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Le
Turkménistan
actuel couvre un territoire qui a été au carrefour des civilisations
pendant des siècles. Au IIIe millénaire
av. JC, la civilisation de l'oasis de Merv
(située dans l'actuelle province de Mary) s'est développée dans la région,
suivie par d'autres civilisations telles que celles des Achéménides,
des Grecs, des Parthes et des Scythes.
Aux IVe et IIIe
siècles av. JC, la région a été conquise par l'empire
séleucide, un des successeurs de l'empire d'Alexandre
le Grand. Plus tard, les royaumes indo-grecs ont également exercé
leur influence dans la région.
Au IIIe
siècle de notre ère, l'Empire sassanide a conquis la région, apportant
avec lui la culture et la religion zoroastriennes.
Au VIIIe siècle, l'islam a été introduit
dans la région par les Arabes musulmans,
ce qui a entraîné une islamisation progressive de la population. À l'époque
médiévale, Merv était l'une des grandes villes du monde musulman et
une étape importante sur la Route de la soie.
La région va être dominée successivement par des dynasties persanes
comme les Samanides et des tribus turques comme les Ghaznévides,
les Seldjoukides et les Kharezmiens.
Sous les Seldjoukides, le Turkménistan connut un âge d'or culturel et
économique, notamment avec la ville de Merv. Au XIIIe
siècle, Gengis Khan et ses successeurs envahirent
la région, causant des destructions massives. Plus tard, Tamerlan
(Timour) prit le contrôle, et sa dynastie favorisa une renaissance culturelle.
Du XVe au XIXe
siècle, la région était divisée en plusieurs khanats (petites principautés),
tels que ceux de Khiva, Boukhara et Kokand.
Ces entités étaient souvent en guerre les unes contre les autres et subissaient
également des incursions des Perses et des Ouzbeks.
Au XIXe
siècle, l'Empire russe commence à s'étendre
vers le sud. En 1881, après la bataille de Geok Tepe, la majeure partie
du Turkménistan actuel est annexée par la Russie. Après la Révolution
russe de 1917 et la guerre civile qui s'ensuivit, le Turkménistan devient
une république soviétique en 1924. Le pouvoir soviétique introduisit
des réformes agraires, des campagnes d'alphabétisation et d'industrialisation.
Comme dans le reste de l'Union soviétique, les années 1930 furent marquées
par la collectivisation forcée, la répression politique et les purges
staliniennes. Les structures sociales et tribales traditionnelles furent
sévèrement touchées. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, le Turkménistan contribua à l'effort de guerre soviétique
par ses ressources et sa production industrielle. Après la guerre, la
région continue de se moderniser sous le régime soviétique, avec des
développements dans les domaines de l'éducation, de la santé et des
infrastructures.
Dans les années
1980, sous l'impulsion des réformes de Mikhaïl Gorbatchev, le Turkménistan
comme le reste de l'URSS voit un certain degré de libéralisation politique
et économique. Le 27 octobre 1991, le Turkménistan déclare son indépendance
de l'Union soviétique, et cette indépendance est reconnue après la dissolution
de l'URSS en décembre 1991. Saparmourat Niyazov
(Saparmyrat Nyyazow, Saparmurat Niyazov), ancien premier secrétaire du
Parti communiste turkmène, devient le premier président du Turkménistan.
Il instaure rapidement un régime autoritaire et se fait appeler Turkmenbachi
( = Père des Turkmènes).
Niyazov met en place
un culte de la personnalité omniprésent, avec des statues et portraits
de lui partout dans le pays. Il publie le Ruhnama, un livre qu'il
présente comme une oeuvre spirituelle et éducative, obligatoire dans
les écoles et les institutions publiques. Sous Niyazov, le Turkménistan
adopte une politique de neutralité permanente, évitant les alliances
militaires et les engagements internationaux, ce qui conduit à un isolement
relatif. Malgré le potentiel économique considérable du Turkménistan,
notamment en raison de ses vastes réserves de gaz naturel, les réformes
économiques sont limitées et l'économie reste largement sous contrôle
de l'État.
Après la mort de
Niyazov en décembre 2006, Gurbanguly Berdimuhamedow, ancien ministre de
la Santé et vice-président, lui succède à la présidence après avoir
remporté la première élection présidentielle multi-candidat du Turkménistan
en février 2007. Il sera encore déclaré vainqueur après les élections,
elles aussi largement considérées comme antidémocratiques, de
2012 et de 2017 avec, chaque fois, plus de 97 % des voix. Bien que Berdimuhamedow
maintienne une grande partie de l'autoritarisme de son prédécesseur,
il introduit des réformes modestes visant à moderniser l'économie et
améliorer les services publics. Il cherche à diversifier l'économie
en attirant les investissements étrangers, notamment dans les secteurs
de l'agriculture et du textile.
Sous Berdimuhamedow,
de nombreux projets d'infrastructure sont lancés : construction d'autoroutes,
d'hôpitaux et d'établissements éducatifs, notamment. La capitale, Achgabat,
voit la construction de nombreux bâtiments gouvernementaux et monuments.
Le Turkménistan continue de maintenir une politique de neutralité. Il
a aussi recherché de nouveaux marchés d'exportation pour ses vastes réserves
d'hydrocarbures et de gaz naturel, qui n'ont pas encore été pleinement
exploitées. Fin 2021, le Turkménistan exportait la majorité de son gaz
vers la Chine et de plus petites
quantités de gaz vers la Russie. La dépendance du Turkménistan aux exportations
de gaz a rendu l'économie vulnérable aux fluctuations du marché mondial
de l'énergie, et les difficultés économiques depuis la chute des prix
de l'énergie en 2014 ont conduit de nombreux Turkmènes à émigrer, principalement
vers la Turquie.
En mars 2022, Gurbanguly
Berdimuhamedow démissionne et son fils, Serdar Berdimuhamedow, remporte
les élections présidentielles, marquant une rare transition dynastique
en Asie centrale. Bien que la présidence de Serdar Berdimuhamedow soit
encore récente, il est probable qu'il continue les politiques de développement
économique et d'infrastructure de son père, tout en maintenant un contrôle
strict sur la politique et la société turkmènes. Le Turkménistan fait
aujourd'hui face à des défis économiques importants, y compris la nécessité
de diversifier son économie au-delà des hydrocarbures, de lutter contre
la corruption, et de créer des opportunités d'emploi pour une population
jeune et croissante. |
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