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L'histoire de l'Asie > Asie centrale et Sibérie > Civilisation des Steppes |
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Les
auteurs de l'Antiquité classique confondaient sous le nom de Scythes
plusieurs peuples, dont l'habitat s'étendait depuis la Roumanie actuelle
(peut-être même depuis la Bosnie et les Alpes) jusqu'au Pamir (entre
les Celtes et l'Inde, dit Ephore), à travers la Russie méridionale et
les steppes aralo-caspiennes. Considérés dans se sens élargi, les Scythes
peuvent s'identifier à certaines des populations à l'origine de ce que
les archéologues nomment la Civilisation des Steppes. Toutefois,
les auteurs qui ont le mieux décrit ces peuples, notamment Hérodote et
Hippocrate, distinguent les Scythes proprement dits ou les Scolotes, comme
ils se nommaient eux-mêmes, voisins immédiats du monde grec, d'avec les
Sarmates
ou Sauromates, vivant à l'Est de ceux-ci, et d'avec les Saées ou Saks
(Sakas) habitant plus à l'Est encore, dans le Turkestan actuel.
Les Scythes proprement dits occupaient du temps de Hérodote (Ve siècle) le pays situé entre le Tiarantos ou Atlas (Aluta actuelle, affluent gauche du Danube) à l'Ouest, et le Tanaïs (Don ou peut-être le fleuve actuel Molotchnaïa), tributaire de la mer d'Azov à l'Est Au Sud, leur limite était indiquée par le cours inférieur du Danube, depuis l'embouchure Je l'Aluta, et par la mer Noire; au Nord ils s'étendaient jusqu'aux pays des Agathyrces (Transylvanie?), des Neuri (bassin supérieur du Dniestr et du Boug), des Androphages et des Melanchlènes (rive droite du Dniestr jusqu'à la hauteur de Nikopol environ). En somme, ils occupaient la partie Est de la Valachie, presque toute la Moldavie, la Bessarabie, la Nouvelle-Russie (province de Kherson et Sud de la Podolie) et la Crimée, sauf le sud montagneux de cette presqu'île où se tenaient les Tauri sauvages. Dans ces limites, Hérodote reconnaît : 1° « des Scythes agriculteurs » dans les vallées du Dniestr et de Boug, tout près des pays des Neuri, ainsi que dans la basse vallée du Borysthène (Dniepr) et dans celle du fleuve Panticapée (Ingouletz actuel, d'après Brun);Les Scythes sont mentionnés pour la première fois dans la littérature hésiodique (IXe-VIIe siècles av. J.-C.); mais l'on a cru, dès l'Antiquité, devoir les reconnaître dans le passage de l'Iliade ou Zeus, perdant de vue les Grecs et les Troyens, tourne ses regards vers la terre des Thraces et voit près d'eux d'abord les Mysiens (c.-à -d. les habitants de la Mésie au Sud du Danube), ensuite les « peuples qui traient les juments pour se nourrir de leur lait ». Prenant pour base cette donnée, Arbois de Jubainville fait remonter au Xe et même au XVe siècle av. J.-C. l'arrivée des Scythes en Europe. D'après Hérodote, ils y seraient venus à la suite d'une guerre avec les Massagètes, qui a eu pour théâtre le pays arrosé par l'Oxus. La culture scytheLe mode de vie nomade.Le trait saillant de la vie nomade (alimentation avec le lait de jument) est rapporté dans toutes les descriptions des Scythes, qui, en majorité, étaient en effet nomades et bons cavaliers. « Ils (les Scythes) sont appelés nomades, dit Hippocrate (Ve siècle av. J.-C.), parce qu'ils n'ont pas d'habitation fixe, et qu'ils demeurent dans des chariots. Les plus petits de ces chariots ont quatre roues, les autres en ont six; ils sont fermés avec du feutre et construits comme des maisons; les uns n'ont qu'une chambre, les autres en ont trois; ils sont impénétrables à la pluie, à la neige et au vent; ils sont traînés les uns par deux, les autres par trois paires de boeufs sans cornes; c'est le froid qui en prive ces animaux. Les femmes demeurent dans ces chariots; les hommes les accompagnent à cheval, suivis de leurs moutons, de leurs vaches et de leurs chevaux. Ils demeurent dans le même lieu tant que le fourrage y suffit à la nourriture de leurs bestiaux; quand tout est consommé, ils se transportent ailleurs. Ils mangent des viandes cuites et boivent du lait de jument; ils font aussi avec, ce lait du fromage. »Hippocrate ajoute que les Scythes portent des pantalons, et il trouve à ce vêtement, au point de vue de l'hygiène, des inconvénients aussi graves qu'étranges. Les Scythes étaient des cavaliers hors pairs et sont considérés comme les premiers véritables guerriers à cheval de l'histoire. Leur cavalerie leur conférait une mobilité et une puissance redoutables sur le champ de bataille, faisant d'eux l'une des forces militaires les plus redoutées de leur époque. L'arc composite scythe était une arme de choix, fait de bois, de corne, et de tendons, lui permettant de délivrer des flèches avec une grande force et précision. Cette arme était particulièrement adaptée pour le combat à cheval. Les Scythes pratiquaient des tactiques de guérilla, harcelant leurs ennemis avec des flèches depuis leurs montures avant de s'éclipser rapidement. Cette technique de combat mobile et leur excellente maîtrise de la cavalerie les rendaient difficiles à vaincre pour les armées sédentaires. En plus des arcs, les Scythes utilisaient des épées courtes, des poignards, et des lances. Ils portaient souvent des armures en cuir ou en métal, et leurs boucliers étaient parfois ornés de motifs animaux et de symboles religieux. Art et artisanat
scythes.
Les Scythes étaient d'habiles orfèvres. Ils produisaient des bijoux, des fibules, des plaques, et des accessoires d'armement en or, en bronze, et en fer. Beaucoup de ces objets sont retrouvés dans des sépultures, prouvant le rôle important de l'orfèvrerie dans leur société. L'art scythe montre aussi des influences des cultures voisines, comme celles des Grecs, des Perses et des populations de l'Oural. Les artisans grecs produisaient même des objets dans le style scythe, adaptés aux goûts des élites scythes, illustrant des échanges culturels et commerciaux entre les deux civilisations. Religion et pratiques
funéraires.
Les Scythes croyaient que des forces spirituelles habitaient dans la nature, comme les montagnes, les rivières et les arbres. Ils adoraient des divinités liées aux éléments naturels et aux phénomènes célestes. Par exemple, le ciel était considéré comme une entité divine importante, et certains auteurs antiques décrivent les Scythes comme rendant hommage à des forces célestes. Parmi les divinités principales, un dieu du ciel, souvent appelé Tabiti par Hérodote, semble avoir joué un rôle central. Ce dieu était peut-être une figure féminine associée à la fertilité et à la protection, dans le cadre d'un panthéon plus vaste. Certaines traces suggèrent aussi des divinités liées au soleil et à la guerre. Le culte comprenait le dépôt d'offrandes sous forme d'animaux étranglés, principalement des chevaux. Le dieu de la guerre (auquel Hérodote donne le nom grec d'Arès) avait des lieux spéciaux d'adoration, soit un tertre, soit une sorte d'autel formé de bûches de bois et de fagots, au sommet desquels était plantée une antique épée de fer. C'est là qu'on immolait non seulement des animaux, mais encore des humains. Hérodote rapporte que, pour honorer leurs dieux, les Scythes sacrifiait des prisonniers de guerre. Chaque centaine de prisonniers devait fournir un homme auquel on tranchait les bras pour arroser avec le sang de la blessure l'épée sacrée. . Parfois en les brûlant vivants dans des rites accompagnés de festins. Cela faisait partie d'une pratique religieuse visant à apaiser les divinités et à garantir la prospérité de leur peuple. Les Scythes croyaient en la présence spirituelle de leurs ancêtres, et ils leur rendaient hommage à travers des rituels funéraires élaborés. A la mort d'un Scythe, son cadavre était promené pendant quarante jours à travers les campements de tous les voisins, ce qui était un prétexte pour des fêtes. Les corps des rois défunts étaient embaumés et promenés par toutes les tribus soumises : au passage de ce cortège funèbre, les habitants coupaient leurs cheveux ou une partie de l'oreille, et se faisaient les blessures au nez, aux épaules, aux mains, etc. Après, la tournée mortuaire, le cadavre royal était amené dans le pays de Gerros (probablement au Sud de l'estuaire du Dniepr) où il était enterré dans une tombe quadrangulaire, ensemble avec l'une des épouses du roi et un grand nombre de domestiques et de chevaux qu'on immolait sur la tombe. Un an après cette cérémonie, une nouvelle hécatombe de cinquante servants avait lieu, et leurs cadavres placés sur des carcasses de chevaux tués, soutenus par des perches, étaient censés monter la garde autour de la sépulture royale. Les Scythes enterraient leurs chefs et leurs guerriers dans des kourganes (tumulus funéraires), contenant des objets de grande valeur, des armes, et parfois des chevaux sacrifiés. Ces tombes montrent la croyance en une vie après la mort et sont souvent ornées d'objets en or, preuve du prestige des individus enterrés. La classe sacerdotale était composée de prêtres et de chamanes. Ces derniers jouaient un rôle clé dans les cérémonies religieuses, et ils étaient responsables des sacrifices et des prières. Hérodote décrit un groupe de prêtres appelé les Enariens ou Anariens, qui étaient des chamanes, que l'on croyait parfois en possession de pouvoirs divinatoires et guérisseurs. Les Enariens étaient censés impotents et comme tels devaient porter des vêtements féminins et parler d'une voix de femme. De là , chez certains auteurs, les généralisations sur le type efféminé des Scythes ou sur la fréquence des hommes impotents parmi eux (Maladie des Scythes). Ceci dit, lLes femmes jouissaient l'une certaine considération. La légende veut même que les Sarmates descendent des femmes-cavalières ou Amazones, auxquelles on pratiquait l'ablation du sein droit pour ne pas gêner le tir à l'arc. Les Scythes ont aussi été influencés par d'autres cultures religieuses, notamment les Perses, avec qui ils ont eu des contacts. Par exemple, certaines divinités scythes montrent des similitudes avec les dieux du panthéon perse. Cela montre des échanges culturels et religieux au fil du temps. (J. Deniker). |
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