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 L'histoire de l'Asie
L'histoire de l'Asie Centrale
et de la Sibérie
L'Asie centrale

L'Asie centrale est située au carrefour de grandes civilisations (perse, chinoise, indienne, européenne) et a été un point de convergence pour des échanges culturels, commerciaux et religieux. La Route de la Soie, un réseau de routes commerciales reliant la Chine à la Méditerranée, a traversé cette région, facilitant les échanges de marchandises (soie, épices, pierres précieuses), mais aussi d'idées, de technologies et de croyances religieuses, notamment le bouddhisme, l'islam, le christianisme et le zoroastrisme.

L'Asie centrale est historiquement divisée entre les peuples nomades des steppes et les civilisations sédentaires des oasis. Les cités-oasis comme Samarcande, Boukhara et Merv sont devenues des centres de savoir et de commerce pour les civilisations sédentaires, tandis que les nomades, notamment les Scythes, les Huns, les Türks, et plus tard les Mongols, ont joué un rôle central en raison de leur mobilité et de leur puissance militaire. 

En raison de sa situation géographique stratégique, l'Asie centrale a été le théâtre de nombreuses invasions. Les Perses, les Grecs sous Alexandre le Grand, les Arabes, les Türks, les Mongols de Gengis Khan, et plus tard les Russes, ont tous tenté de contrôler cette région. Chaque invasion a apporté des influences nouvelles et a souvent entraîné des changements dans la structure politique et culturelle, bien que les populations locales aient généralement maintenu un certain degré d'autonomie ou de résistance face aux envahisseurs.

À partir du VIIe siècle, les invasions arabo-musulmanes ont introduit l'islam, qui est devenu la religion dominante en Asie centrale et a profondément influencé la culture, l'architecture, et les systèmes juridiques locaux. L'influence de la culture persane a également été très forte, notamment dans les langues, la littérature et les arts. Des empires türks, comme les Samanides (Les Dynasties musulmanes) et les Ghaznévides, ont adopté le persan comme langue de cour et de culture.Les Turcs et les Mongols ont fondé plusieurs empires qui ont marqué l'histoire de l'Asie centrale et de régions voisines, tels que l'Empire seldjoukide, l'Empire timouride, et plus tard l'Empire moghol en Inde.  Ces empires ont favorisé un mélange d'influences culturelles et ont souvent servi de lien entre les civilisations de l'Est et de l'Ouest, contribuant ainsi au développement d'une culture cosmopolite propre à l'Asie centrale.

À partir du XIXe siècle, l'Empire russe a progressivement annexé les khanats de l'Asie centrale (Kokand, Boukhara, Khiva) dans le cadre de son expansion vers le sud. Après la Révolution russe de 1917, la région est passée sous domination soviétique et a été divisée en républiques socialistes soviétiques. La période soviétique a transformé l'Asie centrale sur les plans économique et social (collectivisation, industrialisation forcée, répression des religions et des traditions locales), mais elle a aussi laissé des infrastructures et un héritage culturel complexe qui perdure encore aujourd'hui. En 1991, avec l'effondrement de l'URSS, les pays d'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Tadjikistan et Turkménistan) ont obtenu leur indépendance. Depuis, ils ont cherché à affirmer leur identité nationale et à construire des États modernes tout en faisant face à des défis économiques, politiques et sociaux.

Sédentaires et nomades.
Dès l'Âge de Bronze, les cultures des oasis et les cultures nomades ont été les moteurs du développement des civilisations d'Asie centrale. Ces deux types de sociétés, à la fois antagonistes et complémentaires n'ont cessé d'être en interaction ont donné son caractère et sa richesse richesse culturelle à la région.

• Les cultures des oasis. - Les oasis (comme ceux du désert du Taklamakan, de Bactriane ou de Sogdiane) sont des lieux fertiles entourés de zones désertiques, où l'eau est disponible grâce aux nappes phréatiques, aux sources ou à l'irrigation. Pendant l'Âge du bronze et l'âge du fer, les oasis devinrent des centres vitaux de peuplement, d'agriculture, de commerce et d'interaction culturelle. Les habitants des oasis cultivaient des céréales, des fruits et des légumes, et ils utilisaient des systèmes d'irrigation pour maximiser la production agricole dans un environnement aride. Les oasis jouaient un rôle stratégique dans les réseaux commerciaux, notamment sur la Route de la Soie. Elles servaient de points d'arrêt pour les caravanes, facilitant le commerce de biens comme les métaux, les épices, les pierres précieuses, et les produits agricoles. Les populations des oasis développaient des arts et des artisanats spécifiques, tels que la poterie, la joaillerie et le textile. Le contact avec les nomades enrichissait leur culture par l'introduction de nouveaux styles artistiques, motifs et techniques.

• Les cultures nomades. - Les nomades  (les Andronovo, les Scythes, les Saces, les Yuezhi, les Xiongnu, les Huns, etc.), quant à eux, vivaient en dehors des oasis dans des zones plus arides ne leur permettant pas d'accéder à des ressources stables, et devait se déplacer pour survivre. Ils élevaient des animaux tels que les chevaux, les chameaux, les moutons et les chèvres, adaptés aux déplacements en terrains difficiles. La mobilité leur permettait de suivre des parcours saisonniers, optimisant ainsi les ressources naturelles pour leurs troupeaux. Ces groupes avaient des interactions fréquentes avec les sociétés sédentaires des oasis. Ils échangeaient des produits d'élevage (lait, viande, cuir) contre des céréales, du métal et des biens de luxe. En retour, ils contribuaient à la sécurité et à la circulation des marchandises en tant que guides ou protecteurs des caravanes.

Les nomades apportaient des techniques de tissage, de métallurgie, et des styles artistiques qui enrichissaient les arts des sociétés sédentaires des oasis. En retour, les nomades bénéficiaient de produits agricoles et de biens artisanaux qu'ils n'auraient pas pu produire eux-mêmes. Les oasis et les routes parcourues par les nomades formaient un réseau de routes commerciales à travers les déserts et les steppes. Les alliances entre les cités-oasis et les tribus nomades étaient courantes en Asie centrale.

Les culture de l'Âge du bronze. 
L'Âge du Bronze correspond à l'époque où ont été développées des techniques de métallurgie avancées pour le cuivre, l'étain et le bronze. Les premières populations sédentaires d'Asie centrale apparaissent autour de 2000 avant JC, favorisées par les oasis des vallées fluviales et des bassins lacustres. Ces civilisations des oasis ont mis en oeuvre des techniques d'irrigation, qui ont permis de cultiver des céréales, des fruits et des légumes dans un environnement aride. Ces régions sont également habitées par des peuples nomades, qui se déplacent avec leurs troupeaux et utilisent des chariots. Ils ont été parmi les premiers à domestiquer le cheval, un atout stratégique majeur. Les uns et les autres ont évolué avec des contacts étroits entre elles et avec d'autres grandes civilisations contemporaines de Mésopotamie, de l'Inde, et de l'Iran, et ont contribué à l'émergence d'une culture riche et diversifiée. 

La culture de Namazga.
Située dans le sud du Turkménistan, la culture de Namazga (3000-2000 avant notre ère) est l'une des premières civilisations de l'oasis. Cette culture est caractérisée par des agglomérations organisées avec des maisons en brique crue et des espaces publics, signe d'une société stratifiée. Les habitants maîtrisaient la métallurgie du bronze, produisant des outils et des armes sophistiqués. On retrouve aussi des poteries décorées, certaines de grande taille.La culture de Namazga a eu des échanges fréquents avec la vallée de l'Indus, ce qui est attesté par la présence de sceaux et de céramiques similaires.

La culture de Bactriane-Margiane.
La culture de Bactriane-Margiane (2300-1700 avant notre ère) ou Complexe Archéologique de Bactriane-Margiane (CABM, également désignée sous l'acronyme BMAC pour Bactria-Margiana Archaeological Complex) est l'une des plus importantes civilisations de l'âge du Bronze en Asie centrale. Elle a subi l'influence de la culture Namazga qui l'a précédée et était centrée sur les oasis de Margiane  (~3000 av. JC) et de Bactriane (~2500 av. JC). 

• Margiane (Merv). -  Située au sud du Turkménistan, la Margiane est l'une des premières civilisations des oasis en Asie centrale. Cette culture a construit des grandes fortifications et ses canaux d'irrigation qui ont permis une agriculture prospère. Les habitants de la Margiane ont également développé des techniques de métallurgie avancées.

• Bactriane (Bactres). - Située au nord de l'Afghanistan et au Tadjikistan, la Bactriane était une région riche en minéraux et en métaux, ce qui a favorisé le développement de la métallurgie. Les habitants ont également développé des techniques agricoles avancées grâce à l'utilisation de systèmes d'irrigation complexes.

La culture de Bactriane-Margiane se signale par ses villes fortifiées, comme Gonur Tepe, avec des temples et des résidences en brique crue. On trouve de nombreux artefacts en bronze et en or, avec des représentations d'animaux et de divinités. Des objets rituels suggèrent une religion élaborée et un riche panthéon. L'économie reposait sur une agriculture irriguée (blé, orge) et l'élevage de bétail (ovins et bovins). La région entretenait des relations commerciales avec les cultures de la vallée de l'Indus, l'Iran et la Mésopotamie, comme en témoignent les objets exotiques et les échanges culturels.

La culture de l'Oxus.
La Culture de l'Oxus (ou Complexe Archéologique de Bactriane-Margiane élargi)
Cette culture, parfois vue comme une extension ou une composante de la précédente, se développe principalement le long du fleuve Oxus (aujourd'hui Amou-Daria). Elle se distingue par des établissements permanents et fortifiés, avec des constructions massives et des tombes élaborées. On retrouve une abondance d'objets en bronze, céramiques peintes, et bijoux, qui témoignent d'un artisanat raffiné et de la production de biens de prestige. Les sites montrent des indices d'interactions avec des peuples des montagnes du Pamir et du plateau iranien, ainsi que des échanges à longue distance.

La culture de la Sogdiane.
La culture de la Sogdiane (Ouzbékistan et nord-ouest du Tadjikistan, autour de Samarcande et Boukhara) date du ébut de l'Âge du bronze ( vers 2000 av. JC). La Sogdiane était un carrefour commercial important entre l'Asie centrale et l'Asie occidentale. Les habitants de Sogdiane ont développé des techniques de tissage et de poterie avancées, ainsi que des systèmes d'irrigation sophistiqués.

La culture de Chach.
Située au nord-ouest de l'Ouzbékistan (Khwarezm), la culture de Chach ( vers 2000 av. JC). était une civilisation basée sur l'agriculture et l'élevage. Les Chach ont développé des techniques d'irrigation pour cultiver des céréales et des fruits dans un environnement aride. Ils ont également produit de la poterie et des tissus.

La culture de Ferghana.
La culture de Ferghana (Farg'ona) s'est épanouie  dans la région de Kokand vers 2000 av. JC  au sud de l'Ouzbékistan, dans une était une région riche en minéraux et en métaux, ce qui a favorisé le développement de la métallurgie. Les habitants ont également développé des techniques agricoles avancées grâce à l'utilisation de systèmes d'irrigation.

Culture de l'Altaï central.
Située dans la région de l'Altaï central, dans le sud du Kazakhstan et le nord du Kirghizstan, la culture de l'Altaï central (de 2000 à 1000 av. JC environ.) était centrée sur les oasis et les vallées des rivières, où les populations pratiquaient l'agriculture et l'élevage. Elles ont développé des techniques avancées pour l'irrigation et la conservation des eaux. La culture de l'Altaï central a été influencée par les civilisations voisines, notamment celles de la steppe et de la Chine. Elle a produit des objets en bronze, en or, et en argent, ainsi que des poteries et des textiles.

La culture d'Andronovo.
La culture d'Andronovo (2000-900 avant notre ère) correspond à un ensemble de cultures indo-européennes qui occupaient les steppes du Kazakhstan, de la Sibérie occidentale, et une partie de l'Ouzbékistan. Les sites d'Andronovo sont caractérisés par des habitations semi-enterrées, des tumulus funéraires et des objets en bronze, notamment des armes et des outils. Basée sur l'élevage nomade (chevaux, bovins) et l'agriculture à petite échelle. L'utilisation de charrettes et de chars y était répandue, un élément notable de leur culture matérielle. Les sites funéraires révèlent des pratiques mortuaires élaborées, avec des restes de chevaux enterrés aux côtés des humains, ce qui est lié à des croyances religieuses complexes et probablement proto-indo-iraniennes. 

La culture de Tazabagyab.
La culture de Tazabagyab (1600-1200 avant notre ère) se situait dans le bassin de l'Amou-Daria, principalement dans le sud du Kazakhstan et le nord de l'Ouzbékistan. Ses populations étaient à la fois sédentaires et semi-nomades, développant une agriculture irriguée tout en pratiquant l'élevage dans les steppes.Les tombes de Tazabagyab, souvent de forme circulaire, révèlent des rituels spécifiques. On y trouve des objets en bronze, des céramiques, et des bijoux. Cette culture montre des éléments de transition entre les traditions sédentaires des oasis et les coutumes des pasteurs nomades, marquant un point de contact et de fusion entre ces modes de vie.

Autres exemples.

• La culture de Seima-Turbino s'est développée autour de 1800-1500 av. JC dans la région de l'Oural et de la Sibérie occidentale. Les découvertes les plus notables liées à cette culture sont les statues en pierre et les pointes de flèche en bronze.

• La culture de Petrovka s'est développée autour de 2100-1750 av. JC dans le sud de la Sibérie et l'ouest du Kazakhstan. Elle est connue pour ses tombes monumentales et ses objets en bronze.

• La culture d'Afanasevo, localisée dans les régions du sud de la Sibérie et du nord de la Mongolie, montre des similitudes avec les cultures de la steppe pontique, ce qui suggère des migrations ou des influences culturelles depuis l'ouest. Elle est notée pour ses pratiques funéraires, dont des kourganes (tombeaux en tumulus), et pour son utilisation précoce du bronze.

• Les cultures de la céramique cordée et de la céramique globulaire, bien qu'elles soient plutôt associées à l'Europe de l'Est et du Nord, ont eu des extensions ou des influences dans les parties occidentales de l'Asie centrale. Ces cultures se signalent par leur poterie décorée de motifs cordés ou globulaires et sont liées à l'expansion des populations de langues indo-européennes.

L'Âge du fer et les royaumes nomades.
L'Âge du fer en Asie centrale s'étend approximativement entre 1000 et 300 av. JC. La métallurgie du fer, nécessitait des températures plus élevées et des techniques différentes, mais elle a permis la création d'outils et d'armes plus durables et efficaces que ceux en bronze et a permis une évolution dans les structures sociales, avec l'émergence de chefs plus puissants, la stratification sociale et l'expansion des réseaux commerciaux. Les royaumes nomades, en particulier, comme les Scythes, les Saces et les Parthes, ont non seulement dominé les vastes steppes, mais aussi influencé les civilisations voisines et contribué à la formation des premières routes commerciales intercontinentales, telles que la route de la soie. Leur influence se fait sentir au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Europe, et ils ont joué un rôle clé dans la transmission des cultures et des savoirs. Les croyances religieuses de ces peuples étaient polythéistes, avec une vénération particulière pour les divinités liées à la guerre et à la nature, en particulier les divinités du ciel, du feu, et de la terre. Les sacrifices, notamment les sacrifices de chevaux, étaient fréquents dans les rites funéraires et militaires. Les Scythes et les Parthes, par exemple, partageaient des croyances communes liées à la culture iranienne et aux traditions zoroastriennes.

Les Scythes.
Les Scythes sont un groupe de peuples indo-européens qui dominent les steppes eurasiennes et l'Asie centrale durant une grande partie de l'Âge du Fer (1000 - 500 avant JC). Ils sont les héritiers de la culture de l'Andronovo et des peuples de la région des steppes. Les Scythes étaient nomades, principalement éleveurs de chevaux, et étaient renommés pour leur cavalerie. Leur mode de vie était caractérisé par des migrations saisonnières, vivant dans des tentes mobiles, mais ils entretenaient aussi des liens commerciaux avec des sociétés plus sédentaires. Leur société était organisée en tribus guerrières, dirigées par des chefs qui devaient maintenir l'unité à travers des alliances et des guerres de domination. Les Scythes ont maintenu des relations commerciales avec des cultures comme la Mésopotamie, l'Iran et la Chine. Ils sont aussi mentionnés dans les écrits des historiens grecs anciens, qui les considéraient comme un peuple redoutable. Leur présence était aussi importante dans les guerres contre l'Empire perse. 

Les Saces et l'extension de l'Empire des Saces.
Les Saces (VIIe siècle av. JC - IIIe siècle ap. JC) sont un autre groupe nomade important qui succède aux Scythes et qui joue un rôle important dans l'Asie centrale et au-delà. C'était un peuple d'origine iranienne qui se distinguait par son extension vers l'est de l'Asie centrale, mais aussi vers l'Inde et la Perse. Le royaume des Saces a été particulièrement puissant au nord-ouest de l'Inde et en Asie centrale, dans les régions qui sont aujourd'hui le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. Les Saces ont fréquemment été impliqués dans des conflits avec les empires voisins, notamment l'Empire perse, avec lequel ils ont eu de nombreuses confrontations. Leur cavalierie était d'une grande efficacité, et les Saces jouaient un rôle de plus en plus influent dans la politique du Moyen-Orient au fur et à mesure de l'expansion de leur empire.

Les Massagètes.
Les Massagètes (VIe s. av. J.-C. au IIIe s. ap. JC) étaient une tribu nomade apparentée aux Scythes et aux Saces, qui vivait dans les régions actuelles du Kazakhstan et du Turkménistan. Ils étaient connus pour leurs compétences en équitation et en guerre, ainsi que pour leur utilisation de la technologie du fer. Leurs tombes, riches en armes et en objets en métal, témoignent de leur importance dans la région. Ils ont été impliqués dans le commerce avec les civilisations voisines et aussi dans des conflits avec les empires voisins, notamment l'Empire perse.

Les Parthes.
Les Parthes  (IIIe siècle av. JC. - IIIe siècle ap. JC) sont issus d'un groupe de nomades iranophones et font partie des peuples indo-iraniens qui ont migré dans la région du Khorassan (actuel Iran nord-est). Ils forment le noyau d'un empire qui va un jour rivaliser avec l'Empire séleucide et l'Empire romain. Les Parthes ont été à l'origine des Parthes Arsacides, une dynastie fondée par Arsace I vers 250 avant J.-C. Les Parthes étaient initialement un groupe tribal nomade, mais au fur et à mesure de leur installation en tant que royaume, ils ont adopté des structures politiques plus complexes. Ils ont établi un système féodal dans lequel des chefs tribaux locaux maintenaient un pouvoir autonome, mais étaient soumis à l'autorité d'un roi central. La culture parthique est marquée par des influences iraniennes et hellénistiques, après la chute des Grecs séleucides en Iran.

Les Indo-Parthes.
Les Indo-Parthes (Ier siècle av. JC au IIIe siècle ap. JC.) étaient une dynastie qui a régné sur le du nord-ouest de l'Inde et une partie de l'Asie centrale.  Ils étaient également impliqués dans le commerce et les interactions culturelles avec les civilisations voisines. Leur art et leur architecture montrent une influence mixte de la culture indienne et parthe.

Les Kangju.
Les Kangju (VIIe siècle av. JC - IIIe siècle ap. JC) étaient un groupe de tribus nomades vivant dans l'ouest de l'Asie centrale, près de l'actuel Kazakhstan, et qui ont aussi développé des compétences en métallurgie du fer. Ils ont été impliqués dans des conflits avec les empires voisins, notamment les Xiongnu et les Han chinois. Les Kangju ont également été impliqués dans le commerce entre l'Asie centrale et la Chine.

Les Xiongnu.
Associés à la Mongolie et à la Chine du Nord, les Xiongnu ont aussi exercé une influence sur l'Asie Centrale, notamment après leur déplacement vers l'ouest suite à la pression des Han. Ils ont établi des confédérations nomades puissantes et ont eu des interactions complexes avec les empires sédentaires.

Les Yuezhi.
Principalment llocalisés dans les régions occidentales de la Chine, les Yuezhi ont été déplacés vers l'ouest par les Xiongnu. Après leur migration, ils ont établi le royaume kouchan dans le nord de l'Inde et l'Afghanistan actuel, jouant un rôle dans la diffusion du bouddhisme et le commerce sur la Route de la Soie.

Les Tokhariens.
Présents dans les oasis de la région du bassin du Tarim, les Tokhariens (ou peuples de langue tokharienne),  bien qu'ils aient vécu dans une région largement dominée par les cultures nomades,  bien qu'ils aient vécu dans une région largement dominée par les cultures nomades, ont développé des cultures sédentaires avec des influences indo-européennes.

Des Achéménides aux Mongols.
L'Asie centrale pendant l'Antiquité.
Au VIe siècle av. JC, l'Empire perse achéménide s'étend jusqu'en Asie centrale, intégrant des régions comme la Sogdiane (autour de Samarcande) et la Bactriane (autour de Balkh). Les Perses bâtissent des infrastructures et favorisent le commerce le long des routes de la soie naissantes. En 329 avant J.-C., Alexandre conquiert l'Empire achéménide et pénètre en Asie centrale. Il fonde plusieurs cités (dont Alexandrie d'Oxus) et encourage la fusion culturelle gréco-iranienne. Sa mort marque cependant le déclin de cette domination.

Après Alexandre, ses généraux se partagent ses terres. La Bactriane devient un royaume grec indépendant, qui s'étend même jusqu'à l'Inde du Nord. Ces Grecs de Bactriane maintiennent un commerce actif et développent un art influencé par les styles grecs et iraniens. Vers le Ier siècle après JC, les Yuezhis, un groupe nomade d'origine asiatique, s'établissent dans l'Asie centrale et fondent l'empire Kouchan, qui prospère sur les routes de la soie. Les Kouchans, bouddhistes et tolérants, favorisent la propagation du bouddhisme vers la Chine et soutiennent un grand développement artistique.

Le Haut Moyen âge.
À partir du IIIe siècle, l'Asie centrale subit de nouvelles vagues d'invasions de peuples nomades. Les Huns et les tribus apparentées (Hephatlites, Huns blanc) envahissent et dominent certaines régions. Les Hephtalites s'installent dans la Bactriane et menacent les empires voisins. En parallèle, la dynastie chinoise Han tente de sécuriser les routes de la soie, entrant en conflit avec certains groupes nomades et influençant politiquement l'Asie centrale, en particulier avec la création de comptoirs et de garnisons dans les oasis.

La dynastie perse des Sassanides (IIIe-VIIe siècles) et les populations turques ont également un impact majeur sur l'Asie centrale. L'empire perse des Sassanides contrôle la Bactriane et renforce la frontière contre les nomades. Ils développent des échanges commerciaux avec les Byzantins et la Chine, mais doivent aussi résister aux invasions turques.  Vers le VIe siècle, les Göktürks (Türks bleus) fondent un grand khanat qui s'étend des steppes mongoles jusqu'à la mer Caspienne. Ces Türks sont les premiers à dominer une grande partie de l'Asie centrale, ouvrant la voie à d'autres puissances turques, comme les Ouïghours, plus tard installés dans le Xinjiang.

L'expansion de l'Islam.
Au VIIIe siècle, les armées du califat omeyyade pénètrent en Asie centrale. La ville de Samarcande est conquise, et les Omeyyades puis les Abbassides islamisent progressivement la région. La religion musulmane s'étend lentement, adoptée d'abord par les élites sogdiennes et bactriennes, puis par les populations nomades turques. Au IXe siècle, la dynastie musulmane des Samanides, d'origine persane, gouverne depuis Boukhara et instaure un âge d'or culturel. Les Samanides soutiennent les arts, les sciences, et font de leur capitale un centre intellectuel.

Des khans türkss convertis à l'islam, les Qarakhanides, dominent la Transoxiane (région entre l'Amou-Daria et le Syr-Daria) au Xe siècle. Ils jouent un rôle clé dans l'islamisation des populations turques. Les Ghaznévides et les Seldjoukides, deux dynasties, également turco-persanes, contrôlent ensuite de vastes territoires en Iran, Afghanistan et Asie centrale, où elles contribuent à la diffusion de la culture persane et musulmanes. Elles aussi favorisent le commerce, les arts, et la connaissance.

L'expansion mongole et ses prolongements.
L'empire de Gengis Khan.
À partir de 1219, Gengis Khan lance ses troupes en Asie centrale, détruisant les puissants royaumes qui s'y trouvaient, notamment l'Empire Khwarezmien. La rapidité et la brutalité de la conquête mongole redéfinissent l'organisation politique et culturelle de la région. Sous Gengis Khan et ses successeurs, l'Asie centrale devient une partie de l'immense empire mongol, qui favorise les échanges commerciaux et culturels grâce à la paix et à la sécurité qu'il impose sur les routes de la soie. Les Mongols construisent des infrastructures, établissent des relais de poste et facilitent la circulation des marchandises, des idées et des technologies entre l'Orient et l'Occident.

Les khanats mongols. 
Après la mort de Gengis Khan et plus tard de son petit-fils Kubilai Khan, l'empire mongol est divisé en plusieurs khanats (XIIIe-XIVe siècles). En Asie centrale, le khanat de Djaghataï s'établit et domine la région, qui connaît une relative prospérité. Bien que les Mongols aieent eu initialement une religion chamanique, plusieurs dirigeants des khanats adoptent l'islam. Le khanat de Djaghataï, en particulier, se convertit progressivement, ce qui favorise la diffusion de la culture et des arts musulmans dans toute la région.

L'Empire de Tamerlan (Timourides).
Tamerlan (Timour Leng) est un chef militaire turco-mongol qui se proclame héritier de Gengis Khan et entreprend de reconstituer l'empire mongol. Il conquiert une grande partie de l'Asie centrale, du Moyen-Orient, de l'Iran, et jusqu'à l'Inde, en établissant sa capitale à Samarcande. Sous Tamerlan et ses successeurs, Samarcande devient un centre culturel majeur, avec des réalisations architecturales remarquables (comme la mosquée de Bibi Khanoum et le mausolée Gour Emir). La période timouride (XIVe-XVIe s.) est caractérisé par le développement des sciences, de l'art et de la poésie, grâce au mécénat des dirigeants.

Les khanats ouzbeks.
Après la chute des Timourides, plusieurs khanats ouzbeks, comme ceux de Boukhara, Khiva, et Kokand, émergent en Asie centrale. Ces khanats sont fréquemment en conflit, mais ils continuent d'entretenir le commerce et la culture musulmane. L'ouverture de nouvelles routes maritimes par les Européens dans l'océan Indien au XVIe siècle affaiblit considérablement l'importance des routes de la soie terrestres. L'Asie centrale, autrefois prospère grâce au commerce, connaît un déclin économique.

L'Asie centrale dans le giron russe. 
L'expansion de la Russie.
À partir du XVIIIe siècle, l'Empire russe commence à étendre son influence vers le sud, attiré par les ressources et la position stratégique de l'Asie centrale. Cette expansion s'accélère au XIXe siècle, et les Russes annexent progressivement les khanats de Kokand, Khiva et Boukhara. L'Asie centrale devient une zone de rivalité entre l'Empire russe et l'Empire britannique, qui craint l'influence russe sur ses possessions en Inde. Ce conflit géopolitique est surnommé "Le Grand Jeu" et entraîne la militarisation de la région, ainsi que des tentatives d'influence culturelle.

L'Asie centrale sous l'URSS. 
En 1917, la Révolution russe met fin à l'Empire russe. Les Bolcheviks prennent le pouvoir et, après la guerre civile, intègrent progressivement l'Asie centrale à l'Union soviétique. Les khanats traditionnels sont abolis. Les Soviétiques entreprennent de transformer radicalement l'Asie centrale, introduisant l'industrialisation, l'agriculture collective (notamment la culture du coton), et la promotion de l'athéisme au détriment de l'islam. L'URSS établit des républiques socialistes soviétiques en Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Turkménistan et Tadjikistan), et redéfinit les frontières de ces États. La soviétisation s'accompagne de répressions violentes contre ceux qui résistent, notamment des mouvements basmatchis. Les purges staliniennes éliminent également de nombreux intellectuels et chefs de la région.

Les indépendances.
En 1991, la chute de l'Union soviétique entraîne l'indépendance des républiques d'Asie centrale. Les nouveaux États – Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizistan et Tadjikistan – deviennent des nations souveraines mais font face à des défis économiques et politiques considérables. La transition est difficile, et plusieurs pays de la région instaurent des régimes autoritaires, souvent dirigés par d'anciens cadres du Parti communiste soviétique. La stabilité politique varie, avec des conflits ethniques sporadiques (comme la guerre civile au Tadjikistan dans les années 1990). Le Kazakhstan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan disposent de vastes réserves de gaz et de pétrole, ce qui attire l'intérêt de puissances comme la Russie, la Chine, et les États-Unis. La Chine, avec son projet de "Nouvelle route de la soie", renforce son influence économique et politique dans la région. Les États d'Asie centrale font aujourd'hui face à des défis liés au développement, à la gouvernance, aux droits humains, et à la sécurité régionale. La question de la gestion de l'eau, de la préservation de l'environnement (notamment autour de la mer d'Aral) et de la lutte contre le terrorisme islamiste sont des devenus enjeux majeurs.

Histoire de la Sibérie.

De la Préhistoire au XVIe siècle.
Les premiers habitants.
La Sibérie a été habitée dès le Paléolithique supérieur par des groupes de chasseurs-cueilleurs et des pêcheurs. Au fil des millénaires, des cultures ont laissé des traces dans les grottes de Sibérie. Parmi les découvertes les plus importantes figurent des objets en os et en pierre, ainsi que des peintures et des sculptures représentant la faune locale, y compris des mammouths et des rennes. L'un des sites les plus célèbres est la caverne de Denisova (dans les montagnes de l'Altaï), qui a révélé des artefacts remontant au Paléolithique moyen et associés à une population humaine archaïque vieille de plus de 40 000 ans, les Denisoviens.

Scythes et Türks.
Au Ier millénaire avant notre ère, les steppes sibériennes ont été occupées par des populations nomades tels que les Scythes, qui ont migré d'Asie centrale vers les régions occidentales de la Sibérie. Ces populations avaient une influence considérable sur les cultures locales. Au sud de la Sibérie, dans les steppes kazakhes, une culture scythe a prospéré, marquée par des tombes monumentales  (koàurganes). Ces tombes contenaient des objets en or et des armes, indiquant une société guerrière et aristocratique.

Aux alentours du Ier millénaire ap. JC, les Türks et d'autres populations d'Asie centrale ont migré vers la Sibérie. Un des groupes les plus importants fut celui des Türks Kaganates, qui ont formé des royaumes sur les plaines sibériennes et établi des routes commerciales entre l'Asie centrale, la Chine et l'Europe. Les royaumes sibériens comme le Kaganat de l'Altaï (ou Empire des Türks) ont constitué des systèmes politiques plus structurés, mais avec une grande diversité ethnique et culturelle.

Mongols et Chinois.
Les Mongols ont eu un impact majeur sur l'histoire de la Sibérie à partir du XIIIe siècle. La dynastie Yuan (1271-1368) de Chine, dirigée par les Mongols, a tenté d'étendre son influence vers le nord. Cependant, la Sibérie est restée sous l'emprise des tribus nomades mongoles et toungouses qui résistaient aux tentatives de domination chinoise. Les Mongols ont établi des relations commerciales et militaires avec les tribus locales, et ont aussi introduit des éléments de gouvernance centralisée qui ont influencé la Sibérie. Cependant, la Sibérie elle-même est restée largement autonome, avec des structures tribales et locales dominantes.

Les dynasties chinoises, particulièrement les Ming, ont tenté ensuite d'étendre leur territoire jusqu'à la Sibérie orientale. Les Chinois ont établi des relations commerciales avec certaines populations sibériennes, mais n'ont jamais réussi à dominer l'ensemble de la région de manière durable.

La Sibérie sous la tutelle de la Russie.
La conquête russe.
Au XVIe siècle, la Sibérie commence à être connue des Européens, notamment à travers les explorations russes. C'est à partir de 1580 que les Cosaques russes, menés par des explorateurs comme Ermak Timofeïevitch, commencent à pénétrer profondément en Sibérie. Ils étaient initialement motivés par la recherche de fourrures et le désir d'étendre le territoire russe vers l'Est. À partir de la fin de ce siècle et surtout au XVIIe siècle, les Russes conquièrent progressivement la Sibérie, soumettant les populations autochtones et établissant une administration tsariste. Les Cosaques fondent des forts et en étendant l'influence de la Russie dans les régions sibériennes, souvent par la force. Les tsars ont cherché à intégrer la Sibérie au sein de l'Empire russe, en fondant des forteresses (comme Tomsk et Irkoutsk) et en encourageant l'établissement de colons russes dans les vastes espaces sibériens. La conquête de la Sibérie par les Russes a entraîné des résistances de la part des populations autochtones. Les Evenks, les Yakoutes, les Bouriates et d'autres groupes ont résisté à la domination russe pendant un certain temps. Cependant, les maladies européennes (comme la variole) et les pressions militaires ont affaibli les populations locales, ce qui a facilité l'expansion russe.

La Sibérie dans l'Empire russe (XVIIIe - XIXe siècles).
La Sibérie est devenue une région stratégique de l'Empire russe, qui en a  l'exploité des ressources naturelles, et a intensifié l'agriculture et la colonisation. Les Russes ont extrait des fourrures, minerais, et bois en grande quantité. Les camps de travail forcé, en particulier ceux de Sibérie orientale, sont devenus célèbres au XIXe siècle, avec le développement du système de travail pénitentiaire.

La Sibérie sous le régime soviétique.
Sous l'Union soviétique, la Sibérie a joué un rôle clé dans les grands projets industriels et miniers. Des camps de travail (les Goulag) ont été établis pour exploiter la main-d'oeuvre pénale. Le transsibérien, un réseau ferroviaire reliant Moscou à Vladivostok, a permis de connecter la Sibérie à l'Europe et à l'Asie, facilitant le transport des ressources naturelles. Les réformes agricoles et les plans quinquennaux ont transformé l'économie de la Sibérie, avec un focus sur l'exploitation des ressources naturelles et l'installation de nouveaux colons russes. Le stalinisme a également entraîné une forte répression politique dans cette région éloignée.

La Sibérie contemporaine (après 1991).
Aujourd'hui, la Sibérie fait partie de la Fédération de Russie. Elle continue d'être une région riche en ressources naturelles, mais elle souffre d'une population relativement faible et d'une économie dépendante des industries extractives. Les populations autochtones continuent de lutter pour préserver leurs territoires et leur culture face aux pressions économiques et environnementales modernes.



Olivier Roy, L'Asie centrale contemporaine, PUF (QSJ), 2010. - Les cinq républiques d'Asie centrale, créées par le système soviétique, sont devenues indépendantes en 1991. Quelles références identitaires font aujourd'hui des républiques d'Asie centrale un ensemble homogène? En analysant les origines du nationalisme qui constitue leur soubassement idéologique, cet ouvrage donne au lecteur la clef des enjeux politiques majeurs de cette région du monde. (couv.).
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