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Ouzbékistan
Ozbekiston Respublikasi

41 00 N, 64 00 E
L'OuzbĂ©kistan est un Etat d'Asie Centrale d'une superficie de 447.400 km². Il est enclavĂ© entre la Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Afghanistan, et le TurkmĂ©nistan. C'est le centre gĂ©ographique et dĂ©mographique de l'Asie centrale. L'Ă©conomie y est diversifiĂ©e et la population (34 millions d'habitants en 2025) relativement jeune. 

La capitale est Tachkent. Elle a 2,5 million d'habitants en 2025. Parmi les autres villes importantes, on mentionnera : Namagan (432.500 hab.), Samarcande (320.000 hab.), Andijon (320.000) et Boukhara (250.000 hab.).

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Carte de l'Ouzbekistan.
Carte de l'Ouzbekistan. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

D'une point de vue administratif, l'Ouganda se divise en 12  provinces (viloyatlar), une rĂ©publique autonome (respublika), Qoraqalpog'iston Respublikasi [RĂ©publique du Karakalpakstan], avec pour chef-lieu Nukus, et une ville (shahar), Toshkent Shahri [Tachkent-Ville].

Les provinces de l'Ouzbekistan

Andijon Viloyati
Buxoro Viloyati [Province de Boukhara]
Farg'ona Viloyati [Province de Fergana]
Jizzax Viloyati
Namangan Viloyati
Navoiy Viloyati
Qashqadaryo Viloyati (Qarshi)
Samarqand Viloyati
Sirdaryo Viloyati (Guliston)
Surxondaryo Viloyati (Termiz)
Toshkent Viloyati [Province de Tachkent]
Xorazm Viloyati (Urganch)
-Lorsque le nom du chef-lieu de la province est différent du nom de celle-ci,
il est indiqué entre parenthèses. Traductions entre crochets.

Géographie physique de l'Ouzbékistan

Relief et topographie.

Montagnes.
Ă€ l'est de l'OuzbĂ©kistan, la chaĂ®ne des monts Tian Chan  forme une frontière naturelle avec le Kirghizistan et le Kazakhstan. Les monts Tien Shan, qui se prolongent en Chine, sont composĂ©s principalement de roches mĂ©tamorphiques et sĂ©dimentaires, avec des sommets dĂ©passant les 4000 mètres d'altitude. Le point culminant de cette chaĂ®ne en OuzbĂ©kistan est le Pic Adelunga (4301 m), situĂ© Ă  la frontière avec le Kirghizistan.

Les Monts Pamir-Alaï, situés au sud-est du pays, sont une extension du système Pamir-Alai. Cette région est également montagneuse, avec des altitudes élevées, mais les sommets les plus élevés sont généralement en dehors des frontières de l'Ouzbékistan.

Plaine.
La vaste plaine de l'Amou-Daria est formée par le delta et le bassin de la rivière Amou-Daria. Elle est importante pour l'agriculture et la culture des coton et des céréales.

Déserts.
Le dĂ©sert de Kyzylkoum  occupe une grande partie du centre et du nord de l'OuzbĂ©kistan. C'est l'un des plus grands dĂ©serts d'Asie centrale, avec des conditions arides et des tempĂ©ratures extrĂŞmes. La vĂ©gĂ©tation est Ă©parse, et le climat est typiquement continental avec de fortes amplitudes thermiques. En plus d'ĂŞtre une caractĂ©ristique majeure du pays, ce dĂ©sert est un lieu de recherche pour comprendre les Ă©cosystèmes dĂ©sertiques et les adaptations des espèces locales.

Géologie.
Le pays présente une géologie variée, avec des formations volcaniques, des bassins sédimentaires et des chaînes de montagnes résultant de l'activité tectonique dans la région.

Hydrographie.
Rivières.
L'Amou-Daria est une des deux grandes rivières d'Asie centrale (avec le Syr-Daria). Il traverse le sud de l'Ouzbékistan et se jette dans la mer d'Aral. Historiquement, c'était un axe crucial pour les routes commerciales de la soie.

Le Syr-Daria coule Ă  travers le nord de l'OuzbĂ©kistan et se dirige vers la mer d'Aral. C'est  Ă©galement un Ă©lĂ©ment essentiel pour l'irrigation des terres agricoles de la rĂ©gion.

Lacs.
La mer d'Aral, situĂ© au nord-ouest de l'OuzbĂ©kistan, Ă©tait autrefois l'un des plus grands lacs d'eau douce du monde. Il a fortement rĂ©gressĂ© au cours des dernières dĂ©cennies en raison du dĂ©tournement pour l'irrigation des rivières l'alimentant. 

Le lac Sarygamysh , situé au sud-est, est un grand lac salé situé près de la frontière avec le Turkménistan.

Climat.
L'Ouzbékistan a un climat typiquement continental avec des étés chauds et secs et des hivers froids. Les températures peuvent varier considérablement entre les saisons, avec des étés pouvant dépasser les 40 °C et des hivers pouvant descendre en dessous de -20 °C dans certaines régions. Dans les zones désertiques comme le Kyzylkoum, le climat est très aride avec peu de précipitations et des températures extrêmes.

Biogéographie de l'Ouzbékistan

L'Ouzbékistan possède une biogéographie contrastée, résultant de son positionnement entre les déserts, les steppes, les montagnes et les zones fluviales. Son territoire s'étend entre les latitudes tempérées continentales, ce qui influe fortement sur ses écosystèmes, sa biodiversité et ses paysages.

La majeure partie de l'Ouzbékistan est occupée par des zones arides à semi-arides. Le désert du Kyzylkoum, l'un des plus grands déserts de sable du monde, couvre une large portion du centre et de l'ouest du pays, partagé avec le Kazakhstan et le Turkménistan. Ce désert se caractérise par une végétation xérophytique dispersée, avec des plantes halophytes et épineuses adaptées aux sols salins et aux conditions climatiques extrêmes. La faune y est dominée par des espèces résistantes à la sécheresse, comme le lézard du désert, le varan du désert, le fennec d'Asie centrale, et le renard corsac.

À l'est et au sud-est, le paysage change radicalement avec l'émergence de chaînes montagneuses comme le Tian Shan occidental et le Pamir-Alaï. Ces montagnes reçoivent plus de précipitations que les plaines désertiques, permettant le développement de forêts de genévriers, de steppes subalpines et de prairies riches en herbacées. C'est dans ces zones montagnardes que l'on trouve la plus grande concentration de biodiversité du pays, avec des espèces endémiques comme le bouquetin d'Asie centrale, l'ours brun du Tian Shan, la panthère des neiges et diverses espèces de rapaces, dont l'aigle royal et le gypaète barbu.

Les régions fluviales, notamment le bassin de l'Amou-Daria et du Syr-Daria, offrent un environnement plus favorable à l'agriculture intensive. Autrefois riches en zones humides et forêts alluviales, ces régions ont subi une transformation drastique à cause de l'exploitation massive de l'eau pour l'irrigation du coton et d'autres cultures. Cette surexploitation a conduit à l'assèchement dramatique de la mer d'Aral, autrefois le quatrième plus grand lac du monde, transformée aujourd'hui en un désert salin appelé Aralkoum. Cette catastrophe environnementale a modifié la biogéographie de la région, en créant de nouveaux écosystèmes anthropisés caractérisés par la salinisation des sols, les tempêtes de poussière toxiques, et la disparition d'habitats aquatiques.

Malgré ces dégradations, certaines zones humides subsistent, comme celles proches du delta de l'Amou-Daria, qui conservent des roseaux, des peupliers d'Asie et des milieux propices aux oiseaux aquatiques, aux amphibiens et à des mammifères rares comme la loutre d'Asie centrale.

Les steppes de l'Ouzbékistan, entre les zones désertiques et les montagnes, sont des milieux de transition écologiques importants. Elles accueillent une flore steppique diversifiée composée d'armoises, d'asters et de graminées adaptées aux sols argilo-sableux. Ces zones sont essentielles pour certaines espèces migratrices comme la grande outarde, et pour les ongulés comme la gazelle de Goiter, une espèce menacée.

Sur le plan floristique, l'Ouzbékistan compte environ 4500 espèces de plantes vasculaires, dont près de 10 % sont endémiques, concentrées surtout dans les zones montagneuses et les vallées isolées. Le pays a une longue tradition d'ethnobotanique, avec l'usage médicinal de nombreuses plantes locales comme la réglisse, l'absinthe et le jujubier.

Enfin, les contrastes biogéographiques de l'Ouzbékistan s'accompagnent d'importants enjeux écologiques. La surexploitation des sols, la désertification, la pollution des nappes phréatiques et la perte de biodiversité figurent parmi les défis majeurs. Des programmes de reforestation, la création de réserves naturelles comme celles de Chatkal, Zarafshan ou Kyzylkoum, et la réintroduction d'espèces menacées sont engagés pour tenter de restaurer une partie des équilibres écologiques perdus.

Géographie humaine de l'Ouzbékistan

Population.
La population totale de l'Ouzbékistan est d'environ 34 millions d'habitants. Le pays a un taux de croissance démographique relativement élevé, avec une population jeune et dynamique. Une proportion significative de la population est âgée de moins de 30 ans.

L'Ouzbékistan a connu des mouvements de population internes dus à des facteurs économiques et environnementaux, ainsi que des migrations vers d'autres pays pour des raisons économiques. : La crise de la mer d'Aral a eu des impacts significatifs sur les populations locales, et a entraîné des déplacements et des défis sanitaires et économiques.

Environ 50% de la population vit en milieu urbain. Les principales villes sont Tachkent (la capitale), Samarcande, Boukhara, et Namangan. Tachkent, est la plus grande ville avec plus de 2,5 millions d'habitants. Elle est le principal centre économique, culturel et politique du pays.

Les Ouzbeks constituent la majorité de la population. Les principales minorités ethniques sont les Russes, les Tadjiks, les Kazakhs, les Karakalpaks et les Tatars. L'Ouzbékistan est globalement un pays multiethnique avec une coexistence relativement pacifique, bien que des tensions ethniques puissent exister dans certaines régions, notamment dans la vallée de Ferghana, où les frontières ethniques et géographiques sont entrelacées.

L'ouzbek est la langue officielle et la plus parlĂ©e. Elle utilise l'alphabet latin depuis 1992, après une pĂ©riode d'utilisation de l'alphabet cyrillique. Le russe conserve une place importante comme langue de communication interethnique, particulièrement dans les zones urbaines, tandis que les langues minoritaires (tadjik, kazakh, karakalpak, etc.) sont protĂ©gĂ©es dans une certaine mesure par la lĂ©gislation, mais souvent marginalisĂ©es dans la pratique Ă©ducative et mĂ©diatique. 

La religion prédominante est l'Islam sunnite, pratiqué par environ 88% de la population. L'Ouzbékistan se signale par sa modération religieuse et la séparation relative entre la religion et l'État. Il existe de petites communautés chrétiennes, principalement orthodoxes russes, ainsi que des minorités juives et baha'ies.

L'État ouzbek promeut une forte identité nationale centrée sur la langue ouzbek et l'histoire préislamique (en particulier celle de Tamerlan), tout en contrôlant étroitement les expressions identitaires régionales ou communautaires afin d'assurer la stabilité interne.

Le système Ă©ducatif ouzbek est bien dĂ©veloppĂ©, avec un taux d'alphabĂ©tisation Ă©levĂ©.Le système de santĂ© a connu des amĂ©liorations significatives, mais des disparitĂ©s existent encore entre les zones urbaines et rurales. 

L'Ouzbékistan possède un riche patrimoine culturel, avec des villes historiques comme Samarcande, Boukhara et Khiva, qui sont des centres de l'ancienne route de la soie. Plusieurs sites ouzbeks sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco.

Quelques-unes des principales villes de l'Ouzbékistan

• Tachkent, la capitale, est la plus grande ville du pays, avec plus de 2,5 millions d'habitants. Elle est le centre politique et économique de l'Ouzbékistan. Modernisée après le tremblement de terre de 1966, elle possède une architecture soviétique dominante, ponctuée de monuments contemporains. Son réseau de métro, l'un des premiers d'Asie centrale, est également connu pour son élégance artistique. Elle est aussi le siège de nombreuses institutions universitaires et culturelles, dont le Théâtre national d'opéra et de ballet et plusieurs musées d'art et d'histoire.

• Samarcande est une ville mythique, autrefois capitale de l'empire de Tamerlan. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco pour ses trésors architecturaux tels que la place du Régistan, la mosquée Bibi-Khanym et le mausolée de Gour Emir. Située dans la vallée de Zeravchan, elle est un carrefour multiculturel depuis l'Antiquité. Aujourd'hui, elle conserve une forte identité historique tout en se modernisant doucement, avec un développement touristique croissant.

• Boukhara, autre joyau du patrimoine ouzbek, compte plus de 2000 bâtiments historiques et a longtemps été un centre religieux majeur de l'islam sunnite. La ville est réputée pour ses medersas, ses mosquées, ses marchés traditionnels et le célèbre minaret Kalyan. Elle conserve une atmosphère médiévale dans son centre historique, qui témoigne d'un passé prospère lié au commerce de la soie et des épices.

• Khiva est une ville-musée à ciel ouvert, entièrement inscrite au patrimoine mondial. Son centre ancien, Itchan Kala, est entouré de murailles en argile et renferme des dizaines de palais, de mosquées et de medersas admirablement restaurés. Moins peuplée que les autres grandes villes, Khiva attire principalement les visiteurs curieux de découvrir une ville islamique médiévale parfaitement préservée.

• Andijan, dans la vallée fertile du Ferghana, est un pôle industriel et agricole majeur. C'est aussi le lieu de naissance de Babour, fondateur de l'Empire moghol en Inde. Son histoire récente est marquée par des troubles sociaux et politiques, mais elle reste un centre dynamique grâce à son activité commerciale intense, ses usines textiles et son réseau routier dense.

• Noukous, capitale de la république autonome du Karakalpakstan, est isolée dans la région désertique du nord-ouest du pays. Elle est surtout connue pour abriter le Musée Savitsky, qui possède l'une des plus grandes collections d'art d'avant-garde russe au monde, sauvée de la censure soviétique. La ville souffre cependant des effets écologiques dramatiques de la disparition de la mer d'Aral, dont elle était autrefois riveraine.

• Namangan, également située dans la vallée de Ferghana, est une ville en forte croissance économique. Elle est réputée pour son industrie textile, ses marchés, et son conservatisme religieux, contraste avec d'autres grandes villes plus laïques du pays. Elle constitue un centre important de l'éducation islamique et de la culture artisanale.

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Groupes ethnolinguistiques.
Le pays est majoritairement peuplé d'Ouzbeks, mais il abrite aussi plusieurs groupes ethniques et linguistiques, formant une mosaïque identitaire caractéristique de l'Asie centrale.

Ouzbeks.
Les Ouzbeks représentent environ 83 % de la population. Leur langue, l'ouzbek, appartient à la branche turcique des langues altaïques. Cette langue possède de nombreux dialectes régionaux, influencés notamment par le tadjik, le kazakh et le russe. La majorité des Ouzbeks sont musulmans sunnites de rite hanafite, bien que la religiosité varie fortement selon les régions et les générations.

Tadjiks.
Concentrés dans l'est du pays, notamment à Samarcande, Boukhara et dans la vallée de Ferghana, les Tadjiks forment la principale minorité autochtone. Ils représentent environ 5 % de la population, bien que les chiffres officiels aient souvent été sous-estimés pour des raisons politiques. Les Tadjiks parlent une forme du persan, proche du dari afghan et du persan iranien, traditionnellement écrite en alphabet cyrillique. Leur culture est fortement influencée par la tradition urbaine iranophone et islamique, en particulier à travers leur contribution historique aux sciences, à la poésie et à la théologie islamiques en Asie centrale.

Russes.
Les Russes constituent une autre composante importante, bien que leur proportion ait nettement diminué depuis l'indépendance en 1991. Installés massivement sous l'Empire tsariste et l'URSS, les Russes vivent principalement dans les grandes villes comme Tachkent, Samarcande et Noukous. Ils parlent le russe, qui reste une langue véhiculaire importante dans l'administration, les affaires et l'enseignement supérieur. Les Russes d'Ouzbékistan sont majoritairement orthodoxes.

Karakalpaks.
Les Karakalpaks, population turcique, vivent principalement dans la région autonome du Karakalpakstan, dans le nord-ouest du pays. Leur langue, le karakalpak, est très proche du kazakh et appartient à la branche kipchak des langues turques. Cette région, marquée par la catastrophe environnementale de la mer d'Aral, connaît des défis sociaux importants, bien que les Karakalpaks conservent un fort sentiment identitaire régional.

Kazakhs.
Les Kazakhs, également turcophones, sont présents dans le nord-est du pays, à proximité de la frontière avec le Kazakhstan. Leur mode de vie a historiquement été plus pastoral et semi-nomade que celui des Ouzbeks. Leur langue, le kazakhe, est officiellement enseignée dans certaines écoles, bien qu'elle soit en recul chez les jeunes générations en Ouzbékistan.

Autres minorités.
Parmi les autres minorités turciques, on compte les Kirghiz, les Turkmènes et les Ouïghours. Les Kirghiz vivent principalement dans les régions montagneuses de la vallée de Ferghana, les Turkmènes dans le sud-ouest, à la frontière du Turkménistan, et les Ouïghours dans l'est, souvent assimilés culturellement aux Ouzbeks. Ces groupes parlent chacun leur propre langue turque, avec des traditions spécifiques et des coutumes nomades ou semi-nomades.

Il existe aussi de petites populations de Tatars, d'Ukrainiens, d'Arméniens, de Coréens (appelés Koryo-saram, descendants de Coréens déportés sous Staline depuis l'Extrême-Orient soviétique), et de Juifs boukharis. Ces derniers, jadis nombreux à Boukhara et Samarcande, ont en grande partie émigré vers Israël et les États-Unis, mais ils ont laissé un héritage culturel notable, notamment dans la musique et la gastronomie.

Culture.
La culture de l'Ouzbékistan est profondément enracinée dans les traditions des civilisations d'Asie centrale et de la route de la soie, tout en ayant été modelée par des influences persanes, turciques, islamiques, soviétiques et plus récemment nationales. Ce riche héritage multiculturel se reflète dans l'architecture, la musique, la langue, la cuisine, les vêtements et les coutumes sociales du pays.

L'islam sunnite de rite hanafite est la religion majoritaire. Il est pratiqué avec modération, souvent en combinaison avec des croyances populaires, comme le respect des mausolées soufis ou l'usage d'amulettes. La culture religieuse est imprégnée de l'héritage du soufisme, notamment à travers les figures comme Bahauddin Naqshband, dont le sanctuaire à Boukhara est un lieu de pèlerinage. L'islam est aujourd'hui contrôlé par l'État, mais son influence sur les rites sociaux comme les mariages, les funérailles, ou les fêtes religieuses (Aïd al-Fitr, Aïd al-Adha) reste très forte.

La musique traditionnelle ouzbèke est variée et codifiée. Le shashmaqam, un genre classique développé entre Boukhara et Samarcande, allie poésie persane et mélodies modales complexes. Il est habituellement joué avec des instruments comme le tanbur, le dutar, le doira ou le ghijak. Chaque région a ses propres styles musicaux et danses, comme la danse légère et expressive de Ferghana ou la danse plus lente et cérémonielle de Khorezm. Ces arts sont transmis à travers les écoles de musique, les théâtres folkloriques, et les fêtes de village.

L'art de la céramique est célèbre à Rishtan pour ses faïences bleues. La broderie traditionnelle (suzani) orne les tissus utilisés lors des mariages et des célébrations. Le tissage de la soie et du coton, en particulier les textiles ikat aux motifs colorés, constitue un symbole identitaire fort, transmis de génération en génération. Le travail du bois sculpté, de la laque et du métal (comme la fabrication de couteaux à Chust) reste vivant dans les artisanats locaux.

L'architecture traditionnelle témoigne d'un passé islamique et persan prestigieux. Les villes de Samarcande, Boukhara, Khiva et Shakhrisabz conservent des ensembles monumentaux spectaculaires : médersas, mosquées, caravansérails, et mausolées ornés de mosaïques turquoise, de majoliques et de briques décorées. Le Registan de Samarcande, la médersa Mir-i Arab à Boukhara, ou la vieille ville de Khiva (Itchan Kala) inscrite à l'Unesco, sont parmi les joyaux du patrimoine ouzbek.

Les traditions culinaires occupent une place essentielle dans la vie quotidienne. Le plov (riz pilaf avec viande, carottes et épices) est le plat national et se décline en nombreuses variantes régionales. Parmi les autres plats populaires, on remarque les manti (raviolis vapeur), les lagman (nouilles à la viande et légumes), et les shashlik (brochettes grillées). Le thé vert est une boisson omniprésente, servi dans des tchaykhanas (maisons de thé), qui sont aussi des lieux de rencontre sociale. Les repas sont souvent pris au sol sur des tapis ou des supa (estrades).

La tenue vestimentaire traditionnelle reste portée lors des cérémonies. Les hommes portent parfois la tyubeteïka (calotte brodée) et un manteau chapan, tandis que les femmes arborent des foulards colorés, des robes longues brodées et parfois des bijoux anciens en argent. Les vêtements modernes coexistent avec ces traditions dans les milieux urbains.

Les fêtes et célébrations rythment la vie culturelle. Nowruz, le Nouvel An persan célébré au printemps, est la fête la plus importante et rassemble toutes les communautés autour de spectacles, de repas collectifs, de jeux et de danses. Les mariages sont des événements majeurs, très ritualisés, avec des processions, des musiques, des tenues traditionnelles et un sens profond de l'honneur familial.

Le théâtre, le cinéma, la littérature et la poésie sont des formes culturelles en renaissance. Des poètes classiques comme Alisher Navoï ont marqué la culture nationale, tandis que des écrivains contemporains explorent les thèmes de la modernité, de l'identité post-soviétique et des traditions. Les festivals culturels organisés dans les villes historiques renforcent l'image de l'Ouzbékistan comme pays de culture et de patrimoine vivant.

Économie.
L'économie de l'Ouzbékistan est en pleine transformation depuis l'indépendance acquise en 1991. Longtemps marquée par un modèle étatique centralisé, elle connaît depuis 2016 une série de réformes structurelles profondes qui visent à la libéralisation, la diversification et l'ouverture vers les marchés mondiaux. Le pays possède une économie mixte dominée par les secteurs de l'agriculture, de l'industrie extractive, du textile et de l'énergie, avec une part croissante accordée aux services et aux investissements étrangers.

L'agriculture représente environ 25 % de l'emploi total, même si sa part dans le PIB a diminué à moins de 20 %. Le coton reste une culture emblématique – l'Ouzbékistan fut autrefois l'un des plus grands exportateurs mondiaux de “l'or blanc” – mais les surfaces cultivées sont aujourd'hui en partie réorientées vers des productions alimentaires, comme le blé, les fruits et légumes, en réponse aux défis environnementaux et sociaux liés à la monoculture et à l'irrigation intensive. L'agriculture est fortement dépendante du réseau d'irrigation issu de l'Amou-Daria et du Syr-Daria.

Le secteur industriel repose sur les ressources naturelles abondantes du pays. L'Ouzbékistan possède d'importantes réserves d'or (4e producteur mondial), de gaz naturel (17e mondial), d'uranium, de cuivre et de charbon. L'industrie minière et pétrolière est dominée par des entreprises publiques telles que Uzbekneftegaz (énergie) et Navoi Mining and Metallurgical Combinat (or et uranium). La valorisation locale des ressources, notamment par la construction de raffineries de gaz et d'usines de traitement des minerais, est une priorité nationale afin de réduire la dépendance aux exportations brutes.

Le textile constitue un secteur stratégique pour la diversification économique. En modernisant ses infrastructures de transformation du coton, le pays cherche à évoluer d'un modèle basé sur l'exportation de matières premières vers une industrie textile intégrée et compétitive à l'échelle régionale. Le gouvernement encourage l'établissement de zones économiques spéciales et de clusters textiles, en attirant les investissements turcs, chinois et sud-coréens.

Les réformes économiques lancées par le président Chavkat Mirzioïev ont profondément modifié l'environnement économique. Parmi les changements clés figurent la libéralisation du taux de change, la réduction des barrières douanières, la réforme du système fiscal et l'amélioration de la gouvernance publique. Ces mesures visent à renforcer la transparence, à améliorer le climat des affaires et à stimuler l'investissement étranger direct. De grandes entreprises étrangères dans les domaines de l'automobile, de l'agroalimentaire, des télécommunications et des infrastructures ont commencé à pénétrer le marché ouzbek, considéré comme stratégique dans la région de l'Asie centrale.

Le secteur énergétique connaît un développement rapide, soutenu par des partenariats avec la Russie, la Chine et l'Union européenne. L'Ouzbékistan a engagé une transition énergétique en développant les énergies renouvelables, notamment le solaire et l'éolien, avec des projets ambitieux dans le désert de Kyzylkoum. Le gaz naturel reste néanmoins au coeur de la stratégie d'exportation vers la Chine, la Russie et les pays voisins.

Le secteur tertiaire est en forte croissance, porté par les services bancaires, les technologies de l'information et surtout le tourisme culturel. Depuis l'assouplissement des conditions de visa, le pays attire un nombre croissant de touristes intéressés par les cités historiques de Samarcande, Boukhara et Khiva. Ce développement contribue à la création d'emplois et au dynamisme des régions.

Enfin, les défis économiques de l'Ouzbékistan concernent la lutte contre la pauvreté, le chômage (notamment des jeunes), la dépendance à l'économie informelle, la modernisation de l'administration publique et l'amélioration de la productivité. Le gouvernement mise sur l'éducation, la digitalisation et l'entrepreneuriat pour relever ces défis dans un cadre de développement durable et inclusif.

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