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Les alchimistes d'Alexandrie |
Aperçu L'art sacré | La chimie au Moyen âge L'alchimie arabo-musulmane L'alchimie dans le monde chrétien |
Aperçu | Voici la liste des premiers alchimistes, d'après un ancien manuscrit grec (ms n° 2250, folio 245) : « Connais, ô mon ami, le nom des maîtres de l'oeuvre : Platon, Aristote, Hermès, Jean l'Archiprêtre dans la Sainte Evagie, Démocrite, Zosime le Grand, Olympiodore, Stéphanus le Philosophe, Sophar le Perse, Synésius, Dioscorus le prêtre du grand Sérapis à Alexandrie, Ostanès et Comarius les initiés de l'Egypte, Marie, Cleopâtre femme du roi Ptolémée, Porphyre, Epibéchius, Pélage, Agathodémon, l'empereur Héraclius, Théophraste, Archelaüs, Petasius, Claudien, le Philosophe anonyme, Ménos le Philosophe, Pauseris, Sergius. Ce sont là les maîtres partout célèbres et oecuméniques, les nouveaux commentateurs de Platon et d'Aristote. Les pays où l'on accomplit l'oeuvre divine sont l'Egypte, la Thrace (Constantinople), Alexandrie, Chypre, et le temple de Memphis. »Cette liste concorde avec celle que donne le Kitab al-Fihrist, encyclopédie arabe, écrite avant l'an 850 de notre ère. Ces auteurs peuvent être rangés dans quatre groupes principaux : 1° les personnages mythiques, 2° les auteurs anonymes ou pseudonymes; 3° les personnages historiques; 4° les personnages historiques ayant vécu à une époque incertaine. Les personnages mythiques. Le nom des rois et des empereurs chimistes, tels que ceux de Sophé (Khéops), d'Alexandre, d'Héraclius, etc., sont également supposés, conformément à un usage courant en Orient, et dans les premiers siècles de notre ère. L'histoire du gnosticisme; celle des hérésies chrétiennes, celle des philosophes mystiques d'Alexandrie, sont pleines de fausses attributions : Livre d'Enoch, Testament d'Adam, Evangiles apocryphes, etc.; attributions destinées à rattacher des doctrines modernes à une origine vénérée, soit pour en augmenter l'autorité, en les mettant sous le nom de contemporains illustres; soit pour, en sauvegarder les promoteurs contre la persécution. La proscription des mathématiciens et des Chaldéens à Rome, les massacres commandés par Dioclétien en Egypte, et la destruction par lui des ouvrages alchimiques ne justifiaient que trop de pareilles précautions. Les auteurs anonymes et pseudonymes. Démocrite (Pseudo-Démocrite). Démocrite, d'Abdère, mort vers l'an 357 av. J.-C., était un rationaliste et un esprit puissant. Il avait écrit avant Aristote, qui le cite fréquemment, sur toutes les branches des connaissances humaines et il avait composé divers ouvrages relatifs aux sciences naturelles, comme Pétrone, Sénèque et Diogène Laerce nous l'apprennent. C'est le fondateur de l'école atomistique, reprise ensuite par Epicure, école qui a eu tant d'adeptes dans l'Antiquité et qui a fait de nouveau fortune, sous une forme bien différente il est vrai, parmi les chimistes modernes. L'ouvrage alchimique qui lui est attribué est un assemblage incohérent de plusieurs morceaux d'origine différente. Il débute, sans préambule, par un procédé technique pour teindre en pourpre; à la suite figure une évocation des enfers du maître légendaire de Démocrite (Ostanès ou Ostane le Mède). L'auteur raconte que son maître étant mort avant qu'il eût le temps d'initier son disciple aux mystères, ce dernier (le Pseudo- Démocrite) résolut de l'évoquer des enfers pour l'interroger sur les secrets de l'art sacré, et que, pendant l'évocation, le maître ayant tout à coup apparu, s'était écrié : « Voilà donc la récompense de tout ce que j'ai fait pour toi! »Le Pseudo-Démocrite se hasarda à lui adresser plusieurs questions : il lui demanda, entre autres, comment il fallait disposer et harmoniser les natures. Pour toute, réponse, le maître répliqua « Les livres sont dans le temple. »Toutes les recherches que fit le Pseudo-Démocrite pour trouver ces livres restèrent vaines. Quelque temps après, ce philosophe se rendit au temple pour assister à une grande fête. Etant à table avec ceux qui composaient l'assemblée, il vit tout à coup une des colonnes de l'édifice s'entrouvrir spontanément. Le Pseudo-Démocrite s'étant baissé pour regarder dans l'ouverture de la colonne, y aperçut les livres désignés par le maître. Mais il n'y avait que ces trois phrases : « La nature se réjouit de la nature, la nature dompte la nature, la nature domine la nature. Nous fûmes, ajoute l'auteur, fort étonné de voir que ce peu de mots contint toute la doctrine du maître. »Cette citation montre que les alchimistes au Moyen âge n'étaient que les imitateurs serviles des maîtres de l'art sacré : ils les copiaient même jusqu'aux contes dont ils défrayaient la crédulité. Ainsi, l'histoire de la colonne d'un temple entrouverte se retrouve, au XIVe siècle, littéralement appliquée à un moine allemand, à Basile Valentin. Viennent ensuite des recettes alchimiques pour faire de l'or. « Prenez dit-il, du mercure, fixez-le avec le corps de la magnésie ou avec le corps du stibiurn d'Italie, ou avec le. soufre qui n'a pas passé par le feu, ou avec l'aphroselinum ou la chaux vive, ou avec l'alun de Mélos, ou avec l'arsenic, ou comme il vous plaira jetez la poudre blanche sur le cuivre, et vous verrez le çuivre perdre sa couleur. Répandez de la poudre rouge sur l'argent, et vous aurez de l'or; si vous la projetez sur de l'or, vous aurez le corail d'or corporifié. La sandaraque produit la même poudre rouge, ainsi que l'arsenic bien préparé et le cinabre. La nature dompte la nature. »C'est en fondant leurs opérations sur de pareilles recettes que les alchimistes occupaient leur temps. Le corail d'or qui porte ailleurs le nom de coquille d'or, était le chef-d'oeuvre de l'art; car un seul grain de cette espèce de poudre de projection devait suffire pour produire immédiatement une grande quantité d'or. Un certain nombre de ces recettes sont à peu près les mêmes que celles des Papyrus de Leyde. Ces papyrus contiennent aussi le nom de Démocrite. Il paraît en effet avoir existé en Egypte, vers le début de l'ère chrétienne, une école démocritaine ayant écrit sur les sciences naturelles; les noms de quelques-uns de ses adeptes, tels que Bolus de Mendès et Pétésis, sont venus jusqu'à nous; ce sont leurs écrits qui ont été attribués plus tard à Démocrite lui-même et les alchimistes se rattachaient à cette tradition. Ostanès le Mède, Sophar le Persan, le Pseudo-Zoroastre, y sont aussi rattachés et rappellent les racines babyloniennes et persanes de la science. Un certain nombre d'autres noms sont au contraire ceux d'auteurs égyptiens, peut-être apocryphes, peut-être réels, tels que Chemes ou Chymes, éponyme de la Chimie, Pebechius (l'Epervier, symbole d'Horus) cité dans Pline, Petesis (le don d'Isis) cité dans Dioscoride, Pammenès, cité dans les Papyrus de Leyde, etc. Les personnages historiques. Zosime le Panopolitain. Suivant Photius, Zosime avait dédié à sa soeur Théosébie vingt-huit livres sur la chimie. Suidas a aussi fait mention de Zosime, qu'il appelle philosophe d'Alexandrie, et il ajoute que ce philosophe avait écrit des ouvrages de chimie. Les principaux ouvrages de Zosime, écrits en grec, ont pour titres : 1° Sur les fourneaux et les instruments de chimie. - L'auteur affirme qu'il a vu, dans un ancien temple de Memphis, les modèles des appareils qu'il décrit. C'étaient de véritables appareils distillatoires. On y remarque le ballon ou matras qui recevait la matière à distiller; le récipient où se condensait le produit de la distillation, et un ajustage de tubes, qui faisait communiquer le ballon avec le récipient. C'est donc par erreur qu'on a longtemps attribué aux Arabes l'invention de l'art distillatoire. 2° Sur la vertu et la composition des eaux. - Ce petit traité serait mieux intitulé le Songe d'un alchimiste. Les matières minérales y soit représentées sous forme humaine : il y a le chrysanthrope ( = homme d'or), l'argyranthrope ( = homme d'argent), le khalkanthrope ( = homme d'airain) et l'anthropoparios ( = homme de marbre). Ce dernier apparaît revêtu d'un manteau rouge, royal; il se jette dans le feu où son corps est consumé entièrement. La scène se termine par cette recette : « Prends du sel et arrose le soufre brillant, jaune; lie-le pour qu'il ait de la force, et fais intervenir la fleur d'airain, et fais de cela un acide (oxos), liquide, blanc. Prépare la fleur d'airain graduellement. Dans tout cela tu dompteras le cuivre blanc, tu le distilleras, et tu trouveras, après la troisième opération, un produit qui donne de l'or. »Si la fleur d'airain est, comme tout concourt à le démontrer, le sulfate de cuivre. l'acide obtenu par la dislillation aura été l'acide sulfurique. C'est donc là que nous voyons, pour la première fois, nettement apparaitre l'un des principaux dissolvants des métaux, sans lesquels la chimie serait impossible. 3° Sur l'eau divine (ou Sur l'évaporation de l'eau divine qui fixe le mercure). - L'eau divine était tout simplement le mercure, appelé aussi l'eau-argent, principe androgyne, principe toujours fugitif, « constant dans ses propriétés, eau divine que tout le monde ignore, et dont la nature est inexplicable : ce n'est ni un métal, ni l'eau toujours en mouvement, ni un corps, c'est le tout dans le tout; il a une vie et un esprit. »Ce fut probablement de ce passage que s'emparèrent les alchimistes pour ériger en axiome, que le mercure est le principe de toutes choses. 4° Sur l'art sacré de faire de l'argent (aussi intitulé Ecrit authentique de Zosime le Panopolitain, sur l'art sacré et divin de la fabrication de l'or et de l'argent). - Le commencement de ce petit traité mérite d'être signalé. « Prenez, dit Zosime, l'âme de cuivre qui se tient au-dessus de l'eau du mercure, et dégagez un corps aériforme. L'âme du cuivre, d'abord étroitement renfermée dans le vase, se portera eu haut; l'eau restera en bas dans le creuset. »L'âme du cuivre, qui se tient au-dessus de l'eau de mercure et dégage un corps aériforme, ne peut être que l'oxyde de mercure. Le cuivre, en effet, rappelle cet oxyde par sa couleur rouge; et le mot âme s'explique parce que l'oxyde rouge de mercure dégage, par l'action prolongée de la chaleur, un esprit, un corps aériforme, pour employer l'expression même de l'auteur. Naturellement l'esprit se porte en haut, pendant que l'eau du mercure, c'est-à-dire le mercure redevenu liquide, restera en bas dans le matras. Or, aucun chimiste n'ignore que l'esprit ainsi obtenu est le gaz oxygène. Zosime connut-il le moyen de le recueillir? Cela n'est pas probable. Quoi qu'il en soit, c'était bien l'oxygène qu'il avait obtenu. Mais il se passa encore bien des siècles avant qu'on fût mis à même de l'étudier. Nouvelle preuve que les grandes découvertes ont été plus ou moins clairement entrevues à des époques différentes. Aussi peuvent-elles, à juste titre, être considérées comme le patrimoine du genre humain. Zosime avait aussi écrit une Vie de Platon; le Livre sur la vertu et l'interprétation; le Livre de la vérité de Sophé l'Egyptien, le Livre mystique de Zosime le Thébain; Le premier livre de l'accomplissement (mot à mot, du solde final); Sur le Tribicus (alambic à trois pointes) et sur son tube, avec figures. La plupart de ces ouvrages sont aujourd'hui perdus. Pélage. « Qu'on se rappelle, dit-il, ce que nous enseignent les anciens : le cuivre ne teint pas; mais, lorsqu'il est teint, il est propre à teindre. C'est pourquoi les maîtres désignent le cuivre comme le plus convenable à l'oeuvre; car dès qu'il est teint, il peut lui-même teindre; dans le cas contraire, il ne le pourra point. »Pour amalgamer l'or et le mercure, Pélage donne un procédé indirect. « Pour faire, dit-il, on amalgame d'or, prenez une partie d'or et trois parties de magnésie et de cinabre (sulfure rouge de mercure). »Dans celle opération, le mercure ne pouvait se porter sur l'or qu'après avoir cédé le soufre à la magnésie. Marie la juive. « Il y a deux combinaisons : l'une, appelée leucosis, appartient à l'action de blanchir; l'autre, appelée xanthosis, relève de l'action de jaunir : l'une se fait par la trituration, l'autre par la calcination. On ne triture saintement, avec simplicité, que dans le domicile sacré : là s'effectuent la dissolution et le dépôt. Combinez ensemble le mâle et la femelle, et vous trouverez ce que vous cherchez. Ne vous inquiétez pas de savoir si l'oeuvre est de feu. Les deux combinaisons portent beaucoup de noms, tels que eau de saumure, eau divine incorruptible, eau de vinaigre, eau de l'acide du sel marin, de l'huile de ricin, du raifort et du baume; on l'appelle aussi eau de lait d'une femme accouchée d'un enfant mâle, eau de lait d'une vache noire, eau d'urine d'une jeune vache ou d'une brebis, ou d'un âne, eau de chaux vive, de marbre, de tartre, de sandaraque, d'alun schisteux, de nitre, etc. Les vases ou les instruments destinés à ces combinaisons doivent être en verre. Il faut se garder de remuer le mélange avec les mains; car le mercure est mortel, ainsi que l'or qui s'y trouve corrompu. »Ce passage contient la première mention qui ait été faite de l'acide chlorhydrique Sous le nom d'acide du sel marin. C'est, dans l'ordre de leur découverte, le second des dissolvants des métaux; car l'acide sulfurique, nous l'avons montré plus haut, fut découvert avant celui-là. Dans une des nombreuses recettes pour faire de l'or, Marie parle de la racine de mandragore ayant des tubercules ronds. Si, comme tout concourt à le faire penser, la mandragore était une Solanée, le solanum ayant la racine chargée de tubercules ronds, ne pouvait être que la pomme de terre, solanurn tuberosum. Mais que devient alors l'opinion jusqu'à présent universellement admise, d'après laquelle la pomme de terre nous vient de l'Amérique? Lors même qu'on voudrait faire vivre l'alchimiste Marie à une époque beaucoup plus récente que celle que nous lui avons assignée, il n'en est pas moins certain que l'écriture des manuscrits grecs où Marie se trouve mentionnée, est antérieure à la découverte du Nouveau-Monde... Marie imagina divers appareils propres à la fusion et à la distillation. Dans la description d'un de ces appareils, nommé kérotakis, elle s'étend sur une invention particulière pour transmettre la chaleur à la cornue par I'intermédiaire d'un bain de sable ou de cendres. Ce bain porte encore aujourd'hui le nom de bain-marie. Synésius. Bref, Synésius était un esprit universel. Ses oeuvres ont été publiées à Paris en 1631, avec celles de saint Cyrille. Elles contiennent divers ouvrages philosophiques, qui se rattachent aux doctrines néoplatoniciennes,et une correspondance très intéressante. Ainsi on connaît de lui une lettre à Hypatie, la célèbre philosophe d'Alexandrie massacrée plus tard par les chrétiens, lettre qui renferme la première indication connue de l'aéromètre. Il était initié aux doctrines occultes de son temps; il a écrit un livre sur les songes et leur interprétation, et des hymnes gnostiques, congénères des poèmes alchimiques. D'après une observation très judicieuse de Synésius, l'opérateur ne fait que modifier la matière : il est comme l'artiste, qui ne crée ni la pierre ni le bois sur lesquels il travaille; il ne fait que les façonner avec ses instruments, suivant l'usage auquel il les destine. Ses Commentaires (sur les Physica et Mystica), en partie imprimés à la fin du tome VIII de la Bibliothèque grecque de Fabricius, sont dédiés à Dioscorus, grand prêtre de Sérapis à Alexandrie. C'est un texte qui développe les vues platoniciennes sur la matière première et qui n'est pas indigne du Synésius historique. Quant au Traité de la pierre philosophale, attribué à Synésius et traduit en français par P. Arnauld, il estest évidemment apocryphe; car l'auteur cite Geber, qui vivait vers le IXe siècle. Olympiodore. Quoi qu'il en soit, Photius désigne Olympiodore sous le nom caractéristique de poiêtès de profession: ce qui ne veut pas dire poète, mais alchimiste (operator), d'après l'interprétation de Reinesius et de Du Cange. Ce mot répond en effet à poiésis, qui signifie le grand oeuvre dans la langue des adeptes. L'incohérence des compositions historiques d'Olympiodore, signalée par Photius, se retrouve dans l'ouvrage alchimique qui porte son nom. Celui-ci a pour en-tête : Olympiodore philosophe à Pétasius, roi d'Arménie, sur l'art divin et sacré. Cet ouvrage a dû précéder la ruine du Sérapeum et de l'école d'Alexandrie, c.-à-d, la destruction des temples et de la culture hellénique en Egypte par le christianisme. Dans ses Commentaires sur l'art sacré et la pierre philosophale, Olympiodore classe les corps en très volatils, en peu volatils et en fixes. « Les anciens, dit-il, admettent trois catégories de substances chimiques variables. La première comprend les substances qui se volatilisent promptement, comme le soufre; la seconde, celles qui s'enfuient lentement, comme les matières sulfureuses; la troisième, celles qui ne s'enfuient pas du tout, comme les métaux, les pierres, la terre. »Parmi les Anciens dont l'auteur invoque ici l'autorité, nous voyons d'abord Démocrite, Anaximandre, puis Pelage, Hermès, Marie la juive, Synesius, etc. Il leur reproche d'avoir caché la vérité sous des allégories. C'est Olympiodore qui nous apprend qu'il y avait beaucoup d'alchimistes en Egypte, pratiquant leur art au profit des rois du pays. « Tout le royaume d'Egypte s'est maintenu, dit-il, par cet art. Il n'était permis qu'aux prêtres de s'y livrer. La physique psammurgique était l'occupation des rois. Tout prêtre ou savant qui aurait osé propager les écris des anciens était mis hors la loi. Il possédait la science, mais il ne la communiquait point. C'était une loi chez les Egyptiens de ne rien publier à ce sujet. Il ne faut donc pas en vouloir à Démocrite et aux anciens en général s'ils se sont abstenus de parler du grand oeuvre. »Plus loin, l'auteur donne formellement à l'art sacré le nom de chimie. Qu'était-ce que cette occupation royale, nommée physique psammurgique? Olympiodore va lui-même nous le dire: « Sachez maintenant, amis qui cultivez l'art de faire de I' or, qu'il fait préparer les sables suivant les règles de l'art; sans cela, l'oeuvre n'arrivera jamais à bonne fin. Les anciens donnent le nom de sables aux sept métaux, parce qu'ils proviennent de la terre des minerais, et qu'ils sont utiles. »Les Commentaires d'Olympiodore renferment des données curieuses sur le tombeau d'Osiris, ainsi que sur les caractères sacrés ou hiéroglyphes dont faisaient usage les alchimistes égyptiens. On y trouve, entre autres, que les hiérogrammates (scribes sacrés) représentaient le monde, en caractères hiéroglyphiques, par un dragon qui se mord la queue (Ouroboros). Stephanus. Personnages d'une époque incertaine. Ostane. « Cette eau, ajoute-t-il, ressuscite les morts et tue les vivants. »Cette dernière propriété était certainement plus sûre que la première : un mélange de serpents venimeux, broyés avec d'autres matières animales putréfiées, devait, étant donné en breuvage, produire l'effet d'un poison violent. Les alchimistes excellaient dans la préparation de ces sortes de poisons. Cosmas le Solitaire. Cosmas le Solitaire est l'auteur du petit traité qui a pour titre Interprétation de la science de la chrysopaeie. La science de faire de l'or y est appelée la vraie et mystique chimie. Cosmas a le premier parlé de l'air subtil des charbons, qui était probablement le gaz acide carbonique. On ignore absolument l'époque à laquelle il vivait. Les autres. Nous ne possédons aucun renseignement sur Jean d'Evigia, Elienne d'Alexandrie, Petasius, Salmanas et beaucoup d'autres, également cités au nombre de ceux qui ont écrit sur l'art sacré.(M. Berthelot / F. Hoefer). |
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