisit dans la famille régnante de Kiev ou dans une autre branche de la famille de Rurik. Ils étaient chefs militaires; le conseil, qui votait les dépenses, les expulsait en cas de conflit. La municipalité fut aussi divisée par les luttes entre l'aristocratie des grands marchands et la masse populaire. Enfin, comme le blé venait du pays de Sorzdal, les princes de cet Etat, qui s'appuyaient sur le petit peuple, firent plusieurs fois élire leurs parents à la principauté de Novgorod. Grâce à sa position sur le réseau fluvial et lacustre qui faisait communiquer l'intérieur de la Russie et les pays de la mer Noire avec la Scandinavie et l'Allemagne, assez au Nord pour être à l'abri des invasions asiatiques, Novgorod fut l'intermédiaire entre les Russes, l'Asie et l'Europe septentrionale et put maintenir son indépendance. En 1270, quand les Mongols (L'empire gengiskhanide) eurent asservi les princes du bassin de la Volga, elle refusa d'en accepter plus longtemps et confia le pouvoir exécutif à un maire électif (posadnik). Elle prenait le titre de « Souveraine Grande Novgorod » (Gospodin Veliki Novgorod). Le pouvoir dirigeant appartenait au conseil (vyetche). La ville, qui comptait bien 100 000 habitants (on dit même 400 000 au XIVe siècle ou la peste en emporta 134 000, mais ces chiffres doivent s'appliquer au territoire), était divisée en secteurs (kontsy) rayonnant du centre et subdivisés en rues (vlitsy), lesquelles correspondaient aux corporations professionnelles et s'administraient librement, élisant leurs prêtres, faisant leur police, réglant leur vie économique et leurs petites affaires judiciaires. Dans les corporations, on distinguait les marchands (gosti) des artisans. Par le Volkhov et la Néva on communiquait avec les ports de la Baltique; par le Dniepr, avec ceux de la mer Noire et Constantinople, et accessoirement, par la Volga, avec le reste de la Russie et les steppes turco-mongoles. Les relations se resserrèrent au XIIe siècle avec les négociants de Wisby et bientôt avec la Hanse. Novgorod fut le grand entrepôt de l'Europe du Nord-Est : le cuir, les fourrures, la cire, le suif, le lin, le chanvre de Russie s'y échangeaient contre les toiles, les draps, les objets métalliques, le plomb, le soufre, le vin, la bière, le parchemin, plus tard la poudre d'Allemagne et des Pays-Bas. Les gens de Novgorod marchands, et, à l'occasion, pillards, furent, par la chasse aux fourrures, entraînés de bonne heure vers les rivages de la mer Blanche; au XIe siècle, ils parcouraient la Nouvelle-Zemble. Ils colonisèrent le bassin de la Dvina septentrionale, et par la Volga, franchissant l'Oural, pénétrèrent en Sibérie. Les deux grandes colonies de Vologda et de Viatka, organisées sur le modèle de la métropole, "slavisèrent" la Russie septentrionale, tandis que des forts protégeaient les comptoirs du Zavolotchié (bassin de la Dvina). D'autres cités vassales (prigorody), dont les plus prospères furent Novyilorg (Turchok), Novaia, Ladoga, Pskov, grandirent dans la région des lacs. Pskov ne tarda pas à se rendre indépendante; les autres continuèrent de coopérer avec la grande république. Celle-ci sut se défendre contre les princes de Souzdal, puis contre les Scandinaves, Finlandais et les Allemands qui unissaient le prosélytisme religieux à la passion conquérante, mais furent battus à Ladoga (1240) et à Pskov (1242). Les Mongols s'arrêtèrent devant les marécages, mais leurs vassaux, les princes de Moscou, attaquèrent Novgorod qui paya aux khans un tribut, plus tard retenu en route par les princes moscovites. La république aida cependant ceux-ci contre les princes de Tver. L'alliance des Lituaniens lui permit de repousser une attaque de Moscou (1332). Mais au XVe siècle les dissensions intestines et les troubles civils livrèrent Novgorod à ses ennemis. En 1456, le grand prince de Moscou, Vasili Temnyi, appuyé par les boïards de la ville, lui impose un lourd tribut. Ivan III s'empare de ses colonies de la Kama et de Dvina, et, malgré une énergique résistance dirigée par Martha Posadnitza, il prend Novgorod (1475), abolit sa constitution, déporte 1000 familles riches qu'il remplace par des Moscovites. Ivan IV Ie Terrible achève le désastre; profitant des ravages de la peste, il prend prétexte d'une entente avec les Lituaniens pour entrer en campagne. La ville fut occupée sans résistance; les abbés des monastères furent bâtonnés à mort et Novgorod mise à sac; les boutiques détruites, les marchands et le clergé massacrés ou noyés par masses dans la rivière; on dit que 60 000 personnes furent égorgées (d'autres abaissent ce chiffre à 15 000). Les villages des environs eurent le même sort. Le butin fut emporté à Moscou. La famine acheva l'oeuvre des soldats. Les survivants furent transportés à Moscou, à Nijni-Novgorod et dans d'autres villes moscovites. La Grande Novgorod ne se releva pas de ce coup. Au XVIIe siècle, les Suédois l'occupèrent sept ans; elle tenta une fois encore, en 1650, de recouvrer sa liberté. Son rôle commercial passa bientôt à Saint-Pétersbourg (La Russie au XVIIIe siècle). Elle gardait encore quelque importance par sa situation sur la route fluviale de la Neva à la Volga et au Dniepr et sur la route de terre entre Saint-Pétersbourg et Moscou; mais l'ouverture du canal, qui du Ladoga mène directement à la Volga, et du chemin de fer de Moscou à Saint-Pétersbourg, qui passe à 75 kilomètres de Novgorod, ont consommé son effacement. - Monuments. La ville de Novgorod se divise en deux quartiers : gauche de la rivière, la ville officielle Sofiiskaia Storona avec le Kreml; à droite, la ville marchande Torgovaia Storona. Il subsiste 47 églises, parmi les centaines qu'elle posséda au temps de sa puissance; quelques-unes sont à 7 kilomètres. du centre. La principale est celle de Sophie, cathédrale dans le Kreml, édifiée en bois en 989, rebâtie en pierre, après incendie, par des architectes byzantins (1044-1054) sur le modèle de Sainte-Sophie. On y montre les reliques de plusieurs saints, métropolitains et anciens tsars, une image miraculeuse du Christ, qu'on fait remonter au XIe siècle, un autel chaldéen, des portes de bronze rapportées au XIIe siècle de la ville suédoise de Sigtuna et celles dites de Korssour datées de 1152-56. Une puissante muraille enveloppe le Kreml; elle remonte à 1302, fut agrandie en 1490. Dans cette vaste enceinte s'abritaient jadis quantité d'églises, de boutiques, de places ou l'on se réunissait, en particulier la cour d'Iaroslav, lieu d'assemblée du conseil communal (vyetché), dominée par la vieille tour d'Iaroslav où siégeait la chancellerie. Citons encore les églises de Nicolas (1135), Nicolo Dvoritchki (1113), Paraskevy-Piaenitza (1156), le monastère Saint-Antoine, celui de Iouriev, à 3 km au Nord de la ville, fondé en 1030 et somptueusement décoré. Un monument du millième anniversaire de l'État russe fut érigé par Mikiéchin en 1864.
| Marina Dédéyan, Les vikings de Novgorod (roman historique), 7 Art Editions, 2010. 2081237547 Vers 860, le chef viking Rourik embarque avec ses frères pour Novgorod. Quelles sont ses motivations réelles? Comment déjouera-t-il les complots qui se trament dans les recoins du kremlin? Qui a intérêt à raviver la haine entre les Slaves et les Scandinaves? Pourquoi Oumila, fille du prince régnant, s'obstine-t-elle à voir en Rourik un ennemi? Va-t-elle écouter les sages conseils de Viedma la sorcière? Comment la prophétie qui pèse sur ses épaules s'accomplira-t-elle? Sur la Terre Mère sacrée se dessine la tumultueuse histoire d'amour entre une Slave et un Viking qui donnera naissance à la Russie. (couv.). | | |