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Philae

Philae ou Philé. - Île fluviale du Nil (Haute-Égypte), en amont de la première cataracte, à 11 kilomètres au Sud d'Assouan; c'est la plus petite des trois îles par lesquelles se termine au Sud le groupe de rochers qui forment la première cataracte. Elle a formé autrefois la frontière de la Nubie et de l'Égypte au Sud, frontière, aujourd'hui avec le Soudan, qui fut plus tard reportée à Assouan et à l'île d'Éléphantine, et maintenant se situe entre Abou Simbel et Ouadi-Halfa. L'île s'est appelée Pilak (île de Lak) ou Bilak, comme la nomment certains écrivains arabes. Longue de 400 m, large de 135, elle est couverte d'une belle végétation et s'élève assez haut au-dessus du fleuve pour n'avoir jamais été inondée, même avant que la retenue du lac Nasser ne régularise le cours du Nil : à la pointe méridionale s'élève un rocher qui la domine de quelques mètres. 

C'est le site le plus pittoresque et le plus beau de la vallée du Nil; sous un ciel admirable, dans un décor grandiose de roches granitiques, l'île sainte de la déesse Isis dresse, au milieu des palmiers et des mimosas, ses antiques pylônes et ses belles colonnades; sa caractéristique vient de ce qu'elle est décorée d'une manière architecturale, adaptée à sa forme et à son étendue : de petites dimensions, on a employé une architecture élégante et coquette au lieu des constructions colossales qu'affectionnaient les Égyptiens. Les monuments dont l'île est couverte, tous construits en grès et d'une blancheur remarquable, en font un des points les plus curieux de la Haute-Égypte. Les constructions les plus anciennes datent du temps de Nectanebo II (360-343 av. J.-C.), le dernier roi indigène d'Égypte (La Basse Époque); c'est :

1° une petite chapelle bâtie trente ans avant la conquête d'Alexandre, dans l'axe du temple, à l'extrémité Sud-Ouest de l'île et analogue à celle de la terrasse du temple de Dendérah, formée d'un portique rectangulaire comprenant sept colonnes campaniformes à dé hâthorique sur chacun des grands côtés;

2° le portail qui se trouva plus tard encastré dans le premier pylône. 

Les autres monuments sont du temps des Ptolémées et des Césars. Le temple proprement dit d'Isis fut commencé sous le règne de Ptolémée Il Philadelphe (285-246), et terminé, tout au moins dans son gros oeuvre, sous le règne de son successeur Ptolémée Évergète (256-222); il élève au fond du dromos son premier pylône (45 m de largeur et 18 m de hauteur); dans la cour du temple, les côtés sont formés au Nord par le deuxième pylône, à l'Ouest par une des façades du Mammisi, à l'Est par l'édifice à portique qui sert de sacristie. 

La décoration de tout cet ensemble n'a été achevée que sous Néos Dionysos, au milieu du Ier siècle av. J.-C. L'extérieur du temple d'Isis est décoré de tableaux d'offrandes datant d'Auguste pour le pourtour du naos et de Tibère pour le pronaos. A l'Ouest s'élève, en face du deuxième pylône, l'édicule d'Hadrien; à l'Est, les restes du petit temple d'Hâthor, construit par Philométor et Évergète II, terminé sous Auguste; au Sud-Est on trouve le pavillon de Trajan, sorte d'embarcadère, formé d'un portique de quatorze colonnes à chapiteaux campaniformes; enfin, près du village copte, le petit temple d'Esculape ou d'Imhotep, construit par Épiphane, avec la chapelle du dieu nubien Mandoulis. 
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Philae.
Philae (vue des temples depuis le Sud).

D'une manière générale, la partie monumentale est réunie au Sud de l'île; cela tient à ce que le sanctuaire du temple d'Isis a été bâti par Philadelphe sur l'emplacement de l'antique chapelle de la déesse, au centre de l'île; le culte d'Isis à Philae devait remonter à une époque très reculée; l'entrée de la chapelle était tournée vers le Sud pour que l'image de la déesse regardât dans la direction d'où venait le Nil; un pronaos s'ajouta ensuite au naos, et les constructions qui y furent adjointes remplirent tout l'espace jusqu'à l'extrémité méridionale de l'île. 

A la partie Nord de l'île, on ne trouve comme monuments anciens que les débris d'un arc de triomphe romain et les restes d'une petite basilique chrétienne. La période la plus brillante de Philae fut le Ier, siècle de l'ère chrétienne; l'île, débarrassée des maisons qui gênaient les abords du temple, vit construire un dromos à deux portiques, dont l'un, à l'Est, est inachevé. Le culte, d'Isis a gardé longtemps son importance à Philae. Les Blemmyes l'avaient adopté; établis en Nubie, ils firent de l'île leur principal sanctuaire; au milieu du Ve siècle, Maximin, gouverneur de la Thébaïde, pour mettre un terme à leurs ravages, conclut une trêve de cent ans qui dura jusqu'en 552; à cette date, les Blemmyes furent défaits par Justinien, qui fit fermer le temple et installa à Philae l'évêque Théodoros  (L'Égypte chrétienne); celui-ci plaça le temple de la déesse devenu une église sous l'invocation de saint Étienne (577), une église copte fut bâtie plus tard à la pointe Nord-Est de l'île les musulmans ne la respectèrent pas et dévastèrent l'île à l'époque de la conquête. De nos jours, l'île de Philae  porte en arabe le nom de Géeziret-el-birbé (île des temples). (Ph. B.).-

Photo des ruines de Philae.
Les ruines de Philae.
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Dictionnaire Villes et monuments
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