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 Histoire de l'Asie > La Chine

La dynastie Ming

Les Ming sont une dynastie qui a régné en Chine de 1368 à 1644, sur un territoire correspondant approximativement à ce que nous appelons la Chine propre. Cette dynastie marque la fin de la domination mongole et est  vue comme une période de renouveau culturel, économique et politique. 

Ancien moine bouddhiste et chef de la révolte des Turbans rouges, Zhu Yuanzhang a renversé la dynastie Yuan et fondé la dynastie Ming en 1368. Il a pris le nom de règne Hongwu, et a réformé l'administration en renforçant le pouvoir impérial, réduisant le rôle des eunuques et abolissant le poste de chancelier. Il a aussi mis en place un système de recensement et de répartition des terres pour augmenter la production agricole.

Dans les premières années du XVe siècle, Yongle, le troisième empereur Ming, a déplacé la capitale de Nankin (Nanjing) à Pékin (Beijing) et a construit la Cité interdite. Il a également soutenu les expéditions maritimes de l'amiral Zheng He, qui ont établi des relations diplomatiques avec plus de 30 pays et ont rapporté des trésors, des animaux exotiques et des objets culturels à la cour Ming, étendant dans le même temps l'influence chinoise jusqu'en Afrique de l'Est et au Moyen-Orient.
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La marine chinoise à l'époque impériale

Les premiers développements de la marine chinoise remontent à la dynastie Han (206 av. JC. - 220 ap. JC), qui a commencé à développer une flotte pour défendre les côtes et les voies fluviales. Des navires fluviaux étaient utilisés pour le commerce et le transport militaire le long du fleuve Yangtsé.

Sous les Tang  (618-907 ap. JC), la Chine commence à établir des relations commerciales maritimes avec des régions aussi éloignées que l'Inde, l'Arabie et l'Afrique de l'Est. La marine est alors impliquée dans la protection des routes commerciales maritimes et la lutte contre les pirates. Les Song  (960-1279) ont construit des navires plus avancés technologiquement, équipés de roues à aubes, de compartiments étanches et de gouvernails. La marine Song a également été pionnière dans l'utilisation de la poudre à canon en mer, avec des navires équipés de canons, de lance-flammes et de bombes incendiaires  dans des batailles navales. 

Une des batailles navales célèbres est la bataille de la rivière Fei (1161), où la marine Song utilise ses technologies navales avancées pour vaincre les envahisseurs Jin. Les Mongols, sous la dynastie Yuan (1271-1368.), ont utilisé la marine chinoise pour tenter des invasions du Japon (1274 et 1281) et des campagnes en Asie du Sud-Est. Bien que ces invasions aient échoué, elles démontrent la capacité de la Chine à projeter sa puissance maritime.

Finalement, l'âge d'or de la période Ming  (1368-1644). La marine chinoise a été renforcée pour protéger les côtes et les routes commerciales. Cela incluait la construction de nouveaux navires et la formation de marins et d'officiers qualifiés. Les Ming ont également innové dans la construction navale avec l'utilisation de compartiments étanches, des gouvernails à axe unique, des navires à plusieurs ponts et des voiles robustes adaptées aux conditions océaniques. Les navires Ming étaient parmi les plus avancés de leur temps. La marine Ming utilisait des canons, des arcs et des flèches, et des lance-flammes. Ces innovations ont permis aux navires de mieux se défendre contre les pirates et les ennemis. Les Chinois ont par ailleurs amélioré les techniques de navigation, en utilisant des boussoles et en cartographiant des routes maritimes détaillées.

Les expéditions de Zheng He, entre 1405 et 1433, étaient impliquaient des flottes de trésor (baochuan), des navires géants mesurant jusqu'à 120 mètres de long (, une prouesse d'ingénierie navale de l'époque) et capables de transporter de grandes quantités de marchandises et de soldats. Les flottes comprenaient également des navires de soutien, des navires de guerre et des navires de transport.

Sous les Qing (1644-1912), l'attention de la Chine se tourne davantage vers les menaces terrestres et la consolidation interne. La marine est négligée et perd son avance par rapport aux puissances maritimes occidentales émergentes. Les faiblesses navales de la Chine deviennent apparentes pendant les guerres de l'opium (1839-1842 et 1856-1860), où les forces navales britanniques infligent de lourdes défaites à la flotte Qing, soulignant la nécessité de moderniser la marine.

Cette période a vu un développement économique et commercial important. L'introduction de nouvelles cultures, telles que le maïs et les patates douces, a augmenté la productivité agricole. Le commerce, tant intérieur qu'extérieur, s'est épanoui, avec des villes comme Nanjing et Suzhou devenant des centres commerciaux majeurs. Cette prospérité accompagne le renouveau culturel du pays. La porcelaine Ming est particulièrement réputée. A cette époque, la littérature chinoise s'illustre avec des oeuvres comme Le Voyage en Occident et Le Rêve dans le pavillon rouge. La cartographie, la technologie et la médecine connaissent de nouveaux progrès. Les traités de pharmacologie et les encyclopédies médicales sont particulièrement avancés. Le système d'examens impériaux ayant été rétabli et renforcé, est devenu  un moyen crucial de recrutement pour la fonction publique et la promotion de la culture confucéenne.

Mais cette renaissance de la culture chinoise traditionnelle après des décennies de domination étrangère a aussi conduit à des excès. Après la mort de Zheng He, la promesse d'ouverture de la Chine sur le monde que ses voyages promettaient n'a pas été tenue. La faction conservatrice qui a pris le pouvoir à ce moment, à force de vouloir rétablir rétablir et à renforcer les valeurs culturelles et les traditions anciennes, a fermé le pays à toutes les influences étrangères. Les voyages maritimes ont pris fin. En 1436, une loi a interdit la construction de navires de plus de deux mâts, limitant ainsi la capacité de la Chine à mener des expéditions lointaines. Les frontières terrestres sont devenues des barrières de plus en plus étanches contre les incursions mongoles persistantes. D'ailleurs, la Chine Ming disposait de vastes ressources naturelles et d'une économie autosuffisante. Les échanges commerciaux avec l'extérieur étaient donc considérés comme moins nécessaires pour le bien-être économique du pays.
Des politiques strictes de restriction du commerce extérieur, limitaient les contacts avec les marchands étrangers. Les échanges étaient concentrés sur quelques ports désignés, comme Canton et le commerce avec les pays étrangers était encadré par le système tributaire, où les échanges étaient conditionnés par des relations de vassalité et des rites de soumission à l'empereur chinois.

Au final, en limitant les échanges avec l'extérieur, la Chine Ming a manqué des occasions d'importer des innovations technologiques et des connaissances scientifiques qui étaient en plein essor en Europe et dans le monde musulman à cette époque. L'isolationnisme a contribué à rendre la Chine moins préparée aux changements géopolitiques du monde, notamment l'arrivée des Européens en Asie avec des ambitions coloniales et des technologies militaires avancées. De plus, l'accroissement des dépenses militaires, les projets de construction massive, comme pour l'amélioration de la Grande Muraille, et la corruption ont affaibli l'économie. Les fonctionnaires corrompus et les dépenses extravagantes de la cour impériale ont contribué à la crise financière.

Les rébellions paysannes, exacerbées par la famine et les taxes élevées, ont commencé à se multiplier. Les révoltes de chefs comme Li Zicheng ont marqué la les dernières années du règne des Ming. Les Mandchous, un peuple du nord-est de la Chine, ont profité de la faiblesse qui était désormais celle de la Chine pour l'envahir. En 1644, Pékin est tombée aux mains des rebelles de Li Zicheng, mais les Mandchous ont rapidement vaincu ces derniers et ont établi la dynastie Qing. Le dernier empereur Ming  s'est suicidé alors que Pékin tombait.
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Tombeau des Ming.
Les Tombeaux des Ming sont situés à environ 50 km au nord de Pékin. 
La porte menant à la Voie Sacrée et aux tombes remonte à 1540 : c'est le plus 
ancien et le plus grand arc en pierre construit en Chine. Source : The World Factbook.
Taizong (太宗) (1368-1398), nom de temple de Tchou Yuen tchang. Né d'une famille obscure en 1328, ce personnage était bonze, quand éclatèrent les troubles qui mirent fin à la dynastie mongole des Yuen (Koubilaï et les Khaqan de Chine). Il servit d'abord sous les ordres d'un des révoltés, Koo Tseu hing, et, à la mort de celui-ci (1355), fut choisi par les soldats pour le remplacer ; il s'empara bientôt de Nankin, qui fut désormais sa capitale, soumit plusieurs des autres chefs rebelles et put enfin chasser l'empereur Choen ti, qui se réfugia en Mongolie. Alors Tchou Yuen tchang prit le titre d'empereur et donna à ses années de règne le nom de Hong oou. Il acheva de pacifier son empire, repoussa les pirates japonais réorganisa l'administration, divisa ses États en treize provinces. Il laissa le trône au fils de son fils aîné qui était mort précédemment.

Huizong (徽宗) (1399-1402), bientôt détrôné par un de ses oncles, le prince de Yen, se retira dans une bonzerie, puis résida dans diverses parties de l'empire; il mourut en 1440; ses années de règne portent le nom de Kien oen.

Zhengzong (政宗) (1403-1424) prit pour son règne le nom de Yong lo. Il transporta sa résidence à Pékin, qui avait été la capitale des empereurs mongols : la ville fut rebâtie sur un plan grandiose, et elle est restée à peu près ce qu'elle était alors. Les Japonais sur mer, les Mongols dans leurs steppes furent tenus en respect; contre les derniers, l'empereur, qui prenait habituellement le commandement des expéditions, fit élever des fortifications au Nord et à l'Ouest de Pékin; une guerre entreprise au Tonkin (1406-1411), avec un médiocre succès, amena cependant la reconnaissance de la suzeraineté chinoise. Des expéditions maritimes conduites par Tchen-Ho, Ma Pin, etc., explorèrent les côtes de l'Indochine, de Java, de Sumatra et s'avancèrent jusqu'au Bengale.

Renzong (仁宗) (1425, année Hong hi), fils de Zhengzong, régna moins d'un an; il eut pour successeur son fils Siuen tsong.

Xuanzong (宣宗) (1426-1435, années Siuen te) lutta avec succès contre son oncle révolté et contre les Mongols.

Yingzong (英宗) (1436-1449, années Tcheng thong) succéda à son père, mais le gouvernement fut dirigé jusqu'en 1443 par l'impératrice mère. A la mort de celle-ci, l'eunuque Oang Tchen domina facilement l'empereur, le gouvernement s'affaiblit; les Mongols profitèrent de cette situation et s'avancèrent jusqu'auprès de Pékin; l'empereur prit le commandement de ses troupes; il fut battu et fait prisonnier. Les Mongols voulaient le rendre contre une forte rançon; mais l'impératrice et les ministres refusèrent la somme que l'on exigeait et mirent sur le trône Jingzong.

Jingzong (景宗) (1450-1456, années King thai), était le frère cadet de Yingzong. Aidé de son ministre Yu Khien, il repoussa les Mongols et, en 1451, paya la rançon de son frère, qui rentra à Pékin et reçut le titre de thai chang hoang (empereur suprême retiré des affaires). King ti étant tombé gravement malade, le pouvoir fut rendu, non sans opposition, à Yang tsong (1457-1464, années Thien choen), qui éloigna des affaires la plupart des conseillers de son frère, y compris Yu Khien.

Xianzong (獻宗) (1465-1487 années Tchheng hoa) fils de Jingzong, lui succéd; il s'entoura d'abord d'hommes de valeur, mais au bout de quelques années, il se laissa dominer par les eunuques et le clergé bouddhique. Les Miao tseu et les Yao tseu, populations du Sud-Ouest de la Chine, qui harcelaient les agriculteurs de la région, durent être réduits par les armes (1467). Les Mongols furent battus, mais ils battirent à leur tour les Chinois ; on poursuivit la construction des fortifications du Nord.

Xiaozong (孝宗) (1488-1505, années Hong tchi), fils du précédent, sut se soustraire à l'influence des eunuques et des bonzes; il choisit de bons ministres et s'efforça de gouverner pour le bien du pays; il tint les Mongols en respect.

Wuzong (武宗) (1506-1521, années Tcheng te), son fils, passa son temps en chasses et en fêtes; il prit lui-même le commandement des troupes pour faire le simulacre d'une expédition contre les Mongols, afin de s'amuser d'un genre de vie nouveau pour lui; la révolte d'un prince du Kiang si fut réduite et les rebelles furent mis à mort. L'empereur n'ayant pas laissé de postérité, Chi tsong, son cousin, lui succéda. 

Zhizong (至宗) (1522-1566, années Kia tsing). - Sous son règne la population de Tourfan, qui avait envahi le territoire chinois, fut repoussée et céda Hami à l'empire. En 1547, une muraille de 800 li de longueur fut construite au Nord de Pékin. Deux places, Siuen hoa et Ta thong, furent désignées comme marchés ouverts aux Mongols (1551); mais le manque d'honnêteté de ceux-ci força bientôt à suspendre les relations commerciales. Les pirates japonais ravagèrent en 1550 l'embouchure du Yang tseu et en 1562 les côtes du Fou kien. C'est sous ce règne que les Portugais, qui avaient depuis 1516 essayé de nouer des relations avec la Chine, s'établirent à Macao (1553 ou 1557).

Muzong (穆宗) (1567-1572, années Long khing), fils du précédent, déploya un grand luxe; d'ailleurs, il rechercha les hommes de valeur et, en accueillant et soutenant des réfugiés mongols, il fit reconnaître sa suzeraineté par quelques tribus.

Chenzong (宸榮宗) (1573-1619, années Oan li), fils de Muzong, monta sur le trône à l'âge de dix ans; Tchang Kiu tcheng exerça la régence avec beaucoup de sagesse; mais, après sa mort, l'empereur se lança dans des dépenses exagérées et le trésor se trouva bientôt vide; on chercha à pourvoir à ces difficultés financières en établissant des octrois et de nouvelles taxes. Ce règne fut marqué par l'intervention, des Chinois en Corée; en effet, les Japonais, alors gouvernés par le fameux Tai kau Hide vosi, avaient envahi la péninsule, qui était depuis des siècles tributaire de l'empire, et voulaient porter la guerre jusqu'en Chine (1592); après six ans d'une lutte sans issue bien définie, ils se retirèrent, tant par épuisement que par suite de la mort de Hide yosi. En 1616, les Mandchous (Les Toungouses) entrèrent dans le Liao tong et établirent leur capitale à Hing king ou lnden. C'est pendant ce règne que le P. Ricci débarqua en Chine (1582).

Guangzong (光宗) (1620, année Thai tchhang), fils du précédent, régna moins de trois mois.

Hui (徽) (1621-1627, années Thien khi),  fils de Guangzong, étant très jeune et l'impératrice douairière étant morte, le pouvoir tomba aux mains de la nourrice de l'empereur et d'un eunuque, Oei Tchong hien, qui déploya autant de luxe et d'orgueil que d'incapacité. Les Hollandais s'établirent à Formose (1624). Les Mandchous continuèrent sans opposition de s'étendre dans le Liao tong, ils transférèrent leur capitale à Chen yang ou Moukden (1625), envahirent la Corée (1627) et lui imposèrent la reconnaissance de leur autorité. 

Huai (懷). - Hui étant mort sans enfants, son frère Huai (1628-1644, années Tchhong tcheng), monta sur le trône et son premier acte fut de bannir Oei Tchong bien. En 1629, le calcul de l'almanach fut confié aux jésuites. La même année, les Mandchous (Les Toungouses)  s'avancèrent jusqu'aux environs de Thien tsin. Le peuple du Nord, affamé par la guerre et la rapacité des fonctionnaires, se révolta sous la direction de Tchang Hien tchong et Li Tseu tchheng; celui-ci s'empara du Ho nan, du Chan si, du Chan tong et se proclama roi en 1644. A la troisième lune de cette même année, il mit le siège devant Pékin; la ville n'ayant pu résister, l'empereur se donna la mort. C'est alors qu'un fonctionnaire militaire, Ooun San koei, appela les Mandchous qui promirent de rétablir l'ordre moyennant l'abandon de tout le butin dont ils s'empareraient; mais leur chef, au lieu de restituer aux Ming un territoire pacifié, prit le titre d'empereur et transféra sa capitale à Pékin (octobre 1644). Ce fut le début de la dynastie Qing.

Plusieurs princes de la maison des Ming, le prince de Fou ( Antong, 安宗), le prince de Thang (Chaotsong, 朝宗), le prince de Yong ming furent successivement proclamés empereurs par des fonctionnaires fidèles, et prirent les noms de règne de Hongguang (弘光) (1645), Longwu (龍武) (1645-1646), Yongli (永曆) (1647-1661); de Nankin, la résistance se transporta au Fou kien, puis au Guangxu, enfin au Yun nan. Le dernier prétendant dut se réfugier en Birmanie (1659) et il fut livré aux Mandchous, qui le mirent à mort (1661). Un parent des derniers empereurs reçut le titre de marquis et fut chargé d'offrir les sacrifices aux mines des empereurs Ming et de veiller à l'entretien de leurs tombeaux; le titre et la charge se sont perpétués jusqu'à la fin de l'empire dans sa descendance. (Maurice Courant). 
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