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Les
Kirghiz
sont mentionnés pour la première fois dans des sources chinoises anciennes,
notamment les chroniques de la dynastie Tang. À
cette époque, ils vivaient dans la région de l'Altaï et du Ienisei,
bien au nord de leur emplacement actuel. Entre les VIe
et VIIIe siècles, les Kirghiz faisaient
partie de l'empire des Göktürks. Ils ont ensuite été soumis par les
Oïrats et les Ouïghours. Aux IXe
et Xe siècles, les Kirghiz migrent vers
le sud, s'installant finalement dans les montagnes du Tian Shan, la région
qui constitue aujourd'hui le Kirghizistan.
Au XIIIe
siècle, l'empire mongol de Gengis Khan conquiert
la région. Après la fragmentation de l'empire, les Kirghiz passent sous
le contrôle de divers khanats mongols,
puis de l'empire timouride. Du XVe
au XVIIIe siècle, le territoire kirghiz
est contrôlé par plusieurs khanats, dont celui de Kokand.
Les Kirghiz ont souvent résisté à ces pouvoirs extérieurs, menant
une vie semi-nomade et préservant leurs structures tribales.
Au XIXe
siècle, l'Empire russe commence son expansion
en Asie centrale. En 1876, le Kirghizistan est annexé par la Russie après
la chute du khanat de Kokand. Les politiques coloniales russes, notamment
la conscription forcée pendant la Première
Guerre mondiale, provoquent une révolte majeure en 1916. La répression
est brutale, avec des milliers de Kirghiz tués ou déplacés. Après
la révolution de 1917 et la guerre civile russe, le Kirghizistan est intégré
à la nouvelle Union soviétique. En 1924,
la République autonome soviétique du Kirghizistan est créée, avant
de devenir une république socialiste soviétique à part entière en 1936.
Les années 1930 sont marquées par la collectivisation forcée et la répression
stalinienne, qui perturbent profondément la société kirghize traditionnelle.
Pendant la Seconde
Guerre mondiale, la région fournit des ressources à l'effort de guerre
soviétique. L'après-guerre voit la poursuite de l'industrialisation et
de la modernisation sous le régime soviétique. Les décennies suivantes
sont caractérisées par des progrès dans l'éducation, la santé et les
infrastructures. Toutefois, les traditions culturelles kirghiz sont souvent
réprimées au profit de l'idéologie soviétique. Dans les années
1980, les réformes de Mikhaïl Gorbatchev apportent un certain degré
de libéralisation politique et économique. Les mouvements nationalistes
et indépendantistes commencent à émerger. En 1990, Askar Akaïev, un
scientifique respecté, est élu président de la république soviétique
du Kirghizistan. Le 31 août 1991, suite à la tentative de coup d'État
contre Gorbatchev et à la désintégration de l'Union soviétique, le
Kirghizistan déclare son indépendance de l'Union soviétique. La reconnaissance
internationale suit la dissolution de l'URSS en décembre 1991.
Sous le leadership
d'Askar Akaïev, le Kirghizistan adopte une constitution démocratique
en 1993. Akaïev lance des réformes économiques visant à libéraliser
l'économie et attirer les investissements étrangers, mais les résultats
sont mitigés, avec des difficultés économiques persistantes et une pauvreté
croissante. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, le
régime d'Akaïev devient de plus en plus autoritaire, ce qui entraîne
une opposition croissante et des accusations de corruption et de népotisme.
En mars 2005, des manifestations massives éclatent contre le régime d'Akaïev,
accusé de fraude électorale lors des élections parlementaires. Akaïev
fuit le pays, et Kourmanbek Bakiev devient président par intérim avant
de remporter les élections présidentielles en juillet 2005. Bakiev promet
des réformes démocratiques et économiques, mais son régime est également
marqué par des accusations de corruption et d'autoritarisme. Les tensions
ethniques entre Kirghiz et Ouzbeks augmentent, notamment dans le sud du
pays. En avril 2010, des manifestations éclatent contre Bakiev, accusé
de corruption et de mauvaise gestion économique. La violence atteint son
paroxysme avec des affrontements à Bichkek, la capitale. Bakiev est contraint
de fuir le pays.
Après la fuite de
Bakiev, un gouvernement intérimaire dirigé par Roza Otounbaïeva est
mis en place. En juin 2010, une nouvelle constitution est adoptée, réduisant
les pouvoirs présidentiels et instaurant un système parlementaire. Almazbek
Atambaïev remporte les élections présidentielles en 2011, marquant une
transition pacifique du pouvoir. Atambaïev se concentre sur la stabilisation
économique, la lutte contre la corruption et le renforcement des institutions
démocratiques, bien que les défis persistent. L'ancien Premier ministre
et membre au pouvoir du Parti social-démocrate du Kirghizistan, Sooronbay
Jeenbekov, remplace Atambaïev après avoir remporté l'élection présidentielle
de 2017, la plus disputée de l'histoire du pays, bien que des observateurs
électoraux internationaux et locaux aient relevé des cas d'achat de voix
et d'abus des ressources publiques. Des tensions apparaissent rapidement
entre Jeenbekov et Atambaïev, son ancien allié. En 2019, Atambaïev est
arrêté et accusé de corruption, ce qui exacerbe les tensions politiques.
Les élections parlementaires d'octobre 2020 déclenchent des manifestations
de masse en raison des allégations de fraude électorale. Les manifestations
mènent à la démission de Jeenbekov, marquant un autre changement de
pouvoir.
Sadyr Japarov, un
homme politique emprisonné pour des accusations liées à des enlèvements
de fonctionnaires, est libéré par ses partisans pendant les manifestations
de 2020. Il devient rapidement une figure clé et est élu président en
janvier 2021. En avril 2021, un référendum approuve une nouvelle constitution
renforçant les pouvoirs présidentiels, revenant à un système présidentiel.
Japarov fait face à des défis économiques, notamment la lutte contre
la corruption, l'amélioration des infrastructures, et la gestion des relations
avec les puissances voisines comme la Russie et la Chine. |
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