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 L'histoire de l'Asie > Asie centrale et Sibérie
La civilisation des Steppes

 
La civilisation des steppes correspond à l'ensemble des cultures des populations nomades qui ont occupé les vastes plaines eurasiennes, depuis la steppe pontique (dans l'actuelle Ukraine et le sud de la Russie) jusqu'à la Mongolie et au nord de la Chine. Ces populations, actives dès le IIIe millénaire avant notre ère, ont façonné l'histoire de cette région par leur mode de vie nomade, leur maîtrise des chevaux, et leur capacité à influencer, voire dominer, les civilisations sédentaires voisines.

Les steppes eurasiatiques, qui s'étendent sur près de 8000 kilomètres, sont une immense région de prairies semi-arides, entre la forêt boréale au nord et les montagnes ou les déserts au sud. Ce territoire est particulièrement favorable à l'élevage d'animaux, notamment de chevaux, grâce aux herbes abondantes mais peu adapté à l'agriculture, en raison de l'absence de précipitations suffisantes. La géographie des steppes a donc favorisé un mode de vie pastoral et nomade, et les habitants de cette région ont développé des cultures distinctes de celles des civilisations agricoles. Ainsi, dès la fin du Néolithique, des populations de pasteurs-éleveurs s'installent dans les steppes. La culture de Yamnaya, active autour de 3500 à 2500 av. JC dans les steppes pontiques, est l'une des premières cultures nomades importantes. Ces peuples pratiquent l'élevage de chevaux, bovins, moutons et chèvres, et commencent à se déplacer sur de grandes distances pour trouver de nouveaux pâturages.

Les populations des steppes ont joué un rôle majeur dans l'établissement des premières routes de la soie, qui reliaient la Chine à l'Occident. Les nomades facilitent les échanges commerciaux et culturels entre l'Asie et l'Europe en sécurisant les routes et en agissant comme intermédiaires entre les marchands. Ils ont aussi été à l'origine de grands empires, notamment avec les Mongols au XIIIe siècle sous Gengis Khan, qui construisent le plus vaste empire contigu de l'histoire. Cet empire mongol perpétuera le modèle de société des steppes en s'étendant sur une grande partie de l'Asie et de l'Europe orientale.

Principales cultures et populations des Steppes

Les cultures kourganes.
Les cultures kourrganes sont des cultures qui se sont développées dans les steppes pontiques, une vaste région couvrant l'actuelle Ukraine, la Russie du sud et les zones limitrophes. Rattachées à la grande civilisation des steppes  à laquelle elles fournissent quelques-uns de ses prémisses, elles appartiennent à la Préhistoire européenne autant qu'à celle de l'Asie. Ces différents groupes, bien que variés dans leurs modes de vie et leurs pratiques, partagent des éléments fondamentaux comme les kourganes et le nomadisme pastoral. 

L'hypothèse kourgane.
L'hypothèse kourgane est une théorie formulée principalement par l'archéologue lituano-américaine Marija Gimbutas dans les années 1950, et qui postule que les locuteurs de la langue proto-indo-européenne — l'ancêtre linguistique de nombreuses langues européennes et asiatiques — étaient les peuples (les peuples kourganes) qui vivaient dans les steppes eurasiennes (aujourd'hui le sud de la Russie et l'Ukraine) autour de 4000 à 3000 avant notre ère.  Ces peuples se caractérisaient par l'édification des  kourganes, tumulus funéraires érigés pour marquer des sépultures. C'étaient, selon Gimbutas, des pasteurs nomades, organisés autour d'une structure patriarcale avec une importante tradition militaire. La domestication du cheval et l'utilisation de chars  auraient permis une expansion rapide à travers l'Europe et l'Asie, introduisant des technologies et des modes de vie qui auraient influencé les cultures existantes. Selon cette théorie, les peuples kourganes auraient migré progressivement vers l'ouest, l'est et le sud, s'intégrant ou dominant les populations locales et diffusant ainsi leur langue et leur culture. Cela aurait entraîné la dispersion des langues indo-européennes en Europe et en Asie, créant la base de ce qui est aujourd'hui une vaste famille linguistique comprenant les langues germaniques, celtiques, slaves, indo-iraniennes, etc. 

L'hypothèse kourgane n'est pas sans controverses et critiques. Certaines critiques viennent du fait que Gimbutas a mis en avant une vision de société patriarcale guerrière qui contraste avec d'autres visions de sociétés plus pacifiques pour la période néolithique européenne. En outre, des théories alternatives ont émergé, telles que l''hypothèse anatolienne, proposée par Colin Renfrew, qui suggère que les Proto-Indo-Européens étaient originaires d'Anatolie (actuelle Turquie) et qu'ils se sont diffusés vers l'Europe dès 7000 avant notre ère avec l'agriculture, ou encore l'hypothèse arménienne, une théorie qui situe l'origine des Proto-Indo-Européens dans le Caucase ou l'Anatolie orientale, à la jonction entre l'Europe et l'Asie. Des avancées en génétique, notamment par l'étude de l'ADN ancien, tendent cependant à renforcer l'hypothèse kourgane en montrant des migrations significatives provenant des steppes vers l'Europe autour de 3000 avant notre ère. Ces résultats semblent appuyer l'idée d'une dispersion des populations steppiques en direction de l'Europe, ce qui correspond à la chronologie proposée par Gimbutas pour la diffusion des langues indo-européennes. L'hypothèse kourgane a eu un impact majeur sur les études indo-européennes en fournissant un modèle cohérent de la diffusion linguistique et culturelle des langues indo-européennes. Elle a aussi influencé les représentations des sociétés préhistoriques européennes, en remettant en question les modèles plus pacifiques du néolithique européen.

La culture de Sredny Stog.
La culture de Sredny Stog s'est développée entre environ 4500 et 3500 av. JC. Elle tire son nom de la rivière Sredny Stog, un affluent du Dniepr. Les tombes de la culture de Sredny Stog sont généralement des sépultures en fosse, parfois recouvertes de monticules de terre. Les corps étaient généralement enterrés dans une position allongée sur le dos, avec les bras le long du corps et les jambes tendues. Les tombes contiennent ordinairement des objets funéraires (poteries, outils en pierre, en os et en bronze, bijoux en or et en cuivre). Les poteries sont souvent décorées de motifs géométriques. L'économie de la culture de Sredny Stog était basée sur l'élevage de bovins, de moutons et de chèvres, ainsi que sur la chasse et la pêche. Les chevaux n'étaient pas encore largement domestiqués à cette époque.  La culture de Sredny Stog est souvent considérée comme une culture de transition entre les cultures de la céramique peinte et la culture kourhan proprement dite. Elle a joué un rôle important dans l'évolution des sociétés steppiques vers des sociétés plus complexes et militarisées.

La culture de Yamna.
La culture de Yamna (également connue sous le nom de culture Yamnaya ou Yamnoye), l'une des cultures les plus importantes de l'âge du bronze ancien en Europe de l'Est, s'est développée entre environ 3300 et 2600 av. JC dans les steppes couvrant aujourd'hui les régions de l'Ukraine, du sud de la Russie, du Kazakhstan et de la Crimée. Elle tire son nom de la vallée de la rivière Yamna située dans le sud de la Russie. Comme dans le cas de la culture de Sredny Stog, les tombes de la culture de Yamna sont caractérisées par des sépultures en fosse, souvent recouvertes de monticules de terre. Les tombes contiennent fréquemment des objets funéraires tels que des poteries, des outils en pierre, en os et en bronze, ainsi que des bijoux en or et en cuivre. Les poteries sont souvent décorées de motifs géométriques. L'économie de la culture de Yamna était basée sur l'élevage de chevaux, de bovins, de moutons et de chèvres. Les chevaux étaient particulièrement importants, et il est probable que les Yamna aient été parmi les premiers à domestiquer et à utiliser les chevaux pour le transport (utilisation de chariots à roues) et la guerre. C'est cette culture qui semble fournir les meilleurs arguments en faveur de l'hypothèse kourgane. Les analyses génétiques suggèrent que les individus de la culture de Yamna étaient en effet génétiquement proches des populations indo-européennes modernes, et il est largement admis que la culture de Yamna a joué un rôle clé dans la diffusion des langues indo-européennes à travers l'Europe et l'Asie.

La culture des Catacombes.
La culture des Catacombes (2500 à 2000 av. JC) est apparue après la culture de Yamna et couvre une large zone de la steppe pontique. Elle est caractérisée par ses tombes à catacombes, des sépultures souterraines avec des chambres latérales creusées dans le sol. Cette culture est parfois associée aussi à la propagation de certaines langues indo-européennes.

La culture de Maïkop.
Située dans le nord du Caucase, la culture de Maïkop (3700-3000 av. JC) se sig,ale par ses tombes riches en objets de prestige, comme des armes, des bijoux en or, et des objets de bronze, signe d'une élite puissante. Bien qu'elle soit distincte des cultures des steppes de la Russie méridionale, elle partageait des traits et des contacts avec les cultures kourganes voisines.

Proto-Scythes et Scythes.
Le terme Proto-Scythes désigne les cultures de la steppe qui ont précédé et influencé les Scythes classiques, une civilisation plus développée qui a dominé les steppes entre le IXe et le IIIe siècle av. JC.

Les Proto-Scythes.
Les Proto-Scythes apparaissent dans les steppes d'Asie centrale au début du Ier millénaire avant notre ère. Ils sont associés à la culture Srubna et à la culture Andronovo, qui bien qu'elle soit plus tardive, est considérée comme une continuation de la tradition kourgane. Ces populations occupaient les steppes entre l'Oural et l'Asie centrale, et leur l'influence s'étendait jusqu'aux bords de la mer Caspienne.

• La culture Srubna (ou "culture des tumulus à bûcher") s'est principalement développée dans la région des steppes pontiques, soit les territoires de l'actuelle Ukraine et du sud de la Russie, s'étendant à l'est jusqu'à la Volga. Elle apparaît autour de 1700 av. JC et persiste jusqu'à environ 1200 av. JC. Les populations Srubna pratiquaient principalement l'élevage (chevaux, bovins, moutons), avec une agriculture complémentaire. Leur mode de vie semi-nomade les amenait à se déplacer selon les saisons. La culture Srubna construisait des tombes en fosse, fréquemment recouvertes de bois (d'où le terme "tumulus à bûcher"). Ces tombes sont creusées en profondeur et comportent des structures en bois, parfois entourées d'un monticule de terre. On y trouve des outils en bronze, des poteries, et des objets en os, montrant une certaine avancée technologique. La métallurgie du bronze est bien maîtrisée, avec des armes, des pointes de flèches et des haches trouvées dans les sites archéologiques. La culture Srubna entretient des relations culturelles et commerciales avec d'autres cultures de la région, et ses pratiques funéraires montrent des influences de cultures plus à l'est et au sud. Ces échanges pourraient refléter des migrations ou des contacts commerciaux réguliers.
• La culture Andronovo s'étend sur un territoire encore plus vaste, couvrant le Kazakhstan actuel, l'ouest de la Sibérie, et jusqu'à certaines parties de l'Ouzbékistan et du Kirghizistan. Elle est répartie sur une grande partie de la steppe eurasiatique. La culture Andronovo s'épanouit entre 2000 et 900 av. JC, environ simultanément à la culture Srubna. Les populations de la culture Andronovo pratiquaient également l'élevage (particulièrement de chevaux) et l'agriculture dans les zones les plus propices. Elles vivaient dans des habitats semi-permanents et menaient un mode de vie semi-nomade. Les tombes Andronovo sont généralement caractérisées par des fosses avec des pierres disposées autour du défunt, parfois accompagnées d'offrandes funéraires comme des poteries et des outils en bronze. Ces pratiques montrent des similarités avec celles de la culture Srubna, mais aussi des traits uniques, comme la position allongée des corps et des orientations précises. Les artisans Andronovo maîtrisaient bien la métallurgie du bronze, produisant des armes, des outils et des objets ornementaux. La poterie est également commune et souvent décorée de motifs géométriques. La culture Andronovo est considérée comme ayant eu une influence durable sur les sociétés nomades de la steppe eurasiatique, et certains chercheurs la relient aux premiers peuples indo-iraniens. Elle est donc cruciale pour comprendre les mouvements de populations et la diffusion des langues indo-européennes. 
Vers le VIIIe siècle av. JC., des groupes proto-scythes migrent progressivement vers l'ouest, s'établissant dans les régions situées entre la mer Noire et le Caucase. Ils y adoptent des pratiques culturelles locales tout en conservant leurs propres traditions, devenant peu à peu les Scythes.

Les Scythes.
Les Scythes atteignent leur apogée au VIe et Ve siècles av. JC. Ils occupent les steppes de la mer Noire et exercent une influence sur les peuples voisins, tels que les Grecs, les Thraces et les Perses. Ils sont mentionnés dans les écrits d'Hérodote, qui décrit leur mode de vie, leur structure sociale, et leurs pratiques guerrières. Comme d'autres populations des steppes, les Scythes étaient des nomades ou semi-nomades. Leur mode de vie reposait sur l'élevage de chevaux, de moutons et de bétail, ce qui leur permettait de se déplacer rapidement sur les vastes étendues de la steppe. La société scythe était hiérarchisée, avec une élite guerrière dominante, comprenant des chefs et des princes, qui possédaient de vastes troupeaux et exerçaient une influence politique et militaire. Cette élite vivait généralement dans des camps fortifiés ou dans des centres permanents durant l'hiver, où elle gérait les affaires des tribus.

Excellents cavaliers, les Scythes chassaient et guerroyaient à cheval; ils étaient renommés comme tireurs d'arc, mais ils ne maniaient pas moins bien l'épée. Leur arc était probablement un arc composé, dans le genre de ceux des Mongols, en forme de l'arc de Cupidon; leurs épées étaient en fer et finement travaillées. Les ennemis tués à la bataille étaient scalpés, et l'on buvait leur sang, employant comme tasses les crânes des ennemis tués précédemment.

Les Scythes entretenaient des relations commerciales et diplomatiques avec les Grecs, notamment par l'intermédiaire des colonies grecques sur la mer Noire. Ils échangeaient des produits comme le blé, le bétail, et les fourrures contre des biens de luxe. Au VIe siècle av. JC, les Scythes sont confrontés à l'Empire perse de Darius Ier, qui tente sans succès de les soumettre. Les Scythes utilisent des tactiques de guérilla pour déjouer l'armée perse, évitant la confrontation directe et harcelant les envahisseurs. À partir du IIIe siècle av. JC, les Scythes commencent à perdre leur domination sur les steppes de la mer Noire, concurrencés par d'autres peuples nomades comme les Sarmates. Les invasions successives et les changements dans les routes commerciales contribuent à leur affaiblissement. De nombreux Scythes finissent par s'intégrer aux populations locales ou à migrer vers d'autres territoires. Leur influence perdure dans les cultures ultérieures de la région, notamment chez les Sarmates, les Alains, et les Huns.

Les Sakas.
Les Sakas (VIIe siècle av. JC. - Ve siècle ap. JC) sont un groupe iranien ancien qui vivait principalement dans les régions de l'Asie centrale, mais aussi dans des zones plus à l'ouest, autour de la mer Caspienne, et jusqu'à l'Inde. Ils sont ordinairement associés aux Scythes en raison de leurs liens ethniques et culturels. On distingue plusieurs sous-groupes des Sakas, répartis à travers une vaste étendue, du Kazakhstan à la Mongolie, en passant par l'Afghanistan et la nord de l'Inde.

• Les Sakas orientaux (ou Sakas d'Asie centrale) occupaient les régions au nord-est de la Perse (actuel Iran) et étaient également présents dans des territoires voisins de la Chine.

• Les Sakas occidentaux s'établirent dans les zones du sud de la mer Caspienne, en Iran, ainsi que dans les régions au nord de l'Inde.

Les Sakas étaient principalement des nomades, bien qu'ils aient également eu des colonies sédentaires dans certaines régions, notamment en Asie centrale et dans le bassin de la mer Caspienne. Leur économie reposait sur l'élevage de chevaux, de chameaux, de moutons et de chèvres, et ils étaient également actifs dans le commerce des fourrures et des métaux précieux.

Les Sakas, comme les Scythes avant eux, montraient une grande habileté à la guerre, notamment grâce à leur cavalerie. Leur société était divisée en plusieurs classes, avec une élite militaire et des chefs tribaux au sommet, souvent descendants de lignées royales. À partir du VIe siècle av. JC, les Sakas sont souvent en conflit ou en alliance avec les Perses. Les Sakas se sont d'abord installés dans les régions avoisinantes de l'Empire Perse, et plus tard, au IIIe siècle avant J.-C., certains groupes ont même envahi et pris le contrôle de certaines régions de l'empire Perse, comme la Bactriane et l'Indus. Aux IIIe et IIe siècles avant notre ère, certains groupes de Sakas migrent en Inde et y établissent des royaumes, notamment les Sakas Indo-Scythes qui s'établissent dans le nord-ouest de l'Inde, en particulier dans les régions modernes du Pakistan et de l'Afghanistan. Ces royaumes s'adaptent à la culture indienne tout en conservant leurs traditions guerrières et culturelles iraniennes.

La culture matérielle des Sakas est caractérisée par des objets en métal précieux, des bijoux en or, des armes et des éléments artistiques comme le style animalier. Leurs tombes, comme celles des Scythes, contiennent des objets précieux et des restes de sacrifices rituels, ce qui témoigne de leur croyance en une vie après la mort et en la protection des ancêtres. La présence de dieux iraniens dans leur panthéon est attestée, et ils sont également influencés par les pratiques religieuses locales, notamment en Inde.
Les Sarmates.
Les Sarmates (IIIe siècle av. JC. - IVe siècle ap. JC) étaient un groupe ethnique indo-européen, apparenté aux Sakas, qui se sont installés dans les steppes d'Europe de l'Est, principalement entre le Danube et l'Oural, soit sur une large bande qui s'étendait des actuelles Ukraine et Russie méridionale jusqu'aux régions de la mer Caspienne et de la mer d'Azov. Les Sarmates succèdent progressivement aux Scythes dans certaines régions, et au cours du temps, ils ont été associés aux Alains et à d'autres populations de la steppe.

Les Sarmates étaient aussi des nomades très organisés, remarquables par leur cavalerie lourde, qui était mieux équipée et mieux entraînée que celle des Scythes. Contrairement à ces derniers, qui se spécialisaient dans la tactique de harcèlement, les Sarmates développaient une cavalerie de choc qui jouait un rôle central dans leurs batailles. Leur société était structurée autour de la guerre, et ils s'appuyaient sur l'élevage, notamment de chevaux, pour leur mode de vie. Cependant, à partir du Ier siècle av. JC, certains groupes sarmates se sédentarisent dans les territoires qu'ils occupent et adoptent des influences des cultures voisines. Les Sarmates ont eu des relations militaires et diplomatiques avec plusieurs grandes civilisations de leur époque. Ils ont eu de nombreux contacts avec l'Empire romain. En tant que cavaliers redoutables, ils ont souvent été utilisés comme mercenaires dans les armées romaines. Les Sarmates Iazyges, par exemple, se sont installés dans les provinces romaines de Pannonie et ont servi comme alliés de l'Empire. Les Sarmates ont également eu des interactions avec l'Empire parthe, notamment en tant qu'ennemis ou alliés dans les conflits pour le contrôle de l'Asie centrale et de l'Est de l'Iran.

La culture matérielle des Sarmates est influencée par leur mode de vie nomade, mais également par des contacts avec des civilisations plus avancées, notamment les Grecs, les Perses, et les Romains. Les Sarmates produisaient des objets en bronze, en or et en fer, et leurs arts métallurgiques se caractérisaient par des motifs animaliers et des représentations de scènes guerrières. Leurs tombes sont riches en objets funéraires, notamment des armes (comme des épées et des lances), des bijoux, des ornements en or, et des poteries. Les femmes sarmates étaient parfois enterrées avec des armes et des équipements de cheval, ce qui témoigne de leur rôle dans la société guerrière sarmate. Les témoignages romains et grecs soulignent le rôle des femmes sarmates en tant que guerrières, ce qui fait écho à leur image de société relativement égalitaire en termes de statut.
Xiongnu.
Les Xiongnu (IIIe siècle av. JC - Ier siècle ap. JC) sont l'un des premiers groupes nomades connus à avoir formé un empire organisé dans les steppes d'Asie centrale, particulièrement dans les régions qui correspondent aujourd'hui à la Mongolie et aux parties nord de la Chine et sont considérés comme l'un des précurseurs des grandes confédérations nomades de cette région du monde. Ils apparaissent dans les sources chinoises vers le IIIe siècle avant notre ère. L'Empire Xiongnu, sous la conduite de chefs puissants comme Modu Chanyu (règne : vers 209-174 av. JC), a constitué une confédération de tribus nomades. 

Les Xiongnu étaient des nomades équestres, dont l'économie reposait sur l'élevage de chevaux et de bétail, ainsi que sur des raids militaires contre les populations voisines. Leur société était organisée autour d'une confédération tribale, avec un système militaire très structuré. Le chanyu était le chef suprême de la confédération, et son autorité était renforcée par des alliances et des mariages diplomatiques, en particulier avec la Chine. Les Xiongnu ont été l'un des ennemis les plus redoutés de la Chine antique. Ils ont mené des guerres fréquentes contre les dynasties Han, ce qui a conduit à la construction de la Grande Muraille  de Chine pour les contenir. 

Les Xiongnu ont réussi à imposer une forme de tribut à la Chine en échange de la paix. Ils ont aussi utilisé des tactiques militaires telles que des raids à cheval, qui leur permettaient de frapper rapidement et de s'éclipser avant que l'ennemi ne puisse réagir. À la fin du Ier siècle av. JC, les Xiongnu se fragmentent en deux entités principales : l'un au nord et l'autre au sud de la Chine. Leurs rivaux internes, ainsi que la pression militaire des Han et d'autres populations, conduisent à la chute de leur empire au début du Ier siècle ap. JC.

Les Huns.
Les Huns (IVe - Ve siècle ap. JC) étaient un groupe nomade eurasien d'origine probablement steppique, qui a migré de l'Asie centrale vers l'Europe au cours du IVe siècle. Leur expansion a été caractérisée par des invasions et des raids spectaculaires, notamment contre l'Empire romain et d'autres peuples européens. Bien que leur origine exacte soit sujette à débat, il est généralement admis que les Huns sont venus des régions situées à l'est de la Mongolie, dans les steppes d'Asie centrale. Leur arrivée en Europe est souvent associée à des migrations massives liées à des perturbations dans les steppes, comme des conflits avec d'autres populations nomades tels que les Xiongnu ou les Sarmates.

Les Huns étaient des cavaliers exceptionnels, célèbres pour leurs attaques rapides et leurs tactiques de raid. Leur organisation sociale était militaire, avec une structure de pouvoir centrée autour de leur chef suprême, le khan. Le plus célèbre d'entre eux est Attila, qui a dirigé les Huns à leur apogée au milieu du Ve siècle. Les Huns ont fait peser une menace sérieuse sur l'Empire romain. Ils ont envahi de vastes territoires d'Europe, contraignant les Romains à payer des tributs pour assurer la paix. En 451, Attila mène sa célèbre campagne contre la Gaule, mais il est défait par une coalition romaine et barbare à la bataille des Champs Catalauniques. Toutefois, les Huns continuent à exercer une pression sur les provinces romaines jusqu'à la mort d'Attila en 453. L'empire des Huns s'est ensuite désintégré rapidement en raison de luttes internes pour la succession et de l'attaque de nouvelles forces venant de l'ouest. Les Huns perdent progressivement leur pouvoir, et de nombreux groupes sont absorbés par les populations locales ou intégrés dans les royaumes germaniques.

Les Avars.
Les Avars étaient un peuple d'origine nomade, probablement issu des steppes eurasiennes. C'étaient des nomades cavaliers, spécialisés dans les raids à cheval, et ils étaient souvent considérés comme des descendants des Huns ou de populations proches des Huns. Leur société était structurée autour d'une élite militaire dirigeant une confédération tribale. Ils ont migré vers l'Europe centrale au VIe siècle de notre ère. Ils s'établirent principalement en Pannonie (actuelle Hongrie) et dans les Balkans, où ils établirent un puissant empire qui dura jusqu'au IXe siècle. Ils ont alors été un acteur majeur dans l'histoire de l'Empire byzantin et des royaumes francs, entretenant des relations à la fois de conflit et de coopération avec les deux puissances. Toutefois, après un certain nombre de défaites face aux Byzantins et à d'autres groupes, leur empire se fragmente et est finalement absorbé par les Slaves et les Magyars  (ancêtres des Hongrois) au IXe siècle.

Les Mongols et les Türks.
Les Mongols et les Türks ont été des acteurs clés dans l'histoire eurasienne, chacun avec des trajectoires distinctes mais parfois croisées. Les Mongols ont lancé une des plus grandes expansions territoriales de l'histoire avec Gengis Khan, tandis que les Türks ont créé plusieurs empires et dynasties, dont l'Empire göktürk, l'Empire seldjoukide et l'Empire ottoman, établissant plusieurs états qui ont eu une influence culturelle et politique considérable dans de vastes régions. Leur histoire est marquée par la mobilité, l'adaptation, et l'expansion, façonnant ainsi le paysage politique et culturelde l'Eurasie.

Les Mongols.
Les Mongols étaient un peuple nomade originaire de la région de la vallée de l'Onon et du Kerulen, dans le nord-est de la Mongolie actuelle. Ils étaient divisés en plusieurs tribus, parmi lesquelles les Kiyats (ou Kiyad), la tribu à laquelle appartenait Gengis Khan, les Merkits ou Merkids, une tribu puissante qui rivalisait avec les Kiyats, les Tatars, une confédération tribale turco-mongole souvent en conflit avec les Jurchens (Jin) et diverses tribus mongoles, les Naimans, une tribu influencé par le nestorianisme, qui contrôlait une partie de l'actuel Kazakhstan et de la Mongolie occidentale, ou encore les Khongirad  et les  Kereyid, une tribu chrétienne nestorienne dirigée par Toghrul, connu sous le nom de Wang Khan, qui a initialement soutenu Gengis Khan mais a fini par entrer en conflit avec lui. Les Mongols étaient des chasseurs et des éleveurs de chevaux, de chèvres, de moutons et de bovins. Ils ont subi l'influence des cultures turque, chinoise (notamment la dynastie Liao) et bouddhiste tibétaine.

Les Türks.
Les Türks étaient un peuple nomade originaire des régions steppiques d'Asie centrale, notamment de l'actuel Xinjiang (Chine), du Kazakhstan, du Kirghizistan et de l'Ouzbékistan et dont les diverses composantes ont migré vers l'ouest et le sud au fil des siècles. Ils étaient divisés en plusieurs tribus, dont les Göktürk, fondateurs du premier empire turc  (VIe-VIIIe siècles), et qui ont établi un système complexe de gouvernance et ont été les premiers à utiliser l'écriture runiforme turque, les Khazars dont le khaganat (650-969) contrôlait la région entre la mer Noire et la mer Caspienne, les et le Khwarezmiens, qui ont atteint leur apogée au XIIe siècle,  les Pechenègues (800-1091), ne confédération tribale turque qui dominait les steppes pontiques,  les Oghouz, les Kipchak, les Ouïghours qui ont fondé un khaganat entre 744 et 840, les Seldjoukides (1037-1194) , les Ottomans, etc. Comme les Mongols, les Türks étaient principalement des nomades pasteurs, avec une forte tradition de guerriers cavaliers. Ils ont subit l'influence des cultures perse, arabe (à travers l'islamisation), byzantine et chinoise. Ils ont aussi été des propagateurs majeurs de l'Islam.

La vie dans les Steppes

La culture matérielle.
Le mode de vie des steppes est basé sur le nomadisme pastoral. Les peuples des steppes déplacent leurs troupeaux au fil des saisons, vivant dans des habitations portables, comme les yourtes (structures de feutre tendues sur une armature en bois). Ce mode de vie les rend extrêmement mobiles et leur permet de s'adapter aux variations climatiques.

L'usage du cheval.
Le cheval est le cÅ“ur de la culture des steppes. Il sert à la fois pour le transport, le combat et le pastoralisme. Les populations des steppes sont considérés comme les premiers à avoir domestiqué le cheval. Cette  domestication, entre 4000 et 3000 av. JC, est une révolution pour les peuples des steppes. Elle leur donne un avantage en termes de mobilité, de transport et de guerre, en permettant des déplacements rapides à travers les vastes étendues de la steppe. Les cavaliers utilisaient divers équipements, tels que des selles, des brides et des mors. L'émergence de la cavalerie transforme les techniques de guerre, notamment grâce aux archers montés qui manient l'arc à double courbure. Ces compétences permettent aux nomades des steppes de dominer militairement les sociétés sédentaires, malgré leurs ressources matérielles plus limitées. Des tombes de guerriers, à commencer par celless des Scythes, contenaient des chevaux enterrés avec leurs maîtres, ainsi que des pièces d'équipement richement décorées.

L'armement.
Les armes des populations des steppes incluent des arcs composés, faits de bois, de corne et de tendons, qui étaient beaucoup plus puissants que les arcs ordinaires. Leur conception et leur forme les rendait particulièrement adaptés à la guerre à cheval. Le poignard et l'épée courte sont également typiques. Ils sont finement ornés et dotés de lames recourbées, conçues pour être utilisées lors des charges à cheval. Les populations de la steppe utilisaient des armures en écailles de métal ou en cuir, qui offraient une bonne protection tout en étant suffisamment flexibles pour le combat monté.

L'orfèvrerie et les objets d'art.
Les populations des steppes se sont signalées par leur artisanat du métal, en particulier pour la confection d'objets en or, en bronze et en fer. On retrouve fréquemment ces objets dans les tumulus funéraires (kourganes) qui servaient de tombeaux pour les élites des steppes. Les objets d'art des steppes sont caractérisés par le style animalier scythe, un style iconographique représentant des animaux réels et mythiques, comme des cerfs, des griffons, des loups et des oiseaux de proie, ordinairement en position de lutte. Les bijoux, les fibules et les ornements de vêtements reflètent un niveau de sophistication élevé. Ils combinent  des influences locales et celles des cultures sédentaires voisines, comme les Grecs ou les Perses.

Les arts textiles.
Les nomades des steppes produisaient des textiles en laine et en feutre, utilisés pour leurs vêtements, leurs couvertures et les parois de leurs tentes. Le feutre, facile à fabriquer et résistant aux intempéries, était un matériau essentiel. Les motifs textiles intégraient fréquemment des symboles et des motifs animaliers, caractéristiques de la symbolique des steppes, servant autant d'ornement que d'identifiant culturel.

Les objets du quotidien.
Les habitants des steppes possédaient peu de biens personnels, en raison de leur mode de vie nomade, mais certains objets étaient essentiels, comme les chaudrons en bronze ou en fer, utilisés pour cuisiner et préparer les repas. Les selles et les fourrures servaient à la fois pour le confort personnel et pour le commerce. Les tentes en feutre et en peau, à l'exemple des yourtes, étaient portables et conçues pour résister aux rigueurs du climat des steppes. Les vêtements étaient en général en laine, en feutre ou en peau, adaptés aux conditions climatiques extrêmes, notamment des hivers très froids.

Les échanges et influences culturelles.
Les peuples des steppes ont maintenu des échanges commerciaux et culturels avec les civilisations voisines, notamment la Perse, la Chine, et les mondes grec et byzantin. La Route de la Soie a permis une circulation des biens, des idées et des objets à travers les steppes. On trouve ainsi des objets d'origine chinoise ou persane dans des tombes, comme des textiles de soie, des céramiques et des objets en jade.

Organisation sociale et structures politiques.
La société des peuples des steppes était fondée sur des structures de parenté, généralement organisées en clans et en tribus. Chaque clan était une unité sociale de base composée de familles élargies partageant un ancêtre commun, réel ou mythologique. Plusieurs clans formaient une tribu. Les liens entre les membres d'un même clan ou d'une même tribu étaient très forts. Ces structures permettaient la coopération nécessaire à la survie dans les steppes, où la protection et l'entraide étaient cruciales pour surmonter les défis environnementaux et défendre le territoire. Les alliances tribales pouvaient se former et se dissoudre rapidement en fonction des circonstances, comme les conflits, les migrations ou les échanges commerciaux. Cette flexibilité était une réponse aux nécessités de leur mode de vie nomade.

Chaque tribu avait un chef, généralement choisi pour ses qualités militaires, son charisme et sa capacité à rassembler le groupe. Ce chef avait un rôle de guide, de protecteur et de médiateur pour son clan. Dans les sociétés des steppes, les compétences militaires étaient valorisées en raison des fréquents conflits et des raids. Les chefs qui excellaient dans la guerre pouvaient acquérir une autorité renforcée, amenant plusieurs tribus à se regrouper sous leur commandement. La société des steppes comprenait une élite guerrière, formée de chefs de clan, de chefs de guerre et de guerriers émérites. Dans de nombreuses sociétés de la steppe, le pouvoir n'était pas strictement héréditaire. Les chefs pouvaient choisir leur successeur en fonction de sa compétence et de son soutien parmi les guerriers, bien que les membres de la famille restaient favorisés. La succession des chefs pouvait être complexe et entraînait fréquemment des luttes internes, car plusieurs membres de la famille ou guerriers importants pouvaient revendiquer le pouvoir. Ces luttes de succession entraînaient parfois des scissions dans les confédérations ou les empires nomades.

Lorsque des circonstances favorables se présentaient, plusieurs tribus pouvaient s'unir sous la direction d'un chef puissant pour former une confédération tribale. Ces confédérations étaient temporaires, mais pouvaient se transformer en structures politiques plus stables si les conditions le permettaient. À la tête des confédérations, on retrouvait des chefs suprêmes appelés khans, qui avaient un pouvoir quasi-absolu sur les tribus unies sous leur autorité. Certaines confédérations sont devenues de véritables empires nomades, comme celui des Huns, des Sarmates, ou plus tard des Mongols. Les empires des steppes, bien qu'éphémères, étaient capables de mobiliser de vastes armées et d'exercer une influence considérable sur les civilisations voisines.

Les alliances matrimoniales jouaient un rôle crucial dans la diplomatie. Les mariages entre familles de chefs renforçaient les alliances tribales et facilitaient l'union des clans. Pour asseoir leur pouvoir, certains chefs nomades exigeaient des tributs des tribus alliées ou soumises. La vassalité dans la steppe était un moyen de garantir la paix entre tribus, bien que ces alliances fussent souvent précaires et sujettes à des retournements. Les peuples des steppes entretenaient des relations diplomatiques et militaires avec les États sédentaires voisins, comme la Chine, la Perse ou les empires méditerranéens. Ils servaient parfois de mercenaires, de commerçants ou d'alliés pour ces empires, en échange de tributs ou de biens précieux.

Les décisions importantes étaient normalement prises collectivement par un conseil de tribu ou de chefs de clan. Ce type de gouvernance collective permettait de maintenir l'ordre et de régler les différends internes. La justice n'était pas codifiée dans des lois écrites, mais transmise oralement à travers des coutumes et des traditions. La loi coutumière concernait des domaines tels que le mariage, les querelles de territoire, et les compensations pour les infractions. Dans certains empires nomades, notamment chez les Mongols, les assemblées appelées kurultai permettaient de désigner un nouveau chef ou de prendre des décisions collectives importantes. Ces réunions rassemblaient les chefs de toutes les tribus alliées et servaient de forum pour le débat et la décision politique.

La religion.
La religion des peuples de la Civilisation des Steppes est principalement animiste, chamanique et centrée sur la vénération des forces naturelles, des esprits, et des ancêtres. Elle se distingue par une grande diversité de croyances et de pratiques, qui reflètent le mode de vie nomade et le rapport étroit qu'entretiennent ces peuples avec la nature et les cycles de la vie. Les traditions religieuses varient en fonction des époques, des tribus et des régions (des Scythes aux Mongols), mais elles partagent des éléments communs.

Animisme et naturalisme.
Les peuples des steppes croient que la nature est peuplée d'esprits qui habitent les montagnes, les rivières, le vent, le feu, et les animaux. La nature est perçue comme vivante et puissante, et chaque élément naturel est doté d'une force particulière. Dans de nombreuses cultures de la steppe, le ciel est vénéré comme une divinité suprême, connue sous le nom de Tengri ou Tengger. Ce "Ciel éternel" est souvent associé au destin, à la prospérité et à la protection des peuples des steppes. Les dirigeants et les guerriers peuvent invoquer Tengri pour demander sa bénédiction et sa guidance.  Les animaux, notamment le loup, le cheval, le cerf, et l'aigle, jouent un rôle sacré et sont souvent vus comme des médiateurs entre le monde réel et le monde autre, celui imaginé par la religion. Les animaux totémiques, en particulier le loup, sont des symboles de force, de ruse, et de protection pour les peuples nomades.

Les chamans sont des figures centrales dans la religion des peuples des steppes. Ils agissent comme des intermédiaires entre le monde des vivants et celui des esprits. Ils sont consultés pour interpréter les signes, guérir les maladies, et communiquer avec les esprits protecteurs. Les chamans utilisent divers rituels pour entrer en transe et accéder au monde autre. Ils utilisent souvent des tambours, des chants et des danses, et ils peuvent consommer des substances hallucinogènes pour favoriser la transe et la connexion avec les esprits. Ils invoquent des esprits protecteurs pour demander leur aide dans la guérison, la protection des guerriers, et la bénédiction des communautés. Ces esprits sont parfois des ancêtres, des animaux ou des figures mythologiques qui guident et protègent les clans et les tribus.

Le culte des ancêtres est fondamental dans la religion des steppes. Les ancêtres sont vus comme des protecteurs qui continuent de veiller sur les vivants après leur mort. Ils jouent un rôle dans la préservation de l'harmonie et de la prospérité du clan. Les peuples des steppes honorent les chefs et les guerriers défunts par des sépultures fastueuses appelées kourganes. Les kourganes sont des monticules funéraires caractéristiques de la steppe eurasienne. Ils contenaient souvent des offrandes, des armes, des bijoux, des chevaux sacrificiels, et parfois même des serviteurs. Ces sépultures témoignent d'une société hiérarchisée et de croyances religieuses, où les guerriers et les chefs étaient souvent enterrés avec leurs biens précieux, symbolisant leur statut et leur pouvoir dans l'au-delà. 

Pratiques rituelles et offrandes.
Les sacrifices, particulièrement d'animaux comme le cheval ou le mouton, font partie intégrante des rituels. Les animaux sacrifiés sont offerts aux esprits de la nature ou aux ancêtres pour obtenir protection, fertilité, ou succès à la chasse et au combat. Avant les batailles ou lors d'événements importants, des rituels de purification sont effectués pour éloigner les mauvais esprits et pour s'assurer de la faveur des dieux ou des esprits. Ces rites incluent des purifications par le feu et la fumée. Les peuples des steppes utilisent divers objets sacrés, comme des amulettes, des talismans, et des symboles d'animaux, censés porter bonheur et offrir une protection magique. Ces objets sont souvent portés par les guerriers pour les protéger au combat.

Symbolisme religieux et iconographie.
Les animaux mythiques comme le griffon, le cerf ailé ou le loup sont fréquemment représentés dans l'art des steppes, et ont une signification religieuse. Ces créatures symbolisent des qualités souhaitables (force, courage, agilité) et leur iconographie témoigne de leur place dans la mythologie des peuples nomades. Le soleil et les motifs solaires sont eux aussi couramment utilisés dans l'art et les rituels. Ils symbolisent la lumière, la fertilité et la puissance de la vie. Le soleil est associé à Tengri, le dieu du ciel, et peut être vu comme une source d'énergie vitale. Les artefacts en or, comme les bijoux et les plaques en métal ornées, sont fréquemment associés à des symboles religieux et mythologiques. Les motifs en or représentent souvent des animaux totémiques et servaient à montrer la puissance spirituelle et sociale de leurs porteurs.

Influences religieuses extérieures.
La civilisation des steppes, en particulier par la Route de la Soie, a été exposée aux croyances religieuses des cultures sédentaires voisines, telles que le bouddhisme, le manichéisme, et le christianisme nestorien. Ces influences ont pu pénétrer certaines tribus, surtout celles en contact avec les empires chinois et persans. Certains peuples des steppes ont intégré des éléments de ces religions étrangères dans leurs pratiques locales. Par exemple, les Mongols ont adopté certaines pratiques bouddhistes tout en conservant leurs croyances chamaniques et animistes.: Dans certains cas, les chefs de tribus, comme Gengis Khan, étaient vus non seulement comme des chefs politiques, mais aussi comme des figures investies d'une autorité sacrée, mandatée par le Ciel (Tengri), ce qui leur donnait une légitimité religieuse pour gouverner.

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